Elle venait de rentrer, et pourtant déjà elle avait la tête pleine de projets. Des projets à elle, des projets communs à la division, des projets en cascades dont elle s’efforçait de maitriser le flot tout en sachant que rien ne pourrait colmater ce tonneau des danaïdes. Il fallait simplement qu'elle donne suite à ses idées, une à la fois, en ordre. Et en parcourant brièvement les rapports, elle appliquait déjà cette résolution. Une dizaine d'entre eux, lus en totalité, portaient déjà son sceau et sa signature. Mais elle attendait quelqu'un.

Et si sa plume traçait toujours les caractères calligraphiés de son propre son, même si ses yeux lisaient toujours et s'abreuvaient d'un flot d'informations bénignes, son esprit lui était tout à la tache qui dans quelques minutes allait être la sienne. Elle l'annoncerait à Senji avant de l'annoncer à Akon. C'était décidé. Ses relations avec son lieutenant actuel n'avaient jamais été au beau fixe, mais elles s'étaient détériorées depuis sa nomination, jusqu'à atteindre ce point ou Akon ne se souciait plus des rapports, même lorsque Ai était en mission dans le monde réel. Elle fronça les sourcils à cette pensée. Elle prit une gorgée de thé.

Entre toutes les boissons, le thé était celui qui la calmait et la rassérénait. Ce n'était qu'un mélange de plantes et de feuilles plongé dans de l'eau bouillante. Mais une fois que la théine montait au cerveau et accomplissait son œuvre, ça devenait bien plus. Ça tenait de la plante médicinale, du remède miracle contre le stress et la fatigue. Bien sur, ça avait ses inconvénients aussi. Mais c'était une autre histoire. Elle arrêta sa plume brusquement, le grattement de papier se perdant dans le silence de son somptueux bureau. Son regard noir d'encre se porta sur la porte, ou en ombres chinoises se profilait déjà son invité. Avant qu'il n'aie pu frapper ou même songer a frapper, elle lui lança

- Entres, on doit discuter de certaines choses ensemble.

La capitaine avait une voix relativement fluette, mais elle portait tout de même assez pour que son troisième siège l'entende, même à travers la porte. Elle prit le taureau par les cornes, et sortit une jatte de saké d'un des tiroirs de son bureau. Et elle servit une coupette, qu'elle plaça devant le fauteuil des invités, connaissant les préférences de Senji en matière de boisson. Elle croisa ensuite les bras sur sa poitrine, se calant bien droite dans son fauteuil. Il était bien trop grand pour elle, un monstre de cuir ouvragé qu'elle avait fait faire sur mesure.

La décoration de son bureau avait sensiblement changé depuis son intronisation, et le noir côtoyait le blanc pour donner à l'ensemble un effet de clair obscur résolument minimaliste. Le fauteuil noir côtoyait une table de bois blanc, et les quelques toiles accrochées au mur était dans le plus pur style art abstrait. Quelques touches de bleu sombre, de temps à autre, venaient compléter la décoration toute personnelle du bureau de la chef des scientifiques.

BORDEL !

Un élan de colère qui s’échappait de mon corps alors qu’un messager repartait de mes appartements. Un messager qui venait de m’annoncer que j’avais rendez vous avez le Capitaine, maintenant. Non, je ne voulais pas la voir ! C’était hors de question ! Je voulais allez me saouler et surtout, l’oublier ! Je me servais un verre de mon saké le plus fort et le buvais d’une traite. Me resservant un deuxième que j’avalais aussi vite. J’en avais besoin si je ne voulais pas paraître trop tendu devant elle. Peut importe, elle ne me connaissait pas et ne pouvais pas savoir ce que je traversais en cet instant précis. Je ne désirais en aucun cas mal me comporter devant elle. Une partie de mon cerveau hurlait que je devais garder mon calme, que si je continuais mon travaille comme je le faisais maintenant je serais possiblement promu ! Je ne pouvais pas tout foutre en l’air maintenant ! Ma vie actuel était trop importante je ne devais pas commettre une fois de plus les mêmes erreur ! Non ! Ce n’était pas envisageable !

Tandis que l’autre partie de mon cerveau hurlait que je devais reprendre la voix qui avait été la mienne jusqu’à l’arrivé d’Aï. Que je devais continuer mes projets, pour tous les réduire à néant ! Que je le devais leur faire payer de me l’avoir enlevé ! J’étais dans un cas de conscience important, pourtant je savais que je ne pouvais me permettre de la faire attendre. Un bruit sourd retentit.

Et merde !

Je refermais la porte de mes appartements aussi fort que cela m’était possible, celle-ci se rouvrant légèrement pour laisser place en face d’elle à un trou de la taille d’un poing dans le mur. Celui-ci était complètement enfoncé sous la force du coup. J’en avais eu besoin pour faire sortir toute cette colère ! Je prenais de grande respiration essayant de simplement me calmer et de ne surtout pas laisser la mauvaise partie de moi-même prendre le dessus, je n’étais plus le même. Et quelqu’en soit la raison je ne redeviendrais pas celui que j’étais, du moins j’essayerais. Ma main saignait suite à la rencontre avec le mur d’il y a quelque instant. Je trouvais sur la voix jusqu’au bureau de Tsunemi-Taishô un bandage dans l’une des boxe de secours que l’on trouvait partout dans la division - nouvelle mesure de sécurité que la quatrième à réussis à nous obliger à prendre suite à des accidents se produisant trop souvent - et qui contenait de quoi emballer mon poing d’un bandage rapide.

Tsunemi-Taishô.

Lui dis-je en m’inclinant respectueusement, égale à moi-même. Elle devait voir ma main mais ce n’était pas exactement ma préoccupation du moment pour l’instant. J’étais là pour savoir ce qu’elle voulait et ce qu’il se passait. Mon visage toujours égal à lui même, sans un sourire arrangeait au moins la situation.

Que puis-je pour vous Capitaine ?!

Levant les yeux à l'entrée de son subordonné, la très physionomiste petite capitaine ne put que remarquer sa main bandée. Elle choisit de ne pas faire la moindre réflexion à ce sujet, cependant, puisqu'elle avait des affaires plus urgentes dont elle voulait discuter avec lui. Cependant, ce n'était sans doute pas à cause des essais du KG qu'il avait perdu son sang froid. Car elle ne soupçonnait aucune des personnes travaillant sous ses ordres d’être assez folles pour s'attaquer au taciturne troisième siège. Elle réalisa alors qu'elle ne savait rien de Senji sur le plan personnel. Elle le connaissait comme un bosseur et un scientifique plus que compétent, ainsi que comme un de ses hommes de confiance, mais sans plus.

Elle décida donc d'essayer d'en savoir un peu plus lors de leur entretien d'aujourd'hui. Croisant les bras sur sa poitrine, la brune regarda son subordonné de pied en cap, puis l'invita d'un geste à s'asseoir dans le fauteuil des invités, face au sien. Elle n'était pas spécialement inquiète quant à l'état d'esprit du troisième siège, avant cet épisode, pourtant. Ils revenaient d'une mission à succès. Mais elle avait perçu un léger changement d'attitude vers la fin de celle-ci.

- Tatsugami-San ! Contente que vous ayez répondu à mon invitation.

Elle désigna ensuite la coupelle de saké qui attendait son bras droit, juste devant lui.

- Mettez vous à l'aise, nous devons parler d'un sujet important, aujourd'hui. Ou du moins, un sujet qui me tient à cœur. Je ne vais pas tourner autour du pot très longtemps, donc: Comme vous le savez, entre le lieutenant Akon et moi, le courant ne passe pas aussi bien que je l'aurais aimé. J'aurais donc voulu vous demander comment vous vous sentez, vous, en tant que membre de cette division, et comment vous envisagez son avenir.

Est-ce qu'avec ces simples indications il allait déjà deviner ou elle voulait en venir ? Se saisissant d'une plume, elle se mit comme à son habitude dans une attitude de greffière, prête à noter les moindres tournures que prendrait cette conversation. C'était un jour important pour cette division, après tout, et elle fit une grimace en se rappelant son entrevue avec Akon dans à peu près deux heures. Elle devrait annoncer à un homme qui avait grandi dans cette division et servi fidèlement ses prédécesseurs que dans l'état actuel des choses il n'avait plus la motivation apparente pour continuer à être à la tête du projet Stronghold. Une tache délicate, surtout considérant qu'elle même était une capitaine toute récente.

Ma main me faisait toujours mal, mais je la fixais pourtant naturellement comme s’il n’y avait pas le moindre problème. Je n’étais pas arrivé ici pour rien et malgré ce petage de plomb je disposais toujours d’un mental d’acier. N’était pas scientifique qui voulais après tout. Et je ne laisserais rien d’autre que se bandage transparaitre de ma douleur. Je ne lui souriais pas, ce n’était de toute manière pas dans mes habitudes, me contentant de simplement hocher de la tête et de m’asseoir sur l’un des sièges en face d’elle. Désireux d’en finir au plus vite. Je savais bien que cela devait forcément être important, mais pourtant je n’avais pas le moins du monde la motivation à rester ici pendants des heures. J’étais bien décidé à rentrer chez moi me reposer et laisser toutes ses émotions qui remplissaient mon corps en cet instant s’envoler comme je le faisais d’habitude. Je faisais toujours mon possible pour retenir ces émotions et ces pensées pas toujours très bonne pour les gens qui m’entouraient, mais quand cela fait plus de 190 années que vous retenait à l’intérieur de vous des sentiments si fort il arrive parfois que ce genre de situation se produisent... Bien que j’avoue que ce soit la première fois où les choses en arrivent à ce point...

Je me sens parfaitement bien en tant que membre de cette division. Depuis mon arrivé ici il y a plus de 190 années les choses ont bien évolué et je dois avouer avoir vu de tout. Mais je trouve que depuis votre arrivé les choses ont changé dans le bon sens. Même si j’avais énormément de respect pour le Capitaine Yuurei, je pense que vous faites actuellement une meilleur Capitaine que lui, mais cela n’est qu’un avis personnel. En ce qui concerne son avenir, je le vois plutôt radieux, avec le projet KG qui arrive à son terme et surtout qui part pour être une parfaite réussite nous risquons bien de faire parler de nous, et en bien !

Malgré mon piètre état j’étais encore capable de faire preuve d’arrogance mon corps étant malgré tout trop habitué à cela pour s’en passer. J’étais arrogant et je l’avais toujours été, ce n’était pas cette mauvaise passe qui changerait quoi que se soit. Oui pendant un instant elle pouvait avoir l’impression d’avoir devant elle le Senji qu’elle avait toujours connu. Honnête, analyseur de tout ce qu’il se passait et qui n’hésitait pas à parler franchement. Le Senji que tout le monde appréciait, que se soit elle ou même le Kenpachi !

Pour Akon-Fukutaishô j’ai bien remarqué votre manque d’entente avec lui, mais je ne vois pas trop ce que cela a à faire dans cette histoire ?

Bien sûr que je pouvais imaginer. Mais je ne désirais pas le pointer ainsi. Je savais bien qu’elle comptait me confier un de ces projets du moins c’était la meilleur hypothèse qui soit plausible ! Si elle n’avait pas confiance en lui au contraire de moi, et bien elle allait donc me confier l’une de ses recherches malgré ses possibles oppositions. Je risquais de me faire encore moins aimé de cet homme qui savait sans le moindre doute que je ne désirais qu’une seule chose lui piquer sa place. J’avais du respect pour cet homme il est vrai, mais malgré tout je savais que ma propre évolution passerait par la prise de sa position. Et j’en étais à un point où ce genre de sacrifice ne m’était pas important, si je devais lui prendre sa place alors soit, je le ferais, j’étais resté dans l’ombre trop longtemps !

Tapotant sur son bureau, la jeune capitaine étudiait le moindre mouvement des muscles faciaux de son bras droit. Il semblait troublé, au début, mais à présent son expression était redevenue neutre, et le bandage ensanglanté était seul témoin d'un éventuel débordement avant de venir dans son bureau. Elle choisit donc de faire l'impasse dessus, ce qui, elle le savait, serait apprécié par le troisième siège. Il ne devait pas avoir envie qu'elle lui pose trop de questions dessus, elle le sentait. Elle se contenta donc de se caler confortablement dans son propre fauteuil, et d'écouter patiemment la réponse à sa question, qui était d'une grande importance pour le plan qu'elle comptait mettre à exécution.

Et elle ne fut pas déçue, au final. Elle avait devant elle un membre aguerri de la douzième division et un scientifique efficace qui savait mettre ses angoisses personnelles au placard lorsqu'il s'agissait de faire du bon travail. Elle avait une confiance solide en lui, et visiblement, cette confiance allait dans les deux sens. Du moins pour le moment. Ça faisait toujours plaisir de savoir qu'il respectait la façon dont elle gérait la division, aussi. Car c'était là son propre sujet d'angoisses, elle se demandait souvent ce que les hommes et les femmes qu'elle dirigeait pensaient d'elle en tant que personne.

- Contente de l'entendre. J'ai moi aussi un très bon pressentiment concernant notre projet KG qui en est à la phase de finalisation, comme vous le savez. Et je suis donc très fière de vous et de votre équipe, vous avez fait de l'excellent travail. Et je voudrais vous remercier pour votre soutien, également, c'était difficile pour moi d'arriver comme une fleur et de changer le projet principal comme ça, d'un claquement de doigts. Vous m'avez beaucoup aidée.

Et c'était justement pour cette raison que la suite de leur entrevue risquait d'intéresser le troisième siège, qu'elle savait être motivé par des projets de grande envergure. Tout comme elle.

- Effectivement, et notre mauvaise entente m'attriste, d'ailleurs. Comme vous le savez le vice-capitaine Akon est actuellement à la tête du projet Stronghold, qui était celui du capitaine Yuurei avant son décès. Or, il a fait preuve jusque là d'un intérêt tout relatif quant à ce projet en particulier; Ce qui s'est exprimé par une mauvaise volonté manifeste. je songe donc à vous nommer à la tête du projet Stronghold, et à confier à votre second Kirito-san la gestion des dernières étapes du KG.

Ce dont elle avait peur, c'est qu'Akon prenne vraiment la mouche quant à ce changement de mains et provoque un esclandre dans deux heures. Ce serait probablement le cas. Mais elle devrait gérer la situation comme la capitaine qu'elle était, et le fait que le projet Stronghold, le second projet phare du département de recherche technologique, tourne à ce point au ralenti était inacceptable. Et elle devait donc faire quelque chose, pour le bien de la division entière. Détaillant Senji, elle attendait de voir comment il allait réagir à cette annonce. Elle savait qu'il n'avait rien contre Akihiko, et que voir le quatrième siège prendre sa succession ne lui poserait sans doute pas de problèmes.

Merci Capitaine.

Lui répondis-je tout en hochant de la tête en guise de remerciement. J’étais content qu’elle pense ainsi, mais n’était pas pour autant plus heureux d’être ici ce soir. Je faisais bonne figure devant elle mais en réalité intérieurement je bouillonnais ne désirant qu’une seule chose, partir, et enfin quitter ce bureau ! Allez dans un bar où dans mes propres appartements et boire, boire et boire encore jusqu’à que j’oublie tous mes problèmes. J’avais tenu si longtemps sans une seule rechute, sans une seule pensée noire envers un Shinigami et voilà qu’aujourd’hui en face de ma propre Capitaine j’étais dans un état noir... Je retrouvais mes pensées noires que j’avais toujours cachés, ne désirant que de me venger de la perte qu’ils m’avaient faite. De ma très chère Inori que je ne reverrais jamais ! Eux qui m’avait promis ne m’avait jamais laissé la possibilité de la revoir, et voilà qu’elle était maintenant morte...

J’étais perdu dans mes pensées lorsqu’elle continua d’exprimer le fond de sa pensée. Parlant enfin de la véritable raison qui l’avait poussé à me faire venir ici ce soir. Au lieu de m’offrir ma soirée comme cela aurait du se passer. Ce qui aurait fait qu’elle n’aurait pas eu à voir ce bandage qui m’entourait la main, et qui coïncidait avec le trou étant apparu dans le mur de mes appartements... Je ne ressentais plus réellement la douleur à vrai dire et il m’en faudrait plus pour réellement avoir mal, mais malgré tout c’était devant ma chef que je me trouvais et cela n’aurait pas du se produire... Mon cerveau commençait à se reconnecter à moitié. Une part de moi essayant de reprendre le dessus sur la part noire, mais cela s’annonçait probablement impossible sans aide extérieur... Pour l’instant je devrais faire au mieux avec ce que j’avais.

Je ne réussis même pas à éprouver de la joie devant la nouvelle qui aurait pourtant du me réjouir au plus haut point. J’allais être mis sur un deuxième projet tout autant ambitieux que le premier. Le Projet Stronghold du Capitaine Yuurei. Mais je devais malgré tout être du côté du Vice-Capitaine, même si je ne le désirais pas vraiment...

C’est un honneur Capitaine ! Et je ne vois évidemment aucune objection à ce que Kirito-san reprenne les rennes du projet KG il le mérite amplement ! Néanmoins je dois prendre un instant la défense du Vice-Capitaine Akon... Ce projet là est autrement plus complexe que le projet KG pour une bonne et simple raison, nous nous frottons à une force qui nous dépasse. Les autorités supérieur de la Soul Society...

Et j’entendais évidemment par là les membres de la chambres des quarante-six... Il était extrêmement difficile de porter à bout un projet pareil pour une raison toute simple. Il est parfaitement interdit d’utiliser d’arme trop puissante dans le Seireitei. Ce qu’implique forcément le projet Stronghold. Et donc à même titre que les Bankaï sont complètement interdit à l’intérieur de l’enceinte sauf cas majeure, le projet Stronghold se frottait au même restriction.

Nous avions toujours pas résous ce problème du temps du Capitaine Yuurei et je ne pense pas que le Vice-Capitaine Akon ait réussis à aller plus loin... Je ne désire pas enfoncer le couteau dans la plaie, mais votre mésentente n’a pas aidé à résoudre ce problème. Je me ferais néanmoins un devoir de trouver comment réorienter le projet vers une meilleure voix que l’actuel ! Et ceux avec toute mon énergie !

J’avais je l’espérais sauvé les meubles. Je ne désirais pas me faire mal voir par la Capitaine, mais j’étais un scientifique en quête de vérité et je me devais d’être honnête, mon cerveau m’empêchant de lui donner des réponses simplement pour la flatter, j’espère qu’elle le comprendrait.

Elle commençait à retrouver le Senji qu'elle connaissait, droit dans ses bottes et soucieux du travail bien fait. Elle était convaincue de son choix quant au projet Stronghold, elle savait qu'elle avait pris une bonne décision malgré les enjeux considérables et le possible mécontentement qu'elle engendrerait derrière. Elle avait à présent la pleine mesure de sa fonction de capitaine, et elle avait pris conscience du fait que ça impliquait notamment des prises de décisions difficiles qu'en tant que cinquième siège elle faisait tout pour éviter.

Mais elle fut surprise, un instant, par le fait que Senji prenne la défense d'un vice-capitaine qui avait brillé par son manque d’intérêt quant aux projets de son nouvel officier supérieur, et qui bloquait l'avancée d'un projet antérieur de taille à lui tout seul. Mais elle devait bien avouer que ses arguments avaient du sens, les insubordinations d'Akon mises à part, c'était un projet encore plus difficile à réaliser que le KG. Et elle savait que son troisième siège aimait les projets qui étaient un véritable défi pour ses compétences. Mais elle hocha la tête, elle n'était pas butée au point de le contredire.

- Pour ce qui est de la chambre des quarante-six, je pensais me charger personnellement de négocier les choses à ce niveau. J'ai bon espoir de les convaincre, et j'ai déjà préparé quelques arguments à cet effet, vous n'aurez donc qu'à vous concentrer sur les parties techniques du projet, et sa conception en général.

Elle avait en effet pensé à défendre le projet depuis son entrée en fonction, lorsqu’elle s'était intéressée de plus près aux recherches de ses prédécesseurs. Le capitaine Yuurei lui aurait surement plu de son vivant, puisque comme elle il était intéressé par les challenges d'envergure.

- C'est un défi qui est lancé à notre division, et je compte bien le relever avec l'aide de tout le monde ici. Et, bien sur, nous aurons plus de crédibilité auprès des quarante-six avec un projet KG finalisé, et nous en sommes tout proches. Le département de recherche est plus productif que jamais.

Elle eut un grand sourire à cette pensée.

- Je ne vais pas vous retenir plus longtemps, troisième siège Tatsugami. Je suis confiante dans ce que vous ferez de ce projet, et je me charge également de traiter avec Akon dans l'après-midi. Soignez cette main, surtout.

Elle avait également senti qu'il ne tenait pas en place. Elle se garda bien de demander pourquoi, et détourna vite le regard de sa main bandée, dont le blanc du bandage virait lentement au rouge carmin. Elle était un brin inquiète, tout de même, comparé à Akihiko, elle considérait Senji comme quelqu'un de stable et de bien dans sa peau. Ses certitudes avaient été, bien malgré elle, ébranlées par cette entrevue. Elle se cala dans son fauteuil et reprit la lecture d'un rapport aussi copieux qu'austère, dans un soupir éloquent.

Je la pensais largement capable d’arriver devant eux avec des éléments probant. Mais il ne fallait pas oublier que l’on parlait de la chambre des quarante-six. Devant il fallait plus que de simple élément. Il fallait de vrai objectif, de vrai raison et de l’autorité, chose qu’elle ne possédait pas selon moi. Il fallait au moins le niveau du Capitaine commandeur pour faire plier de tels personnes, et encore ce n’était pas donné. Je ne pouvais que penser qu’il lui serait préférable de le convaincre lui plutôt qu’eux, peut être que si elle y arrivait, lui pourrait leur parler en sa faveur. Ce qui en soit ferait surement plus avancer les choses que la situation actuelle... Mais je m’égare, cela ne me regardait pas et elle ferait son boulot du mieux qu’elle pourrait j’en étais convaincu. Tandis que moi de mon côté je m’arrangerais pour présenter un projet béton ! Un projet incroyablement bétonné !

Et bien c’est parfait faisons donc comme ça ! Je ne doute pas que vous serez trouvez les mots et moi vous apporter les éléments nécessaire pour que notre projet soit comme toujours parfait !

Je la laissais ensuite continuer. Parlant un instant de la finalisation du projet KG et de ce que cela nous apporterez en plus comme poids. C’était vrai avec ce projet là qui s’il faisait succès au près des autres capitaines et des autorités nous y gagnerons grandement c’était plus qu’évident ! Après tout c’était le but de notre Division de travailler sur les projets du future et de faire avancer la Science ! Nous pouvions le faire !!

Je sentais que cet entrevue arrivait enfin à sa fin et j’en étais content. J’allais enfin pouvoir quitter cette pièce pour retourner chez moi. Plus question d’aller ailleurs que dans mes appartements. J’y boirais là, et m’y referais un bandage correcte. J’avais chez moi tout ce qu’il fallait pour me soigner, ayant pris mes précautions pour ne jamais avoir à aller à la Quatrième, n’aimant pas me retrouver là-bas. Car la plus part de nos chercheurs s’il leur arrivait le malheur d’être blessé et d’aller là-bas il ne revenait pas avant quelques jours, car on les y gardait, par précautions ! Des foutaises simplement pour ralentir notre travail évidemment ! 
Je l’écoutais donc terminer, et parler enfin de ma main. Et allait finalement dit quelque chose, je m’étais demandé si oui ou non elle allait en parler et voilà qui était fait. Je la remerciait intérieurement de ne pas en demander plus, n’ayant pas l’envie de parler de mon passé par peur de dire des bêtises...

Merci Capitaine, et nous vous inquiétez pas, je vais m’occuper de cette main...

Lui dis-je sans un mot de plus, je la saluais d’un signe de tête, puis m’en allait. J’étais enfin délivré et la pression que je venais d’imposer à mon corps pour ne pas craquer psychologiquement se relâchait enfin. Je pouvais enfin me laisser aller. Je n’avais plus besoin de faire le gentil face à elle et pouvait laisser aller mes émotions sans problème. Tenant malgré tout encore légèrement jusqu’à ce que j’arrive chez moi où je me servis un verre.