Non... non, il ne voulait pas revivre ça. Il ne voulait pas, merde!

Il avait accouru lorsque les nouvelles l'avaient atteint. Sortant d'un restaurant pour une bouffe rapide, histoire de boucher un creux. Fallait dire que si une chose parmi tant d'autres s'était bien démarquée depuis les changements à son train de vie, c'était son appétit. À croire qu'il s'était découvert des gênes d'ogre, le bougre. Un ogre irlandais. La bonne blague. Les leprechauns pouvaient bien aller se rhabiller. Mais sans déconner, il bouffait pour cinq, maintenant. Heureusement qu'il avait les moyens de palier, monétairement parlant, sans quoi la chose aurait vite été une sacrée emmerde. Mais assez parlé de son estomac. Surtout vu les circonstances présentes, ce train de pensées allait le faire dégobiller dans le temps de le dire, s'il n'y faisait pas gaffe. Il les entendait depuis son perchoir sur le toit d'un petit building commercial. Sans déconner, il en regrettait presque de s'être pressé à arriver sur les lieux. Quitte à être en retard, ça lui aurait au moins épargné quelques minutes de ces craquements. Ces gargouillis. Ces gémissements qui hanteraient ses cauchemars pour les semaines à venir.

Il avait pris l'habitude de bien des choses depuis son arrivée au Japon. Les hollows. Les shinigamis. Les reapers. Tous aussi inflexibles que les autres à chanter leurs propres louanges, tout en chiant joyeusement sur la tête des autres. Entre les chasseurs sanguinaires et les justiciers qui n'avait plus de justice que le massacre sans distinction, ça faisait fort. Mais il s'était fait une raison. Il les avait vus, étudiés, souvent combattus. Et il s'en était sorti. C'était tout à son honneur. Mais il faut bien plus que deux ans d'escarmouches pour préparer quelqu'un au moulin à viande qu'était devenue la rue sous ses pieds. On ne distinguait presque plus l'asphalte sur près d'une centaine de mètres, alors qu'une scène cauchemardesque digne des grands films d'horreur prenait place. Les passants continuaient à s'enfuir et à vider les rues adjacentes, les retardataires finissant rapidement en steak tartare pour la meute de... de... il en savait rien, en fait. Ils avaient beau être humanoïdes, il n'irait pas qualifier ça d'humain. Si ça l'avait jamais été, cette époque était révolue. Ces êtres avaient deux bras et deux jambes, mais la ressemblance s'arrêtait là.

Mais même avec ce constat, il ne pouvait s'empêcher de serrer les dents de colère devant un tel massacre. Rien n'avait laissé entrevoir une telle signe. Rien! Pas le moindre signe avant-coureur. En l'espace d'une demi-heure, le quartier était passé de son train-train habituel, à la courte effrénée des habitants terrorisés. Terrorisés pour une raison qu'ils ignoraient, poursuivis et mis en pièces par un ennemi qu'ils ne pouvait voir. Ce scénario avait de quoi foutre les jetons au plus endurci des capitaines de commando. Et justement, le pire dans tout ça, c'était qu'il fallait agir avant que la police, l'armée ou Dieu seul sait qui d'autre ne rapplique. Car il ne faisait aucun doute dans l'esprit de Calum que les fusils d'assaut et les armures pare-balles n'empêcheraient en aucun cas leur destin de viande hachée de se concrétiser. Et des victimes de plus, il n'en voulait pas.

« Mais qu'est-ce que c'est que ce bordel, sérieux!? »

Il en aurait presque espéré que quelqu'un lui réponse, pour faire la surprise. Mais non, aucun invité caché ne sortit de l'ombre dans son dos pour lui donner le résumé de la situation. C'était bien sa veine, pour le coup. Littéralement.

Il allait devoir descendre, malgré le dégoût que cette idée provoquait quelque part au plus profond de lui. Il avait beau faire du mieux qu'il pouvait, une partie de lui ne rêvait que de pouvoir faire comme tous les autres. Prendre ses jambes à son cou. Et mettre le plus de distance possible entre lui et cet endroit atroce. Il lirait dans les journaux et verrait dans les bulletins télévisés. Comme tout le monde. Il oublierait ce qu'il avait vu, irait consulter un psychiatre pour remettre de l'ordre dans ses idées. Et tout ça ne serait plus qu'un lointain souvenir. Mais il ne pouvait pas. Il avait renoncé à ce luxe le jour où il s'était engagé à défendre les gens qui l'entouraient. Amis ou non. L'humanité méritait d'être défendue, surtout contre un mal dont elle n'avait même pas connaissance. Et il s'était ajouté à la liste des candidats de son plein gré. Il ne lui restait plus qu'à continuer à aller de l'avant. Ne jamais revenir sur sa parole. Car un mensonge pouvait désormais signifier la mort de dizaines, voire de centaines de personnes. Et il n'aurait jamais assez de chance pour ne pas avoir ce genre poids lui miner la conscience.

Rebroussant chemin sur le toit où il se trouvait, l'irlandais s'approcha d'un autre rebord, jetant un regard rapide vers le bas. Un escalier de secours. Pas âme qui vive au niveau du sol. Parfait. Il aurait aisément pu se laisser presque flotter jusqu'au sol, mais il emprunta plutôt la voie de la discrétion, descendant les marches en faisant gaffe à ses pas. La dernière chose qu'il souhaitait était d'attirer l'attention de ces choses affamées. Ce qui lui faisait sincèrement espérer qu'elles n'étaient pas du genre à ressentir les auras particulières. On lui avait dit que ça s'appelait le ''reiatsu''. Mais il trouvait le mot d'une laideur sans nom. Alors il appelait ça une aura. Ou une aura mystique, magique, peu importe. Tout pour laisser le sobriquet japonais... aux japonais. Il lui fallut quelques minutes pour finalement arriver au niveau du sol, où il se colla contre le mur pour se faufiler jusqu'aux abords de la rue plus tellement passante. Risquant un coup d'oeil qui ne lui apporta rien de nouveau si ce n'est davantage d'os craquelés et d'organes dévorés goulument, le veinard invétéré soupira en appuyant sa tête contre le mur, fermant les yeux le temps de reprendre une bonne respiration.

« La Bourse était quand même plus facile à vivre que ça. »

Et de lever les yeux au ciel, espérant trouver un miracle. Ou au moins un plan.

-Et cette boîte ? Elle sert à quoi ?
-Euh... Eh bien... Vous savez... Elle sert à parler avec d'autres gens.
-Mais... C'est une boite.
-Je sais bien... Enfin, vous comprenez... C'est...
-Je te parle là en plus ! Regarde ! Sans boite !
-Oui... En effet... Vous me parlez sans portable... Mais vous vous trouvez pas à des kilomètres aussi.
-Ba non. Tu peux pas m'entendre sinon. T'es bête.
-Non... mais si vous aviez un portable, vous le pourriez.
-Hein ? Avec une boite ?
-Ce n'est pas une boite...

Un soupir à peine dissimulé de la part de son interlocuteur. Ses questions n'étaient-elles pas pertinentes ? Renvoyer à la figure de son vis-à-vis le même scepticisme. Un seul mot d'ordre, celui de comprendre. Depuis plusieurs mois, aiguiser sa raison, son sens logique. Animer une curiosité des plus ardentes. Un combustible limpide à cette détermination : le souhait sincère de s'intégrer à ce monde qu'elle avait échoué toute sa vie à comprendre. Faute de cela, d'avoir toujours lutté contre. D'avoir tant creusé dans cette voie qu'elle était dorénavant loin de remettre en question son récent aiguillage. Ainsi, aborder de plus en plus de parfaits inconnus à l'écart du reste de la meute. Non pour se repaître de sa chair, mais pour s'abreuver de ce qu'il pouvait lui apprendre des us et coutumes de cette société jadis si opaque à ses outils de compréhension. Un résultat hélas rarement atteint. Le plus souvent, prendre de court les gens normaux, éveiller en eux une appréhension, une peur les faisant abréger la conversation amorcée pour retourner à leur train train quotidien. Des personnalités bien sensibles. Ou alors, que ses dérives d'antan n'aient pas fini de se désincruster de son attitude courante. Une présence menaçante, à son insu. D'où la nécessité de travailler sur elle-même. Recommencer, indéfiniment. S'adoucir, dans l'âpreté de l'échec.

Cette fois, d'avoir mis toutes les chances de son côté. Un homme seul assis sur un banc dans un parc. De l'observation que la Muda avait pu faire des humains, le signe de sa disponibilité potentielle. L'analyser un temps avant de sauter dans le bain. Remarquer le plaisir qu'il prenait à parler à une petite boite portée devant son oreille. Une pratique incompréhensible à ses yeux. Là, l'identification du savoir à conquérir. Pourquoi parlaient-ils tous à ces boites ? Que leurs apportaient-elles ? La volonté puissante de lever le voile sur le mystère, s'en donnant les moyens. Conceptualiser cette scène mille fois. Scène d'approche qui devait devenir la plus parfaite possible. L'expérience lui avait fait comprendre que l'erreur était rarement permise.

Qu'après cela seulement, la créature daigne quitter sa cachette, adoptant une démarche inoffensive. Le dos pas trop voûté. Le sourire pas trop forcé. Le regard pas trop intéressé. Toiser successivement sa cible et une poubelle à côté du banc, point de repère vital afin d'éviter de se perdre. Donner l'illusion qu'elle s'installe à côté de lui non pas pour ouvrir une discussion, mais pour admirer cette poubelle, rassurant point de repère. Pour quelle raison une poubelle ? Un objet rassurant. N'être en mesure d'expliquer pourquoi. Le sentir, simplement. Rester ainsi deux minutes à la fixer, assise en tailleur.

Soudain, se retourner pas trop brusquement vers l'objet de sa curiosité et le saluer, masquant à grand peine le peu de naturel guidant sa démarche. Parler de la poubelle, de ce qu'il y avait dedans, de pourquoi il y avait ce qu'il y avait dedans. Tenir cinq minutes comme ça. Seulement après, se présenter, lui demander son nom, et arriver au sujet visé. Cette boite avec qui ils parlaient tous. Se prendre à la figure un malaise palpable. Qu'avait-elle mal fait ? Une manière de s'exprimer pourtant plus fluide, plus harmonieuse, plus intelligible que par le passé. Malgré tout, de persévérer. Peu importe qu'alentours, de partout, des gens se mettent à courir. Vraisemblablement pour fuir des forces menaçantes qui n'avaient pas échappé à sa perception. Nonchalante. Là n'était pas sa priorité. Seulement, n'avoir prévu qu'elle ne serait pas sur la même longueur d'onde que son interlocuteur, trouvant prétexte à s'éclipser par une ruse de politesse élaborée, pour la Muda du moins.

Rendue dépitée. Finalement, se tourner vers la source de cet élan de panique. Se lever, nonchalante. Avancer à contre-courant, en marchant. Un chaos bien gentillet par rapport à ce qui lui avait été donné d'éprouver. Toutefois, que son regard s'illumine à la perception d'une énergie bien familière, non loin. Parvenir à un croisement, sa cible intégrant enfin son champ de vision. Visiblement, prise au dépourvu par la situation. Ne prêter d'attention à cette dernière. S'en effacer. Progresser en fantôme, pas par pas. Arrivait-elle à portée de cet homme, dans son angle mort du fait que, bizarrement, le ciel semblait davantage accaparer son attention que le reste, qu'elle en effleura la joue, de sorte à lui indiquer sa présence. Un contact visuel d'établi. D'alors lui demander, indolente.

-Calum ? Ça va pas ? Pourquoi t'es tout bizarre ?

La pertinence, encore et toujours cette pertinence d'esprit.

Le plan. Il ne se déroulait pas comme prévu, au grand dam de l’intéressée. Un miracle, Yachka espérait de tout cœur en voir un à l’œuvre si ce n’est dans l’immédiat, au moins avant la catastrophe tant redoutée. Pour la première fois depuis son réveil, elle se retrouve piégée dans une impasse. Incapable de faire autrement que s’en remettre au destin. Et cela ne lui plait pas beaucoup, pour ainsi dire. A l’intérieur de cette cage sans barreaux les lumières s’affolent, l’agressent. Des signaux peu rassurants, accompagnés pour la plupart d’un atroce hurlement alarmiste et répétitif lui pilonnant le crâne en rythme. Ses entrailles se vrillent, la nausée gagne du terrain mais son esprit ne flanchera pas pour autant. Ne pas forcer les choses, tenter de reprendre la main. Limiter la casse. Avec l’espoir toujours plus fin, d’en sortir vivante. Mourir pas excès d’insouciance serait bien trop bête, après quatre siècles…

Au départ cela ne lui avait pas paru difficile. Des heures entières à parcourir les lignes de différents manuels, à recoller les morceaux avec les bribes de connaissances collectées sur les résidus spirituels gisant dans les hangars, vautrés dans leur putréfaction infinie. Un temps précieux, sauvé des méandres de l’oubli et qui elle l’espérait alors, offrirait l’opportunité d’apprendre plus vite sans pour autant mettre en péril ses plans futurs. Trop de théorie, probablement. Ce n’était pas faute d’avoir voulu les apprivoiser plus tôt. En effet, ce n’était pas la première fois que Pestilence se penchait sur ces curieuses montures, car déjà lors de sa rencontre avec la dénommée Melody elle avait envisagé la chose, malheureusement ce jour-là l’humaine avait habilement réussi à l’en dissuader. Mais ici personne. Et puis ce modèle-là, n’avait rien de comparable. Plus petit, plus maniable donc, et plus rapide à en juger par le contenu de la fiche technique. Trop rapide, finalement.

Une fois assise plus ou moins confortablement, calée au fond de son siège faisant face à un véritable mur de boutons, elle ne s’était pourtant pas démontée. Les connaissances acquises tantôt lui permirent très vite de trouver ses marques, si bien qu’elle s’était presque imaginée dans la peau d’une musicienne sur le point de jouer une mélodie au piano. Un bip en chassa un autre, lui-même remplacé par d’étranges bruits, et le tout aussitôt englobé dans un râle grandissant. Une véritable bête mécanique fut sur le point de bondir, et s’était progressivement animée autour d’elle. Pour son plus grand bonheur.

- Ces humains sont incroyables… Pathétiques mais doués…

Le signal lumineux indiqua ensuite la fin du processus de démarrage, ce à quoi elle répondit par la manœuvre attendue, adéquate. Ainsi la messagère de l’Apocalypse s’était-elle envolée dans la gueule de son dragon de métal hurlant, un F/A-18E Super Hornet encore apte au vol malgré les dernières années passées au fond de sa caverne de tôle et de béton armé. Avant de reconnaître quelques minutes plus tard, son erreur et les conséquences. Car une fois dans les airs, il ne se passa pas grand-chose. Outre les réactions de son corps et les perturbations générées, qu’elle considéra comme « normales » Yachka s’était surprise à constater combien il était simple, finalement, de piloter un tel engin. Ce qui s’avéra totalement faux, évidemment. Si voguer dans les cieux au cœur du grand vide ne demande effectivement pas grand-chose mis à part peut-être une attention toute particulière aux instruments de bords et aux différents écrans de navigation, lorsque l’horizon devant elle commença à dessiner des formes peu rassurantes la jeune femme se mit soudainement à paniquer. Et ses premiers coups sur le manche n’aidèrent en rien à faire baisser la pression.

Quelque chose en revanche, prit soin de la faire grimper davantage. Quelque chose de surnaturel qu’elle ne remarqua pas tout de suite, trop occupée à se débattre avec son instrument désaccordé. A mesure que l’engin se rapprochait la masse se donna des allures de ville moderne, s’étalant sur des kilomètres et cherchant parfois même à crever les cieux de ses innombrables colonnes miroitantes. Des buildings, des sortes de prisons où les gens se faisaient volontiers enfermer pour jouir d’un maigre confort. Les humains savaient aujourd’hui se contenter de cela. Il n’y avait aujourd’hui plus de chefs ni de maîtres, seulement des esclaves. Et ces misérables allaient bientôt découvrir leur nouveau geolier.

- Peste soit de ces machines, n’y a-t-il pas moyen de l’arrêter quand bon me semble? J’avais pourtant lu que…

L’appareil perdit progressivement de l’altitude, frôla plusieurs fois le visage de ces gigantesques colosses de verre. Puis les réacteurs se mirent à tousser, la carlingue à tanguer comme si le pilote tentait désespérément de le dompter. Finalement le Hornet leva son nez une dernière fois vers le ciel, trop tôt, et s’écrasa avec une violence inouïe sur les derniers étages d’un immeuble modeste. La déflagration souffla les vitres sur des centaines de mètres à la ronde, et projeta dans un même rayon les débris du chasseur ainsi que du bâtiment ravagé. Et tandis que le tonnerre doucement s’estompait, que le fuel enflammé finissait de se répandre le long de la façade, une cascade de fumée noire parcourue d’éclairs émeraude s’échappa du trou béant et fila s’écraser une vingtaine de mètres plus bas dans un vacarme assourdissant. Brume, cendres et flammes formèrent une sorte de monticule vivant, duquel surgit une silhouette.

Partiellement ensevelie par les décombres qui continuaient de tomber ça et là Yachka mit un temps à s’extraire des limbes. L’armure clignotait comme jamais auparavant, fumait, semblait faite de braises verdâtres attisées par le souffle de la vie éternelle. Jamais un humain n’aurait survécu à cela. Et quand bien même elle ne l’était pas totalement, sans son armure aux propriétés improbables et à la nature même de son pouvoir… L’immortelle ne serait plus.

Au lieu de ça elle se redressa péniblement, tenta malgré tout de percevoir les choses. Sa vision, trouble, lui parut tout d’abord amusante. Après un tel choc, elle crut à des visions. A travers le bourdonnement incessant qui martelait son crâne, on pouvait entendre des plaintes, des cris. Une masse infinie se mouvait tout autour. Tantôt affolée, tantôt immobile et étrangement sereine. Partout des corps, des bêtes, de la poussière et du sang. Une véritable orgie dantesque, qu’elle s’amusa à dépeindre après avoir repris son souffle entre deux quintes de toux.

« Je ferai de cette ville un objet de désolation et de moquerie;
Tous ceux qui passeront près d'elle
Seront dans l'étonnement et siffleront sur toutes ses plaies.
Je leur ferai manger la chair de leurs fils et la chair de leurs filles,
Et les uns mangeront la chair des autres,
Au milieu de l'angoisse et de la détresse
Où les réduiront leurs ennemis
Et ceux qui en veulent à leur vie. »

- Bien vu Jeremiah, bien vu…Et si maintenant nous sautions quelques chapitres pour que j’entre en scène ?

Ainsi se déploya Pestilence, cavalière de l’Apocalypse et messagère du chaos. Déjà son masque buccal crachait un geyser de vapeur prêt à moissonner le bétail et à dompter les fauves. Quitte à se retrouver par erreur quelque part, autant annoncer la couleur.

Clotho, tout déplacement d'un monde vers l'autre nécessite un passage par le Dangaï, la seule exception étant les events.

Un sujet a été ouvert afin de valider le passage des Shinigamis vers Tokyo ICI. Tu dois poster dans ce rp au plus vite. Aussi, cet oubli te vaut une pénalité de 5 points d'xp.

-Krow

"Faim" "Manger" "Tuer" "Sauvez-nous" "J'ai froid" "Sang" "Courir" "Frapper" "Croc" "Ennemi" "Encore" "Changer" "Obéis" "Mort" "Feu" "Aidez-moi" "Ils veulent" "Je n'ai" et cela se poursuivait sans fin, alors qu'ils s'approchaient.

Il avait presque sauté à trois mètres dans les airs en sentant un bref effleurement sur sa joue. Et pendant un court instant, il avait presque attendu la morsure sur sa jugulaire, convaincu qu'un de ces monstres s'était glissé dans son dos. Histoire de le prendre à revers, et d'emporter un morceau de sa tête en souvenir dans sa gueule. Après tout, ça restait parfaitement cohérent avec leur comportement du moment. C'était sûrement pas que de se fier aux préjugés de traiter de cannibales des trucs en train de bouffer des cadavres dans la rue quinze mètres plus loin. Mais bref. Le fait étant, au bout de quelques courtes secondes, il ne put que constater qu'on ne l'avait toujours pas attaqué sauvagement. Bien au contraire, ce fut une voix féminine, interrogative, qui s'éleva à ses côtés pour le questionner sur son aptitude plus que douteuse pour le camouflage. Le Destin avait un sens de l'humour vraiment douteux, parfois. C'est un sincère soulagement qui parsema alors son expression quand il se retourna vers Muda, qui le regardait avec un regard trahissant une curiosité trop franche qui la caractérisait bien. Elle avait développé des capacités sociales de façon superbe ces derniers temps, certes. Mais forcément, avec la découverte de ses propres intérêts, les questions fusaient sans cesse de ses lèvres, jour après jour. Or, dans l'immédiat, les questions devraient attendre. Tâchant de garder un profil relativement bas, il invita rapidement la jeune fille à ne pas juste se tenir au milieu de l'allée, à découvert, d'un bref mouvement de main. Elle n'avait pas à se coller au mur ou rien, juste à tenter de ne pas se rendre trop évidente. Chaque minute qu'ils pouvaient gagner à étudier ces créatures voraces ne pouvait qu'être bénéfique. Cependant, il savait qu'en dépit de son instinct des plus aiguisés, Muda pourrait avoir besoin de détails essentiels pour bien évaluer la situation.

« Des ennemis. », chuchota-t-il. « Ils sont arrivés sans prévenir, et...dévorent les gens. »

Il avait hésité l'espace d'une seconde à mentionner ce dernier détail. Pas parce qu'il espérait le lui cacher. Fallait dire, les bestiaux s'affairaient au buffet à volonté dans la rue adjacente, hein. Suffisait de tendre un peu l'oreille pour les entendre se goinfrer comme des porcs. Non, il avait juste eu une seconde d'appréhension, à cause d'une crainte personnelle. Il était heureux de voir les progrès de Muda, surtout au cours des derniers mois. Mais il ne voulait pas pour autant oublier ses prédispositions particulières. Et malgré toute la confiance qu'il avait pu développer en la jeune fille, une partie de lui ne pourrait jamais s'empêcher de craindre un jour où, confrontée à un massacre du genre de celui auquel ils faisaient face, la bête tapie dans le subconscient de Muda ne profite de l'occasion pour les prendre par surprise. Mais bon. Il gèrerait les problèmes quand... non, s'ils arrivaient jamais. En attendant, il n'entendait plus les créatures dévorer leur pitance, et se risqua à passer la tête vers la rue pour voir ce qu'il en ét-

« OH MAIS LE SALE- »

L'irlandais fut soudain interrompu par l'arrivée sans sommation de la première des créatures qui avaient visiblement découvert leur présence. Laquelle, avec force grognements et une agressivité prononcée, s'attaqua sans aucune forme de procès à son flanc. À grands coups de dents. Comme ça, quoi. Et ...heu. Minute. Oh. Oh non. OH MAIS LE SAC À MERDE. C'était son costume préféré qu'il avait sur le dos, aujourd'hui! Cet enfoiré de monstre venait de le mordre et de foutre du sang sur son costard préféré! Sans plus de cérémonie, l'homme d'affaires commença à se débattre furieusement, poussant avec force de ses mains sur la figure de la chose pour l'inciter à lâcher prise avant qu'elle n'empire son cas. En fait, si obnubilé par la ruine de sa tenue de prédilection qu'il était, il ne remarqua même pas la fluctuation d'énergie qui parcourut ses mains pour aller affecter son assaillant. Peu importe comment. S'il en souffrait, tant mieux. Sinon, ça viendrait bien assez vite de toutes façons.

Par la suite, que la créature ait d'abord lâché prise, ou qu'elle y ait été forcé, ou que le hasard soit total, on s'en foutait un peu. Le résultat fut concluant : alors qu'il se débattait, Calum fut victime d'un faux mouvement qui lui épargna les dégâts supplémentaires de griffes acérées agitées avec vigueur. La responsable? Une bouteille de bière sur le sol. Ouais, en se débattant, il avait mis le pied dessus, s'était foutu le talon dans un renfoncement de dalle, et était tombé par derrière. Ouais, c'était moche. Ouais, c'était vraiment pas la classe, alors qu'il tomba sans grâce pour finir un peu plus loin après quelques roulades bien senties. Relevé dans le temps de le dire, l'irlandais affichait un regard noir. Il était comme ça, tout simplement. La peur des monstres cannibales couverts de sang? Rien à foutre, cette tache de merde avait percé et souillé un costard qui valait plus que ce son cerveau atrophié pouvait comprendre. Et comme il allait probablement pas offrir de payer pour la facture du nettoyeur à sec, eh bah il allait prendre dans sa sale gueule, le truc moche.

Or, aussi décidé qu'il soit à renfoncer la tête du coupable, Calum dut bien trouver le temps de stopper son avancée en voyant plus d'une créature avancer dans la ruelle. Certaines se ruèrent sur Muda sans plus attendre. Scène qui, aussi curieux que ça puisse sembler à des esprits plus communs, n'éveilla pas de crainte particulière dans l'esprit de Calum. Entre eux deux, s'il fallait bien choisir quelqu'un qui soit capable de défoncer quelque chose à coups de jointures, Muda remportait la palme. Incontestée, c'était même pas la peine d'y penser. C'était limite s'il avait pas envie de plaindre les créatures qui attaquaient la concernée, au vu de ce qu'ils allaient probablement prendre. Mais ces bâtards n'étaient pas ceux dont il devait se préoccuper. Non, en fait, il y en avait un dernier qui venait se démarquer, à cette seconde précise. Celui avec la gueule ouverte. La gueule ouverte où s'accumulait une énergie noire et menaçante. Oh, il reconnaissait ces conneries. Et alors qu'il se jeta à une vitesse magistrale vers l'avant, l'irlandais ne put que remercier l'expérience pour lui avoir appris à faire la différence entre les diverses techniques des Hollows.....heu? Attendez une minute, c'était des hollows alors ces trucs. Aussi humain que ça puisse paraître dans sa forme primitive et bestiale du moment, griffes et tout, c'était les Hollows qui balançaient des rayons d'énergie par les gencives comme ça!

Ah mais raison de plus pour leur en mettre plein la face, tiens!

Comme pour concrétiser sa pensée, ses pas amenèrent Calum au meilleur endroit du monde à cet instant précis. À savoir, devant un truc un peu désorienté, qui continuait de gémir à gogo avec le sang d'irlandais qui lui dégoulinait encore du menton. Et chaque goutte qui tombait à cet instant scellait un peu plus la mornifle de compétition qu'il allait se prendre. Laquelle, caractérisée par le poing serré reluisant d'une énergie nacrée, ne tarda pas à arriver en beauté, pleine de promesse de douleurs variées. Un uppercut digne de mention, visant à bien cueillir la créature sous la mâchoire pour lui faire regretter toute future utilisation de cette dernière. Il pleurerait des larmes de sang à chaque fois qu'il voudrait mâcher quelque chose désormais, cet enfoiré.

Et comme pour rajouter un peu au mouvement, un cri de guerre unique retentit dans les airs, empreint de colère.

« ÇA C'EST POUR MON CARACENI, BÂTARD!!! »

Parce qu'il faut bien Calum pour venger un complet italien.

Une mine surprise à la réaction de Calum. Se surprendre à trouver dans son attitude une peur même momentanée. Ne s'était-elle pas pourtant présentée à lui de la plus douce des manières ? À se demander si plus que son comportement, le problème ne venait pas simplement d'elle-même, de sa nature. Le potentiel de se poser beaucoup plus de questions. S'arrêter là, car la mondanité de la réaction ne justifiait pas d'être plus relevée que ça. En revanche, qu'un autre paramètre arrache plus légitimement son attention, son visage se tournant un temps de celui de Calum.

Une nouvelle présence, qu'elle avait déjà rencontré par le passé. Cette présence portait en elle une empreinte négative, comme attachée à un souvenir douloureux. Une odeur, celle-là même imbibant ses expériences les plus douloureuses. Non des humains. Démons d'un autre monde. Celui-là plus que ses semblables. Ce jour, présent avec cet espèce de monstre. Ce jour, qui aurait dû être son dernier, sans l'intervention de Sasha. Trouver du regard cet homme, les cheveux argentés. Tenter de comprendre les raisons de sa présence. Pour cela, analyser rapidement son comportement. Coupée dans son observation par le défilement, devant son champ de vision, d'un humain pourchassé par une créature. Que ce dernier finisse entre ses serres ; l'instant d'après, son destin embrassait celui du dépècement sauvage. À ce moment seulement, prendre la mesure du chaos.

Dévorer en plein jour ? À la vue de tous ? Balayer les environs du regard. Constater le nombre de ces prédateurs. Autant ? Furtivement interpellée par son plus proche interlocuteur. Qu'il lui intime de se rendre moins évidente à leur vue. S'exécuter, non sans une pointe de scepticisme. Alentours, certes, des prédateurs. Mais à vue de nez, des prédateurs de bien moindre catégorie par rapport à ce qu'elle fut. Des ennemis ? Une formulation curieuse. Au contraire, une situation à ses yeux qui avait d'évidence qu'elle n'avait rien de commun au champs de bataille. Tout au plus, une chasse ouverte animée par aucun autre désir que celui de dissiper un tant soit peu une faim bonne à perdre la raison, ce qu'elle pouvait imaginer avec une facilité déconcertante. Et son présent allié, pouvait-il l'imaginer ? Chercher la réponse dans son expression. N'y trouver qu'un malaise palpable. Celui du type n'ayant rien demandé à personne, et qui se retrouvait malgré tout dans la moins enviable des positions.

Une explosion. Interrompue. Prise d'un tressaillement. Au ciel ? Le sommet d'un de ces colosses de la construction humaine en flammes, les éclats de verres s'éclatant le long du quartier. Un pas de côté, lui permettant d'éviter l'un de ces projectiles. Une zizanie à son apogée. Du moins, le pensait-elle, jusqu'à ce que l'assaillent ces carnivores. Ses jambes de saisies. Prise au dépourvu. Aussitôt, une pression sur sa cuisse, ne lui arrachant toutefois pas l'ombre d'un gémissement. À la place, un visage des plus froids, une aura glaciale de dégagée. Saisir le cou du parasite pour le projeter contre le bâtiment de l'autre côté de l'allée, avec une violence suffisante pour qu'il se fasse broyer à l'impact. Du moins, s'il n'était pas assez résistant.

Toiser les deux suivants, parfaitement lucide. Affûter ses sens dans l'optique d'anticiper leur prochain mouvement. Des attaques somme toute basiques, sans intelligence, instinctives. De là, la facilité de s'en défausser, ne se parant d'aucun geste superficiel. Des effleurements sur sa peau au lieu d'éprouver les coups de ces bêtes affamées. Une lecture limpide du combat, de sorte à prévoir le moment parfait, celui qui lui permettait d'attraper ses deux "ennemis" simultanément par la mâchoire. Les tenant chacun en suspension dans les airs. Incruster son regard dans les leurs, silencieuse. Cette fois, plus attentive à ces gémissements, ces plaintes marmonnées depuis leur apparition. De l'aide ? De la pitié ? Mise dans la position du bourreau. Position bien familière, au point que lui viennent en mémoire ses souvenirs les plus macabres de proies implorant pour leur vie.

Un spasme suivi d'un pas de recul. Sa poigne se relâche et les laisse tomber. Les muscles détendus. Le regard introspectif. La main sur sa tempe. Des éléments se recoupant. La raison de la présence de ces ennemis, cette fois certifiés, venus de cet autre monde obscur... Manifestement, qu'elle ne soit pas directement liée à ces espèces de macchabées esclaves de leurs pulsions. Pourquoi sinon refuser de secourir un innocent en passe de se faire dévorer par l'une de ces choses ? Cette sensation profonde... rappelée à l'instant... Celle d'être prise sur le fait, coupable. Les mains pleines du sang de ses victimes. De là, l'évidence de la situation, de sa situation. Non la volonté de sauver. Celle de détruire les menaces. Toutes les menaces, dont elle et les siens.

Arborer une figure menaçante à l'encontre de ce shinigami, faisant fi du reste. Ne le laisser faire... Plus jamais... Qu'ils disparaissent... Tous... Non... Ils ne le lui enlèveraient pas... Ne plus les laisser. Plus jamais. S'avancer, dangereusement. Amorcer sa course. Un foulée de plus, et sa cible se trouverait à portée de ses coups. L'attraper, pour lui faire traverser une baie vitrée. Ne s'arrêter là. Le plaquer au sol, en position ascendante, restreignant ses mouvements au maximum. Approcher son visage du sien. Une expression qui disait la potentialité de ses intentions.

-Tu fais quoi là ? Tu me prendras rien ! Je vais rien te laisser faire ! Réponds ! Vite !

Loin le temps où il s'agissait d'aborder en délicatesse. D'un coup, se rendre compte. Pourquoi... Au lieu de lui poser cette question... Au lieu de lui donner l'opportunité de se défendre, de lui causer encore plus de mal... Pourquoi ne le tuait-elle pas simplement ?

Clotho, tu postes APRÈS Yachka...

Je supprime ton post et te l'envoie par MP. Que ça ne se reproduise plus, je n'en aurai pas nécessairement la patience la prochaine fois.

Melody

Triste spectacle. Partout autour d’elle des corps, décor, macabre scène dont les spectateurs étaient parfois acteurs bien malgré eux. Une vision qui lui rappelait étrangement celles propre aux batailles d’antan, où les cadavres mutilés jonchaient le champ de bataille. La même atrocité, les mêmes râles d’agonie et autres appels désespérés sonnèrent au plus profond de son être et firent ressurgir des méandres de l’oubli une sensation de nostalgie morbide. Pourtant cette fois-ci l’Avatar du Chaos n’était en rien coupable, et ne pouvait donc en aucun cas revendiquer ces actes ignobles envers sa race. Bien qu’elle partageait l’idée d’une purge sanglante, le spectacle se déroulant sous son regard amusé n’avait rien de commun avec les autres dont elle se vanta jadis.

Des bêtes. Ces hommes, ces femmes transpiraient la haine. Aveugle, sans but. Leur aura ne donnait plus l’impression d’avoir affaire à des gens, mais à des monstres assoiffés. Leur apparence s’en rapprochait d’ailleurs et, détail stupéfiant, certaines silhouettes bien que couvertes du sang des innombrables victimes alentours se paraient d’atouts inhumains, bestiaux. Tantôt dotés de griffes, tantôt d’un masque immaculé et inexpressif, voire les deux ces apôtres de la désolation ne prêtèrent tout d’abord pas attention à ce qui se déroulait là. Yachka non plus, jusqu’à ce sa brume l’informe d’une présence bien plus dangereuse et puissante non loin. Et lorsqu’elle daigna y plonger son regard, plusieurs nouvelles empreintes se dessinèrent sur la carte. Quant à savoir s’il s’agissait de ces maudits soldats de la Garde Spectrale ou de ses congénères, le mystère resta entier.

Le pourquoi de sa présence n’avait rien à voir avec eux, ni même avec cette débâcle de sang. Son alibi répandait encore son carburant le long de sa proie inerte et mourante. Les débris pleuvaient toujours çà et là mais le nuage qui l’accompagnait plus tôt se dissipa, bien vite remplacé par le sien. Plus confortable, et dissuasif. Du moins le pensait-elle.

Car alors que les héros de l’humanité se rassemblaient au loin en partageant on ne sait quelles futilités, les monstres semblèrent soudainement s’éveiller. Tour à tour, ils annoncèrent leur intention commune sous la forme d’un cri bestial à glacer le sang du bétail. Puis, tel des zombies, ils se dirigèrent dans un premier temps au hasard. Une façon de préparer l’assaut, qu’ils donnèrent presque aussitôt redressés. L’une de ces créatures pitoyables déboucha d’une ruelle et se jeta sur l’immortelle trop occupée à se concentrer sur la masse qui se ruait déjà sur les autres combattants. La bataille venait tout juste de commencer, et alors qu’elle pensait pouvoir en tirer avantage en fuyant de nouveau vers son royaume d’une manière ou d’une autre son plan fut instantanément avorté par l’une des bêtes.

Elle avait réussi à ramper, telle une araignée humaine. Faisant fi du poison ambiant, faisant fi de l’épaisse armure dont elle arracha les jointures d’un coup de crocs. La douleur, subite et violente fit presque bondir Pestilence qui se retourna immédiatement afin de punir le geste. Malheureusement, sous l’emprise de la bête ce mouvement eut comme effet de la déséquilibrer. Elle chuta lourdement sur le sol, étendue sur le dos, ce qui ravît le piètre prédateur. Lequel profita de l’aubaine pour la chevaucher, l’écraser de tout son poids. Et tandis qu’il s’apprêtait à frapper de nouveau, l’esprit de Yachka se mit à délirer. Cette sensation lui rappela sa première mort, le poids de tous ces cadavres au-dessus d’elle. Le poids de son mari agonisant. Le poids de sa jeunesse aussi, et de celui qui faillit ce fameux jour l’ouvrir en deux avant de la violer sauvagement. Sa première victime, son premier bourreau, aussi.

- Pas toi, pas encore !

Son esprit s’affola, son instinct sonna l’alarme et soudain le corps devint une chose. La muraille toute entière s’évapora, Pour reparaître au chevet de l’ancienne, lame au clair.

- Je vais te faire regretter ces souvenirs, engeance du…

Alors qu’elle s’apprêtait à le frapper mortellement, une nouvelle douleur lui vrilla le cœur. Sa forteresse fut à ce point ébranlée qu’elle décolla du sol avant de se fracasser avec une violence inouïe contre le building qui plus tôt accueillait sa monture. Le rayon à l’origine de la chose, venait d’être tiré par une seconde créature non loin. Preuve supplémentaire, que la bataille n’avait rien de commun avec les anciennes et qu’il faudrait donc, composer.

"Aidez-moi ! Pitié ! Aidez-moi ! Je ne veux pas, on me force, je-"

Spoiler:

...Il avait touché?

Nom de Dieu d'merde, il avait touché! Il lui avait mis la patate du siècle à cette immondice sur pattes, cette grosse saloperie tout droit sortie de l'Enfer! Et c'était un One Punch Knock-Out en plus! La vache, pour un changement soudain, il irait pas se plaindre, eh! Presque pris de l'envie de lever les poings dans les airs d'un air victorieux sous les acclamations d'une foule imaginaire, l'irlandais s'abstint néanmoins de se laisser aller à telle effusion. Le moment était pas exactement bien choisi. Oui, il venait de démolir la face d'une de ces créatures comme un champion, mais les deux autres qui s'étaient jetées sans réfléchir pour aussitôt en bouffer les morceaux lui rappelaient que le bordel était encore bien présent. Et quand on en parle, il devait aider sa compère juste à cô-

« ...Muda? »

Il avait toujours été une vraie buse pour garder l'oeil. La preuve, il avait fallu qu'il développe des capacités qui fonctionnaient en influençant le hasard. Probablement parce que question coordination, c'était la merde, rien de moins. Sans ces pouvoirs qui étaient les siens depuis l'époque de Karakura, il serait mort depuis longtemps. Probablement crevé de froid dans une ruelle en Irlande. Enfin. C'était pas vraiment le moment non plus de ressasser le passé alors que des créatures voraces de chair et de sang frais menaçaient de leur ouvrir la gorge à coups de dents.

Restait que pour le moment, il avait quelques secondes de répit. Et aussi aveugle qu'il était, il venait quand même de voir une trainée de sang qui se rallongeait pour aller... dans une vitrine? Quoi? Il ne croyait pas vraiment que Muda était du genre à avoir envie de faire les courses en pleine attaque d'ennemis, mais bon. Qu'est-ce qu'elle foutait là? L'irlandais ne prit pas une seconde de plus pour s'élancer sur les traces de la jeune fille - du moins espérait-il qu'il s'agissait bien des siennes -, parcourant en quelques enjambées agiles la distance le séparant de la vitrine pulvérisée. Et en passant la tête, il put voir celle qu'il cherchait... et il ressentit également quelqu'un d'autre. Enjambant la vitre brisée, il fit quelques pas dans l'établissement. Quelqu'un qu'il trouva au bout de quelques secondes seulement, en se rendant compte qu'il s'agissait d'un type que Muda tenait fermement au sol. Qui était ce mec? Est-ce qu'il était bles-... les derniers mots moururent dans son esprit avant même d'avoir pu surgir. Il venait de voir l'accoutrement du type en question. Un shinigami. Fallait bien s'y attendre. Ils n'avaient pas le temps de se casser les couilles à devoir se prendre les shinigamis dans les pattes. Qu'ils viennent pour aider ou rajouter une couche au bordel du coin. Avec eux, mieux valait juste jamais prendre de risque.

Les bruits bestiaux se rapprochant progressivement à l'extérieur, l'irlandais regarda derrière son dos un bref instant. Ils allaient être de nouveau assaillis, y avait définitivement pas de temps à perdre avec ce petit con aux cheveux blancs.

« Le temps manque, Muda, il faut régler ce problème rapidement. Les shinigamis n'ont jamais rien fait d'autre que de s'imposer sur Terre. Ils ne sont pas les bienvenus! Ils- »

La dernière phrase de son plaidoyer fut noyée avant d'avoir pu faire surface, alors qu'un râlement agressif retentit dans le dos de l'irlandais. Le temps de se retourner, et une de ces saletés voraces lui sautait dessus, mordant à pleines dents dans le bras qu'il plaça devant lui pour se protéger. Saleté, ils n'abandonneraient que quand ils seraient tous des filets de viande à déguster! Enfonçant ses dents de plus belle dans sa chair en arrachant un cri de douleur à sa cible, la créature sembla pousser ses viles intentions encore plus loin, en agrippant son bras pour se mettre à soudainement tirer dessus de toutes ses forces. Ah parce qu'il espérait en plus avoir sa bouffe pour emporter, ce petit salopard!? Mais il n'en était pas question! Il ne finirait certainement pas avec un bras arraché par une bestiole sauvage au détour d'une escarmouche un peu compliquée! Empoignant le visage de la créature avec force, il laissa son énergie filtrer à travers ses doigts, histoire de déconcentrer la créature, et tira d'un coup sec pour libérer son bras. Lequel se libéra... sous le cri déchirant de la manche du complet qui le recouvrait lorsqu'elle fut arrachée sans autre forme de cérémonie dans le processus.

Reculant de quelques pas, se retrouvant finalement aux environs de Muda et de son prisonnier du moment, Calum constata avec effarement l'état de cadavre dans lequel était maintenant son veston. Retirant ce dernier, il ne put que le brandir devant lui, impuissant devant un tel massacre. Et alors qu'il le plia sommairement, posant le défunt vêtement sur une étagère encore debout, l'excentrique serra lentement les poings en entendant le grognement rauque de la créature qui avait laissé tomber le bout de tissu sur le sol. Sans doute pas aussi satisfaisant comme casse-croûte que ce qu'elle avait espéré. Au même moment, plusieurs autres créatures surgirent de l'ombre en glapissant, pour se jeter sur la jeune fille et son captif. Les dents serrées, le regard frustré, Calum pivota soudainement vers les nouveaux arrivants, laissant sortir un cri de frustration qui lui rongeait les entrailles.

« Mais est-ce que vous allez... NOUS FOUTRE LA PAIX À LA FIN!? »

Et le bâtiment de soudainement faire écho à ses paroles, comme si un tas de haut-parleurs s'étaient relayé le message. Les murs craquent, la structure semble chanter un hymne que personne d'autre ne peut comprendre. Et soudain, tout semble foutre le camp. Des pièces de murs s'arrachent, des tuiles du plafond tombent à la série, et tout ce qui peut faire du dégât semble soudain animer l'endroit en entier d'une malveillance certaine... qui se déchaîne soudain sur trois des créatures. Celles qui attaquaient Muda, et celle qui venait de coûter une manche sur mesure à Calum. Et pour la fin, que le meilleur. Silencieux jusqu'à présent, un lustre métallique au plafond, juste au dessus de Muda et Shin, voit sa base se craqueler à une vitesse folle, menaçant de s'effondrer d'une seconde à l'autre. Hasard? Quiconque connaissait Calum pouvait savoir que ce mot ne voulait plus rien dire dans ses environs directs. Quoiqu'en fait, qui pouvait dire ce que le poids de la colère pouvait ajouter à une capacité aussi impossible à quantifier que la sienne?

Seul réflexe important à ses yeux pour le moment, l'instigateur de se tourner vers la jeune fille se trouvant dans le trajet du lustre.

« MUDA! »

Jamais la blesser elle. Jamais.



Spoiler:

Statique. Coupée dans son élan. Les pupilles figées, ancrées dans celles du shinigami à sa merci. Rien autour qui ne paraisse en mesure de détourner son attention. Embourbée dans une mélasse de doute qui ne lui était pas commun de subir. Analyser la moindre de ses mimiques, probablement dans le dessein inavoué de se trouver un prétexte. Un être attaché à une expérience désagréable. Pour autant, depuis lors, sa destinée inscrite à jamais dans le marbre, sans repentance possible ? Suffisait-il de la lui accorder pour s'assurer une réciprocité ? N'entendre l'ombre d'une menace. À la place, des paroles mesurées. De circonstance ? Une méfiance intacte quant à la véracité réelle de ce qu'il lui disait là. Non une gêne ? Une aide ? Comment le croire ? Ne pas bouger ? D'alors constater sa prise d'initiative.

Qu'il se mouve, ses yeux s'écarquillent, prête à l'achever à tout instant et ce, d'un coup de poing écrasant en vue de passer de son nez au dos de son crâne. Aux abois. Sentir sa main effleurer sa blessure à la cuisse. De là, une chaleur qui ne pouvait pas n'être que celle corporelle. Quelque chose en plus, d'invisible, d'indicible. Que faisait-il ? D'une douleur vive, arriver à des picotements, puis des irritations. Finalement, rien d'autre que le souvenir de ces sensations. Disparu ? Changer d'expression. D'une tension palpable, s'en retrouver hébétée. Mais... pourquoi ? Une ruse ? Dans une position effectivement dangereuse, mais pouvait-elle vraiment douter de sa bonne foi ? Ne rien sentir de son aura qui fausse ses dires. Sincère ? Laisser tomber un instant sa vigilance. Non plus simplement l'entendre, mais l'écouter. L'envie de le croire.

Amorce-t-elle à peine son dégagement qu'une voix familière l'arrête nette. Redressée, mais toujours installée sur l'homme aux cheveux d'argent. Établir un contact visuel avec Calum. Trahir sur sa trombine une once d'incompréhension. Les shinigamis... décris comme des ennemis. Et pourtant, que celui immobilisé par ses soins ne porte aucun de ces traits. Ne venait-il pas d'ignorer son agression, acceptant de laisser son destin à son jugement ? Ne venait-il pas de lui proposer son aide ? Ne venait-il pas de la soigner ? Des mensonges ? Aveugle à ceux-ci ? D'alors couvrir son front avec sa main, un regard introspectif. L'air souffrante. Désorientée.

Des doutes ? Pouvait-elle sciemment remettre en cause son jugement ? Avoir lu en elle avec une limpidité singulière, ne s'accordant nul faux pas, la sortant d'une vie de prédation là où il était en droit de mettre un terme à son existence. L'avoir acceptée, accueillie et placée dans un environnement d'une stabilité inespérée, que la créature de la nuit n'avait jamais osé concevoir. Une promesse d'intériorisée. Celle de le suivre partout, de le protéger. Néanmoins, en proie à la difficulté inattendue de l'exécuter. Des contradictions paralysent le bon écoulement de ses pensées. Ne lui avait-il pas toujours été proscrit de faire du mal aux innocents ? Ce shinigami ne l'était-il pas ? Gémir. Trembler. Torturée par un dilemme plus grand qu'elle.

-Je veux pas... Je peux pas...

Une pression au mollet, soudaine. Rappelée à la réalité. Une réalité si criante qu'elle couvrait ses tourments, livrée à un effroi momentané durant lequel il lui était impossible de réagir. Tout au plus, rouler sur le côté, libérant le shinigami de son emprise. Rouler sur le côté et se traîner, dans le but affiché de se dégager à son tour de cette chose venue se repaître de sa chair. Qu'elle y parvienne, c'était sans compter le courant d'énergie destructeur l'avalant presque aussitôt, creusant un cratère dont la Muda se faisait le noyau. Se relever à grande peine, l'ensemble de sa peau crépitante lui donnant l'impression d'un déchirement répété à l'infini sur chaque parcelle de son enveloppe charnelle. Ça se répète, répète. S'accentue. L'arrache. La torture. L'éprouve. Que ça cesse... Le besoin vital de s'évader de son propre corps. De s'échapper. De fuir. S'en aller. Pars... Qu'elle parte... Loin de partir... Ne faire que commencer. Prendre son bout de chemin. Un déchirement cette fois bien réel à hauteur de son dos, la faisant basculer vers l'avant.

C'est douloureux. Ça fait mal. Insupportable. N'être plus capable de le contenir. Se recroqueviller sur elle-même. Et là, laisser se libérer un hurlement des plus bestiales, partagé entre peine et rage. Simultanément, laisser éclater toute sa fureur par la libre circulation de tout son potentiel intrinsèque. Un tremblement de l'atmosphère sinistre, insufflant aux protagonistes alentours une illusion cauchemardesque, qui devait les rappeler à la nature éphémère de leur existence. Des vies fragiles, qu'un rien pouvait effacer. Un avant-goût de ce que pourrait être leur avenir, s'ils se retrouvaient sous les serres de la bête réveillée. Un destin des plus atroces. Les os mis à nus, sur un plateau. Bête enragée fondant sur l'un des prédateurs en présence, empoignant sa boîte crânienne et l'écrasant frénétiquement contre terre. Absolument sourde à ce qui se disait autour. Cécité manifeste du chaos régnant dans la boutique, dorénavant proche de l'état de ruine.

Discernant déjà difficilement les corps alliés de ceux ennemis, n'en avoir cure. Simplement, se focaliser sur tout ce qu'elle estimait de nuisible. D'ainsi fondre sur un autre de ces monstres. Que ses crocs s'incrustent dans son cou, elle le soulève, pour ensuite le plaquer au sol. Son pied sur le dos. Tirer. Un craquement sec suivi d'un son visqueux. Le son d'une tête arrachée de son tronc. Le son d'une tête claquant et roulant jusqu'à l'étagère renversée. Une silhouette à proximité directe. Ne pas prendre le temps de l'identifier clairement. Ne faire attention, depuis le déclenchement de la parade de sa violence, qu'à ce que Calum ou ce shinigami n'intègrent la liste de ses victimes. Marque d'une lucidité qui ne s'était pas encore totalement évanouie. Rendre au centuple le mal éprouvé. N'avoir d'autre motivation que celui de « régler ce problème ». La personne sur son chemin ne ferait pas exception.

Spoiler:

Mon Jardin Secret:

Coucou, tu cliques ici, ca se déroule:

Eirin, tu dois prendre en compte le Reiatsu Monstrueux dans ton hide. Si tu ne sais pas comment l'intégrer, je t'invite à consulter ce sujet sur les techniques de Reiatsu. Go !

Muda