L’air était frais et doux, un léger vent caressait les cheveux de notre jeune héros qui reposait, assis en tailleur et torse nu sur une pierre plate de grosse envergure. Juste à côté de lui reposait son fidèle faucheur d’âme : In’ki Kyuusei. Le chant d’oiseaux au loin parvenait à créer une ambiance calme et sereine qui aurait presque pu faire oublier tous les soucis à Kirito. Presque.

Le problème c’est qu’il était venu ici dans un seul et unique but qui était loin de lui faire oublier toutes les épreuves qui l’attendaient. Il était là pour s’entrainer et ce type d’entraînement ne pouvait pas être fait au sein du Seireitei ni dans le Rukongaï car il était extrêmement dangereux pour son entourage… Le Haori du Capitaine, le reste de son haut ainsi qu’un sac en bandoulière reposait à une grosse cinquantaine de mètre de Kirito. Le Vizard ne voulait pas abîmer ses affaires ce qui expliquait pourquoi il les avait posé hors de danger. Il ferma les yeux et se concentra. Une aura dorée apparut rapidement autour de lui, une aura d’une pression phénoménale. Alors que notre jeune héros se sentait de plus en plus en sécurité, entouré de sa propre énergie spirituelle, la nature autour de lui commençait à souffrir de la puissance dégagée. Des particules commencèrent à se tasser sur le sol, soumis à une apesanteur soudainement trop grande. La végétation elle-même commençait à dangereusement ployer. Akihiko continua à rassembler son énergie, il n’en était qu’au début. L’aura dorée commença progressivement à prendre la forme d’une gigantesque sphère. La densité augmentait, l’apesanteur aussi. Pourtant Kirito se sentait, lui, de plus en plus léger. La pierre sur laquelle notre jeune héros reposait commença à se fissurer, les particules, devenues de véritables enclumes, s’enfoncèrent dans le sol formant des sillons impressionnants.

Akihiko augmenta encore la pression, ce qui commença à le faire transpirer et expliquait pourquoi il s’était dévêtu de la sorte. Soudain au cœur de la sphère dorée un éclair rouge fusa. L’énergie maléfique de son Hollow se mêlait à son pouvoir d’origine. In’ki Kyuusei, posé à côté de lui, commençait à vibrer d’excitation devant cette déferlante de puissance. Progressivement les éclairs rouges se firent plus fréquents puis ils devinrent permanents. De l’extérieur cette sphère dorée apparaissait comme magnifique autant que maléfique car elle était en train de pulvériser la nature. Le sol s’effondrait et la roche se brisait. Akihiko transpirait désormais à grosse goûtes. Il tentait de maintenir ce flux de puissance au plus haut niveau. A l’origine notre jeune héros avait un Reiatsu faible, mais l’apparition d’Heathcliff, son démon intérieur, avait drastiquement renversé la tendance. Il possédait aujourd’hui l’une des énergie spirituelle les plus meurtrières du Gotei 13.

Le nouveau Capitaine de la Justice n’était pas très bon en détection de Reiatsu, pourtant à cet instant précis, alors qu’il était au maximum de sa concentration il ressenti une autre onde d’énergie spirituelle. Pris par surprise le Capitaine stoppa soudainement son exercice pour se concentrer sur la source de cette nouvelle énergie. Une attaque ? Une invasion ? Un allié ?

La sphère dorée innervée d’éclairs s’évapora rapidement laissant à la nature des marques profondes. Akihiko se concentra encore et ressenti avec certitude l’énergie d’un autre Dieu de la Mort. Quel drôle de hasard de sentir un semblable aussi loin du Seireitei et vu la puissance dégagée, il ne s’agissait pas d’une simple aura. Ni d’un Shikaï d’ailleurs. En effet, il s’agissait ici d’un niveau d’énergie semblable à celui d’un Bankaï et Akihiko ne le connaissait pas. Ce fut cette dernière donnée qui mit en mouvement l’ancien Capitaine scientifique. Il ne connaissait pas le Bankaï de tous ces collègues, certains le gardaient jalousement secret, par conséquent en découvrir un réveillait son âme de scientifique.

Akihiko attacha sur son dos nu son arme, puis d’un Shunpô véloce il se déplaça à côté de son sac. Il fourra en boule ses affaires dedans puis il disparut de nouveau sous l’impulsion d’un Shunpô. Il se laissa guider par le filet d’énergie qui devenait extrêmement puissant au fur et à mesure de son approche. Lorsqu’il fut presque arrivé l’énergie sembla se rétracter. Simple hasard ou avait-il été repéré ?

Kirito s’arrêta alors à quelques mètres à peine d’un Shinigami qu’il n’avait pour ainsi dire jamais vu, ce qui signifiait qu’il ne s’agissait pas d’un Capitaine, ni d’un Vice-Capitaine car il les connaissait tous. Notre jeune héros ne put refréner un sourire amusé. Ainsi un non gradé avait atteint la seconde libération. La voix de Kirito se fit naturellement autoritaire quoique teintée d’amusement.

Eh bien eh bien, en voilà une surprise de taille. Comment t’appelles-tu et de quelle division viens-tu ?

Les yeux bleus azurs d’Akihiko laissaient transparaitre une intelligence redoutable et un grand intérêt. Il ne s’était pas présenté, et son Haori n’était pas visible, il se demanda si son interlocuteur du jour saurait l’identifier. Après tout le Vizard avait un physique athlétique et assez jeune qui pouvait être trompeur au vu de son grade, de plus il se trimballait torse nu avec son arme dans le dos et un sac en bandoulière ce qui n’était pas vraiment une marque de haut-gradé. Mais il s’en moquait éperdument. Pour l’instant tout ce qui comptait à ces yeux c’était cette nouvelle puissance qu’il avait ressenti. Il venait de mettre la main sur quelque chose de très intéressant. Ce n’était pas tous les jours qu’on découvrait un Bankaï…

Ryunosuke avait encore de gros progrès à réaliser, il le savait. Être capable de libérer son Bankaï n'était pas une fin en soi. Le nœud du problème en fait, c'est surtout qu'il n'avait pas autant de temps qu'il l'aurait voulu pour pratiquer. Déjà parce qu'il tenait l'information totalement secrète, et qu'il devait donc se débrouiller tout seul pour pratiquer et continuer à progresser. Et puis, il ne pouvait plus se permettre de s'absenter durant de longues heures sans préciser de raison maintenant qu'il était Troisième Siège de la Treizième Division. Tout ça en fait, c'était chiant, vraiment chiant.

Enfin, devenir Officier lui avait permis de s'offrir quelques combats notables qui avaient nettement participés à le faire progresser. S'entraîner seul lui avait déjà permis d'aller loin dans son apprentissage et sa maîtrise, mais il avait compris aussi que quelques duels bien sélectionnés pouvaient permettre de voir certaines choses d'un regard différent et cela ne pouvait être qu'un plus encore. Professeur de Zanjutsu à l'Académie, Vice-Capitaine de la Onzième Division, Capitaine de la Cinquième… Il n'avait en effet pas cherché ses duels au hasard.

Mais en ce qui concernait le Bankaï, il préférait encore la discrétion. C'était après tout là-dessus que son style reposait : le faux-semblant. Se faire passer pour faible dans le seul but de surprendre. Alors… il était clair que faire savoir qu'il était capable de réaliser la libération interdite de son Trancheur d'Âmes était plus que contre-productif. Voilà pourquoi il était seul, bien au-delà des limites du Rukongaï. Réellement seul ? C'était ce qu'il pensait du moins.

- Bankaï ! Hyōgajidai Higure !

Autour de lui s'étendaient de très larges cercles constitués d'épées de glace sombre. Ces cercles vastes avaient pour but d'entourer une zone de combat. Leurs tailles variaient cependant ainsi que l'angle selon lequel ils orbitaient autour du Shimada. De plus, une neige noire tombait désormais en de lourds flocons sur la zone, et la luminosité semblait avoir été happée dès son apparition. La nuit en plein jour…

- Kugyō no Yūgure !

Les épées de l'un des anneaux éclatèrent alors en de multiples copeaux sombres, ne pouvait se voir dans cette pénombre que plus difficilement. C'était l'une des rares techniques de son Bankaï dont il était capable d'user, et cette arcane consommait une bonne part de son énergie pour être préservée. Il lui faudrait donc la travailler, encore et encore, apprendre à mieux guider cet énorme flot de glace, ces innombrables et minuscules lames…


Seul. C'est ce qu'il pensait être. Mais il ne le resta pas, malheureusement pour lui et son secret. Concentré qu'il était, il n'avait absolument rien remarqué jusqu'à ce que la voix se fasse entendre. L'ensemble de ses cercles d'épées éclatèrent à présent. Les flocons noirs cessèrent de tomber, alors qu'ils avaient déjà eu l'occasion de constituer une couche notable au sol. Son Zanpakutô réapparut alors dans sa main, le retour de cette énergie spirituelle le reconstituant et donc scellant à nouveau son Bankaï. La luminosité revint quant à elle bien plus naturelle pour cette heure de la journée. Qui était ce garçon ? Le Shimada n'était pas de ceux qui s'intéressaient de connaître les pontes de la Soul Society. Pour lui, les « People » ne signifiaient pas grand-chose tant qu'ils n'étaient pas à portée de voix. Il lui suffisait donc d'être un minimum déférent envers ceux portant un Haori ou un brassard pour pas que ces haut-gradés puissent mal le prendre, ce qui n'était pas le cas ici.

- Depuis combien de temps êtes-vous là à m'espionner ? Et puis c'est quoi cette éducation, que de réclamer un nom avant de donner le sien ?

Et en plus, comble de poisse pour Ryunosuke, il avait ôté son kasa ronin – son large chapeau de paille – dès le début de l'entraînement. Son visage était donc à découvert, ce qui arrangeait encore moins ses affaires en vérité… Il ne fallait pas que ça s'ébruite, mais comment s'assurer du silence de cet inconnu à présent ?

Akihiko regardait avec attention tout ce qui s’offrait à lui. Il avait aperçu un certain nombre d’épées mais il n’était pas parvenu à identifier clairement leur matière. Ce Bankaï semblait permettre l’apparition de plusieurs lames. Mais ça ne devait pas être aussi simple que cela, ça ne l’était jamais. D’ailleurs Le Capitaine de la neuvième division avait vu qu’il s’était enfoncé dans une nuit artificielle en approchant et il n’avait pas non plus raté le fait qu’une sorte de neige noire tombait sur la zone. Il y avait là encore bien des éléments étranges et Kirito voulait en savoir plus.

Lorsque la seconde libération disparut Akihiko constata que la véritable arme du Dieu de la mort réapparut à ses côtés. Ce Bankaï était pour le moins original, troquer une lame pour d’autres c’était assez surprenant. Le jour revint également tout à coup et la « neige » cessa de tomber. Manifestement son interlocuteur n’était pas vraiment ravi de son arrivée ce qui pouvait un peu se comprendre, soit dit en passant. Akihiko détailla dans ses moindres traits le Shinigamis, il était désormais certain de ne jamais l’avoir rencontré, il ne s’agissait pas d’un des plus hauts gradés du Gotei 13. Et pourtant il possédait le Bankaï… Lorsque que l’homme prit enfin la parole ses propos semblaient sévères et agacés mais ils firent sourire Kirito à pleine dent. Une fois encore il n’avait pas été reconnu.

Notre jeune héros déposa son sac à ses pieds puis il tendit le bras droit et remua son index de droite à gauche.

Non, non, non, mon gars, je connais parfaitement mon éducation ainsi que les protocoles du Seireitei mais selon ce que je sais je n’ai pas à me présenter vu que je suis ton supérieur et en plus tu dois me saluer en premier. Sans oublier que me manquer de respect pourrait te coûter très cher…

Akihiko laissa ces paroles s’imprégner dans le cerveau du Shinigami un instant puis il ouvrit son sac et en sortit un Haori frappé du chiffre neuf. Il enleva alors son arme et enfila directement son Haori sur son torse nu sans prendre la peine de le refermer. Il fixa ensuite de nouveau son arme dans son dos et afficha une mine enjouée tandis que ses yeux bleus pétillaient de malice.

Allé ne t’en fais pas, je m’en fous vu qu’on est loin du Seireitei, mais bon évite de faire ça à un autre Capitaine, il pourrait ne pas être aussi indulgent que moi.

Akihiko fit alors une parodie de révérence et enchaina.

Kirito Akihiko, Capitaine de la neuvième division et Vizard de surcroît. Et toi, quel est ton nom et ton grade ?

Akihiko se redressa et planta son regard azuré dans celui du Shinigami.

Si ça peut te rassurer je suis arrivé il y a assez peu de temps, j’ai vu qu’une partie de ton Bankaï. Car oui j’ai bien reconnu une seconde libération, n’essaie pas de nier. Ce qui signifie que tu est en possession d’un pouvoir que tu n’es pas censé avoir.

Kirito se rapprocha du Shinigami tout en faisant rouler sous ses doigts une petite bille de métal qu’il venait de sortir de l’une de ses poches. Ses pas faisaient un bruit étrange tandis qu’il marchait sur cette neige noire.

La bonne question, monsieur l’inconnu, est donc de savoir ce que je dois faire de cette info. Dit m’en plus et j’aviserai.

Le capitaine de la neuvième division était tout ouïe. Ici aucune négociation possible pour son interlocuteur qui avait gaffé devant le représentant de la Justice du Gotei 13 et qui devait donc en assumer les conséquences.

Il le savait pourtant… Plusieurs fois déjà, il s'était fait la remarque. Apprendre par cœur les tronches et les noms de tous les Capitaines et Vice-Capitaines en activité, et tâcher de se tenir à jour. Mais bon, c'était difficile aussi, ça n'arrêtait pas de changer. Combien de décès à dénombrer parmi ces haut-gradés durant ces cinq dernières années ? Franchement, c'était juste chiant quoi. Mais bon, tout bien considéré, ça l'était moins que de se rendre compte que l'on était prêt à réellement invectiver un Capitaine. Il en eut une boule à l'estomac. Ryunosuke avait toujours tenté de ne pas se faire remarquer. Se contenter d'être un bon petit Shinigami qui exécute les ordres sans trop en faire. Ces dernières semaines, il avait déjà un peu trop fait parler de lui en se lançant dans des combats qu'un simple tout récent Troisième Siège n'aurait pas dû chercher à réclamer.

Et là… Ryu risquait beaucoup, il le savait. Il ne pouvait pas se permettre de s'attirer de vrais problèmes avec un Taishô. D'un autre côté, il ne pouvait pas non plus laisser l'information de l'obtention de son Bankaï être connue de tous. Cela changerait sa vie d'une manière un peu trop drastique. Les possesseurs de Bankaï étaient sollicités à de plus amples responsabilités. Alors que lui, sa position actuelle lui convenait très bien. Ukitake-Taishô n'attendait qu'une chose de lui : qu'il soit proche des subordonnés, qu'il les guide, leur montre la voie. Rien de plus. Quelques efforts d'ouverture à faire, puisque le Shimada avait naturellement tendance à se refermer sur lui-même et discuter très très peu. Mais ça lui évitait toutes les autres corvées… Pas si mal, vraiment ! Par contre, Vice-Capitaine et Capitaine… De la paperasse, des responsabilités, des décisions à prendre et des ordres à donner. Non, c'était vraiment pas fait pour lui tout ce cirque-là.

Le Capitaine de la Neuvième Division venait donc de se moquer de lui après avoir découvert son Bankaï. Autant dire que Ryu n'aimait vraiment pas cette situation, lui qui avait déjà du mal à trouver que dire lors des discussions même les plus basiques. Il essayait de réfléchir malgré le stress. Il pourrait donner un faux nom, dans une autre Division. « Hibari Kyoya, Troisième Division ». Mais bon, il était Troisième Siège maintenant, et même s'il cachait habituellement son visage sous un grand chapeau de paille, les tatouages en forme de dragons stylisés qui se trouvaient sur ses pectoraux n'étaient pas anodins eux. Le fait de porter une fourrure bordant son Shihakusho non plus. Malheureusement pour lui, Ryunosuke portait une tenue bien reconnaissable, mentir ne prendrait donc pas. Il ne ferait que s'attirer des ennuis supplémentaires. Aussi, après un long soupir plus qu'ennuyé, il finit par capituler.

- Shimada Ryunosuke. Troisième Siège, Treizième Division.

Il ne se confondit pas en excuses, estimant que c'était inutile. Ryu cherchait plutôt l'angle qu'il allait adopter pour plaider sa cause. Rattraper le coup serait une perte de temps, il fallait aller de l'avant et rebondir sur la situation plutôt que s'y enliser.

- Vous en dire plus à quel propos, Kirito-Taishô ? Sur le fait qu'effectivement, je me suis entraîné dur pour parvenir au Bankaï ? Que même si je suis capable de l'invoquer, je ne le maîtrise pas encore ? Que le fait que cela s'apprenne serait la pire des choses, puisque le commandement tenterait de me mettre à un poste plus élevé encore ? Je ne suis pas un leader, pas homme à prendre des décisions. Mon Bankaï doit rester secret, au moins jusqu'au jour où sa révélation pourrait avoir une réelle utilité.

Il n'estimait pas que ce secret devait être placé au-dessus de tout. Si sa vie devait être menacée, il utiliserait bien sûr toutes les cordes de son arc. En attendant, est-ce que les quelques arguments qu'il venait d'avancer pourraient trouver oreille compréhensive chez le Capitaine de la Neuvième Division ? Cela restait à voir.

Akihiko observa avec minutie le Shinigami, qui semblait en proie à une lutte interne. Manifestement l’inconnu se rendait compte de l’étendue de son erreur et il cherchait une porte de sortie. Au bout d’un long instant de silence l’homme soupira finalement. Sa décision fut prise et il révéla donc son nom et son grade. En recoupant les informations, Kirito se rendit compte que cela tenait la route, il ne mentait sans doute pas. Le Vizard avait déjà lu ce nom quelque part en se mettant à jour sur les évènements de ces dernières années. Mais désormais le nom et le visage étaient ancrés dans la mémoire de l’ex-scientifique qui afficha un sourire satisfait.

Enchanté Ryunosuke, troisième siège de la treizième division. T’es donc assez haut gradé, mais ce que j’ai vu à l’instant surpasse malgré tout ton rang.

Akihiko était agréablement surpris de trouver un Shinigami de la treizième division. Après tout, il avait occupé le poste de Vice-Capitaine à la treizième quelques années auparavant, certes peu de temps, mais il s’était attaché à cette division. Par ailleurs, Kirito, qui n’oubliait jamais un visage, songea que cet homme n’avait jamais servi sous ses ordres. Il avait dû être muté depuis peu de temps donc.

Akihiko, qui continuait à faire rouler la bille bleutée entre ses doigts, écouta ensuite avec attention les paroles de son interlocuteur. Aucune excuse, aucun remord. L’hybride voyait là un homme qui avait été pris sur le fait mais qui assumait. Comportement pour le moins intelligent quand on faisait face au Capitaine de la Justice. Malgré tout, ces propos ressemblaient tout de même un peu trop à des suppliques et Ryunosuke semblait vouloir s’en tirer sans conséquences. Akihiko se plaça juste devant le Shinigami et le fixa de son regard bleu azuré.

J’suppose qu’Ukitake n’a pas connaissance de ton pouvoir ?

Kirito avait omis le titre du Capitaine de la treizième division de manière volontaire. Aussi loin du Seireitei le protocole n’avait pas lieu d‘être pour lui, c’était une entrave. Il était garant de la Justice, pas de la politesse…

Tout ce que tu me dis semble réfléchit, mais un brin trop facile. Tu crois être en mesure de décider si ton pouvoir doit rester secret ou non ? J’pense pas que les choses se passent comme ça. Quant à ne pas avoir l’âme d’un leader…foutaises ! Tu ne le sauras que quand tu y seras confronté. Mais bon assez de parlotes. Tu me dis que tu ne maîtrises pas encore ton Bankaï, dans ce cas montre le moi…et tâchons de l’améliorer.

Akihiko afficha un sourire amusé. Cet homme lui rappelait le Kirito d’autrefois. Peu sûr de lui et avec un Bankaï, alors qu’il n’était même pas un Siège de la cinquième division à l’époque, il avait gardé son secret longtemps avant que Shu ne tombe sur lui par hasard d’une manière assez similaire à cette rencontre d’aujourd’hui. Tout cela était-il écrit ? Quoiqu’il en soit la découverte de son Bankaï l’avait rapidement propulsé dans les hautes sphères du Gotei 13 et il s’en était bien sorti depuis ce jour. Mais il comprenait que cela pouvait s’avérer angoissant, lui-même avait ressenti la même chose et c’est pourquoi il avait aussi caché sa seconde libération de longues années. L’Igarashi l’avait aidé à utiliser cette puissance, aujourd’hui Kirito offrait la même possibilité à ce Shinigami. Il ne savait pas encore s’il révèlerait son secret ou non, mais en tout cas il allait l’aider.

Sans attendre de réponses le Vizard disparut d’un Shunpô. Il réapparut l’instant d’après assit sur un rocher non loin et ses yeux étaient braqués sur Ryunosuke. Il jeta en l’air la bille bleutée qu’il triturait. Celle-ci se fractionna soudainement en une centaine d’autres billes de taille identique.

Han'tei, In'ki Kyuusei !

Le katana dans le dos de Kirito se mit à vibrer et grossit légèrement sous l’effet de la première libération. Le Zanpakûto bougea également de quelques centimètres comme s’il était animé d’une volonté propre, sortant très légèrement du fourreau dans le dos, laissant apparaître un tranchant d’une couleur rouge sang. Au même moment, les petites billes d’acier qui devaient retomber sur le sol se mirent à léviter autour de Kirito comme si l’apesanteur avait perdu toute emprise sur elles. Le magnétisme crée par le Vizard était responsable de ce phénomène.

Lance-moi une unique attaque directe. Avec ton Bankaï évidemment. Pas la peine de te retenir, c’est un ordre.

Akihiko afficha un sourire entendu. Le troisième siège avait reçu ses ordres, à lui de les appliquer à la lettre. Il devait effectuer une seule attaque mais la plus puissante possible. Il ne s’agissait pas d’un combat mais d’une évaluation. Et Ryunosuke pouvait s’estimer heureux que ce test se fasse de manière aussi détendue. Surtout que s’il s’avérait puissant, Kirito prendrait du temps pour essayer de le former. Un Bankaï de plus au Gotei 13, secret ou non, serait le bienvenue en ces temps compliqués.

Spoiler:

Non mais c'était quoi ce plan foireux là ? Il se prenait pour qui ce gamin ? Ah, oui, il se prenait pour un Capitaine, c'est vrai. Et le pire, c'est qu'il l'était réellement. Mais Ryunosuke savait aussi une chose. Cet Akihiko était sans aucun doute un supérieur, mais pas *son* supérieur. La nuance est importante. Ses ordres, il les tire d'Ukitake-Taishô, et les autres Capitaines n'ont qu'une autorité toute formelle. En tout cas, il n'avait strictement aucun ordre à lui donner sur le plan personnel, et il n'avait donc certainement pas à l'obliger à libérer une nouvelle fois son Bankaï. Le Shimada n'aura qu'à aller s'en plaindre à sa Capitaine et il s'en tirerait sans le moindre mal, le fait de désobéir au Kirito dans une telle situation ne représenterait strictement rien. Après tout, il n'avait rien fait de mal et se trouvait sur son temps libre...

Oui, cet ordre était très facile à contourner, en fait. Sauf que… sauf que cela voudrait dire annoncer la vérité à sa supérieure. Et donc mettre une personne en plus au courant. Sans compter que le Capitaine de la Neuvième Division s'amuserait sans doute à aller répéter son secret, petit perfide qu'il semblait être. Il ne pouvait pas juste se contenter de lui ficher la paix ? Ryu n'avait jamais rien demandé à personne, et n'avait clairement pas besoin que l'on vienne l'espionner, lui dire ce qui convenait ou non pour lui et se servir de son secret contre lui pour le menacer de tout révéler s'il n'obéissait pas. Son offre de l'aider à améliorer son Bankaï de la manière dont il usait ne pouvait pas être prise comme un simple service. Car une aide nécessite deux personnes consentantes. Cela lui était imposé, et d'une manière qu'il n'appréciait pas, mais alors vraiment pas du tout.

- Non, Ukitake-Taishô ne sait pas. Personne ne sait. Quant au fait que j'endosse plus de responsabilités… Vous non plus n'en savez rien ! Vous parlez de foutaises mais personne ne me connaît mieux que moi-même.

Il fixait sans honte le Capitaine de la Neuvième Division d'ores et déjà entouré de ses billes, son Zanpakutô libéré. Ryunosuke tenait toujours le sien en main gauche. Il allait le ranger au fourreau. Quoi qu'il arrivait. Ses pieds firent crisser la couche notable de neige noire qui recouvrait le sol tandis qu'il avait pivoté pour tourner le dos au Capitaine. Il pouvait juste dire « non » et s'en aller, prêt à affronter ensuite le fait que son secret n'en serait définitivement plus un. Ou bien libérer son Bankaï à nouveau, malgré sa fatigue. Attaquer Kirito dans l'espoir que ça lui suffise et qu'il ne se plaise pas à continuer son petit jeu qui n'amusait que lui.

Comme prévu, le Shimada porta son Zanpakutô au fourreau, qu'il y glissa lentement… mais les apparences sont parfois trompeuses, surtout avec ce Shinigami-ci.

- Bankaï ! Hyōgajidai Higure !

S'il pouvait encore sauver son secret, cela méritait d'être tenté. Mais il n'en ferait pas trop. Il n'irait pas se mettre à quatre pattes face à quelqu'un qui s'était en quelques minutes à peine déjà arrangé pour qu'il ne l'apprécie pas. Lui-même s'était déjà mis en danger en participant et recherchant même quelques combats d'un niveau trop élevé pour un Troisième Siège classique. Peut-être serait-il préférable après tout d'arrêter la comédie ? Cela mettrait en péril sa Garde Silencieuse. Car s'il ne voulait pas faire connaître sa force, ce n'était pas qu'une question de grade et de responsabilités. Son style de combat reposait sur le fait qu'il soit considéré comme faible. D'utiliser l'effet de surprise pour frapper fort, vite et bien. Et si tout le monde savait qu'il était un possesseur de Bankaï, c'en serait terminé. Putain, c'que c'était chiant…

Cependant, au moment où son Zanpakutô fut entièrement passé dans son fourreau, Higure no Yaki se mit à étinceler et disparut pour révéler sa forme véritable. Revinrent alors les nuages d'où reprit la chute des lourds flocons noirs, la luminosité s'assombrissant également. Les divers cercles d'épées de glace sombre orbitèrent à nouveau avec le Shinigami pour épicentre, encerclant la zone. Ryunosuke avait les yeux fermés – mais le Capitaine ne pouvait pas le voir, alors qu'il lui tournait le dos – et était concentré sur son attaque. Les sabres de son Bankaï ne seraient ici d'aucune utilité… l'attaque qu'il prévoyait n'ayant clairement pas autant de subtilité.

- Kurai Yuki no Kugyō !

La neige amassée au sol durant son entraînement interrompu prit vie soudainement, tournoyant et se rassemblant en une énorme vague de neige noire qui s'éleva avant de retomber lourdement là où se tenait le Capitaine de la Neuvième Division.

Spoiler:

Akihiko savait qu’il n’allait pas être apprécié, mais en cet instant il ne s’en souciait pas. Être Capitaine n’était pas toujours compatible avec être sympathique. Il faisait son devoir même si dans l’instant présent il prenait tout de même un certain plaisir à le faire. Découvrir un Bankaï était toujours une chance inouïe mais il se doutait que son interlocuteur ne devait pas du tout apprécier la manœuvre. Akihiko profitait de son grade pour arriver à ses fins mais techniquement cet homme avait la possibilité de refuser. Il pouvait s’en aller s’il le souhaitait vraiment et le Vizard n’aurait rien dit. La personnalité déviante de Kirito avait bien des défauts mais la fourberie n’en faisait pas parti.

La réponse amère du Shinigami ne mérita pas une réaction du Capitaine de la Justice. Ce Ryunosuke essayait de se défendre face aux paroles de Kirito mais ce n’était que du vent. Surtout que si cet homme était capable de tenir tête à un Capitaine il était alors bien plus confiant qu’il ne paraissait…

L’espace d’un instant notre jeune héros cru qu’il ne verrait rien. Son interlocuteur lui tourna le dos puis lentement il rangea son arme dans son fourreau…et prononça les mots fatidiques. Aussitôt le faucheur d’âme de Ryunosuke se volatilisa et cette disparition fut suivi par une secousse d’énergie spirituelle. Le Bankaï était libéré ! Curieux, Kirito observa l’amoncellement de nuages puis la chute de neige noire qui reprit. Il observa également avec attention les cercles d’épées de glace se former tout autour du shinigami de la treizième division.

Comme Ryunosuke lui tournait le dos il ne pouvait voir le sourire ravi que Kirito affichait. Cet homme s'était pris au jeu. Il avait libéré son Bankaï malgré ses réticences, ce qui signifiait qu'il était déterminé à garder son secret. Le Vizard avait manifestement joué sur la bonne corde. Toutefois Akihiko respectait cette attitude qui démontrait une sacrée force de caractère. Alors que le Capitaine de la neuvième division s’émerveillait devant le spectacle qui lui était offert, il sentit alors une agitation de la neige noire. Soudain la masse présente sur le sol se souleva dans les airs comme animé par la vie. Elle se concentra et fonça sur lui d’une manière aussi surprenante qu’agressive. Ainsi cette neige sombre n’était pas uniquement un effet de style, le shinigami pouvait la contrôler. Cette assaut était d’autant plus étonnant que Kirito se concentrait avant tout sur les épées qui semblaient bien plus menaçante. Ce Bankaï semblait tourner autour d’une thématique : l’effet de surprise. Manifestement avec Ryunosuke le dicton « il ne faut pas se fier aux apparences » prenait tout son sens.

Alors que l’amas de neige allait venir se fracasser sur Kirito, il réagit enfin pour se défendre, mais sans bouger pour autant. Les billes qui virevoltaient autour de lui formèrent une sorte de barrière grossière autour de son corps. Cette technique était là uniquement pour gêner la progression de la neige tandis que la véritable défense de Kirito se préparait. La neige tomba avec fracas au moment où le tatouage en forme de dragon dans le dos de Kirito se mit à bouger. L’instant d'après il y eut un bruit d’une puissance phénoménale puis le silence s’installa. La neige noire couvrait une grande partie du sol et au centre de la masse neigeuse Kirito se tenait assit sur sa pierre. Il était toujours immobile et intact. Une légère zone carrée autour du Vizard avait également été épargné par la neige et le tatouage en forme de dragon dans son dos avait disparu.

Et bien tu fais pas dans la dentelle ! C'est...très impressionnant !

Akihiko était en effet bluffé par la violence d’une telle attaque. Sa meilleure barrière avait tout juste suffit à contrer l’assaut. Le Vizard regarda par terre et vit les débris de ces billes bleutées. Sans ce gadget sa barrière aurait peut-être même été brisée. Ce troisième siège possédait une puissance surprenante. Le Capitaine de la Justice bougea enfin, il se pencha, ramassa la seule bille bleutée intacte et la rangea dans l’une de ses poches. Puis il disparut d’un shunpô et réapparut juste derrière Ryunosuke se trouvant ainsi au centre des cercles d’épées de glace. Les deux hommes se trouvaient dos à dos.

J’espère que t’as conscience qu’à aucun moment je n’ai eu l’intention de révéler ton secret. Si tu veux pas qu’on le sache j’en dirais rien.

Kirito parlait d’un ton détendu qui dénotait avec l’autorité qu’il avait eût quelques minutes plus tôt.  S’il avait usé de son grade auparavant c’était uniquement pour évaluer le Shinigami, désormais le masque était tombé et il se révélait tel qu’il était vraiment. Maintenant qu’il avait évalué ce Bankaï il n’avait plus de raisons d’être si strict.

J’me doute que tu dois pas être fan de mon attitude. Mais c’était nécessaire. Souhaites-tu continuer ou t’arrêter ici ? Te forcer plus n’amènera rien de bon. J’ai une bonne idée de ta force et j’ai l’impression que chui bien le seul au Gotei 13. Ça peut te paraître chiant, j’en suis conscient, mais ton secret est bien gardé. J’te l’garantis.

Les deux Shinigamis étaient toujours dos à dos cernés par des cercles d’épées qui gravitaient lentement. Akihiko leva la tête et observa les nuages cracher cette étrange neige un sourire serein sur les lèvres. Il observa alors un temps de silence pour laisser le troisième siège répondre. L’entraînement pouvait continuer ou non, mais en tous les cas ils avaient encore quelques mots à se dire.
 

Spoiler:

- J'avoue ne pas vraiment être d'humeur à poursuivre...

Comme pour appuyer ses paroles, les épées qui orbitaient dans des anneaux les entourant à une bonne dizaine de mètres éclatèrent en copeaux qui vinrent s'amasser au niveau de son fourreau, porté à son flanc droit. Ainsi son Zanpakutô se reforma, scellé à nouveau. Les nuages quant à eux se dissipèrent. La neige noire resterait au sol mais finirait par fondre et serait alors absorbée par la terre sèche.

Son entraînement précédent ainsi que la démonstration qu'il venait de faire l'avaient laissés bien fatigué, ses réserves d'énergie mises à mal. De plus, maintenir son Bankaï était encore éprouvant pour lui qui n'était parvenu à le libérer que depuis une poignée de mois seulement. Il n'avait dit aucun mot au compliment d'Akihiko qui était parvenu à s'en défendre sans trop de mal apparemment, ayant libéré un kekkai autour de lui pour se prémunir de la sombre avalanche. C'est ce qu'il put conclure lorsqu'il avait regardé par dessus son épaule pour voir les résultats de son attaque, et qu'il avait ainsi pu observer un carré nettement dessiné autour du Capitaine de la Neuvième Division.

Ryunosuke restait amer, malgré la tentative de Kirito d'apaiser ses craintes quant à la possibilité qu'il puisse révéler son secret. Il voyait juste : le Shimada n'avait vraiment pas aimé la manière dont cela avait été fait et risquait de ne pas en démordre. Le secret de son Bankaï était pour lui trop important pour qu'il puisse de toute manière apprécier que même ne fusse qu'une seule personne en ait connaissance. Il lui faudrait bien faire avec pourtant… Au moins lui garantissait-il qu'il ne le répéterait pas. Que des mots, oui, et qui n'ont donc que l'importance que l'on veut bien leur accorder. Ça valait mieux que rien cependant.

- Je n'ai en effet pas aimé votre attitude, je ne m'en cache pas. Je ne vois pas de plus en quoi cela pouvait être nécessaire… Je ne suis pas un Shinigami de votre Division, aussi mon pouvoir caché ne vous regardait pas, si vous me permettez de garder ma franchise intacte. J'espère au moins pouvoir vous faire confiance. Vous êtes en effet le seul à savoir, et je préférerais que cela reste ainsi comme vous l'avez compris. À vrai dire, un est déjà de trop, mais il est trop tard pour s'en plaindre.

« Prochaine fois, j'irai me planquer encore plus loin », voilà bien ce à quoi il pensait désormais. Et aussi « je me ferais bien un petit somme », pour être tout à fait honnête… D'ailleurs cela non plus, il n'allait pas s'en cacher.

- Quoi qu'il en soit, je suis fatigué. Je vais rentrer au Seireitei désormais, et aller me reposer...

Il annonçait, mais ne partait pas encore. Cela serait tout de même une marque d'irrespect assez nette. Malgré la situation et le fait qu'il n'avait pas apprécié la manière dont cette rencontre s'était déroulée, il restait tout de même naturellement dans les clous. S'il se permettait une certaine franchise qu'il n'aurait pas eu dans une rencontre en public, il restait néanmoins respectueux du Haori malgré la tournure et laisserait donc une dernière possibilité de le retenir ou non au lieu de simplement le planter là. Si cette rencontre n'en avait pas fait des amis, il était tout de même préférable de ne pas accentuer le froid qui avait pris place. Néanmoins afin d'appuyer son départ imminent, il fit usage d'un des sceaux sur son torse pour faire apparaître un kasa ronin, ces chapeaux de paille imposant qu'il portait. Le sien descendait bas sur son visage, ne laissant voir que son menton maintenant qu'il le portait. Rien que de ce fait, il se sentait déjà plus à l'aise.

Spoiler:

Kirito ne fut aucunement surpris lorsqu'il constata qu'avec les paroles du troisième Siège le Bankaï se dispersa, par manque d'énergie ou par volonté. Les épées disparurent, accompagnées par les nuages. Le show était terminé mais Kirito avait obtenu bien plus d'informations qu'il n'aurait pût l'espérer en premier lieu. Ce Ryunosuke était un sacré numéro et le Capitaine comptait bien garder un œil sur lui. Akihiko se doutait que l'homme devait avoir une confiance toute relative dans les mots qu'il avait prononcé, après tout les deux shinigamis ne se connaissaient pas et puis l'attitude du Vizard n'avait pas vraiment aidé à le mettre en confiance, mais les choses s'étaient déroulées ainsi et notre jeune héros n'avait aucune once de remord ni de regret.

Il écouta les paroles de son interlocuteur avec attention. Le troisième Siège ne cachait pas son aversion vis à vis de l'attitude du Capitaine ni sa déception quant au fait que son secret n'en était plus totalement un. Les paroles de Ryunosuke frôlaient l'insubordination mais ne dépassaient pas les limites pour autant. Ce comportement était étonnamment ambiguë avec l'attitude de cet homme qui cherchait manifestement à ne pas trop se faire remarquer... Kirito répondit franchement à son tour.

J'apprécie ta franchise mais que t’aie pas apprécié mon comportement importe peu finalement. Je pense inutile de te rappeler que je gère la division de la Justice au Seireitei ce qui signifie que l'apparition d'un nouveau Bankaï n'est pas quelque chose d'anodin et ça me regarde forcément. Je pense que tu t'en doutes car t'es pas de ma division effectivement, et ça signifie que rien te forçait à me dévoiler ton Bankaï...mais tu l'as fait quand même.

Akihiko se retourna et vit le Shinigami invoquer un kasa et le poser sur sa tête cachant ainsi son visage. Le dialogue était pratiquement clôt, le shinigami s’apprêtait à partir et peu de choses pourraient le retenir, malgré tout Kirito voulait connaître une dernière information et aussi ouvrir une porte pour l'avenir...

J'aimerais que tu répondes à cette simple question : depuis quand as-tu acquis cette seconde libération ?

Cette information fournirait de nombreuses données au Capitaine de la Justice. Il pourrait connaître la marge de progression de cet homme au vu de ce qu'il avait découvert aujourd'hui et cela permettrait de mieux cerner le potentiel du troisième Siège. Bien sûr il se pouvait que Ryunosuke lui mente, même si ce n'était pas vraiment une bonne idée, ou qu'il cherche à masquer sa vraie puissance, mais au moins Akihiko pourrait avoir une estimation que personne d'autre ne posséderait au Goteï 13. Avant d'avoir la réponse de l'homme notre jeune héros reprit la parole.

Quant tu aura répondu tu sera libre de partir, car manifestement tu meures d'envie de t'en aller. Mais avant cela je rajoute une dernière chose. Le tort que je t'ai causé mérite en partie un dédommagement...

Kirito leva une main et l'approcha du dos de Ryunosuke. Une aura se dégagea de sa paume et s'infiltra dans le corps du Shinigami lui redonnant de l'énergie et guérissant les blessures mineures. C'était là un soin de base mais qui offrait un surplus d'énergie à Ryunosuke qui semblait fatigué par l'usage du Bankaï. Akihiko n'était pas obligé d'agir ainsi, mais il trouvait ça plus juste. Même si Ryunosuke ne le portait pas dans son cœur, il devait comprendre que le Capitaine était quelqu'un de droit et surtout pas un ennemi. Le Vizard baissa ensuite le bras et ajouta ces dernières paroles.

Peut être qu'aujourd'hui j't'énerve, mais si un jour t'as besoin de t'entraîner viens me trouver à la neuvième division. L'autre sera peut être plus conciliant que moi !

Le regard de Kirito vibra d'une lueur argenté avant de revenir à sa couleur azurée. Ces paroles devaient sembler étranges et le Capitaine de la Justice arborait un sourire mystérieux, qui ne manquerait pas d'intriguer Ryunosuke. Le Vizard patienta pour avoir la réponse du troisième Siège et il s'attendait également à ce que ce dernier, une fois l'information fournie, s'en aille. Mais peut être changerait-il d'avis, maintenant, ou plus tard... Car seuls les imbéciles ne changeaient pas d'avis et Akihiko ne pensait pas une seule seconde que le troisième Siège était un imbécile.

Spoiler:

Effectivement… Il n'avait pas été obligé, mais l'avait fait tout de même. Il aurait effectivement pu se contenter de partir dès le début, éviter d'en montrer plus que ce qu'Akihiko en avait déjà vu. Mais deux raisons s'étaient alors imposées. La première était bien sûr le fait de vouloir éviter de se faire mal voir d'un Capitaine. Ryunosuke n'estimait pas que celui-ci était du genre à se braquer, surtout pas après le petit jeu qu'il avait mené, ce pourquoi il s'était permis la franchise malgré l'écart hiérarchique entre eux. Il n'en restait pas moins qu'un Haori devait se respecter et que Ryu avait donc consenti à faire cet effort. Et bien sûr, la deuxième raison qui était sans doute la principale au final, c'était qu'il lui avait laissé entrevoir qu'en dévoilant juste une technique, le silence pourrait être gardé sur cette affaire. Inutile de repréciser à quel point cela le tenait à cœur. Afin d'apaiser un peu la tension après avoir été légèrement soigné par le Capitaine, le Shimada allait même lui offrir la réponse à la question posée. Il n'était plus à ça près après tout. Mais avant, il avait hoché de la tête pour signaler qu'il avait bien compris la proposition. Bon, il ne voyait pas bien ce à quoi il faisait référence lorsqu'il évoquait « l'autre », et il était sûr qu'il déclinerait la proposition pour le moment… mais un jour, peut-être… Soit.

- Cela doit faire quatre mois à présent.

Laconique, comme il l'était souvent. C'était peu avant son transfert à la Treizième Division. Il devait également déplorer le fait qu'il n'avait pu s'entraîner aussi souvent qu'il l'avait voulu, et ce à cause de cette Purge qui n'en terminait pas et qui accaparait donc beaucoup de temps au Troisième Siège. Ce serait sans doute l'un des rares Shinigamis à se plaindre de la Purge pour l'emploi du temps chargé que ça lui faisait et non pour le caractère moral de la chose…

- Bonne journée, Capitaine.

Son ton n'était pas sec. Un peu distant peut-être, mais plus vraiment en colère. Ce n'était toujours pas une situation agréable, bien entendu. Mais il l'acceptait et ferait avec. Ryunosuke n'était pas du genre à remâcher des faits inlassablement. Il s'adaptait et continuait à avancer, voilà tout. Ce qu'il avait toujours fait, ce qu'il ferait encore ici. Retour au protocolaire donc, en inclinant légèrement le torse sur ces dernières paroles pour le saluer, avant de quitter l'endroit tout simplement.

Spoiler: