« Un peu de calme dans une flaque de Sang. »

→ Ses traits disparurent sous l’épaisse couche de liquide pourpre qui gicla sur son visage. Un sourire carnassier déformait ses traits, alors qu’un hurlement retentissait à ses cotés. Aux yeux de la femme, son amant venait d’être « plaqué contre le mur tout seul » avant que sa tête n’implose et que le sang n’en jaillissant révèle, par tâches, une silhouette flottant face à son cadavre. Assez intelligente pour prendre ses jambes à son cou plutôt que de purement et simplement tomber dans les pommes –cela arrivait parfois- elle eut tôt fait de disparaitre.
Naezka la laissait faire sans broncher : elle ne « frappait » pas les femmes, en règles générale. Même si elle avait fait quelques exceptions ces derniers jours…

D’un geste leste mais qui lui était on ne peut plus naturel, elle essuya de sa main une partie du sang qui lui maculait le visage, projetant sur le sol d’épaisse gouttes qui se perdirent aussitôt dans la flaque qui s’y était formé. Ses écailles plumes frémirent, alors que son corps était parcouru d’une douce vague. L’Arrancar laissa lentement basculer sa tête en arrière, les paupières closes et un léger sourire aux lèvres, pour pousser un profond soupir.
Ha… La sensation de la chair palpitant sous ses doigts, les vaisseaux qui éclatent, le sang qui gicle et la vie qui s’écoule semblent emporter avec eux, lentement mais surement, la colère qui l’habite. Cela fait quelques jours –ou peut être bien plus ?- que la demoiselle se lâche un peu pour oublier l’intense frustration mêlée de colère et de je ne sais quoi qui l’habite. Le son des explosions lui manquait un peu, elle c’est défoulée un peu. Puis, alors qu’elle s’apprêtait à faire exploser un peu de béton robuste et usé, quelques murs, elle est tombée sur un couple. En proie à un subit excès de colère, elle a changé de cible en dernière minute… et finalement trouvé un truc rigolo. Ou « soulageant », au moins. Elle n’avait pas spécialement pensé réitérer l’expérience, mais le geste lui est revenu tout naturellement.

De toute facon, ce ne sont que des humains… Ils ne valent pas mieux que des Arrancars. Ni ne sont moins bien, à vrai dire. Mais à ce stade, elle ne fait plus la différence, et le principal reste encore la sensation que lui procure cet amusant passe temps. Elle en le reste, se sent grisé au moment de passer à l’acte. Puis… le calme s’insinue en elle, par petite dose. C’est cela qu’elle recherche avant tout, un peu de calme. Celui qu’elle trouve lorsqu’une explosion retentit : mais là, la sensation est plus forte et plus durable.

Depuis peu, son instinct c’est mis à hurler à ses oreilles. Elle ne le supportait plus. Cette affreuse sensation d’insatisfaction, qu’elle ressentait depuis toujours, c’est mis à tambourriner dans son crâne alors qu’elle c’était enfin tue durant ces quelques dernière année… Il a fallu que ca change. Ksss. N’y pensons pas. Il lui suffit d’y penser un instant de trop pour que la rage l’envahisse à nouveau. Et elle en a marre.

Nae rouvrit soudain les yeux, dérangée par une présence au coin de la rue. Une présence qui n’avait rien d’humaine. Un Arrancar de merde, pour être plus précis. Pour une si petite ville, elle trouvait leur présence un peu envahissante… Ils avaient déjà un monde entier leur appartenant, avaient ils réellement besoin d’en empoisonner d’autres ? L’entrée de la ruelle était à contre jour, et la serpente ne pouvait distinguer les traits de l’inconnu qui se présentait à elle. Il était grand, et semblait avoir des cheveux aussi blancs que ceux de l’autre Empereur de son cul. Mais à part ca… Instinctivement, elle se redressa, et ses anneaux se muèrent lentement au sol pour la rehausser de quelques centimètres. Il était dans ses habitudes de se hisser au moins aussi haut que ses interlocuteurs sur cette forme, surtout lorsqu’elle les rencontrait pour la première fois.

« Un peu de calme dans une flaque de Sang. »

→ Était ce nécessaire de préciser que la période n’était pas la mieux choisie pour les sous-entendus grivois ? –Si l’on pouvait encore parler de sous entendus…- Elle se passerait de tout commentaire. Bien sur, cet homme ne savait rien de la demoiselle, ni de son passif même le plus récent. Il n’avait connaissance que de ses meurtres sanguinolents, et devait la prendre pour l’un de ses monstres dénués de raison et assoiffés de sang si courant parmi les représentants de leur espèce. Mais il n’en était rien, et les raisons de ses actes trouvaient racine au plus profond de son être, à l’endroit même sans doute ou il demeurait, secrètement, tant de traces de sa vie humaine. La mâchoire de la serpente se crispa.
La lanterne avait de la chance : sa nature saugrenue la sauvait, et avait retenue l’Arrancar d’attaquer sur le champ. Elle n’avait manqué, néanmoins, de se rapprocher. Alors que son interlocuteur s’exprimait à n’en plus finir, ses anneaux s’étaient déroulés pour envahir progressivement par leur masse imposante l’ensemble de la ruelle, avant de porter en direction de l’inconnu le buste qui les régissait. « Oh tu te vois déjà manquer d’être humains à te mettre sous la dent ? » A quelques dizaines de centimètres tout au plus de son visage, elle posait sur lui tout le poids de son regard, entre fureur contenue et mépris. Ils n’en avaient donc jamais assez ? Elle avait beau avoir tué quelques êtres humains ces derniers jours, elle ne le faisait que par humeur. Cette pratique maladive qu’avait les Arrancars de se prendre pour supérieurs a toute autre créature et de ce fait à profiter des « autres espèces » lui donnait de plus en plus de l’urticaire.

→ Rasssssure toi, j’ai pas l’intention de faire un génocide dans le quartier. |

Terme mal employé ? Tu peux te le foutre dans le cul. Sur cette réponse acerbement susurrée, Nae se redressa quelque peu pour dominer l’inconnu de toute sa hauteur. Son sentiment était partagé. Elle voyait sa lanterne d’un mauvais œil, mais lui concédait sa tentative –foireuse- de « rattraper la chose ». Une colère sourde grondait toujours au fond d’elle, mais elle en avait évacué la majeure partie pour le moment… Et son errance impatiente, marquée par la recherche constante d’échappatoires la laissait aisément en proie a la curiosité. Tout était bon pour se vider la tête et ne penser à rien. Ni à Las Noches, Dark, les évènements récents…

→ T’es qui, en fait ? |

Elle ne l’avait jamais vu, ni entendu parler de lui. Pourtant, la ville n’était pas si grande… Et elle connaissait somme toute pas mal d’Arrancar, à défaut de pouvoir compter sur aucun d’entre eux. De vue, de récits… Repensant soudain à ses dernières paroles, elle ajouta sur un ton presque trop similaire -

→ Ya un problème, avec le Coca-vanille ? |

Elle ne se souvenait même pas n’avoir jamais bu de coca, en fait. Même si le mot lui semblait très familier. 'Saisit pas tout, du coup ?