Zora sentait l'exaltation la gagner au fur et à mesure qu'elle évoluait sur le sable chaud du désert de Las Noches. Elle était retournée à ses premiers amours de la chasse aux Hollows, certains était de moindre importance, d'autres étaient un peu plus imposant, mais la rouquine elle, tuait sans distinction de façon plus ou moins barbare selon son humeur. C'est avec une certaine nostalgie qu'elle avait retrouvé le Yermo qu'elle avait quitté pendant trois longues années. Ce terrain de jeux géant lui avait même plus manqué que la routine ennuyeuse, malgré le confort apporté, qui s'installait dans la citadelle de la panthère. Son Hierro c'était régénéré suite à ses blessures et à l'extraction des morceaux de chitine empoisonnés. Désormais elle estimait qu'elle s'était suffisamment accordée de repos pour pouvoir s'atteler à une activité un peu plus physique que la lecture ou la musique. Elle était donc partie de ses confortables appartements, qu'elle avait eu le temps d’aménager à sa sauce, sans prendre ses lambeaux qui lui servait de vêtements, sa carapace, bien que fine, suffisant à cacher certaine partie de son anatomie. Sa lame et sa maîtrise du Cero suffisait amplement pour les proies les plus faibles, pour les plus avancées psychologiquement, il y avait le cerveaux de la rouquine, capable d'élaboré des stratégies de traques et de meurtres assez impressionnantes et complexes.

Pour le moment, elle savourait l'instant de marcher entièrement nue sur le sable, libérée de toutes contraintes hormis celles qui concernaient son propre potentiel destructeur et son imagination. Elle marcha un certain temps, sans utiliser son Sonido, pour s'enfoncer dans un coin reculé et sauvage du grand désert blanc. Au milieu de cette vide étendue, un petit arbre mort avec des rochers, attira son attention. Ce lieu lui paraissait bien poétique, comme une île déserte au milieu de l'océan et elle décida d'établir son périmètre de chasse privilégié, à cet emplacement. Elle s'allongea sur un gros rock et contempla le ciel aussi vide que la terre. Elle s'endormit ferma les yeux, s'apprêtant à s'assoupir pour se reposer après cette longue marche. Elle n'eut pas le temps de fermer les yeux qu'une masse considérable s'abattit sur elle, la clouant au sol. Elle ouvrit calmement ses paupières, un sourire aux lèvres.

- Et bien si le gibier vient à moi maintenant.

Un Hollow, ou plutôt une Hollow au vue des rondeurs, d'apparence humaine, lui maintenait fermement les bras. Son envie de meurtre malgré le masque qui cachait son visage, irradiait la Pestilence qui s'amusait de la situation. L'autre hurla, ouvrit la bouche en grand et une cero se forma. Une ombre passa sur le visage de l'Arrancar, qui s'enferma dans une expression sévère et froide comme à son habitude.

- Tu es bien sotte pour oser cracher la mort à une personne bien plus avancée dans l'évolution que toi.

Elle releva son poignet et un bala partit de la paume de sa main, propulsant la primitive un peu en arrière, suffisamment pour que Zora se dégage de son étreinte. Elle empoigna alors son sabre et avança tranquillement vers son agresseuse, qui commençait à se relever, la toisant de son regard gris, n'exprimant en l'instant que le mépris. Elle l'attrapa par les cheveux, et lui redressa la tête, lui passant la lame en dessous du cou.

- Alors belle demoiselle?

Elle pouvait ressentir la peu de l'autre et s'en délectait, elle aimait particulièrement se mettre dans cette situation de proie puis de prédatrice et bien des Hollows, les plus idiots souvent, pouvaient croire à une victime facile lorsqu'ils voyaient un de leur congénère endormi ainsi. Ils ignoraient tout des stratégies de la chasse et de l'appât. La rouquine appuya lentement sa lame sur la gorge de son jouet, et s'apprêta à la décapiter proprement. C'est alors qu'un grand bruit lui parvint sur sa droite et elle tourna la tête pour voir un autre Arrancar qui fonçait droit sur elle, la bave au lèvre. L'impact fut violent, elle n'avait pas eu le temps de se protéger, elle fut éjecter en arrière, le derrière dans le sable. Elle se releva, cracha la poussière qui lui était restée dans la bouche. L'importun était à califourchon sur sa proie, prêt à lui faire subir les pires sévices, en chantonnant comme un benêt. Zora se releva et le héla poliment, en sachant qu'il était dangereux d'interrompre un homme qui était sur le point d'assouvir ses besoins les plus primaires, mieux valait y aller avec tact, surtout que l'original ne semblait pas avoir toute sa tête.

- Excusez moi mais je crois que ce sur quoi vous êtes assis m'appartient.

Pas moyen de trouver sa chère et tendre poulette. Il avait bien demandé aux dunes "Elle est où la poulette?", mais personne ne lui avait répondu. De fait, il se sentait un peu perdu, trainant la savate au milieu de l'immensité crayeuse du grand désert. Perdu oui, mais pas non plus démuni. Car ses instincts ne le lâchaient jamais, le taraudant sans cesse pour qu'il cède à telle ou telle pulsion. Oui mais non. Il n'était pas né de la dernière pluie! Ni de l'avant dernière, d'ailleurs. En fait, il n’y avait jamais eu de pluie lors de sa naissance. Il le savait parce qu'on lui avait dit. C'était un Mardi.

Donc il pataugeait dans le quartz, soulevant des gerbes de sable à chacun de ses pas. Ah ça, ça faisait les mollets! Les mi-mollet, les mimolettes, l'ami mollette! La mi-molle? Très peu pour lui!

- Mais elle est où cette grognasse...#ZAP#...oh mon dieu, on a oublié Kévin! #ZAP# Sergent, on a perdu Boyle!

Et sa personnalité tressautait au rythme de ses pérégrinations, polluant le silence du Yermo avec un capharnaüm de voix et d'accents divers. Il n'avait pas besoin de côtoyer ses semblables, au final, puisque sa propre conversation se suffisait à elle seule. Cela dit, le paradoxe voulait qu'il soit constamment épris d'angoisse à l'idée de se retrouver seul. Un trait de caractère commun à toutes les grandes personnalités, sans doute. Toujours est-il que l'assemblée générale prit fin au moment où une détonation résonna dans l'air. Caractéristique d'une explosion sourde d'énergie. Signe avant coureur d'une seule chose, aux yeux de l'Alexandrov: on allait s'amuser là-bas, quelque part.

- Hey, 'ttendez moué, j'arrive!

Tel le vent, tel la foudre, tel l'oiseau de proie attrapant sa...proie, le jeune homme avala la distance qui le séparait de ce bruit étrange, gravissant la dernière dune qui lui faisait écran de sa masse, pour aviser un joli petit cottage constitué de quelques rochers et d'un simili arbrisseau crevé, tout rabougri. Avec, en prime, deux petites femelles jouant au combat de boue...mais sans boue. Il va sans dire qu'il n'y avait rien à ajouter pour enflammer notre homme, qui se rua sur les deux petites pépés aussi vite que le loup font sur l'agneau qui vient de naitre. Il était dans son bon droit, l'une des donzelle ayant déjà commencé à maintenir l'autre pour que le taré puisse lui faire subir les premiers outrages. Il s'emporta donc dans son enthousiasme, tel un chien bien trop content pour son propre équilibre, et envoya tout le monde rouler dans la poussière. Le hasard faisant bien les choses, l'albinos se retrouva à califourchon sur celle qui avait été soumise, frottant avec frénésie le bas de son hierro sur la naissance des reins de la succube, qui apparemment...n'aimait pas ça du tout, vu sa façon de beugler à la ronde sa colère et sa frustration. Même sa petite chanson à base de "A dada, à dada" ne semblait pas la dérider. Aussi Aleksi fit-il fi des remarque de la seconde femme pour calmer un peu les ardeurs de sa monture, à grand renfort de coup de ses poings joints sur la caboche.

- Tout...PAF...doux...PAF...tout...PAF...doux! Ah bah là elle a baissé le volume! #ZAP# Allez Mathilda, viens donc faire la seconde miche de pain! On va s'en payer une tranche! Et ramène le ketchu...

Il avait tourné la tête, constatant par là même que l'autre femelle avait autant de tissu sur le corps que Dark avait d'humour, ou l'Imperador d'humilité. Bref, elle semblait coller totalement dans le moule d'amour et d'affection qui correspondait à sa Maitresse, la seule et unique gardienne de son cœur. Et du reste. Aussi prit-il appui sur la tête de l'autre pour se relever, et aller lui renifler le derche, tirant derrière lui l'autre protagoniste de cette farce par la cheville. Ce fut le moment choisi par sa mémoire sélective pour lui rappeler les paroles de la demoiselle, prononcée un peu plus tôt.

...ce sur quoi vous êtes assis M'APPARTIENT.

Ce flash, cette épiphanie, ce pif de génie! Dans sa tête les pièces du puzzle se mettaient en place...cette femme si peu vêtue revendiquait la greluche pas tout à fait humanoïde pour ses besoins exclusifs, ce qui faisait d'elle une saphiste avérée, aussi loin de se prendre la Moby Dick du godelureau qu'un Menos d'attraper un coup de soleil! Elle n’aimait pas les hommes, point. Cette information avait été traitée, digérée, acceptée puis classée par le Fraccion, qui ne pouvait par conséquent songer à une quelconque rencontre cosmique vis à vis d'elle. Ou pas.



- Ola, amie du camion...(ou était-ce camionneuse?)...sur ta moustache, je te laisse ta gonz, mon pote...euh...toi...là...euh, ils? Vous? Eux? La communauté? Cuir?

Il se perdait avec toutes ces notions. Comment dialoguer avec les minorités? Il ne le savait pas lui même puisqu'il en faisait partie. Du moins, quand on est tout seul, on est bien minoritaire, non? Ou majoritaire, vu qu'on est seul. Rien qu'à y penser, ça fiche la migraine. D'ailleurs, son esprit zappa encore une fois.



- #ZAP# Allez vient Francis, on va s'la jouer Georges Michael, baisé volé dans les rochers, une main sur la fesse, l'autre sur la laisse! Avant-bras poilus, oh yeah!

Et soudain, il se figea. C'en était trop.

- ...

Ouais, ça lui avait clairement coupé le sifflet.

- Z'êtes qui vous?

Et l'autre derrière nageait littéralement dans le sable, tentant un crawl histoire de s'arracher à la poigne de son tortionnaire, avec force grognements.

Zora était éberluée devant l'Arrancar qui se trémoussait devant elle, entraînant dans sa folie son gibier dont la tête s'enfonçait dans le sable. Elle en avait vu des énergumènes dans sa vie de Hollow, mais celui là, elle ne comprenait pas un fichtre mot de ce qu'il racontait. Un discours sans queue ni tête et il lui fallut un moment avant de soupçonner ce qu'il essayait de lui faire parvenir, s'aidant de sa connaissance au monde des humains auquel l'autre faisait visiblement référence. Elle se cambra en avant et agita les deux mains en signe de protestation.

- Oh non ce n'est pas ce que vous croyez, je ne suis pas de ce genre là. Du moins, je ne le suis qu'a moitié dirions nous.

A vrai dire elle ne s'était jamais vraiment posé la question par rapport à son attirance ou à ses besoins primaires. De ce coter là les gens avec qui elle se satisfaisait n'avait pas vraiment le choix, homme ou femme. Elle tendit la main en direction de la femme qui se débattait derrière son interlocuteur.

- Cette charmante demoiselle était destinée à être mangée.

Voilà. La discussion sur la sexualité de Zora était close, elle doutait que l'autre timbrait n'y revienne pas mais de son coter elle ne répondrait pas à d'autre provocation sur ce sujet. Elle s'inclina pour se présenter.

- Je suis Zora Marquesa, ancienne Fraccion et maintenant Numeros. Et puis je savoir à qui ai-je l'honneur?

Elle contemplait la proie qu'elle avait eu à sa merci auparavant. Celle-ci se débattait comme un beau diable pour s'échapper de l'étreinte de l'Arrancar. Elle eu soudainement pitié d'elle et s'avança vers elle. L'autre leva la tête et la regarda avec ses yeux larmoyants et implorants la pitié. Le pied de la rouquin vint lui fracasser le crâne, déposant une gerbe de sang sur le sable blanc.

- Voilà comme ça nous ne nous querellerons pas sur cette personne. Si vous en voulez un morceau ne vous gênez pas. Je partage volontiers mes repas, quelque soit la compagnie.

La patience était chez Zora, sa principale qualité, et puis elle n'avait rien de mieux à faire pour l'instant que de tenter de communiquer avec cet être dont la raison semblait être grandement limitée. Elle se pencha sur le cadavre frais et lui arracha la main d'un coup sec, du moins celle que le simplet ne tenait pas encore malgré la rigidité cadavérique qui commençait à s'installer. Elle la porta à sa bouche et commença son festin, le sang dégoulinant le long de son menton et s'écrasant en goutte sur sa poitrine pour finir sa course sur le sol.

L'autre agitait les bras, démentant les supposition de l'aliéné, cherchant par là même à ranimer son intérêt pour cette chair mise à nu. Elle était donc à voile et à vapeur? Quel dommage pour elle. Quoique, la chance lui souriant, l'information ne pris pas tout de suite racine dans l'esprit de l'Alexandrov, qui avait somme toute toujours du mal à assimiler les données arrivant en masse. La seconde fit son chemin, puisqu'elle était plus directe. Manger, un mot qui se passait de réflexion. Voilà un terme simple qui se passait de compréhension. Alors c'était un gibier? Et bien, soit, ripaille! L'autre donnait aussi son nom, perdant une fois de plus Aleksi dans des termes qu'il ne comprenait pas. Elle lui demandait le sien, d'ailleurs, ça il pigeait. Il allait se présenter lorsque la jeune femme explosa la tête de sa proie à coup de taloche, lui offrant pour la peine une ouverture d'esprit assez prononcée. On avait rompu le pain, donné les grâces, c'était le temps pour la boustifaille!



- Gnagnagnagnagna...moi che chuis Alekchi. Che crois. Des fois aussi ch'est "hey toi!" ou "l'autre débile" ou encore "mais il est où, che con?". En fait je chais pas trop, ch'est la Maitreche qui donne les noms, et moi che chuis gentil avec la Maitreche.

Son élocution était gênée par le pied qu'il mastiquait lentement, songeur. Il en était encore à tenter de comprendre l'histoire des numéros.

- Alors t'es un numéros? Lequel? Moi j'aime bien le douze. C'est cool, le douze. Je savais pas que les numéros pouvaient parler et marcher et avoir de nichons #ZAP# 4 8 15 16 23 42 #ZAP# tiens, Grütcke, le corps est encore chaud...tu veux en profiter, hein?

Il avait dit ça tout en posant une main sur la cuisse tressaillante de la défunte proie. La mort n'était pas le genre de truc qui le ralentissait dans ses expériences. En fait, à tout bien réfléchir, il n'y avait pas grand chose qui le ralentissait. Et la vision de cette femme dans son plus simple appareil - quoique, son hierro faisant office d'écran, pus suggestif que sexuel - était comme l'appel d'un sirène, donnant à ses sens le besoin impérieux de se satisfaire. Une raison suffisante pour que son esprit lui apporte enfin la compréhension de la première phrase qu'avait énoncé la femme un peu plus tôt.



- Mais, mais...si t'es qu'à moitié, sur quelle moitié je me frotte, moi? Faut me dire, hein, je veux pas embêter Francis...#ZAP# Ola, mignonne, que faaaais tu en cccces lieux, loin de tout? Jaaaaamais femme ne se balaaade seule dans le désert et ses dangers. Foi de Guy de la Ouaaaaate, je m'en va te protéger de la coueeeenne! #ZAP# le melon, le melon, c'est bien bon, ne vois tu pas, à l'horizon? Les écharpes se portent, la terre suinte, et les pandas font la roue! #ZAP# Celui qui n'a qu'une porte, et bien qu'il la ferme! #ZAP# C'est l'histoire d'un petit os qui se promène dans les champs de luzerne, et puis il meurt. Alors il prend le bus pour la Lune, et il devient chaussure, pour finir par colorier ses pets. Tu veux un chausse pied?

Pas besoin de faire un dessin le type déconnait grave. C'était un peu le problème, lorsque l'on venait le titiller avec un peu trop de sources de distractions. De la bouffe, des femelles, l'attrait des formes et la promesse d'humidité...l'esprit agissait comme un disjoncteur, permettant d'évacuer le trop plein avant que les problèmes ne surviennent. Mais cela ne durait jamais trop. D'ailleurs, c'était suspendu dans sa question, un orteil tenu entre ses doigt en titre d'offrande, qu'il s'était figé, le regard vide, toute vie ayant disparu de ses mirettes. Et il reboota, reprenant vie, passant à autre chose.

- Copa, copa l'ananas! On est bien et on s'y sent chez soi! #ZAP# Et vous préférez quoi, le poulet ou les Saint Jacques? #ZAP# Un jour j'ai remis un monsieur qui ressemblait à Elvis sur un siège, et j'ai pissé sur une cage avec un Espada dedans! #ZAP# Octobre 1917, c'était la merde partout. Le rouge était de sortie, teintant le blanc immaculé de la neige d'hémoglobine #ZAP# hey, mais t'aurais pas vu ma Maitresse? Je suis sûr qu'elle est pas loin. Enfin maintenant je sais plus, ça sent trop la femme partout. Je l'ai perdue, perdue, PERDUE! Ouiiiiiiiiiiiiinnnnnnnnn!!! Je vais devenir quoi, moi, sans la Maitressssssse et les autres petits trous tout chauds? C'est fini, fini, fini, fini...



Et il se frappa le crâne du poing, au rythme de la sentence énoncée, et répétée comme un mantra funeste. Il avait encore une fois sombré dans un état dépressif profond, qui le conduirait inévitablement à tenter de se donner la mort. D'ailleurs...

- TOI! Toi... toitoitoitoitoipois-chichetoitoitoitoi...tues moi! Allez, fais plaisir, je ne mérite pas de viiiiiivre!

Elle avait une lame, après tout. Ça valait le coup d'essayer.