Uragami venait de finir son entretien avec Kagura Kamui, celui-ci l'avait particulièrement fatigué. Certes, il aimait le danger mais cela ne voulait pas dire que le danger ne l'éprouvait pas. Il aurait pu mourir en moins d'une seconde si ses arguments n'avaient pas tenus la route... et la personne qu'il s'apprêtait à rencontrer détestait les Shinigami plus que tout, héritière d'une célèbre famille, les Meyer. Cela n'allait pas être évident.

Pourquoi la rencontrait-il? "Pourquoi pas?" se répondit-il à lui même. Il allait la rencontrer toujours pour sa quête perpétuelle, si il était arrivé à raisonner un homme comme Kagura, il aurait peut être ses chances avec elle aussi. Nombreuses sont les âmes qui haïssent les Shinigami, mais toute colère a sa peine pour origine, et toute peine a son remède. Il suffisait de discuter suffisamment longtemps pour le découvrir, pour cela, il avait sa petite astuce. Une fois la bête apprivoisée, les portes sont ouvertes à de nouvelles négociations.

Enfin, dans un premier temps ce n'est qu'une prise de contact qui s'ensuivra probablement par de l'observation. Mais pour l'instant tout restait à faire, à commencer par la trouver, mais cela n'était pas vraiment difficile pour un Shinigami de la 2nde division. Les Fullbringers dégagent quelque chose de particulier, en se concentrant bien ils se différencient facilement des autres humains, Quincy ou autres. Il la repéra rapidement et s'empressa de se diriger vers elle.

En chemin, par avance, afin de mettre en place sa petite astuce et pour parer à une éventuelle et probable attaque de la jeune femme, il sortit son Zanpakuto et libéra son Shikai.

- Iku, Shindou !

Le Zanpakuto changea à peine d'apparence, seules quelques kanjis se gravèrent sur la lame. Il remit l'arme dans son dos et se dirigea vers sa cible.

Il n’y a pas à dire : cette ville était réellement inconfortable pour la jeune femme. Et elle ne ressemblait pas à celles qu’elle avait déjà visitées par le passé. Ses rapports avaient été précis pourtant, faisant mention d’une très forte population d’âmes éveillées. Mais jamais elle ne s’était attendue à en voir autant. Ce qui l’agaçait plus que tout, c’était évidemment de voir ces Shinigamis qui paradaient dans la ville. Comme si celle-ci leur appartenait. Comme si les autres, simples âmes isolées, se devaient de vénérer l’aide apportée par ces créatures. Des mensonges, tout au plus. D’expérience, la jeune femme savait que ces Anges de la mort préféraient aider ceux qui ne possédaient pas de pouvoir, les âmes en quête d’un refuge. Mais dès que l’âme en question était susceptible de bouleverser l’équilibre des mondes, comme ils aimaient tant le dire, alors là ils hésitaient. C’était précisément ce qui avait coûté la vie à ses parents. Et sans l’intervention de son clan d’accueil, sans doute aurait-elle rejoint ses géniteurs dans l’au-delà.

Cela faisait plusieurs jours qu’elle avait pris ses quartiers, jouissant d’une paix temporaire mais agréable. Son fameux contact, Elias, avait respecté sa promesse, se montrant aussi discret que possible et ne la contactant pas. Elle le savait pourtant dans les parages, à la différence qu’il possédait des capacités de détections bien supérieures aux siennes. Ce qui expliquait qu’elle ne parvienne toujours pas à le localiser alors même qu’il la suivait. Pour le moment, elle n’avait toujours pas eu de contact avec ses cibles potentielles. Mais elle savait où les trouver. Elle s’accordait juste le temps de nouer des relations avec le milieu du crime organisé afin de pouvoir profiter des connaissances du marché souterrain.

Alors qu’elle allait rentrer chez elle, un hôtel luxueux dans les quartiers riches de la ville, le grésillement caractéristique de son micro se mit en marche. Elle s’arrêta devant une boutique, l’air de rien, et attendit le contact. Il ne pouvait s’agir que d’Elias puisqu’il était le seul sur cette onde. Sa main passa négligemment près de son oreille afin d’activer son moyen de communication, donnant simplement l’impression de remettre une mèche de cheveux en place. La voix se fit alors entendre dans son écouteur.

- Il y avait longtemps, Mademoiselle Mayer. J’espère que vous ne vous languissez pas trop de moi ? Enfin, je ne vous contacte pas seulement pour savoir comment vous vous portez. Un Shinigami se trouve à proximité de votre position. Je ne peux vous dire avec certitude s’il vient pour vous mais puisqu’il est proche, je vous somme de vous montrer prudente. Je suis proche également, rassurez-vous.

Se concentrant sur son propre don, elle perçut effectivement l’arrivée du dit Shinigami. Sans un mot, elle se retourna et fouilla du regard la zone où elle se tenait. Sa perception n’étant pas très bonne, elle savait que si elle le sentait, c’est qu’il était proche. Et enfin elle le perçut avec plus de précision. Par réflexe, sa main se posa sur la ceinture qu’elle portait à la hanche, ceinture dans laquelle se trouvaient ses précieux poignards. Shinigami ou non, son pouvoir lui permettait de manipuler ces armes mortelles. Son regard glacial rencontra enfin l’âme en question. Ne sachant pas s’il était là pour elle, elle fit mine de rien, comme si elle ne pouvait le percevoir et reprit doucement sa route. Mais aux aguets.

La nuit était tombée depuis une heure environ mais Uragami avait un petit avantage sur la Fullbringer, il l'avait repérée avant qu'elle ne le voit, cela s'explique par le fait qu'elle n'était pas spécialement attentive à lui et un peu noyée sous toutes ces énergies spirituelles l'environnant, alors que lui la cherchait elle précisément. Il avait donc établi un contact visuel une paire de secondes avant elle et la vit se remettre en marche sans rien remarquer d'autre. Cela ne voulait pas dire qu'elle l'avait remarqué mais a quand même éveillé un doute en lui. De toutes façons, il n'avait pas du tout cherché à masquer son Reiatsu étant donné qu'il est arrivé avec l'aide d'un Shunpô. Il s'approcha d'elle en marchant simplement derrière dans un premier temps, l'observer le plus attentivement possible et chercher des indices à savoir si il était effectivement repéré. Elle semblait faire comme si de rien n'était, parfaitement naturelle, ce qui n'a pas du tout aidé le Shinigami. Soit elle était très douée soit il n'avait pas été vu, ce dont il doutait.

Bref, il s'approcha de plus en plus d'elle mais avant d'être à portée de voix il murmura à son Zanpakuto :

- Senritsu !

Cette technique de son Shikai est propre à Uragami, elle utilise le son afin d'émettre des vibrations extrêmement agréables pour son interlocuteur bien que lui ne l'entende pas du tout car celles-ci atteignent directement l'oreille interne. Cela est donc une technique et non une attaque, il s'en sert surtout lorsqu'il sait qu'une rencontre va être difficile afin de favoriser son interlocuteur au dialogue plutôt qu'à la violence. Il n'avait pas pu l'utiliser pour Kamura car il avait été repéré avant, un geste tel que libérer un Shikai aurait pu être très mal interprété mais cette fois c'était différent et souhaitait prendre le moins de risque possible.

Il avait accéléré progressivement le pas et avait fini par rattraper la belle jeune femme, très belle elle l'était incontestablement. Ne sachant toujours pas si il avait été repéré, il décide de tenter un coup de bluff.

- Bonsoir Mademoiselle Meyer, je sais que vous m'avez repéré. Rassurez-vous je ne suis absolument pas là pour vous attaquer. Je souhaite simplement discuter de choses et d'autres. Vous pouvez donc vous détendre.

Son Zanpakuto toujours à la main, il pointa la lame vers le sol afin qu'elle ne suspecte pas la moindre technique, alors que celle-ci était déjà active sans qu'elle le sache.

- Ne m'en veuillez pas si je le garde à la main, je suis du genre prudent, et étant donné la réputation qu'à votre famille, je préfère garder cette petite sécurité. Je ne doute pas que vous en ayez une en permanence aussi, nous sommes donc à égalité.

Elle s’arrêta immédiatement après avoir entendu son nom. Qu’elle soit reconnaissable de par son aura, c’était une chose. Que cet être immonde soit capable de connaître son nom, c’en était une autre. Personne en dehors de son clan et de ses employeurs ne savaient qui elle était. Véritablement personne. Alors comment avait-il pu deviner le nom de son clan ? Et comment, parmi la multitude de Fullbringer de la ville, avait-il su d’où elle venait ? Que ces Shinigami soient bien renseignés, cela ne l’étonnait pas. Mais là, il y avait quelque chose qui clochait. Même si l’être en question baissait son arme vers le sol, la suspicion restait de mise. On ne passait pas une vie à traquer et tuer des Shinigamis en leur faisant confiance, après tout.

Quant à la proposition de l’homme, celle de se détendre, il était bien évident que jamais elle ne pourrait le faire alors que le représentant de ces dieux se dressait face à elle. C’était comme demander à la gazelle de ne pas craindre la mâchoire du lion. Fort heureusement pour elle, Real était une gazelle armée jusqu’aux dents et parfaitement capable de tenir tête à cette race. Qu’importe qu’ils soient d’anciennes âmes humaines pour la plupart, ils avaient vendus le peu d’humanité qui leur restaient en rejoignant l’armée de la Soul Society. Ils ne valaient pas mieux que les Hollows en réalité. Et encore, ces monstres avaient au moins le mérite de ne pas avoir le choix. Les Shinigamis ne pouvaient en dire autant. C’est donc à contrecœur qu’elle s’adressa à lui.

- La réputation de mon clan ne vaut pas celle des Shinigamis. Je crains que dans ce domaine, nous ne parvenions jamais à votre hauteur. Et c’est sans doute mieux ainsi. Quant à ma propre sécurité, vous avez effectivement raison : je prends toujours mes précautions.

Sa main revint devant elle sans qu’elle n’ait pris la peine de sortir un de ses poignards. Elle n’avait pas besoin de le porter en main pour pouvoir l’utiliser, en cela la maîtrise exceptionnelle qu’elle possédait sur les âmes l’aidait en permanence. Son ton était acide même si elle ne semblait pas insultante pour autant. Seulement, l’on percevait clairement l’animosité qu’elle portait aux Shinigamis. Ce qui rassurait la jeune femme, toutefois, c’était la présence d’Elias. Ce dernier pouvait sans doute voir la scène d’où il se tenait et entendait parfaitement la conversation par le biais de l’oreillette. Si pour le moment il ne réagissait pas, elle savait que sa présence lui éviterait de commettre l’irréparable. Comme de tenter de tuer un Shinigami en pleine rue, par exemple.

- Vous dites vouloir vous entretenir avec moi… Faites vite, mon temps est précieux et je n’aime pas le perdre à mauvais escient. J’ai hâte de savoir ce que vous avez à me dire.

Elle ne savait pas pourquoi mais elle sentait qu’elle était plus enclin que d’habitude à écouter un Shinigami. C’était assez rare pour éveiller sa curiosité, sans qu’elle puisse se douter qu’il y avait de la magie dans l’air. Et il était sans doute préférable qu’elle ne l’apprenne pas, sans quoi le sang serait versé.

Uragami fut très étonné qu'elle ne lui pose pas la question habituelle que ne lui posent les gens qui ne s'attendent pas à être reconnus "comment savez-vous qui je suis?" ou variante. Enfin cela l'arrangeait, ça lui évite d'avoir à se répéter encore. C'est le rôle de la 2nde division de savoir, surtout en ce qui concerne une famille telle que les Meyer qui sont relativement célèbres dans le mauvais sens du terme. Une héritière aussi douée qu'elle ne passe pas inaperçue. Mais nombre de personnes croient qu'elles sont inconnues du Seireitei, ou plutôt, du service de renseignement qu'est la 2nde division. Heureusement que ce n'est pas le cas sinon cette division serait vraiment inutile, mais elle ne sait pas tout non plus sinon il n'y aurait pas de conflit. Cela dit, qu'elle ne lui pose pas la question a éveillé un doute dans l'esprit du Shinigami, serait-ce l'effet de Senritsu qui l'aurait apaisée? Si c'est le cas elle y est particulièrement sensible, c'est bon à savoir.

- La réputation de mon clan ne vaut pas celle des Shinigamis. Je crains que dans ce domaine, nous ne parvenions jamais à votre hauteur. Et c’est sans doute mieux ainsi. Quant à ma propre sécurité, vous avez effectivement raison : je prends toujours mes précautions.

Uragami prit un air chaleureux et détendu, comme à son habitude.

- Ahahah ! Ca c'est vous qui le dites (dit-il en riant). Les Shinigami n'ont pas la réputation d'être des tueurs sans pitié, notre but premier étant de sauver les âmes errantes. Mais vous comprendrez que nous ne pouvons pas toutes les sauver, maintenant que vous pouvez percevoir les énergies spirituelles, vous devez vous rendre compte de la quantité qu'il y a. De plus, de nombreuses forces menacent en permanence les Shinigami, je suis bien placé pour le savoir, donc il est évident que certaines âmes puissent se perdre ou que quelques Hollow arrivent à nous échapper. Enfin, je vous dis ça sans même savoir si vous faisiez référence à cela. Quant à vos précautions, comme je vous l'ai dit, j'en prends moi même donc cela ne me pose pas de problème.

La jeune femme semblait enclin a écouter, visiblement sa petite ruse fonctionnait à merveille. Enfin, pour l'instant ce n'était qu'une mission d'observation, il n'avait pas l'intention de lui proposer quoi que ce soit, de toutes façons un humain (même Fullbringer) ne pourrait mettre les pieds au Seireitei, si l'observation portait ses fruits, il pourrait avoir d'autres plans pour elle. D'habitude, pour ce genre de babiole, il envoie un siège à sa place mais étant déjà sur les lieux, il préféra agir par lui-même, de plus, elle semblait différente de ce qu'il avait imaginé.

- Vous dites vouloir vous entretenir avec moi… Faites vite, mon temps est précieux et je n’aime pas le perdre à mauvais escient. J’ai hâte de savoir ce que vous avez à me dire.

- Le mien est précieux aussi ne vous en faites pas. Mais comme je vous l'ai dit, je ne suis là que pour discuter, je n'ai pas de raison précise, cela ne devrait donc pas être long. Je mène une petite enquête personnelle, je souhaitais simplement savoir pourquoi votre famille haïssait-elle autant les Shinigami? Et pourquoi vous vous les détestez? Etant l'un d'entre eux, je souhaite dissiper tout malentendu, si malentendu il y a. Le fait est que nous ignorons tout de vos raisons, je joue simplement mon rôle.

Bien, comme cela il pourra faire d'une pierre deux coups, se dit-il intérieurement.

Citation :

J'ai lu ta présentation mais ta mission ne m'intéresse pas du tout, t'inquiètes pas. En revanche si elle réussit tu auras sans doute affaire avec ma division et probablement la 9ème, et papy Tenzen n'est pas aimable :p

Encore et toujours la même rengaine, les arguments typiques employés par les Shinigamis pour expliquer l'incompétence qui était la leur. Mais aux yeux de la jeune femme, cela ne tenait pas. Combien de fois les avait-elle entendues ? Combien de fois avaient-ils cherchés à lui faire avaler ces couleuvres ? Elle n'était pas si naïve qu'elle semblait vouloir le faire croire et cet homme, qui qu'il soit, ne parviendrait pas aujourd'hui à influer sur son état d'esprit. En tout cas cet homme s'amusait visiblement et cela agaçait notre chère Mayer. Elias le comprit-il ? Certainement, car déjà sa voix résonnait de nouveau dans son crâne, lui laissant quelques informations qui n'étaient pas superflues.

- Vous ne devriez pas jouer son jeu, Mademoiselle Mayer. Mais plutôt le faire entrer dans le vôtre. N'est-ce pas précisément votre domaine de compétence ?

Il n'avait pas tort. Peu à peu, elle reprenait ses esprits, comme si elle sortait d'un mauvais rêve. Jamais elle ne s'était laissé décontenancer par le passé et elle ne souhaitait pas que cette soirée change de ses habitudes. Quoi qu'il en soit, elle n'en savait toujours pas plus quant aux intentions de ce Shinigami qui avait un petit avantage sur elle : il savait à qui il s’adressait, du moins en substance. Or ce n'était absolument pas son cas. Savoir qu'il appartenait à cette race d'assassin ne la satisfaisait pas et s'il y a bien une chose que Real ne supportait pas, c'était de ne pas partir sur un pied d'égalité avec ceux qu'elle n'appréciait pas. Et puis cette discussion prenait une tournure déplaisante.

Se fiant à son propre instinct qui la poussait à quitter la place pour mettre le plus de distance possible entre eux, elle recula d'un ou deux pas. Une marque de faiblesse pour qui saurait lire les attitudes. Un gage de sécurité pour ceux qui connaissent les méthodes des Mayer. Le regard de la jeune femme fouillait les environs : elle voyait l'ange de la Mort mais les humains n'en étaient pas capables lorsqu'ils n'étaient pas éveillés spirituellement. Ainsi, elle veillait à ce que personne ne puisse la considérer comme folle, à parler ainsi au vent. Car contrairement aux autres, elle ne s'en moquait pas, les apparences comptaient pour elle.

- Vous pensiez vraiment qu'il vous suffisait d'arriver jusqu'à moi et me poser la question pour obtenir une réponse ? Votre naïveté m'étonne.

Le ton cassant était caractéristique de l'humeur de la jeune femme. Froide et tranchante, elle reprenait les habitudes qui étaient siennes, celles qui faisaient d'elle cet assassin si particulier. Ce qui poussait les Mayer à haïr les Shinigamis ne regardaient qu'eux. Qu'importe la raison d'ailleurs, elle ne cherchait pas à donner plus de sens que cela à sa vengeance. Ses motivations lui étaient propres et même s'il y avait du vrai dans les propos de cet homme face à elle, même si elle ne pouvait blâmer l'intégralité des shinigamis pour quelques parias, elle garderait son envie intacte, abattant ceux qui apparaissaient sur sa liste pour la mémoire de son père et de sa mère. Et pour l'honneur des Mayer.

- De toute évidence, nous ne sommes pas sur un pied d'égalité. Vous savez qui je suis mais je ne sais rien de vous en dehors du fait que vous êtes un Shinigami. Pourquoi s'intéresser à nos raisons de toute façon, elles ne regardent que ceux qui sont initiés à nos croyances. Il n'y a aucun malentendu, nous savons seulement ce que vous êtes. Ce que vous représentez.

Ils devaient être détruits, sans sommation. L'air semblait se rafraîchir alors qu'elle se taisait enfin. L'aura glaciale qui émanait d'elle en était la véritable cause. Ses émotions prenaient le pas sur sa volonté mais elle savait encore se contenir. Sans quoi, jamais elle ne serait arrivée à ce niveau.

- Incisive... Je ne suis pas sûr de vous l'avoir déjà précisé mais vous êtes ravissante quand vous êtes en colère.

Visiblement Senritsu prenait déjà fin, "dommage" se dit-il. La jeune femme montrait donc son vrai visage, aussi froide que belle. Mais il en fallait bien plus pour effrayer un Vice-Capitaine du Gotei 13, même si elle ne savait pas qui il était, il savait qu'un assassin professionnel ne tue pas au hasard, il tue sur ordre, si il se laisse déborder par ses émotions et venait à tuer quelqu'un d'extérieur, cela le discréditerait auprès de ses paires en plus de lui poser d'autres problèmes avec la faction de sa victime, en l'occurrence, éliminer un Vice-Capitaine causerait son éradication ainsi que celle de son clan tout entier. Alors que de son côté, éliminer un Fullbringer n'aurait pas eu une grande incidence, il était seul et n'aurait juste eu qu'à inventer une histoire de toute pièce, mais ses pouvoirs étaient limités dans le monde des humains et ça le frustrait énormément de ne même pas arriver au niveau d'un simple humain alors qu'il était tout de même Vice-Capitaine. Encore une chose qu'il essaiera de changer. Bref, Uragami était bien conscient de cela, il n'avait pas besoin de Senritsu pour arriver à ses fins, il avait un gros avantage sur elle et entendait bien le garder.

- Vous pensiez vraiment qu'il vous suffisait d'arriver jusqu'à moi et me poser la question pour obtenir une réponse ? Votre naïveté m'étonne.

"Aussi froide que belle" se répéta-t-il intérieurement.

- Aussi étrange que cela puisse paraître, oui, je le pensais. Nous autres, les Shinigami, sommes tous différents les uns des autres, mais vous autres, les Mayer, semblez nous mettre tous dans le même sac et c'est bien dommage.

Il le pensait vraiment, Uragami n'aimait pas les conflits, surtout ceux qui étaient inutiles et immatures ou encore les conflits dont tout le monde avait oublié la raison depuis bien longtemps, excepté ceux qui s'amusaient à l'entretenir. Une haine entre deux familles qui pourraient bien s'entendre et collaborer dans d'autres circonstances. La jeune femme avait sans doute ses propres raisons de détester les Shinigami mais Uragami était persuadé que rien ne pouvait être irréversible, encore fallait-il arriver à la toucher. Visiblement, leur emprise sur la jeune femme était forte, cela n'allait pas être facile.

Il vit la jeune femme s'éloigner de deux pas en arrière, dans un premier temps, de son point de vue c'était seulement de la pudeur, ou alors du dégoût d'être aussi près de lui. En y pensant à deux fois, étant de nature plutôt paranoïaque et soupçonneuse (c'est en partie ce qui l'avait conduit à occuper ce poste), il se demandait si elle ne s'était pas éloignée pour cacher quelque chose qu'il risquait de découvrir en restant près. Il la regarda donc attentivement de haut en bas mais il ne voyait rien, mais cela ne voulait pas dire qu'il n'y avait rien, elle avait de longs cheveux et une veste noire qui cachaient une partie de son visage et de son corps, ils pouvaient dissimuler certaines choses. Uragami garda cela en tête, de toutes façons il ne pourrait pas le vérifier.

- De toute évidence, nous ne sommes pas sur un pied d'égalité. Vous savez qui je suis mais je ne sais rien de vous en dehors du fait que vous êtes un Shinigami. Pourquoi s'intéresser à nos raisons de toute façon, elles ne regardent que ceux qui sont initiés à nos croyances. Il n'y a aucun malentendu, nous savons seulement ce que vous êtes. Ce que vous représentez.

- Et vous n'avez rien besoin de savoir de plus, je peux seulement vous dire que j'occupe un poste à responsabilité. Je ne suis pas d'accord avec vous sur un point essentiel, Mademoiselle Mayer, ce point essentiel est la clé de voûte de toute votre logique tordue et qui fait que nous ne nous entendons pas aujourd'hui. Visiblement vous me haïssez, je ne vous ai pourtant rien fait personnellement, tout comme la plupart de ceux de ma faction, et à cela vous répondez que ça ne me regarde pas? Pourtant c'est moi qui suis haï sans raison apparente, donc j'entends plutôt que ça me regarde, vous ne pensez pas? Je viens en émissaire de la paix, j'aimerais en savoir plus pour mettre fin à une idiotie inutile, il y a trop de haine qui coule en ce monde et qui pourrait être résolu de façon diplomatique. C'est aussi le rôle d'un Shinigami que de résoudre des conflits de ce genre. Et si les négociations échouent, dans ce cas là nous restons ennemis, au moins on aura essayé de faire quelque chose, ce qui n'est pas votre cas, qui de nous deux sera dans le faux à ce moment là? Celui qui refuse de communiquer et reste cloîtré dans sa haine ou celui qui tente de résoudre un problème? Je vous laisse réfléchir à la question. D'ailleurs, en gage de bonne foi puisqu'il faut bien qu'un de nous fasse le premier pas, je reviens sur mes paroles et je vais me présenter, je m'appelle Akucho Uragami, je suis le Vice Capitaine de la 2nde division. Enchanté de vous rencontrer.

Uragami avait abandonné son air jovial car il voyait que cela énervait son interlocutrice et souhaitait prouver qu'il était réellement sincère, ce n'était pas seulement une tactique visant à casser l'image qu'avaient les Shinigami pour la jeune femme. Le rôle de la seconde division n'est pas seulement d'enlever, d'assassiner ou d'espionner, parfois si un conflit peut être évité, c'est aussi son rôle de s'en occuper. Mais si ça échoue, dans ce cas là il passera à l'étape suivante.

Idiot. Voilà ce qu'était ce Shinigami. Et sans l'obligation qu'avait Real de se tenir à carreau, sans doute aurait-elle rabattu le caquet de cet avorton au plus tôt. Il était étrange évidemment qu'elle compare cet homme à un enfant alors même qu'il était certainement bien plus âgé qu'elle mais la jeune femme était ainsi : elle ne supportait aucunement ces faux-semblants et cette manie de vouloir être aimé par tous. Les Shinigamis n'étaient peut-être pas la cause de tous ses maux mais ils n'en restaient pas moins des êtres abjects, qui ne méritaient aucune clémence quant à leur manque de jugements. Le sien était dur mais elle avait été élevée par un clan qui haïssait plus que tous ces êtres, ainsi pas étonnant qu'elle ait prit leur manie. Elle-même avait encore un sérieux contentieux avec eux. Un contentieux qu'elle comptait régler en éliminant les Shinigamis qui étaient désormais sur sa liste.

Un geste presque imperceptible lui fit sortir l'un de ses poignards de sous sa veste, laissant apparaitre clairement la lame blanche. Faisant attention que personne d'autre ne puisse voir la lame, Real adressa un sourire sans joie au Shinigami. Il ne s'agissait pas tant d'une menace que d'un avertissement. Seulement la jeune Fullbringer ne souhaitait pas envenimer les choses. Pas encore. Trop tôt.

- Vous êtes bien le seul à être enchanté. Akucho Uragami... Désormais, je connais votre identité, votre visage et votre grade. Je préfère en rester là avant que les choses ne prennent une tournure qui ne nous arrangerait ni vous, ni moi. Vous n'avez pas tort en parlant de ma logique - comment vous avez-dit déjà ?? Ah oui - tordue. Mais sachez bien une chose, Shinigami : notre prochaine rencontre ne se déroulera pas dans les mêmes conditions. Car si vous restez en ville, c'est moi qui vous retrouverais. Et alors, je pense que nous pourrons pousser plus en avant notre petite discussion "amicale".

Les Shinigamis n'avaient aucun honneur, Real le savait. C'est pourquoi, alors qu'elle tournait enfin le dos à cet homme, elle libéra une partie de son reiatsu élémentaire, faisant baisser de plusieurs degrés les températures des environs en l'espace d'une poignée de secondes. Rien d'alarmant, seulement elle démontrait qu'il ne serait pas bon de l'empêcher de partir. Car Vice-Capitaine ou non, ce qu'elle avait senti de cet homme, c'était avant tout du vice. Un as des renseignements ? Très certainement. Et ce ne serait pas auprès d'elle qu'il obtiendrait plus d'éléments à charge contre son clan. Ainsi disparue la jeune femme dans la nuit, emportant colères et menaces avec elle. Trop tôt... Mais le jour viendrait rapidement où elle aurait les mains déliées.

Tout ce qu'Uragami avait pu observer c'était qu'elle n'avait rien dit pour contre-argumenter et que cette haine relevait plus de la bêtise que de la raison. Il n'y avait visiblement rien à faire pour l'éradiquer. Tant pis pour elle après tout, Uragami n'avait que tenté de lui rendre service. Il ne savait pas pourquoi une héritière d'une famille d'assassins se trouvait à Karakura mais cela n'envisageait rien de bon. En temps normal il aurait mené sa petite enquête là dessus mais il était le seul de sa division actuellement dans la ville et il aurait été dangereux de tenter d'en savoir plus. Il s'occuperait du cas de cette fille une fois de retour au Seireitei, elle connaissait son nom, son grade et son apparence, mais lui aussi il connaissait tout cela d'elle, mais ces informations n'ont pas le même pouvoir dans les mains de l'un et de l'autre. Qu'est ce qu'une petite famille d'assassins haïssant les Shinigami face au Gotei 13? Pas grand chose à vrai dire. Alors qu'elle connaisse son nom et son grade n'avait que peu d'importance, sinon il ne lui aurait pas divulgué cette information.

Mais Uragami ressentait une profonde tristesse et un sentiment d'échec, il pensait arriver à creuser dans le coeur de la jeune femme pour arriver à extirper quelque chose qui lui permettrait d'avancer dans sa direction et d'éviter un conflit, il avait échoué. Désormais il devait passer à une autre étape qui l'enchantait guère et qui aurait pu ne pas arriver si cette conversation n'avait pas pris cette tournure. Mais elle s'était montrée beaucoup trop agressive pour qu'il laisse passer ça, il faudrait désormais la surveiller de près.

Elle avait tourné les talons, laissant derrière elle un froid immense qu'il avait déjà ressenti lorsqu'il était à côté d'elle, c'était sans doute lié à son pouvoir de Fullbringer. De toute évidence c'était un message "ne me suis pas", ce à quoi il aurait répondu :"comme si j'en avais l'intention" se dit-il... et même si c'était son intention il ne ferait surement pas ça directement après avoir terminé une conversation animée, cela manquerait cruellement de discrétion. Plutôt paradoxal pour une filature.

Bref il s'en alla à son tour, déçu et triste que cela ait tourné ainsi. En arrivant il ferait un rapport écrit pour sa division ainsi qu'à la 9ème pour les prévenir que quelque chose risquait de se produire.