Le message fit rapidement le tour de la division. Plusieurs hommes avaient été retrouvés inconscient dans les quartiers et déjà les gars de la Onzième s'étaient organisés en plusieurs groupes pour intercepter l’intrus. L'ordre de Shunsui suite à la guerre contre les Mahô Tsukai avait été clair : port permanent du Zanpakutô. Qui que soit l’intrus, il allait se retrouver face à un problème désormais. Car si vaincre plusieurs Shinigamis de la division du Combat isolément était une chose, un groupe entier devenait nettement plus irréalisable. Ils n'étaient pas l'élite sans raison et comptait bien le faire savoir. Shinjirô était revenu de sa petite excursion pour faire changer ses pansements à la Quatrième division à ce moment précis. Avant même que les groupes ne se mettent à remonter la piste des corps inconscient.

La récente évasion de Mayuri était encore dans les esprits et Shinjirô le comprit rapidement. Il prit la tête d'un groupe de dix hommes et ordonna aux ordres de sceller hermétiquement toutes les sorties du Quartier de la Onzième. Qui que soit celui qui avait fait ça, il ne sortirait pas d'ici. Pas vivant en tout cas. Les autres groupes se déployaient alors que le sien remontait vivement la piste laissée par l'inconnu.

Le colosse n'était pas un homme qui réfléchissait en dehors des phases de combat. Et même ainsi, il était en réalité une pure boule d'instinct. Un des gars l'accompagnant lui fit alors une remarque à laquelle il n'avait pas fait attention. Pourquoi laisser les Shinigamis en évidence de la sorte s'il s'agissait d'une intrusion ? Un autre mit en avant que la cible première était sans doute leur Capitaine, ce à quoi le Kenpachi explosa de rire. Si l'on venait pour lui, alors c'était parfait. Le médecin ne lui avait-il pas dit qu'il devait faire de l'exercice ? Un large sourire apparu sur le visage de Kiryû : bien évidemment, Fumi lui avait très précisément proscrit toutes actions idiotes.

Leurs pas les firent finalement arriver devant le réfection. Par réflexes et par la force de l'entrainement, les hommes se déployèrent le long du bâtiment pour en bloquer les accès. Les ordres étaient clairs et tous connaissaient le Kenpachi : il entrerait seul. Ce qu'il fit dans l'instant, non sans avoir pris le temps de placer un petit morceau de bois entre ses dents, se plaisant à le mastiquer avant l'action. Et quelle ne fut pas sa surprise de voir une sorte de robot bizarre en train de s'éclater avec ses propres cure-dents. Un putain de grand robot, pour dire vrai, qui arrivait à vue d’œil quasiment aux mensurations propres du colosse. Intéressant. Mais s'il y a une chose qui n'existait pas dans l'esprit du géant, c'était bien le doute. D'un geste sec, il abattit les sangles qui maintenaient en place Kaimetsu dans son dos afin de rapatrier l'arme dans sa main droite. Celle-ci serait parfaite pour régler le problème. Si problème il y avait... Cette chose était un Shinigami, ce qui rendait suspect son comportement.

- T'es qui ?

Il venait de glisser cette question tout en se rapprochant de lui, lentement. S'il s'était intéressé un temps soit peu aux autres divisions, sans doute aurait-il su qui était cette chose. Il faisait parler de lui de par la nature même de son être. Mais Shinjirô n'était pas homme à prêter attention à ces détails. Et si on lui avait parler de Dakufogi un jour, il l'avait oublié. Il s'arrêta finalement à proximité alors que dehors résonnaient les pas des Shinigamis encerclant les locaux.

- En fait, j'm'en branle. J'te laisse tout juste dix secondes pour m'expliquer ce bordel, la boîte de conserve. Ensuite, je t'ouvre en deux pour voir la gueule que t'as là-dedans.

Déjà son aura prenait de l'ampleur, le nimbant d'un manteau argenté. Une particularité qui lui avait donné ce surnom... Le Colosse d'Argenté. Plus communément appelé l'Argenté. Il leva son bras et posa sa lame sur son épaule, décontracté. Il attendait. Comptant mentalement - et avec difficulté ? - avant de briser cette carrure imposante. Selon ce qu'il entendrait, il déciderait quoi faire. Ainsi était l'homme le plus puissant du Seireitei.

La remarque déclencha une réaction étrange dans l'esprit du colosse. Que quelqu'un vienne l'analyser, lui ? Là, c'était véritablement la chose à ne pas lui dire. Il n'était en rien un sujet d'expérience. Et si cette chose sous-entendait autre chose en faisant allusion à ce fait, ça échappait complétement à Shinjirô. Peu adepte du second degré, plutôt terre à terre et pragmatique, il venait tout simplement de très mal interprété les propos du Shinigami de la Douzième. Pour peu, il en aurait presque oublié que l'homme semblait le connaître alors que lui avait le plus grand mal à se souvenir de lui. Il ne l'avait jamais vu sous cette apparence ou alors sa mémoire défaillait réellement. Dakufogi ? Était-ce un nom qu'il devait connaître ? Apparemment pas.

Quant aux excuses concernant Karot, le colosse devait bien admettre s'en moquer royalement. Ses gars faisaient ce qu'ils voulaient tant qu'ils ne portaient pas préjudice à l'esprit de famille qu'il avait instauré à la Onzième. Que son lieutenant soit appelé à d'autres tâches ne le dérangeait pas tant que ce dernier était présent en cas de besoin. Pour le reste, ils disposaient de leur temps libre comme ils le voulaient. Il était capitaine, pas une nounou.

Quoi qu'il en soit, avec les informations que l'autre venait de lui fournir, le colosse en avait perdu le compte. Ne sachant plus où il en était, il se tût et attendit un bref instant. Pour quelqu'un qui ne le connaissait pas, cette attitude attentiste aurait pu être assimilé à de la peur, tout du moins de l'appréhension. Ou tout simplement comme le signe que cet homme avait une grande gueule, qui n'assumait pas ses propos. Or, Shinjirô était évidemment à l'opposé de ce qu'il pouvait parfois démontré sans le vouloir. Ici, l'attente lui permettait seulement de juger ce qu'il allait faire. L'image de Shunsui apparut un bref instant dans son esprit. S'il ouvrait cet homme en deux - et il ne doutait pas d'y parvenir - alors le Commandant lui arracherait la tête. Il le savait.

- On va dire que c'est suffisant pour le moment. Par contre, y'a un truc que j’capte pas... Tu dis vouloir m'analyser, hein ? Là, t'es tombé sur un os mon p'tit pote. J'suis pas un de vos putains de rats de labo. Alors qu'est-ce que tu me veux vraiment !

Lorsque le monsieur te demande ce que tu fous ici, tu lui réponds. Surtout quand ce monsieur en particulier porte un énorme sabre capable de te trancher en deux. Telle était la réflexion que le colosse se faisait en cet instant. Pour un peu, il en aurait presque oublié que le type face à lui avait réussi le petit exploit d'arriver ici en assommant les mecs qui se dressaient face à lui. Pour un peu, il en aurait même oublié qu'il y a encore quelques secondes, il mourrait d'envie de lui arracher la tête. D'un geste, il abattit sa lame dans le sol, laissant cette dernière s'enfoncer de plusieurs centimètres dans le sol comme s'il n'avait été qu'une simple motte de beurre. Ainsi planté comme un drapeau, le sable trônait aux côtés du géant qui n'avait pour l'instant plus de raison de détruire la conserve. A l'impact entre la lame et la terre, une onde - certes faible mais toutefois perceptible - s'était propagée dans l'ensemble de la pièce, générant de petites vibrations dans le sol.

- En tout cas, t'as du cran pour venir ici et t'imposer de cette manière. J'trouve ça suicidaire mais apparemment t'as les moyens d'assumer tes actes. Trop rare pour un mec de ta division. Tu me rappelles un gars de chez toi qui avait une grande gueule lui-aussi mais qui était apprécié chez nous. J'vais donc t'écouter... Évite juste de me prendre pour un con, j'déteste ça quand j'm'en rends compte.

C'était assez rare, évidemment. Mais lorsqu'il s'en apercevait, il voyait rouge. C'est qu'il avait sa fierté le gros nounours...

Citation :

Désolé pour la petite absence, je reviens ^^