Une purge. Crois-tu que cela soit la réponse à tout ? Pas moi. En tous cas, je suis restée près des miens, je ne m’enfuirai pas, pas sans ma famille. Je sais, je vais devoir payer le prix de ma décision mais toi-même, tu sais ce qu’il en coûte à se sacrifier. Si toi, le Shinigami le plus égoïste que j’ai pu connaître, fut assez fou pour affronter la mort, je ne vais ciller non plus.

Ils sont terrifiés, sauf Lalla Zohra bien sûr. Rien ne lui fait peur, rien ne la distrait. Rien ne délogera son sourire doux. Alors je reste.

Suis-je idiote ? Certains Shinigamis me verraient folle sans doute. Je prends ce qu’on me donne. J’ai toujours été fille du Rukongai. C’est à prendre ou à laisser.

Et si je meurs, te retrouverais-je ?

Ne te méprend pas. Je n’ai pas grande hâte à te revoir.

J’ai hâte de me battre pour ce en quoi j’ai toujours cru.

Ce que j’aurais dû faire depuis longtemps.

J’aurais tant aimé que mon ancien supérieur Serpiente soit là. Qu’il se moque de mes actions, de mon point de vue et qu’il me laisse derrière.

Finalement, j’aime cet homme si différent de moi.

Il est un peu comme toi.

Il me rassure sans même l’avoir voulu.

A mon tour de renaître.


Sur ses gardes, Idjouher dormait très peu. Tendue, sur le toit, inlassablement, elle repasse les images des derniers évènements : sa discussion avec Serpiente, la convalescence de Shin, le combat contre la Fullbringer avec l’aide d’une autre et de Krow Karlson.

Pire : la Purge. Cette satanée purge. Celle qui rendait nerveux sa famille, elle n’avait jamais vu des enfants aussi terrifiés. Quant à Riheb, elle n’avait jamais été aussi courageuse de sa vie, faisant chaque jour plus de flèches, résolue à défendre son foyer. Ainsi, Idjouher suit le mouvement, trahissant son appartenance à une famille du Rukongai. Après tout, il fallait bien qu’un jour, cela arrive. C’était le jour rêvé. Le jour choisi. Elle n’avait jamais été un bon soldat ? Qu’aurait dit Serpiente sur ce point-là ?

« Il s’en serait moqué comme moi à une époque révolue. »

Idjouher sourit, et non de tristesse cette fois, rassurée. Comme si dans cette situation, les constantes même les plus sombres comme son ancien Vice-Capitaine étaient louables, voire même cherchées avec ferveur pendant cet évènement dramatique et périlleuse.

Elle ne devait pas reculer.

- Idjouher ? Il te manque hein ?

Riheb. La petite qui ne quittait plus son arc et son carquois de fortune.

- Oui et non. C’est à nous de nous défendre Riheb. On ne peut pas dépendre de la mémoire d’un disparu. On doit compter sur nous-mêmes.
- Et quand ils viendront ?
- J’aviserai. J’ai fait mon choix, je le soutiendrai.
- Tu sais ? La famille parle de ne pas te laisser faire. Elle ne veut pas que tu te sacrifies.

Sans répondre, la Kabyle fit un geste pour que Riheb approche ce à quoi, la petite obéit, prise entre les bras de sa grande-sœur.

- Je sais. Après tout, qui laisserait un membre se sacrifier pour d’autres dans une famille unie ?
- …personne, se résigna Riheb.
- Tu comprends maintenant pourquoi je suis là. Maintenant, regarde les étoiles avec moi et prions.

Elles chantèrent en douceur à la lueur des étoiles, une nuit douce, sans vent et pour une fois, la lettre resta ouverte, à côté d’elle, entière.

Le signe du changement qui opérait dans le cœur d’Idjouher Tamanart.