Le jeune marcha parmi ses collègues. Son port était altier et son pas sûrs, nombreux étaient ceux qui s'écartaient sur son chemin car lui, ne s’arrêterait pas. Lui, ne ferait pas de détours. Ils n'étaient pas du même monde. Racaille du rukongai, simple soldat de métier. Non, ils étaient voués à une vie misérable. Faire partie de la masse qui l’élèverait lui et le clan Midorima. Souvent, il se plaisait à copier l'attitude de son capitaine, le noble Byakuya. C'était, après tout son objectif. Faire plier ce clan, prendre leur division comme leur place dans la hiérarchie de la noblesse. Malheureusement pour le jeune homme, il était encore loin du compte. Son père lui avait particulièrement bien fait comprendre la veille. Depuis qu'il prenait les pilules de ce scientifique, Yuurei, l'état mental de Teippei s'était grandement amélioré. Pourtant ce n'était pas suffisant. Il fallait rattraper un long retard, un abîme de promotion.

Bon an, mal, l'homme aux cheveux d'or y réussissait. Surtout « bon an » en fait. Ses capacités militaires n'avaient jamais été remises en cause dès qu'il était sain et les promotions s'étaient vite enchaînée, le noble passant devant tous ces cafards volant plus haut que leurs places. Ce jour-ci, par cette douce journée d'automne, il était le propriétaire du septième siège de sa division. Sept. Un chiffre porte-bonheur pour certains. Un fardeau pour tout veux qui visait l'élite. Le shinigami s’arrêta devant une porte dans les couloirs de la sixième division. Une ombre passa sur son visage. Une grimace de dégoût alors qu'il se forçait à ravaler sa fierté. Suivant les instructions de son père, il devait passer au niveau supérieur. Il était fort, doué même dans certains compartiments des arts shinigami Pourtant, il n'avait toujours pas pu atteindre l'apogée de ces arts. Le Bankai.

Ce mot était comme du sable glissant entre ses doigts. Les capacités de son zanpakuto n'aidaient pas bien entendu. Aux yeux de son patriarche, cela restait tout de même de la faute du jeune homme. Ce dernier grimaça, de douleur cette fois en se remémorant les dures paroles que ce dernier avait prononcées dans son office. Un fils indigne . C'est sûr qu'il y ressemblait beaucoup. Levant le regard sur la porte, Teippei observait le bureau de son père, bien loin d'ici. Il l'imaginait courbé au-dessus de son bureau, remplissant tonnes de papier, préparant soigneusement ses plans, gonflant sa fierté et son orgueil. Pendant ce temps-là, le simple soldat devait faire la sale besogne. Lui, devait courber l'échine et écarter son orgueil. L'homme blond sentit la bile se former dans sa gorge. Il ferma les yeux quelques secondes le temps de reprendre sa maîtrise de lui-même. Une fois fait, sa main se levât d'elle-même pour venir frapper à la porte. Il attendit quelques instants avant d'entrer.

-Cinquième siège Kaega-san, bonjour.

Le septième siège fit quelques pas, entrant un peu plus loin dans l'office. Son cœur battait la chamade de colère. Il se sentait injustement puni d'une telle situation et seules des dizaines d'années de cours de maintien lui permet de garder un visage aimable et une voix posée.

-Vous êtes connu dans tout le Gotei pour vos qualités. Si cela vous plaît, je souhaiterais bénéficier de vos talents.

Teippei se pencha, saluant profondément son supérieur. Il ne savait pas si ce dernier avait eu accès au bankai mais il était vrai que ses talents étaient murmurés par nombre de shinigamis. Dans la sixième division plus qu'ailleurs. Si les rumeurs étaient vrais alors au minimum, il ne devait pas en être loin. L'homme blond pourtant, n'avait pas osé évoquer clairement la raison de sa venue. C'était, pour l'instant, encore au-dessus de ses forces. Il s'estimait déjà rampant et avait un goût des plus désagréables dans sa bouche. Préciser qu'il venait chercher la puissance serait un aveu de faiblesse qu'il estimait ne jamais pouvoir s'en remettre. Le faire face à un autre clan de la noblesse ne faisait qu'alourdir le poids sur ses épaules. Son cœur envoyait des lignes de feu dans tout son cœur tellement la colère, la rage qu'il ressentait semblait lui brûler les veines. Le clan Midorima n'était pas particulièrement hostile ou rival au clan Kaega mais pour Teippei, comme son père au demeurant. Tous les clans tombaient dans cette description. Comme diraient certains immortels, il ne pouvait en avoir qu'un. Cet élu porterait le nom Midorima.

« Ah bon ? J’suis cinquième siège moi ? »

La visite inattendue de cet homme – qu’il ne connaissait ni d’Eve, ni d’Adam – l’avait plutôt surpris. Dans un sens, parce qu’il n’avait pas l’habitude que cette personne vienne le déranger dans son repos quotidien dans ses quartiers. Raïden et Shūken avaient cette fâcheuse manie, en revanche. Faut dire aussi qu’il s’ennuyait sans le Kaega à leurs côtés, ce dernier étant toujours le concepteur de plans farfelus pour rendre complètement marteau leur Capitaine. Mais celui-là… Le Kaega n’avait aucun souvenir de l’avoir vu une fois dans sa vie. Mais d’autre part, par le fait d’avoir appris son rang. Apparemment, il serait Cinquième Siège. Byakuya a sûrement dû lui dire, mais il n’écoutait pas. Non. Il devait dormir. Ou penser à autre chose, comme sa prochaine sottise pour agacer simultanément son Capitaine et son Vice-Capitaine. Hmm… Difficile à savoir.

En tout cas, la petite blonde savait comment flatter les gens. Voire même comment leur cirer les bottes. Sauf que le Kaega était le genre de personne à se moquer éperdument qu’on le gratte dans le sens du poil. Les pieds posés sur sa chaise, il porta son pouce droit à ses dents de la mâchoire supérieure et commença à analyser l’homme face à lui. Il le scruta, de haut en bas, tout en agitant lentement son pouce contre sa dentition. Il resta comme cela pendant deux minutes, observant, traitant et pensant à une multitude d’informations en un temps record.

« Hmm… Au lieu de me lécher l’derrière, tu pourrais te présenter, ça serait déjà plus poli. Et au moins, on remarquerait avec moins de facilité tes flatteries lourdes et hypocrites. »

Posant ses deux mains sur la table présente devant lui, le Kaega mit toutes ses forces dans ses dernières avant de faire un petit bond de sa chaise et d’atterrir avec succès sur son bureau.

« C’est vrai que j’ai TOUT PLEIN de qualité ! Déjà, j’suis un vrai sex-symbole. Toutes les nanas du Gotei craquent pour moi. Eh ouais ! Pis ensuite, je suis si intelligent que j’peux réfléchir à des tactiques de grand malade ! Et… »

Rukyo continua ainsi à s’attribuer des mérites – souvent inappropriés – à sa personne durant une bonne dizaine de minutes, avant de reprendre son sérieux.

« Désolé. Le seul talent que je peux t’aider à développer est ton art de combattre. Et même en t’entraînant, jamais tu ne pourras atteindre mon niveau actuel. Ou du moins, pas un niveau du même style. A comprendre par-là que j’ai conscience de tout ce qui fait ma force. Et ça ne repose pas que sur ma maîtrise de mon Zanpakutō. Ma connaissance de moi-même EST mon arme, EST ma force. Et toi, jusqu’à quel point te connais-tu ? On va vite le savoir. »

Quittant sa table d’un nouveau petit bond, le shinigami prit son arme et attacha la cordelette de son manche autour de son buste, l’épée reposant sur son dos. Lui faisant un hochement de la tête pour lui indiquer de le suivre, le Kaega quitta ses locaux. Direction le square d’entraînement de la sixième pour un petit cours improvisé en Rukyo’s Style…