« Un Vice-Capitaine doit affirmer son rang ». Cela signifiait pour la nouvelle seconde de la Deuxième Division de se dévoiler aux yeux de tous, et elle estimait qu’elle avait eu son content d’attention curieuses en se présentant d’ors et déjà aux membres de sa division. Vivre caché n’était néanmoins pas une option envisageable à ce qu’elle avait cru comprendre. La transition entre son monde de secret et de mystère vers l’honorabilité d’un poste à haut rang au sein de la Seconde Division était rude. Aussi rude que la matinée fraîche qui accompagnait ses pas traînant en direction des quartiers de vie de la vice-capitainerie. Un parcours nouveau et qu’elle arpenterait sans doute de nombreuses fois. L’aurore illuminait le ciel d’un éveil rougeoyant, teintant les bâtiments du Seireitei qui s’étalait à ses pieds d’une aura sanguine. Un spectacle qui touchait même l’âme froide et peu encline à la contemplation de la jeune femme. Elle grimpait dans les hautes sphères, une ascension qui se reflétait également de manière plus physique, les locaux où elle se dirigeait lui permettaient de profiter d’un point de vue des plus spectaculaires. Kai soupçonnait que la configuration des lieux eut été choisi de façon à intimider tout nouveau venu, et quelque peut cela été réussi. Les hautes arches de pierre donnaient une profondeur écrasante qui déconcertait son sens de la perspective. Détachant son attention de l’architecture, elle poussa les portes de la vice-capitainerie.

L’endroit avait quelque chose de cérémonieux qui mettait Kai plutôt dans l’inconfort. Les quartiers communs réservés aux vice-capitaines étaient encore une chose nouvelle pour elle, antichambre avant la salle de réunion des vice-capitaines, il y avait ici une proximité avec les plus hautes instances du Seireitei à laquelle elle devait s’habituer. Tout lui paraissait trop voyant et lumineux, pour quelqu’un qui avait l’habitude d’évoluer dans l’ombre ce changement brutal avec quelque chose d’à la fois déconcertant et désagréable. Ainsi exposée Kai renouait avec ce sentiment de vulnérabilité qu’elle avait éprouvé la première fois qu’elle s’était munie de son badge de vice-capitaine. L’invisibilité était la meilleure des protections qu’elle avait éprouvée au fil des années, et sortir sans son couvert la laissait comme nue. Le port de son zanpakutô sur sa hanche était néanmoins un rappel ostensible qu’elle n’était pas sans défense. Elle connaissait la politique tacite qui prohibait le port d’arme au sein de ces quartiers, mais elle préférait davantage apparaître comme indisciplinée que faible. Ce n’était pas là une marque d’arrogance futile, ni d’assurance, mais le simple rappel qu’elle pouvait porter un badge au bras mais rester une tueuse de l’Onmitsukido. Une identité qu’elle se devait pour le moment de mettre en sourdine le temps des « présentations formelles » qui étaient d’usage pour les nouveaux officiers. Se plier au protocole du Goteï devenait une tâche plus éreintante qu’elle ne l’aurait cru. Faire bonne figure, sourire, se présenter, assurer ses camarades de sa pleine et entière coopération. Une vaste hypocrisie pour laquelle elle n’avait aucun talent. Le capitaine Kyuusei pouvait parler de camaraderie, elle considérait que cela s’arrêtait au seuil de sa division. Ses hommes, ses subordonnés avant tout.

Ainsi le manque d’enthousiasme accompagna chacun de ses gestes lorsqu’elle s’aventura dans le bâtiment. Elle nota d’emblée les immenses portes derrières lesquelles devaient se trouver le couloir menant à la chambre de réunion de la 1ere Division. Un autre univers qu’elle ne tenait pas pour le moment à découvrir. Elle avait encore à trouver sa place ici. Une résolution qu’elle allait bientôt pouvoir mettre à l’épreuve lorsque son regard s’attarda sur une silhouette inconnue. Un strelitzia s’étendait sur le badge figurant à son bras, signe qu’il appartenait à la Huitième Division dont il devait être le vice-capitaine. Kai eut pour la première fois l’occasion de faire le parallèle entre elle et un de ses « confrères ». Ainsi c’était le genre d’individu avec lequel elle allait devoir traiter et côtoyer dorénavant. Une méfiance naturelle s’installa en elle alors qu’elle s’avançait vers lui, s’efforçant d’adopter un air détendu qui ne lui correspondait pas. Sa voix fut détachée lorsqu’elle se présenta, sans daigner mettre la moindre chaleur dans sa voix.

-Enchantée, je suis la nouvelle vice-capitaine de la Deuxième Division : Umezawa Kai, j’ai été récemment nommée, et je crois que je n’ai pas eu l’honneur de faire votre connaissance. J’ai cru comprendre que nous allions nous…croiser souvent à l’avenir. Quelles nouvelles de la Huitième Division ?

Une dernière question qui n’avait rien d’anodin, de façon inconsciente Kai laissait parler sa formation au sein du Corps, et requérir des informations était toujours le premier pas à exécuter dans ce genre de situation.

Ces derniers temps, Asaki est un peu fatigué. Non pas qu’il ne dort pas assez ou quoi, au contraire de ce côté tout va pour le mieux, mais il est fatiguée d’ennuie. Parce qu’en tant que vice-capitaine de la huitième division, il doit parfois courir à droite et à gauche pour déposer certains dossiers, remplir quelques papiers apparemment importants, mais dont il ne comprend pas toujours les aboutissants. Encore que lorsqu’il est question d’analyser les fiches des nouveaux arrivants au sein de la division, c’est quelque chose qui lui plait beaucoup. Non pas pour trouver de nouvelles têtes à qui faire quelques taquineries de bienvenue, même si effectivement c’est quand même un peu le cas, mais simplement qu’il préfère savoir qui potentiellement combattra à ses côtés, Au moins ce genre d’information est plutôt bonne à prendre, pas comme savoir si la cantine va être en manque de feuilles de salades dans quelques jours, si la livraison n’arrive pas à bon porte, mais bon, une fois qu’il aura terminé ce qu’il a à faire, Asaki pourra s’en aller vers des activités plus divertissante, ou peut-être même une mission à Karakura pour se faire quelques petits Hollows.

C’est autre chose que de devoir se retenir dans un combat contre les shinigamis, ce n’est qu’en libérant vraiment sa force qu’Asaki pourra aller de l’avant et devenir meilleur. Non pas qu’il n’y a personne de son niveau dans la division, ne serait-ce que la capitaine, mais comme les règles imposent de ne pas sortir le Bankai au Seireitei, sauf dans des mesures vraiment extrêmes comme la bataille contre les Quincy, même s’il est possible d’utiliser au moins le Shikai, ce n’est pas ainsi qu’un individu pourra vraiment connaitre ses lacunes en étant obligé de restreindre ses capacités. Enfin bref, autant se concentrer sur ses devoirs actuels, avant de se mettre à divaguer, car à ce rythme, il n’aura jamais terminer avant qu’un Kenpachi n’apprenne la politesse, précisons quand même que cela est de la pure taquinerie et qu’il appréciait les deux précédents Kenpachi, ne connaissant pas encore assez l’actuel pour se faire un avis sur la question, mais probablement que le temps remédiera à cela. Sans bien entendu faire cette réflexion à haute voix face à lui. Pas vraiment sûr que le capitaine de la Onzième soit du genre à apprécier les taquineries, aussi peu méchante soit-elle, du moins si ce n’est en apparence, dans le fond. Après tout, c’est dans les petits plaisirs du vice-capitaine de faire quelques plaisantes, mais ça, Shinjiro ne peut pas vraiment le savoir et puis… Oh il y a quelqu’un d’autre ici. Quel tête en l’air il fait ce cher Asaki. La voix – nul besoin de préciser féminine je pense – qui arrive à ses oreilles, le sort de ses rêveries pour le ramener chez les conscients et jette donc un regard vers son interlocutrice, avant de lui répondre avec un petit sourire amusé.

Je vous retourne l’enchantement ma chère vice-capitaine Kai. C’est un réel plaisir de découvrir enfin le visage de celle qui occupe le même poste que moi dans cette division sympathique. Je pense également que nos chemins vont souvent croisés et j’espère que je serais à la hauteur de tes espérances. Après tout, ne devient pas n’importe qui à notre rang, donc j’imagine que venant de la division des forces spéciales, tu t’attends à un minimum de sérieux et de niveaux chez tes collègues… Je crois que c’est rappé pour ton jugement sur moi… Enfin bref. Donc des nouvelles de la huitième ? Et bien je ne vois rien de spécial à te raconter, je le crains. Il ne se passe pas grand-chose en ce moment, ce qui n’est pas un mal en soit. Quelques nouvelles recrues, quelques pertes malheureusement. Ainsi va la vie je dirais. Et du côté de ta propre division ?