- Pas possible ! T'as triché ! On peut pas avoir une chatte pareille, sérieux. Trois mains de suite ? Et trois fois tu touches à la fin ? Sans déconner, tu te fous de ma gueule. Ou alors il est de connivence, ce petit bâtard !

- En fait, j'm'en fous. J'vais juste vous défoncer la tronche ! Je déteste les tricheurs !

Pousser la porte du repère à malfrats avec désinvolture, visiblement harassé par la longue journée passée au boulot. Comment était-il arrivé là, au juste ? Marcher de longues heures dans le yermo, et arriver dans un coin malfamé du monde des humains. Manifestement, ses passages introspectifs devenaient une drogue des plus dangereuses. Peu importe. Se trouver à des lieux de ces tracas. En effet, pour l'heure, un seul souci à son actif, celui de se détendre en paix. Pour cela, la première étape au bar. Siroter son verre en jetant un œil sur le décor de l'établissement. Le genre de coin qui n'avait rien à envier à un quelconque bâtiment désaffecté abritant quelques clodos.

Bordel... Qu'était-il venu faire là ? À peine se posait-il la question que le billard arracha son attention tant le spectacle s'y passant l'affligeait. Des débutants désireux d'appliquer la règle des une bande, mais tout à fait incapables d'en venir à bout, la boule noire échouant à rentrer. À un moment, après une énième grimace succédant les coups manqués, la volonté d'enrichir la piétaille de son savoir-faire l'emporta. Il ne pouvait les abandonner à leur ignorance. Dans cette idée, se lever et intervenir le plus fièrement du monde. Le buste bien mis en avant, n'ayant plus rien à envier aux légendaires pectoraux de Karlson. Tout du moins se l'imaginait-il, le public attendant de voir ce qu'il en était vraiment. Dans son attitude, l'évidence d'un verre dans le nez. Restait à voir s'il le regretterait.

-File moi ça toi ! Je vais te montrer !

Tandis qu'il orientait sa queue de billard, Usagi impulsa autour de lui une tension palpable. Prendre son temps, se concentrer, professionnel. L'instant fatidique où il s'agissait de tirer. En bout de ligne, le tir vrilla sur le côté, le fracas d'un verre s'éclatant contre le mur au fond de la pièce le faisant tressaillir. Un tour de passé, et une crédibilité de ruinée. En témoignaient les ricanements derrière lui. Une inspiration profonde où il s'agissait de prendre sur lui. De toute, ce sabotage était loin d'avoir revigoré ses adversaires d'alors, fidèles à eux-mêmes dans leur médiocrité.

Une seconde chance intériorisée par une bonne gorgée de bière. Cette fois, il valait mieux pas faire le con. Ainsi fit-il le vide dans son esprit, ne pensant plus que par la boule qu'il ferait rentrer de la plus habile des manières. L'application stricte du bushido consistant à tout faire comme si sa vie était en jeu. Ne plus sentir un regard, ni une once de pression. Allez, il le sentait bien ce coup. La respiration de bloquée. Il n'avait plus qu'à pousser dans un mouvement aussi sec qu'efficace.

-Yeah !

Se redresser, triomphal, la queue de billard tenue en trophée. Toutefois, la salle ne partageait pas son enthousiasme. À sa grande déception, trouver une absence totale de reconnaissance. Que tous les regards soient portés ailleurs, vers un pauvre type enragé d'avoir perdu à sa partie de poker. Celui-là même qui lui avait fait rater son premier essai. Nul besoin d'être fin analyste pour se rendre compte que l'atmosphère était explosive. Un rien amènerait la bagarre générale. Un espoir d'empêcher ce scénario ? Qu'un sentiment inintelligible le prenne... Cette adrénaline particulière... Non celle qui motivait à la fuite... En rien. Simplement, la même qu'il avait ressenti en entendant parler de la légende d'Alex, alias Zorro. L'histoire saisissante d'un homme qui consentait toujours à aiguiller les âmes déviantes. Sentir le désir irrépressible de se parer de cette philosophie de vie.

Ainsi se leva-t-il, plein d'espoir, pour se diriger vers cet homme qui s'apprêtait à faire l'erreur de sa vie. Une main de posée sur son épaule. Un sourire amical sur la figure. La voix bien dans le ton d'un altruisme authentique.

-Allons, on va pas s'énerver pour si peu quand même ! C'est qu'un jeu ! Allez, je te paye un verre !

Une bonne action de faite. Ne s'empêcher de se demander si Zorro approuverait, s'il le voyait.

- Oh, paire de dames, c'est ma main préférée. *annonça la croupière.*
- Moi aussi ! Trop bien ! *s'exclama joyeusement la joueuse incriminée en applaudissant.*

- Attendez monsieur, s'il vous plaît… nous, tricher ? Vous n'y pensez pas tout de même.
- C'est vrai ! Je ne vois vraiment pas ce qui pourrait vous laisser penser ça !

♪ Cette armée-là ! Hunhun Hunhun
C'est d'la merde, mais nous on sait pourquoi
On s'fait chier sous les ordres d'Asuna
J'l'aime quand même, cette armée-là ! ♫

- Oh oooh !

- Regardez ce qu'il lui a fait ! Il faut vraiment être sans cœur pour s'en prendre ainsi à une pauvre jeune fille qui ne fait que son travail ! *protesta la croupière envers le joueur lésé, profitant de cette occasion pour faire diversion.*
- Méchant méchant méchant ! Bouh qu'il est méchant ! *ajouta la joueuse, serrant la brunette contre sa poitrine pour tenter de la consoler.*

♪ Écouteuh ! Miloë est près de toi ?
Il faut lui dire « Miloëëëëë, j'ai un Vice-Cap' pour toi ! » ♫
Ah ? C'est le Shini d'la dernière fois ?
Bon, j'vais la chercher, mais je crois qu'elle fait un combat,
Et j'sais pas si elle va pouvoir venir !
♪ Diiiis-lui, je t'en priiiiie, dis-lui que c'est Clotho
Et que j'sais que c'est du mytho ! ♫

Aujourd'hui, Taka se sentait rapide comme un Shin. Il enchaînait les commandes, virevoltait entre les tables et servait les verres par dizaines, contribuant à augmenter le volume sonore de la salle au fur et à mesure que les grammes d'alcool dans le sang suivaient la même courbe. Il n'y avait qu'un endroit qu'il préférait éviter : les tables de poker. Non seulement il n'y connaissait rien à ce jeu, mais en plus les joueurs n'avaient pas des gueules d'anges. Si on excluait les deux jeunes filles blondes, sans doute jumelles vu comme elles se ressemblaient, détail qui n'échappait pas au regard perspicace du Faucon. Il jeta un œil à son patron, Axel le Taciturne : celui-ci avait l'air un peu moins maussade qu'à son habitude. Peut-être que les billets qui s'accumulaient dans son tiroir caisse jouait un rôle dans sa moins mauvaise humeur, puisqu'avec lui, on ne pouvait pas parler de bonne humeur.

Clotho et ses Clothettes, l'attraction de ce soir, n'attirait pas les foules. Le patron avait insisté pour que Taka se joigne aux danseuses, mais il avait refusé : il y avait une limite à ce qu'il acceptait, tout de même. Mais lorsqu'il vit la bagarre qui s'annonçait au niveau des tables de poker, il se dit que finalement, il aurait peut-être dû accepter d'aller danser. La plus jeune des serveuses venait de se casser la figure, renversant ce qu'elle portait sur un drôle de jeune homme. Si les jumelles prenaient sa défense, en revanche le premier trouble-fête n'avait pas l'air de se calmer. Et le drôle de jeune homme, qui avait cherché à l'apaiser, risquait d'être la première victime du conflit qui menaçait d'éclater. Il fallait le désarmer rapidement, et apaiser les tensions, sous peine de voir le bar finir dans un souk pas possible. Et, comme d'habitude, c'est le Kazegai qui devrait payer les pots cassés. Et il n'en avait pas le moins du monde envie.

S'approchant de la table, lissant son impeccable veston, il saisit la serviette qui reposait sur son poignet, et la proposa au joueur de billard ainsi qu'à la jeune fille. Il offrit également aux joueurs de poker des tapas gratuits, pour se faire pardonner d'avoir interrompu la partie en cours. Enfin, il exhorta l'homme aux balafres à respirer calmement et à ne pas réagir trop brutalement. Il était sûr que tout le monde ce soir jouait dans les règles de l'art. Enfin, il savait sa tentative vouée à l'échec : la tension était palpable, et la seule question restante était celle de l'identité du premier à ramasser un coup. Il était temps de se montrer convaincant, donc. Taka se racla la gorge, et déclara d'un ton un peu froid, tandis que Clotho entamait l'un de ses plus grand succès, " Beaux ! Beaux ! Beaux ! " :

- Si d'aventure vous provoquez une bagarre dans l'établissement, monsieur, je serais obligé d'employer la manière forte pour vous mettre dehors.

Bon, il ne payait pas vraiment de mine physiquement, surtout comparé à ce gaillard, mais il avait d'autres arguments à faire valoir, et si le joueur de poker voulait se battre, il trouverait quelqu'un à qui parler. Il espérait pouvoir compter sur l'aide du joueur du billard, au cas où la table entière ne décide de s'en prendre à lui.

- Toi, tu me touches pas déjà.

- Hey, les tricheuses. Je vais faire l'impasse sur la partie et mettre une bonne leçon à cet abruti. Vous me donnez un coup de main ? On va punir ce méchant.

- Quant à toi, tu vas faire quoi exactement ? P'tit blaireau ! Mange-ça, on verra après !

Spoiler:

-Oh, excuse-moi petite !

En effet, l'attention focalisée sur le désamorçage du conflit, le vizard en avait oublié de s'attarder sur son environnement proche. Si encore ce n'était que ça, mais en plus, tenir sa queue de billard de manière maladroite. Preuve en était, cette jeune serveuse venait de trébucher dessus, renversant au passage les verres qu'elle devait apporter à d'autres clients. Une mine prévenante, faisant fi de ce qu'il aurait pu intégrer comme un dommage. S'il pouvait s'offusquer d'une chose, cela ne pouvait-être que du constat consternant que l'établissement fasse travailler des enfants. Autrement, un peu d'alcool sur son hakama ne le tuerait pas. Du moins, Usagi le pensait, jusqu'à ce qu'interviennent des jumelles pendant qu'il essuyait son habit avec la serviette offerte par ce barman décidément fort aimable.

-Euh... Quoi ?

La vache... Mais elles jouaient à quoi celles-là ? Dans la situation présente, nul doute qu'on appellerait euphémisme cette expression bien connue « mettre de l'huile sur le feu ». En l'état, c'était le contenu d'un camion citerne qu'elles déversaient sur un brasier par le biais d'un canon d'incendie. Un intérêt à cela ? Alors remarquer ce que ces jumelles étaient. L'une le croupier, l'autre l'adversaire de jeu du type que l'Usagi tenait présentement par l'épaule. Des sœurs... arbitre et joueur dans une même partie. À partir de là, il n'eut pas grand mal à recoller des morceaux, plusieurs jurons trouvant écho dans ses pensées. Dans quelle merde il se retrouvait là...

-Une minute...

Pas le temps ; le joueur abusé acheva de perdre patience, le repoussant. Selon toute évidence, l'heure n'était plus à la diplomatie. Un projet mort-né, à la réflexion. Alors qu'il supportait tant bien que mal la pression spirituelle du balafré, le vizard se dit qu'il tirerait bien deux mots à ce Zorro pour lui avoir impulsé pareille idée ; dans l'hypothèse qu'il s'en sorte, bien sûr. Une possibilité très improbable, dans la considération de ce qu'il se mangeait là de rafales. Enfermé dans un dôme. Presque aussitôt, des chaînes s'enroulent autour de ses membres et ne lui laissent le temps que de se couvrir d'une barrière protectrice à même la peau.

Un réflexe dont il pouvait se féliciter, en témoignait l'éclatement de cette défense qui ne supporta pas toute l'étendue de l'attaque alors éprouvée. Un coup de jus des plus douloureux, lui occasionnant des brûlures somme toute superficielles. Comme tel, nul doute qu'il serait sorti rôti de cet enchaînement au kido. Un enchaînement incomplet, trouvant sa finalité dans un dernier sort qu'une seconde barrière plus modeste suffit à repousser intégralement. Mettre sa main à couper que cet amateur de poker était un as en la matière. Cet élément d'intégré, la tactique à aborder coulait de source.

Murmurer le nom de son zanpakutoh, et faire apparaître cinq doubles sachant chacun spontanément leur position respective à investir. Tout juste sa cible visa-t-elle le barman que le sabreur s'approcha d'elle, venant la défier au corps-à-corps.

-Toi aussi tu vas manger !

Apprécier très moyennement qu'on foute en l'air sa soirée, en dépit de sa bonne volonté. Il voulait la bagarre ? Il l'aurait. Éprouver une irritation inhabituelle. Les chansonnettes en arrière-plan n'étaient pas étrangères à ce résultat. Au placard le Zorro ; l'inspiration viendrait dorénavant de la légende de Shinjiro.

Spoiler:

- Tricheuses ? Tricheuses ?! Non mais… sérieusement ? Comment on aurait pu tricher si on ne s'est jamais vu de la vie, petit malin ?
Pas vrai Emily ?
Oh...

- Sois gentille Priscilla, va chercher nos épées.

Spoiler:

Finalement, Taka se dit qu'il aurait peut-être mieux fait de les laisser se battre entre eux. Il était impressionnant, ce balafré, quand il se levait. Et sa maîtrise du Kidô l'était tout autant. Visiblement, ce n'était pas n'importe qui, et dès qu'il libéra son reïatsu, le Kazegai laissa lui aussi s'échapper sa pression spirituelle. Il gênerait peut-être aussi le joueur de billard, qu'il se sentait obligé d'aider, vu le tour que prenaient les évènements, mais c'était un mal pour un bien, vu que sa pression spirituelle supplanta celle du rageux. D'ailleurs, après s'en être longuement pris à l'expert dans le maniement des queues, c'est au serveur qu'on s'attaquait. Tirant son Zanpakutô de son pantalon, il souffla la formule de libération et le Shikaï composé de plumes remplaça l'acier de la lame. D'un geste, il dressa devant lui un mur de vent, qui parvint à ralentir et diminuer un peu la puissance du sortilège de son opposant, qui explosa tout de même violemment sur le Faucon, qui récolta quelques brûlures et une chemise ruinée.

Alors qu'il toussait et se redressait, il constata que les deux jeunes filles, qui se connaissaient, s'étaient jetées dans la bataille et s'en donnaient à coeur joie sur le pauvre joueur de billard. Que faire, désormais ? Taka avait le sentiment que s'il réussissait à apaiser le balafré, les filles se calmeraient peut-être. Après tout, c'est lui qui avait lancé la bagarre. Et puis, il rechignait encore un peu lorsqu'il fallait s'en prendre à des femmes : on ne sait jamais la punition qu'elles peuvent réserver. Le joueur de billard avait attaqué lui aussi le balafré. Autant concentrer leurs efforts, plutôt que se disperser, puisqu'ils étaient amenés à faire équipe. Taka leva donc son Shikaï vers le plafond, puis l'abattit tel un couperet mortel. Suivant le mouvement descendant de son zanpakutô, une masse d'air condensée tomba au-dessus du balafré, pour le ralentir et le gêner plus que pour le blesser. Immédiatement après, le Shinigami fendit deux fois l'air devant lui.

Deux lames de vent s'échappèrent donc de son sabre, la seconde dissimulée derrière la première. Non seulement pour augmenter la puissance potentielle de l'attaque, mais aussi pour la rendre plus difficile à éviter. Puis, il décida de passer à la suite sans attendre, pour ne laisser aucun répit au plus furieux des quatre belligérants. Se relâcher dans ce genre de situation, c'était comme agiter les bras devant la mort. Tendant son bras droit vers sa cible, il imprima un mouvement de rotation anti-horaire à son poignet, et une tornade aux dimensions humaines s'échappa de sa lame, et fila en sifflant sur l'homme à la balafre. Et puis, histoire de s'assurer que son compagnon forcé se portait bien après les attaques des jumelles et partenaires dans l'art de la triche, il le harangua :

- Hé ! Joueur de billard ! Vous vous en sortez ?

Spoiler:

Spoiler:

Non loin de lui, l'explosion d'une seconde pression spirituelle d'un grand cru. Non que cela changeait grand chose à la lourdeur de l'atmosphère, mais au moins put-il sentir venir une menace qu'il n'avait pas identifié comme telle, a priori. Ainsi les jumelles acceptaient l'invitation du balafré de le refroidir. Un constat qui n'allait pas pour le ravir, mais que l'Usagi devrait assimiler le plus promptement possible, à moins d'accepter de gésir dans l'instant. Pas le temps de penser l'action ; juste, réagir. Dans l'imminence d'une salve d'attaques, faire le choix d'y aller plein pot d'emblée. Le temps n'était pas à l'esbroufe. Le masque apparaissant pour dissimuler sa figure trahissait bien cette intention de ne pas faire dans la demi-mesure. Sur le papier, ça marchait bien. Néanmoins, d'être rapidement prit au dépourvu par l'intensité de l'assaut venant l'aborder.

-Wow...

Un double cero, rien que ça. Une combinaison d'une puissance si grotesque que le vizard ne put trouver le temps d'en jauger la puissance. Résultat des courses, une impulsion insuffisante pour se mettre hors de portée du rayon destructeur, en subissant les marges. De graves brûlures ravagèrent la moitié de son torse. Si l'affliction était au rendez-vous, il lui serait fatal de se lamenter plus d'une fraction de seconde. Serrer les dents un bon coup, et se mettre en position de recevoir ses assaillantes. Elles voulaient le mettre en lambeau ? Le vizard ne leur ferait pas ce plaisir.

Faire pour que le double l'épaulant le suive pour se mettre à l'écart de la cible initiale qu'était le joueur de poker. Cette chose faite, se mettre en position défensive. Clairement, il ne se laisserait pas surprendre une deuxième fois. Une concentration telle qu'une seconde s'allongea pour lui permettre de cerner la logique des mouvements de ses opposantes. Une rotation, la meilleure qui soit, dans le dessein de ne pas encaisser plus que ce dont son corps était capable. On aurait pu se dire que l'esquive ne suffirait pas à se garder des fines lames, et se donner raison après que les dites lames pourfendent le vizard... ces mêmes observateurs écarquilleraient leurs yeux par le constat absurde de la disparition du corps ciblé. Un mystère éphémère, du moment que l'on daignait prêter attention à la silhouette jusque-là en soutien d'Usagi, devenue Usagi lui-même.

Un tour de passe-passe imparfait. En témoignaient les deux plaies légères mais bien présentes sur son buste. Une goutte de sueur le long de son front. C'était passé à un cheveux, et il doutait pouvoir réitérer pareil enchaînement dont la chance avait été un facteur de réussite non négligeable.

À peine bénéficia-t-il d'un creux, même infime, qu'une pression spirituelle plus écrasante encore vint lui faire ployer un genou. Avec ça, son attention ne pouvait revenir qu'au barman qui se faisait, en l'état, son allié de circonstance. Il pouvait s'en réjouir car sans, le sabreur n'aurait pas donné cher de sa peau contre ces espèces de monstres. Un soulagement d'autant plus grand que ce barman faisait montre d'une puissance lui permettant de rivaliser avec son adversaire. Selon toute évidence, il était le fer de lance du duo. Une conclusion érigée par le bon-sens : il allait devoir concentrer toute son énergie à lui offrir la plus grande marge de manœuvre possible.

La suite logique était simple après que le barman soit mit dans une posture désavantageuse. Des attaques au kido venant d'au-dessus ? Le double à portée invoqua un kekkai comme un toit protecteur. En profiter pour répondre à son interlocuteur avec la plus grande concision.

-Pour le moment je tiens le coup, mais neutraliser l'un d'eux devient affaire pressante. Concentrez vous sur cet homme sans vous soucier du reste, s'il vous plaît.

Le vrai corps soutenu par deux doubles en barrage aux jumelles. Son rôle était des plus limpides. Des paroles arrogantes, portées par un timbre de voix suffisant.

-Eh bien alors, c'est tout ce dont vous êtes capables ? Mes petites... que diriez-vous que je vous enseigne l'art du sabre ? Le vrai, j'entends...

Spoiler:

- Tu viens surtout de nous montrer l'art de te planquer dans ton terrier, mon petit lapinou.
- Cela aurait été tentant si seulement ton talent avait été en adéquation avec ta prétention. Ouvre tes yeux, et réjouis-toi d'avoir vu avant de périr la plus fine lame que ce monde ait porté ! Diezme, Tajadera !

Resurrección:

Spoiler:

C'était plutôt pas mal, pour un début ! Si les jumelles s'en sortaient relativement bien, en revanche le balafré avait encaissé de nombreux coups, grâce à la collaboration entre le Kazegai et le joueur de billard, qui se révéla d'ailleurs être un Vizard. Que de figures notables pour une simple bagarre dans un bar... Mais pas le temps de s'émerveiller devant la puissance d'untel ou d'untel, puisque la cible de la colère du joueur de poker semblait avoir changé, la nouvelle étant bien évidemment ce pauvre Taka. Le colérique guerrier libéra tout autour du serveur une flopée de bras composés d'eau, qui vinrent enserrer les diverses articulations du blondinet, l'immobilisant totalement. Et le sortilège qui suivait n'annonçait rien de bon... Heureusement, un kekkai évoquant le bec d'un oiseau - comme c'était bien choisi pour protéger le Faucon ! - se dressa au-dessus du serveur, et les salves énergétiques glissèrent sur le champ de force. Taka lança un regard à son allié du moment, qui l'exhortait à se concentrer sur le balafré. C'est ce qu'il allait faire.

Ainsi protégé de l'attaque, le Kazegai n'eut qu'à laisser s'échapper son reïatsu pour briser les bras énergétiques, et récupérer la pleine maîtrise de son corps. Massant ses poignets endoloris, il écarquilla les yeux de surprise en voyant les jumelles se transformer : ainsi ces deux jeunes femmes étaient un seul et même Arrancar ? Et elle avait l'air diablement puissante, avec ça. Mentalement, Taka pria pour le salut de son acolyte : il aurait bien voulu l'aider, mais il avait une mission prioritaire. D'ailleurs, puisque l'heure de se faire plaisir semblait être venue, il tendit son Shikaï et clama à haute voix :

- Bankaï ! Danse dans les cieux, Shirufukuroku !

Et son énergie explosa autour de lui, tandis que les plumes composant sa lame s'allongeaient et formaient deux gigantesques ailes immaculées qui vinrent entourer le Shinigami, à la manière d'une coquille d’œuf. Puis, elles explosèrent en dizaines de plumes, révélant l'ultime libération du Kazegaï : une ample cape verte, presque une bure, recouvrait sa frêle silhouette. Mais il ne ferait pas immédiatement la démonstration de ses nouveaux pouvoirs, puisqu'il utiliserait d'abord un Bakudo. Au vu de la maîtrise de son adversaire, il n'avait aucune chance de le surprendre, mais qui ne tente rien n'a rien, comme le dit la maxime. Il entonna donc l'incantation du Rikujokoro, et à la conclusion de celle-ci, il pointa son index gauche vers le joueur de poker. Les six rayons de lumière se matérialisèrent alors, et plongèrent sur l'homme à la balafre. Pas question pour le demi-frère de Farune de s'arrêter là pour autant : fort de son Bankaï, il allait se donner à fond !

Pointant sa main droite, paume ouverte, sur sa victime privilégiée, il traça un cercle, accumulant autour de cette dernière de multiples lames d'air. Une fois la rotation de son poignet terminée, il serra le poing, et toutes les lames d'air s'abattirent sur le rageux, comme une vierge de fer qui se refermerait sur sa malheureuse victime. Et pour être sûr de faire mal, Taka croisa ses bras, et les écarta en tranchant l'air devant lui, projetant deux lames d'air sur son opposant. Le Vizard lui avait demandé de s'occuper du joueur de poker, aussi il s'assurerait qu'il ne puisse plus se relever avant de s'attaquer aux jumelles devenues une seule entité.

Spoiler:

- Ô Souverains, Ô masques de chair et d'os, Ô univers entier, Ô battement d'ailes. Que les terres se recouvrent des glaces éternelles. Que s'éteigne la flamme de l'espoir. Et que le froid devienne maître de ce monde. Hyougajidai !

Spoiler:

Se tenir fermement sur ses appuis. Le feu venait d'être mis aux poudres, et ses adversaires mordaient volontiers à l'hameçon. Non qu'elles venaient de se faire piéger, mises à sa merci. Mais au moins put-il trouver l'assurance qu'elles ne gêneraient pas son allié dans les salves menées contre le balafré. Des salves d'une efficacité redoutable, selon toute vraisemblance. Néanmoins, le vizard ne pouvait demeurer spectateur trop longtemps d'un combat qui n'était pas le sien. Un coup de pied dans la fourmilière demandait la plus grande concentration. Ses opposantes n'étaient pas faibles. Il voyait d'ailleurs bien comme leur puissance le dépassait de loin. D'autant plus maintenant qu'elles venaient de révéler leur véritable forme et pouvoir. Ne pas se laisser prendre par l'appréhension. Rester le plus calme possible, paré à toutes les éventualités et surtout prêt pour ne pas être pris de vitesse.

Prêt à se défendre ? Un pari de pris. Il devait attaquer. Se confondre dans l'assaut de ses vis-à-vis, quitte à en ressortir profondément diminué. Au moins pouvait-il espérer les blesser un minimum, de sorte à faciliter le travail de son partenaire après qu'il ait vaincu le colérique. Il espérait que cela se passe ainsi, et faisait pour que ça se réalise. Ainsi tint-il droit devant lui sa lame. Un pas en avant, et une multitude de frappes, si rapides qu'elles en étaient à peine perceptibles, claquèrent contre les coups adverses, en repoussant une grande partie. Paraître ne pas esquisser le moindre enchaînement. Ne donner à voir que des déplacements simples, bon à se mettre dans la position la plus optimale pour trouver faille dans la garde adverse.

Toutefois, une infériorité palpable, lui occasionnant nombre d'éraflures. Tenir bon. Ne jamais lâcher son attention, les sens toujours aussi affûtés que s'il ne ressentait aucune douleur, ce que l'état de son corps faisait mentir. C'était sans compter une puissance incommensurable émergeant en son dos. Nul temps de réagir. À peine de tourner légèrement le regard vers l'attaque. Une vague de glace l'emporta et le scella à jamais. Figé. Défait. Le bâtiment dévasté. Un combat somme toute bien démesuré, au regard du litige originel. Il ne pouvait de toute façon plus s'en offusquer.

Spoiler:

♫ Fleurs de verglas… Par centaineuh ! ♪

- Ça, ça t'apprendra à laisser traîner ta queue de billard n'importe où ! Peuh !

Spoiler:

Le combo de Taka s'était révélé payant, et le balafré semblait prêt à tomber... Toutefois, il n'irait certainement pas au tapis sans une dernière frappe, visiblement : le Raikoho jaillit quasi instantanément de sa paume, et le Kazegai tenta vainement d'en diminuer la puissance en croisant ses bras devant son corps. Le rayon électrique transperça ses membres comme s'ils n'avaient été que des petits Lu, perçant un trou net dans son frêle corps. La déferlante d'énergies qui suivit ne le laissa pas en meilleur état, bien au contraire, et il cracha du sang en tombant à genoux : s'il ne se ressaisissait pas, c'en était fini de lui. Mais comment pouvait-il exactement se ressaisir face à ce qui se préparait, exactement ? L'incantation que prononçait son opposant lui était inconnue, mais si un maître tel qu'il semblait l'être devait prononcer une incantation, ça n'annonçait rien de bon. Et effectivement, comme lors d'une ère glaciaire, une couche de gel envahit instantanément la pièce, achevant de raser le bar, et éliminant les pauvres erres qui n'avaient pas quitté l'endroit.

Quand au serveur, il était beaucoup trop blessé pour tenter une quelque fuite que ce soit, et la glace se regroupa autour de lui, lui offrant un cercueil juste à sa taille. Son esprit subsista un moment, avant que le froid ne stoppe toutes ses fonctions vitales, et qu'il ne s'endorme paisiblement. Dans cet état, peut-être qu'il survivrait plusieurs siècles et qu'un aventurier curieux le libèrerait dans quelques années. En tant qu'âme, il n'aurait pas eu besoin d'être congelé pour survivre plusieurs siècles, remarquez. Mais bon, il n'était déjà plus en état d'y penser. Et de toute façon, l'Arrancar s'assurerait qu'il ne puisse pas sortir de sa coque glaciale. Du moins, pas en un seul morceau. L'une de ses lames commença à vrombir comme un essaim de frelons, mais en mille fois plus menaçant. Et elle chargea le Taka glacé.

Lorsqu'elle frappa, la couche de gel, et subséquemment le Shinigami enfermé à l'intérieur, vola en mille morceaux. Le sang était trop gelé pour gicler, et il ne resta alors du barman que quelques morceaux de chair éparpillés ça et là. Il avait perdu. Comme d'habitude, aurait pu chanter Clotho s'il avait été en état de le faire. Sauf que vu comme avait fini le pauvre serveur, il n'y aurait sûrement pas de prochaine fois...

Spoiler:

♪ AAH ! Aaaaaah. AAH ! Aaaaaaah. ♫

♪ J'ai plus d'appétit… que cette gamine-là ! Cette ga-mine-là ! ♫
- Faut croire que non. Bon, tu peux en emporter un bout si tu veux, mais tu le finis avant qu'on arrive à la maison hein ?

- Oh, fais attention Priscilla, ne t'en mets pas partout, c'est qui qui nettoie tes vêtements après hein ?
- Ah, si j'avais un casse-dalle… je grignoterais le jour.
- Tu grignoterais la nuit.
- Ouais, j'y mettrais tout mon cœur. C'était quand même une belle journée, pas vrai ?
- Mouais… Comme un lundi au soleil !

Combat terminé, May/Em qualifiée(s) pour le prochain tour.

▬ Melody