Les dunes immaculées, scrutaient impassibles, la colère de l'exilé. Dans cet océan immobile se noyait les carcasses de ses proies. Ses anciens congénères, n'avaient pu qu'assister impuissant, à leur propre trépas, mais également à la renaissance du prédateur. Ou tout du moins, à son retour des terres au-delà de l'erg blanc. Effectivement, malgré son acharnement, celui-ci n'arrivait guère à retrouver sa force d'antan.
Ereinté, essoufflé, son endurance, sa vitesse semblaient se brider indépendamment de sa volonté. Sa force également paraissait émoussée. Naguère, cette banale partie de chasse n'aurait été qu'une formalité. Désormais la tâche était devenueardue. L'être scrutait le sang de ses proies s'écouler de ses mains, tâchant le sable opalescent du désert. « Mes facultés retrouveront-elles un jour leur apogée ? Ou le chasseur deviendra-t-il le chassé ? » Se questionnait-il.

Tant d'interrogations qui venaient tourmenter son esprit encore fébrile et attiser sa rage. Les genoux posés contre une dépouille, ses mains serrant la chaire de la bête inanimée, l'homme regardait ce ciel sans étoiles, dépité. Il tenta désespérément d'évacuer sa rage d'un hurlement féroce, mais rien n'y changea. Ses rugissements de colère vinrent seulement troubler le calme morbide du désert de quartz.
Perdu entre ces montagnes éphémères, son seul point de repère était les tours du palais, régnant sur l'horizon ténébreux. Son désir d'y imposer un jour sa domination était toujours d'actualité, mais le carnassier n'était pas dupe... Sans une progression significative de ses capacités, Nephilim n'arriverait qu'à tutoyer les enfers. Ses blessures de son combat contre l'Exequias rongeaient toujours son organisme.

Même si les plaies s'étaient refermées et n'avaient laissé qu'une imposante cicatrice sur sa peau d'albâtre, les stigmates qui ont infecté son subconscient étaient toujours présents. Lentement, mais sûrement, ils continuaient de ronger l'esprit de l'antagoniste.
Alors que l'Exilé se laissait submerger par ses tourments, une odeur familière vint le ramener à la réalité. Ayant rarement l'habitude d'être celui qu'on traque, l'ancien Hollow ne surveillait que trop peu ses arrières. Une ombre planait derrière lui, une mouche dans sa soupe, un Arrankar imprudent qui avait eu l'impolitesse de l'extirper de ses songes et d'entraver sa partie de chasse.

— Qui ose interrompre mon repas ? Lança-t-il d'un ton agressif. Valait-il mieux pour ce trouble-paix que ses intentions soient bonnes, où le prédateur risquerait de lui faire regretter.

Grogner. Etait-ce là tout ce que lui inspirait l'Exilé ? Ou était-ce tout simplement dans sa nature de prendre les événements avec autant de légèreté ?
Caeli n'en savait rien et peu lui importait d'ailleurs, mais il était certain d'une chose. Elle avait un don non négligeable pour faire « chier son monde » ce qui bien évidemment, irritait profondément le carnassier.
Elle avait tout de même daigné lui donner un nom. Celui-ci ne lui était guère familier. « Une esclave de plus au service de quelques bouffons courronnés, ou tatoués. » Songeait-il. Cependant, le Prédateur n'était pas un homme à éprouver une quelconque pitié - ni à les plaindre d'ailleurs -.

L'âme bannie connaissait son nom, mais cela ne l'en informait pas plus de son rôle au sein du monde creux.

— Et qu'est-ce qui t'amène si loin de ta demeure ? Lui demanda-t-il, insistant. Car tu ne m'as toujours pas dit ce que tu me voulais, Aessa. Le tout était accompagné d'un sourire féroce laissant paraître ses dents aiguisées.

Il ne pouvait se permettre de la laisser partir sans connaître exactement ses motivations. La paranoïa le gagnait peut-être, mais il ne souhaitait pas subir un second revers. Elle était seule responsable de l'issue de la situation. Son retour indemne ou non au Palace nocturne était désormais de son ressort. Dans son jour de bonté - chanceuse -, il s'était tout de même efforcé de répondre aux interrogations de l'Âme creuse.

— Rien. Je regarde ce monde tourner, tant bien que mal. Répondit-il, froidement. La question mettait l'accent sur une vérité qui rongeait l'Arrankar depuis des semaines. Il ne faisait effectivement rien, ne se nourrissait pas plus que le nécessaire et se morfondait dans un coin de sa grotte le reste de la journée. Une vie morose dont il aspirait à y mettre un terme.

Caeli était désormais certain, cette demoiselle n'était pas une menace. Seulement une imbécile qui cherchait à savoir jusqu'à quand il arriverait à conserver son sang-froid. Cette dernière se trémoussait étrangement, pour une raison qui lui était inconnue. Définitivement lassé de tout ceci, il projeta un faible rayon d'énergie - Cero - à ses pieds, la discussion était terminée.

— Je t'ai assez vu. Lui dit-il sèchement en ajoutant : Va au diable.