Bah ouais, le grand type à la tronche d'Elvis façon schtroumph avait parlé, et maintenant que le petit homme se retrouvait catapulté Lame du Roi, et ben force était de constater qu'il se faisait bien chier. Genre royalement. On lui avait filé des quartiers luxueux, trop luxueux pour lui, et le type avait passé son désespoir en forniquant avec le mobilier en premier lieu, pour ensuite refaire la déco façon crépis, tant le fait d'être tout seul le pesait. La dépression, c'est pas sympa. Surtout quand ça amène la tristesse. C'est complètement con ça, comme phrase bateau. Faudrait voir à virer le mec qui s'occupe du script.

- Même pas mal! Aaaaaaaah!

Oui, de rage, il tentait de s'enfoncer une télécommande dans le fion. On aurait dit qu'on venait de lui supprimer son compte WoW. Bref, peu de temps après ces crises dignes d'une diva en manque de médocs, l'albinos avait décidé d'aller retrouver un environnement plus familier, le genre de retour aux sources qui lui permettrait peut être de combler le manque horrible qui lui rongeait les entrailles. Ses pas le dirigeaient donc vers les quartiers attribués à la nuée de seconds couteaux appartenant à l'armée personnelle du Chef de l'Exequias. L'Imperador, son Maitre, le grand Bo...ah non, il n'avait plus le droit d'y penser. D'ailleurs, à tout bien réfléchir, il devait penser à un titre, lui aussi, puisque tout le monde au Huco Mundo semblait très attaché aux titres. Et pourquoi pas le Tsar? Après tout, il n'y avait pas encore eu de personne pour se proclamer ainsi. Ou le Duc? C'était pas mal, ça, ça lui donnait envie de se balader en peignoir, de se siroter un petit Russe Blanc - ce qui d'ailleurs s'y prêtait pas mal, pour lui - et d'aller taper quelques quilles. Ouais, ça sonnait pas mal. Et puis on sentait quil y avait des poils sur les bijoux de famille, Marquis ça faisait tarlouze. Tsar, Duc? Baron? Batsar? Trouduc? Il était perdu. Mais devait garder la noblesse qui était maintenant assortie à son rang.



Il marchait donc dans les couloirs comme un véritable matamore, Cid revenu du port, regardant tout d'abord s'il pouvait trouver l'Imperador. La solitude, plutôt la mort. Il n'y pouvait rien, c'était trop fort, il avait la servitude chevillée au corps. Mais il était où, alors, le grand type aux cheveux d'or?

- Dieu me tripote, morbleu, y a autant de monde ici que d'ongles sur le moignon d'un lépreux!

Force était de constater qu'il était arrivé au mauvais moment. Timing à la con. Ah! Non! La gueuze était là! Celle qui avait autant de tempérance que lui, mais que malheureusement le Maitre lui avait interdit de toucher!

- Viens t'en, la Marjolaine, j'm'en va te conquérir ta Prussie!

Et de courir les mains en avant, doigt recroquevillé, comme pelotant outrageusement des seins rebondis. Oui mais voilà, il avait le conditionnement tenace. Aussi heurta-t-il un mur invisible, celui de sa propre volonté, qui lui fit partir la tête en arrière, là, bien fracassée sur le dallage. Toujours bras tendus pour saisir l'impossible fruit défendu, il ressemblait à un véritable pont humain.

Il devait bien y avoir une faille...

La jeune femme s'entraînait seule – comme toujours – dans quelques exercices de souplesse plutôt superflus pour elle tant elle avait de l'aisance dans le domaine. Un talent si marqué qu'elle en ferait pâlir de jalousie le cirque du Soleil tout entier ! Pourquoi donc choisir de travailler cet aspect plutôt qu'un autre ? Et bien... sans personne avec qui s'entraîner, il n'était pas aisé de chercher à développer certaines qualités martiales. Après tout, Lona n'est pas vraiment du genre à ruer de coups l'air lui-même, n'y voyant là pas la moindre utilité. Quelques Ceros peut-être ? Et bien non ! À tous les coups, elle se ferait encore enguirlander, comme d'habitude. Pour un oui ou pour un non, on la prenait à parti alors qu'elle ne faisait jamais rien de mal. Bien que ses notions de bien et de mal puissent peut-être être décalée...

Au moins, l'activité à laquelle elle s'adonnait avait le mérite de l'occuper un minimum. Jusqu'à ce qu'un intrus, soudainement, fasse son apparition. Elle ne savait pas vraiment ce que pouvait vouloir dire l'expression « conquérir ta Prussie » mais en tout cas ça la fit rire alors que l'homme s'écroulait en sol, basculant vers l'arrière alors que l'instant d'avant il semblait vouloir agripper la belle Exequias.

Hihi ! Je te reconnais toi, tu es le garçon gentil de l'autre fois. On n'a pas pu se revoir depuis, donc j'ai pas pu te remercier. Attends, j'ai une idée ! Tadaaaa !

Elle retroussa alors son dudou, le laissant voir sa menue poitrine l'espace d'un instant avant de la cacher à nouveau, et ce sans afficher une once de complexe. Elle se mit alors à rire gaiement, le bout de ses doigts devant ses lèvres.

T'es marrant toi ! Enfin, maintenant on est quitte ! Qu'est-ce que tu viens faire ici, hein ? Tu veux jouer ?