AccueilDernières imagesRechercherS'enregistrerConnexion

CreativeJuiz

OuvrirFermer






Le forum est fermé. Vous pourrez nous retrouver sur notre nouveau projet ICI
Le Deal du moment : -15%
(Adhérents Fnac) LEGO® Star Wars™ ...
Voir le deal
552.49 €

Partagez
 

 Fuyu ~ la Liseuse de Rêves

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Fuyu
Fuyu
Rang : Liseuse de Rêve ~ Arrancar

Messages : 1
MessageSujet: Fuyu ~ la Liseuse de Rêves   Fuyu ~ la Liseuse de Rêves Icon_minitimeJeu 2 Mai - 14:51


Ce monde est il rêve ? réalité ?
Réalité ou rêve, je ne sais, puisque étant, il n’est pas.
Yononaka wa yume ka utsutsu ka utsutsu to mo
Yume to mo shirazu arite nakereba


L’Hiver n’a pas d’âge. Peut être est il vieux comme le monde ?

Un vieux temple aux abords de Karakura en l’honneur de Yuki-Ona c’est substitué à l’immensité blanche du Désert, et une ancienne Vasto Lorde est l’esprit, la divinité, la Liseuse de rêves.
Un flocon de Neige, éphémère et fragile.


Avec une infinie délicatesse, l’oiseau se posa. Lorsqu’on les voyait ainsi liés, on pouvait se demander qui de l’oiseau, ou du doigt, était le plus fragile. Il était si fin que même la branche naissante paraissait plus robuste. La peau était si blanche qu’elle paraissait translucide, et plus d’une fois j’avais cru qu’il suffisait de tendre la main pour la sentir passer au travers. J’eus l’occasion d’essayer. Elle avait l’apparence de la porcelaine, et le toucher de la soie ; à la fois douce, lisse, et froide.
Tout était si froid. Pas seulement ses mains, mais son corps tout entier… Du galbe de sa poitrine à ses plus secrètes beautés, sa peau était aussi fraiche qu’une matinée brumeuse. Jamais, elle ne s’était réchauffée, et semblait à jamais condamnée à la morsure de sa mort. Ses yeux étaient pires encore, si froids que la glace même fondait au contact de son regard. Et pourtant, au-delà de ses pupilles d’un noir d’une profondeur inouïe, il n’y avait que de la douceur. Elle n’était ni la mord ni la morsure du froid que l’on prête à l’hiver : seulement le calme à la fois doux et triste d’une étendue recouverte de neige. Un lieu abandonné, ou parfois, ceux qui reconnaissaient la beauté pouvait trouver la paix. Pour rien au monde, Yumehime ne donnerait la mort. L’hiver n’était qu’une étape, la pause avant le retour de la vie. Elle était la pause.

Ses traits étaient fins, à la fois jeunes et empreints d’une éternité à face humaine. Chacun de ses gestes avait quelque chose de lent et gracieux a la fois, comme échappant eux aussi, parfois, au cours du temps. Tout son être dégageait une tristesse délicate, japonaise, si douce qu’elle faisait finalement sourire. Sourire pour ne pas pleurer. Pourtant, cet ectoplasme avait quelque chose d’effrayant : rien n’était tout a fait humain, pas même le son de sa voix. Il y avait toujours quelque chose ed vibrant, d’hivernal, et on sentait lorsqu’on lui faisait face qu’on avait alors à faire à autre chose.
Lorsqu’elle se prononçait, son ton était toujours doux. Quelque fut la situation, jamais elle ne s’était emportée. Une lame sous la gorge, elle n’aurait fait que s’excuser peut être, ou paraitre plus triste encore. Toutes ses attentions étaient portées vers le bonheur d’autrui, la nécessité du calme, et de l’amour. Non pas l’amour égoïste, l’amour des hommes, mais l’amour. Celui de la nature, l’amour du matin qui embrasse la terre, de la Nuit qui enveloppe le soir venu. Cet amour la caractérise et l’entoure. Il se diffuse autour d’elle, transparait, discret, au fond de son regard, dans la caresse au terme de ses gestes. On le pressent d’abord, puis, quand on le cherche du regard avec attention, on fini par l’apercevoir, là, par un simple détail. Pour peu qu’on y porte attention, il seras toujours présent.

A la voir ainsi, on ne pouvait qu’y reconnaitre un esprit saint et bienveillant. Rien au monde ne laissait deviner sa véritable nature, si ce n’était un éclat, un minuscule éclat, témoignage du bris violent de son masque. Le petit bout blanc était fiché en haut de sa tempe, comme une petite pointe dépassant de sa peau blanche, presque une goutte de lait, et un tout petit trou, perçant le lobe d’oreille opposé à la tempe droite, lui faisait écho. Mais ces deux discrets témoignages se cachaient au regard du monde, noyés sous une interminable chevelure d’ébène, cascade d’Onyx éternellement en suspension dans son dos. Le long kimono immaculé qu’elle portait, toujours le même et a la fois différent, contrastait avec cet interminable voile tout en se fondant harmonieusement avec sa chair. Tout contribuait à sa beauté, a la fascination naturelle qu’elle exerçait sur quiconque plaçait sur elle son regard. Moi aussi, j’avais été subjugué : comme tant d’autres, je ne m’en lassais plus.
Et pourtant, elle n’en profitait pas. Elle n’était pas même coquette. Ses actions étaient à la fois sobres et pleine d’humilité, et jamais elle n’aurait profité d’un quelconque atout, d’une possible supériorité. Il semblait que la colère depuis des millénaires ne l’avait jamais effleurée, par plus que l’envie, la rancœur, l’avidité ou quelconque autre sentiment négatif. L’hiver ne demandait rien, ne prenait rien. Il était là, sans réclamer rien de personne. Et pourtant, on lui aurait donné des montagnes d’Or pour peu qu’elle le suggère.

Non. Sa Nature même prouvait qu’elle ne pouvait être que mauvaise. Au fond de son cœur, Fuyu était rongée par la douleur, et la culpabilité. Mais cette plaie secrète, elle ne pouvait la révéler a personne. Elle avait jadis eu une autre vie, on lui en avait offert une nouvelle. Elle ne se détournerait plus jamais de ses convictions. La prêtresse purgeait ses péchés, et au fil des siècles, un cœur humain se frayait un passage jusqu’à sa poitrine…







Existence


Blanc. Tout a toujours été blanc, et l’immensité vierge cache bien le sang qui la macule. Des siècles, des millénaires ? Ses mains sont aussi blanches que ce sable de Quartz, et pourtant ses yeux les voient écarlates. La créature n’est pas une femme : c’est un monstre.


« On m’a donné des yeux pour voir et une bouche pour prier. »

A une question depuis longtemps oubliée, Fuyu avait un jour répondu cela. J’avais plongé mes yeux dans les siens, et m’était sentit envahit par la tristesse. Plus jamais, je ne lui demandais quoi que ce soit concernant son passé.



Un Lapin blanc est descendu des montagnes enneigées
Tué, il a toujours les yeux ouverts.
Shiroki usagi yuki no yama yori idete kite
Korosaretareba me o hikari ori


Il y a très très longtemps, l’amour mena une jeune femme jusqu’à une plaine enneigé qui s’étendait à l’infini. C’est là qu’elle trouvât la mort.

C’était un temps ou rien n’était encore tel qu’on le connait aujourd’hui, si ce n’est le ciel, la terre, et l’odeur de la neige. Elle demeurât enchainée la, hors du temps, pendant une éternité avant de rejoindre l’autre monde. Celui-ci n’eut rien de plus à lui offrir que l’endroit qui l’avait maintenu captive, si ce n’est une faim dévorante. Son esprit était demeuré prisonnier de l’étendue immaculée, et en elle, il ne restait plus rien qu’un instinct sauvage. Une faim terrible avait envahit son corps, et c’était sans l’ombre d’une distinction qu’elle arrachait la vie même aux morts, pour s’en repaitre. L’hiver mordait sans distinction sur son passage, semant un froid de mort. Les membres s’engourdissaient, et on répondait à un doux sommeil, avant que la créature n’apparaisse en rêve, tel le pire des Onis. L’âme mise a nue, elle n’en était que plus délicieuse, et la saison vorace prenait plaisir à la tourmenter avant de mettre fin à son règne. Dévoré, le rêve de l’âme se transformait en étendue désertique. Un désert au commencement, un désert à la fin : la vérité était dans le vide.
L’Ectoplasme solitaire, dévorant les âmes qu’il rencontrait, faisait grandir a chacune d’elle son propre vide. Si tôt qu’il fermait les yeux, il voyait l’étendue enneigée un peu plus vaste que la fois précédente. Cette unique étendue, interminable, elle avait grandit, s’était formée en rassemblant toutes celles laissées sur son passage. Ce n’était plus seulement le vide de son âme, mais de celles de toutes les victimes qu’elle avait faite. Au bout de plusieurs siècles, millénaires, elle était devenue infinie. Le Vaste monde d’une Vasto Lorde.


La silhouette féminine planait au dessus du sol, se mêlant à une sorte de brume neigeuse. Les longs pans de tissus du kimono planaient autour d’elle, et tout était si blanc qu’on aurait pu la voir disparaitre pour peu qu’elle s’allonge sur le sol. Ses cheveux, son corps, son visage… Il n’y avait rien, sur ce visage : ni yeux, ni bouche, ni nez. Rien qu’une surface lisse, surmontée de deux cornes et au centre de celle-ci, un trou béant..
L’être avait élu domicile dans une grotte, ou il pouvait sommeiller en paix pour atteindre des proies même éloignées de lui. Mais cette fois ci encore, ce fut dans cette plaine que le mena son sommeil. Du peu qu’il y avait a la connaitre, il la connaissait par cœur. Parfois une bosse, parfois un arbre mort. Mais rien de plus : ni vie ni variations, seule une image de désolation. Doucement, il avancait à travers cet étendue sans but précis, sachant –et le regrettant- qu’il n’y trouverait rien à manger. Et puis, ce jour là, quelque chose fut différent.

L’être éprouva quelque chose. Comme revenue d’entre les morts, une sensation l’envahit et le figea sur place, alors que quelque part au centre de son torse, un serrement. Qu’était ce ? L’être sentait, entendait. Il avait appris a reconnaitre les âmes endormies et à se glisser dans leurs rêves. Il avait apprit a tuer de ses mains et à rependre le gel. Mais l’être avait oublié ce que c’était qu’un sentiment, ce qu’était un cœur, ce qu’était la curiosité. Cette étreinte, c’était un appel : l’appel de quelque chose qui était la, juste devant, au sol et qui le réclamait. Mais à la place de son visage et il y avait une brèche, et guère d’yeux pour voir. Le monstre comprit ce que c’était que la frustration, au plus profond de lui-même. Il s’agenouilla et sentit une rage sourde l’envahir, rage à laquelle il ne pouvait rien. Alors il éleva ses mains ensanglantées a son visage, et comme obéissant a un instinct, il y fit crisser ses ongles. Le bruit strident résonnait dans le vide de la dune. Les ongles se glissèrent enfin dans une fente, et avec une violence inouïe, le monstre s’arracha le visage.



S’évanouit pour renaître l’écume qui joue sur les rochers
Retenue un instant dans la débacle de la glace.
Kiekaeri iwama ni mayou mizu no awa no
Shibashi yado karu usugori kana


De l’abri, il ne restait plus rien que des cendres. Ce n’était pas l’odeur, ni les sensations que lui rapportaient la brume qui expliquaient cela à l’être, mais ses yeux qui pour la première fois semblaient s’ouvrir sur le monde. Ses lèvres s’entrouvrirent, pour libérer un souffle lourd et froid. Un frisson parcourait son échine alors que surprenante, une odeur âpre emplissait ses poumons. Ses deux grandes prunelles de jais se posaient sur le sol face à elle. La, une petite étendue enneigée couvrait le Quartz, et un peu de son rêve s’était attardé dans le Yermo. L’object de ses convoitises, la raison de son acte, était là : les restes d’une chaine brisée. L’esprit oscilla, alors que son cœur se serrait plus encore.
Un sentiment puissant déferlait en elle. Face à cette chaine, l’amour de la femme morte jadis ressurgissait, pour la prendre d’assaut. Assise au sol, tremblante, elle éleva lentement les mains et n’y vit que de l’écarlate. Sa gorge se serrait, et un sanglot amer s’éleva.

Doucement, son doigt effleurait les anciens anneaux, brisés. A la base de la chaine, quelques un avaient survécus, et s’ancraient toujours dans le sol. Comme si elle craignait un grand danger, ses gestes étaient prudents, lents et tâtonnants. Le métal était plus froid encore que sa peau, et elle se surprenait à y être plus sensible que jamais durant elle ne l’avait été au cours des siècles précédents. Alors, elle entoura de ses doigts le vestige et, le serrant, se mit à tirer dessus comme si elle avait voulu l’arracher du sol.




Traversant la brèche qui s’était ouverte, Fuyu laissait derrière elle le monde blanc pour, soudain, être entourée de senteurs, de couleurs et de sensations. Autour d’elle, le touché feutré de la neige, et son odeur si particulière, se mêlait à celui de l’aiguille des pins, le chant de l’eau, l’écho du bambou taillé, la mousse tapie sous le temple.
C’était un petit sanctuaire en l’honneur de Yuki-Onna, entièrement entouré de conifères. On y accédait par un long escalier entouré de Toris discrets qui se perdaient dans le feuillage. Le calme y régnait, et le manteau blanc de l’hiver magnifiait les lieux. En y arrivant, l’esprit eut l’impression de se trouver dans un lieu fait pour elle. Mais cette pensée l’embarrassait, et elle s’efforça de l’ignorer. Sentant une présence à sa droite, elle tourna la tête pour découvrir, de l’embrasure de l’entrée du temple un homme menu, au crane chauve, qui portait un kimono aussi noir que sobre. Il la regardait, et ne semblait pas effrayé. Mais elle sentait, au fond de son corps, l’attention qu’il lui portait et répondit au regard qu’il tenait rivé sur elle. C’était le Goji de ce temple, et ceux qui lui étaient le plus proche le nommait Kasen-sama.
L’homme reconnut la nature de l’Arrancar tout comme il vit la perdition dans ses yeux. Il avait beau connaitre leur espèce, le sage ne vit que de la détresse, et plutôt que de l’attaquer, il établit le dialogue. L’esprit fut invité dans l’enceinte du temple, et par les réponses que lui donnait le prêtre supérieur, elle put se découvrir et se comprendre. Ce monde était celui des hommes, et cet homme face à elle était une personne dotée de pouvoirs dangereux, mais qui les avait voué au service du Shintoisme, tout comme il l’avait fait de son existence. En parlant avec lui, elle se découvrit a la fois une admiration, et une sympathie pour cette personne noble. Il lui permit de rester dans le temple.



Tourmente de neige
Jadis je suffoquais dans ses bras.
Yuki hageshi dakarete iki no tsumarishi koto


Rien n’était plus terrible pour la jeune femme que le souvenir de son existence dans le désert blanc, et le rouge de ses mains. Les autres ne le voyaient pas, elle ne pouvait y couper. Cette couleur oppressante l’étouffait, la faisait mourir. Elle voulait fuir cette nature qui la condamnait et l’avait condamné à quelque chose qu’elle n’avait jamais voullu. La chaine avait éveillé en elle une âme ancienne qui ne s’était guère sacrifiée pour ca. Elle en devenait malade.
Lorsqu’elle eut finalement le courage d’en parler au Gujin, il prit ses mains entre les siennes et prononça des vers pour l’apaiser. Elle le regardait, et se sentait émue. Lentement, il avait pris des bandes de tissus blancs, et les enroulait autour de ses mains délicates : ainsi enveloppées, elle ne les verrait plus jamais rougies.

Depuis qu’elle avait recouvré son esprit, l’Arrancar dénigrait l’existence qui était la sienne : elle voulait même s’en racheter. Cela allait faire un mois désormais qu’elle allait au temple, et elle ressentait un profond respect pour la vocation de Kasen, et de la tendresse pour chacun des fidèles qui venait y prier. Cet endroit lui plaisait, et apaisait ses tourments… Mais elle se sentait inutile. Personne ne pouvait la voir, et elle ne pouvait rien être d’autre qu’un esprit hantant les lieux. La encore, elle en fit part à son ami, et il lui répondit avec bienveillance. Elle n’était à ses yeux ni un fantôme, ni un maléfice, mais un Kami de l’hiver, et possiblement, le Kami des lieux. Fuyu ne put se prononcer. « Hiver », c’était le nom qui était venu spontanément se poser sur elle, comme une feuille bâtisse le thé né de son infusion. Cet endroit était en l’honneur et pour la protection de Yuki-Onna, la femme Neige. Malgré la puissance de leur Guji, aucun esprit n’avait jamais habité réellement les lieux, avant qu’elle n’arrive. Elle était leur Yuki-Onna.


Lorsque les voyageurs demeuraient dans le bâtiment annexe au temple, ou les moines s’assoupissait, Fuyu fermait les yeux et sentait leur sommeil. Elle était toujours liée aux rêves… Mais la volonté de manger l’avait quitté, et sa plaine était déjà bien trop vaste. Elle voyait ces univers colorés, doux, et ne souhaitait pas leur nuire. Mais les gens venaient au temple pour prier, et demander des faveurs aux Kamis, et lorsque finalement, ils s’assoupissaient, leurs tourments envahissait le monde de leur rêves, et les teintait d’effroi. Un jour, un jeune garçon qui avait perdu sa mère peu de temps avait criait tant dans son rêve que Fuyu ne pu s’empêcher de porter son esprit jusque la.
Le rêve était sombre et l’image de sa mère défunte prédominait, mêlée aux souvenirs heureux, et si précieux, qu’il avait d’elle. L’enfant, recroquevillé sur lui-même, sangloté dans un coin du rêve. La Dame blanche glissait sans un bruit, et le garçon souffrait trop pour lui prêter attention. Doucement, elle vint jusqu’à lui, pour s’agenouiller et effleurer sa joue de sa main. Il levait les yeux : son regard était doux et plein de tristesse, alors qu’elle lui souriait. Dans un souffle, elle murmura des vers comme l’aurait fait Kasen. Les larmes de l’enfant reprirent de plus belle, et le fantôme entoura la silhouette chétive de ses étoffes immaculées. Elle sentit alors toute la chaleur de ce corps contre le sien, quand bien même il ne s’agissait que d’un rêve.



Perles de rosée, rêves, monde, chimères, tout, par comparaison
Est Eternel
Shiratsuyu mo yume mo konoyo mo maboroshi mo
Tatoete ieba hisashikarikeri


Une maigre flamme brûlait dans la lampe prévue à cet effet, et son éclat traversant le papier de soie projetait des lueurs vacillantes dans toute la pièce. Fuyu se tenait là, assise, mais celui était venu à elle ne pouvait la voir. Il y avait traditionnellement dans chaque temple shintoïsme une pièce centrale ou seul le prêtre supérieur pouvait entrer ; c’était ici légèrement différent. L’esprit demeurait dans la même pièce que l’artefact maitre du temple, et faisait ainsi corps avec le kami des lieux. En d’autres termes, elle l’était. Les Kamis n’étaient ils pas présents en toute chose ? Elle avait d’abord refusé ce titre, elle le portait désormais avec humilité. Elle n’en était pas moins un monstre, elle n’en était pas moins un Arrancar. Seulement, la polyvalence du mot le rendait acceptable. Afin de ménager les effets que cela produisait sur les fidèles, Kasen avait décidé que les cérémonies se dérouleraient là, et nul part ailleurs. Dans cette pièce vaste et calme, ou tout était baigné de sacré, les pouvoirs de la demoiselle était les plus fort. De plus, c’était par ce subterfuge que ceux qui venaient à elle se sentait le plus en condition, et s’offraient le plus ouvertement.

La jeune fille se tenait là, regardant dans le vide : elle se croyait seule. Fuyu savait déjà que la demoiselle n’était pas venue de son plein gré, mais poussée par le garçon qui l’aimait et a qui elle avait accepté de donner une chance. Chose qu’elle avait faite avec une certaine retenue cependant, parce qu’elle souffrait d’une aversion spontanée pour les hommes. Son prétendant avait beau être adorable et redoubler d’efforts, il y avait toujours une retenue, une peur… Pourtant, elle l’aimait beaucoup. Mais le problème résidait plus profondément en elle, et après n’avoir trouvé aucune échappatoire, elle se voyait finalement trainer ici. L’idée ne l’enchantait pas tout à fait, et l’Arrancar le sentait. Cela ne rendait certes pas les choses plus faciles, mais beaucoup érigeait des barrières autour de leur cœur.
Une couche attendait patiemment au centre de la pièce. Afin qu’elle prenne son courage à deux mains et se décide, la prêtresse –car elle se considérait un peu ainsi, et Kasen-Guji en faisait de même- répandit dans la pièce son aura apaisante. Finalement, enveloppée dans le Yukata de coton blanc qu’on lui avait confié, elle s’étendit pour regarder le plafond. Le sommeil fut long à venir malgré l’aura bienfaisante.


Tout était noir… Ca n’était pas une chose rare, sitôt que la personne ne se tenait pas prête a lui ouvrir son rêve. Deux grandes cornes blanches perçaient le front de l’Arrancar, qui planait au dessus du sol. Et elle, demeurait immobile, l’air mécontente, debout au centre de cet espace vide, et elle toisait l’esprit. « Alors c’est toi, le Kami ? » Fuyu fit oui de la tête, et rien d’autre. Elle s’était arrêtée a quelque distances d’elle. Elle laissa à nouveau son aura apaisante se déployer doucement autour d’elle.

« Je sais pourquoi tu es ici, mais je ne peux rien faire si tu refuses de t’ouvrir à moi. »
« Quoi ? T’es la Liseuse de rêves, débrouille toi ! C’est pas à moi de faire ton boulot. »
Fuyu se tût, se rapprocha, jusqu’à ce qu’elle soit si proche que la demoiselle se sentait contrainte de faire un mouvement de recul. Sa main s’élevait pour effleurer la joue de la jeune fille, qui restait sur ses gardes, les sourcils froncés et les muscles bandés. La Liseuse avait l’habitude.
« On dit que tu as peur des hommes, mais le problème est ailleurs, n’est ce pas ? »
Elle abordait un sourire doux, et ses prunelles d’un noir profond c’étaient posées sur le vert de celles de la jolie blonde. Dans le noir environnant, il eu un éclat, le visage d’une femme. Cette image crépitait, et la concernée ne la remarqua pas tout de suite. Fuyu y posa son regard, et demanda « Qui est ce ? ». Le corps de sa consultante fut alors parcouru d’un soubresaut, elle serrât les poings. Finalement, sa tête se fit basse et l’une de ses mains vint serrer son avant bras, alors que les portraits de cette femme se multipliaient autour d’elles.

« C’est ma mère. »

La séance avait commencé. Désormais, elle lui ouvrait son cœur et la prêtresse pouvait lentement mais surement, y fouiller pour la découvrir, et l’aider à se découvrir. Ce que Yumehime lisait dans les rêves demeurait toujours secret, et elle ne prenait pas ce qu’elle découvrait des gens pour elle. Rien ne la motivait sinon son désir d’aider autrui à aller de l’avant, et sa propre personne ne lui était d’aucune importance. De même, la notoriété que lui apportaient ses lectures lui était indifférente. Kasen le savait, et n’en profitait pas non plus : ses services était gratuits, et il empêchait juste que l’on se bouscule pour en profiter. Les gens venaient voir Yumehime –Princesse Rêve, c’était le surnom qu’on lui avait prêté- comme ils venaient prier, l’approche était juste légèrement différente. S’il venait pour la réussite de leur examuns, et elle les aidait à retrouver confiance en eux et chasser le stress, s’ils venaient pour l’amour, elle les conseillait pour les démarches à suivre et reconnaitre leurs défauts, quand un homme était amnésique, elle le replongeait dans les confins de sa mémoire… Elle était à la fois psychologue, médecin, mère, amie. Certains venaient régulièrement, la plupart ne venait qu’une unique fois : ils considéraient que chacun dvait avoir son opportunité. Les consultations avaient lieux de jour comme de Nuit, la petite pièce se trouvant toujours baignée par la même lumière tamisée. Parfois, il venait également d’autres personnes… Des personnes influentes, des politiciens, des êtres qui n’étaient pas humains.

Eux la voyaient, la craignait parfois. Mais tous venaient pour la même raison que les autres : plonger en eux même, et repartir apaisés. Alors elle les rassurait, jurait que jamais elle ne leur ferait de mal, et parfois, il acceptaient de s'endormir auprès d'elle, pour une lecture.



Comme un papillon percé par une aiguille
Qui se tord de douleur en voulant s’envoler.
Ikinagara hari ni nukareshi cho no goto
Modaetsutsu nao toban to zo suru.


Cette jeune fille avait une mère volage, qui avait changé de nombreuses fois d’hommes. Certains d’entre eux avaient été inconvenants avec elle, et elle en avait beaucoup souffert. La mère accusait souvent son père de tout leurs maux quand elle était jeune, et la fillette n’avait jamais pu le revoir : si elle semblait détester les hommes, ce n’était qu’une réaction de rejet, et le centre de ses tourments se focalisait sur la figure maternelle. Mais elle ne la haïssait pas. C’était pour cela même, et par amour pour sa mère, qu’elle avait retourné son courroux contre tous les hommes. Fuyu en parla longuement avec elle, et à chaque minute qui passait, le rêve autour des deux femmes frissonnait, s’étoffait, faisait raisonner son âme avec ce monde modulable. Sous ses airs de dure à cuire, son rêve s’était révélé féerique : sa mère était la princesse prisonnière en haut de la tour, mais tout les hommes qui venaient la secourir abusaient d’elle pour repartir ensuite, plutôt que de la libérer. Lika (c’était son nom) tremblait de rage et désirait la libérer elle-même, pour qu’elles puissent vivre ensemble, et qu’il n’y ai plus jamais d’hommes. Au terme de la consultation, elle partirait au plus vite retrouver celle qui l’avait mise au monde.
Peu de temps après cette dernière vint elle-même ouvrir son âme a Yumehime et révéler ses peurs et ses faiblesses. Elle aimait sa fille et n’avait fait que chercher à lui trouver un père digne de ce nom, tourmenté par son incapacité a lui offrir une vraie famille. Elle n’avait pas choisit la bonne personne, et aurait fait n’importe quoi pour trouver un beau père aimant et attentionnée, et bâtir un foyer heureux. Elle avait beau être l’ainée, elle était bien plus fragile que sa fille, et Fuyu dut la serrer longuement dans ses bras pour que ses larmes se tarissent. Son rêve prenait place dans la chambre qu’elle avait habitée petite, et sa fille y jouait avec ses propres jouets. Elle attendait ses parents, elle attendait noel, elle attendait qu’on vienne la voir et qu’on lui raconte une histoire : mais rien ne venait jamais, et la chambre, petit à petit, s’effritait. Puis elle se tenait seule sur une route déserte, et son bébé, enveloppé de lin entre ses bras, semblait vide d’âme. L’homme avec qui elle l’avait eu surgissait et le lui arrachait, avant de le déchirer en morceau comme si s’eut été une feuille de papier.

Après la fille et avant la mère, c’était un politicien a l’air doucereux qui était venu, souhaitant se libérer d’irréductible insomnies. Il avait tout essayé avant, sans succès, et semblait sceptique vis-à-vis de cette démarche. Une fourmi avait abattu une guêpe avec plusieurs de ses consœurs, afin de récupérer les vivres que celle-ci avait volé a la fourmilière. Mais une fois ramenés là ou ils devaient être, ceux-ci pourrissaient dans l’instant. Les autres fourmis disparurent alors, le laissant seule dans le nid de la guêpe. La, l’homme regardait ses mains et y voyait de la moisissure. Il essayait de la retirer, sans succès : le mouchoir qu’il avait prit pour ce faire se transformait en papier, en dossiers, qui se multipliaient. Il tentait de les dissimuler au fond de son repère, avant d’être finalement englouti. Le politicien avait orchestré avec certains de ses proches un transfert d’argent important, il y avait une dizaine d’années de cela. Aujourd’hui l’un de ses compagnons étaient morts, et le souvenir de l’affaire le rongeait : il n’en avait parlé à personne. Fuyu avait beau être morale, elle ne demandait guère à l’homme de se trahir. La prêtresse ne tendait que vers la paix intérieure de chaque personne qui venait à elle. Ils parlèrent longuement, sans concession. Au terme de son rêve, l’homme affirma qu’au moins, il révèlerait tout à sa femme. Il ne revint plus.


Un jour, un homme étrange vint. Ses cheveux étaient d’un blond grisonnant, et son visage, rappelant la physionomie d’un renard, était paré de marques rouges qui en accompagnaient les formes. Son accoutrement était étrange, et il tenait entre ses doigts graciles une longue pipe chinoise. Kasen-Guji se faisait vieux, mais son accueil n’en fut pas moins courtois.
L’homme était assis en Seiza face à elle, et il la voyait. C’était un fullbringer, comme Kasen, et il en serait le descendant ; il n’y eut pas de lecture.



Fine poussière dans le soleil d’hiver
Tel, je voudrais partir
Torei no mijin to narite saran to su.


La lumière vacillante faisait danser les ombres sur son visage émacié. Il s’efforçait de sourire, la plupart du temps. Mais régulièrement, sa toux et le froncement de ses sourcils, les plis qui ridaient son visage, trahissait sa douleur. Kasen-Guji était sur son lit de mort.

Le prêtre avait réclamé d’être seul avec l’Hiver. Tous n’avaient pas compris, mais il était aimé, et on respectait cette volonté. Étendu sur son futon, l’homme mourant regardait l’Arrancar. Elle lui tenait les mains, et son regard semblait plus douloureux et triste encore qu’il ne l’avait jamais été : cet homme lui avait tout appris. Il lui avait offert un toit, un rôle, une vie. C’était son ami le plus cher, et la personne qu’elle chérissait le plus, depuis près d’un demi siècle. Désormais il était vieux, et sa vigueur n’avait plus rien à voir avec celle d’antan : seul son esprit demeurait aussi vif, mais la force lui manquait et ses lèvres ne suivaient plus le fil de ses pensées. L’eau du Ruisseau coulait toujours, mais petit à petit, un voile le dissimulait au regard des mortels. Tout deux parlaient à voix basse… De leur rencontre, de leur vie, du temps qui avait passé. Les bandelettes entouraient toujours les doigts blancs de l’Arrancar, et elle ne les enlèverait sans doute pour rien au monde. Faiblement, il caressait ses mains, et elle se remémorait une promesse qu’elle avait un jour faite.
    Si jamais j’arrachais à nouveau une vie, je me couperai les mains.
Désormais elle le voyait souffrir, et ne savait que faire. Elle ne pouvait pas, lui donner la mort Lui sous ses yeux souffrait, et savait ce à quoi elle pensait : il ne le lui demandera pas. Ses yeux étaient pleins de tendresse, comme au premier jour, et à défaut de pouvoir mettre un terme à ses maux, il finit par fermer les yeux. Fuyu demeura longuement auprès de lui, faisant crépiter autant qu’elle le pouvait son Reiatsu apaisant autour de l’homme qu’elle avait aimé. Ce soir là, des larmes coulèrent sur les joues de l’Arrancar.

Elle était éternelle, tout comme sa tristesse, tout comme l’était la plaine enneigée.







Prière & Lecture des Rêves




Éternel est un tanto discret, entièrement blanc, que Fuyu a scellée elle même par le givre afin de ne jamais en faire usage. Lorsque Yumehime murmure simplement « Sommeille, Éternel », elle entre en Resurrecion et le monde de nos rêves s’ouvre à elle. Sa chevelure s’évanouit alors dans son dos, et son kimono se fond en brume neigeuse tandis qu’elle flotte au dessus du sol. Ses yeux d’ébène se teintent d’une leur rouge, et deux grandes cornes d’Onis, d’un blanc immaculé se confondant avec celui de sa peau poussent sur son front, perçant sa frange. Elle est alors capable en fermant les yeux de rejoindre le rêve de quiconque est endormi dans sa proximité, et peux même atteindre, pendant un cours lab de temps seulement, des rêves lointains. Plus la personne est proche de son enveloppe physique, plus il lui est aisée de rester dans le rêve sans dépenser d’énergie. Il lui est également possible de faire entrer par sa volonté d’autres personnes dans les rêves, ou dans son propre rêve, la plaine immaculée.

Fuyu ne manipule pas les rêves, ni les personnes qui les font : elle ne peut qu’y pénétrer, et une fois dans le rêve, parler ou interagir avec la personne. On ne peut Contrôler que son propre rêve, de manière consciente ou non. (Il est cependant rare de parvenir à contrôler pleinement son propre rêve, vous et moi le savons. ) Son aura et ses mots par contre ont le pouvoir de révéler l’âme des gens et de projeter ce qui s’y trouve dans le rêve, sans que cela soit forcé. Il est alors question de « résonance de l’âme ». Elle peut lire dans un rêve « habituel » comme permettre la naissance de celui-ci en stimulant la personne par le dialogue. Son corps demeure alors dans le monde physique, et il suffit de la réveiller dans la réalité ou de porter une offensive violente sur elle dans le rêve pour l’en arracher. Bien sur, réveiller le détenteur du rêve l’en soutire également.
Il est évident que si elle est attaquée, elle ne peut se contenter de s’endormir, ni forcer une personne à le faire. L’Arrancar depuis qu’elle est sur terre a appris à se protéger, à se cacher, et fuir en cas de besoin… Mais elle ne répliquera jamais. Il n’est qu’une chose qu’elle puisse faire afin de se défendre : prier. Ses prières entrent en résonance avec les âmes des gens, et il lui est possible de faire interagir, brièvement, le rêve avec la réalité. (Et ainsi, de manière éphémère, sa volonté dans le réel, par le biais de son propre rêve) Ainsi par la prière, au cour de laquelle elle incante des Haikus ou des Tenkas, Fuyu peut souhaiter la puissance de ses alliés, le soin de leur blessures, la paix…




Revenir en haut Aller en bas
 

Fuyu ~ la Liseuse de Rêves

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» Rêves fanés

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Bleach - Before the Shadows :: Archives :: Archives-