Le regard de Real se posa sur l’homme qui venait de l’aborder. S’il est vrai que la situation lui était familière, elle n’en éprouvait pas moins une gêne permanente, agacée assez régulièrement par le culot dont pouvait faire preuve les hommes pour tenter leur chance. Elle fut toutefois surprise par le physique de l’homme en question. Bien mieux habillé que la plupart, il se dégageait de lui une confiance étonnante. Cela ne se ressentait pas spécialement dans les mots qu’il avait utilisés mais surtout dans sa posture. Cigarette en main, lunette relevée, il avait tout du charmeur de base. Ce n’est qu’ensuite qu’elle comprit les mots qu’il avait prononcé… Pareils ? Selon toute vraisemblance, ils l’étaient en effet.

Car s’il y a bien une chose qui lui paraissait évidente, c’est que cette ville recelait d’une multitude de Fullbringers et autres âmes évoluées. Il était comme elle. Lui aussi avait été touché par la malédiction de ces Hollows. Privé d’une vie normale parce que les Shinigamis n’avaient pas été capable d’empêcher une attaque. Sans doute ne pensait-il pas comme elle. Elle se savait marginale, en dehors de son propre clan bien entendu, et n’aspirait d’ailleurs plus à se justifier. Quoi qu’il en soit, elle se retrouvait face à un bel homme et qui en plus appartenait à son groupe. Pour le moment, la discussion était envisageable.

- Je vois où vous voulez en venir, en effet. J’ai bien un peu de temps devant moi… Et je dois admettre qu’il y a longtemps que je n’ai pas parlé à un confrère.

Elle préférait user du terme « confrère » afin de donner l’impression qu’ils étaient dans le même corps de métier. Les indiscrets ne sauraient alors pas de quoi ils parlaient véritablement. En dehors de Koshiro. Mais lui, c’était un cas atypique, complètement en dehors des normes. Son oreillette s’activa, signe une fois encore qu’Elias se trouvait à proximité, observant la scène. Le Quincy se montrait toujours discret mais désireux d’apporter ses commentaires quand il l’estimait nécessaire. Désormais habituée, elle n’éprouvait plus de gêne lorsque le grésillement résonnait dans ses oreilles.

- Il n’appartient pas à notre réseau… Sans doute un indépendant comme il en existe tant d’autres.

Des personnes possédant des pouvoirs, il y en avait des masses par ici. Cela passait par les simples humains capables de voir les âmes défuntes à ceux susceptible de manipuler des forces obscures.

- Je suis Real Mayer. Nous serons plus à l’aise pour discuter si nous trouvons où nous installer, ne croyez-vous pas ?

Real ne se sentait que rarement en danger. Sa propre confiance en elle lui permettait de palier à toutes situations irrégulières et si les choses dégénéraient, elle se savait capable de faire appel à son précieux pendentif ou à son traditionnel Glock qui se trouvait accroché à l’intérieur de sa veste.

- Disons que je suis une personne discrète, Monsieur Takamura. La force de l'habitude, sans le moindre doute.

Elle en avait entendue parler et même si ça n’avait pas été le cas, Elias lui aurait rendu un rapport complet dans les cinq minutes. L’avantage lorsque l’on est ainsi chaperonné, c’est que l’on a accès à des informations en temps réel. L’un des grands avantages de cette oreillette en réalité. La proposition d’aller chez lui arrivait déjà sur le tapis, faisant sourire la jeune femme. Les hommes étaient tous ainsi et pour qui savait utiliser ses charmes, ils devenaient facilement manipulable. Du moins le pensait-elle. En tout cas, sachant se défendre et préférant ne pas être entendu par quelques oreilles non concernées, elle accepta son invitation, opinant du chef et adressant en réponse un petit sourire charmé. Elle ne l’était pas réellement, de fait, même si cet homme avait quelques atouts qui devaient plaire à la gente féminine.

Alors qu’ils prenaient la direction de cette fameuse rue, elle se dit que cette rencontre allait peut-être arranger ses affaires. Les Fullbringer n’étaient pas les plus nombreux au sein de cette ville et certains étaient régulièrement ciblés par les Hollows en quête de proie facile. Savoir qu’un homme évolué spirituellement détenait en plus de cela un poste très important dans le civil, c’était une information qu’elle jugeait indispensable. Ses employeurs étaient des gens riches, très riches, mais elle n’avait jusque là jamais obtenue d’éléments sur eux ou leur identité réelle. Seul Elias était en contact direct avec eux, une transition qu’ils jugeaient primordiale à la bonne tenue de la mission. Une transition qui perturbait Real, même si elle en comprenait la raison. Ils payaient bien et ils lui proposaient un contrat qui la satisfaisait amplement : tuer ceux qu’elle tenait comme responsable de la mort de ses parents. Que demander de mieux ?

- Jolie voiture. Je présume que c’est la vôtre, n’est-ce pas ?

Comment en serait-il autrement ? Il avait de l’argent et ne le cachait pas. Ce véhicule était de loin le plus classe de ma rue, à l’image que projetait cet homme à la face du monde. Lui aussi avait une idée derrière la tête. Elle espérait seulement que ce ne soit pas le batifolage où il risquait d’en pâtir. Depuis peu, la ville lui appartenait. Tout du moins, le marché noir était entre les mains de son second employeur, celui qu’elle avait rejoins depuis peu et qui portait le nom de Koshiro. Ses méthodes avaient visiblement plus à la brute et ce qu’il lui proposait satisfaisait la jeune femme.

- Que fait un homme comme vous à parcourir un tel quartier ? A votre place, je craindrais que l’on me vole. Même si nous sommes plus capables de nous défendre que le commun des mortels.

L’avantage de posséder un talent particulier évidemment. Même s’il était préférable de se tenir à carreau si l’on désirait passer inaperçu.

- Si je dois vous appeler Cho, appelez-moi Real, je vous en prie.

Elle accueillit ses paroles d’un simple sourire. Cela ne coûtait généralement rien et faisait plaisir. Tant qu’elle ne savait pas à quoi s’attendre, la jeune femme préférait jouer la petite sainte, riant aux blagues du bel homme et lui faisant un peu de charme. C’est ainsi que l’on tire son épingle du jeu dans le milieu. Et la véritable profession de Real nécessitait qu’elle excelle dans ces petits tours. Bien sûr, il n’y avait aucun mal à m’langer plaisir et travail. Même si ici, la notion de travail était encore inexistante. Cho avait les moyens et il ne s’en cachait pas. Il n’avait pas foncièrement tort d’ailleurs, la réussite ne devant pas être une tare que l’on masque.

Elle n’y connaissait toutefois pas grand-chose aux voitures, préférant alors seulement acquiescer suite à sa proposition de lui montrer sa collection. Peut-être oublierait-il son idée si elle ne faisait pas trop d’allusion à ses véhicules. Elle-même étant plutôt moto que voiture, en possédant une assez exceptionnelle, offerte par ses employeurs actuels. Elle préférait toutefois ne pas trop l’utiliser pour le moment, laissant le bolide dans le garage mit à sa disposition.

Cho n’avait pas tort quant à la question de vol. Il était nécessairement assuré, ce qui constituait une obligation lorsque l’on possédait autant de moyens. Il lui répondit également quant à la raison de sa présence par ici, la justification lui paraissant tout à fait crédible. Le moteur se mit en marche, berçant quelque peu la brunette. La route était agréable et elle attendit un peu avant de lui répondre. Profitant du confort que lui offrait le véhicule, elle laissait son regard filer au travers de la fenêtre. Il ne lui fallut toutefois pas longtemps pour sortir de ses songes, tournant son visage vers le conducteur, mi-amusée.

- Je suis en ville pour le travail, Cho. Mes employeurs sont d’importants investisseurs dans la région et ils m’ont engagé pour veiller sur leurs intérêts en leur absence. Si l’on devait mettre un nom sur ma profession, disons que je suis en quelque sorte une conseillère en sécurité. Vous comprendrez que je ne puisse dévoiler l’identité de mes clients, liée comme je le suis par contrat.

Ce mensonge était si proche de la réalité que Real ne fournissait généralement jamais beaucoup d’efforts pour le formuler. La seule véritable différence avec la réalité, c’est qu’elle était en fait un assassin à la solde de quelques puissants. Et que ses cibles n’étaient autre que les Shinigamis peuplant Karakura.

- Et quand je dis que je veille sur leurs intérêts, je ne parle pas seulement de les protéger des hommes mais aussi de ce qui vit à Karakura et dans ses alentours.

Cho n’était pas idiot. Il comprendrait sans doute qu’elle faisait allusion aux âmes qui parcouraient cette ville. Shinigamis, Hollows, Arrancars, Humains éveillés… Selon ce qu’elle avançait, elle devait également empêcher ces êtres étranges de tourner autour des biens de ses clients. En cela au moins, elle disait parfaitement vraie.

- Sommes-nous encore loin, Cho ?

Ils arrivaient enfin, ce qui était une bonne chose bien que la jeune femme en soit quelque peu déçue. Elle avait véritablement appréciée cette balade. Mais l’arrivée dans la demeure balaya rapidement sa déception : jamais elle n’avait vu pareil endroit. Ses employeurs étaient trop discrets et attachés à leur secret pour permettre à Real d’aller jusque chez eux, ainsi la plupart des rencontres se faisaient sur territoire neutre ou dans ses propres quartiers. Elle se doutait qu’ils possédaient des moyens à la hauteur de Cho mais n’avait jamais l’attester de ses yeux. Alors qu’on lui ouvrait la porte de la voiture et qu’elle sortait, un domestique se dressa devant elle pour prendre sa veste. Elle accueillit la démarche avec sourire, cherchant du regard Cho.

Elle n’avait aucune raison de ne pas laisser son manteau à l’homme face à elle. Mais elle ne souhaitait avant tout pas effrayer ces derniers. Alors qu’elle ôtait délicatement celui-ci et qu’elle le tendait à l’homme, son porte-flingue apparue à la vue de tous. Collée près du flanc gauche, le Glock était désormais visible. La ceinture permettant de le maintenir en place était en cuir délicat, noir, et possédait quelques « poches » pour ses chargeurs supplémentaires. Elle semblait parfaitement aller à la jeune femme, qui ne pensait même pas à l’enlever. Il s’agissait d’un cadeau de son clan lorsqu’elle avait accomplie sa première mission et y tenait beaucoup. Sa profession ne lui permettait généralement pas d’être désarmée. Et elle n’était pas disposée à laisser son Glock au vestiaire.

- Je comprendrais que la vue de mon arme puisse vous déranger, Cho, mais ma profession me l’impose. Je ne peux pas vous la remettre et je vous prie de m’en excuser. Si cela pose problème, je peux encore partir.

Elle ne se fiait à personne et surtout pas à un homme qu’elle venait de rencontrer. Si cela indisposait ces messieurs, alors la discussion tournerait court et elle repartirait. Elle avait beau être Fullbringer, elle était attachée à certaines choses matérielles. Par ailleurs, maintenant qu’elle avait ôtée sa veste, il paraissait évident que l’arme à feu n’était pas son seul atout : la ceinture qu’elle portait à la taille laissait apparaître plusieurs lames de petites envergures, des couteaux particuliers qui appartenaient donc à Real et dont elle se servait dans ses différentes missions. Ainsi dépouillée de sa veste, elle avait l’allure d’un soldat. Ce qu’elle était, en quelque sorte.

Pour le moment cela ne posait pas de soucis mais elle restait sur la réserve. L’échange de regards entre les deux hommes n’était pas passé inaperçu et elle s’attendait à être sous surveillance. Tant que cela ne dépassait pas les limites du raisonnable, elle s’y accommoderait. Mais elle savait Elias sur place, ce qui la rassurait. Pour le moment, le Quincy restait silencieux. Il savait qu’une fois dans la demeure, il ne serait plus en mesure de voir réellement sa protégée. Il trouverait toutefois un moyen de s’approcher au plus près. Cho lui proposait un verre qu’elle acceptait de bonne grâce. Malgré tout, la situation précédente avait fait ressortir son côté méfiant et distant.

- Je suppose qu’en ces murs, nous pouvons parler sans risque d’être entendu ? Alors je vous écoute, Cho. Vous m’avez fait venir pour une raison précise et j’aimerai entendre ce que vous avez à dire.

Son sourire s’était quelque peu effacé sans pour autant disparaître. Ici, selon ses propres critères, elle était en territoire ennemi. Et cela imposait quelques réserves. Son verre en main, elle attendait un peu avant d’en siroter le contenu.

Elle se mit à sourire sous la remarque de Cho. Elle ne comptait pas se servir de son arme sur lui, elle n’était pas là pour ça. L’homme ne manquait pas d’humour alors même que la situation aurait pu être tendue et elle appréciait sa tolérance. Tout le monde n’aurait certainement pas agi de la sorte face à une personne armée. Sans doute que son statut de Fullbringer l’aidait à se sentir en sécurité : il n’était pas comme le commun des mortels, possédant sans doute des dons lui permettant de tenir la route face à un simple humain.

La gorgée qu’elle prit lui fit du bien. Et en connaisseuse, elle sut que ce whisky n’était pas tiré d’une vulgaire bouteille bon marché de l’épicerie du coin. Oui, il avait décidément les moyens de se payer ce qu’il désirait. Ce qui en disait long sur une facette de son caractère. Un homme comme lui ne devait pas se refuser grand-chose et ce qu’il ne pouvait obtenir par le charme ou la parole, il devait l’obtenir par l’argent. Les Puissants de ce monde agissaient plus ou moins de la même manière. Il n’y avait généralement aucune exception.

La véritable discussion commençait enfin. Si Mayer n’avait rien contre les préliminaires, elle aimait aussi quand les choses s’accéléraient. Elle allait enfin découvrir la raison qui poussait Cho à chercher un Fullbringer dans cette ville. S’implanter dans une telle ville n’était plus si facile que cela désormais. Pas avec Koshiro qui tirait les ficelles dans l’ombre. La brute n’appréciait pas vraiment la concurrance. S’il s’agissait de marché noir, Cho devrait payer son dû comme tous les autres. Finalement, elle avait bien fait de le suivre. Pour le reste, elle pouvait aussi lui répondre. Même si les événements lui paraissaient encore obscurs, comme tirés d’un mauvais rêve.

- Il y a en effet eu du grabuge. Une grande bataille a eu lieu dans les quartiers de Karakura. L’un d’eux a été pratiquement rasé par une force incroyable. Je ne sais pas vraiment ce qui s’y est passé. Je n’y étais pas moi-même. Ce que je sais, c’est que des Shinigamis sont arrivés peu de temps après. Et que plusieurs conflits ont éclatés un peu partout. Je ne sais pas pourquoi ni comment, mais nous avons été forcé de nous mettre en travers de leur chemin. Les Fullbringers ont été contrôlés. Je n’ai pas d’autres mots que celui-ci.

Ce qu’elle taisait, c’est que la situation lui avait procurée du plaisir. Tuer des Shinigamis était sa raison d’être, sa seule lubie. Et même si sa perception de la réalité avait été altérée à ce moment précis, elle n’aurait sans doute pas agi autrement dans son état normal. Certes, elle avait été vaincue par un Capitaine. Mais elle avait au moins pu voir ce qu’elle pouvait faire face à l’élite et elle n’avait pas à en rougir.

- Il y a eu de très nombreuses disparitions. Et si le calme est revenu, les marques des différents combats restent encore visibles à qui sait regarder.

D’un geste de la main, elle refusa poliment de prendre un cigare. Fumer ne lui procurait aucun plaisir. Elle reprit toutefois une gorgée de l’alcool qu’il lui avait servie. Le trouvant un peu réchauffé par l’air ambiant, elle apposa sa main au dessus du verre. Une poignée de secondes seulement. En reposant ses lèvres sur le verre, elle en reprit une lampée. Frais, comme elle l’aimait. Cho avait-il perçu son manège ? Cela ne pouvait lui avoir échappé. Et elle se fichait de se dévoiler ainsi : elle était une Fullbringer et en assumait la charge.

- Des associés ? A ce sujet, je peux sans doute aider. Cette ville possède déjà quelques personnes qui tiennent à leur territoire. S’implanter est donc soumis à quelques restrictions. J’ai quelques connaissances dans le milieu… Tout dépend du marché concerné.

Alors qu’elle attendait que Cho lui réponde, Real se demandait si Elias avait pu suffisamment s’approcher pour entrer en contact avec elle. Pour le moment son oreillette restait étrangement silencieuse. Le Quincy était un maître de l’espionnage mais cette maison était assez bien gardée.

C’était à son tour d’effectuer sa petite démonstration de pouvoir, laissant alors entrevoir une sorte de serpent de fumée. La manipulation de cet élément était visiblement la base de son don et elle accueillit l’information avec un petit sourire. Il se prêtait au jeu en se dévoilant et elle appréciait le geste. Elle-même lui avait montré une partie de ses propres capacités, bien qu’elle n’ait eue aucunement en tête de se mettre en avant. Seulement les habitudes ont la vie dure et Real ne pouvait rien boire qui ne soit pas très frais. Sans doute que cela avait un rapport à son don de naissance : on ne possédait pas un pouvoir sur la glace sans raison et ça se ressentait sur ses habitudes de vie. Et sur son visage lorsqu’elle quittait ce sourire pour redevenir cet assassin glacial.

Qu’il la remercie pour les réponses prouvait qu’il était un galant homme. Mais la jeune femme savait qu’elle n’avait ici dévoilée que le strict minimum. La discussion sérieuse débutait tout juste en réalité et l’envie de développement de Cho semblait suffisamment importante pour qu’il se renseigne sur les activités que venait de mentionner la Mayer. S’adossant confortablement dans son siège, elle croisa ses doigts entre eux, pensive, se demandant s’il n’y avait effectivement pas de possibilité de le mettre en contact avec son deuxième patron. Koshiro avait besoin de main-d’œuvre et les moyens de cet homme pourraient être utiles. Sans parler de son don. La devise dit « qui ne tente rien, n’a rien ». Et elle ne risquait pas grand-chose à jouer les entremetteuses. Au pire, il n’y aurait aucun marché.

Poussant un bref soupir, signe qu’elle avait achevée sa réflexion, elle se contorsionna sur son siège pour en sortir un petit cellulaire. Elle le posa sur la petite table à proximité, n’y touchant plus tant qu’elle n’aurait pas obtenue l’autorisation du maître des lieux de s’en servir. Question de politesse et aussi afin de montrer qu’elle pouvait, d’un simple appel, préparer un possible rendez-vous. Utilisez son oreillette aurait été plus rapide mais la jeune femme préférait garder cet atout pour elle. Personne ne savait qu’elle avait un contact permanent avec un garde du corps spécial. Et elle s’en portait mieux ainsi.

- Je suis navrée mais vous comprendrez que je ne peux donner ce genre d’informations à la légère. Les amis dont je vous parle travaillent en dehors du cadre légal. Et m’assurer que ça reste ainsi est primordial. Je peux seulement vous dire que nous avons de grosses ambitions quant à l’avenir de cette ville. Spirituellement parlant, j’entends. Et je pense que vos talents – et vos moyens – pourraient trouver écho auprès du responsable de ce groupe. Je peux faciliter une rencontre si vous le désirez. Vous aurez alors le loisir de décider si vous voulez vraiment rejoindre ce groupe. Et poser toutes les questions à cet homme qui dirige le tout. Un simple mot… Et je le fais prévenir.

Elle ne prendrait pas la décision de trop en dire. Mais elle pouvait faciliter les démarches. Koshiro serait alors seul juge. La brute était un homme particulier. Très loin des manières de Cho. Sans doute qu’ils ne s’entendraient jamais. Mais a-t-on besoin de s’apprécier pour travailler ensemble ? Certainement pas.

- Je sais que tout cela parait très secret. Et sans doute que mon ami ne prendrait pas autant de précautions que moi. Déformation professionnelle, je suppose. Mais je suis très sérieuse… Si vous voulez réellement obtenir les informations sur ce groupe, il faut passer par lui.

La prudence était une donnée essentielle de son travail. Et sans elle, sans doute que Real n’aurait jamais atteint les sommets de son art. Par ailleurs, les activités de Koshiro nécessitaient à ses yeux cet excès de précautions et il ne lui appartenait pas de dévoiler certaines informations qu’elle jugeait sensibles. Ce serait à eux et à eux seul de régler cette question. Toutefois, Cho semblait se fourvoyer quant aux intentions de la jeune femme. Et cela la fit sourire. Sans doute s’était-elle mal exprimée et elle allait réagir promptement pour ne pas laisser le doute s’installer. A aucun moment elle n’avait parlé de faire venir son boss ici. Elle avait pu cerner le caractère de Koshiro et n’aurait certainement pas risqué un incident – ou un incendie – alors que Cho pouvait devenir un potentiel contact.

Par ailleurs, elle doutait fortement que le chef des Son of Inferno se déplace sous prétexte qu’un homme le désirait. La fierté était une chose forte dans l’esprit de cet homme et elle l’avait déjà vu réagir mal pour moins que ça. Elle resta un instant sans dire un mot, le sourire toujours sur le visage – fait assez rare pour être souligné – puis elle tendit la main pour récupérer son téléphone. Elle n’appellerait pas son boss et laisserait se faire les choses. Mais elle allait tout de même donner à son riche interlocuteur un moyen de la contacter. Cela lui paraissait le plus raisonnable. Pour elle comme pour lui.

- Sans doute me suis-je mal exprimée et je m’en excuse. Mais je n’ai jamais envisagé de le faire venir ici. Je souhaitais seulement vous mettre en contact et vous laisser l’opportunité de clarifier la situation. Je vais vous remettre ma carte. Vous serez alors en mesure de me contacter quand bon vous semblera. De mon côté, je parlerais à cet homme de vous et de vos intentions. Tenez…

Alors qu’elle rangeait son téléphone, elle en profita pour sortir une petite carte de sa poche, la déposant près de l’homme. Un unique numéro apparaissait dessus. Rien d’autre. Ni nom, ni adresse. Puis elle se leva enfin. L’homme, galant au possible, accompagna son mouvement. Il avait des manières et elles étaient en parfaite opposition avec celles de Koshiro. Elle s’attendait donc à ce que leur rencontre soit explosive. Le jeu de mot involontaire la fit sourire. Remettant d’un geste de la main ses mèches en place, elle repensait à la proposition de Cho de participer au rendez-vous. Sans doute qu’elle serait capable de calmer les pulsions de son chef. Mais elle en doutait fortement. Et de toute façon, il ne lui appartenait pas d’interagir avec le recrutement. Elle avait sa propre mission et cela la satisfaisait.

- Je crains d’avoir un peu trop abusé de votre temps. Et mes obligations ne peuvent être reportées plus longtemps. Ainsi, je vais devoir prendre congé de vous, Cho. Nous verrons plus tard pour organiser votre rencontre. Je vais vous donner son nom, cela vous permettra déjà d’avoir une information. Il se nomme Koshiro. Ce fut un réel plaisir de faire votre rencontre.

Elle le pensait. Lorsqu’elle n’était pas face à des Shinigamis, elle pouvait se montrer parfaitement charmante. Et Cho avait su se montrer parfaitement correct, ce qu’elle appréciait véritablement. Il ne lui manquait désormais plus qu’à récupérer sa veste et pour cela, le majordome devait la lui remettre. Il aurait été du plus mauvais effet de sortir en laissant ses armes à la vue de tous. Son oreillette s’activa de nouveau. Ainsi il était parvenu à se rapprocher. Brave Elias.

- Mademoiselle Mayer, je vous approcherais une fois que je me serai assuré qu’il ne vous file pas.

Lui aussi était méfiant. Mais c’était son rôle que d’assurer la sécurité de real, après tout.

Citation :

RP terminé pour ma part. Merci beaucoup.