L'ultime libération... C'est en observant son zanpakutô posé sur ses genoux, qu'il le réalisait enfin. Il pensait à celle qui partageait sa vie depuis l'académie, le reflet de son âme ayant élu domicile dans ce sabre. Haiko se sentait en phase avec elle. Il se souvenait avoir ressentit cette plénitude. A l'instant où il l'avait entendu pour la première fois, « Shitsuren », son nom. En y repensant, le jeune homme avait l'impression que cela faisait déjà une éternité depuis ce moment. Et maintenant ? Le vice-capitaine qu'il était devenu parcourait la pièce du regard. Ses quartiers, son bureau, les portes coulissantes de bois et de papier, ses livres et dossiers posés sur la table basse lui servant de bureau, l'immense meuble sombre derrière celle-ci. Il laissa brièvement aller ses yeux sur chacun des objets entreposés. Des instruments de musiques pouvant à peine loger entre les étagères, de petits compartiments de verre où étaient enfermés des tabacs de toute sorte. En dessous de tout ça, tout en bas, reposait un coffret de bois gravé de symbole géométriques et de formes imprécises, comme effacées par le temps. Le jeune homme tourna la tête vers l'autre côté de la pièce, là où se trouvait les plus gros instruments. Tout ceux-là n'avaient pas vraiment de nom. Il les avaient reçu de la petite échoppe de son père d'adoption, des expériences ou plutôt des expérimentations du maître ébéniste.

Le shinigami soupira, nostalgique. Les bruits émanant de l'extérieur l'extirpa de sa pesanteur spirituelle. Le Seireitei était en plein ébullition. Ces derniers temps en particuliers, quelque chose se préparait. En suivant les consignes du commandant, le vice-capitaine avait tenu sa division en alerte et prête à toute éventualité. Était-ce un coup de zèle avant la venue du capitaine nouvellement assigné à la division ? Non, la situation l'exigeait, et qui plus est, le nouveau dirigeant des lieux pourrait ainsi savoir qu'il pourrait compter sur ces hommes et femmes. Haiko avait tenu les rennes depuis la disparition de son ancien supérieur. Même s'il ne connaissait pas encore ce successeur, il ne souhaitait pas lui faire montre du fait que l'héritage des Kuchiki n'était qu'un ramassis de fainéants. Ses premiers pas ici se feraient sous les regards de shinigamis prêt à le servir. Haiko y veillerait personnellement s'il le faut. Le vice-capitaine se souvenait encore des divisions marquées par la traîtrise de leur capitaine. Il ne voulait pas infliger ça à SA division, quitte à tenir ce nouveau venu à l’œil...

Il n'était pas bon de remuer de telles pensées. En se levant le shinigami observa par la fenêtre toute proche le soleil déjà bien bas dans le ciel. Il fallait qu'il se mette en route, vers la neuvième. Haiko devait rencontrer celui qui lui avait fait comprendre de la plus simple des façon qu'il s'était trompé depuis le début. Il devait lui montrer, il fallait qu'il lui fasse voir la puissance du lien qui avait uni le shinigami à son zanpakutô. Décidé, il s'avança vers la sortie en enfilant son arme dans sa ceinture avant de prendre la direction des quartiers de la division de la justice. Le rendez-vous avait été convenu là-bas, par missive. Haiko espérait qu'il n'y aurait pas de contre-temps. Le vice-capitaine avait été plutôt évasif, disant simplement qu'il souhaitait une rencontre et que cela aurait attrait à la discussion que les deux hommes avaient eu il y a peu.

Le shinigami arriva rapidement devant les quartiers de la division voisine à la sienne, puis, devant l'entrée de l'académie. C'est là qu'il s'arrêta, constatant la présence du capitaine Yakushiji devant le bâtiment. Le voir ici l'étonna un court instant, le jeune homme se souvenant finalement que le capitaine donnait cours ici de temps à autre. Une autre gradé se tenait à côté de lui, à en juger par le haori, un collègue. Haiko reconnu alors la silhouette massive du dirigeant des lieux en la personne du capitaine Himesaki. A en juger les manches pendant à ses flancs, le capitaine avait gardé cette habitude que l'ancien instructeur avait remarqué lorsque celui-ci le croisait à l'académie de temps en temps. Il s'avança alors vers le duo.

Arrivé à leur hauteur, enfin, à côté d'eux plutôt, le petit shinigami attendit que les deux hommes le remarquent avant de les saluer en se courbant légèrement.

« Yakushiji-Taishô, Himesaki-sempai... »

Il se redressa, souriant, affichant cet air gentil coutumier face aux deux gradés. Il continua en se tournant vers le capitaine de la neuvième division.

« Capitaine Yakushiji, je pensais que nous nous rejoindrions dans vos quartiers. Peut-être me suis-je mis en marche un peu trop hâtivement... Je n'avais pas l'intention de vous déranger alors que vous vous entreteniez avec le capitaine Himesaki. Si vous souhaitez remettre notre entrevue à plus tard, je comprendrais. »

Le lieutenant portait maintenant son regard sur Tojô, comme s'il l'interrogeait du regard quant à la raison pour laquelle il se trouvait en compagnie de Tenzen. Haiko attendait poliment, prêt à rebrousser chemin s'il le devait.

Kaogake-kun... En effet, vous m'avez l'air un peu en avance, sans quoi je ne serais pas ici à simplement deviser. Mais ne vous inquiétez pas, rien d'important. Peut-être même pourriez-vous nous aider... Un colportage de bas-étage fait semble-t-il état d'une possible... sexualité déviante de notre estimé Capitaine Himesaki. Nous nous demandions justement qui pouvait en être à la base. En avez-vous entendu parler ?

Enfin, ce n'est que broutille qui s'étouffera sans doute très vite d'elle-même. Si vous me faisiez plutôt part de la raison de cette entrevue que vous m'avez mandé ? Du moins, si la présence de mon collègue ne vous dérange point en cela...

En voilà une rumeur des plus déroutante ! Au courant ? Le vice-capitaine ne l'était pas. A vrai dire, il ne savait pas trop comment réagir étant donné que l'intéressé se trouvait en face de lui. Les dires du capitaine de la neuvième l'étonnèrent tout de même. Il connaissait le coureur de jupons, mais pas l'amateur de jeunes éphèbes... Il ne fallait pas non plus oublier la jeune femme qui lui servait de bras droit, littéralement... Après tout, il faisait ce qu'il voulait, ce n'était pas le petit shinigami qui allait le juger de ce côté là. De plus, son ancien capitaine n'avait pas vraiment l'air dans son assiette. Est-ce que cette rumeur l'affectait autant que ça ? Ça en avait tout l'air, vu la mine triste qu'il arborait, l'air un peu pataud. De mémoire, l'ancien instructeur ne se souvenait pas avoir vu un jour Tojô dans cet état.

Surpris par son cris d'alarme, Haiko ne put réprimer un faible sursaut en se tournant brusquement vers le colosse qui s'avançait lentement vers lui, les yeux embués de larmes. Là, maintenant, tout de suite, le shinigami était inquiet, autant pour lui que pour l'état d'esprit dans lequel se trouvait le géant au haori. Même s'il ne bougeait pas, le haut de son corps trahissait une certaine envie de fuite. Plus Tojô se rapprochait et plus le petit shinigami s'arquait en arrière, cherchant du regard une aide éventuelle.

« Euh... Yakushiji-Taishô ? »

Lorsque l'ombre du dirigeant de l'académie lui obscurcit le soleil, Haiko ne put se tordre davantage.

« Cap...Capitaine ? Himesaki-senpaaaaAAAAAHHHH ! Euhaaaahhheuhaheuhaheuhah... wooooOOOOooooOOOOoooOOOOooOooOOOooOO... blblbleuhbleblblbl... Qu...Qu...Qu... Qu'est-ce quiiiiIIIIIHHHH vous prend caaAAAaaapitaine ! AAAaaaAAAaaaAAA, j'ai maaaaAAAaaaAAAaaal au coeeeeuuUUUURRR... »

Et ça continua ainsi pendant quelques secondes. Haiko avait quitté le planché des vaches, agrippé par le capitaine éploré qui l'agitait dans tous les sens entre ses bras. Le petit shinigami n'avait rien pu faire. Il se faisait secouer comme le shaker d'un barman. De gauche à droite, de haut en bas, faisant même parfois des tours sur lui-même, le vice-capitaine ne sentait plus son corps, la circulation coupée par la prise du géant. Plus il se faisait ballotter et plus la nausée lui tordant l'estomac apparaissait sur son visage. Celui-ci passa d'ailleurs par l'intégralité du spectre des couleurs avant de virer à un blanc cadavérique.

Ce n'est que lorsqu'il retoucha le sol que la désagréable sensation s'atténua. Pendant qu'on essayait de maîtriser le gradé, Haiko se releva d'un coup, l'air livide, titubant devant Tenzen. Il avait l'impression d'avoir été enfermé dans le tambour d'un sèche linge. Sa pomme d'Adam rebondi, ses joues se gonflèrent, une fois, deux fois... Ce n'est qu'après un troisième renvoi que le petit shinigami reprit sa couleur d'origine. Il n'osait imaginer ce qui se serait passé si jamais il avait rendu son déjeuner sur le haori du Yakushiji...

Enfin, les deux hommes reprenaient leurs esprits. Soupirant de soulagement, le bretteur renvoya la question de son vis-à-vis simplement en lui jetant un regard accusateur. Comme si Tojô allait lui-même se bouger les fesses. De toute manière, les récents événements ne laissaient pas vraiment au vice-capitaine le temps de se la couler douce, et même s'il le cachait bien, son moral n'était pas au beau fixe. Fidèle à lui même, il ne montrerait aucune faiblesse devant ses pairs, surtout devant eux. Le jeune homme interpella alors le colosse visiblement sur le départ.

« Himesaki-senpai, attendez ! Permettez-moi de profiter de votre présence. Ce qui va suivre pourrait tout autant vous intéresser, à défaut de vous changer les idées... »

Agrémenta-t-il d'un franc sourire avant de se tourner vers son acolyte. Le jeune homme afficha alors un soudain sérieux pendant que ses doigts tapotaient le pommeau de son sabre.

« Vous vous souvenez de notre récente entrevue ? Et bien... »

Il marqua une brusque pause en jetant un coup d’œil au bâtiment derrière lui. Une certaine impatience joyeuse brillait dans ses yeux qui détaillaient les alentours du regard. S'il ne se contrôlait pas, il serait déjà en train de sautiller autour de Tenzen, bankai en main. L'endroit n'était pas approprié de toute manière. Le bretteur continua alors, un sourire malin arquant doucement ses lèvres.

« ...Il serait préférable que nous sortions de l'enceinte du Seireitei avant que je vous explique de quoi il en retourne... »

Sachant que l'usage du plein pouvoir de son zanpakutô restait formellement interdit dans au sain du Gotei, le sous entendue du lieutenant en disait déjà long concernant la suite des événements.

«  Himesaki-senpai, ne vous minez pas le moral pour de telles sornettes. Je me souviens de l'académie. Le peu de fois où je vous y ai vu, la gente féminine avait toute votre attention... »

Déclara-t-il d'un air avenant, une pointe d’espièglerie marquant sa dernière phrase. Ah ça, quand il passait à l'académie le capitaine à l'époque... L'ex-instructeur se souvenait de ces gloussements et autres piailleries de couloir au passage de l'homme au haori. En ce temps là, il trouvait cela plus agaçant qu'autre chose, mais au fil du temps, il s'y était habitué. Haiko comprenait le malaise de l'homme qui, aux vus de sa réaction précédente, voyait véritablement son monde s'écrouler. Il fallait lui faire changer d'air pendant un temps. Si le gradé se concentrait sur autre chose, peut-être que ces sautes d'humeurs lui passeraient... Le jeune homme continua alors...

« Capitaine, accompagnez nous... J'insiste. »

Sur quoi il regarda tour à tour les deux hommes en s'assurant de leur consentement à le suivre.

« Mes Capitaines, si vous voulez bien me suivre, nous avons un petit bout de chemin à faire... »

Une engouement certain ponctua ses derniers mots. C'est d'ailleurs sans attendre qu'il s'éclipsa d'un shunpô. Direction l'endroit où tout avait commencé, aux confins de la Soul Society...

Spoiler:

C'est donc ici... Y êtes-vous parvenu, alors ? Le cap de la matérialisation et de son contrôle vous sont donc acquis ?

Enfin, ils y étaient. Daddy's home ! Oh ça oui, à la maison. La vu de cette gigantesque clairière de terre calcinée perdu au beau milieu de la Soul Society réchauffait le cœur du shinigami. Était-ce l'âme de son zanpakutô qui lui inspirait cette sensation de bien-être ? Sans doute. Appréciant le terrain d'un regard circulaire, Haiko foula les cendres laissées par ses journées de pratique, de découverte. Tout autour de lui avait été soufflé, réduit en une terre plate de charbon. Ça et là, de petit arbrisseaux tentaient une percée, renaissant des cendres de leurs pères vaporisé par les flammes du vice-capitaine. Craquelé par endroit, le sol montrait ses veines qui semblaient toute converger en un seul et même point, au centre de la plaine. L'Ardent en fixait l'épicentre au loin en se remémorant la première fois qu'il avait laissé éclater son pouvoir. C'est l'air ravi qu'il se retourna vers les deux capitaines en dégainant son sabre, trahissant ainsi son impatience.

Saluant d'un signe de tête les encouragements de son ancien capitaine, Haiko le suivit du regard jusqu'à ce qu'il se propulse au loin. Puis, il se rapprocha de Tenzen, les yeux brillant de malice. En son fort intérieur, il trépignait d'impatience. La bombe Haiko était prête à exploser et la question de son vis-à-vis enclencha le compte à rebours...

...5...

« Je pense que l'endroit parle de lui même n'est-ce pas ? »

...4...

« Je pourrais aussi vous expliquer en détails ce qui m'a amené à refaire la décoration du lieu. Cependant, je n'ai pas envie d'abuser de votre temps plus que nécessaire. J'irais ainsi droit au but. Mais avant, j'aimerais vous présenter quelqu'un... Shitsuren, viens donc saluer le capitaine s'il te plaît. »

Il venait d'appeler l'âme de son trancheur d'âme qui entra alors dans le premier stade de sa libération. Au bout de quelques instants, il constata, confus, que sa partenaire n'avait pas vraiment jeté son dévolu sur le bon capitaine. Elle l'avait fait exprès, Haiko en était certain. Ainsi, la demoiselle de lave et de flamme venait de se matérialiser à la hauteur de Tojô, pile en face de lui. Elle le reluqua de haut en bas avec envie avant de lui déclarer d'une voix chaude et voluptueuse...

...3...

« Salut beau gosse... Woups ! »

D'un geste qu'elle pensait taquin, Shitsuren avait tenté d'effleurer le torse du colosse, mais l'uniforme n'avait pas l'air d'avoir apprécié le contact de son index enflammé.

...2...

« Au lieu de draguer, viens par ici. »

Sur quoi la belle soupira de déception. Elle s'éclipsa en lançant un dernier clin d’œil espiègle au capitaine de la septième division. Elle réapparut à côté d'Haiko en saluant plus sobrement son vis-à-vis. Étrange... Peut-être n'était-il pas son type ? Ou alors était-ce l'un de ses caprices ? L'Ardent secoua lentement la tête d'un air désespéré devant l'attitude de sa moitié. Depuis qu'ils avaient renforcé leur lien, plus aucune barrière ne séparait les deux âmes. Ils étaient devenu complice, même si Shitsuren gardait ses mauvaises habitudes. Le grand frère et la sœur cadette, voilà ce à quoi devait s'attendre le duo de hauts-gradé en observant les deux âmes qui se dévisageaient avec défi. C'est tout juste si la jeune flamme ne lui tirait pas la langue...

...1...

« Excusez-la capitaine... Vous parliez de contrôle, hm... Je dois avouer que mademoiselle à son petit caractère et que ce n'est pas facile tous les jours... » - Tirage de langue de l'intéressée - « ...mais son aide m'a été précieuse et nous ne serions pas là sans elle. Je vais d'ailleurs de ce pas vous montrer ce que nous avons accompli ensemble... Shitsuren ? »

La belle hésita un instant. Une moue exagérée modelait ses lèvres. Elle se dandinait en narguant son partenaire, visiblement agacé. Puis, dans un rire cristallin elle s'exécuta et disparut à la vue de tous, retournant à sa forme initiale. Haiko se détourna alors du capitaine Yakushiji en se volatilisant d'un shunpô. Shunpô qui l'amena pile au milieu de la zone dévasté. Sans perdre de temps, il se mit en place. L'épée pointe vers le sol, son reiatsu commençait à se répandre dans l'atmosphère. Ses doigts se dégrafèrent lentement du pommeau de son arme.

...0...

« Bankai... »

Dès l'instant où le sabre se noya dans le sol, une vague d'air chaud alourdit l'atmosphère à la volé de reiatsu embrasé du lieutenant. Les cendres dormantes au sol s'affolèrent et une lave gourmande vint combler les fissures environnantes en explosant à la surface. Un grondement sifflé accompagna le passage de la seconde vague de chaleur jusqu'aux oreilles des deux capitaine, soufflant le reste des cendres qui se dissipa rapidement dans l'air. Au centre d'une gigantesque fleur de lave bouillonnante, Haiko tenait déjà sa lame de Rubis. Il héla à moitié ses deux observateurs.

« J'espère avoir répondu à votre question Yakushiji-Taishô ! En revanche, je n'ai pas souhaité la présence de deux haut-gradé pour le simple fait d'admirer. Pardonnez ma présomption mais, de mon point de vue, seul des capitaine pouvaient juger efficacement du pouvoir qui est le mien. Aussi, oserais-je vous demander de me tester afin que je puisse me rendre compte de ce que vaut cette libération en situation. Son usage m'est assez éprouvant, mais ne me ménagez pas ! »

En effet, le simple contrôle de cette forme était déjà épuisante en soit pour le petit shinigami. Au loin, on pouvait même apercevoir sa cage thoracique se soulever à chaque respiration de sa part. Depuis ses trois semaines d'entraînement dans cette même zone, il n'avait pas renouvelé l'expérience. La différence étant que cette fois, l'Ardent n'aurait pas à combattre son propre zanpakutô dans un état d'épuisement avancé, mais un tout autre adversaire, en pleine possession de ses moyens. Déglutissant péniblement, il ferma les yeux en écoutant les battements de son cœur. Il régula sa respiration avant de rouvrir les yeux. Détendu, il attendait désormais de voir la réaction de son vis-à-vis. Un simple conseil à la volée, une attaque soudaine, un défi ?

Spoiler:

Il n'est pas dans mes habitudes de ménager mes adversaires, même lors d'entraînement. Ce genre de discussion est chose à prendre au sérieux. Cependant, restez attentif et concentré. Il serait dommageable de vous retrouver blessé si rapidement. Vous aurez besoin de toute votre énergie pour approfondir encore cette nouvelle force qui est la vôtre.
Aussi, s'il n'est pas dans mon souhait de faire semblant, laissez-moi tout de même vous accorder une faveur. Celle du premier feu...

Spoiler:

Le premier feu... Un sourire fugitif s'imprima sur le visage d'Haiko. Une image bien trouvée au regard de la situation. Le petit shinigami redevint vite des plus sérieux, s’imprégnant des effluves de chaleur mordante émanant des brèches alentours. Malgré l'effort que requérait sa libération, il ne pouvait s'empêcher de ressentir un profond bien-être. Concentré, il l'était. Toujours immobile, l'Ardent évaluait la distance entre lui et sa cible. Celle-ci se trouvait dans la zone calcinée, bien... La vivacité de ses attaques ne seraient donc pas ralentie.

Doucement, le vice-capitaine abaissa sa lame qui effleura le sol de sa pointe. Ses cheveux et son uniforme commencèrent à se faire doucement ballotter de côté par la chaleur soudaine qui semblait converger au bout de l'arme. Le jeune homme inspira longuement. C'est au moment de relâcher une forte expiration qu'il leva son sabre en le pointant vers le capitaine. Instantanément, une épaisse liane de lave s'extirpa de l'endroit auparavant pointé par le zanpakutô. Fondant sur sa cible à une vitesse hors du commun, la serpentine de lave décrivait une trajectoire ondulante, mais facile à prévoir. Cible accrochée...

Haiko n'en resta pas là, connaissant la façon dont sa première attaque terminerait sa course, il fit virevolter son épée. Tailladant l'air de coups verticaux, le sabre trancha également deux entailles dans le sol de chaque côté du shinigami. Continuant son mouvement, le petit shinigami arma son bras en arrière avant de déclencher une nouvelle estoc indiquant la position du Yakushiji. Dès lors, la lave répondit à son maître en jaillissant des deux entailles incandescentes nouvellement pratiquées. Celles-ci décrivirent deux larges courbent parfaitement symétriques à leur jumelle centrale. L'une d'elle rasa de près l'arbre où se tenait le capitaine Himesaki, l’enflammant au passage. Sur ce coup là, le vice-capitaine n'avait pas fait attention, un sérieux problème s'il devait un jour se battre en compagnie d'alliés... Les trois jets de magma tracèrent ainsi leur route avec pour seul et unique objectif, Tenzen.

L'Ardent accusait le coup, cela se voyait clairement de par la sueur mouillant déjà légèrement son front. La quantité de liquide vital qu'il venait d'extraire à la terre n'était pourtant rien comparé à son contrôle. C'est là où son zanpakutô lui fournissait un appui énorme. En effet, si le shinigami n'avait pas besoin de concentrer énormément d'énergie pour faire appel à son pouvoir, le commander une fois à l'air libre ponctionnait dans ses réserves de reiatsu à une vitesse hallucinante. C'est là où Shitsuren tentait tant bien que mal d'alléger la ponction en offrant de sa propre énergie. Sans cela, Haiko serait tout simplement incapable de manipuler son bankai. Cependant, sa moitié l'avait éprouvé et sa libération, il la devait à son immense réserve de reiatsu.

De front, la langue de lave centrale frapperais la première, suivit de près par ses deux jumelle qui viendraient attaquer les flancs du capitaine. Le bretteur maintenait son regard fixé sur son mentor qui voyait s'abattre sur lui le premier feu...

Sōren Sōkatsui !

Haiko tiqua, fronça brièvement un sourcil en voyant ses trois jets de lave converger vers le capitaine. Il ne bougeait pas... Et ce qu'il redoutait arriva. Tout le magma se déversa en un seul et même point. De part le petit monticule que le liquide incandescent recouvrait, il avait fait mouche, aucun doute à avoir. Conservant sa pose, l'estoc toujours portée en avant, il redressa légèrement la tête. Son lien au magma le lui confirma, il ressentait parfaitement la présence de Tenzen en dessous de toute cette masse lourde et visqueuse. L'Ardent ne comprenait pas. Son attaque avait été rapide certes, mais pas au point de prendre de vitesse l'homme qui pouvait se permettre de faire jeu égal avec le Kenpachi. Lucide, Haiko maintint sa garde, une sage décision...

Car brusquement, plus rien... La couche de lave s'affaissa sous une explosion de pétales immaculées. Au même instant, un frisson parcouru l'échine du petit shinigami lorsqu'il entendit les mots que venait de prononcer le Yakushiji, dans son dos. Comment ?! Le temps ne permettait pas un tel questionnement car derrière lui, le feu du hadô était lancé. Vif comme la flamme venant de nimber sa lame de son feu, le vice-capitaine se retourna soudainement en faisant décrire à son épée une brutale taille ascendante. Ceci eu pour effet de déclencher sa technique qui s'extirpa de se coup dans un ronflement assourdissant. Malheureusement, aussi rapide qu'il fut, la gigantesque lame de feu décochée à la volée se fracassa quasiment instantanément contre les deux éclairs embrasés du kidô.

Entrant en collision sous le coup montant d'Haiko, les deux brasiers s'élevèrent en un mélange éblouissant d'ambre et d'azur. Pendant une brève seconde, l'Ardent contempla ce magnifique chaos. Le tout détonna violemment entre les deux gradés, projetant le membre de la sixième une dizaine de mètres plus loin. Heureusement pour lui, il parvint à se rattraper avant de déraper un bon mètre de plus sur le sol. Le souffle court, il réalisait à peine ce qu'il venait de se produire tant la vitesse du capitaine l'avait pris par surprise. Se remettant en garde, il dégluti péniblement en tentant de contrôler sa respiration. La montée d'adrénaline avait été si forte qu'il ne s’était même pas aperçu de l'état dans lequel il était. L'uniforme cramoisi par le souffle de l'explosion, déchiré aux épaules ainsi qu'aux genoux, laissant entrevoir quelques menu-brûlures.

Il fallait dire aussi que manipuler un zanpakutô tel que Shitsuren offrait une certaine tolérance à la chaleur, mais inconsciemment, Haiko n'était pas vraiment pressé d'éprouver ce seuil... Temporisant légèrement, il interpella son vis-à-vis.

« Un coup vicieux capitaine... Vous ne me ménagez vraiment pas et je vous en remercie. Maintenant, permettez-moi de vous rendre la pareille. »

Toujours l'air aussi joviale malgré toute cette tension, le shinigami inspira longuement, canalisant son reiatsu au cœur de sa lame portée haute au dessus de sa tête. Encore une fois, du magma réapparut en s'élevant tout doucement du sol juste derrière lui. Les cinq épais serpents de lave se dressèrent lentement au dessus du jeune homme à la manière de ces reptiles, se courbant légèrement en direction de son épée. C'était comme si les ardents compagnons de notre dresseur suivaient une proie du regard. Vraiment, on aurait cru observer des êtres vivant. Haiko rabaissa lentement son arme en l'empoignant désormais à deux mains, sous le « regard » des flux de laves qui se courbèrent sur ses côtés. Adopter un tel état stationnaire éprouvait visiblement le vice-capitaine.

A en juger par son visage trempé de sueur, l'effort était intense. S'il avait dû décrire ce sentiment lui même, il aurait sans doute vu l'eau d'un barrage faisant pression contre son béton fissuré. Le bretteur ramena son sabre à son côté, abaissant son centre de gravité au plus près du sol. Il s'apprêtait à charger, cela ne faisait aucun doute. Il était parfaitement conscient qu'un esprit aussi aiguisé que celui de Tenzen saurait détecter le mouvement. Son analyse de l'offensive précédente restait encore incertaine et il se dit simplement que la voire de plus près éclairerait sans doute sa lanterne. Et puis, attaquer de front, accompagné de sa garde personnelle, lui éviterait un possible coup en traître. Du moins... C'est ce qu'il voulait faire croire...

C'est alors qu'il s'exécuta. Accumulant rapidement une certaine masse de reiatsu sous la plante de ses pieds, l'image d'Haiko que pouvait voir Tenzen se troubla progressivement, se superposa, se déforma, se reforma, un mirage. Un instant plus tard, l'image disparue, l'Ardent s'était volatilisé... C'est à ce moment là que les cinq jets de lave auparavant statiques foncèrent férocement sur le capitaine, comme au signal d'un top départ.

Sourire aux lèvres, le petit shinigami se tenait déjà derrière son adversaire, comme lui l'avait fait précédemment. Le zanpakutô déjà tendu vers sa cible, signe que celle-ci était déjà accrochée. Il avait quand même un sacré sens de l'humour pour oser imiter un supérieur de la sorte. Après tout, les enfants apprennent bien de leurs parents par imitation. Et puis, sur le terrain de la vitesse pure, Haiko n'était pas en reste. C'est dans cette optique qu'il fixait le Yakushiji de son regard bleu nuit. Bougerait-il ? Ne bougerait-il pas ? Ça, le vice-capitaine n'en savait rien, mais malgré ses airs confiants, son instinct lui disait de se tenir aux aguets. Si son mentor avait déjà usé d'un tour de passe-passe, il pourrait sans doute le reproduire. Après tout, ce n'était pas aux vieux singes que l'on apprenait à faire la grimace !

Dankū !

Outre l'utilisation de votre Bankaï, si je puis vous donner un conseil... Je reconnais deux sortes de discussions. L'une à base de mots, de gestes, de réactions. L'autre à base de Reiryoku, de sueur et de sang. Même s'il ne s'agit que d'un entraînement, tachez de ne pas mélanger ces arts nécessitant tous deux votre souffle.

Pour en revenir à votre puissance, elle est tout à fait respectable, mais il me chagrine que vous n'ayez pas fait usage d'une arcane différente. Cette technique qui est vôtre peut être redoutable face à un être ne disposant pas de défenses étendues. Ce qui n'est pas mon cas, et je crains malheureusement que vous ne puissiez plus me surprendre avec celle-ci.

Auriez-vous donc autre chose à me montrer avant que je ne fasse le bilan de cette rencontre ?

Haiko observait ses servants incandescents se fracasser sur la barrière magique tel la pluie sur un pare-brise. Partagé entre la déception d'avoir échoué encore une fois et l'admiration que lui inspirait le Lotus, l'Ardent baissa sa garde, éblouit par le miroir apparaissant sous ses yeux. Plissant des yeux d'un air suspicieux, il se demandait bien comment le capitaine avait fait pour le devancer sur un mouvement aussi rapide. L'expérience sans doute. Après tout, le petit shinigami n'avait pas à faire avec n'importe qui ! Pouvoir déployer une barrière de cette ampleur sans même une incantation, cela forçait le respect. Vint alors le partage du savoir, émit de la bouche du Yakushiji.

Ainsi, tout n'était qu'une affaire de déduction. Encore fallait-il avoir son degré d'acuité sensorielle. Haiko, dépourvu de ce genre de talent, se fiait plutôt à sa vitesse afin de pouvoir faire face à toute sorte d'imprévu. Jusque là, on ne pouvait pas dire que cela lui avait réussi. De ce fait, les remarques de son mentor ne tombèrent pas dans l'oreille d'un sourd. Il l'écoutait studieusement, retenant mollement le manche de son épée tenue sur le côté. Faire dans la dissimulation alors que Shitsuren œuvrait sur le terrain de l'ostensible. Les lèvres d'Haiko se plissèrent à la pensée d'un tel paradoxe. Cacher à l'adversaire ses intentions était une chose, le surprendre en était une autre. Et de ce point de vue là, l'Ardent n'avait visiblement pas de quoi contenter l'homme en face de lui. Qu'à cela ne tienne ! Il voulait du neuf...

Marqué par une fatigue maintenant bien présente, le vice-capitaine fixait calmement son vis-à-vis sans se démonter, son air joyeux en moins. Une épaisse mèche de cheveux battait doucement devant son œil droit, tandis que le gauche vint se faire masquer brusquement par la levée de son bras. Dès lors, six épais piques cendrés surgirent du sol à deux pas devant lui, le masquant à la vue de son adversaire. Dans la seconde qui suivit, le zanpakutô de l'Ardent tailla dans le vif en faisant éclater ces gigantesques dents en une déferlante de gaz, de roches et de cendres mêlées. Lui, il ne bougea pas d'un pouce, laissant la coulée pyroclastique dérouler son nuage brûlant à l'encontre de Tenzen. A cette distance, la cible n'aurait pas vraiment beaucoup de temps pour réagir car l'attaque gardait encore tout de sa vitesse destructrice. Mais étant donné l'adresse dont faisait preuve le capitaine depuis le début de la joute, le voir se dégager ou encore faire usage d'une barrière n’étonnerait pas le petit shinigami...

Mairu hasu no hanabira !

Voilà qui est mieux. Comme je vous le disais, votre puissance est établie. Ne vous reste qu'à pratiquer encore et encore pour peaufiner vos stratégies. Si vous devez vous trouver des partenaires pour ce faire, privilégiez les Capitaines. C'est dans les combats difficiles que l'on progresse...

Bien sûr, il vous faudra également ne pas hésiter à faire usage de tout ce que vous avez déjà appris. N'ignorez pas que tout ce que votre Shikaï sait faire, votre Bankaï en est capable également. Ce sont autant de notes qu'il vous faudra adjoindre afin de composer les mélodies les plus efficaces.
Une dernière chose, juste au cas où. Certains Dieux de la Mort développent des idéaux dont nous ne devons pas nous encombrer. Un combat correct, chevaleresque... Cela nous éloigne de nos buts. La seule chose qui importe est la victoire. Pour cela, tous les moyens sont bons...

Je pense pouvoir conclure que nous en avons terminé. Continuez de travailler dur, Kaogake-Fukutaishô, car rien n'est jamais acquis. Vous avez démontré une puissance certaine, mais nos ennemis ne se reposent pas et il nous faut donc chaque jour chercher à repousser nos limites. D'autant que dans vos futurs affrontements vous devrez vous attendre à ce que vos adversaires rendent les coups...