Encore un petit gars de sauvé. Le médecin ferma sa trousse de soin, rangeant délicatement ses outils dedans. Oui, le petit Brian survivrait. Un sourire aux parents, quelques blabla de politesse, une poignée de main puis on passe au patient suivant. En ce moment, les visites médicales avaient un gout amer dans la bouche du garçon. La purge approchait à grand pas, et il ne fallait surtout pas prévenir la populace, faute de quoi un chahut sans nom naitrait et qui retomberait sur sa tête. C'est donc derrière ce sourire qui est faux que Shin entama sa marche lente vers l'autre quartier. Qu'il se sentait mal maintenant que le mensonge avait été dit. Le petit Brian allait survivre à sa maladie, mais pas sur que ce qui arrivait allait l'épargner. Foutu Maho. Et glandeurs de Reapers. Depuis leur arrivée à la Soul Society, ils n'avaient strictement rien foutus, à part donner plus de travail à leur comparses nippons. Le lieutenant de la Quatrième en avait croisé quelques uns, mais parlé qu'à deux d'entre eux. Un au Rukongai, et l'autre en se baladant au Seireitei. Et étrangement, ils avaient une personnalité différente.

Plongé dans ses pensées, le médecin percute quelqu'un. En premier réflexe, il commence à maugréer tout en ramassant la paperasse. Il allait s'excuser et continuer son chemin, mais le destin en voulut autrement. Un bonhomme au cheveux longs commence à le toiser du regard. Reaper, vu son accent avec lequel il parle. Autant dire que monsieur se croit supérieur, si on se fit à sa manière de parler. Il feint celui qui n'a pas entendu, tenant à savoir s'il est bien la personne à qui le M'sieur s'adresse. Mais les insultes à son égards qui pleuvent depuis peu confirment ses craintes. Voilà les ennuis qui commencent. Se redressant pour se mettre à la hauteur de son vis à vis, le médecin lui afficha un visage neutre.

Euh... Bonjour déjà, non ?

Qu'est ce qu'il pouvait être chiant, rien qu'avec son monologue le lieutenant savait qu'il pourrait pas supporter longtemps cette façon de parler. Une soudaine envie d'en découdre vit le jour dans l'esprit du garçon. Et si pour une fois, il se lâchait ? La main sur la garde de son arme, il garde la tête baissée. Réfléchir sur quoi faire, là maintenant. Entrer en conversation avec sa douce, lui demander conseil.

Hé, j'ai besoin d'un avis.
Tu vas surement me parler de l'autre gugusse en face. Je t'écoute.
J'ai une soudaine envie de l'exploser. T'es d'attaque ?
Avec plaisir, Honey.
Honey ?
Moment de faiblesse...

Et il se marre doucement, gardant la tête baissée. Serait p'têt temps de s'occuper de l'autre gugusse qui se pavane en jetant un regard méprisable sur tout ce qui l'entoure.

Tu me gonfles.

Relâcher son reiatsu d'un coup, guidé par une envie destructrice. Il a beau être shinigami l'autre, il n'en restait pas moins odieux dans ses propos. L'envie se voit muter en un puissant souffle. Marre de jouer les gentils avec les colocataires, faut montrer qu'à la Soul Society les shinigamis nippons ne sont pas des tire au flanc. Le voir ramper, suffoquer, implorer sa clémence. L'envie de dominer du petit garçon s'anime d'un coup. Son visage s'illumine d'un grand sourire. Provocateur, sadique, carnassier. Il veut en découdre, ici et maintenant.

L'air se rafraîchit d'un coup, dissipant par la même occasion le reiatsu du garçon. La bataille s'était donc ouverte par cet échange de puissance spirituelle. L'autre étant reaper, il devait être puissant. Mais Shin savait qu'il avait une chance. Se prouver à soi même qu'il est capable de faire autre chose de bien que d appliquer des bandages et remplir de la paperasse. Le gars en face entama un dialogue, où il souligne son appartenance à la Grande Amérique dont il est le plus fervent défenseur et qu'il s appele Howard Valentine, et patati et patata. Il parle décidément trop. Ces shinigamis venus d'Occident se permettent de faire leur pub à la Soul Society. Ils se croient en terrain conquis. Il faut régler ce problème. Le temps de la discussion n'est plus, laissant le champ libre à celui de la violence.

Le blond entame donc la riposte. En un rien de temps, Shin sent quelque chose au niveau des pieds. Baissant la tête, il aperçoit des épieux de glace aux côtés bien aiguisées. Mais qu'est ce qu'ils ont tous à viser les pieds à la fin ? Un sourire amusé. Cette technique lui rappelle un affrontement avec un collègue, il y a de ça quelques temps. Un petit peu avant les pics de glaces, quatre détonations. En un rien de temps, le médecin positionne ses mains devant lui, créant un disque de reiatsu au niveau du corps. Pour la tête, profiter de ce laps de temps qu'offre la résistance du disque pour écarter la tête de quelques centimètres. Son oreille droite est touché par la balle, le sang se fait sentir. Les autres parties ciblées aussi saignent un peu. Soigner ça plus tard. Et le piaf qui fonce sur le garçon, le prenant pour cible. Ce qui fit rire le médecin. S'il aime voler, il va voler. Tire son zanpakuto et envoie une rafale de vent contre l animal. Ne pas en oublier l'autre rigolo surtout, quelques bandes jaunes apparaissent pour éviter toute tentative d évasion de la part du reaper. Et deux tirs d énergie bleutée fusèrent à toute vitesse dans sa direction. Oh si il croyait s'en tirer aussi facilement, il se trompait grandement l'amerloque !

J admire ta foi en ta "grande Amérique", mais je doute qu'elle porte un intérêt aussi prononcé en ta personne.

Pourquoi cet entêtement à vouloir mettre tout le temps son foutu pays dans toutes ses phrases ? A croire qu'il meurt s'il ne parle pas de son "Amérique". Et boum, tel un boulet de canon il fonce sur Shin, l'épaule en avant. Un coup d'épaule, une charge. Valait il la peine de répliquer ? Niveau corpulence, les deux se valaient plus ou moins. Mais ca devait être plus qu'une charge normale, donc une parade était à prévoir. Et la grêle qui commence à taper le dos du médecin. Ne pas se laisser perturber par si peu, encaisser pour mieux contre attaquer. Et là il va morfler comme jam...

Mais qu'est ce que je fous, là ?

Soudaine prise de conscience. Pourquoi se bat il avec ce Reaper ? Pourquoi en venir aux mains si brusquement, alors qu'il n'a fait que parler ? Bon, il se vante depuis le début, mais est ce là une raison suffisante pour le faire taire de cette façon ? Tant d'agressivité lui était venu en un instant, contrecoup d'avoir sa partenaire aussi caractérielle que Kimagurenai. A force de subir tout les jours les menaces et autres sévices, le voila qui commence à se comporter comme elle. Provoquer, provoquer, répondre par fierté. Où est donc passé l'autre Shin, celui qui se contentait juste de faire son travail ? Dissimuler sous une montagne de papiers, détritus et autres choses diverses. Faire intervenir une barrière à temps entre les deux shinigami. Un niveau assez élevé pour ne rien encaisser. Jouer la carte de la prudence, penser aux habitants présents sur la zone.

Qu'est ce tu fous, va te battre ! Il t'as bien fait chier avec son pays à la con, rends lui la pareille à ta manière !

Non. Cela suffit.

Rengainant son arme, l'enfant a prit une décision. Assez joué. Le reaper répondant au nom d'Howard Valentine peut considérer cet affrontement comme une victoire envers ses idéaux. Le lieutenant n'en a que faire, il aura d'autres des occasions de briller. Cette défaite, si l'on peut appeler ca comme ça, avait fait comme un boum dans la tête du garçon.

Stoppons ces enfantillages. J'ai été puéril, je le reconnais, et ce lieu n'est pas l'endroit adéquat pour un duel. Considérez l'issue de ce combat comme il vous plait, j'en ai terminé pour ma part.

C'est quoi ce raisonnement bidon ?

Il décida de ne pas lui répondre, prenant sur lui toutes les tentatives mise en œuvre par sa douce pour lui faire décrocher un mot. Le garçon ne parlerait pas, du moins pas à elle. Partant faire une inspection rapide des alentours, voir comment les gens supportaient les décharges de reiatsu, faire un constat des dégâts occasionnés. Tout cela ne dura qu'une petite dizaine de minutes, puis le médecin retourna voir son collègue occidental.

Pardon pour l'attente. Parlons plutôt de ce pays dont vous parlez sans cesse. Qu'a t'il de si particulier pour vous ?

Bien. Bon choix qu'il avait fait de cesser le combat. Un petit sourire amusé quand il s'aperçoit que ca enrage encore plus le reaper. Quelle terrible frustration, lui qui tenait absolument à montrer toute la puissance de son pays. En une seule action, Shin avait montré qu'il était de taille à répondre, et qu'il était temps aussi d'arrêter. La lumière dans les yeux du Valentine montra au garçon qu'il avait touché un point sensible. Avec tout les reapers croisés, il y en avait au moins un qui avait envie de raconter sa passion. La population s'étant retourné à ses occupations, le médecin avait tout le temps et le loisir d'accorder au ricain toute l'attention qu'il demandait. Il pouvait continuer à se pavaner et à faire toutes ses mimiques, cette fois ci le nippon ne ferait rien qui pourrait nuire. Ce pays dont le Funny parlait sans cesse intrigua encore plus le jeune homme. Et d'après ses dires, il fallait le mériter pour ouvrir la porte à la discussion.

Ce n'est pas à moi de juger si je suis apte ou non à mériter de connaitre l'histoire de votre Amérique, plutôt à vous. Pour ce qui est de se présenter... -se met bien droit, mains derrière le dos - Je suis le Lieutenant Hayako, servant dans la Quatrième Division, médecin de formation.

Mais...Mais... Tu joues à quoi là ?

Avec cette initiative, il jouait sur le même terrain qu'Howard, et il avait mis le ton en bonne et due forme. En tant que patriote, il devrait prendre cela comme un bon signe. A moins qu'il ne sorte encore une phrase dont lui seul avait le secret, une pose qui impose son style unique. Il avait beau être assez insolent et persuadé d'être le meilleur partout, cet homme dégageait une sorte d'aura étoilée, derrière ce drapeau, cette nation. Le fils de l’Amérique, Howard Valentine. Qu'est ce qui fait de lui un personnage si incroyable au niveau de la personnalité ?

Dites moi, Howard, n'avez vous jamais songé au jour où votre si chère Amérique vous tourne le dos ? Que feriez vous si c'était le cas ?

Bien sur, il n'avait aucune attente sur la question qu'il venait de poser. Le garçon se contentait juste de faire la discussion. Et comme il avait dit juste avant, le simple fait que ce soit le principal sujet de conversation d'Howard intriguait grandement le médecin.
Lui aussi avait une passion, mais elle s'avérait plus douteuse. Sa relation avec sa douce et tendre arme, il n'en parlait pas plus que ca, étant donné les problèmes qu'elle lui faisait. Mais passons, le sujet principal, c'est Howard et sa nation. Restons en la.

Son petit manège avait réussi, et le Valentine accepta de lui parler de sa si grande Amérique. Se mettant à l'aise, il entama son récit. Le résident du Rukongai se contenta d'obéir, craignant plus pour sa famille que pour sa vie. Vrai qu'avec ce reaper, il fallait s'attendre à tout. Donc le garçon s'assit par terre et écouta ce que ce professeur d'histoire improvisé avait à lui dire. Fallait avouer qu'il racontait bien les histoires, le bougre. Ca donnait presque envie de quitter la Soul Society pour partir vivre en Amérique. Et puis il montra son dos. D'après Howard, cela représentait le drapeau américain. Joli fanion. L'aigle commença à pousser des piaillements tout en étendant ses ailes. Cela devait être une chanson, une hymne. Celle de l'Amérique. Concernant les cicatrices, Howard se répondit lui même à la question, comme pour éviter le sujet. Non bonhomme, faut pas proposer quand tu n'as pas le cran de dire pourquoi.

Tout cela est intéressant. Votre histoire donne envie, je ne puis le nier. Vous possédez des talents de conteurs, et d'après ce que j'ai pu en conclure, vous prônez votre foi en votre Amérique à chaque rencontre que vous faites.

Maintenant qu'on a sorti les bons côtés, passons au côté plus embarrassant, plus personnel. Car oui, parler de cicatrices avec le médecin était une des choses qui lui tenait à cœur, vu que lui même en avait, aussi petites soient elles.

Oh oui, demande lui pour les cicatrices. Elles sont belles, faites par des mains expertes je dirais.

Dites m'en davantage sur vos cicatrices. Je comprendrai si vous désirez ne pas en parler. Toutefois, pour vous montrer que je m'y connais un peu...

Tirant ses manches, le shinigami dévoila ses avants bras. Couverts de cicatrices, moins belles que celles d'Howard. Si on devait les associer à une quelconque image, celle d'un dessin d'un enfant de grande section maternelle semblait la plus appropriée. Non pas pour critiquer le travail de sa compagne, mais elle n'avait aucun talent artistique. Elle se contentait juste de gribouiller sur la feuille, sans prendre le temps de réfléchir.

Si tu veux, je te fais un dessin la prochaine fois. Une tête de mort, ca te va ?

La guerre. Présente partout celle la. La si grande AMERIQUE qu'Howard affectionnait tant avait souffert avec le conflit entre le nord et le sud. Pour une histoire d'esclaves. Elle n'était pas si prestigieuse que cela, si ses habitants en viennent aux mains pour une simple histoire de domestique. Qu'est ce que cela serait, si jamais un étranger venait à gagner une course hippique ? La destruction de la nation ? Tout cela parce que le vainqueur est étranger et possède une chance incroyable. Shin se ravisa sur ses pensées, jugeant qu'il était très bien où il était en fin de compte.

Je vois que vous avez souffert de la guerre dans le conflit entre la populace de votre tendre nation. J'espère que ce conflit est terminé désormais.

Howard avait mis ses talents de père Castor en essayant de montrer au garçon l'étendue du paysage, narrant la période de crise durant laquelle les Nordistes et les Sudistes s'affrontaient sur tout les fronts. Quelle bataille ! Tellement épique que cela fit verser une larme au patriote. Celui qui n'avait en rapport avec Mel Gibson que le surnom se tourna vers le garçon et attendit, séchant ses larmes à l'aide d'un mouchoir dont les initiales montrait son appartenance au Reaper.
De lui, il n'obtiendrait rien de plus aujourd'hui, il fallait maintenant rentrer. Se tournant vers son colocataire, il fit le salut militaire en guise de conclusion à leurs rapports qui furent bien instructifs.Le chemin vers sa patrie à lui, Shin le connaissait déjà. Et sa patrie avait à sa tête la seule personne qui pouvait se décerner le titre de Président. Ce n'était pas ce qui lui allait le mieux, mais il faut bien cela pour faire un monde.

Général Valentine, ce fut un plaisir. Malgré les conflits qui opposent nos deux factions, nous restons des soldats. J'ose penser à une solution qui permettent la cohabitation de nos deux peuples, mais il n'en dépend pas de ma personne.

S'éloigner après une poignée de main solide et franche. Il s'était bien rattrapé sur la fin, et ce n'était pas grâce à l'aide de sa belle. Les papiers à remplir et ses hommes l'attendaient. Tout ca ne fut pas une perte de temps, dans la mesure où il en apprenait chaque jour sur ces occidentaux. Semblables sur quelques points, ils n'avaient de différents que leur mode de vie ainsi que leur vision des choses. Ce qui était déjà assez en soi.