Rukongai, à une heure tardive, bien évidemment.

Il n'avait pas encore trouvé ce qu'il cherchait, et pourtant il avait écumé la plupart des bouges qu'il connaissait dans ces district. Cela lui avait causé des ennuis, à quelques reprises, puisque la faune fréquentant les établissements qu'il avait visité ne s’embarrassait jamais de politesse et autres étiquettes superflues. Comme de bien entendu, le type ne leur avait laissé que l'occasion de donner le premier coup - histoire que tous voient qui avait commencé - puis avait mis fin aux discussions de façon radicale. Et pourtant, il ne portait aucune insigne représentative de sa fonction, et encore moins un quelconque uniforme qui pourrait le rapprocher de près ou de loin à l'organisation millénaire dont il faisait partie. Sa venue incognito avait pour but de lui faciliter la tâche et d'éviter de perdre son temps. On aimait pas beaucoup les shinigamis, par ici, et encore moins depuis peu. Il ne se sentait pas en danger pour autant, mais il espérait faire ce qu'il avait à faire dans le calme et la sérénité. Pour l'instant, tout de même, ça n'était pas gagné d'avance.

Ses pas l'avaient finalement mené à une enseigne connue du monde de la nuit, l'une des dernières qu'il avait à vérifier avant d'estimer qu'il avait fait chou blanc. Les chahuts et la musique qui jaillissait des murs pourtant un tant soit peu isolés de la bâtisse lui donnait une bonne idée du monde et du degré d'amusement qui régnait à l'intérieur. Pour ne rien arranger, le temps allant sur la chaleur promettait une atmosphère étouffante, en plus de la fumée qui allait immanquablement emplir l'espace. L'homme ne s'inquiétait pas outre mesure, puisqu'il était lui aussi un habitué de ce genre d'endroit, mais sa quête d'une discussion calme s'éloignait un peu plus. Après un soupir, il prit sur lui de s'annoncer aux videurs à l'entrée, et passa les portes - moyennant une somme modique, bien entendue - pour s'enfoncer dans la masse de gens qui fêtait bruyamment l'apparition des étoiles. Qui a dit qu'on ne faisait pas la fête, dans l'après-vie?

- Bon, je commence par quoi maintenant...ah, bah on dirait que j'aurais pas à chercher loin.

En effet, mis à part les groupes habituels de gens voulant cuver leur alcool avec des amis, c'était surtout un attroupement qui attirait l'attention de tous. Et c'était aussi de cet amas humain que provenait le plus de bruits, avec entre autre des vivats ou des huées. S'approchant alors, le colosse pu embrasser des yeux la scène qui se déroulait devant lui: attablée face à un adversaire qui semblait visiblement mettre toutes ses forces dans la balance pour éviter que sa main s'abatte sur le bois, une jeune femme à la peau olivâtre, entourée de coupelles empilées, le tein rougit de ceux qui sont pris dans les vapeurs de l'alcool. Finalement, dans un craquement, accompagné d'un râle de douleur, l'autre flancha, et laissa sa paume frapper la table. On s'exclama, de joie ou d'indignations, l'argent s'échangea parmi le public, et la demoiselle reçu une nouvelle coupelle.

- A qui le tour?

Le barman arranguait la foule, présent, bien content que son affaire continue à tourner comme une horloge, grâce à cette femme qui ne cherchait qu'à boire, et donc à faire consommer ses clients. Fendant la foule, la silhouette sombre se révéla à la chiche lumière de la lanterne qui éclairait la table. D'une coupe simple, ses habits laissait paraitre sa musculature conséquente mais finement ciselée. Reconnaissant un chef de meute, les autres s'écartèrent pour le laisser s'asseoir, alors qu'il prenait finalement la parole.

- Je crois bien qu'c'est à moi. Bonsoir, Otsu. Ça te dirait, quelqu'un de ton calibre? J'ai bien l'impression que la petite friture va finir par te rouiller.

Le Kyuusei avait enfin trouvé celle qu'il cherchait. Elle n'était que l'ombre d'elle même, ayant traversé visiblement une sacrée série d'épreuves - du passage à son statut de Vizard à sa rétrogradation, et son transfert à la Sixième Division. Mais le Vif Argent, qui semblait bizarrement comprendre ce par quoi elle passait, ne s'était pas résolu à la laisser à la dérive. Il était donc là, pour elle.

Tendant le bras devant lui, il laissa son coude prendre appui sur le bois de la table, la main grande ouverte. Les choses passaient à un tout autre niveau, mais de cette manière il avait moyen de ferrer la belle, avant qu'elle ne décide sur un coup de tête de se faire la malle. Et, têtu comme il était, Noboru n'était pas prêt de la laisser s'envoler si facilement.

La main d'Otsu s'abattit lourdement sur celle de son adversaire,ébranlant la table de bois et renversant un verre, mais soulageant les esprits qui avait parié pour la belle. La jeune femme desserra sa poigne, et son adversaire se leva, tenant sa main brisée contre son torse de gorille, sanglotant comme une fillette. Des hommes comme ça, elle en voyait une bonne centaine lorsqu'elle se décidait à sortir du Seireitei pour aller noyé sa peine, ses soucis et ses angoisses dans la boisson et les jeux. Des gens qui se disaient des durs à cuire, des combattants, mais qui repartait souvent les doigts cassés et un Kan en moins pour payer la coupelle de saké due à la gagnante. Pour l'instant, elle restée invaincue autant auprès des banales âmes qui arpentait le Rukongai que auprès de certains Shinigamis qui comme elle, venait se détendre en dehors du Seireitei.

On lui tapota dans le dos pour la féliciter et on lui fit parvenir son tribu qu'elle englouti d'une traite, ses joues s'enflammèrent un peu plus et elle reposa avec fracas la coupelle sur la table, elle s'essuya l'alcool qui coulait le long de ses lèvres d'un revers de main et un rot tonitruant s'échappa de sa bouche. Certains fièrent, d'autres s'offusquèrent, Otsu, elle se fichait bien de sa conduite. Elle toisa la foule, se passa sa main collante de sueur et d'alcool dans ses cheveux et cria d'une voix enivrée.

- A qui le tour?

Un silence se fit, les hommes se regardèrent, peur de se faire humilier mais désireux de gagner la bouteille de saké de luxe promise par le propriétaire si la jeune femme perdait. Celui-ci d'ailleurs, ne se souciait plus des résultats de la belle, depuis qu'elle venait, son bar connaissait une forte affluence et il avait gagner de quoi rembourser un bon tonneau de saké de luxe, ce qui ne risquait pas d'arriver, si sa protégée perdait.

Un homme se leva, les autres s'écartèrent. Otsu écarquilla les yeux, elle fit signe au patron de venir, il accourut et elle lui chuchota à l'oreille.

- Préparez la bouteille promise aux gagnants, cet homme, je ne pourrais le battre.

L'autre hocha la tête un peu déçu et s'en alla sur l'ordre de la Vizard. La jeune femme sourit à l'arrivant qui c'était déjà mis en place. Pourtant, elle n'empoigna pas tout de suite l'énorme paluche présentée.

- Et bien Capitaine, la petite friture, comme vous dites est effectivement facile à vaincre même pour une faible créature comme moi. Mais que me vaut l'honneur de votre visite?

Elle avait appuyé sur le titre, et un frisson d'angoisse parcouru la foule, certains voulurent partir mais Otsu haussa la voix d'un ton glacial, figeant sur place les deserteurs.

- Ne partez pas, cet homme ne vous feras aucun mal, il est là pour s'amuser tout comme vous et moi. Il s'agit du fraîchement promu Capitaine de la deuxième division, Kyuusei Noboru, une personne que je n'apprécie plus que de raison. Profitez du spectacle, ce n'est pas tous les jours que nous avons un invité de cet acabit.

Elle empoigna la main de Noboru, celle-ci faisant environ de fois la sienne et le bras-de-fer commença. La sueur perla sur son front, mais son adversaire, elle le savait, ne faisait aucuns efforts et pourtant sa main ne flanchait pas, elle poussait même nonchalamment celle d'Otsu vers la table de bois. Dans un ultime effort, elle tenta de redresser son bras mais celui-ci s'abattit lourdement, dans un murmure de déception. La belle, se massa le bras tandis que le barman posait la bouteille de saké près de Noboru et deux coupelles. La foule en déduisit que l'activité était finie pour ce soir et continua de vaquer à ses occupations. La brunette se servit un verre de saké sans gêne à l'aide de la bouteille gagnée, porta la coupelle à ses lèvres et bu sans quitter de son œil le colosse.

- Pourquoi tu es venu?

Une larme coula le long de sa joue.

La jeune femme accepta le défi, non sans avoir au préalable jeté un froid sur toute l'assemblée en révélant son identité à tous. Capitaine. Comme ce titre sonnait étrangement aux oreilles du Kyuusei...éternel sergent, dévoué corps et âme à la Division du Kenpachi, il volait maintenant de ses propres ailes. A son sens, c'était grisant, mais terriblement désorientant. Il se sentait limite perdu, n'était-ce la débrouillardise qui dominait dans ses traits de caractère principaux, et qui lui apportait la combattivité nécessaire pour passer le cap. Dans l'assemblée, certaines personnes semblèrent sur le départ, peu désireux de faire la fête en présence d'un membre avéré du Gotei. D'autre ne cillèrent pas, soit par défi, soit par habitude, certains connaissant sûrement l'ancien Vice Capitaine de la Onzième et sa manie de trainer un peu partout et dans toutes les affaires, plus ou moins louches. Il n'empêche que la Cap...qu'Otsu - il aurait du mal à s'y faire, là aussi - avait mis un terme au mouvement en leur ordonnant presque de rester, affirmant que son acolyte n'était pas une menace. Pour elle, et pour le moment...

Elle prit sa main, après ce petit moment théâtral, et la lutte débuta. Quelle était l'issue de cette compétition? Au moins une personne semblait la connaitre, à voir le regard résigné de la Nakatoto. Elle tint bon, face à la puissance physique développée par l'ancien gradé de la Onzième, et céda finalement, sa main heurtant le bois de la table dans un claquement. Cela n'avait pris que le temps qu'il fallait au tenancier pour apporter une bouteille de saké ouvragée en céramique, qu'il accompagna de deux coupelles. Dont une fut remplie et aussitôt vidée. Une question passa la barrière des lèvres de l'ancienne officier. Une simple question à laquelle le Kyuusei avait bien du mal à répondre.

Pourquoi, hein? Parce que tu as été gentille avec moi? Parce que je considère que je ne laisse personne de mon entourage derrière, ou un genoux en terre? Parce que j'ai l'impression d'avoir usurpé ma place? Parce que tu lui plais?

Un peu trop de raisons, et pas une ne convenait au Voif Argent. Du moins, aucune ne risquait d'être formulée par le grand type qui était maintenant en mal de répartie. Soupirant tout en baissant les yeux, il riva de nouveau ses yeux de faucon sur ceux de la jeune femme. Enfin, sur celui qui n'était pas caché par un morceau de tissu. Savoir que l'ancienne Capitaine avait été estropiée à l'issu de leur petite sauterie avec le Kenpachi et le Vice Capitaine de la Sixième avait été une source de regret. Non pas pour le fait d'avoir causé des blessures, ça non, cela faisait partie des aléas de la bataille. Mais la laisser diminuée, cela lui en coûtait. Elle n'avait pas eu besoin de ça, beaucoup de poids pesait déjà sur ses frêles épaules.

- Je crois que tu le sais déjà, hein? Y a quelque temps que je te vois tourner en rond, comme un serpent qui se mord la queue. Et j'aime pas ça. Je sais par quoi tu passes - enfin, j'en connais un rayon sur certaines de ces choses - et j'vais pas te laisser te détruire à cause de tout ça. C'est mon devoir de te soutenir, et de t'apporter certaines réponses. A moins que tu préfères te siffler ton saké toute seule comme une grande?

Tour à tour, la compassion et les railleries. Noboru ne méprisait pas l'alcool, mais il refusait de se laisser dominer par lui. Et il enrageait de voir cette ancienne élite du Gotei toucher le fond. Un si petit bout de femmes...

- J'te la cache pas, Otsu, te voir comme ça, ça me fout les boules.

Et au diable si Shinjirô apprenait cet entretien, et se foutait de sa gueule pendant des siècles! L'important, c'était qu'on ne laissait pas une Vizard de la puissance d'un Capitaine à la dérive.

Otsu écoutait Noboru en faisant tourner la coupelle de saké dans ses mains, comme chaque soir depuis quelques semaines elle venait ici, comme chaque soir elle se livrait à son petit spectacle et comme chaque soir elle finissait dans un état lamentable, passant de la tristesse à la rage, de la rage à la nostalgie pour enfin revenir sur la tristesse. Elle était perdue dans ce cycle sans fin, meilleur remède qu'elle avait trouvé jusqu'alors. Cela la rendait imbuvable pour son entourage et pour elle même. De plus, le manque d'entrainement se faisait ressentir, du moins pour ce qui était de sa maîtrise de son Zanpakuto, à force de bras-de-fer, sa force physique augmentant. Elle n'était plus la même. Et ce que le Vif-Argent lui disait, et même si elle savait au fond d'elle qu'il disait vrai et qu'il avait sincèrement envie de l'aider, cela la mettait dans une colère folle. Elle explosa, les larmes de rage coulant abondamment sur ses joues rougies par l'alcool. Elle projeta la coupelle qui vola contre un mur et s'éclata en morceaux. Le silence se fit dans la pièce et les deux Shinigamis furent le centre de toute l'attention, une lourde angoisse parcourut la foule, effrayée par la réaction de la jeune femme qui, même si elle avait quelques sautes d'humeurs, se montrait toujours sympathique à son égard.

- Tu sais par quoi je passe? Ah bon? Pourtant j'aurais juré que tu avais eu une promotion! Non vraiment tu ne peux pas! Alors peut -être que pour ça tu peux!

Elle passa sa mains sur son visage faisant apparaître quelques secondes de façon furtive son masque, provoquant au passage une explosion du Reiatsu et la panique dans le bar.

- J'ignore dans quelles circonstances tu l'as obtenu. Personnellement c'est en voyant ma sœur se faire égorgé dans un bordel si tu ne le savais pas déjà. Donc effectivement pour la forme tu sais ce que ça fait mais pour l'histoire de fond non tu ne sais RIEN de ce que je ressens.

Elle se rassit, se calmant brièvement, se resservit un saké dans la coupelle de son vis-à-vis, sans lui demander l'autorisation la bu d'une traite et l’abattit dans un grand bruit sur la table.

- Pour ce qui est de ma rétrogradation, puisqu'on est dans la confidence. Je dois t'avouer que j'en veux à Shinjiro et Shinsui. J'étais partie pour m’entraîner au combat contre vous par pour passer un de test de puissance! Pourquoi à t'il ressentit le besoin d'aller dire au vieux que j'étais trop faible pour être Capitaine? Et sincèrement je pense que l'argument de la mission du monolithe est plus que douteux... Reisen l'a certes détruit, mais il ne faut pas oublier que je l'ai affaibli avec mon Bankai. Résultat? Je crois que tu le connais mais je vais quand même te rafraîchir la mémoire. Il a été promu Capitaine de sa division et moi j'ai été évincée.

La jeune femme ne contrôlait plus ses paroles, elle s'en fichait d'être en présence d'un Capitaine, le sentiment d'injustice qu'elle ressentait était trop fort pour qu'elle puisse se taire et la boisson l'aider à parler, même si ce n'était pas dans les meilleurs conditions.

T'es la deuxième personne à qui j'en parle, mais j'en ai marre de la Soul Society je veux quitter cet endroit. Tu peux en parler à qui tu veux je m'en tape, maintenant que je n'ai plus rien à perdre.

Elle s'affala sur la table et s'enfouit sa tête dans ses bras.

- Tu sais Noboru, tu m'as toujours plu.

Il écoutait patiemment la jeune femme énoncer ses malheurs, son visage figé en un masque morne dont seuls les yeux étincelaient Même lorsque la belle éborgnée laissa son hollow intérieur se manifester, il ne cilla pas d'un poil. Elle en voulait à le terre entière, perdant même le sens de ses priorités, de son rôle au niveau de la Société des Âmes, victime certes de faits affreux, mais totalement rongés par eux. Elle n'était plus une guerrière, en l'instant, mais une petite fille chouinarde et capricieuse. Et c'est alors que, plus tôt chatte échaudée, elle se fit câline.

Le bruit caractéristique d'une claque résonna dans la pièce.

Il avait ouvert la paume un maximum, contrôlant sa force pour que la douleur soit plus morale que physique. Le geste, dans sa soudaineté, avait néanmoins fait valser l'essentiel de ce qu'il y avait sur la table, dans un fracas de porcelaine qui se brise. Le but était de donner un électrochoc à cette fille qui n'était plus que le fantôme d'elle même. Se redressant pour la toiser de toute sa hauteur, le Kyuusei lui jeta un regard à faire cailler le lait.

- Comment peux-tu en vouloir à d'autre que toi même, femme! Être Capitaine n'est pas un privilège que l'on te donne, c'est une responsabilité! T'es incontrôlable, incapable de te remettre en question, et tu penses que l'on va te plaindre? Si tu avais été mise à ce pose, c'est que tu en avais les capacités, et si on t'as rétrogradée, c'est que tu le méritais tout autant. Tu penses peut-être que faire partie du Gotei, s'est participer à un camp de vacance? Ouvre les yeux, on sait tous pourquoi on est là, pourquoi on porte ce sabre pendu à nos hanches. On ne combat pas pour la gratitude, ni même pour l'exploit, mais parce que l'on est le bouclier qui se dresse pour protéger les mondes, ni plus, ni moins. Pense à toutes les autres filles qui perdent leurs sœurs tous les jours parce que tu n'as pas été là pour les protéger, occupée à te saouler et à te plaindre de ton sort!

Ayant longtemps reflué le flot impétueux de sa colère, le Vif-Argent la laissait maintenant exploser. Cela faisait partie de son tempérament, un homme rude, certes, mais qui ne cédait jamais totalement face à ce genre de sentiment violent. Et le jour où les digues lâchaient, même le dernier des salopard avalait sa salive. D'autant plus que pour le cas présent, le fait de tenir à cette femme jouait comme un multiplicateur.

- Pendant un temps, c'est vrai, je te trouvais intéressante, avec ta fraicheur, ta façon de voir les choses. J'espérais que tu allais apporter quelque chose de nouveau parmi nous. Mais en fait, t'es pas différente du premier péquin venu, au premier obstacle tu fonds en larme en attendant que quelqu'un vienne te mâcher le travail...

Voulant s'approcher, le Vizard avisa l'obstacle dérisoire qui se tenait devant lui. D'un geste, il expédia la table au loin, avant de réduire la distance le séparant d'Otsu.

- Maintenant t'as deux solutions qui s'offrent à toi. Numéro un: tu décides de redevenir un être humain, tu te sors les doigts du cul, et on va tous les deux faire de toi quelque chose dont ta sœur serait fière. Numéro deux: tu décides de pas ouvrir les yeux et je te colle au trou pour dégrisement forcé. Tu viens de balancer des propos séditieux en pleine face d'un Capitaine des Forces Spéciales, et c'est pas ta gueule d'ange qui va te sauver. Est-ce que tu percutes sur la gravité de ta situation, ou faut que je t'ouvres les yeux un peu plus?

Il fulminait, la colère semblant le grandir. Car c'était l'homme qui était revenu des confins du monde, suivant le Kenpachi dans son sillage. Celui qui avait péri maintes fois au cours d'entrainements interminables, mais toujours s'était relevé, la volonté plus forte, la main plus sûre. Et jamais il ne laissait quelqu'un derrière. Surtout si c'était la famille qui se trouvait être mise sur la sellette.

La claque fut retentissante, elle aurait décollé plus d'une tête mais Otsu elle, était habituée à prendre des coups. La puissance fut suffisante pour lui faire pivoter la tête dans un mouvement brusque, engendrant une douleur à la nuque. Les clients, silencieux maintenant qu'elle les avait retenu de partir, murmurèrent d'indignation et d'excitation. Il faut dire que ce n'était pas tous les jours qu'il y avait un tel conflit entre deux Shinigamis dans ce bar et dans le Rukongai en général. Les mains s'échangèrent de l'argent mais la jeune femme ne s'en souciait plus, la joue brûlante, l'égo fortement blessé et l'esprit un peu sonné par la claque, la rage monta en elle. Avec un mélange de crainte et de colère elle regarda la table qui voltigea contre un mur, se fracassant en mille morceaux de bois. Elle ne recula pas lorsque Noboru s'avança vers elle, menaçant et elle fit même un pas vers l'avant prête à envenimer le conflit. Elle se positionna à quelques centimètre de lui, leva la tête pour le regarder dans les yeux. La situation pouvait être cocasse si l'ambiance n'était pas aussi électrique: une jeune femme haute comme trois pommes qui défiait un géant. Et c'est tout naturellement que Otsu tendit son bras pour lui rendre la claque. En un peu moins fort, car elle ne disposait pas de la puissance physique de Noboru mais également aussi parce que au fond d'elle, elle savait qu'il avait raison. Calmement mais froidement, elle reprit la parole, dessoûler par l'humiliation dont elle venait de faire l'objet.

- Tu crois que je ne me blâme pas assez moi même? Bien sur que je sais que le Gotei n'est pas un camp de vacances! Je me suis suffisamment remise en question pour savoir que j'ai au moins 90% de responsabilités dans ce qui m'arrive. Je suis frustrée c'est tout. C'est sur c'est pratique de s'imposer et d'avoir du crédit dans une organisation militaire quand on à ton profil ou celui de Shinjiro. Je suis jeune, oui, pleurnicharde, oui mais égoïste certainement pas. Si j'ai choisi d'être Shinigami c'est pour aider les autres et jusque là je n'ai mis la vie de personne en danger et j'ai plutôt bien fait mon travail.

Elle marqua une pause et fit signe au patron d’amener une nouvelle table. Il s’exécuta et revint avec un nouveau mobilier. Otsu se rassit en regardant Noboru qui lui, restait debout.

- Saches également que je ne supportes pas qu'on parle à une femme comme ça, ce n'est pas parce que t'es baraqué que tu dois m'interpeller de la sorte, tu manque de subtilité un peu comme l'homme que je vous ai emmener la première fois que nous nous sommes rencontrés, tu vois toi aussi tu n'es pas différent du premier péquin venu. Ensuite, on ne m'a jamais mâché le travail. Je me suis toujours débrouillée toute seule. Si je suis dans cet état là maintenant, c'est parce que au fond de moi même, je m'en veux terriblement. Maintenant si tu le permet, je souhaiterais ne pas mettre en danger les gens qui se trouvent dans cette pièce. Continuons notre discussion dehors, au cas où ça dégénérerait entre nous.

Elle se leva et se dirigea vers le bar où le tenancier semblait l'attendre. Elle sortit une petite bourse de pièces, suffisante pour s'acheter tout le bar à vrai dire. L'autre ouvrit des yeux ronds et la belle lui sourit d'un air bienveillant.

- Pour les dégâts, vous devriez interdire les Shinigamis dans votre bar désormais, au final, nous nous tenons moins bien que le commun des âmes habitants le Rukongai. Nous devrions apprendre l'humilité à l'académie, nul doute que je serais la première à en profiter.

Elle s'inclina devant le patron pour s'excuser et se dirigea vers la sortie où elle attendit que Noboru la rejoigne, ou pas.

Elle lui rendit sa claque avec énergie, qui se contenta de résonner sur le roc que lui opposait le Kyuusei. Sa joue s'enflammait déjà sous l'effet du coup, mais qu'importe, l'autre était insensible à cause de sa fureur. Autour des deux shinigamis, l'atmosphère s'était faite tendue, les clients comprenant clairement que ce qui se déroulait sous leurs yeux les dépassait de loin, telle une tempête en préparation.

Oh, elle en avait de l'énergie, maintenant que son interlocuteur lui avait mis le nez dans ses erreurs. Otsu était intarissable, lui reprochant sa façon d'être, aussi bien dans le boulot que maintenant, comparant son attitude envers elle à un épisode lointain qui l'avait vue corriger un des bleus de la Onzième, ayant manqué à dessein de respect envers la femme qu'elle était. En mettant en parallèle ces deux situations, elle se trompait, toutefois: Noboru n'était en rien motivé par le vice ou même un certain machisme, non. C'eut été même le contraire, comme l'avaient déjà prouvé les autres rencontre entre lui et la Nakatoto. Il la traitait juste en égal, ne lui accordant aucun traitement de faveur, ne voulant ménager son égo qui semblait aujourd'hui surdimensionné, empêtrée qu'elle était dans ses problèmes. Qu'elle se plante à ce point de direction le faisait encore plus enrager. Il avait l'impression de parler à une ado en crise.

Elle s'était faite à présent toute douce, expiant ses fautes auprès du tenancier, et proposant de poursuivre la "conversation" à l'extérieur, pour le bien de tous. Certains semblaient d'accord avec la démarche, d'autres regrettaient déjà de ne plus être présents pour le spectacle, et enfin une petite fraction en voulait au Capitaine d'avoir traité cette poupée comme ça. Ceux là, il les fit taire d'un regard appuyé, les adjoignant à aller s'occuper d'affaire qu'ils comprenaient, et dont ils captaient les subtilités. Emboitant le pas à la belle, il foula le sol de terre battue, les bras toujours croisés.

- Tu penses donc que ça va dégénérer? Que parce que je suis "baraqué" je vais faire feu de tout bois? Regardes où on est. C'est le Rukongai ici, l'endroit qu'on est aussi sensés défendre. Je suis pas là pour foutre la terre de mes origines à feu et à sang. Et toi? T'es prête à le faire pour prouver que t'as raison d'agir comme tu le fais?

Il essayait vainement de l'amener à faire amende honorable et cesser ses jérémiades. Il n’était pas tant question de savoir qui avait raison, mais plutôt de ce qu'il fallait faire pour la suite.

- La carrure ne joue en rien par rapport aux actes que l'on peut faire. Pourquoi tu crois que c'est à Sunshui qu'on a confié les rênes du Gotei? Parce qu'il a su faire ce qu'il fallait, même quand c'était la merde.

C'est vrai que le Bariolé présentait pas les meilleures dispositions, alors que Yamamoto tenait menait le navire. Enfin, c'est ce qui se racontait. N'empêche qu'il faisait un bon Capitaine Commandant, quoiqu'on en dise.

- Alors tu fais quoi maintenant? T'as pas répondu à ma question. Tu veux aller au fond de ta bêtise et tout foutre en l'air, ou te relever? Et viens pas mettre dans le panier des questions d'ordre éthique sur la bienséance et la galanterie. Je te fais au moins l'honneur de te traiter en égal, et non te donner un traitement de faveur par rapport à ton sexe.

Certaines l'envieraient, comme la petite Lexie, en mal de reconnaissance au milieu de tous les hommes de la Onzième. Elle ne saisissait pas sa chance d'être ainsi reconnue. D'autant plus que, même s'il ne l'avouait pas, Noboru lui réservait quand même un traitement de faveur. Tout autre qu'elle aurait déjà été foutu en taule, voir entre quatre planches.

- Décide toi. Montre que ton feu ne s'est pas éteint. Montre que l'étincelle que je viens de voir dans ce bar ne s'est pas perdue dans le vent. Arrête d'essayer de tirer sur le messager et regarde en toi pour aller y chercher ce que t'as laissé tombé depuis un moment.

C'était la dernière fois qu'il lui tendait la main. Il l'avait vue agir auprès du tenancier, et savait que tout n'était pas perdu. Il fallait juste qu'elle arrête de s'égarer dans des mauvaises directions, et des chevaux de bataille foireux, et qu'elle se retrouve.

Elle n'attendit pas très longtemps pour que Noboru la suive en dehors du bar. Elle appréciait qu'il mette de l'énergie pour essayer de la remettre sur les rails. Elle aurait plutôt pensé que étant un grand ami avec le Kenpachi, qui lui devait ne pas la porter dans son cœur, il n'aurait pas pris la peine de lever le petit doigt pour l'aider. A vrai dire, elle ne s'aidait pas elle même, et il était difficile pour la jeune femme de ce convaincre qu'elle pouvait se sortir de cette spirale infernale par elle même. Elle se retourna pour mieux lui faire face. L'air de l'extérieur lui faisait le plus grand bien et finissait de la dégriser.

- Non je ne disais pas ça pour toi mais pour moi. Au cas où je m'emporterais de nouveau. J'ai encore un peu de mal à contrôler l'autre lorsque je ressens des émotions fortes. Je ne suis pas là non plus pour foutre mes origines à feu et à sang, même plus, je suis là pour aider les gens d'ici à s'en sortir. Je verse pas mal d'argent dans mon district et dans ceux aux alentours. Je suis vraiment pour qu'il n'y ai pas que au Seireitei où l'on puisse vivre correctement. Je trouve ça dommage que le Gotei délaisse autant le Rukongaï. Les simples âmes ont peur des Shinigamis, il faut voir la réaction des gens à ton arrivée dans le bar pour s'en persuader. Alors certes on libère les âmes mais après on ne fait aucun suivi de celles-ci. Je trouve qu'il y a comme un problème.

La Vizard se stoppa dans son discours et sourit. Elle croyait en son discours mais elle savait qu'il n'y avait pas grand chose à faire, le Rukongaï était un sujet épineux au sein de la Soul Society, mais elle doutait que Noboru soit là pour écouter son petit exposé.

- Excuses moi je suis partie un peu loin j'ai tendance à m'emporter lorsqu'un sujet me tiens à cœur.

Elle fut surprise de voir qu'elle ne ressentait plus aucune colère. En fait, parler avec Noboru sincèrement comme ça lui faisait le plus grand bien. Ce n'était pas parce que c'était lui, bien que cela aide un petit peu, mais elle avait mis le nez dans ses erreurs, ressentir de la culpabilité ou de la colère ne l'aiderait en rien.

- Je te remercie de me traiter en égale. Je n'en demande pas moins, avoir un traitement de faveur, ne fait que accroître les inégalités à mon sens. Excuse-moi si je t'ai vexé je voulais dire que en général je n'ai pas l'habitude qu'on me parle comme ça. C'est le "femme" qui m'a fait croire que tu me trouvais inférieure à toi. Je me suis trompée et je m'en excuse. Maintenant pour répondre à ta question oui je veux m'en sortir. J'en ai marre d'être une gamine capricieuse mais tu comprendras qu'il est dur de changer du jour au lendemain. A vrai dire, il y a des jours où je m'horripile moi même! Je me demande comment Haiko à la patience de me supporter.


Elle rigola, tentant de dérider Noboru. Elle espérait enterrer la hache de guerre, ne voulant pas se faire trop d'ennemis au sein du Gotei et surtout pas à la deuxième division. Elle regarda autours d'elle, et se sentit chanceuse d'être sortie de ce lieux anarchique qu'était le Rukongai. Comme elle l'avait dit, elle regrettait amèrement le fait qu'il n'y ai que les nobles et les Shinigamis, qui eux n'étaient pas tous issus d'une famille correcte, qui s'en sortaient. Pour avoir passer son enfance ici, elle savait qu'il était dur pour les âmes de s'en sortir correctement. Et le Seireitei n'aidait que partiellement. Elle regarda d'un air rêveur un enfant qui jouait dans la rue malgré l'heure tardive.

- Qu'est ce que je pourrais faire pour les aider?

Elle avait fini par faire retomber la pression. Fichtre foutre, la femme était vraiment la création la plus dangereuse de l'Univers! Aussi instable qu'une étoile mourante. Rien qu'à s'être chamaillé avec, Noboru ressentait une intense fatigue, comme après une lourde bataille, ou un entrainement avec Shinjirô. Il put y reconnaitre le même genre de tension nerveuse que celle prenant tout homme lors d'une bataille, ou après un travail d'horloger. Il était vanné. Cela en valait la peine, puisqu'Otsu était maintenant dans de meilleures dispositions, ayant laissé tombé le masque de l'adolescente en crise pour celui de la femme réfléchie qu'il avait rencontré par le passé. Nul doute que son corps était le creuset d'un véritable maelström d'émotions qui devaient s'entrechoquer et faire des étincelles. Bizarrement, la mention du Rukongai environnant la fit partir sur un tout autre registre, un qui semblait lui tenir particulièrement cœur. Si le Kyuusei pouvait la comprendre? Pas qu'un peu. Il était lui même issu des districts les plus pauvres et les plus éloignés, et savait foutrement de quoi voulait parler la jeune femme.

Elle en revenait à ses états d'âme, commençant par s'excuser auprès de lui pour son esclandre, et à faire le bilan de cette rencontre. Une chose était sûre, l'intervention du Vif Argent l'avait désarçonnée! Tant mieux, c'était le but recherché. Vu l'état dans lequel se trouvait la troisième siège, les douces paroles n'auraient pas suffit à la secouer assez pour qu'elle prenne le recul nécessaire à une remise en question. Le Capitaine pouvait s'en féliciter, la méthode du "sale con" fonctionnait toujours à merveille. Et tant pis s'il descendait sa côte de popularité en flèche. L'important était sans conteste le bien être de la personne visée. Et surtout d'éviter les dommages collatéraux. La Nakatoto se permit d'avoir des paroles plus légères, se payant le luxe de rire, même, avant de contempler le monde autour d'elle, prenant conscience de la vie qui se déroulait à l'extérieur de sa bulle de problème. Ce fut le moment d'intervenir.

- Commencer par éviter de donner tout ton argent à des tenanciers de bar, peut être?

Bon, c'était pas fin, mais c'était dit avec assez de douceur pour éviter toute nouvelle rébellion.

- Ce que je veux dire, c'est que dans ton état actuel tu n'aides personne. Et crois moi, les bars ne sont pas la priorité quand il es question du financement du Rukongai.

Il en savait quelque chose, puisqu'il participait via le réseau de la Onzième à la plus grande partie du refourgage d'alcool aux établissements du coin. Au moins, l'argent généré servait à quelque chose, même s'il était issu de ces milieux.

- J'aide moi même les districts les plus éloignés, tout comme le font bon nombre des shinigamis issus d'ici. Ce n'est peut être pas grand chose à l'échelle du Gotei, mais au moins on fait quelque chose. Ça pourrait être une de tes causes, pour toi qui a perdu le fil, non?

Lui assigner des objectifs, c'était l'empêcher de tourner en rond, ce qui la conduirait inévitablement à gamberger et à s'apitoyer sur son sort.

- Bref, maintenant que tu sors la tête de l'eau, faut pas replonger. C'est pas avec le saké que le monde autour de toi va devenir meilleur. T'as le potentiel, la force et les moyens de faire ce que tu veux. Tout ce que tu veux. Regardes les gens autour. Chacun s'efforce de tirer parti de ce qu'il a pour avancer. Toi, tu as la chance d'avoir la liberté et le pouvoir de forger ta propre destinée. C'est un sacrilège de jeter ça aux orties. En plus de ça, t'as des gens autour de toi qui sont là pour te botter le train quand tu délires. Tout le monde n'a pas ce luxe. Certains coulent juste, et finissent éparpillés aux quatre vents.

Une idée le saisit, un peu foireuse, mais on ne savait jamais.

- Tu sais maintenant de quoi je m'occupe. Tu connais la Deuxième Division. Pourquoi ne pas l'intégrer et participer à la surveillance de la Soul Society? Ou encore la Neuvième - et ça, ça m'arrache la gorge - et officier dans les investigations? Tu n'as de limite que ta propre volonté. Ton hollow intérieur te pose un problème? Il se trouve que je pourrais avoir deux trois tuyaux sur le sujet.

Ça, c'était rien de le dire. Depuis son combat contre le Primera et sa Fraccion indestructible, et la tentative de prise de pouvoir d'Urobon, Noboru était retourné dans son monde intérieur, et lui avait sévèrement botté le cul. Tout cela pendant sa période de convalescence. Le résultat en avait été une bien meilleure maitrise de ses talents de Vizard tant sur la durée qu'au niveau de la puissance. Il avait de quoi raconter.

- Bref, si tu n'y vois pas d'inconvénient, je vais te ramener à tes quartiers. J'ai l'impression que tu tangues un peu, quand même.

En même temps, ce petit bout de femme avait du ingurgiter son volume en alcool. Elle faisait office de véritable cerise à l'eau de vie. Les dernières dizaines de minutes lui avaient permis d'avoir la tête froide, mais le breuvage faisait toujours son office.

La tête d'Otsu recommencer à tourner et elle du s'adosser à un mur, la nausée lui venant. Elle c'était vraiment mise dans un sale état et même si elle avait désormais une certaine et déplorable expérience avec l'alcool la dose qu'elle avait ingurgité ce soir là était suffisant pour coucher trois personnes de son poids. Elle avait fait des conneries ces derniers temps c'était certain, elle se maudissait elle même d'être tombé aussi facilement dans la boisson par accès de rage.

- Je crois que j'ai un peu trop forcé ce soir...

Elle glissa son dos le long du mur pour s'asseoir ou plutôt elle s'y effondra, faisant tomber de la poussière sur sa tête. Quel spectacle lamentable elle offrait à Noboru et aux rares passants. Elle accusait le contre-coup émotionnel en plus de celui de ses excès. Elle passa sa main dans ses cheveux, espérant faire passer l'air de cette belle soirée ,quoi qu'on en dise, sur son front.

- Oui une cause... une motivation plutôt. J'essaierais de faire de mon mieux pour aider ces gens sans pour autant alimenter l'économie souterraine. Même si certains tenanciers sont des hommes tout à fait honorables, je pense qu'il faut traiter le cas des établissements tenus par des bandes dont le seul but est un enrichissement personnel au profit des autres.

Elle tenta de se redresser mais tituba et s'écroula avec fracas sur le sol. Elle avait chaud, très chaud et la sueur perlait sur son front, s'insinuant dessous son cache-œil. Elle écarta la mèche de cheveux qui recouvrait celui-ci et l'ôta, dévoilant à son interlocuteur la cicatrice qui ornait sa paupière close. Elle continua en essayant de ne pas laisser transparaître le malaise qui s'installait peu à peu en elle.

- Je te remercie de ta proposition mais je me sens bien à la sixième division. J'ai là bas un ami très cher qui m'a toujours très bien traité. Je ne dis pas que tu me traiteras mal mais je préfère créer quelque chose dans ma nouvelle division à laquelle je me suis maintenant attachée que de recommencer à zéro avec les membres d'une autre section. Qui c'est peut-être que je pourrais reprendre un poste important dans celle-ci?

Elle sourit pour dissimuler l'étouffement physique que les relent d'alcool lui faisait subir. Elle devait lutter pour ne pas sombrer dans l'inconscience.

- Quant à mon Hollow. Je le contrôle globalement bien quand je suis dans un état normal. Il n'est pas vraiment très méchant, juste un peu con des fois.

- Hey qui tu traite de con la rombière? Je vais te b...

Elle secoua la tête pour chasser Suto de son esprit. Dans un état comme celui-ci, sa vigilance baissait fortement. Mais elle se promettait de ne plus pousser ses limites à ce point. Elle suait maintenant à grosses gouttes et elle avait l'impression que le sake remplaçait la sueur.

- Je veux bien que tu me ramène si ça te dérange pas. En cellule de dégrisement ou n'importe où...

La jeune femme senti sa tête partir, très lourde et tomba dans les vapes, sur le sol poussiéreux de la ruelle.