Akahebi faisait face à un terrible problème, peut-être la première véritable situation de crise depuis le début de son existence en tant que hollow. À côté de ça, le combat qu'il avait dû mener contre Riful et Isis, c'était de la rigolade. Le scientifique courait dans tout les sens, fouillant dans son laboratoire de fond en comble pour retrouver l'objet de ses désirs. Non, pas moyen, il n'arrivait pas à remettre la main dessus, et aucun de ses subordonnés n'avaient remarqué quoi que ce soit en son absence. Même sa fidèle et maligne Ribelle ne savait pas quoi dire face à un désastre d'une telle ampleur ! Quelle bande d'incapables ! Oui, bien sûr, ce n'était jamais de sa faute, toujours celle des autres, règle de base que tout narcissique digne de ce nom se devait d'assimiler au plus vite afin de pouvoir s'imposer comme l'être le plus raffiné et de mauvaise foi possible. Le serpent rouge passa ses nerfs sur Dauf, comme d'habitude, il était bon qu'à prendre des coups de toute façon ce gros balourd pataud. Entre deux gémissements cependant, il eut le temps d'articuler trois mots et une onomatopée :

« - Costumes... Armoire... Argh... Lavage... »

Qu'est-ce qu'il essayait de marmonner celui-là ? Il ne voyait pas que son merveilleux maître était en train de littéralement PRENDRE son pied pour le tordre ? Le Novena réussit à se calmer l'espace d'un instant, remarquant qu'il avait interrogé tout le monde sauf Dauf justement, tellement exaspéré qu'il s'était dit que ce n'était sûrement pas cet hurluberlu qui aurait pu savoir quoi que ce soit d'utile. Il lâcha le membre disgracieux de son horrible laquais et le fixa d'un sourire meurtrier, promesse d'interminables souffrances si il aurait l’audace de sortir une remarque inutile.

« - M'sieur, z'avez dit qu'fallait nettoyer vos costumes, alors j'lai fais, j'suis un bon serviteur moi ! (Le Sarujie croisa les bras, attendant les détails). M'regardez pas comme ça m'sieur ! J'les ais mis à sécher dehors ! V'pouvez z'aller voir si vous voulez ! »

L'arrancar insulta copieusement ce crétin, lui indiquant clairement que ses costumes ne devaient en aucun cas quitter cette pièce. C'était vrai, il devait être l'une des très rares personnes ici bas à avoir un minimum d'intérêt pour son apparence, tout ses collègues se baladant soit en armure soit dans leur uniforme blanc beaucoup trop sobre et grossissant. Il avait même entendu des rumeurs sur le chef de l'Exequias, lui se baladerait limite juste en pagne, une honte ! Il y avait une ou deux exceptions, comme Rosalie, mais là encore le style gothique n'était pas forcément tip top. La cruelle vérité s'imposait à Las Noches : les hollows étaient victimes de mauvais goût chronique. En tant qu'éminent génie et qu'intellect supérieur et raffiné, Akahebi avait peur que ses fameux costards ne soient volés par des manants désireux de bien paraître, ou pire encore, qu'ils soient détruit par d'autres, des paysans incapables de concevoir la notion de beauté ou « d'esthétiquement correct ». Quelle idée d'étendre dehors l'une des choses auquel il tenait le plus au Hueco Mundo !

Le Neuvième ne perdit pas une seconde de plus à maltraiter son souffre-douleur, il lui arracha les coordonnés exactes de où se situaient ses affaires et entreprit de rapidement rejoindre l'endroit avant qu'il ne puisse arriver quelque chose d'irréparable. Il courut à en perde haleine, bousculant les gens sur son passage, craignant pour la première fois plus pour quelque chose d'autre que sa propre vie. Serait-il prêt à mourir plutôt que de ne plus avoir de costumes ? Une interrogation existentielle à laquelle un gentleman de sa trempe ne pourrait sans doute jamais répondre. On avait tous ses dilemmes, celui-là était d'une ampleur que seuls peu d'initiés pouvaient appréhender ici : les amateurs de beaux vêtements, tout simplement. Cela n'avait rien de superficiel voyons, c'était une question de respect à ses yeux que d'être présentable en toutes circonstances, on pouvait dire ce qu'on voulait, la première impression que l'on se faisait de quelqu'un passait directement par son apparence.

Le serpent rouge s'arrêta à proximité du palais, au milieu de ruines. Il aperçu sa petite trentaine de costumes au loin, pendue entre deux tours brinquebalantes sur un fil qui semblait aussi fragile que du coton. De une, comment Dauf avait-il fait pour grimper aussi haut et attacher tout ça ? De deux, par quelle opération du saint-esprit tout ceci pouvait tenir ? Sérieusement, cela relevait du miracle, il faudrait qu'il étudie tout ça plus en... NON, pas le temps, il sprinta jusqu'à son linge et commença à essayer tant bien que mal à tout enlever, fourrant ses affaires sur son dos. Il devait se dépêcher, il ne savait pas pourquoi mais il avait la désagréable sensation que la légère brise qui soufflait actuellement allait se changer en véritable tempête d'ici peu de temps... Si il pouvait avoir de l'aide, ce ne serait pas de refus, malheureusement il semblait bel et bien seul.

La saison approchait. Comment ça quelle saison ? Vous ne savez pas quand est l'ouverture des magasins avec des super promos pour les fringues et les babioles en tout genre ? Le truc que les humaines raffolent, et font quasi tout les ans, mois et semaines. C'est ce qu'elle avait retenu de son unique descente sur Terre, à Berlin. En pleine fête remplie de bière, de femmes sexy et de la baston à tout va. Aessa avait vu dans la vitrine des magasins ce mot court qui dit tout. "Soldes". D'autres comme "promotion", "Liquidation" y étaient également mais seul le tout premier était répété plusieurs fois. La saison des soldes donc. Bien dommage qu'il n'y ait pas cette période à Nacimiento. Ça mettrait un peu de classe dans toute cette barbarie. Santo, Talion, Vacio, Akahebi, Usagi. Même Aleksi gagnerait en charme dans un de ces costumes cravates. Même un noeud papillon irait bien. Et que dire des filles ? A part Aessa, seule Lies avait de la classe. Pourtant, il y avait pas mal de filles dans l'Espada. Rosalie, les jumelles... Même les fraccion et les Numéros devaient affirmer leur féminité. Bon, May et Emily le faisaient à leur manière. Cela restait une exception.

Lâchant un énorme soupir, l'Arrancar balança toute sa garde robe sur le sol. Comme pour le rendez-vous avec le Rey, elle ne savait pas quoi mettre pour la journée. Autant sortir nue, cela n'allait pas trop choquer les nomades du désert. Et puis, elle pouvait se camoufler donc bon.

Ok on fait ça !

C'est donc en tenue d'Eve que sortit l'Araignée. De tout ce qu'elle avait pu faire, sortir comme cela était de loin sa plus folle idée. Entamant sa course, se dissimulant derrière une dune de sable à chaque présence qu'elle sentait. Voilà que maintenant elle hésitait à rentrer pour se couvrir. Elle n'aura tenu que vingt minutes. Vingt grosses minutes. Aessa pensait que ça faisait une journée entière, avec la nuit qui était là jour... Et nuit donc. L'Arachnide allait rentrer lorsqu'elle sentit une puissance spirituelle un peu plus élevée que la normale. Un gros, les bras chargé de... Vêtements ?? Et bien, ca tombait bien ! Juste quand elle en cherchait. Un signe de Sima sans doute. Elle y réfléchirait plus tard, sa priorité était de retrouver une certaine décence. Elle se mit à le suivre donc, masquant sa présence jusqu'à arriver aux environs du palais. Va savoir pourquoi le gros hollow accrocha les fringues sur un câble reliant deux tours. Les faisait il sécher ? Attendre son départ pour aller choper des fringues afin de repartir sans se faire harceler par tout les pervers peuplant le palais. Une pensée à ce cher Aleksi entre autre.

Rah mais ya que des trucs de mecs !

Elle était en haut d'une tour, en mode nudiste. On aurait pu la prendre pour une femme de joie entreprenante, et changer d'avis lorsque son pied arrive dans les bijoux de famille. Cette expérience de laisser aller, c'était la derniere fois qu'elle le ferait ! Prenant une veste, Aessa l'enfila. Avec ce nouvel habit, elle couvrait la quasi totalité de son corps. Attacher deux boutons et laisser le reste respirer l'air du vent.
"Entends tu le chant d'espoir du hollow qui meurt d'amour" fredonna t elle avant de jurer. Pourquoi diable chantait elle cette chanson d"enfant ? Tiens, voilà un autre qui arrive. Se cacher et regarder qui c'est.

Le Novena, Akahebi. C'était sans doute à lui tout ces costumes. Bon point, il avait un certain goût vestimentaire. Descendant de son perchoir, la brune se montra à lui. En tirant sur la veste pour la rendre plus grande. Pudeur qui revenait.

J't'ai emprunté une veste. J'te la rendrai plus tard, c'est que j'suis pas très présentable là. - montre le reste des vêtements étendus - C'est pas trop l'endroit pour faire sécher de si beaux habits. T'as du goût, p'tit père !

Le Novena était en train de réunir tout ses trésors vestimentaires à la hâte, paniqué. Il était en état de stress, quand il rentrerait Dauf dégusterait comme il n'avait encore jamais dégusté de toute sa misérable existence, c'était une promesse ! Il rattrapa in-extremis une veste qui voulut se faire la malle, elle n'irait pas plus loin celle-là. Un véritable travail d'équilibriste et de foutue larbin, le scientifique perdait de plus en plus patience au fur et à mesure qu'il évaluait sa condition. Il entendit du bruit près de lui, il tourna la tête rapidement, continuant son œuvre en parallèle. Il aperçut alors la jolie petite Aessa, emmitouflée dans l'un de ses manteaux, il était évident qu'en dessous, elle était dans son plus humble appareil. Il s'apprêtait à la réprimander, à être désagréable, mais se contenta de rester bouche bée en réfléchissant plus avant. Il était peu commun que ses mots dépassent sa pensée, ce n'était pas aujourd'hui que cela allait commencer. Il se remémora deux-trois trucs à son sujet, elle faisait partie de l'Exequias, c'était une chasseresse dans l'âme, joueuse et charmeuse. L'essentiel était là, elle lui avait plutôt bien plus, de par sa vivacité d'esprit et sa façon de penser si typique des hollows de son acabit, ne jurant que par la loi du plus fort. Enfin, il s'était arrangé pour la quitter en termes amicales, lui promettant d'effectuer quelques recherches pour concevoir une tenue spéciale pour résister au temps du Hueco Mundo et surtout pour qu'elle ne se salisse pas en moins de deux minutes dans le désert.

Il avait une excellente mémoire, quoi de plus normal pour un esprit aussi brillant que le sien. Le chercheur rabattit ses costumes sur son épaule et lança un sourire jovial à l'adresse de son invitée surprise. Elle lui assura de lui rendre son bien plus tard et fit une remarque sur les lieux, il ne pouvait être plus d'accord avec elle, l'endroit ne se prêtait pas à faire sécher du linge. Il fallait être dans la tête de son subordonné pour comprendre ce mystère plus qu'insondable. Elle complimenta son « style » général, ce qui flatta son ego déjà surdimensionné, elle lui plaisait bien décidément. Il mit sa main libre devant lui, en signe de salutation et hocha la tête, pas de révérence cette fois, il ne
pouvait pas se permettre le risque de réduire tout ses efforts à néant en laissant tomber ses friperies.

« - Dame Aessa, un plaisir de vous revoir, même si la situation ne se prête pas trop aux civilités, je m'en excuse. (Il se remit à détacher les trois derniers costards restant, il y était presque). Un de mes « employés » du labo' a jugé bon d'étendre tout mon linge ici, mais c'est de ma faute, j’aurais dû me douter qu'un bon à rien comme lui ne pourrait que causer une catastrophe avec de simples consignes. (Il termina ce qu'il était en train de faire, soupirant d'aise que tout soit finalement sous contrôle). Dans tout les cas, je suis ravi de voir que je ne suis pas le seul à avoir un peu de goût ici ! Oui, la plupart de ces costumes sont en lin, on n'en trouve pas à tout les coins de rue dans ce bauge dégoûtant. Tenez... (Il tendit une petite pile d'affaires en direction de la brunette). Considérez ceci comme un échange de bons procédés, je vous permets de conserver ma veste sur vous et vous m'aidez à ramener ça dans mes quartiers. »

Il avait employé un ton aimable, dénué de la moindre once d’agressivité, il avait plutôt demandé ça comme on le demanderait à une amie sur qui on pouvait compter. Il avait besoin d'un peu d'aide et avec la tempête qui grondait il avait peur de ne pas pouvoir rentrer à temps, que la totalité de ses fringues soit ruinée par le sable et la rigueur impitoyable de la zone. Il savait pertinemment que sa relation avec elle n'était pas très développée, mais justement, c'était le moment de tisser des liens un peu plus fort. Il n'avait pas abandonné l'idée d'avoir une connaissance dans l'Exequias et au delà de ça, il considérait Aessa... Tout court. Ce qui était rare, très rare, il sentait qu'elle avait du potentiel, son côté un peu manipulatrice et sauvage lui servirait à l'avenir, il n'y avait pas plus dangereuses personnes que celles qui savaient où elles mettaient leurs pieds. Et globalement, elles s'arrangeaient pour aller dans la bonne direction. Histoire d''alléger un peu sa demande, le gentleman s'empressa d'ajouter :

« - Oh, ne vous inquiétez pas, même si vous ne m'aidez pas, je vous offrirez gracieusement ce vêtement, je ne suis pas un monstre. Hum, disons « pas ce type de monstre », c'est plus juste. (Il eut un rictus puis reprit, il voulait capter son attention). J'ai pas mal réfléchi à nos projets futurs au fait, concernant la tenue que vous m'aviez demandé, on pourrait en parler sur le chemin du retour, qu'est-ce que vous en dîtes ? »

Fort heureusement pour la brune, le Novena se montra courtois et ne la ajugea pas pour sa tenue. D'autres auraient fait en sorte que cela se termine en baston, genre "Tu me piques pas mes fringues. Bagarre !", mais pas lui. Sans doute que le compliment de l'Araignée sur les gouts vestimentaires du jeune homme avait aidé, mais en plus la tenue très lègère qu'elle avait enfilé jouait encore plus. Quelle personne ne craquerait pas devant une fille assez bien foutue complêtement à poil, se cachant le peu d'intimité qui lui restait dans une de vos vestes ? Peu de gens. La plupart diront non par principe, dure loi de la vie de couple.
En tout cas, il était sympa de donner sa veste à la brune. En échange de bons... hein ? Il voulait qu'elle l'aide à porter ses fringues jusqu'à ses quartiers. En temps normal, c'aurait été un non expéditif. Il lui fournissait des fringues temporaires, ne la jugeait pas sur sa tenue. Et surtout il ne posait pas de questions comme pourquoi était elle à poil. aDes questions comme ca avaient toujous la même réponse universelle. Parce que. Pour en revenir à Akahebi, la première impression qu'avait eu Aessa envers lui était bonne donc pas de raison pour ne pas l'aider.

Et bien, avec plaisir.

Pour faire la conversation, il y avait toujours la question sur la tenue dont ils avaient parlé lors du premier entretien. Ca tombait bien, vu les circonstances de leur retrouvailles. L'Araignée prit la pile de vêtements que le membre de l'Espada lui tendait et entama une marche lente. Parler de fringues était ce que le Novena devait faire de mieux pour gagner la confiance de la jeune fille, et il le faisait très bien. Enfin quelqu'un de civilisé avec un minimum de gout. Les habitants de Las Noches n'étaient donc pas tous des créatures avides de sang et de baston. Soulagement.

Oui donc, pour la tenue, tu as un peu réfléchi ou pas du tout ? Il te faudrait p'tet mes mesures et tout le barda. Tu sais, pour que la tenue soit moulante et tout.

Les trucs moulants, elle aimait bien. Faire corps avec l'habit. C'était une deuxième peau, une défense contre les gens aimant le contact physique. Ces vieux pervers rabougris, n'ayant plus que leur sénilité comme excuse de leurs doigts balladeurs. C'est moche. Et puis il fallait savoir se faire plaisir. Une tenue adéquate à l'environnement. Fini les grains de sable à enlever après avoir chassé toute la journée. Encore fallait il qu'elle l'ait dans les mains, et qu'Akahebi l'ait confectionnée. Lâchant un petit soupir, elle regarda l'autre ballaud de Hollow les accompagnant. Pourquoi il portait quasiment rien lui ? Se dirigeant vers lui, elle lui mit la pile de vêtements dans les bras en insistant sur le fait qu'étant une dame, elle n'avait rien à porter d'aussi lourd.
Elle mentait, ce n'était pas lourd. Mais le gros arrêterait sans doute de se dandiner sur le sable tout content. Aessa ne supportait pas non plus quelqu'un s'amuser alors qu'elle travaillait. Il le pourrait quand elle n'aurait rien à porter non plus. Kiffe-kiffe. Comme il avait les bras prits maintenant, elle pouvait laisser libre court à ses vaguabondages. Sautillant d'abord à cloche pied, elle se retourna vers ses poursuivants en leur offrant un joli sourire. Une récompense à leur dur labeur. Ils s'en contenteraient, c'était la chose la plus gentille qu'elle pouvait leur faire. Une attention particulière, pour celui qui allait devenir une grande personne aux yeux de la brune. Un scientifique de pur talent, comme la Tercera. Tercera qui n'était pas dans le même domaine, avec son fusil de chasse. Plus dans le côté militaire. Aessa irait la voir plus tard, histoire d'améliorer ses deux seringues.

C'est encore loin mon bichon ?

S'addressa t'elle au Novena. Parce que oui, a force de sautiller sur place en plus de marcher, elle commençait à en avoir marre. Errer dans cet endroit aussi vaste était bien plus plaisant à faire quand il y avait une récompense à la clé. Et son uniforme n'allait pas être prêt out de suite. Sauf si...

Akahebi ne l'avait pas remarqué, sûrement à cause de la précipitation, mais un hollow bedonnant les suivait comme si de rien n'était. Peut-être était-il attiré par la brunette ? Oui, ce devait être ça, elle n'était pas moche, sûrement s'était-elle fait un fan de la première heure sans s'en apercevoir. Le fait qu'elle soit complètement nue sous sa veste pouvait également jouer d'une certaine manière. Lui, il s'en fichait, il était dragueur au possible, aussi bien avec les hommes que les femmes, appréciant la beauté partout où elle se situait, mais jamais il n'allait plus loin. Ce n'était rien de personnel, il était juste incapable d'éprouver de l'amour pour autre chose que sa propre personne, le petit jeu auquel il jouait avec la gent féminine ou masculine n'était au final que ce qu'il était, un jeu et rien d'autre. Puis sérieusement, un esprit aussi brillant que le sien avait d'autres chats à fouetter que de s'encombrer d'une compagnie persistante, agaçante, et forcément inférieure à lui ! C'était un génie, et le génie ne saurait se brider, il se devait d'être libre et autonome pour laisser éclater tout son potentiel.

Bon, les génies aussi devait s’occuper de leur linge apparemment, mais ça c'était une autre histoire. Non, vraiment, ce n'était que l'exception qui confirmait la règle, voilà tout, pas de raison de s'énerver. D'un autre côté, ne même pas être capable d'étendre ses costumes à l'intérieur, c'était le comble. Les consignes avait été simples, fluides, parfaites. Qu'est-ce que Dauf avait fumé pour se dire « Tiens, je vais accrocher les costards de mon maître dehors, à la vue du premier péquenaud qui passerait par là, juste avant qu'une tempête de sable ne se lève ! ». Saloperie, pourquoi devait-il se salir les mains à la place de cet empoté de première ! Une honte, c'était une honte, il le lui ferait regretter amèrement ! Une rage sourde grondait et le serpent rouge écouta d'une oreille distraite son interlocutrice alors qu'ils progressaient tout les deux à l'intérieur du palais. Ses quartiers n'étaient plus très loin.

« - Prendre des mesures ? Pour la tenue ? Oui, oui, bien sûr... (Le Sarujie eut un déclic. Nouvelle expérience. Nouvelle découverte). Oh oh oh, oui, oui, oui, ce serait un plaisir. Je pourrais même concevoir votre tenue juste après si vous le souhaitez ! Et puis, j'aimerais vous diagnostiquer si vous le désirez, sur votre état, votre physique. Je suis plus un chercheur qu'un médecin, mais j'ai tellement étudié le corps humain, enfin hollow plutôt, que j'ai plus que les aptitudes nécessaires dans le domaine ! Ah et ne vous inquiétez pas, on est bientôt arrivé.»

Et puis si il pouvait prélever un peu de sang au passage, ce serait parfait. Pour quelqu'un comme lui, c'était le Saint-Graal de l'information. Il ne savait pas si c'était monnaie courante de faire des « check-up » dans le Hueco Mundo, néanmoins c'était un concept à travailler, il y avait moyen de découvrir des tas de choses comme ça. Le trio arriva devant son laboratoire, le Novena enfonça la porte du pied, suivit du balourd qui transportait ses costumes. Il jeta un regard noir aux alentours, cherchant la cible de son courroux, légèrement atténué certes par les perspectives qui s'étaient offertes à lui, mais non moins dangereux et fulminant. Il haussa la voix afin de se faire entendre de tout ses larbins, prenant un ton glacial :

« - D'accord, Dauf, si tu ne ramènes pas tes fesses d'arriéré, voilà ce qui va se passer. Je vais d'abord t'arracher un ongle de doigt, puis un ongle de pied. Je vais alterner entre les deux avec cinq minutes d'intervalle entre chaque opération, puis quand j'en aurai fini, je m'occuperai de te dépecer. Oh non, pas tout d'un coup, morceau par morceau, et après je... (Dauf se pointa, penaud, un air apeuré sur le visage). Ah, l'abruti en chef, bien, Cretinus, regardes. »

Akahebi trancha en deux du revers de la main le groupie qui les avait suivi depuis tout à l'heure, non sans l'avoir débarrassé des costumes qu'Aessa lui avait refilé avant et les avoir soigneusement posé sur une table. Du sang gicla un peu partout, mais il avait fait ça assez proprement pour ne pas ruiner son accoutrement actuel. Il s'était un peu calmé et se délectait de l'expression horrifié de l'assemblée, la leçon était bien passée. Il tapa dans ses mains pour capter encore plus l'attention puis s'exclama :

« - Cela jeunes gens, c'est la meilleure chose qui puisse vous arriver, je vous laisse imaginer la pire. Au boulot, nettoyez-moi ça. Dauf, hors de ma vue, tu es de corvée de nettoyage de cuve. (Il se retourna vers la chasseresse comme si de rien n'était puis dit, jovial). Si vous voulez bien me suivre My Lady, nous allons tout de suite procéder aux mesures, ou plus, si vous vous êtes fait un avis sur ma proposition précédente. »

Pour lui, elle ferait une exception. La jeune brune n'aimait pas du tout montrer son corps de cette façon. Bien qu'elle possède le plus beau corps du Hueco Mundo, Aessa préfèrait le montrer couvert de jolis habits. Et ce n'est certainement pas devant quelqu'un qu'elle allait montrer son corps éblouissant de beauté. Le scientifique allait pouvoir prendre les mesures, mais Aessa serait limite en petite tenue. Hors de question d'en dévoiler plus à un homme de science, ou homme tout court. Même dans l'espoir de procréer. Elle était seule à pouvoir se voir en tenue d'Eve. A part cette aventure où l'idée stupide de se ballader dans l'étendue de sable nue, aucun être ne l'avait vu dans son plus simple appareil.
Le Novena se montrait quelque peu agacé, et la Vedova ne comprennait pas pourquoi. L'autre balourd portait ses fringues, donc où était le problème ? A moins que....

Ah mais l'autre à qui j'ai passé les fringues n'est pas une de vos connaissances ?

Maintenant, ca changeait tout. Mais il restait toutefois calme pour un hollow sauvage, sans doute le charisme des deux personnages l'intimidait. Surtout la jeune fille. Z'avez vu ce qu'elle dégage comme phéromones ? Juste une veste lui recouvrant le corps en partie, elle attire tout le monde. Si c'est pas une preuve de sa beauté...
Lâchant un soupir pour souligner son manque d'observation, elle adressa un sourire au hollow. Celui-ci lui rendit, devenant rouge tomate. Puis faire comme s'il n'existait pas et revenir auprès de l'Arrancar aux cheveux rouges pour continuer à discuter fringues. Et elle lui raconta ses fabuleuses aventures dans le monde humain, celui où les chaussures et les robes avait ouvert les yeux de l'Arachnide sur le monde de la mode. Déjà, avant de s'y rendre elle avait un certain intérêt pour ses tenues. Une tenue par semaine, au lieu d'une tout sa vie. Ne pas vivre dans la crasse, montrer que l'on a une certaine higyène de vie. Puis ils arrivèrent, tellement vite. Aessa venait à peine d'entrer dans les détails de la collection automne hiver, Akahebi allait rater un truc important. Haussant les épaules, elle préfèra se taire. Le Novena engueulant son sbire, puis il trancha en deux le pauvre fan que la Vedova avait prit pour un allié.

Lui qui aurait pu être mon serviteur... Voilà comment vous remerciez les gens qui vous aident sans demander votre permission. Vous êtes un dangereux spécimen, Novena.

Lui ou un autre. Elle aurait très bien pu se retrouvé à sa place, fendue en deux si le serpent rouge ne la connaissait pas. C'est là où elle se rappela cet affrontement contre Riful, moment gênant qui lui faisait se souvenir de ses capacités assez limités pour son grade. L'Exequias se devait d'être rempli de gens forts. Il fallait qu'elle bosse la dessus, mais d'abord, priorité à l'accoutrement. Cherchant du regard une pile de vêtements pour elle, la Vedova s'arrêta sur un bout de tissu. Ca ferait très bien l'affaire, et puis elle en profiterait pour faire grimper son atout seduction du haut. Attrapant le morceau de tissu d'une main et une autre veste de l'autre, elle partit s'isoler dans un coin en couvrant le sbire nommé Dauf de la veste qu'elle avait prise. Nulle question qu'il puisse regarder. Il n'était pas assez beau pour cela. Des années lumières même. Entre deux meubles à livres, elle fit sa cabine d'essayage improvisée et ressortit une fois changée. Un pagne et un soutien gorge en mode "moi tarzan, toi Jane". Regardant le Novena d'un air accusateur, elle tint à lui rappeler quelques règles.

Aucune critique. Evitez les mains balladeuses. Ne faites que les mesures.

Avant de repartir avec un ton plus amical, maintenant les bases posées.

Dites moi vos idées, je vous dirais si je suis d'accord avec.

Même dans cette tenue, elle gardait cet air fier et déterminé. Elle acceptait de se faire palper, c'était un gros effort déjà. Reparler chiffon l'aiderait surement à se détendre, c'est pourquoi elle reprit là où elle s'en était arrêté.

Oui donc la collection Automne Hiver. C'est fou comme les humains sont friands d'idées géniales desfois. Une belle robe rouge, un corset, tout ca ne se porte pas tout le temps. J'y ai vu des "pantoufles", ces chaussures ne servant qu'à l'intérieur. Etrange n'est ce pas ? Mais au moins, leur maison reste propre, pas de merdes de hollows à nettoyer. Faudrait que je m'en fasse avec ma soie. Vous en prendrez une ? Ca m'aidera dans mon commerce. Haha !

Elle savait que ca ne marcherait jamais cette histoire de pantoufle. Tout les hollows oublieraient de les enlever et ca reviendrait à des chaussures. Au moins, ils auront pas roid aux pieds. Un bon point de prit.

Aessa avait semblé un peu gênée avant d'accepter la proposition du scientifique. Il était conscient de ce qu'il lui demandait, mais il n'avait qu'un intérêt purement professionnel à effectuer cette opération, qui lui apporterait de précieuses informations et données. Elle n'avait strictement rien à craindre, il était incapable de ressentir le désir ou d'autres bassesses de ce genre, un être comme lui était pourri jusqu'à la moelle et avait banni pour l'éternité toute notion d'attirance ou de lubricité. Non, sérieusement, les véritables esprits supérieurs devaient se concentrer sur des sujets moins triviaux. Le gentleman sut qu'il devait quand même rassurer un peu sa « patiente », il ne voulait pas qu'elle lui pique une crise de nerfs ou qu'elle le prenne pour un pervers. Une expérience devait se mener de bout en bout en respectant un code de sécurité stricte, bon il fallait aussi savoir laisser jaillir la folie et l'expérimentation de temps à autre, mais là en l’occurrence, il fallait faire gaffe. Il se racla la gorge et prit un air désolé avant de s'exclamer :

« - Oui, je suis confus pour votre groupie, mais je devais faire un exemple. Vous devez bien comprendre que maintenir un minimum de cohésion au sein de ce laboratoire nécessite des méthodes plus ou moins extrêmes... Ah ah ah, du moins c'est comme ça que j'aime entretenir la discipline ici ! (Il fit une brève révérence vu qu'il n'avait pas pu la dernière fois). Ne vous inquiétez pas gente demoiselle, vous pouvez être assurée que je ne ferais rien de déplacé. Je suis un éminent chercheur, pas un goujat, j'encense la beauté mais jamais je ne la dégrade, sachez le. Patientez un instant, je dois réunir du matériel pour procéder. »

Le Sarujie fit un signe de la main pour montrer qu'il en aurait pour quelques minutes puis partit chercher ce qu'il voulait. L'endroit était grand, et il avait réussi à réunir un sacré paquet de machines, de tables et de serviteurs au fil du temps, il en avait fait du chemin depuis qu'il était arrivé à Las Noches sans rien d'autre que son simple costume sur le dos. Il pouvait enfin se lâcher la bride et explorer les contrées infinies et mystérieuses du chemin de la connaissance, contribuer à l'avancement de son peuple et surtout se faire une assez bonne réputation pour avoir une position confortable. Il ne s'agissait pas de perdre le nord, sur sa liste, sa survie et sa personne passaient devant tout le reste. Il arriva enfin à ce qui semblait à peu près être son bureau, il avait du mal à bien le reconnaître vu qu'il était recouvert d'une pile de notes, de fioles de venin et de deux ou trois outils de torture immaculés, récemment nettoyés. Il eut un sourire, il repensa brièvement à cette séance de démembrement qu'il avait pratiqué quelques jours plus tôt, cela par contre ça lui procurait des sensations intenses.

Il secoua la tête et prit de quoi faire des mesures convenablement, pas le moment d'être distrait, il avait un projet à mener à bien. Il pouvait digresser, paraître complètement fou à lier et sadique, quand il travaillait il ne faisait pas semblant, les Primera avaient déjà pu le constater et c'était au tour d'Aessa maintenant. Il retourna auprès d'elle et s'arrangea pour que ses larbins dégagent autre part le temps qu'il puisse procéder, il ne voulait pas embarrasser la chasseresse. Elle lui avait parlé de mode et de vêtements tout le long du chemin, mais il avait été tellement contrarié qu'il ne l'avait écouté que d'une oreille, sans vraiment lui répondre. Non pas que cela ne l'intéressait pas, au contraire, et justement il ne se fit pas prier pour donner son avis. Il s'approcha de son interlocutrice et commença, effectuant son boulot d'une main experte, notant au fur et mesure sur son calepin ce dont il avait besoin pour confectionner la dite tenue :

« - Le concept de pantoufle est on ne peut plus intéressant, certes, malheureusement il ne peut pas nécessairement s'appliquer ici, de même que les chaussures en général. En effet, la plupart de nos congénères sont trop volumineux ou difformes pour porter quoi que ce soit qui leur conviendrait, l'arrancarisation est presque obligatoire pour pouvoir apprécier les joies d'un beau costume, néanmoins le procédé n'est pas sans risques. Vous savez, vous parliez de robe rouge et de corset, j'adore ce mariage, et la couleur surtout. J'ai connu une humaine, enfin je l'observais plutôt, il y a longtemps, bien avant que je fasse partie de l'Espada. Elle était très chic, une française, elles sont si élégantes, elle portait un tailleur rouge foncé avec une veste cintrée, mon dieu elle était magnifique. (Il s'arrêta un moment en repensant à cette histoire avant de se remettre à bosser). J'ai presque eu du regret à dévorer son âme lorsqu'elle mourut, mais elle était la cible d'autres hollows moins civilisés que moi, je n'avais pas le choix. J'ai fait en sorte qu'elle ne souffre pas trop. »

Le serpent rouge se releva, il avait terminé. Venant de lui, cet aveu n'était pas rien. Il s'était toujours arrangé pour traumatiser ses victimes, les trahir, faire une entorse à ses habitudes était un signe évident qu'il avait développé une certaine tendresse à l'égard de cette si élégante jeune femme d'une époque révolue. Peut-être était-ce également pour cela qu'il l'avait fait disparaître à jamais. N'importe quoi ! Il divaguait ou quoi ! Le gentleman ferma les yeux pour chasser ces ridicules souvenirs, il détestait se rappeler qu'il n'était pas infaillible comme il essayait de le faire croire à tout bout de champ. Il avait confiance en lui mais il savait qu'à certains moments de sa non-vie il avait fait des choix étranges... À ses yeux bien sûr. Il posa ses affaires sur une table non loin puis observa Aessa longuement avant de se décider à partager ses suggestions :

« - J'en ai fini. Donc ! Vous voulez une tenue adaptée au climat environnant, soit. J'ai des idées de design qui germent, je vais vous les soumettre. Premièrement le sable, il conviendrait d'élaborer quelque chose près du corps si vous êtes assez à l'aise pour, sinon je pourrais m'arranger. Nous devrions utiliser des fibres spéciales, certainement modifiées par mes soins afin que la poussière ne puisse s'y incruster. Deuxièmement, je suppose que vous devez posséder une ressurección, il faut donc faire en sorte que les vêtements ne se déchirent pas lorsque vous changerez de forme, je devrai tester l'extensibilité de la tenue au préalable. Si ce n'est pas le cas, dites le moi, ça pourrait changer ma conception de la chose. (Il remit ses lunettes machinalement puis se tint le menton de la main). Et vous, avez vous des suggestions ? Quelque chose qui vous trotterait dans la tête ? Oh, et même si cela ne concerne pas forcément la tenue, je suis entièrement ouvert. (Il se tapa le front de manière théâtrale). Suis-je bête, vous pouvez vous rhabiller My Lady si vous le voulez bien, il y a des vêtements derrière vous sur votre gauche, choisissez ce qui vous plaît. »

Akahebi montra du doigt une dizaine d'armoires métalliques dans le fond. Elles renfermaient toutes des multitudes d'habits d'hommes et de femmes, il ne les collectionnait pas vraiment mais... Bon peut-être un petit peu. Une énième excentricité à rajouter à toutes les autres, rien de bien alarmant compte-tenu de ses hobbys habituels. Il ne doutait pas que son invité trouve quelque chose à sa taille.

La Vedova laissa échapper un soupir. C'est pas comme si sa peuplée de fans allait disparaitre avec l'autre gros tas. Et puis, fallait bien que le Novena fasse jouer son autorité. Après tout, c'était lui le maitre de maison, et Aessa n'avait aucune raison de contester cette prise d'initiative. Revenant sur la principale raison de sa venue içi, son idée de commerce avait égayer l'idée du Sarujie. Ces "pantoufles" étaient bien pensées mais le peuple cassait toute l'idéologie de la brune, le fait d'avoir de grands pieds difformes en était la cause. Au diable le peuple, les pantoufles seraient que pour elle et les grands ! Ce qu'elle voulut faire comprendre à l'éminent scientifique.

C'est pas grave pour l'autre. Il allait devenir gênant, vous avez bien fait. Pour les pantoufles, si tout le monde ne rentre pas dans les critères, autant garder que les plus compétents. L'Espada, l'Exequias et le Rey. Le reste, du brin ! Pour les Fraccions, c'est leur maitre qui décidera. Freya n'en aura pas besoin là où elle est.

La prison, quelle horreur. La simple visite courtoise d'Aessa pour Freya avait dégouté l'Arachnide. Les chaussons seraient d'autant plus dégueulasse à trainer dans la boue, autant ne pas lui en confectionner. Fallait aussi un minimum de classe pour les porter, ces chaussures d'intérieur. Enfin, c'était plus un énième projet qui allait finir aux oubliettes, caché entre deux cartons de vêtements trop petits ou trop moches. Robe rouge et corset. Ces mots attisèrent l'attention de la brune qui était en train d'essayer de se défaire de ses vêtements fait mains. Facile à mettre, mais pour les retirer, bonjour l'horreur. Tirant de toutes ses forces sur le soutien gorge, une élasticité fit son apparition au moment où Aessa parvenait enfin à en voir le bout, réduisant ainsi l'espoir de la jeune fille à néant. Le retour à l'envoyeur fut cinglant, et la jeune fille ne put retenir un cri de douleur ressemblant plus à un cri de plaisir qu'autre chose. Se rendant compte de ce qu'il venait de se passer, elle couvrit sa bouche avec sa main et observa les alentours pour voir si personne ne l'avait entendu. Bon, c'était un peu mort vu qu'elle se trouvait dans les quartiers du Novena. Mais c'était plus ses sous fifres qui la dérangeait. La simple idée d'imaginer le gros dodu sourire bêtement avec un coulis de bave sur le coin de la bouche suffisait, à dégouter l'Araignée. Une série de frissons parcourut son corps jusqu'à en provoquer une certaine excitation. L'envie de tuer. Si jamais, le kéké affichait un quelconque sourire, ca serait son dernier. Ca rééquilibrerait la balance, vu que le Sarujie avait mis fin aux jours d'un fan de la belle Araignée.

C'est topless que la brunette revint auprès de l'éminent scientifique, cachant juste sa poitrine naissante avec ses mains pour les faire paraitre plus gros. Histoire de ne pas perdre la face comparé aux autres filles de l'Espada. Etant l'unique représentante de l'Exequias, fallait bien tenir la baraque ! L'Akahebi avait avoué un souvenir, Aessa n'avait prêté l'oreille que pour les mots "robe" et "corset", jugeant la suite inutile. Qui irait parler de cela si ce n'est pour elle et elle seule ? Ah oui, la tenue.

Ouais, quelque chose de près du corps, mais qui moule pas trop trop non plus. Je sais que je suis belle, mais faudrait pas que je me fasse trop d'enemis d'un coup à chaque fois que je sors de ma tanière ! - dit elle en se recoiffant tout en bombant le torse- Pour les idées, j'te fais confiance va. T'vas me faire un sacré truc, je le sais déjà. T'as une bonne tête toi. Et puis si t'y arrives, j'te ferais un bisou. En récompense.

Elle avait le chic pour tout reporter à elle. Mais la période de reproduction approchait à grand pas. L'idée de trouver un mari l'embêtait, et c'était pas avec le scientifique qu'elle allait se mettre. Pas de sexe au travail. Un de ses principes qu'elle avait jugé bon de tenir. Mais pour combien de temps ?

Akahebi eut un sourire crispé en regardant revenir Aessa dans sa tenue pour le moins... Spéciale. Là aussi, c'était rare qu'il laisse échapper ce genre d'expression, cela n'arrivait qu'en de très rares et précises occasions, deux pour être exact. La première lorsqu'il croisait par hasard l'un des anciens Vasto Lorde ou ennemis mortels du passé, craignant un éventuel retour de bâton ou une mort atroce. En effet, il avait très souvent usé d'artifices et de traîtrise pour s'en sortir, disparaissant assez vite et efficacement pour ne jamais avoir à rencontrer de problèmes trop graves. Il avait vécu en autarcie pendant un bout de temps mais en plusieurs siècles il s'en passait des choses, qu'on le veuille ou non. Il avait cinq noms en tête qui ne le quittaient jamais, Riful ayant rejoint la liste à la dernière place, c'était donc dire à quel point il craignait les autres figurants. Parfois il se retournait au détour d'un couloir sans raison apparente, ou il faisait preuve d'une paranoïa incontrôlée, ses fantômes le hantant jour après jour. Fort heureusement, c'était un sociopathe et un détraqué émotionnel, ces états de stress ne duraient jamais bien longtemps, juste avant qu'il ne ressurgissent du fin fond de sa mémoire.

La deuxième donc, c'était quand une situation échappait à son entendement, que tout ne se passait absolument pas comme il l'avait prévu, ou au moins comme il pouvait se figurer que cela puisse se passer, il n'était pas devin. Il pensait à aucun moment avoir envoyé des signaux particuliers, ou pressé un bouton social prédéterminé pour en arriver là, mais c’était clair qu'il devait être en train de passer pour une sorte de pervers qui attendait bien plus que seulement prendre des mesures, ou se faire des relations intéressantes au sein de Las Noches. Peut-être était-ce l'un de ses gestes, quelque chose qu'il avait dit, impossible de mettre le doigt dessus, mais il devait à tout prix étouffer ça dans l’œuf. Pour la première fois depuis des années il ne savait pas quelle pourrait être la marche à suivre pour se dépêtrer de ceci. Comme les mots sortaient de la bouche du Novena plus facilement que le reste en général, il décida de se faire confiance et de laisser couler... Une erreur ou pas, nul ne pouvait le prédire :

« - Juste ciel, My Lady ! Je vous ai demandé de vous rhabiller, enfin non pas que vous soyez repoussante comme ça, bien au contraire vous êtes assez séduisante, mais vous devez comprendre que maintenant que nous avons fini nos affaires, qui entre nous sont restées strictement professionnelles, vous n'avez aucune raison de rester comme ça, il y avait tout un choix de vêtements plutôt convenables derrière et oh, vous ne devriez pas vous balader comme ça au milieu de mes subordonnés vous savez, ce ne sont pas des pervers non plus, bien que je n'insinue nullement en être un, je vous l'ai dit j'encense la beauté et non ne la dégrade, mais on pourrait interpréter ça comme de la provocation ou de l'indécence, mais vous n'être pas indécente du tout, un peu vulgaire, non, ce n'est pas ce que je voulais dire, disons farouche, ça vous plaît ça non ? Farouche ? Un adjectif tout à fait parfait pour une ravissante arrancar telle que vous, bien que vous ne m'attiriez nullement, enfin non ce n'est pas ce que je voulais dire, vous êtes classe mais un génie ne peut pas... S'embêter, non, se brider, ce n'est pas le mot, s'éparpiller ça conviendra. Vous voyez où je veux en venir, oui tout à fait vu que vous êtes très intelligente, donc voilà ce serait bien de mettre un haut, hum je pense avoir été clair. »

Il avait déblatéré sa tirade sans reprendre son souffle, très rapidement et sans vraiment réfléchir. Il espérait ne pas s'être ridiculisé même si il ne se faisait pas d'illusions, il se contenta de fermer la bouche et d'afficher son air amusé comme à son habitude. La pilule passerait si cela se trouvait, il ne fallait pas perdre espoir dans un moment pareil. En tout cas il devait se rattraper habilement, c'était à cela que l'on reconnaissait les grands esprits, toujours prêts à rebondir. Il frappa des mains et Ribelle apparut devant lui, sa plus fidèle « servante », il lui glissa un mot à l'oreille et elle partit en courant. Les consignes avaient été données, il devait meubler en attendant qu'elle revienne. Il retira sa veste rouge et la posa sur une table, restant en chemise blanche et veston, il ne se mettait à l'aise de cette façon que lorsqu'il était dans ses quartiers et nulle part ailleurs. Un gentleman devait respecter une certaine étiquette en société. Il se racla la gorge et s'exclama d'une voix plus assurée :

« - Je me contenterai de votre gratitude en guise de récompense, cela me suffira amplement. Je fais cela pour le plaisir de la science et de la découverte, et si en plus je peux venir en aide à une camarade, ce n'est que du bonheur ! On peut dire que nous sommes camarades n'est-ce pas ? L'Exequias et l'Espada devraient coopérer du mieux qu'ils le peuvent à mon humble avis. (Il croisa les bras nonchalamment et fixa son regard de jade sur son interlocutrice). Je vous estime vous savez, j'espère qu'il en va de même de votre côté, nous pourrions nous entre-aider à l'avenir, rendre des services l'un pour l'autre, un peu comme moi avec vous aujourd'hui. Ah parfait, Ribelle est revenue. »

Son laquais tenait dans ses mains un corset et une longue robe rouge de la taille de la chasseresse, le tissu était exceptionnellement riche et bien décoré, il ne se souvenait plus de comment il l'avait obtenu, il devait avoir fait les quatre cent coups pour se fournir tout ça. Il tendit l'accoutrement vers Aessa :

« - Deux magnifiques pièces, je vous les offre en gage de ma bonne volonté. »

Voilà, le grand jeu, il croyait s'être plutôt bien rattrapé. Il avait même glissé subrepticement deux ou trois sous-entendus qui pourraient jouer à son avantage plus tard, il avait perdu le nord un instant mais il n'était pas le serpent rouge pour rien, son titre n'était pas tombé du ciel, on le lui avait donné. Mais ce n'était pas suffisant, il devait songer à une énième pirouette pour être sûr de jouir de la confiance de la brunette. Elle avait eu l'air un peu déçu de perdre son groupie, il y avait de quoi creuser là-dedans...

Ah oui, se rhabiller. Un fait qu'elle avait omis tellement son envie de voir sa nouvelle tenue était immense. Elle allait pouvoir apporter un peu de classe dans toute cette animalerie qu'avait Las Noches. Faisant un signe de la main pour montrer que c'était un petit oubli de rien du tout et qu'il fallait pas se mettre dans tout ces états, Aessa souligna les nombreux compliments dont Akahebi avait fait part envers elle. Ivre de tout ses jolis mots, elle manqua de s'évanouir en se rattrapant au bras du scientifique. Diantre, qu'il maniait bien la langue. Même s'il y avait un mince risque que cela était juste des paroles en l'air, l'Arrancar était fière de tout cela. Joie éphémère, à récompenser si il y mettait encore les moyens.
Et comme tout signe du destin, elle se fit entendre. Un des laquais du Novena revint les bras chargés d'une tenue. Pas n'importe quelle tenue je vous prie. Telle une robe de bal de fin d'année, une robe de mariage. Une telle pièce était un délice à voir. Et dire qu'elle était pour l'Araignée... Ne pouvant plus tenir sur place, elle se jeta dans les bras du Novena en l'enserra dans ses bras frêles.

Estimes toi heureux, j'aurais pu te violer sur place.

Lui susura t'elle à l'oreille, avant de dessérer son emprise. Violer était un faible mot tant la surprise la laissait sans voix. Elle perdait ses mots. Jamais elle n'avait vécu ça, des larmes lui vinrent même aux yeux. Elle qui n'avait jamais daigné montrer ses sentiments, ce surplus d'évènements lui avait été fatal. C'était la deuxième fois qu'elle pleurait depuis son arrivée dans la vaste étendue de sable. La première fois surtout qu'elle pleurait de joie. Attrapant sa nouvelle tenue, Aessa laissa échapper un petit rire nerveux. Enfin elle aurait toute la classe qu'elle méritait. Tout cela n'avait pas été possible sans l'aide du monsieur à la chevelure rouge, et ma brune savait qu'elle venait d'avoir un nouveau nom sur son ardoise. Mais le Novena ne l'entendit pas de cette oreille et dit les offrir par gage de sa bonne volonté. Soit, ca ferait toujours ca de moins à rembourser sur sa liste.

L'enfilant délicatement, la brune demanda de l'aide pour attacher le corset. Peu importe la personne, du moment qu'elle se lave les mains avant de toucher le fin tissu constituant l'habit. Une fois cela fait, Aessa partit s'admirer face au miroir. Bon sang, elle n'avait jamais imaginé qu'elle serait aussi belle dedans. Elle se savait belle de base, mais vêtue de cet accoutrement, c'était là une toute autre facette de sa personne qu'elle découvrit.

Waw..... Je ne sais que dire. Vous êtes sûr de vouloir me la céder gratuitement ? Une si belle pièce dde collection mérite sa place dans un musée, confinée dans une vitre à triple épaisseur au moins. En tout cas, ne vous inquiétez pas pour son état. J'en prendrais soin comme à la prunelle de mes yeux.

Cependant, une question lui vint à l'esprit.

Par contre, si j'ai besoin de retrouver ma forme primaire... Ai je besoin de l'ôter ou bien le tissu s'adapte aux formes de mon corps ? Peut être qu'une démonstration serait plus utile que des paroles.

Rappelant un des laquais du Novena, Aessa lui somma de l'aider à retirer la tenue qu'elle avait enfilé quelques minutes plus tôt. Reprennant une tenue plus singulière, la brunette entama le processus de sa resureccion et se dévoila face au scientifique. Sa taille ayant doublée voire triplée, elle tâcha de ne pas mettre un bazar monstre dans le laboratoire. La hauteur n'était pas très haute, et reprit sa forme d'Arrancar après une vingtaine de secondes.

Voilà ma vraie forme, du moins un bref aperçu. Alors, outre la magnificience de mon corps d'origine, avez vous des recommandations à me faire sur le problème de la taille ? Outre votre avis, j'aurais aimé avoir l'avis d'un de mes nombreux suivants. Malheureusement, vous avez tué l'unique représentant présent içi. Ah, que cela me désole... Pauvre de lui, il n'aura donc pas l'occasion de sentir sa blanche peau humectée de ma précieuse salive...

Evidemment, elle était déçue, mais pas plus que ça. Des suivants, elle en trouverait partout. Ne serait ce qu'à chaque dune de sable. Reprennant son habit de fortune, Aessa se présenta devant le Novena pour lui demander un quelconque bagage pour transporter toute cette marchandise. Et un éventuel bonus, au cas où. Pour être sûre de pouvoir en jouir, elle déposa un baiser sur la joue de l'Arrancar. Cadeau bonus.

Spoiler:

Akahebi se félicita intérieurement de ses manœuvres, il pensait avoir repris le contrôle de la situation du mieux qu'il le pouvait. Néanmoins quand Aessa le serra dans ses bras et lui murmura ces étranges paroles à l'oreille, il sut qu'il en avait fait un peu trop. Il devait être en train de faire face à une demoiselle particulièrement affective et il avait gagné sa confiance, du moins c'est ce qu'il se figurait, en y mettant peut-être trop de formes que ce qu'il aurait fallu en réalité. Mais bon, il fallait voir le bon côté des choses, le plus dur était fait et si elle était tombée sous son « charme » la partie était déjà dans la poche. Il avait sa relation sûre dans l'Exequias au cas où si il en aurait besoin plus tard, un atout non négligeable. Et puis la brunette était sympathique et un tant soit peu raffinée aussi, il pouvait discuter de mode et de vêtements en toute tranquillité avec elle, ce qu'il ne pouvait par exemple pas faire avec d 'autres membres de Las Noches. En effet, ils étaient attirés généralement par la baston et le pouvoir et à dire vrai il ne pouvait pas les en blâmer, c'était ce qu'il cherchait lui aussi, à sa façon. Tout bien réfléchi, n'était-ce pas ce que recherchait tout les hollows à la base ? Une question rudement difficile, son Peuple était-il foncièrement mauvais ou non ? Là résidait tout le mystère, encore fallait-il pouvoir définir ce qui était mauvais de ce qui ne l'était pas, une notion tout à fait subjective...

La Chasseresse lui montra sa ressureccion après avoir retiré la tenue qu'il lui avait offerte. Soit dit en passant elle avait été radieuse dedans, bien que moins séduisante que l'humaine d'autrefois. Il doutait pouvoir rencontrer un jour la personne pouvant égaler tant de perfection sur la plan esthétique. Bref, son interlocutrice se changea en immense femme-araignée, peu attirante bien qu'elle ne fut pas dénuée d'une certaine grâce. Après, il était rare que la forme originelle d'un arrancar soit particulièrement jolie, voire même impossible. Le scientifique nota quelques remarques dans son carnet, griffonnant des mensurations à la louche pour la conception de la tenue demandée. Il faudrait, comme il s'en doutait, qu'il utilise des fibres modifiées par ses soins pour que le tout tienne convenablement et ne se déchire pas à chaque transformation. Il écouta son vis à vis, apparemment la perte de son groupie l'avait plus affecté qu'il l'avait estimé, parfait il avait prévu le coup précédemment et élaboré la mesure idéale pour palier à ce léger soucis. Le gentleman prit un ton avenant et conciliateur :

« - Bien sûr que je vous cède cette robe gratuitement, quel goujat je ferais sinon ? En tout cas, je vous déconseille vivement d'utiliser votre ressureccion avec cet accoutrement là, ce sont plus des vêtements d’apparat que de combat. (Les sujets triviaux abordés il repartit sur du plus sérieux). Votre « vraie forme » est, pour le moins... Grande. Bien, j'avais besoin de constater ça pour pouvoir entamer la suite des opérations en toute sérénité, je pense avoir tout ce qu'il me faut pour confectionner ce que vous voulez My Lady. (Il claqua des mains quatre fois et une dizaine de ses subordonnés s'amenèrent avec un air penaud). Pour vous consoler de la perte de votre fan, je vous offre l'un de mes laquais de bon cœur, prenez celui ou celle que vous voulez ! »

Il les désigna de la main avec un sourire de commercial. Il ne savait pas si le trafique de hollow de bas étage était légal ou pas au sein du palais. Ce qu'on ne pouvait pas savoir ne pouvait pas nous causer de tort n'est-ce pas ? Et puis il ne les vendait pas, il les donnait, certes il les considérait plus comme des objets pour la plupart mais quand même. Parmi les candidats qu'il proposait il n'y avait pas Ribelle et Dauf, la première était trop précieuse pour qu'il s'en sépare et le deuxième devait traîner quelque part sans avoir entendu son maître appeler. Ou bien il était encore en train d'effectuer ses interminables corvées. En gros Aessa pouvait prendre qui elle voulait sauf ces deux là, si elle envisageait de se constituer une petite suite de larbins il fallait bien qu'elle commence quelque part.

Tout cela, au final, lui laissait un nouveau boulot à faire, décidément il avait de quoi s'occuper ces derniers temps. Entre la conception de Priscilla et l'affrontement avec Riful il n'avait pas pu s'ennuyer plus d'une seconde. Il avait toujours trouvé quelque chose à faire des siècles en arrière, un chercheur invétéré comme lui ne pouvait rester en place, mais depuis qu'il était dans l'Espada il devait avouer qu'il n'avait pas chômé. Puis ce n'étaient pas des expériences insignifiantes qu'il menait, et même si la confection d'une tenue adaptée à l'environnement du Hueco Mundo n'était ni pertinent ni sa spécialité, cela restait autrement plus intéressant qu'évaluer l’intérieur d'un cafard ou de compter de combien de côtes est composé le corps d'un humain. Il lui était arrivé d'aspirer à la tranquillité, mais ces moments étaient éphémères et très vite chassés par son insatiable soif de découverte.

Il croisa les bras en attendant le verdict d'Aessa, qui allait-elle choisir ?

Au moins, ils étaient d'accord sur un point. La tenue n'était pas du tout prévue pour le combat. Ce qu'elle approuva de la tête lors de l'évocation du problème. Aussi, le présent du Novena ocncernant cet ensemble ravissant n'était pas la tenue qu'attendait Aessa. Maintenant qu'elle avait la tenue de soirée, il lui fallait la tenue de combattante et sa garde robe serait complête. Et comme le Novena avait énoncé qu'il avait tout ce dont il avait besoin pour la confectioner, la brune était tranquille pour la suite.Ce n'était qu'un début dans le monde de la sociabilisation. Etablir son champ de relations lui apporta une autre chose inattendue, un signe qui se manifesta par la bonté encore une fois de l'Akahebi. Ce type était vraiment bon, trop bon. Ravie qu'elle l'ait rencontré et fait un ami comme cela. Si c'était bien là le terme pour désigner les personnes faisant ce genre d'action.
Il lui cédait un de ses laquais. Un nombre assez conséquents de hollows répondirent à l'appel de leur maitre. Tous sauf le gros et celle qui lui avait apporté ses vêtements. Deux laquais dont le membre de l'Espada accordait une attention toute particulière apparament. Pas comme toute la petite troupe qui s'amassait dans le coin de la salle. Des grands, des petits, des beaux, des moches. Forme animale, forme inconnue. Trois bras, six jambes, ces individus étaient vraiment ragoutant à regarder. La plupart bavaient comme pas permis, ce qui provoqua un haut le coeur à l'Arachnide.

Pouah, mais qu'ils sont laids. Ces immondes choses n'ont donc pas reçu d'éducation en votre compagnie ? Est ce à cause de votre surcharge de travail que vous ne vous êtes pas penché sur ce problème ? En tout cas, je vous remercie grandement Saurjie Akahebi pour votre implication.

Il aurait très bien pu se contenter de l'habit de soirée, mais il avait insisté pour l'incident dont le fan un peu trop entreprenant avait été victime. Du remord, bonne volonté ou bien voulait il mettre en sorte une stratégie pour pouvoir compter sur Aessa plus tard, compte tenu de sa situation professionnelle ? Gentil certes, mais derrière ce masque se cachait un manipulateur cachant bien son jeu. La Veuve surveillerait cet individu du coin de l'oeil, juste au cas où. Il ne faut pas chercher la chasseresse sur son territoire, sous risque de servir de repas. Elle montait petit à petit en puissance, étoffant par la suite son arsenal. Elle devait se montrer digne de son unité.
Reposant son regard sur la troupe en folie, elle mit en place son système de sélection personnel. Bombant le torse, prendre une grosse inspiration et frotter sa machoire inférieure avec la supérieure pour émettre un son désagréable à l'oreille. La totalité des laquais présents eurent tous le même reflèxe en baissant la tête, grimaçant à l'unisson. Triste constat. N'y avait il donc personne capable d'aimer la belle Arrancar pour autre chose que son divin physique ? Une des créatures tapa dans l'oeil de la demoiselle. Créature dont l'allure faisait penser à une espèce arthropode, avec deux paires de pattes articulées. D'une laideur à faire pâlir un non vivant, Aessa trouva en elle une beauté insoupçonnable. Une attirance familiale pour ne pas dire physique. Quelques changements à faire et cette mocheté serait capable de faire fondre une fournée de prétendants. Se faisant un passage dans la foule, Aessa s'approcha de la dite créature et lui effleura le visage de son index droit.

Toi. Tu seras parfait. dit elle en se léchant les babines. J'prend celui la. Les autres, t'en fais ce que tu veux.

De ses yeux bleux aimantés, le nouveau servant de l'Araignée observa celle qui devenait sa nouvelle maitresse. L'air innocent, comme s'il pensait avoir fait une bétise, tourna la tête vers Akahebi et le regarda d'un air à dire "je veux pas mourir. Pitié !" Ce à quoi la Veuve lui ramena la bouille vers elle.

C'est moi que tu dois regarder, mon cher désastre ambulant. Sum. Voilà un parfait nom pour toi. Allez, tu viens avec moi.

Aessa allait pas tarder à découvrir les instincts maternels dont sa génitrice avait fait preuve lorsqu'elle était encore sous sa protection. Il allait falloir tout lui apprendre, depuis le début. Un temps fou que cela allait prendre, mais Sum saurait se montrer utile par la suite. Faire le petit déjeuner, border sa maitresse, l'écouter, la consoler. Un travail digne d'un laquais, ce à quoi il était destiné de toute façon.

Avez vous encore besoin de moin Novena ?

Demanda t'elle en regardant bien attentivement ce que faisait son nouveau protégé.

La dernière attention d'Akahebi à l'adresse de la femme-araignée avait eu l'air de faire mouche, elle semblait enchantée de pouvoir se choisir un servant parmi l'un de ses subordonnés. Bon elle fit une remarque piquante sur la qualité globale de sa « marchandise » mais malheureusement, comme elle avait pu l'observer, il avait dû faire avec les moyens du bord. Il avait eu du jour au lendemain plusieurs expériences importantes à mener, son laboratoire à monter, du personnel à recruter, alors il avait un peu bâclé ses recherches. Il ne s'était pas tiré une balle dans le pied pour autant, au delà de l'apparence miteuse de certain de ses laquais ou de leur manque évident de bon sens, il ne les avait pas choisi totalement au hasard. Tout s'était fait dans la précipitation, mais un génie de son calibre arrangeait toujours le coup du mieux possible, il avait sélectionné ses employés selon certains critères. Premièrement, ils manquaient tous cruellement d’ambition, à part peut-être Ribelle, ce qui les rendait extrêmement dociles et malléables. Deuxièmement, ils étaient tous capables d'apprendre, de réfléchir logiquement, ce n'étaient pas des crétins finis... Dauf mis à part, pourquoi le gardait-il ? Bref, troisièmement, ils venaient tous de Nacimiento et étaient en bas de l'échelle sociale, parfait pour leur farcir le crâne de vaines promesses et de belles paroles.

« - Ce n'est pas réellement un manque d'éducation, disons que j'ai été plus ou moins occupé ces derniers temps et que j'ai dû réunir ces hollows en toute hâte. Mais je suis d'accord avec vous My Lady, un jour je m'occuperai de leur cas plus sérieusement, la chirurgie est une de mes spécialités après tout. »

Le scientifique lança un regard terrifiant à l'attroupement, ce qui les fit frissonner. Il adorait balancer ce type de phrase, histoire d’asseoir son autorité et d'instaurer un climat de terreur constant. Tout ces idéalistes pouvaient bien la ramener avec leurs beaux discours sur l'intégrité et l'espoir, que des fadaises ! Il n'y avait rien de tel que la peur et l'intimidation pour s'assurer de la loyauté de ses sujets... Heu serviteurs... Enfin ouvriers. Et puis c'était stimulant, l'esprit sadique du Sarujie avait besoin de cela pour survivre, si il ne pouvait pas infliger de tortures physiques ou tuer de pauvres innocents quand ça lui chantait, il compensait par le harcèlement moral. Rien de plus normal, c'était le lot de tout les puissants. Il était persuadé que Santo Pastor lui-même devait avoir ses petits moments, personne n'échappait à cette règle.

Le serpent rouge eut un sourire énigmatique quand son ancienne subordonnée le fixa avec de grands yeux terrifiés. Elle ne le savait pas mais elle avait probablement eu de la chance de finir avec Aessa, elle serait plus tendre avec elle qu'il ne l'aurait jamais été. Mais ça elle n'avait pas besoin de le savoir, il alla même jusqu'à hausser les épaules et à arborer une expression désolée, comme si quelque chose d'horrible allait lui arriver. C'était puéril de sa part de la tourmenter de la sorte, mais au final il n'aurait plus l'occasion de le faire alors autant en profiter une dernière fois. Il ne se souvenait même pas de son nom, elle ne devait pas avoir fait trop d'étincelles, juste assez pour rester et pas assez pour se démarquer. Oui ce n'était définitivement pas une grosse perte, il pouvait s'en séparer sans la moindre hésitation. Pour être honnête, il aurait pu se séparer de n'importe qui sans éprouver quoi que ce soit, sociopathe oblige. Il aurait peut-être été un peu contrarié de céder Ribelle, deux ou trois... Minutes certainement, pas plus. Enfin, la membre de l'Exequias avait arrêté son choix, plus moyen de revenir en arrière.

Elle nomma sa nouvelle suivante Sum, simple et charmant, sans plus. Ensuite, elle demanda au gentleman si il avait encore besoin d'elle, il croisa de nouveau les bras et réfléchit un instant avant de répondre. Il ressassa mentalement la liste de tout ce dont il avait besoin afin de pouvoir confectionner la fameuse tenue, ça n'allait pas être très compliqué. Ou en tout cas beaucoup moins que ses récents projets. Un job de routine qui reprenait les bases de ce qu'il avait pu apprendre au fil des siècles, parfait pour entretenir ses méninges efficacement. C'était comme un sportif de haut niveau qui revoyait ses vieux matchs en cherchant des failles ou des points à améliorer, c'était presque tout le temps enrichissant. Rien de plus ne lui vint immédiatement en tête, ce fut d'une voix formelle et aimable qu'il dit :

« - Non, tout est parfait Dame Aessa, vous n'avez pas à vous inquiéter. En même temps, en vous adressant au plus grand savant de Las Noches en personne, vous vous assurez un travail de qualité. (Il rigola pour faire passer sa vantardise, qui n'était en réalité pas une blague à ses yeux). J'enverrai quelqu'un pour vous prévenir lorsque j'en aurai fini avec votre demande. En tout cas, sachez que j'ai passé un très agréable moment avec vous et que je vous remercie encore de m'avoir aidé à transporter mes costumes jusqu'ici. (Il fit une révérence et montra la porte avec diligence). Ribelle va vous conduire jusqu'à la sortie si tout est également « ok » pour vous, au plaisir de vous revoir. »

Les autres laquais que l'Akahebi avait sorti de sa hotte était l'exemple que ne suivrait jamais Sum. Non. Aucune chance que la brune la laisse rester à glander. Elle allait la mettre au boulot, et pas plus tôt que maintenant. L'observant dans les yeux, l'Araignée tenta de discerner un signe d'une éventuelle révolte. Mais il n'en fut rien. Cette servante s'annonçait pour le moins docile, ce qui allait simplifier son éducation. Aessa en ferait une parfaite acolyte. C'était quand même "le plus grand savant de tout Las Noches en personne" ce membre de l'Espada chez qui elle était. Au moins, c'était clair. Et la brune aimait ce genre de comportement là. Il n'allait pas à tout le monde, mais sur lui c'était très bien.

Bien, j'attendrai le livreur donc. Et si je suis pas présentable ou présente le moment venu, Sum s'en chargera. Hein que tu vas t'en occuper, Sum ?

S...u.....m

Bon, fallait lui apprendre les bases. Au moins, elle savait parler. Même si son élocution n'était pas parfaite, elle semblait posséder une once d'intelligence supérieure que le reste de son groupe. Toutefois, elle n'avait pas répondu à la question, ce qui énerva l'Arachnide qui se retint de ne pas l'étriper sur place.

Bien maintenant tu prends ma jolie robe et tu fais gaffe de ne pas la faire tomber par terre durant le trajet. On va rentrer à la maison, et j'te ferais prendre un bain.

D'accord.

Soumission, il y allait pas trop avoir besoin avec elle. Quoique c'était comme un enfant, fallait bien qu'Aessa y passe par la phase de transition de sa servante. Mais avec la dose de travail qu'elle allait avoir, impossible que ce soit dérangeant. Du moins pour la durée de la crise d'adolescence. Pas de soucis à se faire du coup. Déposant la tenue dans les bras de sa demeurée de fille, la belle Arrancar remercia une dernière fois le scientifique avant de se diriger vers la sortie. Se retourner pour s'apercevoir que l'autre cruche n'a toujours pas bougé, c'est agaçant. C'est donc en l'attrapant par l'oreille qu'elle la traina vers la sortie. Une énième remontrance, puis un coup de pied dans le derche pour la forcer à avancer. Finallement, Aessa allait avoir beaucoup à faire concernant le rapport maitre - serviteur. Ca allait lui faire une chose en plus, sur son emploi du temps de Lady. En tout cas, elle était contente de sa tenue. Et de sa servante. Sa fan numéro un. Même si, lorsqu'elle se retourna après avoir pensé cela, elle afficha une expression blasée devant le spectacle qui s'offrait devant elle. Sum était en train de se rouler dans le sable, jouant à attraper un insecte volant.

Non mais dites moi que je rêve...SUM !

Première baffe. Et elle l'avait pas volé. La tenue était toute couverte de grains de sable maintenant. Si Sum continuait comme ca, c'était pas sur qu'elle survive une journée entière. Voilà qu'en à peine dix minutes elle gonflait déjà Aessa. Ce n'était que le début pourtant...