L’étoile diurne peinait à se distinguer en cette sombre matinée. Les nuages noyaient les cieux de la Soul Society et une pluie battante torturait la fenêtre des appartements du futur capitaine. Engoncé dans son fauteuil, le Shinigami admirait les fines gouttelettes troubler l’horizon depuis l’embrasure de sa chambre, tourmentant au même moment son esprit de milles et une questions. Ses angoisses n’étaient pas anodines, sa fierté de soldat se jouait, l’échec n’était guère envisageable. Ce n’était pas tant l’examen afin d’entrer dans le cercle des premiers sièges qui perturbait ses pensées mais, la présence de plusieurs capitaines. Ces derniers représentaient l’essence même du Gotei XIII, force et honneur. Impassible, n’exhibant aucunes de ses craintes, Namida savourait quelques bouffées de tabac, les yeux rivés vers cet olympe, déchainé.

En rien superstitieux, Shiragiku jugeait néanmoins le temps peu accueillant pour ses premiers – futurs - instants sous le blason de la sixième division. Jetant un bref coup d’œil sur l’horloge, l’ange de la mort appréciait ses derniers instants de membre de la treizième brigade du Seireitei. Il aspirait désormais à jouir de plus de responsabilités au sein du monde des âmes. Un projet caduque tant les derniers événements ont fait décliner la sérénité et le bon ordre au sein de cette division. Le projet était pour le moins complexe. Les premières semaines allaient être déterminantes dans la futur carrière du débonnaire. Cependant, la chose primordiale actuellement était sa prestation face au jeune commandant de la société des âmes, Kyoraku.

Pour cesser de martyriser son âme, Namida quitta son fauteuil et usa des quelques heures qu’il lui restait pour soigner son apparence. Il se vêtit de son plus bel uniforme, et pris quelques minutes pour nettoyer son zanpakutô. Il fit attention de lustrer la lame pour lui donner son plus bel éclat et, d’ajuster correctement son fourreau à la ceinture. Sa traditionnelle veste de nuance jade sur les épaules, le futur capitaine dégageait maintenant, une prestance impériale. Chaussant ses getas, Shiragiku se retira de ses appartements en direction du lieu de réunion des treize capitaines. Imperturbable, l’ange de la mort affichait un charisme de meneur d’hommes. Sur le chemin, celui-ci reçut la visite de ses frères d’armes. Quelques tapes amicales, des sourires, des encouragements et quelques formules de politesse puis, il prit congé ...

Trop d’éloges pour un seul homme, songeait-il. La route s’avérait être interminable et le monde se refaisait dans son esprit d’argile. Son enfance, ses débuts en tant que Shinigami, ses moments sur terre, les guerres … Tant d’instants qui ont bousculé son existence de simple âme de Rukongaï. Que réservait son destin dorénavant ? Pensait-il. Son pèlerinage jusqu’aux portes du lieu-dit arrivait à son terme, enfin. L’immense bâtisse dans laquelle de si nombreuses légendes et histoires de la Soul Society s’étaient déroulées, lui tendait les bras. Plusieurs hauts membres du Seireitei patientaient devant, attendant l’arrivée du futur capitaine. En effet, la condition pour intégrer le capitanat repose en partie sur l’aval de plusieurs commandants de division. Des êtres que Namida avait côtoyés tout au long de sa carrière dans la cité spirituelle. Il adressa un rictus et quelques mots maladroits à ceux-ci, ambitionnant tant bien que mal de rompre la glace.

« Le moment est venu, dirait-on. »

La pluie ne s’estompait guère et l’étoile incandescente n’arrivait toujours pas à percer les cumulo-nimbus. Cela n’aidait pas à mettre le futur capitaine à son aise. En effet, il appréciait peu les rassemblements. Aficionado des petits comités, il aurait apprécié l’unique présence des hauts gradés et du commandant … Les soldats du Seireitei s’attroupaient devant la porte de la première division. Parmi ces derniers, seuls les deux capitaines intéressaient Namida. L’attention qu’ils lui portaient était un honneur. Parfaitement vêtus, le capitaine Yakushiji et le capitaine Shinjiro brandissaient fièrement le chiffre de la division qu’ils supervisaient. Ceux-ci incarnaient la rigueur du Seireitei et inspiraient tant aux jeunes Shinigami. Shiragiku faisait parti de ceux là. Nonobstant son expérience, son âge ou son talent, il n’avait jamais pris comme autre modèle que les hommes qui se tenaient devant lui.

« Vos présences honorent l’aspirant que je suis. »

Assurément, les seuls représentants manquant étaient Kuchiki Byakuya et Kuchiki Rukia. Depuis plusieurs centaines d’années, cette noble famille assurait la direction de la sixième division. C’était désormais à Shiragiku de brandir l’haori de cette section. L’espoir de briguer un tel post n’avait jamais été aussi proche. Ses premières directives consisteront à replonger sa brigade dans la sérénité. Nul doute que ses prochains subalternes ne le verront pas d’un mauvais œil. Ses pensées l’écartaient du présent … Et de l’exercice auquel il allait être confronté. Pour la première fois dans l’histoire du Seireitei, les capacités de son zanpakutô seraient révélées. La main sur sa poignée, « Jukaï » était prêt. L’arbre millénaire qui reposait dans la lame rassurait l’ange de la mort.

« Je suis le Roi de la forêt, ton serviteur. Mon talent n’a pour ennemi que ton imagination. Je ne reculerai devant aucuns obstacles, devant une ou milles personnes, jamais je ne briderai ma puissance, la peur est l’arme des faibles. As-tu peur, Namida ? »

Non ! Jamais la crainte de l’échec ne doit m’envahir, songeait le Shinigami. Les murmures de son sabre avaient écarté ses craintes. Pénétrant dans l’enceinte de la première division, l’homme prit un soin tout particulier à saluer le chef de la société des âmes. Celui-ci se distinguait par sa veste rose pastelle et son couvre-chef vétuste. Il trônait au milieu de la salle, sa vice capitaine à ses cotés. Le séraphin avait rarement palabré avec la légende du Gotei Treize. Cela faisait plus de deux siècles qu’il incarnait l’élite des Shinigami. Un frisson déchirait le dos de Namida. Son cœur martelait sa poitrine et la tape amicale du gouverneur de la première division n’avait pas réussi à trancher la pression du futur examiné. Celui-ci refusa également le verre proposé. Il put ainsi constater que rien ne pouvait effacer l'humeur frivole du Capitaine Kyoraku, pas même l'importance de ce rassemblement ou la remarque froide de sa lieutenante, Nanao.

« Avec tout le respect que je vous dois Capitaine, les réjouissances autour d’un verre ne pourraient qu’altérer la qualité de ma future prestation. »

Namida espérait ne pas avoir froissé la jovialité de son supérieur. Dans un flegme digne de ses prédécesseurs, il attendait désormais l’ouverture de l’épreuve. Pour cela, il ne manquait qu’un seul capitaine, Tojo. Sa présence était indispensable au bon déroulement de la cérémonie. L’instigateur de la septième division n’était pourtant pas un Shinigami à omettre de tels rendez vous. L’attente était interminable dans la salle de la première division et la tension était désormais à son paroxysme.

-- Tout est prêt, Kyoraku-sama !

Lorsque les portes qui donnaient sur l’une des grandes cours d’la première division s’étaient ouvertes, j’avais enfin fait mon apparition dans la salle en compagnie de plusieurs membres d’la division nécromancienne. Pourquoi faire vous m’direz ? Simple : Superviser la mise en place d’un kekkai conséquent, quand bien même j’n’étais pas forcément un as en kido. Cette initiative avait pour but d’éviter à la cour, toute autre destruction après la libération du bankai du candidat à évaluer. Moult Taishus avaient été observé ici, à la première division, durant ces dernières années ; et la plupart avaient occasionnés assez de dégâts que le sotaicho lui-même avait déplorés. C’est donc pour éviter toute autre dommage qu’il m’avait appelé à l’avance, avant que j’n’aille en toute diplomatie, demander de l’aide aux nécromanciens. L’opération avait duré un peu plus d’une heure, mais elle en valait largement la peine. Namida avait maintenant l’opportunité d’se donner à fond, sans pour autant craindre la destruction de n’importe quelle infrastructure environnante. En m’tournant vers Nanao, j’lui fis un signe de tête qu’elle comprit immédiatement. Celle-ci fit vite d’raccompagner les nécromanciens à la sortie en nous laissant seul entre capitaines. La cérémonie allait bientôt commencer. ‘Fin… Si notre chef daignait enfin s’bouger les miches…

-- J’espère que tu n'es pas trop stressé, Namida-san. Tout se passera bien, tu verras.

Lorsque la lieutenante d’la première division ferma la porte derrière elle, j’m’étais approché du candidat, tout sourire. On avait eu l’occasion d’se côtoyer à quelques reprises. Des trois autres capitaines donc, j’étais très certainement celui qui l’connaissait l’mieux. J’posai ma paluche droite sur l’une de ses épaules comme pour marquer la sympathie que j’éprouvais pour sa personne. Avec son sérieux et son flegme perpétuels, l’homme ferait certainement un très bon capitaine ! Ce n’est que lorsque j’voulus m’retourner vers Kyouraku que j’vis les deux autres. Même éloignés, on sentait clairement qu’il y avait une sorte de tension entre eux. Plusieurs ragots circulaient à propos d’leur relation. Relation plutôt houleuse, ouaip. J’me demandais comment on pouvait s’détester à ce point, m’enfin, ceci n’me concernait tout compte fait… « Mes respects, Yakushiji-senpai ! » J’m’étais avancé vers lui, avant de m’incliner comme à mon habitude. C’était toujours un plaisir d’le rencontrer malgré son air contrastant en tous points avec l’mien, moi qui avait toujours l’sourire aux lèvres. Après quoi, j’m’étais retourné vers Kenpachi avant d’lui faire un clin d’œil malicieux, ainsi qu’un sourire édenté tout à fait amical. J’portais toujours les stigmates d’notre récente entrevue au bras gauche. Les bandes qui l’recouvraient, l’prouvait bien.

-- J’pense qu’il vaut mieux arrêter de boire, Kyoraku-sama.

Que lui avais-je dit avec un sourire identique au sien, avant d’lui arracher sa bouteille et sa coupole de saké. J’disparus d’un shunpo pour les planquer dans un coin, avant d’refaire rapidement mon apparition à ses côtés. J’me demandais bien par quoi nous allions commencer. Etait-ce par l’test d’personnalité ou par l’bankai ? Mystère et boule de gomme. Toujours est-il que tout était prêt et que l’dernier mot lui revenait. Les voix s’évanouissaient peu à peu devant la salle où nous étions. Nanao devait sans doute disperser les plus curieux qui s’aventuraient dans les environs. Ces deniers n’avaient envie d’voir qu’une seule chose : Le bankai. Ce pouvoir fascinait bon nombre de shinigamis, il fallait l’avouer. Beaucoup travaillaient dur pour y arriver, mais peu sortaient du lot et encore. J’relogeai doucement mon haori sur mes fortes épaules, sans pour autant loger mes bras dans les manches. Ce manteau avait beau vous rendre fier et vous distinguer des autres dieux d’la mort, mais il tenait trop chaud. Bien trop chaud. Même que j’en venais à m’demander si j’n’allais pas faire comme l’gosse qui était à la tête d’la dixième division, histoire d’être à l’aise, ou couper les manches tout simplement. On verrait bien…

J’avais fait exprès. Fait exprès d’m’installer entre les deux capitaines à savoir, le Yakushiji et le Kenpachi. Ils avaient beau s’ignorer royalement et être concentrés lors d’cette réunion, mais je préférais les tenir à distance. Ne sait-on jamais. J’me doutais bien qu’ils n’oseraient jamais s’battre ouvertement devant le capitaine-commandant, mais bon, mieux vaut prévenir que guérir comme l’disaient les humains. Et suite à mon initiative, j’avais moi aussi arboré une mine on n’peut plus sérieuse. On traitait là une affaire importante, voire même déterminante non seulement pour la sixième division, mais aussi pour l’ensemble du Gotei 13 qui avait besoin de solides hommes.

Le Yakushiji n’perdit pas de temps pour poser sa question. Toujours avec son flegme perpétuel et son professionnalisme irréprochable. La situation actuelle m’rappelait un peu mon propre test d’il y a trois ans, mais j’fis vite de rassembler mes esprits pour me reconcentrer sur la réunion, l’moment étant sans doute mal choisi pour penser à autre chose. Ma courte déconcentration profita au treizième Kenpachi qui énonça rapidement lui aussi son interrogation. Les deux capitaines mettaient un point d’honneur sur les stratégies militaires, ce qui était normal vu la période qu’avait traversé le Gotei dernièrement. Cependant, il fallait changer un peu le cours des questions…

-- J’ai deux requêtes à te soumettre. La première n’est pas une question en tant que telle, puisque je te demanderai juste de te décrire. Dis-nous tes qualités et tes défauts.

Pour ma part, la responsabilité administrative était tout aussi importante que la stratégie militaire. S’il fallait seulement se référer au dernier point, nul doute que tous les hommes d’la onzième division pouvaient prétendre au titre de capitaine, tant leur amour pour le combat est grand... M’enfin… J’exagérais peut être l’image, mais l’idée était là. J’eus un petit sourire au coin des lèvres, histoire de déstresser le candidat. J’étais persuadé qu’il ferait un bon capitaine pour ce poste, ça n’faisait aucun doute. Néanmoins, réussir à convaincre les deux autres de son potentiel allait être tâche difficile quand on les connaissait un tant soit peu… C’est dire que l’affaire n’était pas une sinécure…

-- Le dixième siège de la sixième, Rikichi, m’a déclaré il y a peu de temps que le moral de sa division est au plus bas depuis le départ de leur précédente capitaine. Comment comptes-tu gérer ce problème une fois à leur tête ? Quelle est ta vision pour ce groupe ?

Des questions peu difficiles en soi, mais qui allaient faire ressortir sa personnalité devant tout l’monde, ainsi que sa capacité à gérer tout un effectif de soldats, c’qui n’était parfois pas une tâche aisée en soi, loin d’là. Ce n’était pas non plus comme si j’avais participé à sa formation shinigamienne d’une quelconque façon, mais j’attendais beaucoup de Namida. Ainsi donc, j’lui adressai un énième sourire lorsque j’finis d’lui parler, avant d’renfermer ma mine pour paraitre plus ou moins impartial –Ce que j’étais réellement. La parole lui revenait dorénavant. L’occasion inespérée de faire ses preuves pour enfin faire partie de la cour des grands.

C’était bon… Et pas bon à la fois… Il avait carrément éludé ma première demande. D’un côté, l’initiative était audacieuse et pas mal du tout. Il gardait ses défauts pour lui, histoire de ne pas entacher son image. Mais de l’autre, ce n’était pas folichon. Non, pas du tout. J’avais immédiatement décrit une moue boudeuse. Comment pouvait-il être sûr et certain que son entourage pouvait ne pas se tromper sur son compte ? Il était le seul. Le seul à pouvoir se connaitre. La preuve en était qu’il avait lui-même parlé de son sens de la justice qui était à saluer. Le seul fait qui me fit sourire et plaisir…

Non mais parce que la suite ne m’avait pas non plus enchanté. Pas du tout, j’vous jure. Alors que je pensais qu’il développerait ma question, il n’en fut rien. Redorer le blason de la division ? L’idée est louable. La replonger dans la sérénité et l’efficacité ? Idem. Mais en quoi faisant ? Là était la question. Parce que ouais, ce genre d’initiatives ne se réalisaient pas d’un claquement de doigts, ou bien parce qu’on l’on souhaitait véritablement. Il était donc resté évasif encore une fois. Pourquoi ? Aucune idée. Mais malgré tout, j’essayai tout d’même de conserver mon sourire, histoire de ne le pas le décourager pour autant…

Peine perdue, lorsque le Kenpachi prit parole. Shin et son franc-parler frappaient encore. Et là, il gueulait sec. Dire qu’il ricanait quelques secondes plus tôt… C’est à n’y rien comprendre ! Alors que mon confrère s’exprimait sur ses réponses, j’eus un sourire désolé pour Namida. La manière n’y était peut-être pas, mais Shin avait un peu raison. Cependant, j’essayais de me mettre dans la peau du candidat, surtout que je connaissais plus ou moins son caractère. Il n’était pas à blâmer. Pas maintenant du moins. Parce que Shin n’aurait pas dû exprimer ses ressentis devant le séraphin, mais bien après, lors des délibérations…

Kyouraku et Tenzen semblaient ne pas s’offusquer, ou tout du moins, ne montraient aucun signe d’agacement. J’eus un soupir de soulagement à la fois pour Namida et pour le colosse qui se tenait à mes côtés. Puis le sotaicho se releva en réajustant son chapeau de paille, sourire en coin. Il semblait être satisfait par ces questions. C’était en tout cas mes ressentis. Son redressement était le signe même que nous allions sans doute passer à l’étape suivante. Maintenant que le Kekkai était correctement placé, il n’y avait plus qu’à le suivre dans la cour d’à côté pour pouvoir voir le fameux bankai du candidat. Personnellement ?

J’avais hâte de constater ses progrès.

- Si je m’attendais à ça !

J’avais les étoiles plein les yeux si je puis dire ! Les modèles de bankai XXL ? J’adorais, vraiment. Ils étaient généralement lents et passaient pour une cible facile la plupart du temps, mais j’aimais bien. Mis à part ceux des ex-capitaines Mayuri et Komamura, ce bankai me faisait également penser au mien, puisque Gorudensanzu était un gigantesque monstre de sable ; quoiqu’encore plus grand que celui de Namida. En tout cas, j’étais à priori le plus conquis à un tel point que le capitaine commandant eut un sourire en me voyant observer le gigantesque arbre avec une certaine admiration. Etait-il cependant très efficace ? J’étais prêt à parier que oui, même s’il restait à le voir à l’œuvre…

Puis l’heure des délibérations sonna. L’heure que tout candidat craignait énormément. Et je stressais à la place du Séraphin, je vous jure. L’intervention du Yakushiji ne m’étonna pas du tout. Ses dires étaient cohérents, et d’une certaine manière, il avait plus ou moins raison. C’était son expérience qui parlait. Il fut rapidement rejoint par le capitaine de la onzième qui ne mâcha pas ses mots encore une fois. Shin alors… C’était vraiment un digne Kenpachi, plus de doutes possibles. Je soupirai en grattant ma tête. Les deux autres n’avaient pas vraiment tort… Mais à bien reconsidérer les choses, Namida était un combattant de choix, et un excellent meneur, ce dont nous manquions actuellement.

- Moi je suis plutôt pour, contrairement à mes homologues. Mais autant dire que je me base sur ses faits d’armes. J’ai eu à collaborer avec lui par le passé, et je puis vous assurer qu’il fera un bon meneur pour la sixième division. Je reconnais que ses réponses précédentes ont été assez ambiguës, mais je veux bien lui donner sa chance. N’y voyez pas du favoritisme ou un quelconque laxisme dans ma décision. Elle est mûrement réfléchie et prend en compte un bon nombre de paramètre le concernant.

J’avais donné un simple avis, sans essayer de contrer directement celui des autres. Un débat aurait vite fait de s’engager et de me lasser, sans compter que je n’avais pas envie de me brouiller avec mes frères d’armes que j’appréciais beaucoup. Théoriquement parlant, Namida avait beaucoup péché, c’était indéniable. Sur le terrain par contre, la donne pouvait rapidement changer. Je l’avais vu combattre de mes propres yeux. Et c’était ce constat qui me motivait à encourager sa promotion. C’était peut-être pour ça d’ailleurs, que j’avais été appelé en ces lieux, puisque je le connaissais mieux que quiconque, ici. Maintenant, il n’y avait plus qu’à attendre la décision finale du Sotaicho.

C’était pas pour rien que j’avais l’impression de lui ressembler, vraiment. Shunsui avait eu le même avis que moi. En ce sens, nos deux voix prenaient l’ascendant sur celle du Yakushiji et du treizième Kenpachi. J’eus un sourire ravi. Namida venait d’être promu capitaine. Le jeune homme était plus ou moins inexpressif, néanmoins. Il afficha un léger sourire, mais c’était tout. Je me demandais pourquoi il ne réagissait pas plus ou moins vivement, mais quand je vis la tronche que mes autres collègues tiraient, j’eus immédiatement réponse à ma préoccupation. Et avec ça, ils arrivaient à se détester?! Les opposés s’attiraient vraiment, faut croire…

Puis nous passâmes à la cérémonie d’intronisation du nouvel officier. Comment capter l’attention de mes pairs et leur demander d’afficher au moins un sourire factice ? Cela semblait être mission impossible. Tenzen m’aurait certainement fait part qu’il n’était pas du genre à sourire, surtout pour un évènement qu’il n’avait pas cautionné, tandis que Shin m’aurait tout simplement ignoré ou parlé d’autres choses. En même temps, comment auraient-ils pu accéder à ma requête, vu que le promu lui-même n’exprimait pas vraiment sa joie et sa fierté ? Intérieurement donc, c’était des larmes que je versais, parce que la cérémonie était loin d’être festive…

C’était bien la peine de m’être déplacé et d’avoir mobilisé la division nécromancienne, vraiment. J’aurai peut être mieux fait de rester chez moi, à chouchouter ma vice-capitaine, finalement. Car hormis sa promotion, l’engouement des autres capitaines et la joie à peine exprimée de Namida me rendaient dépressif. J’avais même eu dans l’idée de l’inviter à ma division pour prendre un pot et lui exprimer mes félicitations, mais l’atmosphère m’en dissuada. C’est ainsi que je pris également le chemin de la sortie, en suivant le colosse de la onzième en silence. Namida n’avait plus qu’à se présenter aux éléments de la sixième qui attendaient devant la première division…