Lentement, l'épée de l'Arrancar immaculé retrouva l'étreinte de son fourreau tandis que son dernier opposant, au plutôt son cadavre, tombait au sol. Il était difficile de savoir ce qu'il était vraiment venir faire ici. Chercher des alliés afin de commencer la reconstitution de sa cour, ou bien simplement s'exercer afin de constater l'ampleur exacte des séquelles dues à ses blessures. Aucun doute qu'il s'agissait de l'un des deux. En tous cas, s'il s'agissait du second point, il fallait dire qu'il s'en sortait mieux que prévu. Il n'avait perdu ni de sa vitesse, ni de son habileté avec son arme favorite. Ce qui était déjà suffisant pour reprendre une place d'importance à ses yeux.
Il jeta un regard autour de lui. Il était évident que le temps de la discrétion était terminé. En fait, ce qu'il venait de faire ressemblait fortement aux massacres qu'il avait pu faire auparavant au sein du Hueco Mundo. A la différence que, là bas, il y avait plus de corps. Et qu'ils étaient exclusivement ceux de Hollows, ou Arrancar.

Il avait erré quelques temps dans Karakura, afin de se familiariser avec cette ville humaine, qu'il n'avait pu que peu voir. Et il était sidéré du peu d'intérêt qu'elle possédait, alors qu'elle semblait être au centre de tout. Jusque là, il n'avait vu personne digne d'intérêt. Encore moins qu'au Hueco Mundo, alors qu'ils étaient déjà rares. Cela serait d'une grande difficulté de se refaire un entourage digne de son nom. Peut être derait-il retourner faire quelques excursions dans le monde des Hollows quand il aurait encore plus récupéré.
Tout ceux sur quoi il était tombé était un groupe de Shinigami. La raison de leur présence ici ? Il l'ignorait. Simple patrouille, exercice particulier ? C'était le dernier de ses soucis. A la place, il ne se dit qu'une chose. Les serviteurs pouvaient prendre n'importe quelle forme.

Il s'était alors lancé dans un ballet mortel, se disant que si un seul d'entre démontrait un minimum d'intérêt aux yeux de l'Empereur, il l'épargnerait. Le résultat était les cinq cadavres l'entourant. Pitoyable fut le seul mot traversant son esprit durant ce court affrontement. Il n'avait même pas mis Quǎn à l'abris. Inutile contre de tels incapables.
Allant s'adosser contre un mur, il laissa le Hollow animal s'occuper des cadavres, tandis qu'il attendit. Peut être cela allait-il attirer du monde. Et même dans le cas contraire, il n'avait pas encore d'antre vraiment fixé. Donc être ici ou ailleurs, cela ne changeait rien au final.

Il resta un court moment ainsi, les yeux fermé. Pour finalement en ouvrir un, redressant la tête au passage. Il n'y avait aucun doute possible, quelqu'un approchait. De déjà plus intéressant que le reste. Il esquissa alors un sourire, s'adressant au Hollow canin.

>> Il semblerait bien que l'on ait pas totalement perdu notre temps en fait...

Il était rare pour Elias de sembler si perturbé. Pourtant aujourd’hui, c’était un homme véritablement apeuré qui s’était adressé à elle. Bien qu’elle n’ait pas vu son visage, elle avait perçue au son de sa voix le manque d’assurance flagrant de celui qui avait été embauché pour la protéger. Un Quincy entraîné comme lui ne se laissait généralement pas aller à une telle phobie et la jeune femme le savait : il en avait vu pas mal depuis le début de son existence. Elle avait beau dire que son gardien n’était qu’un froussard se terrant dans les ombres, elle savait qu’il possédait une puissance respectable et qu’il était donc parfaitement capable de tenir en respect ses adversaires, comme tout autre Quincy. Ce qu’il avait vu l’avait secoué et elle s’était donc décidé à aller voir par elle-même ce qui c’était passé.

C’est avec réticence qu’il lui avait dévoilé la position. Non sans se faire promettre de ne pas agir sans réfléchir. Etant donné sa position actuelle, la jeune Mayer se savait capable d’arriver en lui et place très rapidement. Le peu d’informations qu’elle avait obtenues faisaient seulement état d’un massacre en règle. Elias s’était obstiné à ne pas être très clair, se permettant même de suivre sa protégée à distance, comme il le faisait d’ordinaire.

Et alors qu’elle approchait de la position, elle sentit l’aura de la créature qui s’y trouvait. Un instant, elle s’arrêta. Prise à la gorge, elle fut étourdie par tant de violence et de haine, elle percevait la nuance de mieux en mieux désormais et elle savait que la chose qui se terrait là-bas n’était pas à prendre à la légère. Par habitude, elle posa sa main droite sur son pendentif, trouvant le contact rassurant. Son autre main s’était visiblement posé sur la crosse de son Glock, juste au cas où. Elle s’engagea alors… La silhouette de la créature fut rapidement décelable, Real constatant la présence non loin d’un Hollow se repaissant de corps. Rapidement son regard s’arrêta sur l’Arrancar. Des morceaux de vêtements se trouvaient encore au sol, laissant à la jeune femme la possibilité de deviner la nature de ces corps désormais pratiquement disparus. Shinigamis…

- Je ne sais pas si je dois vous remercier ou vous haïr d’avoir tué ces Shinigamis à ma place. Sans doute un peu des deux… Je suis Real Mayer.

Ce terrain de chasse, comme elle aimait à l’appeler, appartenait à son clan. Tout du moins à ceux qui l’employaient. Et savoir que plusieurs Shinigamis avaient trépassés sans qu’elle ait eu à lever le petit doigt l’arrangeait véritablement. Les Arrancars étaient belliqueux et Real ne les appréciait pas plus que ça. Mais cette fois-ci, il l’avait aidé sans le vouloir. Cela méritait bien une trêve, non ?

Une jeune femme. Telle fut la source de la puissance qu'il avait ressenti. Il avait depuis longtemps fini par constater que les choses avaient bien changées depuis l'époque de sa vie humaine, où il était impossible qu'une femelle puisse avoir un rôle dans une guerre. Il avait vu nombre d'entre elles se révéler plus utiles que bien des hommes. Pourtant, il continuait à partir avec un léger à priori. Celle-ci avait du potentiel, selon ce qu'elle dégageait. Etait-elle capable de l'exploiter ? C'était une toute autre histoire.
A entendre ses paroles, elle semblait être habituée à faire le ménage. Avec comme proie favorite les Shinigami. Elle n'était pourtant, et de toute évidence, pas une Arrancar. Ce qui la ramenait donc certainement au rang de ces humains disposant de certaines capacités. Et par là même l'intérêt de Fou-Lu fut quelque peu amoindri. Il savait certes que ces derniers pouvaient posséder une certaine puissance, mais ne pouvait s'enlever de l'esprit qu'ils étaient plus fragiles que ceux totalement issus du monde spirituel. Il ferma donc les yeux, prenant les paoles.

>> A ta place ? Je ne savais pas que la chasse était réservée en ce lieu. Non pas que cela aurait changé grand chose à mes actions en fait.

Ce n'était pas la première fois qu'il s'accaparerait un territoire réclamé par un autre. Un Empereur tel que lui pouvait après tout décréter n'importe quel lieu comme faisant parti de son Empire. Et ceux le contredisant finissant presque forcément par le regretter. Ce qui fit immédiatement germer une idée dans son esprit. Celle d'instaurer son antre ici. Cet endroit en valait un autre, donc pourquoi s'embêter alors que le massacre auquel il venait de se livrer marquait en quelque sorte son territoire.
Il rouvrit donc les yeux, observant la dénommée Real. Quittant son appui, il se releva, faisant un légère révérence d'usage.

>> Je suis Fou-Lu, seul et unique Shén Dì.

Présentation simple, même s'il était bien conscient qu'à cause des actions de son frère ce titre ne signifiait plus rien pour ceux qui l'entendaient. Même s'il se faisait un point d'honneur de leur apprendre la force que ce rang possédait de son vivant, celui que seul l'être ayant conquis tous les royaumes de Chine pouvait réclamer.
Puis il se redressant, jetant un coup d'oeil à son compagnon canin. Ce dernier finissait de dévorer l'une des victimes de son maître, tout en surveillant son interlocutrice, comme s'il était prêt à intervenir si elle tentait de s'en prendre à lui. Alors qu'il ne possédait clairement pas la force nécessaire pour.
L'Arrancar se désintéressa alors de Quǎn, portant son regard sur l'humaine, de laquelle il s'approcha lentement avant de prendre de nouveau la parole.

>> Cependant, je dois dire qu'il est bien rare que des êtres semblent préférer tuer des Shinigami plutôt que des Hollows, ou affiliés. A part ces derniers évidemment. Non pas que cela me dérange, au contraire. Je suppose qu'il y a une histoire derrière ce fait, même si cela ne doit probablement pas me regarder.
Quant à me remercier ou me haïr, cela ne regarde que vous. Mais n'est-il pas très poli de détester quelqu'un sans même le connaître. Surtout que cela pourrait entraîner de fâcheuses conséquences...

Real n’avait que peu souvent eu l’opportunité de rencontrer des Arrancars, elle ne pouvait donc dire clairement s’ils portaient tous cette arrogance écœurante. Celui qui se disait Shen Di – obscure dénomination pour la jeune femme qui préférait ne pas relever le terme – avait été suffisamment puissant pour détruire une escouade de Shinigami, ce qui expliquait en partie son comportement. Elle-même, elle le savait, n’aurait pas été capable de réaliser une telle prouesse. Pas seule tout du moins. Etait-ce une raison suffisante pour se laisser ainsi menacer, même à couvert ? Certainement pas. La jeune femme avait beau porter une haine puissante à l’encontre des Shinigamis, elle n’oubliait pas que les Hollows constituaient un problème majeur. Pour le moment, elle se consacrait à la mission qui était la sienne, soit détruire les Anges qui arrivaient sur Karakura, mais elle n’oubliait pas qu’à terme elle se chargerait aussi des véritables responsables de la mort de sa famille.


Pour le moment, elle préférait faire profil bas. Ce monstre ne semblait pas être du genre à se laisser rabrouer sans réagir et elle ne souhaitait donc pas tenter le diable. Pour autant, elle n’allait certainement pas le laisser l’approcher sans réagir. Levant la paume de sa main, elle lui fit signe de s’arrêter. Si nécessaire, elle se montrerait un tantinet plus rude s’il ne comprenait pas le signe. Hors de question que Fou-Lu l’approche. Quant à son Hollow, elle trouvait son comportement étrange. Il la surveillait. Au même titre qu’Elias les surveillait à l’instant présent. Sauf que lui le faisait de manière plus discrète.

- Evitez de vous approcher plus, Fou-Lu. Je ne vous porte aucune confiance et si vous m’avez rendu service, je n’en reste pas moins prudente. Et gardez vos menaces pour vous… Celui qui risque le plus de conséquences à se trouver ici, ce n’est certainement pas moi. Vous devez vous en douter, n’est-ce pas ?

Ne pas perdre son sang-froid, voilà la clé de voûte du comportement de Real. Sans avoir à se demander si elle pouvait le vaincre, elle savait qu’un combat de plus grande envergure attirerait du monde en ce lieu. Et celui qui risquait gros, c’était évidemment l’Arrancar qui serait alors traqué et tué comme la bête qui l’accompagnait. Bien entendu, elle n’avait rien à y gagner. Sa mission nécessitait parfois quelques petits arrangements.

- J’aimerai savoir… Ils vous sont tombés dessus ou c’est vous qui les avez traqués ?

Sa réponse, s’il al lui donnait, lui donnerait une image plus complète du personnage. S’il les avait traqués, c’est qu’il possédait la force nécessaire à la destruction d’un groupe aguerri, faisant de lui un véritable danger. S’il s’était laissé prendre au piège et avait réagi pour se défendre, changeait complètement la donne, même si ça ne remettait pas en cause sa véritable puissance.

- C’est important pour moi de le savoir. Ce terrain de chasse n’est pas exclusif mais mes employeurs me paient pour une tâche précise et je dois pouvoir savoir sur quoi je peux tomber. Je veux donc savoir si vous comptez rester longtemps dans le coin.

E lias réprouvait complètement son comportement, elle le savait, mais elle se devait de tenir à jour son tableau de chasse. Savoir qui étaient les prédateurs susceptibles de lui mettre des bâtons dans les roues était donc indispensable.

Fou-Lu s'arrêta dans son avancée sur demande de la jeune femme. Elle se qualifiait de prudente et préférait éviter de laisser un inconnu s'approcher trop près ? Cela pouvait être compréhensible, mais si l'Arrancar ne pouvait que s'amuser de ceci. Elle était incapable de le savoir, mas il était évident que s'il souhaitait porter une attaque, l'éloignement n'était pas un problème vu qu'en un instant il pouvait se retrouver dans son dos. Cependant, cela n'était pas dans ses plans et il n'avait donc d'intérêt à lui montrer l'inutilité de cette précaution. Autant jouer son jeu. En fait, il recula même de quelques pas, mains levées afin de montrer qu'il n'avait aucune intention belliqueuse.

>> Susceptible et prudente à l'extrême il semblerait. C'est compréhensible. Mais je te rassure, sans excellente raison, je ne risque pas de m'en prendre à toi.
Si menace il y avait, ce qui est en effet un peu le cas je dois dire, ce serait plutôt de faire de moi un ennemi par simple jugement hâtif. Peut être que cela pourrait se révéler dangereux pour moi, mais je suppose qu'être morte est un plus grand risque que d'être traqué. Surtout que je doute d'échapper bien longtemps à ce dernier point vu ma nature même.

Comme il l'avait dit, rares étaient ceux ne s'amusant pas à attaquer un Arrancar à vu. Surtout lorsque celui-ci possédait une certaine puissance, dont nul ne pouvait ignorer la présence chez l'ancien Primera Espada. Cependant, elle avait raison. Il y avait de fortes chances que Grimmjow finisse par apprendre un jour sa survie, lançant certainement une nouvelle traque à son encontre. L'heure n'était donc pas à se faire d'autres ennemis supplémentaires, mais plutôt à regrouper de nouveaux pions.
Si pendant un moment il aurait pu envisager celle face à lui, il fut obligé de se rendre compte qu'elle avait déjà l'air d'être celui d'un autre. Elle était payé pour faire une quelconque tâche, preuve ultime qu'elle n'était rien d'autre qu'un instrument. Ce qui l'invitait à en savoir plus. Cette simple description ne correspondait pas au mode opératoire des Shinigami, ce qui signifiait donc qu'un autre protagoniste avait intérêt en cette ville. L'une des principales forces d'un Empire était l'information, il était donc nécessaire d'en savoir plus à ce sujet.

>> Je ne vais pas mentir, j'ai été l'agresseur. Et je pense en effet rester un moment ici. L'endroit semble correct et comme je n'ai pas d'intérêt particulier à tel ou tel lieu du monde des mortels, je me dis pourquoi pas ici...
Il est donc possible que tu me croises quelques temps.

Il la fixa un instant, pensant qu'elle espérait certainement une autre réponse. Même si elle ne l'avait pas attaqué, peut être préférait-elle éviter de voir un Hollow, ou assimilé, se balader en ville. Pourtant, il était persuadé de devenir un point du paysage de Karakura à ne pas négliger.

>> Cela va-t-il faire que tes « employeurs » vont me considérer comme un danger et que je vais devoir faire en permanence attention que tu n'es pas derrière moi à essayer de me tuer ? Ou bien vais-je être tranquille ?

Quelle assurance… Trop pour ne pas représenter un danger. Mais il s’agissait autant d’une qualité que d’un défaut, elle le savait très bien. Savoir qu’il resterait dans les parages était une information de premier ordre. Et si elle ne pouvait rien faire en l’état, ce n’était évidemment que partie remise. Koshiro accueillerait cette nouvelle avec plaisir, lui qui possédait un objectif particulier pour ceux qui n’étaient pas humains. Ce qui évitait le conflit ouvert ici, c’était la participation involontaire de l’Arrancar au projet de la belle. Sans cela, elle aurait sans doute ouvert le feu. A proprement parlé. Et cette réflexion la fit sourire en repensant au pouvoir de son compagnon.

Qu’il ait été l’agresseur confirmait en tout cas ses doutes. Sa puissance dépassait de loin celle qu’elle avait déjà repérée chez les Hollows ou Arrancar de basse caste, ce qui était cohérent avec le titre qu’il s’était donné. Il y avait de quoi réfléchir. En tout cas, elle comprenait nettement mieux les réticences d’Elias à son sujet. Et connaissant le bougre, il s’était sans le moindre doute déjà déniché un endroit parfait pour se mettre en position de tir. Le Quincy était un homme prudent. Et sa seule fonction était d’assurer la sécurité de Real. Forte de cette certitude, elle n’avait pas à craindre cette créature. Aussi redoutable soit-elle.

- A mon tour d’être franche. Vous serez traqué. Mais il n’est pas dit que je serais celle qui sera à vos trousses. Pour tout dire, mes proies préférées restent les Shinigamis et je préfère m’occuper d’eux plutôt que des monstres de votre espèce. A la limite, vous feriez un appât excellent. J’y réfléchirais.

Ce qui était la plus pure des vérités. D’aucun aurait préféré mentir ou cacher ses projets. Mais Real avait été formée pour tuer. Un pur assassin spécialisé dans les meurtres des âmes spirituelles. Et si son véritable projet était de débarrasser Karakura des Shinigamis, les Hollows entraient en second sur sa liste des priorités. Mais Koshiro aurait peut-être une autre vision de la chose. Elle ne le connaissait pas encore assez bien pour réellement comprendre ses motivations. Il voulait devenir le maître de la ville. Mais des présences comme celle de Fou-Lu mettraient obligatoirement son ambition en péril.

- Vous ne semblez pas être le premier Arrancar venu. Je suis curieuse de savoir ce qui pousse une telle créature à s’aventurer dans un environnement qui lui est franchement hostile. Ce ne peut être que l’envie de se suicider quand même ? Si ?

Elle lui adressait désormais un sourire franc. Peut-être poussait-elle le bouchon un peu loin mais la jeune femme ne disait pas faux pour autant. En ce monde, surtout à Karakura, il était dangereux d’être un Arrancar. Pire encore lorsque l’on possédait une telle puissance et qu’on traquait des Shinigamis sans raison.

Cette humaine ne manquait décidément pas d'audace. Oser directement dire qu'elle comptait utiliser Fou-Lu comme appât, ce n'était fréquent. C'était même plutôt le contraire en général, si bien qu'il avait un peu l'impression que les rôles étaient simplement inversés. Cependant, il doutait de plus en plus du fait qu'elle était la principale personne dont il fallait se méfier. Encore une fois ses paroles montraient qu'elle n'était pas l'unique à prendre en compte, même si elle n'était peut être pas non plus la première venue dans son mystérieux groupe.
Au final, Karakura était peut être encore pire que le Hueco Mundo sur ce point. Des groupes. Voilà de quoi c'était composé. Dans le monde des Hollows, certains prenaient l’ascendant sur d'autre, avec des ambitions plus ou moins grandes, mais il y en avait clairement un dominant. Chez les humains, il doutait que ce soit le cas. Les Shinigami, les mortels... Peut être pensaient-ils qu'ils étaient les véritables maîtres des lieux et cherchaient à en faire disparaître les autres.

Et là, un sourire naquit sur le visage de l'Arrancar. Evoluer en un tel domaine promettait d'être des plus intéressants, d'offrir un réel challenge. Certes, les choses n'en étaient que plus difficiles. Montrer sa force seule ne suffirait certainement pas. Surtout qu'elle avait raison sur un point. Il y avait un véritable risque, d'autant plus s'il était traqué. La première chose à faire était donc peut être de s'assurer une certaine sécurité.

>> Un appât ? Penses-tu réellement que ce soit le meilleur rôle qui me convienne ? Tu as bien vu ce que je viens de faire. Je suis peut être plus capable que la majorité des personnes que tu pourras croiser. Et je ne porte évidemment pas non plus les Shinigami dans mon cœur...
Sans parler d'alliance, peut être serait-il plus judicieux au moins de ne pas se marcher dessus ? Le proverbe disant que les ennemis de mes ennemis sont mes amis a beau être une connerie, cela n'empêche qu'il est possible de tirer partie de ces fameux ennemis.

Proposer de s'utiliser mutuellement pour faire face à un ennemi commun n'était peut être pas garanti de réussite, mais il était persuadé que c'était malgré tout la meilleure chose à faire. Si la présence de cette mystérieuse organisation lui permettait d'alléger le nombre d'Anges de la Mort risquant de se mettre en travers de son chemin, il ne dirait pas non. Si cela permettait d'éviter d'ajouter encore d'autres ennemis à la liste, il n'était pas contre. Être tranquille pour s'installer, c'était quelque chose d'appréciable.
Peut être dans l'espoir d'assurer un peu plus la réussite du point précédent, il décida encore une fois de jouer la franchise. Ou du moins en partie.

>> Et pour te répondre, tu auras en effet du mal à croiser d'autres Arrancar tels que moi. Je vis depuis suffisamment longtemps pour qu'en comparaison tu viennes de naître. J'ai même été au plus haut dans les rangs de Las Noches par pur intérêt personnel.
Sauf que ces idiots ont mal compris le fait que je possède un espion au sein de la Soul Society pour mieux la détruire. Si bien que maintenant, si cet idiot de Roi découvre que je suis encore vivant, il est fort possible que les tiens ne soient pas les seuls à me traquer.

Et cette fois, le sourire fut large, amusé. Oui, il était évident que les choses tournent très mal pour lui.

Tirer parti des dons des autres pour atteindre son objectif. L'idée n'était pas absurde mais il ne lui revenait pas de prendre cette décision. Seul Koshiro pouvait décider sur le point d'une collaboration avec eux. Tant qu'elle avait le loisir de détruire les Shinigamis se déplaçant à Karakura, elle se moquait des potentielles autres alliances. Le seul point sur lequel elle ne voulait pas transiger, c'était bel et bien le cas "Shinigami". Et elle pensait avoir été suffisamment claire avec le boss des Sons of Inferno pour ne pas revenir sur le sujet.

Fou-Lu était en tout cas confiant. Ce qui était quelque peu déstabilisant pour la jeune femme. Elle savait qu'une parfaite maîtrise de ses émotions permettait de garder ce genre de flegme mais elle devait bien admettre ne pas y parvenir. Elle était froide, cruelle avec ses ennemis et manquait de patience. Des défauts qu'elle parvenait à combler de temps à autre mais ce n'était pas systématique. Son clan le lui avait déjà reproché. Mais chaque personne possédait ses faiblesses et selon la brune, le principal était de les connaître.

A la lumière des paroles qui suivirent, elle comprit d'où lui provenait cette assurance. Il était un Arrancar ayant atteint les sommets de son monde. Selon ses propres indics, cela signifiait atteindre l'Espada, une organisation militaire similaire au Gotei. Du moins était-ce la synthèse à laquelle elle était arrivée. Elle ne se doutait pas qu'en réalité les deux groupes étaient très différents l'un de l’autre. Et ne s'y intéressait de toute façon pas vraiment. Seule la terre requérait son attention. Les autres mondes n'étaient que des nids à problèmes.

- Voilà qui change la donne. En bien comme en mal. Si ton roi te traque, il enverra sans doute une équipe spéciale à tes trousses. Karakura deviendrait une zone de guerre. Mais en même temps, tes connaissances seraient aussi précieuses pour nous, je suppose. La décision ne me revient pas. Mais nous devons prendre nos précautions.

Real se détourna temporairement de Fou-Lu, tout en le gardant à l’œil toutefois. Prendre de trop gros risques était exclu après tout. Posant sa main à l'oreillette qu'elle portait, elle l'actionna pour prendre contact avec Elias. Ce dernier lui avait demandé de ne pas approcher de ce monstre mais elle ne l'avait pas écouté. Mais maintenant, avec les informations qu'elle venait d'obtenir, elle devait agir au mieux pour sa cause. Et Elias ne saurait lui refuser sa requête. Il serait d'ailleurs surpris, c'était une évidence. Généralement, elle préférait le laisser dans l'ombre, là où il pouvait jouer son rôle de protecteur comme il le voulait. Afin de limiter ce que l'autre entendrait, Real chuchotait.

- Je suppose que tu as tout entendu ? Il faudrait en informer immédiatement le Conseil. Informe-les de ce problème. Qu'ils me contactent pour savoir ce que je dois faire.

- Bien, Mademoiselle Mayer. Mais je n'aime pas vous laisser seule avec ce monstre. Je ne serais pas long mais je vous en prie, soyez vigilante.

Lâchant le bouton, elle reprit sa posture initiale. Qu'elle passe pour une folle auprès de lui ne la dérangeait pas. Qu'il devine qu'elle venait de parler à un allié grâce à un gadget, ce n'était pas non plus un problème. Par contrat, elle était liée au Conseil des Fullbringers. Celui-là même qui l'avait embauché pour éradiquer les Shinigamis de la ville. Une telle information ne pouvait pas rester secrète. Ils décideraient. Elle exécuterait.

- Pour le moment, je suis d'accord pour ce statu quo. Tant que tu ne t'immisces pas dans notre nettoyage, je ne vois pas de problème à te laisser vaquer à tes propres occupations. Mais cette histoire de Roi pourrait devenir un problème majeur pour nous à l'avenir. Il serait bon que tu évites d'attirer l'attention de ton peuple. Non ?

Maintenant, il n'y avait plus à douter que le mystérieux groupe auquel elle appartenait n'agisse. Soit pour l'éliminer lui, soit pour se préparer à l'éventuelle arrivée de Las Noches. Il espérait certes le second point, le premier pouvant présenter quelques dangers pour sa personne. Et s'il survenait, il se débrouillerait peut être pour faire en sorte que justement Grimmjow décide d'envoyer du monde ici, afin que ses adversaires s'occupent entre eux pendant qu'il pourrait trouver de quoi rebondir. C'était ce qu'il aimait faire après tout. Avoir des serviteurs était bien. Exploiter ses ennemis restait toutefois encore plus intéressant.
De toutes façons, il savait que traiter avec la jeune femme ne mènerait pas plus loin. Elle n'était elle même qu'un pion et il seules les têtes pensantes pouvaient lui apporter quelque chose, lui permettre de mieux planifier la suite. Sauf qu'à défaut d'informations, il n'y avait hélas que peu de chance qu'il réussisse à entrer directement en contact avec elles. Ce qui diminuait d'un coup l'intérêt qu'il pouvait avoir en cette conversation.

Il la vit ensuite se détourner, et se mettre à parler dans le vide. Du moins en apparence, mais il se doutait bien qu'elle était en train de communiquer avec quelqu'un d'autre, peut être posté à l'extérieur. Ce qui aurait expliqué la raison pour laquelle elle était si sûre d'elle. S'il avait agit, peut être que de nombreux autres adversaires auraient fait leur apparition. C'était une tactique assez évidente lorsqu'on ne savait pas ce sur quoi on risquait de tomber. Perdre la vie, mais mettre fin à une menace. Si c'était bien ça, c'était typiquement le genre de personne à se dévouer à sa cause.
Il attendit donc calmement qu'elle s'intéresse de nouveau à lui, et ne pu s'empêcher d'être amusé par ses paroles.

>> Si tu espères que je ne m'occupe plus de Shinigami comme je viens de le faire, je vais devoir te décevoir. Je n'hésiterai pas un instant à recommencer si je l'estime nécessaire. Je peux juste t'assurer que je ne m'en prendrai pas à Karakura.
Ah, et aussi que je préférerai aussi ne pas attirer l'attention. Tu vois, j'apprécierai de vivre quelques millénaires de plus et lancer une traque contre moi pourrait être dangereux. Etrange venant de moi, mais pour le moment la discrétion me convient.

Pour le moment oui, car il était obligatoire qu'un jour il se décide à sortir de cet anonymat. Lorsqu'il y verrait un intérêt à en tirer évidemment. Ce n'était pas le cas en l'instant, et c'était tout ce dont pouvait se contenter son interlocutrice. Ça et le fait de rester en vie, ce qui était souvent encore plus appréciable pour les humains que pour ceux ayant déjà connu la mort une fois.
Il se décida donc à retourner s'adosser contre son mur, Quǎn venant se poser contre lui.

>> Je crois que nous n'avons plus grand chose à nous dire, non ? Oh et t'en fais pas, je ferai le ménage. Après tout, j'ai décidé de m'installer ici, c'est donc la moindre des choses.

Real n'espérait désormais plus rien. Qu'importe ce que ferait Fou-Lu, il serait de toute façon placé sous surveillance le temps de tirer les choses au clair. Bien entendu, il serait assez difficile de garder sous contrôle un tel Arrancar mais ils n'avaient pas le choix. Quant à sa non-implication dans les affaires de Karakura, il semblait émettre une réserve. Visiblement, le Dieu Empereur partait du principe qu'il décidait seul de ce qu'il pouvait faire ou non. Sans doute n'avait-il jamais été habitué à être encadré de la sorte. Un électron libre d'une puissance qu'il ne fallait surtout pas sous-estimer. Son instinct de survie prenait toutefois le pas sur sa mentalité. Il acceptait de se faire aussi discret qu'il le pourrait - ce qui était déjà une sacrée avancée pour elle vu le personnage - afin d'éviter que ses anciens collaborateurs ne le retrouvent. Cela laisserait en tout cas à Karakura un minimum de répit, ce dont elle avait besoin.

Cette discussion, aussi étrange soit-elle, arrivait à sa conclusion. La jeune femme ne voyait rien à ajouter aux premières mises en garde et Fou-Lu semblait le comprendre. Par ailleurs, savoir qu'il resterait dans le coin pour établir son propre domaine était déjà une information importante en soi. Et il ne serait pas difficile de savoir si c'était vrai ou non. Un Arrancar de ce niveau ne passerait pas inaperçu pour qui savait où chercher.

- Je crois que nous avons un arrangement temporaire. Parfait. Donc je te laisse à ton nettoyage, en espérant que je ne sois pas obligé de me déplacer pour une autre raison que la simple courtoisie. A très bientôt, Fou-Lu.

Alors qu'elle terminait sa phrase, elle tapotait de sa main droite le pendentif qui se trouvait à son cou. Comme un avertissement. L'Arrancar comprendrait. Il s'en moquerait même très certainement. Mais Real préférait que tout soit au plus clair. Elle détestait devoir se répéter après tout. Et tandis qu'elle quittait la zone, Elias reprit contact avec elle. S'arrêtant à un coin de rue, elle activa son oreillette afin d'entendre ce qu'il avait à lui dire.

- Je viens de recevoir vos ordres, Mademoiselle Mayer. Un taxi vous attend à votre domicile et vous conduira directement à l'aéroport. Le Conseil a décidé de se réunir suite aux informations que vous avez récupérées et exige que vous vous présentiez à eux directement. Vous aurez plus d'éléments pendant votre voyage.

Ah ? Le visage de Real affichait désormais la marque d'une profonde surprise. Le Conseil préférait ne pas faire de vague et passait d'ordinaire par Elias pour lui transmettre des ordres ou des consignes. Mais savoir qu'ils allaient tenir une réunion exceptionnelle et qu’ils désiraient la voir la troublait. Elle n'avait cependant pas le choix. Mais tout s'accélérait et elle devait admettre que ça la contrariait. Coupant le micro, elle accéléra la cadence pour se rendre à son hôtel. De là, elle suivrait ensuite les consignes.

Même si elle ne savait pas encore où la conduirait cette petite aventure.

Citation :

Fin du rp. Merci pour l'idée involontaire du Conseil xDD