Les clubs nocturnes à Tokyo, c'était certainement pas le genre de truc qui se rendait difficile à trouver, fallait bien leur donner ça. En fait, suffit d'aller à une intersection dans le quartier Roppongi, faire un tour sur soi-même, et c'est réglé. Vous avez forcément vu au moins deux trois boites avec leur affiches lumineuses, chacune essayant de mieux paraitre que la précédente. Une vraie guerre d'attention, rien de moins. À partir de là, suffit de faire la liste des critères. Si vous êtes assez imbu de vous-même pour vous imposer des critères avant de mettre les pieds dans une boite de nuit plutôt qu'une autre. Mais bon, dans le cas de Calum en fait, c'était resté très simple. Y a forcément un prix à l'entrée et tout l'bazar de toutes façons, alors il s'était contenté de tendre l'oreille devant les établissements, jusqu'à entendre le genre de musique qui saurait faire son bonheur. Et en l'occurrence, il était en manque de rock ces derniers jours. Y avait des boites de Hip-hop à plus savoir quoi en faire, mais un bon rythme de guitare avec la batterie en arrière fond, fallait prendre le temps de chercher. Alors voilà, un bon pourboire dans la main du portier, une demande pour chopper un des espaces VIP direct à l'entrée, et l'affaire était réglée.

Et pour le coup, il était pas mal installé, fallait bien l'dire. Un cocktail à la main, bien installé dans les sièges de velours et tout. Sans compter les hôtesses qui lui jetaient quelques coups d'oeils furtifs depuis la réception. Il y en avait toujours de ce genre là dans une boite de ce genre, assuré. Bah ouais, elles connaissaient bien leur matériel, les coquines. Après tout, c'était le job de ces filles de tenter de se faire remarquer et inviter par les clients pour fournir l'élément ''compagnie'' que certains pouvaient vouloir. Après tout, que demander de mieux pour une jolie fille que de se faire payer à boire et garder le client joyeux? Sans compter qu'il aurait beau dire qu'il voulait pas jouer les prétentieux, hein... il avait d'la gueule. Voilà, il l'avait dit. L'orgueil, c'est pas un péché, merci m'sieur l'curé. Il avait la bonne gueule, il avait la forme, et il était habillé avec chic. Même le verre qu'il tenait à la main, ce qui se trouvait dedans était à la limite d'entrer dans la catégorie ''breuvage d'aristocrate''. Alors il n'avait pas fallu bien plus qu'un sourire Colgate bien invitant pour que deux jolies jeunes donzelles ne se présentent aux environs de la section VIP du concerné. Un signe d'approbation au type qui se chargeait de bloquer les indésirables, et la minute suivante, ça devenait le jeu de franchir la barrière de la langue. Elles comprenaient quand même l'anglais d'une façon assez potable pour générer une sorte de conversation hilare à force de prononciations boiteuses. Eh, il irait s'en satisfaire, aucun problème.

Il aimait bien l'endroit lui-même en plus, l'air de rien. Les teintes chaudes, rougeâtres, l'éclairage orangé pivotant et virevoltant sur le groupe rock qui s'affairait à mettre l'ambiance depuis leur scène. Ils avaient de bonnes gueules de vainqueurs depuis leur coin privilégié, alors qu'il s'évertuaient à aligner les notes sans relâche en secouant la tête. Fallait dire que ça mettait de la vie dans la place. Calum pouvait comprendre l'engouement pour le Hip-Hop et tout le reste. Sûr, c'était accrocheur, ça faisait bouger et tout. Mais bon, lui-même était toujours resté un peu plus classique dans ses goûts musicaux. Faut dire que les groupes de rock irlandais, c'était un style bien particulier, et ça marque. C'était peut-être la raison pour laquelle le style du groupe du soir l'avait attiré. Ils avaient un peu des airs de gosses pubères, le genre qui fait de la répétition dans un garage en après-midi. Un rythme un peu gauche, mais c'était ce qui lui donnait tout son charme, aux yeux de l'irlandais.

Or, il allait bien vite être tiré de sa réflexion, pour une simple et bonne raison. Les deux filles qui l'accompagnaient ce soir s'étaient remises sur leurs jambes, et l'une d'elle lui tirait gentiment le bras avec un sourire angélique en pointant du menton le plancher de danse. Oh merde.

« Oulaaah, nononon, je sais pas si c'e- »
« Alleeez! Danser! », et la fille d'insister un peu plus en tirant sur sa main.
« Oui mais je... ah pis merde! »

Et lui de se lever, de s'envoyer le fond de son verre en une gorgée qui lui défoncerait la gorge, et de suivre les deux jeunes filles jusqu'au plancher de danse. Il avait juste pas vraiment dansé depuis un sacré bail en fait, alors il ignorait s'il arriverait à se débrouiller. Parce que c'est bien beau de se trainer le costard complet, mais si c'est pour finir en ayant l'air d'un pingouin qui se dandine sur ses pieds, non merci, quoi. Or, ses craintes furent progressivement balayées ; qu'il danse bien ou qu'elles soient très bonnes actrices, ses deux compagnes semblaient prendre plaisir à l'entreprise. Une bonne chose, tiens. S'il arrivait à garder la classe en dansant avec un veston hors de prix, il pourrait officiellement se considérer un bachelor de catégorie Platine, quoi. Le Bruce Wayne de l'irlande à l'étranger.

Et au travers de la cohue et des danseurs, Calum de laisser fuser un rire sonore quelques secondes en réponse à sa propre blague muette. Au moins, il aurait moins l'air d'un con en faisant ça ici qu'en pleine rue. Il était de bonne humeur, pour le coup.

Allez va, la soirée faisait que commencer!

Comme quoi les bonnes choses sont pas faites pour durer, hein. Pendant un bref moment, l'irlandais en costard avait commencé à se découvrir quelques talents cachés pour la danse. Enfin, "danse". Le terme était vite dit, et pas forcément très représentatif. C'était une vingtaine de personnes qui secouaient la tête sur une piste de danse au rythme de la musique, quoi. C'était la base, la danse des étudiants bourrés, des groupies beuglantes et des païens.

Eh bah pour le coup, Calum détestait pas agir comme un païen.

Or, fallait croire que la chance lui destinait un petit imprévu ce soir. Car ne l'oublions jamais, les parfaites soirées en boîte, ça relève davantage de la fiction que de la réalité. Bah ouais, où était le plaisir, sinon? L'aventure, l'imprévu, le tournant du Destin qui changera tout en un instant invraisemblable? Il est là l'intérêt de sortir de notre trou sordide, ce gouffre qu'on appelle notre quotidien. Sortir dans un bar, une boîte, une arcade ou un bar à hôtesses en petites tenues, peu importe! Tout le monde a besoin de cette petite dose d'excitation qui nous fait tous nous sentir plus vivants. Ne serait-ce qu'un bref moment.

Mais il est malheureusement certaines formes d'excitation dont se passerait, aussi. Et Calum allait s'en rappeler bien vite au vu des évènements qui se tramaient dans sa vie des secondes à venir. Déjà, l'entrée du nouveau protagoniste de la soirée, l'hurluberlu de service attitré à cette nuit chaudasse et à l'air imbibé d'alcool et de parfum pas cher. À moins que ça ne vienne juste de lui, le parfum de bas étages. À peine avait-il fini de glisser sur les genoux en plein milieu du parquet de danse comme s'il était le nouveau chanteur de la formation du siècle, que l'irlandais se permit un reniflement subtil de l'air, ne serait-ce que pour confirmer ou non ses soupçons. Si c'était du parfum, c'était pas quelque chose qu'ils vendaient dans les pharmacies. Plutôt le genre de bidule mélangé à coups de phéromones d'un animal en voie d'extinction pour faire croire que c'est la classe. Déjà pas terrible, la première impression. Bah, qui était-il pour aller juger les gens comme ça avant même que les présentations ne soient faites? Comment? Le PDG d'une multinationale? Mais on s'en fout de tout ça, quoi! Allez, il avait encore toutes les chances de rattraper le coup.

...Ou de s'enfoncer encore davantage. Coincé dans une posture se voulant sans doute épique ou grandiose, au choix, le guignol s'était manifestement vite mis à mal supporter les jacassements des deux donzelles dansantes qui avaient accompagné Calum jusqu'à maintenant. Pour le peu de temps que ça aurait duré, en tout cas. Et comment il leur disait de se taire, le type? En se relevant, suave et charmeur, de leur donner à eux, hommes de bon goût, un moment seuls à seuls? Aimable, gentleman et digne de respect? Eh bah voyons. Nan, le mec il se relève, lâche un commentaire pourave, et assomme les deux filles d'un...heu...d'un quoi, exactement? Soit ils étaient dans un remake des X-Men, ou alors ce type venait de se révéler être un Fullbringer parmi tant d'autres dans la capitale nipponne. En v'là une belle affaire. Après, quand à savoir de quelle manière précisément il s'était ''débarrassé'' des deux hôtesses, dur à dire. Il n'avait eu qu'un bref instant pour voir quoi que ce soit, et ses capacités de détection et tout l'patatras, c'était pas top. Un peu pour ça qu'il roulait à l'instinct depuis longtemps.

Et maintenant, v'là qu'il démarrait autre chose, le gars. Même pas de nom, même pas de présentation. Non, son nouveau trip - aussi troublant que ce soit pendant les premières secondes, avouons-le tout de suite - semblait être celui de...le draguer? Non mais, il voyait pas beaucoup d'autres façons de décrire le truc, là. Compliments et tout, et même le ton suave arrivait avec du retard sur la scène. Un peu plus, et on s'en serait presque attendu à un french kiss par surprise, juste pour rendre le truc encore plus glauque. Et de terminer avec un sourire en complimentant sa gueule comme le plus attentionné des lécheurs de cul. Sérieux, le mec il avait l'expérience qui parlait, là. Mais bon. C'était pas vraiment ce qui intéressait Calum en fait, pour le moment.

Elles étaient vraiment juste assomées, les gonzesses?

« Oui, c'est bien beau tout ça, merci, mais juste une seconde, hein. »

Et en levant le doigt autoritaire du ''Ta gueule et prend un numéro'', notre irlandais de contourner son interlocuteur forcé pour aller prendre le pouls des deux filles en quelques secondes. Parce que fallait pas croire, ça passe pas inaperçu les mecs qui foutent deux filles au sol dans une boîte branchée. Déjà, il pouvait voir la sécurité qui s'affublaient de leurs gueules de bâtards prêts à faire du ravalement de façade nouveau genre. À voir si ça leur vaudrait ou non un moment sincèrement à chier, vu l'étiquette ''Fullbringer'' étampée sur l'autre gus. Après tout, chaque personne utilise ses capacités comme il l'entend. Et vu l'entrée en matière du gars sur les deux demoiselles, il doutait que le résultat face à des brutes hostiles ne soit témoin d'une fin heureuse. Toujours accroupi à côté des deux inconscientes, l'homme d'affaires rajuste ses lunettes d'un mouvement souple de l'index, en relevant les yeux vers le nouveau phénomène du coin.

« Et sinon, tu venais pour casser la gueule à des gens ici, ou vraiment juste pour me faire des compliments? »

De se relever, lisser son accoutrement coûteux d'un mouvement de main accompli des centaines de fois, et toiser le mec avec un sourcil relevé. L'air un peu perplexe, un peu interrogatif. Il se tenait également entre son interlocuteur et les gars de la sécurité qui commençaient à fendre la foule plus loin, juste au cas ce comique serait tenté de faire le con dans un lieu public pour faire genre qu'il mettait bien ses couilles sur la table. Nan, la meilleure option devenait de plus en plus évidente avec les secondes qui passaient, à vrai dire.

« Non parce que si tu voulais juste me causer, on peut faire ça dans un endroit qui fera pas la une des journaux avec une liste de blessés demain matin, hein. »

Après, c'était évident à ses yeux à lui. Restait à savoir si le blond était du genre perspicace, ou casse-gueule de première.

Il ignorait si ce type croyait réellement tous les trucs qu'il débitait, ou s'il était juste un peu con. Dans les deux cas, ça s'annonçait pas génial, à le voir se trémousser comme une vieille sagouine qui pense attirer la clientèle en mettant sa cellulite bien en évidence. Mais bon. Tant que le gigolo de service commençait pas à vouloir lui faire le numéro de l'homme électrique pour lui faire des attouchements, il se garderait de lui mettre un pain en pleine figure. Question de politesse, quoi. Faut pas non plus déconner.

Or, cet homme-là semblait à peu près aussi stable qu'une fiole de nitroglycérine dans une centrifugeuse. On sait que ça va nous péter au visage, éventuellement. Quand? Ça, on en a aucune idée. Mais si le moment est aléatoire, l'explosion est certaine à 100%. Et il se sentait pas trop l'âme aux éprouvettes piégées, en ce moment. Mais bon, mieux valait quand même le suivre. Ne serait-ce que pour s'assurer qu'il fasse pas juste le tour du bâtiment pour rentrer par la porte de devant. Histoire de se castagner en beauté avec la sécurité qui réclamait maintenant de la viande fraiche. Le premier du cortège avait vu l'une des filles sur le sol, alors ils s'étaient tous mis à montrer les dents. La sortie de derrière était donc l'option la plus viable.

Une fois dehors, cependant, l'autre gus ne semblait pas trop pressé de mettre une distance sécuritaire entre lui et le bâtiment qu'ils avaient quitté. Okay. Sans doute un peu con, en fait. Cette partie là était confirmée. Mais l'analyse aurait pas le luxe d'être à l'ordre du jour ; il était temps de partir. Moment... que choisit l'autre pour relancer quelques remarques salaces. Ce à quoi, après un moment d'immobilité stupéfaite... l'irlandais porta juste une main à son visage. Soudainement fatigué, et exaspéré. Pour passer la main sur sa figure, l'arrêtant au niveau de son menton en fixant son regard vers l'autre abruti.

« Est-ce que tu le fais exprès? »

Il le demandait sérieusement. Parce que c'était dur de croire que quelqu'un puisse dire un tel lot de conneries sans vouloir expressément agir comme un taré. Allez savoir, il s'était peut-être cru dans un scénario de série télé, où un clin d'oeil et un sourire cliché suffisent à se taper la bombasse collégienne derrière les poubelles. À partir de là, ça dérive soit en film d'horreur ou en comédie romantique...En film d'horreur, quoi.

Or, il n'avait pas l'intention de postuler pour un remake à deux ronds. Aussi... ah pis merde. Ils manquaient de temps, si ça se trouvait, la sécurité allait sortir dehors pour leur tomber dessus. Autant jouer cartes sur tables.

« Bon écoute, c'est pas grave. On va la faire simple : je suis pas intéressé de ce côté-là. Merci bien, les femmes ça reste mon rayon. Ensuite... vient une question plus délicate. »

Curieusement, il pouvait déjà deviner que sa dernière phrase allait probablement être prise à double sens. Allez savoir, c'était peut-être ça la capacité du mec : tourner tout et n'importe quoi en blague cochonne. L'ambiance qui devait régner dans le quotidien de ce mec. Mais bon. Autant ne pas lui laisser la chance de faire vagabonder son esprit, ça risquait de mal se terminer. Ou de bien se terminer selon ses standards à lui. Ce qui représentait un désastre tout aussi affreux.

« Est-ce que tu traines un taser au bout des doigts, ou est-ce que tu fais ça toi-même? Parce que ce genre de démonstration a tendance à attirer davantage que les gardes de sécurité, parfois. »

Voilà, la pierre était lancée. S'il savait rien, il le prendrait pour un demeuré. S'il en savait un peu, il deviendrait méfiant, allez savoir. Et s'il en connaissait un bout... eh bah il changerait probablement pas vraiment d'attitude, en fait. Avec du recul, ce genre d'analyse le poussait limite à espérer avoir affaire à un ignorant qui se découvrait des pouvoirs depuis quelques jours. Juste pour arriver à lui mettre un peu de plomb dans la tête. Au figuré, avant que quelqu'un ne se décide à le faire au sens propre.

Il était vraiment déçu, cet hurluberlu. Invraisemblable.

Quoi, est-ce qu'il s'était réellement attendu à finir la soirée main dans la main, gambadant joyeusement dans les rues comme une mauvaise parodie d'une fin de film Disney? Eh, faut se réveiller au bout d'un moment, l'excuse du fait d'être bourré comme une outre excusait la connerie que jusqu'à un certain niveau. Enfin bon. S'il fallait garder l'esprit ouvert et l'orgueil présent, il était bien habillé, bien coiffé et tout le reste. Il essayait de garder un certain style dans sa façon d'être en général. Si ça s'trouvait, c'était uniquement par le plus pur des hasards qu'il n'avait encore jamais été abordé par un autre homme auparavant,. Allez savoir.

Mais cette hypothèse ne dépasserait pas ce stade. Celui d'hypothèse. Déjà parce que l'irlandais ne voyait pas de raison d'y accorder du temps. Et aussi parce que dans l'immédiat, y avait une troupe de gorilles mécontents qui allaient sans doute pas tarder à émerger de la porte adjacente à eux. Aussi, et alors que son interlocuteur lui posait une dernière petite question qu'il garderait en tête pour le moment, Calum jeta un rapide coup d'oeil autour de lui, pour bien vite tomber sur l'objet qui satisferait son urgence du moment. Une barre de fer appuyée sur le mur, qu'il ramassa prestement. Pas pour l'utiliser contre la gueule d'un type, comme certains pourraient le penser. Mais plutôt pour la glisser derrière la poignée de la porte, et la coincer de manière à retenir cette même porte. Ne serait-ce que temporairement. Son ouvrage fait, il n'eut que le temps de reculer d'un pas avant que la porte ne soit percutée lourdement par un type qui lâcha un cri sourd face au manque de coopération de la concernée. À quelques secondes près, c'était trop tard. C'te veine.

Mais malgré tout, mieux valait ne pas faire l'erreur de croire que la chance ne s'épuisait jamais. S'élançant d'un pas rapide, l'homme d'affaires s'empressa de saisir son compère d'infortune par l'épaule pour le pousser devant lui, continuant ce manège pendant un moment alors qu'ils s'éloignaient de plus en plus de la ruelle où ils s'étaient retrouvés. Pression qu'il ne relâcha que lorsqu'ils eurent franchi quelques rues, juste de quoi assurer au veinard qu'ils étaient assez loin pour ne plus être à risque. Une fois arrêtés, il rendit sa liberté à l'épaule de celui qu'il avait poussé sans ménagement, profitant de l'instant suivant pour sortir un paquet de cigarettes de sa veste, un vague soupire franchissant ses lèvres alors qu'il allumait l'une d'elles entre ses dents.

« En général, j'essaie justement d'éviter d'avoir à attirer l'attention. Pas une philosophie que tout le monde adopte, mais bon. À chacun sa méthode. Au fait, moi c'est Calum. »

Une bouffée expirée, et déjà il se sentait un peu mieux. Il avait beau se mentir, la nicotine faisait des miracles sur ses nerfs. À croire qu'il aurait au moins pu essayer de trouver une meilleure solution, avec ses accès au registre pharmaceutique de sa compagnie. Mais non. Parfois, les solutions les plus simples sont les meilleures. Même si la solution présente ne saurait sûrement pas le débarrasser du problème qu'il s'était imposé tout seul. Maintenant qu'il y pensait avec du recul, il aurait pu tout simplement le laisser en plan pour se faire chopper. C'aurait pas été con, ça. Un peu cruel peut-être, mais après tout, faut déterminer ses priorités à un moment ou un autre. Enfin, il allait pas non plus ressasser ce qu'il aurait pu, ou du faire. C'était trop tard, maintenant. Autant faire avec, quitte à l'avoir trainé jusqu'ici.

Observant un bref moment de silence avant d'entamer la conversation, l'irlandais se frotta brièvement les sourcils, fermant les yeux avec un air d'appréhension sur le visage.

« Bon, autant commencer par le commencement. D'où tu viens, exactement? »

Parce que le mec, il était certainement pas né dans la campagne japonaise, hein. Un peu comme lui-même, il devait probablement venir d'outre-mer, que ce soir d'Europe, d'Amérique ou peu importe. Le fait étant que dans un pays de bridés, les occidentaux n'en sont que plus évidents à reconnaitre. Alors autant voir à quoi il avait affaire pour le coup.

Il déciderait bien comment gérer le cas une fois qu'il en saurait un peu plus.