Œil pour œil, dent pour dent. Le moment était venu de rendre la pareille. Tout en offrant à Tenzen une bonne occasion de se défouler. Depuis les derniers événements, le Lotus Blanc était resté à l'écart des affaires courantes. Il avait grand eu besoin d'un peu de temps pour lui. Après tout, ça n'arrivait pas tous les jours d'abattre son Vice-Capitaine par incident. Et dans le cas présent, il ne s'agissait pas d'un simple Fukutaishô. Kamui avait été la personne la plus proche de lui au cours du millénaire écoulé. Pas un ami non plus, le Yakushiji n'en avait jamais eu. Un rapport de maître à élève où le respect, la fidélité et la confiance étaient de mise. Et cela, pour le Capitaine de la Neuvième Division, représentait énormément.

Quoi qu'il en soit, la période de deuil était passée. Un nouveau Vice-Capitaine avait été nommé et Tenzen avait pris assez de temps de réflexion désormais. Sa culpabilité n'était plus, admettant que cela avait été pleinement la faute de l'emprise qui pesait sur lui. Il estimait cependant que sa nouvelle puissance devait encore être pratiquée afin d'être mieux maîtrisée. Ce qui l'amenait donc ici en ce jour. Le Yakushiji avait envoyé un messager de sa Division, sachant que son destinataire avait horreur des papillons de l'Enfer. Ce messager avait également reçu une consigne claire : filer au plus vite dès que le message serait délivré. Le Kenpachi aurait sans doute moins de retenue que lui-même...

Quel message si terrible avait-il à transmettre ? Un personnage dessiné, un Haori aux manches déchirées, surmonté d'une tête poilue au faciès plus que primitif. Quelques phrases accompagnaient le croquis : « Voici à quoi ressemble un macaque, Macaque. Et voici à quoi ressemblent des phrases rédigées par un être évolué, si vous parvenez à les lire. Par contre, si vous souhaitez voir à quoi ressemble une déculottée... Je reste persuadé que vous saurez où me trouver ! ». Pas besoin de signer. Le ton et le surnom suffisaient à désigner l'auteur. Ainsi, le Yakushiji l'attendait désormais là où ils s'étaient déjà affrontés. Un terrain désormais ravagé qui en supporterait sans doute plus encore lorsque Shinjirô se serait donné la peine de le rejoindre...

Le message avait été plutôt explicite, même pour un homme comme Shinjirô. Le dessin était seulement une sorte de vengeance à sa dernière œuvre mais la comparaison, peu flatteuse, agaçait évidemment le colosse. Heureusement, le messager avait rapidement disparu, sans quoi il aurait fait les frais de la plaisanterie de son Capitaine. L'amour que se portaient les deux hommes prenait de plus en plus d'ampleur. Même s'ils restaient professionnels lorsque la situation l'exigeait. Puisque l'autre momie souhaitait un combat, il le lui offrirait sur un plateau. L'endroit du rendez-vous était évidemment connu du géant. Un endroit reculé qui avait déjà été au cœur des quelques affrontements musclés des deux Capitaines. Mais cette fois, Shinjirô comptait bien lui rabattre son caquet une bonne fois pour toute. Sans un mot à ses hommes - à quoi bon leur en parler après tout, cette histoire ne regardait que Tenzen et lui - il prit la direction de cette région se trouvant au-delà du Rukongai.

Alors qu'il progressait tranquillement, sans trop se presser, le colosse ne pouvait s'empêcher de penser à ce qui arriverait suite à ce combat. Les deux hommes étaient sans conteste les deux entités les plus redoutables de l'armée du Gotei et chaque "entraînement" était risqué. Bien que ces échanges les maintiennent l'un et l'autre en forme, le risque de blessure restait toujours élevé. Car ces combats n'étaient en rien amicaux. Cela n'inquiétait pas le Kenpachi. Mais Shunsui ne serait certainement pas de cet avis.

Franchir la frontière était déjà une première étape. Et les reliefs, à mesure qu'il approchait de la zone de combat, changeaient peu à peu. On pouvait aisément voir que ces lieux avaient été les témoins privilégiés de combats terribles. Shinjirô et Tenzen n'étaient évidemment pas les seuls à s'exercer de la sorte. Mais pour eux, ces combats étaient plus que de simples échanges conviviaux. Incapable de percevoir le Reiatsu, il n'était pas encore capable de dire où se trouvait Tenzen. Mais enfin sa silhouette apparut. Chassant en même temps toutes idées parasites du crâne du géant. Désormais le combat seul comptait. Preuve en était ce sourire qui venait de trouver place sur son visage. Attrapant Kaimetsu d'une main, il s'arrêta à une distance respectable de son adversaire. Le combat commencerait immédiatement. Il n'y avait jamais de temps mort entre eux.

- Sympa le dessin. Y'a longtemps hein ?

Signal de départ. Le combat débutait maintenant.

Spoiler:

Une petite brise qui se lève, faisant voleter au niveau du sol de petits nuages de poussière. Au milieu de tout cela, Tenzen se trouvait planté, observant l'horizon, le bas de son Haori se mouvant délicatement sous le souffle de l'air. Le Yakushiji n'eut cependant pas la moindre pensée face à ce cliché. Il ne prenait sans doute même pas conscience que le roulement d'un vieux buisson desséché et le bruit de portes grinçantes de saloon étaient les seuls éléments qui manqueraient au décor d'un mauvais western. Le Capitaine de la Neuvième Division ne pensait en vérité qu'au point central de la rencontre. Un duel, en bonne et due forme.

Et alors que son esprit était tourné sur les diverses stratégies dont il pourrait opter pour vaincre le Kenpachi, ce deuxième protagoniste se présenta enfin. Il avait pris son temps, mais au moins il était là. Une bonne chose, il n'était pas idiot au point de n'avoir su retrouver le chemin.

Lorsque vous dites « longtemps », faites-vous référence à l'éternité qu'il vous a fallu pour me rejoindre ici ? Ne vous inquiétez pas, je ne vous en tiens pas rigueur, je comprends bien que déchiffrer quelques caractères couchés sur le papier ne doit pas être la tâche la plus simple que vous ayez eu à rencontrer.
Soit, ne perdons pas une seconde de plus.

Le Shirohasu n'avait en effet pas organisé cette rencontre dans le but de discuter. Se déchaîner une bonne fois. Utiliser toute sa puissance face à un être capable de la supporter. Tester une fois de plus ses nouvelles capacités afin de mieux les contrôler. Effectivement, une futile discussion n'avait strictement rien à faire dans ce planning. Fixant froidement Shinjirô, il disparut de sa position une fraction de seconde plus tard. Les hostilités étaient lancées, pour de bon.

Il se retrouva alors directement dans le dos de son adversaire, tirant son arme du fourreau d'un mouvement soudain du bras gauche. Une frappe tranchante démontrant clairement, si cela était nécessaire, que les deux Capitaines n'auraient pas pour but de simplement se dérouiller un peu en bonne camaraderie. Mais bon, il ne doutait pas que Shinjirô en avait d'ores et déjà parfaitement conscience. Tenzen était après tout loin d'être stupide. Aussi savait-il pertinemment que rester au corps-à-corps avec le Kenpachi ne se trouvait pas être une idée brillante. Ce pourquoi il enchaîna directement par un Kidô lancé de la main droite.

Saigo no Hanabira !

Un tourbillon d'air de taille modeste mais dont la puissance était effective. Son but serait de repousser le Capitaine de la Onzième Division tout en tentant de lui infliger déjà quelques blessures. Il n'était jamais trop tôt pour chercher à prendre l'avantage... D'ailleurs, mieux valait directement se préparer pour la suite.

Han'ei, Kagami Biraki !

Son Zanpakutô prit alors une forme que Shinjirô connaissait bien. Son Shikaï, un bouclier-miroir fixé à son avant-bras gauche. De quoi mettre en place cette habilité que son adversaire détestait tant, et qui ne laisserait rien paraître des blessures dont Tenzen pourrait être victime. De quoi préparer une bonne défense également, qui serait bien nécessaire face à la contre-attaque qui ne tarderait sans doute pas.

Un simple grognement répondit aux insultes à peine voilées du Capitaine de la Neuvième division. Si les deux hommes n'avaient pas besoin de cela pour s'encourager à se taper dessus, ils ne pouvaient s'empêcher de se titiller. Et à ce petit jeu, les deux hommes étaient sur un pied d'égalité parfait. Tenzen trouvait les mots justes là où Shinjirô, comme à son habitude, fonçait dans le tas. Ils étaient ici pour une raison unique et leur petit tête à tête allait enfin pouvoir débuter.

Déjà la silhouette du Lotus Blanc réapparaissait dans son dos. Le mouvement offensif par excellence : frapper là où l'adversaire était le plus vulnérable. L'attaque ne manquait évidemment pas de puissance mais Shinjirô était un vieux singe lorsqu'il s'agissait de combattre. Son demi-tour fut instantané et Kaimetsu se plaça en opposition, mimant le mouvement de sabre de cet homme. Le choc entre les deux lames secoua les bras du géant. Mais ce ne fut pas suffisant. L’éclair blanc entailla le bras porteur de Kaimetsu, laissant une gerbe de sang entacher le sol. Surpris, il posa le regard sur la tache maculant désormais ses affaires avant de reporter son attention sur son adversaire. Bien trop tardivement pour agir efficacement face à ce tourbillon qui venait de naître.

Fort heureusement, le colosse ne se battait pas seul. Et Kaimetsu érigea de suite un bouclier magnétique ayant pour but de repousser en partie ce souffle terrible. Bien qu'insuffisant au vue de la puissance dégagée, la défense élémentaire qui enveloppait le colosse fut suffisante pour lui éviter de trop grosses blessures. Et s'il avait bien à dénombrer quelques entailles çà et là, il n'y avait rien de bien dangereux pour lui. Une routine en quelque sorte pour lui, qui avait l'habitude d'encaisser encore et toujours.

Et s'il appartenait à Tenzen d'ouvrir les hostilités, le colosse démontrait d'emblée le sérieux qu'il portait à ce combat. Il libéra le plein potentiel de son pouvoir. Ici et face à cet homme, il n'était pas superflu d'agir ainsi. Et si les combats faisaient partie intégrante de son existence, Shinjirô savait lorsqu'il fallait cogner fort. Son Reiatsu prit instantanément de l'ampleur alors que l'aura si caractéristique qui lui avait valu son fameux surnom apparaissait, l'enveloppant dans un cocon protecteur. Kaimetsu disparut pour devenir cette entité vivante, se mouvant au gré des envies du Kenpachi. Ce dernier leva simplement le bras, libérant son assaut. Cinq lames incurvées apparurent des différentes flaques qui s'étaient désormais réparties sur la surface de combat. Celles-ci se précipitèrent vers l'homme au bouclier. Plusieurs lames, plusieurs trajectoires. Et au bout du compte, une surprise de taille.

Car ces lames réagissaient au magnétisme du géant. Et au moment où elles atteindraient leur but, que ce soit le sol ou simplement l'homme, elles libéreraient chacune une onde de choc, générant au final une vague d'énergie destructrice pour celui qui se trouvait être au cœur de l'attaque. Une stratégie qui pouvait s'avérer payante et qu'il n'avait encore jamais déployée face à cet homme. Le but avoué de ces combats n'étaient-ils pas justement de les faire progresser ?

- J'ai abandonné l'idée de te voir saigner. J'en avais marre de pas réussir ! Maintenant, j'ai opté pour la destruction pure et dure ! On va voir c'que ça donne...

Le sol tremblait... Et dire que ce n'était que le commencement.

Malgré des oppositions fréquentes, il fallait croire que les deux hommes disposaient toujours de quoi étonner leur adversaire. Là où Tenzen avait fait usage d'une technique avancée au sabre – chose dont il ne faisait que rarement démonstration – Shinjirô s'était mis en avant par une technique défensive dans le même registre. Ainsi, finalement, Kaimetsu dans les mains de son maître n'était pas qu'un engin de destruction, mais aussi capable de préserver le Kenpachi. S'il connaissait ce genre d'utilité à son Bankaï, c'était bien la première fois que le Shikaï de Kiryu faisait office de rempart et non simplement d'arme.

Parlant de libération interdite, celle-ci ne tarda pas à faire son apparition. Les choses sérieuses, sans attendre... Il l'avait bien cherché ! Pour autant, il n'en fit pas de même sur-le-champ, attendant plutôt un instant plus propice. Son Shikaï à son bras, cela devrait pouvoir lui suffire pour l'instant. Par contre, sur son visage prend place son masque, icône bouddhique aux dents acérées. Parfaite représentation de ce qu'est Tenzen, la paisible cruauté...

Cela ne fut cependant pas suffisant pour ce qui allait suivre. Les lames lancées par Shinjirô furent contrées par le bouclier du Shirohasu. Mais c'était sans prévoir la suite... Des failles qui s'ouvrent, des roches qui se précipitent... Finalement, son Bankaï aurait pu être utile ici... Une erreur qu'il ne reproduirait plus ! Subissant de lourds dégâts dans cette déconvenue, le Yakushiji parvint tout de même à se mettre à l'écart d'un Shunpô, évitant ainsi d'être entièrement engouffré. Se tenant aux abords de la crevasse qui venait de se créer ici, le plan de sa contre-attaque se mettait en place.

Le but n'était-il pas de me détruire moi ? N'était-ce pas ce qui avait été annoncé ? Un échec de plus à votre actif. Vous pourrez toujours proposer votre aide au Capitaine-Commandant lorsqu'il serait question de labourer les champs...

Petit interlude alors qu'il peaufine mentalement les gestes qu'il va exécuter à présent. Tout d'abord, un intense éclat lumineux émane de son miroir, tentant par là d'aveugler son adversaire suffisamment longtemps pour que l'attaque suivante puisse l'atteindre. Il envoya alors son bouclier, désormais garni de lames afin qu'il aille le trancher. Ce ne serait bien sûr pas tout, ce serait sous-estimer Tenzen que de penser le contraire. Visant alors son propre Shikaï, il ouvrit la gueule pour tirer un puissant Cero. Le but étant qu'il se reflète sur son arme afin de grandement y gagner en puissance lors de sa réverbération.

Une chose encore à régler. Laisser son Shikaï à proximité du colosse alors qu'il était relié par une chaîne à l'avant-bras du Yakushiji n'était pas une idée brillante. Un homme de la puissance du Kenpachi pourrait dès lors clairement en tirer profit, si du moins l'idée lumineuse parvenait à germer dans son esprit de macaque. Autant donc ne plus prendre de risques inutiles...

Bankaï ! Yata no Kagami !

Cinq bouclier-miroirs de plus grande envergure flottaient désormais entre le deux rivaux. Ses défenses en place, la suite du combat pouvait être vue d'une manière clairement plus sereine...