J'ai récupéré les liste des gars de la onzième qui étaient en soins. Que ce soit dans les locaux de la quatrième division, ou ceux de la dixième d'ailleurs. Bref, j'ai passé une bonne journée à faire le tri. Les blessés graves, les moins graves, ceux qui avaient déjà pu reprendre leurs fonctions bien que diminués, les morts, malheureusement et la dernière catégorie.

Les disparus.

La plus désagréable. Car on n'était jamais à l'abri de trouver un cadavre d'un pote. Ou pire encore de ne pas le trouver et de se poser pleins de questions comme, s'est-il fait bouffer? Ou désintégrer? A-t-il déserté? Le cas horrible ou la réponse est si affreuse qu'on n'ose l'imaginer.

Me voilà donc, pipe au bec, en train de coordonner des recherches. C'est à dire déblayer des décombres causés par l'attaque de ces fichus Hollows et accessoirement trouver des corps. Pas uniquement ceux de Shinigamis d'ailleurs. Du coup, j'avais organisé un système à base de carrioles bâchées. Dans la première on mettait les corps des anges de la mort, dans la seconde on y déposait les dépouilles des gens du coin et enfin, dans la dernière, ceux qu'on arrivait pas à classer et qui iraient certainement se faire étudier dans les locaux de la douzième.

J'aboie des ordres concis. J'ai pas envie de m'éterniser ici. Mais je n'ai pas le choix, si je veux que ça avance, même moi, je dois mettre la main à la pâte. Et pourtant je suis une infirme. Mais bon, je fais avec. J'aide à déblayer les débris pour hâter cette sinistre besogne. C'est alors que j'aperçois un ou une Shinigami au loin. Une paire de bras supplémentaires ne sera pas du luxe, alors je la hèle pour attirer son attention.

"Hé toi, par ici! Tu peux venir nous aider?"

Son regard angoissé parcourut le champ ravagé où s'étendait des corps. Pour certains, une flamme de vie résistait au vent hurlant de la mort, donnant ainsi une chance de s'en sortir. Mais pour d'autres, tout était perdu. Leurs corps immobiles, aussi froids que le marbre, alourdissaient les cours des survivants. Une charrette emportait les cadavres au loin, mais l'odeur du sang, les effluves de la mort, eux, n'avaient pas quitté les lieux. Son cœur en eu la nausée, mais elle força sa main à rester immobile. Bien que bouleversée par l'idée que venait de croiser son esprit, elle se devait de rester forte. Pour mieux poursuivre ses recherches, elle décida de se rapprocher des blessés. Les pires scénarios passant en boucle dans sa tête, ses dents vinrent mordre sa lèvre inférieure, jusqu'à ce qu'elle deviennent violacée, lorsqu'elle examina le visage des soldats. Il y en avait tant, se lamenta-t-elle, comment allait-elle le retrouver, si seulement il était ici. Ses poings se crispèrent et ses pas se firent plus rapides. Son regard ambré examinait lui aussi à un rythme plus soutenu et bougeait comme ceux d'une proie effarée. Pour une fois, elle était le gibier et non le chasseur. Et le fusil chargé du braconnier, qui était la douleur d'une perte, était braqué droit entre ses deux yeux. Mais tout était vain. Il y avait trop de corps, vivants ou morts, et certains avaient même étés emportés. Mais malgré cette défaite inévitable, cette entreprise impossible, elle ne pouvait se permettre d'abandonner. Cette idée même la répugnait. Elle avala difficilement sa salive et fit face aux cadavres étendus sur le sol. Alors que sa recherche allait reprendre, elle se fit héler. Elle faillit se retourner et hurler à son interlocuteur de la laisser tranquille, contrôlée par la tristesse et le désespoir, mais elle se retint de justesse. Elle faillit se retourner et hurler à son interlocuteur de la laisser tranquille, contrôlée par la tristesse et le désespoir, mais elle se retint de justesse. Elle s'inclina légèrement comme le voulait la politesse.

- Hatori Raika, Cinquième Siège de la Dixième Division, puis-je connaître votre nom ? Et, de quelle manière puis-je vous aider ?

La jeune shinigami, malgré son ton calme presque amical, peinait à retenir les larmes qui tentait d'embuer ses yeux ambrés. Sa respiration excessivement lente laissait clairement transparaître les sentiments qui la transperçaient. Ses mains, cachées derrière son dos, moites, s'entortillaient autour du ruban écarlate de son zanpakuto. Elle afficha une expression tranquille voir chaleureuse et réussit médiocrement à laisser penser que tout allait bien et qu'elle venait en aide.

Je ne suis ni psychologue, ni sympa. La personne au loin se présente comme étant Hattori Raika. Cinquième siège de la dixième. Bien, j'espère juste qu'avoir un balai dans le derrière n'est pas une constante parmi les gens de cette division. Sinon, il faudrait penser à changer leur emblème. Inconsciemment, je souris en m’imaginant la tronche du logo. Ce n'est pas trop de circonstance alors je ravale cette expression vite fait bien fait. La bougresse me demande de me présenter, c'est vrai que j'ai tendance à oublier les règles de politesse élémentaire. Du coup, je me rattrape tant que je peux.

"Oui, désolée, c'était à moi de le faire en premier en plus. Masamune Kaguya, cinquième siège de la onzième. J'aurai besoin d'un petit brin d'aide pour finir de déblayer ce secteur et de recenser les corps."

Ma voix se fait un peu plus grave sur la fin. Non pas que ce travail ne m'enchante guère, mais plus que j'ai conscience que la tâche que je suis sensée mener à bien va aider des familles à faire leur deuil. D'une certaine façon, je mets mon coté désinvolte et irrespectueux de l'autorité de coté. Et puis, c'est moi qui ai besoin de son aide, et pas l'inverse, si je veux qu'elle me prête assistance, il faut que je la caresse un minimum dans le sens du poil.

"Comme tu peux le constater, on est un peu court en effectif au vu de la mission, d'autant plus que je souffre d'un petit handicap..." je secoue mon bras droit pour qu'elle capte que la manche est vide. "Après, ne te sens pas obligée pour autant, si tu as mieux à faire, je n'ai pas l'autorité pour te retenir."

Mais vu ce que je voyais de la tronche qu'elle tirait, elle aussi cherchait quelqu'un. Nos intérêts pourraient donc se rejoindre. Seulement je ne suis pas réputée pour être fine psychologue. Bien au contraire, pourtant, en voyant cette petite chose frêle devant moi, j'éprouve un relent de compassion pour elle. Il faut dire que comparé à moi, la majorité des nanas sont des brindilles prêtes à casser. Mais bon, je ne vais pas non plus lui en tenir rigueur.

"Et puis, ça rassurera mes gars d'avoir un autre gradé parmi eux. On a déjà sorti deux dépouilles de Hollow, il pourrait y avoir des survivants de leur coté aussi."

C’était effectivement vrai. Et si on se retrouvait nez à nez avec un arrancar, même blessé, les choses risquaient de fortement se compliquer.