Des os et des hommes [Pv Tenzen]

Sujet: Des os et des hommes [Pv Tenzen] Dim 22 Sep - 13:07

Asuna passa négligemment une mèche de cheveux derrière son oreille. Sa mine lasse, ses yeux encore bouffis de sommeil, signifiaient clairement qu’en cet instant elle aurait préféré regagner sa couche plutôt que de se retrouver empêtrée dans cette situation. La Troisième siège se massa les paupières pour tenter de chasser le sommeil. Derrière elle, l’un de ses deux subalternes vomit lourdement. Le bruit sourd de la cataracte stomacale s’écrasant contre le carrelage éveilla tout à fait la jeune femme qui d’un pas franchit le seuil de la morgue, afin de mesurer plus précisément l’ampleur du carnage.
Des cadavres jonchaient le sol, ou plus précisément, des morceaux de cadavres, de taille variable, dont pour la plupart la nature précise restait difficilement identifiable. Les carcasses semblaient avoir été soufflées par une puissante explosion, mais il n’en était rien. Seule la folie d’un homme était en cause. Des membres, des têtes, des organes, jetés ci et là, de façon festive et allègre, un spectacle que même certains membres de la Quatrième peinaient à supporter, à en juger le son de vomissement continu dans son dos. Asuna s’avança puis s’accroupit auprès de l’un des plus gros morceaux, tâchant tout de même de ne pas souiller son habit en le laissant trainer dans une quelconque flaque de viscères. Elle se trouvait être face à un tronc dont l’anatomie avait été revisitée : en lieu et place de chaque bras se trouvait une tête, provenant de cadavres différents. De plus, la chair était marquée à certains endroits de runes ésotériques, gravées probablement avec une lame, signe que toute cette plaisanterie avait été murement ritualisée. La jeune femme fixa les coutures grossières, les gribouillages sur viande, et déprécia intérieurement ce travail de chirurgien amateur. La raison de toute cette mise en scène lui échappait complètement. Une telle hystérie lui était parfaitement étrangère, et elle ne comprenait pas pourquoi un individu avait voulu révéler avec un tel fracas sa pulsion. L’hypothèse la plus probable étant qu’il avait cru que la nuit couvrirait son méfait jusqu’au lendemain, où il aurait été déjà loin.
L’imbécile.

« Où avez-vous placé l’homme ?, demanda Asuna sans se retourner.
- Dans une des chambres, déglutit le huitième siège, la bouche encore pleine de bile. La 2-A. Nous avons dû l’endormir, il se débattait trop.
- Bien. Envoyez immédiatement un papillon à la Neuvième division. Qu’ils viennent le chercher immédiatement. Je me rends auprès du criminel pour les accueillir. »

Elle se redressa, la tête de nouveau lourde, l’envie de repartir se coucher de plus en plus pressante. Hélas, la nuit s’annonçait encore longue. Elle dépassa les deux autres sièges puis s’immobilisa avant de leur lancer :

« S’ils ne veulent pas venir dans les plus brefs délais, dites leur que parmi les corps, il y avait certains de leurs camarades. Cela les motivera. »

Asuna les quitta sur cette dernière note macabre sans une pensée pour ceux qu’elle laissait derrière, vivants comme morts. Elle marcha à vive allure jusqu’à la chambrée du dément. Elle souhaitait le voir, même fugacement, avant que celui-ci soit emmené vers une quelconque prison sordide. Sa main trembla lorsqu’elle ouvrit la porte. Asuna découvrit l’individu et son souffle se coupa. Son visage était on ne peut plus banal, et bien que l’homme fut endormi, la jeune femme devinait qu’en temps normal, ses traits ne devaient se froisser d’aucune expression. De même, elle supposa que son regard ne devait briller d’aucun éclat, ni se voiler d’une quelconque émotion. Sauf, peut-être, dans cet instant où il avait déchiré la peau morte, couper les muscles et les os, et saccager l’humanité de ces corps défunts. La Troisième siège referma la porte et se rapprocha du lit. Sa main, doucement, se posa sur celle de l’endormi, et la pressa, comme un curieux geste d’affection mêlée au regret :

« Jamais l’envie avant la prudence, soupira-t-elle. »

Il avait échoué à cacher ce qu’il était, et en paierait le prix. Une vérité qu’il aurait dû apprendre en tout premier. Asuna retira sa main, se saisit d’une chaise, et s’installa au chevet de son pendant défait. Droite et inerte, elle ne laissa rien supposer de son trouble. Vigilante aux énergies spirituelles extérieures, elle attendit donc, patiemment, auprès de celui qui, dans un autre temps, aurait pu être son ami.

Spoiler:

Les temps sont durs. De plus en plus de paramètres à prendre en compte. Le travail ne manquait clairement pas pour la Neuvième Division. À croire que la pression subie par l'épée de Damoclès que représentait les Maho Tsukaï les rendait tous fous. N'avait-il réellement pas déjà assez de labeur à traquer les anciens Capitaines présents sur terre et ne donnant plus de nouvelles depuis des mois ? Son troisième siège Yoshihiro-kun en était toujours à enquêter sur ces disparitions, sans grande avancée réelle. Quelques indices, par-ci par-là, mais qui ne menaient jamais bien loin. Bien sûr, le Shirohasu aurait aimé aller sur terre régler ce souci lui-même, mais il n'en avait tout simplement pas le droit. Les Capitaines avaient pour interdiction de quitter le Seireitei, tout bonnement. Des exceptions pourraient avoir lieu, il n'en doutait pas, mais il n'y aurait certainement pas droit tant qu'il ne disposait pas de plus d'éléments.

Cependant, il avait clairement d'autres soucis à prendre en compte. Et le plus récent portait le nom d'Himesaki Tôjô. Alors que ses doigts pinçaient les cordes de son guqin avec précision, ses pensées elles restaient attardées sur le cas du Capitaine de la Septième Division. Le carnage qu'il avait perpétré dans le Rukongaï... ce n'était pas le genre de situation dont il pourrait se sortir aisément. Perdre des Capitaines, cela était fréquent après tout, mais quitte à ce que certains dégagent le plancher, il préférait que ceux-là ne fassent pas partie des rares qu'il appréciait. Il espérait donc bien que l'Himesaki s'en sortirait, mais il fallait peut-être ajouter au calcul certaines rumeurs qui ne plaideraient pas vraiment en sa faveur. Son amour des petits garçons – que Tenzen avait personnellement créé de toute pièce – ainsi que de vagues soupçons d'agression – rien de précis de ce qu'il avait entendu ; une infirmière qui aurait dit à la connaissance de l'ami d'un cousin d'un de ses subordonnés que Tôjô se serait rendu, manifestement, coupable d'une tentative de viol. Pourtant, aucune plainte... cela n'avait pas empêché de rumeur de tourner quelque peu, même si ce n'était que vague et toujours discret.

Son attention est alors détournée. Sa mélodie s'arrête, tout comme son cheminement de pensée. Un simple contact, minime, en était responsable. Un papillon posé sur sa main. Un message transmis dès lors qu'il lui en donne mentalement l'autorisation. Voilà qui confirmait bien ce que le Yakushiji pensait : ils devenaient tous fous. Une affaire de profanation de cadavres, perpétrée à la Quatrième Division. L'auteur avait été arrêté et mis sous tranquillisants. Le message ne disait pas s'il avait été pris sur le fait ou pas, mais aurait préféré que ce soit le cas. Il aurait alors pu en toute bonne conscience rejeter la tâche sur la Seconde Division, puisqu'il ne serait plus s'agit que d'une simple arrestation dans ce cas. Sur un soupir, il appela son intendant et lui donna ordre de faire se préparer une de ses escouades. Bien sûr, il se rendrait tout de même personnellement sur place, comme il en avait l'habitude lorsqu'il en avait la possibilité. Voir de ses propres yeux, la seule manière d'avoir pleine et entière confiance en ses rapports. Kamui pouvait également très bien s'y coller, mais pour le coup, et ce même s'il ne prenait jamais goût à se rendre en personne à la Quatrième, il n'avait rien de mieux de prévu dans l'immédiat. Peut-être cela lui changerait suffisamment l'esprit...

* * *

Une dizaine de minutes plus tard, un cortège de cinq hommes suivait le Lotus Blanc, se présentant au Quartier Général de la Division des soins. Le Capitaine demanda à être mené à la « scène », tandis que ses hommes devaient être menés au criminel afin de s'assurer qu'il ne puisse rien tenter pour s'échapper. Simple mesure de précaution, il ne doutait pas que la Quatrième puisse vraiment manquer de ressources lorsqu'il était question d'assommer un être sous de multiples produits dont Tenzen n'avait même aucune idée de la composition. Voilà pourquoi il avait toujours préféré se soigner lui-même, et pourquoi il n'aimait pas particulièrement venir dans cet endroit.

Enfin, ce n'était pas si dramatique au final. La morgue. Les cadavres, il y était plutôt habitué. Même si pour l'occasion ceux-ci se trouvaient être en morceaux, et rafistolés dans un sens défiant la logique. À ses questions, il se vit répondre qu'un officier était présent avec le coupable, et pourrait donc l'informer plus avant. Au moins avait-il pu constater de l'ampleur des dégâts. Ne lui restait-il donc plus qu'à se rendre auprès de ses hommes. Ils étaient en position autour d'une porte qui lui avait été indiquée. Deux petits coups secs donnés de son poing contre celle-ci. Avec un peu de chance, l'officier dont on lui avait parlé se trouvait à l'intérieur, et il n'aurait donc pas à le chercher pour enfin obtenir les éléments qui lui manqueraient encore à la réalisation de son rapport. En espérant bien sûr que tout cela pourrait se régler promptement.

« J’ai vu ton âme, déclara soudainement Asuna en se tournant vers l’inconscient. L’homme, du fond de son coma, peut-être entendrait-il sa voix, comme un écho depuis la surface. J’ai vu les sculptures.»

Le visage morne de la jeune femme se voila d’un tissu étrange, dont les fils étaient de déception ou de tristesse. Son regard étincela, comme deux perles, prêtes à ruisseler sur ses joues. Asuna cligna plusieurs fois pour chasser ce trouble impromptu. Elle se pencha, murmurante, pour n’être entendue que par l’endormi :

« Ce qui te ronge t’a ôté toute raison. Il est d’autres lieux pour pareil jeu, où il est plus aisé de se cacher. Quand les voix te pressent, obéis leur uniquement quand nul ne te voit. Elle se tut, prenant conscience de l’idiotie de ses recommandations. Il est trop tard pour toi. Mais je tenais à ce que tu saches qu’il existait d’autres chemins. Je suis désolée que tu aies eu à emprunter le mauvais. »

Ses doigts effleurèrent la main de l’homme en une dernière caresse. Elle ne se souciait guère de son identité, simple Shinigami ou étudiant à l’académie, peu importait. Il avait échoué, et à cause de ceci, il ne reverrait plus jamais la lumière du jour. En vérité, Asuna était loin de se préoccuper du sort de l’inconnu, mais dans un élan de douceur, elle se voyait en lui, et éprouvait un sentiment de compassion tordue pour celui dont elle aurait très bien pu occuper la place en d’autres circonstances.
Elle se redressa vivement en percevant l’arrivée de plusieurs énergies spirituelles. Ces dernières s’immobilisèrent devant la porte et ne donnèrent pas l’impression d’entrer. Toutefois, elles furent rapidement rejointes par un autre reiatsu, plus dense et plus compact que les autres. Asuna quitta son siège en même temps que deux coups secs retentirent contre le battant de bois. La jeune femme se rendit rapidement à la porte, qu’elle ouvrit d’un geste ample. Face à elle se tenait un homme de haute taille portant l’haori. La mine d’une dureté incroyable, ses yeux perçants liés à ses traits en coupe lui donnaient des allures d’oiseau de proie. Asuna ne tarda guère à détourner le regard de ce visage de marbre, comme sentant peser sur elle toute la justice que se devait d’incarner le haut-gradé.

« Capitaine…, commença-t-elle, fixant le vide, un peu idiote, à la recherche de son nom, pourtant réputé. Capitaine Yakushiji, entrez, s’il vous plaît. »

Son ton avait été maladroit, légèrement hésitant, bousculé par l’autorité qui se dégageait du capitaine. Elle s’écarta pour le laisser entrer avant de rejoindre le lit devant lequel elle s’immobilisa. Cette fois-ci, elle ne s’émut devant l’endormi pour, d’une voix claire, rendre compte des événements qui l’incriminaient plus ou moins directement :

« Je suis Kuragari Asuna, la Troisième Siège. Nos gardes ont trouvé cet homme, inconnu de la Quatrième, rôdant près des quartiers de la Lieutenante Satô. Lorsqu’il a été interpellé, il a, semble-t-il, paniqué, et a dû être mis sous anesthésie générale. Quelques dix minutes plus tard, au cours de sa ronde, un autre garde a découvert que les corps de la morgue avaient été profanés. »

Asuna n’énonça rien d’autre que les faits, et ne s’accorda pas même le droit d’une déduction, car cela n’était en rien son rôle. Pour elle, le lien entre les deux affaires était évident, mais qui savait quel genre de conclusions en tirerait la Neuvième Division ? N’ayant cœur à jouer les apprenties enquêtrices, elle se tut donc, dans l’attente que le Yakushiji prenne la parole.

Après qu'il eut frappé à la porte, il ne fallut qu'un bref instant pour que cette dernière en vienne à s'ouvrir. Tandis que ses hommes quant à eux n'avaient pas bronché, le Yakushiji répondit à l'invitation à entrer en se contentant de se placer dans l'encadrement de la porte. Il n'avait pas vraiment à en faire plus concernant le supposé coupable. Les indices et les témoignages seraient collectés, cet homme serait emmené dans les geôles de la Seconde Division en attente du verdict où les magistrats de la Chambre des Quarante-Six décideraient de son sort. Si l'enquête et l'arrestation pouvaient bien souvent dépendre de la Neuvième Division, jamais Tenzen ne rendait de jugement lui-même, ce n'était après tout pas son rôle, loin de là.

La présentation de la troisième siège le fit cependant mentalement tiquer. Kuragari Asuna, ce nom n'est pas inconnu, et à juste titre. C'était d'elle dont on parlait dans les rumeurs faisant état d'un viol, c'était également elle qui avait porté le coup fatal sur Nakatoto Otsu lorsque le Hollow de cette dernière avait subitement pris le dessus lors de leur intervention à la dernière apparition d'un monolithe. Le premier cas n'était que nébuleux, des racontars jusqu'à preuve du contraire. Le second était un cas avéré, où certains pourraient considérer qu'elle n'avait fait qu'accomplir son devoir. D'expérience cependant, il n'ignore pas que ce n'est que rarement un hasard lorsqu'un nom revient à plusieurs reprises de la sorte. Trop peu que pour baser quoi que ce soit là-dessus cependant. Simple hasard jusqu'ici, d'autant que rien n'appuyait réellement cette histoire de viol... Peut-être pourrait-il en apprendre plus ici ? Il n'empêche que le monde est petit, étrangement petit...

Néanmoins, il devait pour l'instant s'occuper du cas qui l'avait vu se déplacer ici. Il n'y avait donc pour le moment qu'un soupçon sur cet homme. Net, certes, mais pas de flagrant délit à se mettre sous la main. Une convergence, rien de plus. Un gars bizarre, un acte tout aussi étrange. Jusque là ça collait mais il fallait approfondir la question.

A-t-on retrouvé sur lui certaines substances pouvant appuyer sa culpabilité ? Je suppose que jouer avec des cadavres ne laisse pas les mains propres...

Ses hommes étaient à même de s'occuper à réunir d'autres indices, mais qui de mieux placé que les gens de la Quatrième pour cela ? Tenzen s'écarta en reculant d'un pas. Observer plus longtemps cet homme endormi ne lui apporterait aucune réponse. Il laisserait la minutie aux autres qui étaient là pour ça après tout. Avant d'entendre la réponse d'Asuna à sa question, il ne pouvait pas encore les envoyer faire le reste du travail. Simple petit contre-temps avant de passer à la suite du programme...

Le Capitaine la dépassait de plusieurs têtes si bien qu’Asuna se retrouvait plongée entièrement dans son ombre immense. Si elle avait eu une once d’égo, cette position l’aurait probablement courroucée. Bien au contraire, la jeune femme s’en trouva forte satisfaite, et presque réconfortée de ne sentir peser sur elle les yeux d’aigle de l’homme. S’il ne l’effrayait pas, il la mettait suffisamment mal à l’aise pour qu’elle en vint à déployer des trésors d’impassibilité plus fortement qu’au quotidien.

« Non, il n’y avait rien, dit-elle d’un ton détaché, ni outil, ni fluide organique d’aucune sorte. Si cet homme est le coupable, il a été suffisamment méticuleux pour effacer ses traces. La seule chose suspecte étant sa présence à la Quatrième. »

Avec la plus extrême discrétion, le regard d’Asuna se détacha de l’endormi pour se porter, de biais, vers le visage du Capitaine, qu’elle ne parvint à entrapercevoir qu’à la limite de son champ de vision. Le peu que la Shinigami vit ne la rassura en rien ; le visage du Yakushiji se révélait aussi inexpressif que le sien, hormis pour cette austère sévérité durcissant ses traits. Face à cette féroce autorité, Asuna se sentit presque coupable de crimes qu’elle n’avait commis, et tentée de les confesser pour faire taire l’oppression.
Elle s’en abstint et reprit d’une voix qui ne traduisit nul trouble :

« Avez-vous vu les corps ? Réellement. Ils ont été découpés et remontés au-delà du tout sens logique, et de façon grossière. Mais on ne recoud pas des membres comme deux morceaux de tissu.

La jeune femme passa une mèche derrière son oreille, s’accordant un temps pour réfléchir à ses prochains propos. Elle subodorait que l’homme était bien le coupable, mais ce sentiment ne résidait sur rien. Peut-être était-il un simple maniaque s’étant entiché de la Lieutenante, mais l’idée que quiconque pût entretenir de doux sentiments pour une pareille mégère lui semblait bien trop incongrue. Asuna ne dissimulerait aucune information qu’elle détenait, par crainte des conséquences, mais si elle pouvait orienter l’enquête subtilement vers une autre direction que le jeune homme, elle ne s’en priverait pas. En se contentant toutefois de livrer son avis d’experte, rien de plus. Bien que curieuse, la Shinigami ne mettrait sa propre sécurité en jeu pour si peu.

- Ces différentes restructurations démontrent une certaine connaissance en chirurgie. Maladroite, mais présente. De telles connaissances ne peuvent être acquises qu’à la Quatrième Division. Cet individu n’y appartient pas. »

Ou bien recevait-il quelques enseignements d’une autre personne de la Quatrième. Ou avait-il un passif de boucher-chirurgien. Ou d’autres hypothèses, peu importait, seule la Justice le dévoilerait. Si elle y parvenait un jour. Asuna aspirait à ce que le mystère reste entier.

Mauvais endroit, mauvais moment. Cela paraissait être la seule source d'accusation pesant actuellement sur le présumé coupable. À en croire ce que pouvait dire Asuna-kun, cet homme n'était pas le fautif. Aucune trace pouvant témoigner de sa culpabilité. Et de prime abord il ne semblait pas disposer des compétences nécessaires pour perpétrer un pareil forfait. Des informations supplémentaires résulteraient de toute manière de l'enquête qui allait suivre. Il sortit alors de la pièce, ordonna à ses hommes de faire ce pourquoi ils étaient là. Tentative de recueillir de plus amples preuves et arrestation du suspect. Il serait ensuite interrogé jusqu'à ce que la raison de sa présence en les quartiers de la Quatrième Division soit éclaircie. Il faudrait aussi réquisitionner la salle d'autopsie de la Quatrième, le temps que les pièces de l'effroyable puzzle soient étudiées recueillies pour être étudiées. La coopération plus poussée de la division des soigneurs serait sans doute à requérir, mais chaque chose en son temps. Ses hommes savaient parfaitement ce qu'ils avaient à faire de leur côté, aussi cela ne devrait pas prendre trop de temps, sans doute.

Mais pour l'heure, le Yakushiji avait autre chose en tête. Ayant la Kuragari sous la main, il pouvait être intéressant d'approfondir un peu certains sujets dont elle se trouvait être au centre.

Pourriez-vous me suivre pendant que mon équipe fait son travail, Kuragari-kun?J'aurais quelques questions supplémentaires, et il n'est pas nécessaire de nous mettre sur le chemin de mes hommes pendant leur labeur.

Cela fait, lorsqu'ils seraient seuls, le Lotus Blanc pourrait alors poursuivre. Un instant de réflexion tout d'abord. Par quoi allait-il commencer ? Il disposait déjà du rapport faisant état des décès d'Otsu et de Masaye, et il ne semblait pas avoir grand chose de supplémentaire à gratter sur ce sujet. Mais peut-être discuter de cela pourrait alors permettre une transition plus aisée sur ce qui suivrait ? Enfin... Au final, à quoi bon tenter de ménager Asuna pendant qu'il allait l'interroger sur les affaires entourant Tôjô ? Oui, il y avait matière à réflexion afin d'opter pour le meilleur angle d'attaque à adopter.

J'ai bien compris que vous ne pensiez pas cet homme comme coupable. Mauvais endroit, mauvais moment. Ce n'est toutefois pas à nous d'en juger pour l'heure, l'enquête fera ressortir la vérité au final. Cependant, c'est de tout autre chose dont j'aimerais converser avec vous. Si vous semblez avoir fait votre devoir lors de votre intervention concernant Otsu, il existe cependant d'autres zones d'ombre vous entourant.

Votre relation avec le Capitaine Himesaki Tôjô notamment. Si je ne me trompe pas, vous vous êtes tout d'abord rencontrés lors de notre offensive sur le Hueco Mundo. Je crois me souvenir d'un appel à l'aide de votre part lorsque le Capitaine de la Septième Division est tombé au combat.

Bien sûr, il ignorait totalement si c'était là leur première rencontre ou pas, mais cela semblait du moins s'être déroulé avant les accusations dont la rumeur faisait état. Au pire, elle le corrigerait si nécessaire.

Mais il se trouve que par la suite, un autre cas où vos deux noms ont été cités conjointement est apparu. J'ignore si cela se base sur quoi que ce soit de concret mais... il est question de tentative de viol... Cela vous rappelle-t-il quelque chose ?

Finalement, voici la manière dont il avait préféré opter pour aborder le sujet. À présent il ne restait qu'à voir ce qui allait bien pouvoir en ressortir...

Asuna suivit avec diligence le Capitaine pressé de quitter les lieux. Ses hommes avaient à faire, et lui devait se sentir bien inutile à s’abandonner au spectacle d’un homme inerte. La jeune femme derrière ses talons n’émit aucune réserve, pensant simplement qu’il voulait poursuivre son enquête par le biais de questions plus précises. Lorsqu’ils se retrouvèrent dans le tête à tête, Asuna se perdit dans l’analyse du faciès de marbre du Yakushiji, mais la rigidité de ses traits ne lui apprirent rien sur son état d’esprit. Abandonnant cette tâche forcément vaine devant l’impassibilité d’un tel visage, Asuna se contenta d’acquiescer le constat fait par le haut gradé. En revanche, l’instant même où il énonça vouloir l’entretenir d’un tout autre sujet, le corps de la Troisième siège se raidit, réaction judicieuse car confirmée rapidement par la suite du propos.
Il mentionna la mise à mort de la Vizard avant d’entrer dans le vif du sujet, celui dans lequel elle s’était le plus illustrée : son supposé viol. Selon elle, sa couverture était parfaite en raison de la réputation d’Himesaki, chose sur laquelle s’arrêterait le commun. Mais face à elle se tenait l’homme de la Justice, s’il y en avait un quelque part pouvant la percer à jour, c’était bien lui.

La Troisième siège avait cependant mis en place les parades adéquates pour toutes ces fois là où l’on abordait le sujet, aussi n’attendit-elle pas pour se glisser dans son personnage. Son expression précédemment neutre s’affaissa en un masque de cire gorgé d’une mollesse contrite pendant que son regard se voilait d’inquiétude dont l’attention se porta immédiatement sur le sol. Ses doigts se crispèrent sous la tension, son échine ploya, et la comédienne poussa le vice au point que ses yeux d’humidifièrent sous l’émotion. Tout à son rôle, elle se frictionna un bras sans oser jamais fixer le Capitaine, par peur de ce qu’elle pourrait lire au fond des prunelles froides.
La pitié d’autrui continuait de la faire terriblement souffrir.

« Le Capitaine… Le Capitaine…, elle s’étrangla pitoyablement puis reprit, murmurante, Himesaki a des appétits… pour certaines choses. Je… il… »

Elle n’en dit pas plus que nécessaire. Certains faits n’avaient besoin d’être formulés pour être éloquents. Brutalement, sous le coup d’une colère qu’elle avait refrénée tout ce temps, Asuna se redressa pour défier du regard son interlocuteur. Son visage se tordit sous la souffrance, l’incompréhension et la frustration, où chaque pli mettait en exergue ces sentiments tourmentés :

« Et rien n’a été fait ! Personne n’a voulu m’entendre ! Personne… ! »

Sa voix s’éteignit, Asuna se recroquevilla encore, sans plus de combativité à revendre.

« Je… Veuillez m’excuser. Pardon. »

Citation :: RP qui commence à un peu trop dater (par ma faute, désolé), je pense donc qu'il vaut mieux se tourner vers une conclusion. On s'en refera un à l'occasion maintenant que t'es Cap'.

Les réactions de la jeune femme face à la situation qu'il venait d'évoquer. Voilà bien ce qu'il comptait observer et analyser, sans toutefois espérer le moindre dénouement en ce jour. Mais au moins cela permettrait de savoir si cela n'était que rumeur infondée, ou si la Troisième Siège de la Quatrième Division avait bien quelques griefs à l'encontre de l'Himesaki. Cette réponse là allait venir bien rapidement. Le comportement de la jeune femme changea radicalement à l'évocation de ce souvenir. Elle se décomposa en un instant, tout son corps se précipitant à adopter une attitude adéquate, comme si soudain la gravité s'était élevée et qu'elle ployait sous cette force.

Se bousculèrent alors des mots qui ne semblaient pas vouloir composer de phrases complètes, se cherchant sans sembler pouvoir réellement s'assembler. Manifestement, il n'en tirerait rien de précis, alors que du coin de l’œil il continuait d'observer la scène pour ne rien en perdre. Un mélange de tristesse, de colère et de confusion. Un discours confus évoquant des tendances qui pourraient coller à l'idée que nombreux se faisaient de Tôjô. Coureur de jupons, il l'était, mais jusqu'à preuve du contraire il s'était également toujours montré fidèle à la Capitaine de la Huitième Division. Il y a peu encore, Tenzen aurait estimé que cela ne collait pas, que l'Himesaki n'aurait jamais été capable de cela. Mais le Shirohasu n'aurait pas non plus été capable de penser que cet homme aurait, du jour au lendemain, pu détruire une parcelle d'un district sans réelle raison, de même que de refuser de se soumettre à la justice du Gotei 13.

Finalement, que pouvait-il estimer savoir sur ce Capitaine déchu ? Un point le tracassait toujours, qu'Asuna évoqua elle-même : personne n'avait jugé bon de remonter cette plainte. À l'occasion, il devrait interroger ses supérieures sur cette question. Son avis n'était toujours pas fait, mais dans le cas où elle avait réellement été agressée, il n'estimait pas qu'il était bon de creuser plus le sujet avec elle pour le moment.

Votre cas n'est en effet jamais arrivé parmi mes dossiers à traiter. Personne n'a jugé bon de me transmettre votre plainte, ce que vous me confirmez à présent. J'ignore si cela a encore une quelconque utilité... Himesaki Tôjô est désormais aux arrêts, entre la vie et la mort. Une semelle du mauvais côté... Je ne suis pas censé vous faire part de cela, mais puisque vous faites partie de la Division des Soins, je gage que cela vous serait revenu aux oreilles à un moment ou l'autre.
Quoi qu'il en soit, j'enquêterai si possible sur cette agression. Pas que cela puisse changer grand chose désormais, mais j'ai un véritable goût pour la vérité. Je suppose que vos supérieures auront sans doute certaines choses à me dire sur le sujet.
Mais pour l'instant, mettons fin à cette entrevue. Je ne manque pas de travail plus urgent et n'estime pas pour l'heure comme nécessaire que nous perdions plus de temps. Je vous laisse donc retourner à vos activités pendant que j'en fais de même.

D'autres se seraient excusés d'avoir fait remonter de mauvais souvenirs, mais les excuses ne faisaient pas partie de ses habitudes. Il se contenta alors d'un signe de tête, signifiant plus ou moins clairement la fin de l'entrevue, et reprit sa marche sans autre délai. Pendant ce temps, ses hommes termineraient leur travail, mais lorsqu'ils auraient terminé, cela ferait un moment que Tenzen aurait quitté les lieux.

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