Shiragiku Namida avoue posséder une apparence banale dans cet univers qui a laissé place à des êtres surdimensionnés. En effet, l’ange de la mort dispose d’un physique assez sobre, n’enlevant néanmoins rien au charisme que celui-ci peut dégager. S’imprégnant des allures de la noblesse de sa famille, Namida joui d’une classe permanente, sublimée via une démarche distinguée. Son visage juvénile ne souffre d’aucune imperfection de l’âge, même ses nombreuses rixes n’ont réussi à l’entacher. Les traits plutôt doux et arrondis du guerrier entourent un regard singulier … L’incarnation de la tristesse. Lorsqu’une personne croise la prunelle de ses yeux, elle peut y découvrir la tristesse du monde frapper sur ses iris émeraudes. Portant la détresse de l’univers sur son minois, l’expression froide du chevalier est caractéristique de son comportement introverti. Ses sourcils finement dessinés tombent naturellement sur sa figure et ses cristallins scintillants semblent encore humides …

Ses cheveux ténébreux s’entremêlent harmonieusement de sorte à former une toison « féline », agréable à voir flotter dans le vent. Les feuilles du calendrier s’envolant, quelques cheveux argentés s’ajoutent ici et là, n’altérant en rien au charme, tout au contraire ; une osmose entre la maturité et la séduction, particulièrement appréciée par la gente féminine. Cette vingtaine de filins argentés n’entravent guère l’idée sous jacente que l’on se fait de cette crinière lisse, fine et brillante : « netteté ». A l’instar de l’homme qui exhibe fièrement celle-ci, le premier constat pouvant être porté est sans doute la rigueur physique qu’il s’impose afin d’exposer au monde une image de lui irréprochable. Le dernier point capillaire qui chatouille l’esprit de ses frères d’armes est sans doute le changement de coloris lorsque l’ange libère le pouvoir de son sabre. Effectivement, après la libération de son Shikaï, le crin obscur du débonnaire est substitué par une chevelure d’un blanc pur. Malgré de nombreuses recherches, la douzième division du Seireitei n’a pas trouvé d’explications rationnelles à ce phénomène unique et éphémère.

Quant à la charpente du séraphin, elle est à la fois tout aussi sobre et complexe que le reste de sa physionomie. Concédant peiner à dépasser les cent soixante dix centimètres pour une soixantaine de kilogrammes, l’apollon ne possède pas une armature renversante, ce qui ne l’empêche pas d’être convenablement taillé. En atteste sa sangle abdominale admirablement sculptée. Son aspect bluff d’autant plus car sous cette sérénité et cette rectitude qu’il dénude, sous son uniforme, se musse un torse imprégné des joutes que l’ange a mené. Si son visage est vierge de cicatrices, à contrario, son buste ne fut pas épargné. Des centaines d’entailles obstruent le corps de l’éphèbe, plus ou moins imposantes. Les officiers de la quatrième division furent même étonnés que Namida puisse encore vivre avec de tels stigmates. Pourtant, après tant d’années au service de la justice, les dispositions physiques du Shinigami n’ont jamais semblé être affaiblies … Une force de la nature ?

Adulateur des beaux arts, ce philanthrope est surtout un amoureux de musique, il n’est pas rare d’entendre le récital du vétéran dans toute la Soul Society. L’illustre joueur de piano s’exerce dans ses appartements à ses heures perdus et, en amateur de poésie, il n’est pas rare que ce dernier y mêle le chant. De la douceur dans cet univers brutal n’est pas de trop comme le clame ses partisans. Ces nombreuses années d’enseignement lui ont procuré une oreille absolue et un sens du touché aguerri, fort appréciable comme qualités pour un homme de batailles. Sa seconde passion s’agit de sa dépendance à l’art du tatouage. Shiragiku s’est fait tatouer maintes tatouages sur le dos et se rend régulièrement à la quatrième division en réclamer des inédits. Enfin, le dernier caprice du combattant et non moins le plus sein est sa consommation régulière de tabac. Privilège réservé à l’aristocratie il y a quelques siècles, c’est désormais une véritable addiction pour l’apollon si bien qu’il est fréquent de le voir fumer dans une magnifique pipe japonaise, sculptée en bois de cerisier.

Le dernier point qui clôturera le portrait de l’officier tournera autour de ses vêtements. Au-delà du traditionnel uniforme noir du corps armé des shinigamis, le noble bellâtre apprécie porter des kimonos de hautes factures. Comme sa veste en soie de teinte jade parsemée de chrysanthèmes blancs, rappelant son dénominatif, « Shiragiku ». Il chausse des « getas » pour élancer son modeste statut. Gaucher de son état, son épée spirituelle est ceinturée sur son flanc droit, plus ergonomique. Sa dégaine olympienne et sa prestance spirituelle imposante en font un individu apathique. Son apparence laissant transparaître un homme d’une quarantaine de printemps, sa mentalité elle se forge depuis plusieurs centaines d’années. A tout le moins si on ne se limite pas aux premières impressions. Assurément, l’Officier n’affiche que rarement ses pensées. De prime à bord, on ne dégage aucune expression de cet homme, seulement une aversion constante pour ce qui semble l’entourer. Rien ne parait le concerner et pourtant le maître d’arme est certainement le shinigami le moins austère. Son humanité et ses vertus sont souillées par cette dureté spartiate avec laquelle on l’a formé. Erreur d’interprétation de son entourage, il ne cherche désormais plus à le rectifier. Ses faits d’armes incarnent à eux seuls l’autorité, il ne trouve ainsi pas de mal à se faire respecter auprès de ses subalternes.

Sa jeunesse s’envole et ses rêves avec. N’aspirant plus aux mêmes folies qu’à ses débuts, Namida ne souhaite aujourd’hui plus qu’à accomplir au mieux ses fonctions. Fut un temps ambitionnait-il de trouver un moyen de retrouver sa compagne … mais de l’eau s’est écoulée sous les ponts depuis cette époque et l’a ramené à la triste réalité : il devrait affronter l’avenir sans elle. Source d’inspiration pour ses mélodies, elle symbolise les forces et les faiblesses de Shiragiku : « son humanité ». De tempérament pacifique, ce dernier a enterré son âme de guerrier et prône dorénavant la paix autour de lui. Se dispensant de compagnie inutile, ce sibyllin protagoniste n’est pas friand des polémiques et des discours interminables, il prêche la concision et la simplicité. C’est pourquoi il est peu à son aise lors des rendez-vous administratifs et n’hésite pas à les éviter ou les écourter. Cependant habile manipulateur de la langue de Molière, le noble est rarement à court de mots et sait en user sous toutes les coutures.

Les jours se confondent avec les mois, les mois avec des années. Il est devenu assez caduque d’écrire une biographie exhaustive de l’homme tant son existence a traversé les siècles et les mémoires. A l’aube de l’apogée des Shinigami, le nom de Shiragiku possédait déjà ses lettres de noblesse. Ses descendants furent parmi les grands artisans à avoir édifiés les murs du Seireitei. De père en fils, le savoir de l’énergie spirituelle fut un secret précieusement conservé. « Shiragiku Onakuru » et « Shiragiku Sakura » avaient donné naissance à Namida, fruit de l’amour impérissable que se vouait le couple. Sakura était une des servantes de la famille pour laquelle le jeune patriarche avait jeté son dévolu dès le premier instant. Destiné à perpétuer les traditions familiales, la jeune progéniture était élevée selon les coutumes de ses ancêtres.

A l’abri du besoin, les premières années du futur Shinigami ne furent guère Rocambolesques. Ce n’est qu’à son dixième hiver qu’un drame bouleversa son existence. Pris d’une maladie incurable, son géniteur périt avant les premiers bourgeons … Dévastée, la mère ne s’en ai jamais remise jusqu’à sombrer quelques années plus tard, emportée par le chagrin. Fort des enseignements de ses parents, l’adolescent jonglait déjà aisément avec l’énergie spirituelle si bien que sous l’œil attentif du Seireitei il continua l’avancement de l’entreprise familiale. Déjà une sommité parmi la Soul Society, le destin de l’être spirituel semblait tout indiqué. Avide d’aventures, de conquêtes et de découvertes comme les fables contées par son père, le chérubin savait que les tâches héritées contrariaient ses soifs de péripéties. Aficionado du monde terrestre, Namida écoutait passionnément les témoignages des âmes et chaque récit accentuait son insatiable soif d’explorations. C’est avec l’aval des derniers membres de sa famille que le benjamin de la famille entra à l’académie du Seireitei, aspirant rejoindre les rangs de la treizième section du « Gotei XIII ». Son nom déjà connu au sein des anges de la mort, le dernier des Shiragiku eut le privilège d’intégrer la promotion d’élite.

Sa maîtrise innée du kidô et son travail acharné au sabre en faisaient un jeune prodige. Sous le regard admiratif de ses doyens, Namida était un capitaine en devenir. Puis, c’est lors des quelques mois qui suivirent son entrée à l'académie que ses rêves se réalisèrent. Une convocation à un exercice terrestre ... Cela lui ferait découvrir le monde des humains. Son cœur n’avait rarement été aussi rythmé que ce jour là. C’est en voyant cette cité éclairée que l’apprenti Shinigami compris la richesse des hommes : « La liberté ». La capacité de bâtir son propre toit, de pouvoir écrire son histoire sans cette étiquette archaïque qu’on nomme « l’honneur ». Sur le toit d’un immeuble illuminé par l’astre nocturne, Namida contemplait. Les étoiles ne lui avaient jamais semblées aussi proches. Cette expérience avait conforté sa motivation à intégrer la XIII division. Apprendre de cette société ne pouvait être qu’instructif pour sa carrière.

Il passa ainsi ses heures perdues à dévorer des livres sur le monde des humains à la bibliothèque du Seireitei. L'aspirant y découvrit la culture du vieux monde. Il put constater qu’elle était principalement forgée par la musique et les arts. C’est d’ailleurs par une après midi morose, entre deux cours, alors qu’il lisait un livre nommé, « la bible », qu’il tomba sur une biographie d’un singulier personnage, Mozart. Sa perception naturelle de la musique était un vrai mystère pour lui. Désireux de posséder cette faculté surnaturelle, il substitua sa passion de la lecture par celle du piano. Décortiquant les symboles de ces symphonies et requiems les uns après les autres, la musicologie s’était transformée en addiction et occupait désormais une place prépondérante dans son temps libre.

Les mois passèrent et les quelques permissions de sa hiérarchie pour découvrir le monde des humains lui permirent de s’instruire sur cet univers unique. C’est d’ailleurs en déambulant dans la forêt Aokigahara qu’il réussit à entrer en interaction avec son arme dont il en maîtrise depuis ce jour la première libération. Sa formation et les examens arrivant à leurs termes, Shiragoku eut la fierté d’intégrer le corps de la dernière division du Seireitei. Appréciant les prémices d’années fascinantes, il y fit la connaissance de ses confrères d’armes. Sa première mission l’envoyait sur terre, enquêter sur une série de disparitions singulières qui frappait un quartier luxueux de Karakura. C’est au cœur de cette affaire qu’il la vit. Cette créature d’Eve magnifiquement dessinée, ses doigts fins grattant harmonieusement les cordes de sa harpe. Une douce mélopée berçait le cœur du jeune promu. Une sensation inconnue jusqu’à présent.

Pour la première fois depuis sa naissance, quelqu’un avait pris son cœur en otage. Dans la pièce trônait un magnifique piano et, pris dans cette frénésie musicale, Shiraguki accompagna la muse. L’osmose était telle que l’humaine ne fut pas curieuse d’en découvrir l’origine. Cette sérénade qui dura toute la nuit avait éloigné l’homme de ses objectifs. En réalité, il s’était éloigné de tous ses devoirs. Jamais aucun être ne lui avait fait vibrer l’organisme de la sorte. Chaque soir depuis celui-ci, il se rendait à l’insu de ses supérieurs à sa rencontre. Chaque instant il priait que cet idylle devienne possible, caressant sa peau, embrassant son cou, hurlant son amour, rien n’y faisait, cette liaison ne se ferait que via la musique. Une chimère renforcée par les mois, les années, les décennies jusqu’à que le temps face son œuvre et l’emporte. Bonheur éphémère dont Namida ne pourra s’en relever. Depuis ces tristes nuits, il compose, écrit, chante, chaque jour, en hommage à un amour gravé à jamais dans son cœur d’argile.

L’horloge avait tourné depuis et ni ses rixes ni la musique ou sa récente addiction au tabac ne lui avait fait oublier cette époque. Ses tatouages relatent ces instants féeriques. Des centaines d’années s’étaient écoulées depuis sa promotion au rang de Shinigami. Il est désormais temps d’écrire un nouveau chapitre …

La paix était devenue une utopie. La guerre saignait l’ensemble des univers et perturbait le court naturel du cycle de la vie. Même le pacifiste Namida ne pouvait plus en être dupe. Conscient que ses capacités spirituelles devaient être utilisées pour rétablir l’ordre au sein des mondes, il sorti du silence. Sa clairvoyance et son expérience faisait de lui un meneur d’homme tout désigné, aussi espérait-il n’être plus une option dans cette bataille mais, une nécessité. Affinant ses capacités depuis plusieurs siècles, Shiragiku savait désormais où sont destin devait se poursuivre ... Les XIII division sfont la force du Seireitei. Si l’une d’elle s’affaiblit, c’est tout l’équilibre de la Soul Society qui s’en trouve affecté. Après de tels événements, la situation psychologique de la dernière des Kuchiki est à son plus bas. Ne pouvant plus assurer le bon fonctionnement de sa brigade, toute la division semble au bord de l’anarchie. Un handicap qui ne doit pas s’étendre plus longtemps, la contraignant à rendre l’héritage de sa famille. C’est sous les encouragements de plusieurs frères d’armes que l’officier de la treizième division pris l’initiative de rédiger sa demande d'entrée parmi l’élite des Shinigami pour prendre les commandes de la sixième division.