Les jeunes prodiges. Le Gotei 13 semblait avoir un certain faible pour ces gamins présentant visiblement des capacités exceptionnelles, n'hésitant pas à les propulser directement à des postes à responsabilité. Kazunaga avait déjà pu être témoin des œuvres de l'un d'eux lorsque les Arrancar étaient venu en ambassadeurs à la Soul Society. Ce fut d'ailleurs en se renseignant quelque peu sur ce sujet qu'il constata que ce Capitaine n'était pas le premier. Ichimaru, Hitsugaya. Deux noms qu'il avait vite trouvé en consultant l'historique de cette armée. Tout deux ayant été Capitaines, bien que le premier le soit devenu bien plus tard, ayant même occupé ce rang au sein de la Troisième.
Et, maintenant, en plus du Capitaine de la Septième, il découvrait que le Vice-Capitaine de la Neuvième était également dans ce cas. Les propulser aussi haut, aussi jeune, sur la principale base de leurs capacités martiales. On pourrait croire qu'en tant que guerrier, l'ancien Capitaine partageait cet avis.
Il n'en était rien.

A ses yeux, aussi puissant soient-ils, tous ses gamins manquaient d'une chose. La maturité, élément essentiel pour un officiel. S'il avait voulu se renseigner à ce sujet, ce fut principalement car il était loin d'avoir été convaincu par la prestation du Capitaine Chikusa lors de leur rencontre. Pour lui, il ne s'agissait rien de plus que d'un exemple comme quoi il était idiot de confier d'aussi lourdes responsabilités à quelqu'un ayant à peine vécu, qui avait encore à découvrir tant de chose. Et ce aussi puissant soit-il.
Immédiatement après avoir découvert son existence, il se demanda évidemment comment pouvait être ce Kyoraku Taizo. Membre de la famille du Commandant, il était possible de se dire qu'il ne devait son rang que par intrigue de la part des nobles, un simple piston. Cependant, comme il était placé sous les ordres de Tenzen, dont l'image qu'il donnait de lui faisait douter qu'il accepte sous ses ordres un incompétent, laissait penser que ce gamin avait peut être plus pour lui qu'un piston et de bonnes capacités.

Ce fut donc dans le but d'en savoir plus sur ce jeune Vice-Capitaine qu'il se rendit à la Neuvième Division, réfléchissant en chemin sur l'excuse qu'il pourrait présenter pour souhaiter le rencontrer. Après tout, il doutait que déclarer vouloir voir de ses propres yeux s'il avait la maturité nécessaire au poste qu'il occupait passerait bien. Au contraire, il était persuadé de se faire refouler aussi sec.
Pourtant, ce fut sans idée plus avancée qu'il arriva à destination. Il ne lui restait donc plus qu'à trouver la personne en question, espérant que l'éclat de génie ne survienne durant cette recherche.

- Mais arrête-toi, bon sang !

Des bruits de casse s'élevèrent dans la cour. Quelque chose se passait au sein de la division de la Justice. La voix sortit d'un des bâtiments, alors que la porte s'ouvrait à la volée. Un homme en sortit en trombe, bousculant sur son passage les Shinigamis qui s'y trouvaient et qui tentaient de l'arrêter. L'homme en question semblait en proie à la terreur la plus absolue. Mais résolue à ne pas se laisser arrêter. Il se moquait littéralement de ce qu'il faisait, la fuite étant sa seule option. Taizo sortit à son tour, visiblement agacé de devoir courir après cet homme. Quelques Shinigamis, sabres au poing, s'empressèrent de prendre en filature le Shinigami qui s’éloignait désormais de plus en plus. Poussant un soupir, Taizo était fortement contrarié. On lui avait amené cet homme pour pouvoir le questionner dans le cadre d'une affaire de vol avec violence. On ne plaisantait généralement pas avec ce genre d'affaires, encore moins lorsque l'on appartenait à la Neuvième. Malheureusement, à peine était-il arrivé sur place que le suspect avait pris ombrage des questions posées. Pire encore, il était vite devenu incontrôlable alors que les témoins avaient formellement identifiés l'homme. N'ayant d'autres échappatoires que la fuite, il avait opté pour cette décision.

Une décision stupide, il est vrai. Quel espoir avait-il réellement de quitter l'enceinte de la Neuvième, antre de la Justice ? Et Taizo avait beau être un garçon étrange, il ne pouvait accepter que sa responsabilité soit engagée dans cette histoire. Ses doigts trituraient un mécanisme de sa conception, signe évident du trouble qu'il avait. Hyper actif, il ne pouvait rester inactif trop longtemps. Et il ne pouvait laisser cet individu quitter les lieux alors qu'il en était responsable.

Sa main se porta sur le sabre dans son dos. Mais avant même de dégainer, il disparut. Sa silhouette réapparut dans l'instant juste derrière sa cible. En un instant, il avait dépassé les hommes lancés à la poursuite du fugitif. L'autre perçut le mouvement. Mais il n'eut d'autres choix que de subir. La lame du Lieutenant avait en effet quitté son fourreau protecteur. Le premier coup, du plat de la lame, atteignit le creux du genou du fuyard. Déséquilibré, ce dernier s'affala sur le sol, sa vitesse l'envoyant bouler quelques mètres plus loin. Le second coup mit fin à la course-poursuite, le pommeau de son sabre percutant le haut de son crâne, laissant l'homme sombrer dans l'inconscience. Les hommes arrivèrent pour empoigner le fautif, laissant au Lieutenant le temps de rengainer.

Et parmi les observateurs, un homme appartenant à une autre division. Kyoraku le perçut. Sur le visage du gamin, plus aucune trace du sérieux auquel il venait de faire appel pour stopper dans la course un prisonnier. Un simple sourire s'y trouvait désormais. Il avait beau être jeune, il connaissait sur le bout des doigts les apparences et noms des autres Lieutenants. Il en allait de la réputation de la Neuvième après tout. Un simple signe de la main et il accourut vers lui.

- Hoy, Kôgami Fukutaishô ! Désolé de ne pas t'accueillir comme il faut. C'est un peu mouvementé aujourd'hui.

Le tutoiement pouvait être pris par beaucoup comme une insulte, un manque de respect. Mais Taizo ne faisait pas cela dans ce but. Il ne se rendait seulement pas compte qu'il pouvait parfois se montrer trop familier. Manque d'expérience dans ce domaine. Lui qui laissait régulièrement ses pulsions infantiles reprendre le dessus.