Le capitaine, voilà un indicatif qui, à vrai dire, ne lui faisait ni chaud ni froid étant donné ses derniers états de services. Jusque là, il n'avait vu passer que des fantômes à ce poste. Des hommes de qualité sans doute mais qui n'avaient pas vraiment eu le temps de faire montre de leur talent. Aujourd'hui, Haiko terminait sa première semaine à la tête de la division et si le titre et le haori ne semblaient plus lui faire grand effet, l'impact qu'avaient eu les deux symboles sur son entourage le motivait à avancer. Le soulagement qu'avait éprouvé ses hommes à la vue du manteau blanc déjà, mais également, et à sa grande surprise, le salut respectueux - à défaut de félicitations - de la maison Kuchiki. Il l'avait reçu d'un conseiller noble en personne... Ceci lui ôtait une épine du pied, un élément de moins à surveiller et réguler, son esprit pourrait se focaliser pleinement sur sa mission, celle qui incombait à tout ceux portant l'habit noir.

L'Ardent terminait sa ronde du soir, sa routine. Quoique cette fois-ci, une surprise attendait le petit shinigami lors de son entrée dans le derniers baraquement. Outre le high-kick de Saori la peste esquivé de justesse d'un pas de côté, un petit groupe de shinigami semblaient attendre leur supérieur, en démontraient leurs regards entendus. Un petit comité d'une dizaines de personnes l'attendaient de pied ferme. Ils embarquèrent l'intéressé jusque dans l'arrière cour de la division. Là, Haiko resta planté, raide, médusé, ému. Plus de la moitié de la division se trouvait là. Ayant aménagé le coin à la hâte, des tables et des foyers parsemaient l'étendue habituellement déserte. Des toiles étaient tendues en guise de séparations entre les différentes tablées. De la viande grillait sous le coup de main habile d'un shinigami de forte stature, l'odeur alléchait déjà les papilles du petit shinigami qui se joignit à la troupe, véritablement enchanté.

Inutile de dire que ce fut là l'un des meilleurs moment qu'il ait eu à passer au Seireitei depuis bien longtemps. Seule une présence manquait à la fête, Otsu... L'inquiétude rongeait Haiko, même si ses rires du moment, partagés dans l'instant avec ses hommes, ne laissaient rien transparaître. Il aurait vraiment apprécié qu'elle soit là. Ça lui aurait sans doute mit du baume au cœur, de quoi la requinquer. C'est d'ailleurs en partie pour cette raison qu'en fin de soirée, il accepta d'accompagner un petit groupe de joyeux drilles, aux Phalanges Brisées. Qui sait, peut-être s'y trouverait-elle ? Et puis, voilà également une bonne occasion de voir ce que valait l'établissement du Kenpachi. C'est ainsi que la petite dizaine de shinigami s'en allèrent au Rukongai, plein d'entrain et déjà légèrement attisés par les embruns d'un alcool particulier que le shinigami se surpris à goûter et à apprécier. La confidence de l'un de ses hommes lui révéla qu'une liqueur produite clandestinement commençait à se faire une certaine réputation auprès des troupes du Gotei...

Tout proche du fameux bar, Haiko remarqua une tête blonde dans le semblant de foule vaquant ça et là dans la rue animées, même à cette heure-ci, de ce coin du Rukongai. Il se souvenait de ce freluquet qui lui avait bien tapé sur le système durant sa convalescence. D'ailleurs, le blondinet croisa le groupe – visiblement sans s'en rendre compte – et le capitaine le suivit du regard depuis le milieu de la troupe pleine d'enthousiasme. Le bougre avait l'air de chercher quelque chose, rêveur. Le petit shinigami se souvenait bien du caractère... typé de son compatriote. Il ne les avait même pas salué, rien. Là où ses frères d'armes n'en firent pas de cas, déjà bien imbibés de saké, Haiko resta perplexe, surtout lorsqu'il le vit rentrer de ce qui semblait être... l'Académie ?! Le capitaine arrêta l'un de ses compagnons en lui montrant l'endroit. Interloqué, son comparse lui répondit d'un air malin, presque vicieux.

« Rooooh, capitaine, j'vous croyais pas du genre à... Enfin v'voyez quoi... »

Haiko lui jeta un regard lourd, blasé. Trop naïf pour comprendre le sous-entendu de son siège.

« Y paraît qu'ils ont de sacrées nénettes là-d'dans. »

L'Ardent fit un rapide rapprochement entre les dires du shinigami et l'entrée de Teippei dans ce qui semblait être une maison close... Mais qu'est-ce qu'il pouvait bien lui passer par la tête. Pendant sa petite réflexion, ses camarades se moquaient discrètement de lui en harguant le petit shinigami de passer le pas et d'y entrer. Après tout, sans le manteau blanc, son honneur de capitaine restait sauf. A moins qu'il ne puisse rencontrer Tojo à l'intérieur, ce serait le comble. Au bout de quelques secondes de quolibets amicaux entre-coupés de rires que le capitaine n'écoutait pas, il intima à ses hommes de continuer sans lui, il les rejoindrait plus tard. Tous s’esclaffèrent pendant qu'Haiko se dirigeait vers « L'Académie ». Il avait la ferme intention de savoir ce qu'un « illuminé » pouvait bien trouver à faire dans un endroit pareil. Le capitaine s'attendait au pire...

Il passa la porte, étouffé par la chaleur et les violentes odeurs de vieux bois, de fumée, d'alcool et de parfum embrumant les lieux. Un bouge dans lequel Haiko n'aurait jamais eu l'idée d'aller en temps normal, mais là, légèrement attaqué par l'ivresse... Quelque peu mal à l'aise, il traversa la pièce en cherchant le blondinet des yeux. Il l’aperçut enfin, au comptoir. Il le regrettais déjà, mais il s'avança vers lui avant de s'asseoir à son côté. Le contemplant un instant, il le regardait boire, les yeux rivés sur les néons violets derrière le comptoir comme s'il s'agissait de feux d'artifices. Sous le regard appuyé du barman, il commanda le premier cocktail de la liste. Puis, il interpella gentiment son compagnon de comptoir.

« Dis-moi, c'est pas toi que j'avais vu à la quatrième ? Oui, c'est bien toi. Excuse-moi pour cette fois-là, j'étais quelque peu sur les nerfs. »

L'Ardent savait qu'il n'avait pas vraiment fait preuve de tact ce jour-là et sa conscience l'intimait de s'excuser, allez savoir pourquoi... Réchauffé par la liqueur lui montant à la tête sans doute ? Ceci étant, il continua, simplement, sans pour autant trahir son titre.

« Kaogake Haiko, sixième division. »

Il marqua une pause en buvant un coup avant de poser la question qui l'avait amener à passer la porte de l'établissement.

« Juste une chose, qu'est-ce que tu fais dans un endroit pareil ? »