T'es qui, toi ? [Asaki et Shinjirô]

L'affaire avec Ue avait remué une sacrée merde et Shinjirô était véritablement de très sale humeur à cause de ça. Ce petit con avait osé attaquer un Shinigami de la Neuvième - leur Lieutenant en plus - devant des témoins, lors de ce foutu bal. Il en avait visiblement payé le prix fort à ce moment-là, avant d'être emprisonné pour jugement. Et si à ses yeux l'affaire n'en était pas encore terminée, c'est simplement qu'il en entendrait parler pendant très longtemps encore. La dégradation du Troisième Siège avait été immédiate mais le colosse n'attendait désormais qu'une chose : pouvoir mettre la main sur cette tête de con et lui briser un membre ou deux. La Onzième était une famille. Ce genre d'acte inconsidéré était une insulte à sa division.

Ses gars tiraient la tronche depuis l’événement. Ils avaient été ridiculisés par la Neuvième à cause de ça et leur réputation, déjà pas bien belle, en prenait encore un coup. Tenzen devait se gausser de la situation, ce qui agaçait plus encore le Kenpachi. Il l'imaginait déjà lui faire des réflexions lors de leur prochaine rencontre. Ce vieux con ne louperait jamais une occasion de rabaisser le caquet de Shinjirô et l'intéressé le savait. Et pour couronner le tout, ses gars avaient en plus abimés un autre Shinigami par accident lors d'un entraînement un peu trop poussé. Le mec n’avait eu que le bras en écharpe, évidemment, mais Shinjirô se devait de présenter ses excuses à son capitaine. Et il se trouvait que le type appartenait à la Huitième. Un moindre mal puisqu'il connaissait Miloe. S'il s'obligeait à aller contre sa nature, c'est à dire présenter ses excuses à un autre alors même qu'il ne le pensait pas, c'était avant tout parce que Shunsui ne lui lâcherait pas la grappe. Il l'avait assez prévenu quant aux débordements de ses gars. Quand ça ne veut pas, ça ne veut pas.

C'est ainsi qu'il prit la direction des quartiers de la jeune femme. En temps normal, il aurait envoyé Karot. Mais il voulait se dégourdir les jambes. Alors qu'il arrivait sur place, il ne prit pas la peine de se faire présenter par un autre que lui. Après tout, qui ne connaissait pas l'Argenté ? Les visages se tournaient sur lui à son passage. Il est vrai qu'il n'était pas un habitué des lieux. Faut dire qu'il n'avait que très peu de contact avec la Huitième en général, et s'il appréciait Miloe, il n'éprouvait pour autant généralement pas le besoin de lui parler plus que cela. Se lassant de parcourir inutilement les lieux, il interpella les premiers Shinigamis qu'il put attraper.

- Hey ! Le bureau du Cap', c'est où ?

Toujours direct, Shinjirô n'était pas homme à s'embarrasser des tournures de phrases toutes faites. D'une, ça évitait les quiproquo, de deux, ce n'était de toute façon pas sa nature. Faut dire qu'un mastodonte mesurant plus de deux mètres vingt et portant dans son dos un sabre de la taille d'un homme, ça ne pouvait pas se perdre en explication pendant deux heures. Pas pour lui en tout cas.

Même en tant que vice-capitaine de la huitième division, il me faut passer par la case entraînement de temps en temps. C’est pourquoi, plutôt que de faire le pitre à l’extérieure, il se trouve actuellement dans une pièce destinée à l’entraînement justement. Face à lui des mannequins, n’ayant pas trouvé de volontaires parmi les shinigamis de sa division, mais ce n’est pas plus mal pour lui. Au moins, de cette façon il évite les tentations e faire rire, plutôt que de s’améliorer encore et toujours. Sabre en main, la droite en l’occurrence, il effectue une série de mouvements et utilise finalement le Shunpô pour atteindre sa cible et lui coupe la tête. Les cibles inanimées sont vraiment trop simple à toucher et pas vraiment résistantes pour deux sous. C’est probablement pour cette raison qu’il abandonne si vite l’idée de bosser et range son Zanpakuto dans son dos. Prochain fois, s’il ne torve personne, il ne perdra pas de temps avec ce genre d’actions et s’occupera d’une autre manière. Une petite mission peut faire du bien parfois et au moins, c’est plus amusant de se retrouver face à un Hollow, même le plus faible des Gillians, qu’un truc en plastique aussi puissant qu’une feuille de salade.

Quelques minutes plus tard, remarquant quelques signes d’agitations dans le coin, je m’avance pour tenter de comprendre le pourquoi des murmures et je tombe nez à torse avec le capitaine de la onzième division. Ou pour le dire autrement, l’actuel Kenpachi en titre, celui qui a tué Madarame Ikaku pour obtenir ce titre. Ce qui aux yeux d’Asaki est dommage, car du peu de temps qu’il avait passé avec l’ancien Kenpachi, il l’apprécier bien, mais bon, c’est la vie faut croire – enfin plutôt la mort dans le cas présentement évoqué -. Néanmoins, il n’en reste pas moins que Shinjiro est un capitaine. C’est d’ailleurs surprenant que personne ne soit venu chercher Asaki pour le prévenir, étant donné que Miloë n’est pas présente aujourd’hui. Peut-être est-ce une visite surprise, ce qui pourrait expliquer la chose, mais pourquoi dans ce cas ? Que pourrais pousser le capitaine de la onzième à venir ici ? Voir la capitaine Miloë ? C’est la seule option qui semble logique à ses yeux. D’ailleurs cette idée se confirme quand Asaki entend parler le fameux Kenpachi. Sauf que bon, comme dit plus haut, sa supérieure n’est pas là, donc à quoi bon lui indiquer le chemin de son bureau ? Cela dit il ne va pas non plus l’ignorer et passer simplement.

Bonjour à vous capitaine Shinjirô. Les bureaux de Miloë-sama ne sont pas très loin d’ici, mais je me dois de vous mettre au courant. Elle n’est pas disponible, ou en tout cas, elle n’est pas ici présente. En tant que vice-capitaine, puis-je me permettre de prendre un message ou tout autre objet de votre visite.

J’espère au fond de moi que ce n’est pas pour quelque chose de vraiment important, sinon je ne pense pas qu’un simple message mis de côté soit suffisant. Enfin, qui vivre entendra et pourra agir en conséquence. Il faut donc faire preuve d’un peu de patience et tout ira pour le mieux, enfin normalement.

Shinjirô haussa un sourcil alors que le mec s'adressait à lui. Il y mettait les formes, le bougre, mais la nouvelle qu'il lui donnait ne lui faisait évidemment pas plaisir. Il détestait se déplacer pour rien. Bien sûr, c'était de sa faute : s'il faisait comme les autres, à avertir de son arrivée avant de déplacer son cul, peut-être qu'il pourrait s'éviter ce genre de disconvenue. Mais le Kenpachi n'était pas ainsi et ce n'était certainement pas aujourd'hui qu'on le changerait. Il ne put s'empêcher de pousser un long soupir de consternation, soupir qui en disait long sur son état d'esprit pour l'heure.

Le type n'y était pour rien, évidemment. Mais de là à prendre un message, non. Merde, il était là pour voir Miloe et voilà qu'il apprenait qu'elle n'était même pas là. Déjà qu'elle n'était pas des plus présentes lors des réunions mais voilà qu'en plus elle n'était pas à ses bureaux quand on avait besoin d'elle, à se demander à quoi elle servait. Son Lieutenant avait au moins le mérite de ne pas lui faire perdre plus de temps que cela. Se rapprochant de lui, Shinjirô étudiait ses traits avec plus d'attention maintenant. Il ne le connaissait pas. Mais en même temps, ça ne voulait rien dire. Il avait tendance à oublier ceux qu'il ne côtoyait pas des masses.

- Putain ! Fais chier ça !

On ne pouvait pas être plus clair. Shinjirô savait qu'il était l'un des rares capitaines à s'exprimer de la sorte, ce qui était de notoriété publique évidemment. Il était nature et ne s'embarrassait pas de mots superflus. Bien entendu, il était aussi conscient de passer pour un débile dans bien des discussions sérieuses, ne parvenant généralement pas à s'exprimer correctement lorsqu'il le fallait. D'ailleurs, ce mec s'était-il présenté ? Il avait sans doute entendu son nom à un moment. Mais pour le peu d'intérêt qu'il y avait porté, il ne s'en souvenait évidemment plus.

- Tu dois savoir qu'un de tes gars est actuellement en soin à la Quatrième, nan ? Un entraînement qui a mal tourné, rien de méchant bien sûr. Mais mes gosses ont eu la main un peu lourde. Et comme Shunsui m'emmerde à cause de ça, j'voulais voir Miloe pour lui dire de ne pas s'en faire, que ça se reproduira plus. Bref, m'excuser pour éviter qu'on me tape sur la gueule.

Il haussait les épaules, comme pour signifier que lui, il s'en foutait de se faire engueuler. Mais le Commandant avait tendance à se montrer ingénieux dans ses punitions et il ne souhaitait pas en faire de nouveau les frais. Se grattant le crâne, perplexe, Shinjirô se demandait si le message était clairement passé. C'est là qu'il reporta son attention sur le Lieutenant, lui adressant alors ces derniers mots :

- Mais au fait... T'es qui toi ?

Son grade, il le connaissait. Mais pas son nom !

[quote="Hasegawa Asaki"]

Connaissant le caractère propre au Kenpachi, il est probable que l’absence de la capitaine ne soit pas pour plaire à Shinjiro. Dans un sens, Asaki peut le comprendre. Après tout, les capitaines de divisions ne sont pas n’importe qui. Ils ne se déplacent pas pour régler la note de la cantine que soit-il encore ? Un officier de ce rang qui se déplace en personne, c’est que la raison doit au minima concerner sa propre division, ou bien l’ensemble des divisions, ou encore un potentiel problème. Aller fait travailler un peu ta mémoire Asaki, même toi tu devrais pouvoir trouver tout seul la raison de la présence de ce colosse. Tu en as lu des dossiers récemment, rien ne te met la puce à l’oreille ? Cherche bien. Réfléchis à ce qu’il s’est dit dans la division depuis quelques jours. Un accident ? Oui il y en a bel et bien eu un en rapport avec celle du Kenpachi. Bien, maintenant retrouvons les détails de cette affaire. Quel genre de rixe pourrait faire se déplacer sans préavis le capitaine ? Pas un simple échange de noms d’oiseaux. Non, ça c’est vraiment trop gamin pour être pris au sérieux. Quoi qu’il en soit, on ne peut pas vraiment dire que la patience et la politesse sont des vertus chères à Shinjiro, mais ça, ce n’est pas une surprise. Au moins un trait de caractère que connait Asaki à son sujet. Qui a dit cliché ? Non, disons plutôt une simple vérité.

Voyons capitaine Shinjiro, ce n’est pas si grave que ça.

Ouais bon… Tenter de raisonner un Kenpachi, c’est comme vouloir faire le tour du Hueco Mundo sur les mains en une heure, impossible. Cependant, Asaki ne peut pas non plus se permettre de faire preuve d’humour avec ce genre de personnes, il en est bien conscient. Les taquineries et les Kenpachi, c’est comme l’eau et le feu, pas vraiment compatible, sauf en de très rares cas, donc ne tentons pas le diable inutilement, la vie est assez courte comme ça, pas besoin d’en enlever une couche n’est-ce pas ? Donc revenons à cette fameuse affaire reliant nos deux groupes de combats. C’est donc ça , un entrainement ayant tourné court après un excès de zélé de plusieurs de ses shinigamis. Ce genre de choses n’arrive pas si rarement que ça, sauf que généralement c’est plus entre membres d’une même division et pas de deux différentes.

Bah c’est trois fois rien capitaine. Il faut se dire qu’ils ont eu de la chance de ne pas m’avoir comme adversaires, au moins ce n’est qu’un qui termine à la case infirmerie et pas plusieurs de vos camarades. Quoi que… Je crois que si c’est moi qui avait blessé vos chouchous, le capitaine Shunsui m’aurait offert une petite tape sur la tête, mais elle n’aurait pas était la première cela dit venant de lui. Il ne faut pas s’en faire pour le capitaine Miloë. Il n’y a pas mort de shinigami dans cette affaire, donc ça devrait aller. Je ne pense pas qu’elle vous passera un savon, ce n’est pas son genre vous savez… Ah pardon il est vrai que je ne suis me pas présenter, donc je m’en excuse. Je suis le vice-capitaine Hasegawa Asaki pour vous servir.

C'est clair que ce n'était pas grave. Mais qu'est-ce que c'était chiant... Pour l'heure, l'absence de Miloe se soldait par la rencontre avec Asaki. Il restait un responsable dans sa division et pour dire vrai, c'était toujours mieux que rien. Maintenant que celui-ci savait pourquoi il était venu ici, il aurait la conscience tranquille vis à vis de Shunsui. On ne pourrait pas dire qu'il n'avait pas fait d'efforts et c'était déjà énorme lorsque l'on connaissait un tant soit peu l'Argenté.

Par contre l'intérêt du colosse au sujet de cet homme se mit à grandir tandis qu'il lui répondait. Sa réflexion fit même naître l'ébauche d'un sourire sur le visage de Shinjirô. Ainsi donc cet homme se croyait capable d'envoyer plusieurs de ses gars à l'infirmerie ? Il ne manquait pas de culot pour dire ça devant le Kenpachi. Et ça plaisait forcément au géant. Au moins, derrière cette image polie et soignée se trouvait peut-être un homme capable de représenter un petit défi pour qui saurait le découvrir. Il notait cette précieuse information dans un coin de son crâne.

Pour ce qui était d'un savon potentiel de Miloe au sujet de cette histoire, Shinjirô ne l'avait jamais envisagé. La seule personne qui pouvait réellement lui remonter les bretelles à ce sujet, c'était le Capitaine-Commandant. Personne d'autre. Encore que Tenzen, s'il se fâchait suffisamment fort, pourrait encore devenir une source d'ennui. De la main, il fouillait déjà une des poches de son Haori pour en tirer un cure-dent qu'il plaçait immédiatement entre ses mâchoires. Mastiquer ce morceau de bois avait quelque chose d'apaisant pour lui. Il s'agissait aussi de temps à autre d'un signe extérieur d'agacement. L'opposé l'un de l'autre, ce qui rendait la lecture de ce signe compliqué pour les autres.

- J'ai l'air de m'inquiéter de la réaction de Miloe ?

Il se mit à ricaner. Il connaissait son Capitaine et doutait même de la voir se mettre en colère un jour. De ce qu'il savait d'elle, elle était la douceur incarnée. Et s'il est vrai que derrière cette image pouvait évidemment se cacher un véritable démon, il en doutait foutrement la concernant.

- J'compte sur toi pour lui dire que j'suis passé. Au fait... Tant que j'suis là, autant en profiter pour savoir qui seconde Miloe. Promotion récente j'suppose ? Mes gars ne m'ont jamais parlé de toi. J'te trouve marrant en fait. Qu'est-ce que tu glandes à la Huitième ? Si c'est toi qui es en charge de l'entraînement de tes gars, je ne peux que te conseiller d'être plus rigoureux. T'as une bonne tronche mon pote. Ca me ferait chier que tu sois tenu pour responsable de la mort de tes gars en mission.

La simplicité avec laquelle Shinjirô s'adressait aux autres faisait de lui un homme généralement abordable. Il ne se souciait pas de ce que l'on pensait de lui, restant seulement fidèle à son caractère initial. Tant qu'on l'emmerdait pas, tout irait bien.

La peur ? La crainte de se faire taper sur les doigts ? Non bien entendu, Asaki ne pense pas réellement que ce sont là deux sentiments que pourrait avoir le capitaine Shinjiro. Après tout, le caractère des Kenpachi est connu de tous et le lieutenant de la huitième ne fait pas exception à la règle, d’autant qu’il appréciait de réputation de l’un des prédécesseurs de Kiryû. Zaraki Kenpachi. L’un des héros de la bataille contre les Quincy. L’une des grandes pertes, mais aussi un de ceux à avoir infligé des pertes non négligeables à ces crétins d’archers. Trois Stern Ritter, rien de moins. C’est ce qu’il a tué à lui tout seul. Un baroud d’honneur pour le grand guerrier qu’il était et encore, il n’est tombé que parce que face à lui, était le commandant en chef des Quincy. Au moins, Asaki est prêt à parier que le combat ne fut pas simple pour le boss des Robin des Bois. Pas grand-chose pour se consoler, mais toujours ça de prit. Néanmoins, pour la situation actuelle, le fait est que tuer trois des lieutenants de Juha, pour ensuite allait l’affronter sans la moindre crainte, est une preuve plus que suffisante que les Kenpachi ne sont pas du genre à flancher pour un rien. Donc c’est sûr qu’une jeune capitaine comme Miloë ne risque pas de punir le capitaine de la onzième division. Attention, ceci n’est en aucun cas une critique sur sa supérieure, au contraire.

Non bien entendu capitaine. D’un côté c’est que vous ne l’avez pas vu dans ses mauvais jours, sinon même le fier Kenpachi que vous êtes pourrait… Non devrait la craindre.

Oh oui c’est une taquinerie. Nous verrons bien ce que sera la réaction de Shinjiro, mais en l’attendant, Asaki affiche un grand sourire suite à sa petite plaisanterie. Enfin plaisanterie… C’est une demi-vérité, ou demi-mensonge selon le point de vue. Après tout, même si elle est de nature plutôt douce, Miloë n’est en rien une bisournours. Bien que ne l’ayant jamais vu dans cet état et ne le voulant de toute façon pas, Asaki est bien conscient que si quelqu’un la met dans une colère noire, il risque d’y laisser plus que des plumes, quel que soit sa puissance, car derrière son air de gentille capitaine, Miloë est loin d’être faible en combat, c’est un fait. La puissance seule ne fait pas tout pour être nommer à la tête d’une des divisions, mais ce n’est pas pour autant que Shunsui et les autres vont mettre un incompétent à ce grade. Vous imaginez ? Un capitaine qui ne saurait même pas sortir son Zanpakuto du fourreau, sans se couper un doigt ? Autant dire que la crédibilité du Gotei 13 en prendrait un coup. Heureusement, les shinigamis sont bien loin d’avoir ce genre de personnes dans leur rangs, donc passons à autre chose et répondons maintenant.

Le message sera transmis capitaine Shinjiro. Je suis vice-capitaine depuis la bataille contre nos amis les archers. Disons que je me fais plutôt discret et que je n’ai pas utilisé le Bankai lors des combats, donc bon, je peux comprendre que mon nom ne soit pas le plus répandu, en tout cas en dehors de la division. Je m’occupe des papiers quand Miloë-san n’est pas présente. Effectivement je suis aussi responsable bien souvent de l’entraînement des recrues de la huitième. Malheureusement, je ne peux pas tous les prendre sous mon aile à la fois et puis, même si je ne suis pas mauvais, je ne suis pas capitaine moi. Je ne suis donc pas le meilleur pour juger de mon propre niveau et donc, de ma capacité à enseigner aux autres à se défendre correctement.

C'est qu'il insistait le bougre. Qu'il soit en admiration devant sa propre Capitaine s'expliquait, évidemment, mais qu'il soit si aveuglé par cela rendait Shinjirô perplexe. Miloe était une excellente Capitaine et une meneuse d'homme hors pair, il ne contestait pas cela. En bien des points, elle était même meilleure que lui. Sa diplomatie et sa gentillesse faisaient que ses hommes faisaient tout pour elle. Un capitaine qui méritait les éloges et qui n'attirait en plus jamais l'attention sur elle de manière néfaste. Mais le problème était aussi là... Elle n'attirait jamais l'attention. L'avait-on déjà vu aider ses compagnons lors des dernières missions compliquées ? L'avait-on vu secourir les Shinigamis blessés et en difficultés au cours des combats contre les Mahô Tsukai ? Non seulement elle n'avait jamais été là dans ces moments importants mais en plus elle n'avait même jamais eu à fournir d'explication. Si le colosse pensait à de la lâcheté, c'était seulement par la force des choses. Alors voir que cet homme insistait avait tendance à l'agacer. Foncièrement. Et cette fois-ci il ne tairait pas ce qu'il pensait. S'il s'était retenu jusque-là, l'insistance de cet homme venait d'avoir raison de sa patience.

- En fait, tu commences à me gonfler avec elle. Je ne l'ai jamais vu dans ses mauvais jours pour la simple et bonne raison que ton Capitaine est un fantôme. Même lors de nos réunions, elle ne dit presque rien. Nous avons eu plusieurs fois besoin d'elle lors des dernières batailles qui ont coûtés la vie à pas mal de Shinigamis mais jamais nous n'avons eu la chance de voir Miloe pointer le bout de son nez. Alors arrête de me bassiner avec la crainte qu'elle pourrait m'inspirer. Qu'elle assume un peu son rôle et qu'elle aille affronter nos ennemis, ensuite je pourrais la respecter comme une sœur. Pour le moment, elle est moins utile que le plus faibles de mes gars.

Le ton cassant de Shinjirô démontrait clairement qu'il ne plaisanterait plus sur ce sujet. Entendre autant de conneries l'agaçait vraiment et il se demandait comment on pouvait ainsi croire sa capitaine susceptible d'effrayer quelqu'un alors que la seule chose qu'elle faisait, c'était de préparer du thé. Tojo lui avait dit qu'elle complétait parfaitement son propre style de combat. Mais il ne pouvait pas croire un homme amoureux. Possédait-elle seulement le Bankai à la vérité ?

Bien sûr, l'autre plaisantait un peu. Tout du moins exagérait-il les traits de son Capitaine. Mais pour ce sujet-là, le Kiryû ne trouvait plus grand chose d'amusant. Pour lui, cette histoire était même d'une tristesse affligeante. Combien de morts alors que d'autres se terraient dans leur quartier ? Ses gars - sa famille en quelque sorte - étaient toujours les premiers sur le champ de bataille. Alors comment apprécier les lâches ? Comment apprécier ceux qui ne soutenaient pas l'effort de guerre ?

Heureusement, la discussion déviait désormais sur les entraînements des recrues de la Huitième. Un thème déjà plus parlant pour celui qui avait le même rôle qu’Asaki. Aux yeux du colosse, ce n'était en rien les affaires d'un Capitaine que d'assurer la formation de son élite. Y participer primait, bien sûr, mais le Lieutenant Hasegawa avait une excellente attitude. C'est ainsi qu'il fallait prendre les commandes et pas autrement. Et s'il ne se savait pas capable d'évaluer sa propre force, Shinjirô pouvait au moins l'y aider sur ce point précis. Car n'était-il pas professeur ? De par la force des choses ?

- Mais passons ! Ta mentalité est la bonne et tu dois continuer comme ça. Comme je te l'ai dit, t'es responsable de la mort de tes gars s'ils tombent au combat. Tu dois savoir les motiver. Savoir leur apprendre à respecter l'adversaire aussi. Les hommes trop confiants sont les premiers à partir. Surtout s'ils ne possèdent pas la force suffisante pour assumer leur conviction. Si ça te dit, je pourrais t’évaluer quand t'auras du temps à toi. Et pourquoi pas t'apprendre deux ou trois petites choses au combat. Les types qui ont envie de sauver les leurs, je les prends sous mon aile lorsqu'il le faut.

Pour les autres... Qu'ils crèvent ! Il était assez amusant d'entendre Shinjirô parler de surplus de confiance en soi. Il était lui-même concerné par cette tare et cela l'avait mis par le passé dans bien d'étranges situations. Mais comme il lui avait expliqué, il possédait la force de soutenir et d'appuyer ses convictions. La force physique, il s'entend.

Sujet: Re: T'es qui, toi ? [Asaki et Shinjirô]

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