La nuit était déjà bien avancée et pourtant l'activité dans cette petite rue malfamée du Rukongai avait atteint son paroxysme. A vrai dire, surtout aux alentours de la lumière qui s'échappait de la porte ouverte de l'unique bar. L'établissement était réputé, et la populace était variée, même si les nobles du Seireitei n'était que très peu représentés. En fait, ils ne s'aventuraient pas aussi loin du centre de la Soul Society, trop enclins à leur petit confort leur apportant l'illusion d'une sécurité, pourtant bafouée autrefois par l'attaque des Quincys de Bach. Des clameurs provenaient du bar et les curieux s'arrêtaient pour tenter d'apercevoir la source de cette agitation. Ils repartaient pour la plupart déçus, la foule empêchant de distinguer ce qui se passait à l'intérieur de l'établissement bondé.

Le patron, une âme d'un bon siècle, le ventre bedonnant et une moustache, observait la scène qui se déroulait au centre de son commerce en lavant distraitement un verre, avec un chiffon sale. Il était fort satisfait de la tournure que prenait la soirée car même si son bar était réputé, il n'attendait jamais autant de monde. Un homme partiellement éméché lui réclama une coupelle de saké. Il s'accouda dos au bar en bois , en attendant d'être servit, contemplant lui aussi la scène. Il but d'une traite dès que le tavernier lui ramena sa commande.

- Elle est sacrément forte la petite.

Le patron acquiesça d'un signe de tête. La "petite" comme l'autre l'avait nommée, c'était une Shinigami qu'il avait déjà vu dans son établissement. C'était, depuis quelques temps, une cliente plutôt assidue, même si elle avait du mal à tenir à l'alcool. Ce soir là, elle se livrait à des parties de bras-de-fer avec les hommes qui se trouvaient dans le bar. A chaque fois qu'elle en battait un, le perdant devait lui payer une coupelle de saké. Cela faisait les affaires du propriétaire, qui en était déjà à quelques litres payés à la belle. Certains, mauvais perdants, se risquaient à refuser de payer mais la jeune femme se montrait alors tout de suite un peu moins joviale et très dissuasive. Tout le monde ici, ignorait qu'elle était une Ange de la mort, à part lui. En même temps, elle portait des vêtements tout à fait normaux et n'avait pas emmené son Zanpakuto aujourd'hui.

Le visage d'Otsu était perlé de sueur et elle regardait son adversaire droit dans les yeux, enfin avec son unique œil valide, l'autre étant cachée par un large bandeau. Le visage de son opposant lui, était bien plus crispé que le sien, marqué par l'effort, il avait déjà viré au rouge écarlate et des veines apparaissaient sur son front. Dans un ultime râle il tenta de contenir la pression qu’exerçait la Vizard sur sa main, mais en vain, son bras s'abattit avec fracas sur la table de bois et une clameur s'échappa de la foule endiablée. L'homme se leva, vaincu et se dirigea vers le bar. Otsu se tourna vers un vieillard qui tenait un calepin.

- Hé tu notes hein? J'en suis à combien?

Le vieux se plongea dans ses calculs et ajouta d'un coup de crayon, la nouvelle victoire.

-Hmmm et bien depuis le début de la soirée, 123 exactement.

Otsu se leva de sa chaise et se tourna vers la foule qui la regardait.

- Je fais une pause, je reviens dans quelques minutes! Que les prochains candidats se préparent!

Elle alla jusqu'au bar, titubant sous l'effet de l'alcool. Elle s'y accouda et fit signe au patron de lui apporter une autre coupelle. Du coin de l’œil, elle aperçu une silhouette. Elle tourna la tête et elle le vit...comme dans les magazines que son ancienne Vice-Capitaine avait ramené de la Terre, enfin, pas ceux pour adultes, les autres. D'un Shunpo elle se jeta au cou de l'inconnu vêtu d'une cape et d'une capuche.

- Superman ! Tu viens pour me sauver dis?