Le passage en revue de l'attirail... Tenzen venait de s'adonner à un entraînement intensif, seul, comme il s'y était rarement donné la peine ces derniers siècles. Les combats avec le Kenpachi était tout aussi éprouvant, sinon plus compte-tenu que là il pouvait lui arriver de se blesser. Il avait eu besoin de cela cependant, de se retrouver seul avec lui-même, et de travailler l'ensemble de la panoplie. Ré-apprivoiser ses sorts, même les plus puissants. C'était d'ailleurs eux qui méritaient le plus de travail justement, étant les moins employés.

Avait-il seulement déjà utilisé le Kanpeki kaikahasu en combat ? Non... Cette terrible vague de glace était toujours un éternel prototype, ne pouvant pas être considérée comme véritablement efficace tant qu'il ne se serait pas donné la peine d'en faire usage. Pourtant les occasions n'avaient pas vraiment manquées, mais l'arsenal du Yakushiji était si vaste qu'il estimait toujours pouvoir faire sans. Le jour viendrait sans doute où il pourrait attester de sa puissance en situation réelle. Et ce même s'il ne doutait pas vraiment de lui-même. Son expertise était suffisante pour l'informer que c'était là sans doute son sort le plus puissant.

Refaire ses gammes... Combien d'années depuis la dernière fois ? Cela était tellement ancré en lui qu'il ne pouvait pas être capable de les oublier. Les deux cents sorts de Nécromancie, un niveau de maîtrise que rares pouvaient atteindre au prix d'un incalculable nombre d'heures à les pratiquer encore et encore. Le Shirohasu y avait été naturellement doué. L'un de ses points forts depuis toujours, couplé à sa vitesse ainsi qu'à son contrôle pointu de son Zanpakutô. Les bases de ce qui avait fait de lui un des Capitaines les plus redoutés du Gotei 13. Et le fait qu'il était particulièrement imbuvable et intransigeant, de plus. Mais cela n'avait rien à voir...

Parlons-en d'ailleurs, de ces autres spécialités. Sa vitesse d'exécution et de réflexion. Une capacité de tout temps très développée chez lui, mais il avait depuis son retour à la Soul Society l'impression qu'il n'avait désormais plus rien d'exceptionnel. Des Shinigamis aussi rapides que lui n'étaient plus si rares, même si principalement concentrés dans le Capitanat. Il n'était plus vraiment unique par cela. Il fallait aussi préciser que c'était là un domaine qu'il n'avait jamais tenter de pratiquer plus que cela. Confiant en ses capacités, il n'avait jamais estimé comme nécessaire de progresser plus loin dans ce domaine, même si cela ne lui déplairait pas...

Un constat presque identique pouvait être fait concernant sa maîtrise du Zanpakutô. Les Bankaïs fleurissaient parmi le Gotei 13 désormais, n'étant plus l'apanage des seuls capitaines. Et s'il restait excellent dans ce domaine, cela ne faisait plus de lui quelque d'exceptionnel non plus. Cependant, il pouvait tout de même mettre à son crédit le fait qu'il était capable d'en faire un usage particulièrement pointu et efficace, en transformant cette arme d'origine purement défensive en une source de combinaisons tout bonnement redoutables. En cela peut-être pouvait-il considérer avoir toujours une marge d'avance, sa longue expérience lui apportant au moins cela.

Pourtant, ces deux points n'avaient pas été pratiqués en ce jour, pas plus que la maîtrise de son masque qui était également excellente. Après le Kidô, il en était directement passé à quelques catas au sabre. S'il n'avait jamais été un expert dans cette discipline, il s'y débrouillait néanmoins correctement. Assez que pour ne pas déshonorer son Haori. Pourtant, le combat rapproché n'était véritablement pas son truc, n'étant qu'un novice dans l'art du Hakuda. Se servir de ses poings pour combattre... Voilà bien une imbécillité à son sens, lorsque tout un arsenal bien plus efficace était à sa disposition. Sortilèges, kenjutsu, Shikaï et Bankaï... Transformer son corps en arme n'avait donc aucun réel intérêt, autre que le plaisir masochiste de prendre une plus grande part de risque. Trop peu efficace à son sens, et un goût trop peu développé pour cette discipline, voilà sans doute ce qui explique qu'il dédaigne totalement ce secteur.

Pourquoi désirer s'améliorer au katana alors qu'il disposait tout de même de nombreuses autres solutions ? La réponse ne pourrait-elle pas être la même que pour le Hakuda ? Le cas, l'air de rien, lui semblait bien différent. Le maniement de l'asauchi se devait d'être un part intégrale de la formation du Dieu de la Mort, le trancheur d'âme étant la méthode requise pour purifier les Hollows. De plus, le katana arborait un aspect assez noble. Quitte donc à disposer d'une méthode de réaction rapide au corps-à-corps, autant que cela se fasse donc par cette lame, bien moins salissant que les mains.

Il avait ensuite libéré son Shikaï, et sans user d'aucune de ses arcanes il l'avait manié encore et encore, comme s'il ne s'agissait d'une arme banale. Car son bouclier-miroir était bien plus létal qu'on ne pouvait le croire. Sa manière de l'utiliser de coutume n'avait rien pour l'indiquer, se contentant d'user de ses propriétés basées sur les reflets. Mais c'était en vérité bien plus que cela... Kagami Biraki disposait d'une chaîne reliant Tenzen à son Shikaï, et permettant donc de le lancer et de le récupérer ensuite aisément. De plus, des lames existaient dans sa composition, pouvant se rétracter. Lorsqu'elles étaient de sorties, cela donnait une allure solaire à son arme, les lames donnant l'impression d'autant de rayons.

Kidô, sabre et Shikaï, voilà donc à quoi il avait passé toute la journée. Mais il ne comptait pas en rester là... Pour le moment cependant, il prenait le temps de simplement se reposer. Respirer, reprendre son souffle, son torse nu rafraîchi par une brise au soleil couchant. Assis en tailleur non loin du haut de son kimono brun, le regard sur l'horizon. Il ne portait en effet pas sa tenue de Shinigami, ayant préféré opter pour un kimono plus classique tel qu'on aurait pu en croiser dans n'importe quelle rue du Rukongaï. Cela le rappelait à une certaine sorte d'humilité.

Avant de reprendre la partie physique de l'entraînement, le Shirohasu avait une chose à faire encore. Sa lame lui barrait les jambes, dans une position tout à fait classique de Jinzen. Rentrer en contact avec Kagami, voilà longtemps qu'il ne l'avait plus fait. Et cela lui semblait primordial, à présent qu'il en était à l'heure du bilan...

Sa concentration n'eut pas à durer bien longtemps avant qu'il ne pénètre en son monde intérieur. Même s'il n'en usait pas fréquemment, c'était là un mécanisme qu'il enseignait depuis des siècles, n'étant d'aucune difficulté pour lui. C'était comme battre des paupières ou même respirer. À peine fallait-il y penser pour que cela se produise. Cela était solidement ancré en lui, faisant partie intégrante de son instinct. Après tout, il était de ceux, très rares, à déjà disposer d'un Shikaï avant d'intégrer les forces du Gotei 13. Nul besoin d'enseignement pour lui en ce domaine, peu étonnant donc que son Inner World lui soit si facile d'accès.

Comme toujours, il se retrouvait au bas d'un mont verdoyant qu'il se devait de grimper. Pas après pas, cette pénitence se devait d'assurer qu'il parvienne toujours en pleine sérénité au sommet, sans quoi Kagami ne l'accepterait tout simplement pas en son domaine. Une simple formalité, mais à laquelle il devait continuer de se soumettre malgré tout. C'était le domaine de la geisha, et même lui ne pouvait se permettre de ne pas en respecter les règles fondamentales.

Bien sûr, cette tâche accomplie, il la trouva exactement au même endroit où elle se tenait toujours. Similaire à ce qu'il en était la toute première fois où il était parvenu à atteindre ce monde. Assise en seiza, de profil lorsque l'on venait du seul chemin menant à elle, son parasol sauvegardant son pâle épiderme du soleil qui n'avait pourtant rien d'inquiétant. Sa longue chevelure de jais coulait toujours de ses épaules jusqu'au sol où elle s'étalait alors autour de sa propriétaire. Une poupée, au visage délicat et parfait. Comment pouvait-il en être autrement d'une âme ayant pour représentation un miroir ?

Elle tourna alors son visage vers lui, souriant presque timidement malgré son charisme indiscutable. Inchangée, malgré ces nombreux siècles qui s'étaient écoulés depuis leur première rencontre...

Tu arrives bien ! Je venais de préparer du thé. Me ferais-tu le plaisir d'en prendre un peu en ma compagnie ?

Sans un mot il accepta l'invitation, hochant juste du chef à une unique reprise avant de venir s'installer face à elle, dans une position similaire. Baissant les yeux, préférant ne pas croiser son regard. Il ne peut pas être perturbé de ce qu'il ne voit pas... Pour le moment, il ne dit rien, la laissant diriger la conversation lorsqu'elle le désirerait. En attendant, elle le servit, et Tenzen patienta encore qu'elle ait pu reposer sa théière ainsi que de se saisir de sa propre tasse avant d'en faire de même et de goûter au breuvage.

Alors... Comme ça tu as besoin de moi ? Ne va pas penser que cela ne me fait pas plaisir, j'avoue me sentir un peu seule dernièrement. J'ai connu meilleure compagnie que les cris d'Ikarib, je dois bien le reconnaître. Mais tu ne serais pas venu me voir simplement pour me saluer, n'est-ce pas ? Que veux-tu, alors ?

Elle avait raison, bien entendu. La communication avec Kagami s'était étiolée depuis qu'Ikarib avait fait son apparition. Venir dans ce monde avait tendance, après un certain temps, à réveiller le Hollow. Difficile après de le calmer... Aussi avait-il pris la décision de ne plus venir, et de remplacer le Jinzen par une simple méditation ayant pour but de canaliser la part sombre de son âme. Cette fois-ci faisait donc exception, le besoin justifiant l'entorse à ses habitudes. Après tout, personne d'autre que la geisha ne s'était avéré meilleure conseillère pour le Lotus Blanc, et ce depuis qu'ils s'étaient trouvés.

Tu as raison. J'ai besoin de toi. Notre monde connaît de grands chamboulements. Des forces obscures en menacent l'intégrité. J'ai... besoin de plus de puissance...
Ce n'est pas notre monde, mais juste le tien. Je ne vois aucune menace directe en ce qui concerne le mien...
Rien de direct, en effet. Mais si je disparais, il en sera de même pour ce mont et son... ses occupants.

Comme pour signaler qu'il était heureux de ne pas avoir été oublié, Ikarib se signala comme présent en poussant un hurlement lointain. Une démence non contenue, où rage et rire se mêlaient... Cela ne perturba cependant aucun des deux êtres qui poursuivaient leur discussion comme si de rien n'était.

De la sauvegarde de mon monde dépend le tien. De ma propre vie dépend la tienne. Ainsi sommes-nous liés indéfectiblement.
Ton argumentaire est toujours aussi efficace... Mais je ne puis cependant rien faire pour toi, même si je le voulais. Tu as étudié de multiples manières de te servir de ton Reiryoku. Tu m'as apprivoisé, et tu as dompté ce démon. Il n'existe désormais plus qu'un cap important à franchir. Cela ne dépend que de toi...
Je m'y refuse ! Il doit forcément exister un autre moyen ! Je ne peux me permettre de sombrer à ce point. Il y aurait-
Trop à perdre, oui. Ton monde, et le mien. Ta vie, et la mienne. Soit exactement ce que tu souhaites sauvegarder. Quel cruel dilemme n'est-ce pas ? Mais je n'ai pourtant aucune autre alternative à te proposer. Si tu n'es pas prêt à faire ce choix, alors ta venue ici est inutile. J'ai été heureuse de te revoir...

Les yeux du Yakushiji s'ouvrir alors sur une plaine rocailleuse à l'état pitoyable. Brusquement, la réalité... Il venait d'être congédié, purement et simplement. Elle avait raison. Il n'était pas encore prêt à faire ce choix. C'était trop, tout simplement. En gardant sa position du tailleur, il observa un bon moment son Zanpakutô, comme s'il attendait toujours une dernière réponse de sa part. Il savait pourtant que rien ne viendrait. Et il n'y aurait rien, tant qu'il ne prendrait pas sa décision.

Le voilà donc bien loin d'avoir été exaucé. Passer en revue tout ce qu'il avait appris, si ce n'était pour rien acquérir de plus, restait une cession malgré tout très limitée. Affûté, il l'était toujours, aussi bien de corps que d'esprit, et même sans son entraînement du jour il n'aurait pas douté de ses possibilités. Le fait de se les remettre en tête n'allait certainement suffire à ce qu'il se dise que tout cela était suffisamment profitable pour le temps qu'il y avait accordé. Ainsi, il devrait poursuivre encore, et tenter par lui-même de repousser ses limites. Chose bien difficile, et Tenzen estimait que dans son cas cela devrait passer par l'élargissement de son panel. Combler ses failles, compléter ses champs d'action.

Tant que son Zanpakutô était de sortie, autant en faire usage. Ses compétences en matière de Kenjutsu n'avaient pas vraiment à rougir, méritant bien son niveau de Capitaine. Cependant, l'on ne pouvait pas considérer qu'il en était non plus à être redoutable par ce biais, bien plus à l'aise dans ses spécialités qu'étaient l'utilisation du pouvoir de son arme, sa vitesse mais surtout sa très haute maîtrise des sorts de Nécromancie.

Le Lotus Blanc s'évertua à revoir ses Katas au sabre, travaillant sur leur précision, leur vitesse et leur force. Ses mouvements étaient calqués sur le réflexe obtenu d'une longue pratique, assez fréquente ces dernières années. Cela lui permettait de laisser son esprit voguer. Étudier une nouvelle fois son style de combat en profondeur. Y chercher les aspérités nécessitant d'être comblées, et cela en passant outre les simples considération de domaine particulier ou non. C'est ici l'ensemble, la globalité qu'il souhaitait juger et perfectionner.

Cela prendrait du temps. D'analyser cela dans les moindres détails, trouver les capacités qui pourraient y palier avant d'enfin mettre ces ajouts au point. Fort à parier que le Yakushiji passerait une longue nuit ici... car il devenait de plus en plus évident qu'il ne quitterait pas cet endroit tant qu'il ne serait pas satisfait du fruit de ses efforts. Si Kagami ne voulait pas l'aider, alors il parviendrait bien à repousser encore une fois les frontières de sa puissance seul.

Citation :

Fin de ce RP solo.