Il y a des jours où tout va bien. Où on est content de s'être levé. Parce qu'on a fait des choses biens. Parce qu'on a rencontré des gens qui en valent la peine. Et d'autres jours où ... Et bien, où on ferait mieux de rester couché. Du moins, si on le pouvait.

Yoshiko était un peu dans cet état. Le fait qu'elle préfèrerait, sans doute, rester couchée durant des lustres et des lustres. Sauf qu'en tant que Capitaine, elle ne pouvait pas vraiment se le permettre. La cause de tout cela ? Et bien, c'était ... A cause de Tōjō. Et oui ... Encore et toujours lui. Ce qu'il avait fait ces derniers temps ? Rien. A dire vrai, elle aurait pensé qu'il l'aurait harcelée, à de nombreuses reprises, qu'il serait venu la voir à tout bout de champ. Par rapport à ce qui s'était passé. Et le fait qu'il lui avait dit qui il était réellement. Ou plutôt, montré. Mais Tōjō n'en avait rien fait. Peut-être ne voulait-il pas l'opprimer. Peut-être qu'il voulait, tout simplement, qu'elle choisisse elle-même. Et ne pas être influencée. Si ça se trouvait, c'était ça le cas. Peut-être voulait-il qu'elle fasse son propre choix. Ni plus, ni moins. Dans sa tête, son choix était tout décidé. Elle n'acceptait pas le fait d'abandonner Tōjō. Elle ne le pouvait pas. Quand bien même avait-il fait des choses monstrueuses, son amour pour lui triomphait. Et c'était bien là le plus important. Qu'elle l'aimait. Qu'importe ce qu'il pouvait faire. Qu'importe qui il pouvait être. Elle aurait pu dire qu'elle ne tenait pas à lui, qu'elle se foutait de lui. Mais non, ce n'était pas le cas. Parce qu'elle pensait à lui dès qu'elle se levait. Dès qu'elle avait un moment de libre. Et dès qu'elle se couchait. En gros, Tōjō était toujours présent dans ses pensées, et qu'importe ce qu'elle fasse. Ce qui voulait bien dire qu'elle tenait à lui, et plus que tout, non ?

La jolie brune poussa un long soupir ennuyé. Elle pencha la tête vers la droite, puis vers la gauche. Elle avait une mine de déterrée à dire vrai. Comme si elle revenait d'une longue mission. Ou quelque chose dans le genre. Ou presque. Mais ce n'était pas le cas. Elle prit une lente inspiration et elle se leva. Elle n'avait plus de paperasse à traiter. Depuis un long moment d'ailleurs. Plus rien à faire. Ca lui arrivait, de temps à autre, d'ailleurs. Elle avait tout fait. Tout signé. Tout rangé. Et c'était chouette de ne pas avoir quelque chose à faire. Et puis, elle était épaulée, depuis quelques temps, par un Vice Capitaine plus que prometteur. Ou du moins, elle savait qu'elle pouvait compter sur lui si besoin était. Heureusement qu'elle pouvait compter sur Asaki. D'une certaine manière, il lui redonnait du courage. Ou du moins, c'était la motivation dont elle avait besoin pour se booster. Et faire comme si tout allait bien. Oh, bien évidemment, ce n'était pas la grande forme. Mais dans la mesure du possible, elle essayait de ne pas trop le montrer. Pour éviter d'inquiéter les autres.

Yoshiko finit par se lever. Son bureau étant en ordre, elle avait envie ... d'aller observer les étoiles. A dire vrai, c'était ... une certaine ... comment dire ... Ca lui permettait d'être un peu plus sereine. De se libérer l'esprit. Seulement, elle n'était pas toute seule. Il y avait quelqu'un dans les parages. Enfin, plusieurs personnes. Dont son Vice Capitaine. D'ailleurs, ce dernier avait tourné la tête vers Yoshiko, tout en la saluant. Elle eut un sourire, et eut un léger hochement de la tête. "Bonsoir à toi aussi." Oui. Il était rare que Yoshiko en vienne à tutoyer les autres. Mais Asaki était un ami. Son Lieutenant par la même occasion. Elle n'irait pas jusqu'à dire qu'elle en viendrait à lui donner tous les petits détails de sa vie. Mais peut-être qu'elle le ferait un jour. Sait-on jamais. "Et bien ... Je pense que c'est une douce nuit et qu'on ne pourrait pas aller mieux." Ce qui était totalement faux, bien évidemment. La belle pourrait avoir l'esprit plus libéré. Plus tranquille. Si seulement elle n'avait pas appris ... tout ce qu'elle avait appris. "Et toi alors ? Tout va comme tu le voudrais ?" dit-elle en tournant la tête vers lui. "Il est vrai que depuis ta nomination, on n'a pas trop eu l'occasion de discuter." Fallait dire qu'entre la paperasse, ses diverses absences, et tout un tas d'autres choses, oui, ils n'avaient pas réellement eu l'occasion d'avoir une longue conversation. Et elle aimait bien discuter.

Une belle nuit ? Probablement. Mais c'était une nuit, aussi, principalement, pour réfléchir. Parce qu'en journée, avec les soucis administratifs, la communication avec les autres Divisions, et tout un tas d'autres choses, elle n'avait pas vraiment le temps de réfléchir. De penser. D'avoir une minute à elle. Et c'était ce dont elle avait besoin, ces derniers temps. D'avoir un peu de temps pour elle. Pour réfléchir à sa relation avec Tōjō. Parce qu'en ce moment, c'était ça qui la gênait le plus. Parce qu'elle ne savait pas où elle allait avec Tōjō. Du tout. Elle était perdue. Lui aussi perdu. Ils étaient deux dans cette épreuve. Ils étaient deux à décider de la suite. Et ils n'avaient pas encore eu réellement de se voir et d'en parler. Peut-être faudrait-il qu'elle prenne les devants. Et qu'elle prenne du temps pour aller le voir. Et lui parler de tout ça.

Mais revenons-en plutôt à cette nuit étoilée. Et son Vice Capitaine qui était là, assis à flâner. Ca lui rappelait le temps où elle même faisait de même. Qu'elle se posait quelque part. Et qu'elle restait tranquille. Qu'elle regardait les étoiles. Et qu'elle attendait patiemment que le temps passe. C'était la grande forme pour lui. Il aimait bien observer le ciel. Et les étoiles. Elle eut un sourire en l'entendant. Il s'ennuyait. Un mordu des combats, plus ou moins. Des entraînements. Quand bien même effectivement il n'y avait pas grand chose en faire, il pouvait toujours prendre en charge quelques membres de la Division et s'entraîner avec eux. "Tu sais, depuis que je suis revenue au Seireitei, il y a de cela quatre ans maintenant, je n'ai pas encore eu l'occasion de libérer Shinzell totalement. Hormis pour un combat d'entraînement." Et ça lui plaisait plutôt bien d'ailleurs. "En même temps, tu me connais. Je ne suis pas une grande bagarreuse et je préfère, de loin, l'usage de la parole." Où elle venait en venir ? Ce n'était pas parce qu'elle avait un haut grade qu'elle utilisait, bien plus souvent, son trancheur d'âme. Pour elle, disons même que c'était le contraire. "Tu verras ... Tu auras bien rapidement l'occasion de libérer ton Zanpakutoh. Comme le dit le vieux proverbe, tout vient à point à qui sait attendre, non ?" dit-elle en penchant la tête sur le côté. "Comme pour le fait de travailler ensemble sur des missions. Crois-moi, on aura bien souvent l'occasion de le faire." Quand précisément ? Elle n'aurait su le dire. Elle avait mené quelques missions avec Tōjō, quand elle était encore avec lui, dans sa Division. Mais depuis qu'elle était dans la sienne, elle n'avait pas réellement eu l'occasion de quitter son bureau. Hormis quand ... Et bien, quand elle s'était rendue sur Terre pour rendre service à un vieil ami. "Ne sois pas trop hâtif concernant les combats. Ca arrivera bien assez tôt." Simple supposition ? Ou le pensait-elle réellement ? Un peu des deux sans doute. C'est toujours quand on ne s'y attend le moins que les pires trucs nous tombent sur le coin de la figure.

Quoi qu'il en soit, Yoshiko lui avait fait remarquer qu'ils ne parlaient que peu souvent depuis qu'il était devenu son second. Et elle espérait bien que les choses changent d'ailleurs. Parce qu'elle voulait savoir si elle pouvait se fier à lui. Ou bien si, au contraire, c'était quelqu'un de peu fiable. Il espérait que ça ne soit pas le cas mais bon, sait-on jamais après tout. Histoire de remédier à la chose, il lui proposait de rester un moment avec lui. Elle pencha la tête sur le côté. "Je doute que ça soit une soirée à étoile filante. Ca fait un moment que je n'en ai pas vu." Et pourtant, la belle brune avait souvent eu l'occasion d'en voir. Peut-être ne faisait-elle pas assez attention. En tout cas, la réponse de Yoshiko pouvait sonner comme un refus. Mais ça n'en était pas un. "Mais ... Je veux bien rester un moment avec toi. Et discuter." D'ailleurs, sans plus attendre, elle avait fini par s'asseoir, le nez levé vers le ciel, dans l'immédiat, sans pour autant être persuadée qu'ils auraient l'occasion de voir des étoiles filantes. Après quelques minutes, elle finit par rebaisser le nez. "Alors. Si on parlait un peu de toi." C'était vague, certes, mais c'était une question ouverte. Et ça laissait ... comment dire ... Le champ libre à Asaki pour parler de ce qu'il voulait.