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![Après la chute [Téthys] Arr-ind](https://2img.net/h/toria.info/bbs/arr-ind.png) Rang : Roi Poussière
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|  Sujet: Après la chute [Téthys] ![Après la chute [Téthys] Icon_minitime](https://2img.net/i/fa/subsilver/icon_minitime.gif) Mer 18 Juin - 21:33 | |
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La douleur s’atténue, non la saveur âpre de l’humiliation. Les plaies du corps guérissent, celles de l’âme laissent des cicatrices, autant de fosses profondes sous des vernis de consolations. Le Roi Poussière ressent plus profondément que tout autre ce sillon béant qui court dans sa conscience, qui déverse des trombes de larmes sèches. Des aiguilles envenimées de regrets, de remords, piquantes lorsqu’elles se plantent dans sa mémoire pour inoculer leur poison.
Vilmar a fui pour guérir de ses blessures ; il ne peut échapper à lui-même, mais du moins peut-il trouver dans le repos une forme de paix, qui l’apaise et atténue la perte de tout ce qu’il a jamais connu. Son errance marquée d’égarement l’a conduit jusqu’à une grotte ; un abri rudimentaire, à peine assez grand pour accueillir toute sa masse, malgré que son corps soit toujours amoindri. Son flanc s’est rétabli, libérant la vue désagréable des organes s’échappant à l’extérieur, là où ils ne devraient être ; à l’inverse, son bras quoique cautérisé reste un moignon inutile, dont la repousse n’a atteint que le niveau du coude, celui-ci encore à peine ébauché dans sa forme ; quant à son œil, la vue lui est revenue progressivement, cependant toujours teintée de flou, et masquée par une humeur blanchâtre que Vilmar espère voir disparaître bientôt.
Car il a vu ce qu’il n’avait pas pensé voir un jour en ce monde, et ce spectacle, il veut pouvoir le contempler de ses deux yeux valides.
Il y a là, non loin, derrière une série de dunes, un château blanc et une ville, plantés dans le désert. Vilmar se souvient par bribes d’échos sur ce lieu ; les mots ne l’ont pas préparé à la vision pourtant. La première fois, il est resté immobile de longues heures au sommet d’un mont sableux pour regarder l’édifice. La seconde fois s’est déroulée pareillement, et toutes les autres aussi. Entre deux sommeils, le Roi Poussière se lève pour se poster sur son observatoire, pour ne plus y bouger, pour ressentir la déférence face au monument.
En cet instant, c’est ce qu’il fait. Assis sur un escarpement rocheux, jambes croisées, les paupières closes et la mine fermée, le titan ancien songe, pense et attend. Les minutes s’écoulent comme les jours, il ne les sent passer ; le temps file, lui reste, inerte, solide.
Sa respiration lente bat l’air, chacun de ses souffles est espacé d’éons ; ses pensées se touchent une à une en sons sourds, ses souvenirs de pierre s’enchâssent pour former un mur immense dont il est le seul à pouvoir mesurer avec exactitude la grandeur.
Géant de poussière sur son trône de gravier, le souverain se dédie à ses réminiscences, sans vie, sans mot. Une montagne dans un désert silencieux.
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|  | | ![Après la chute [Téthys] Viz-fra](https://2img.net/h/toria.info/bbs/viz-fra.png) Rang : Vizard
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| | Sujet: Re: Après la chute [Téthys] Jeu 19 Juin - 22:14 | |
| Ses sens avait perçu cette aura. C'est pourquoi la silhouette encapuchonnée prit la direction de la zone dans laquelle elle avait ressentie la présence. Il était inutile de se presser : cela faisait un moment que cette aura était là, sans sourciller. Sans doute n'était-ce rien mais sa mission ne lui permettait pas de négliger la moindre présence. Bien qu'en retrait de la ville et du Palais, la belle se devait d'être attentive. Pourtant, elle avait failli passer à côté de cette présence. Le désert recelait bien des dangers pour qui se montrait imprudent. Mais la Vizard n'était pas de ceux à mésestimer les êtres qui peuplaient ce désert infini. Sa capuche masquait le visage d'une jeune fille d'à peine dix ans. Une apparence singulière, elle le savait, mais le pouvoir de son Shikai - qu'elle avait libéré en se rapprochant de sa zone de surveillance - le lui permettait. Même éloignée du palais, elle ne pouvait pas laisser aux autres la possibilité d'entrevoir son véritable visage. Il en allait de la sécurité de son maître. Et de la sienne, en quelque sorte. Et elle savait que les yeux et les oreilles de leurs ennemis se trouvaient partout. Autant prendre ses précautions, même dans le Yermo. Il ne lui fallut pas longtemps pour repérer ce qu'elle cherchait. Elle le perçut enfin. Et en resta un instant pantoise. Elle avait vu bien des créatures depuis que son Hollow l'avait conduit en ce monde maudit. Mais rare étaient ceux à l'impressionner d'un simple coup d’œil. L'Arrancar trônait là, au milieu des pierres et des roches, majestueux. Faisant preuve d'une patience terrible. S'il avait perçu l'approche de Téthys, il n'en montrait rien. Alors qu'elle se rapprochait de lui, sans montrer le moindre signe de malveillance à son égard, elle fit tomber sa capuche, découvrant donc ses traits juvéniles. Son Zanpakutô, sous sa forme Shikai, restait couvert par le manteau large qu'elle portait. Elle s'arrêta face à lui, sans dire un mot. Elle essayait seulement de ne pas représenter une menace pour la créature, bien que son apparence ici puisse l'y aider. Si malheureusement, cette entité cherchait à l'atteindre, elle répliquerait. Avec toute la sauvagerie dont elle pouvait faire preuve. Et elle l'étudiait. Fascinée, curieuse. Pour l'heure, l'océan était calme et serein. Tant que le vent ne se levait pas, il n'y aurait pas de vagues. Puis la remarque vint. Simpliste, à l'image de la naïveté qu'elle représentait pour le moment. - Vous semblez endormi... |
| | | | Rang : Roi Poussière
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| | Sujet: Re: Après la chute [Téthys] Dim 22 Juin - 11:36 | |
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Les pieds qui foulent le sol, qui déplacent le sable, qui piétinent le silence, à chacun de leurs pas, ils fracassent l’harmonie d’un moment paisible. Le changement, aussi infime soit-il, bouleverse l’ordre. Une réalité terrible, triste, piteuse ; une réalité que le Roi Poussière s’efforce de combattre. Il ne bouge toujours pas malgré la présence qui lui tourne autour. S’animer signifie altérer, l’altération participe au chaos.
Ses inspirations se font plus tenues, à la limite de l’inaudible, des éternités aériennes qu’il capture dans le fond de sa gorge et ne laisse s’enfuir jamais. Soudain, on parle. Des mots qui pèsent, qui écrasent, qui détruisent ; des mots dont la douceur formulée ne calment en rien l’agitation.
Dort-il ?, dit la voix. Celle-ci a la texture de l’enfance : un chant dans les syllabes, une pureté dans les lettres et les soupirs de la langue.
Le colosse ne répond pas. Dort-il ? Ô combien il le souhaiterait ! Se réveiller, à nouveau sur son trône, entouré de ses sujets, roi de son royaume, et oublier sa misère qui n’aurait été que fruit d’un rêve. Vivre à nouveau en maître de son destin, ne plus avoir à ramper dans les dunes.
Or il ne dort pas. Il se sait dans le monde vrai, et sa vie est un cauchemar d’outrages bien réels. Alors, car il n’est pas lâche, le vieil homme se saisit de sa dignité blessée, ouvre les paupières, et regarde dans les yeux cette terrible existence.
Une petite fille se tient non loin. Le juge de pierre la contemple comme il le ferait pour un spectacle rare ainsi que précieux. Son regard se plante dans celui de la fillette, passe au travers, voit en elle ; ses iris, l’un d’un noir si sombre qu’on discerne à peine la pupille, et l’autre laiteux et malade, confèrent au Roi Poussière un magnétisme perturbant.
« Le sommeil n’est qu’une fuite, il répond de sa voix aux sonorités de royauté. »
Vilmar dévisage la fillette sans crainte, elle en fait autant dans la réciproque. Puis lui abandonne le contact visuel, et ferme de nouveau les yeux. Son attitude ne se fait pas plus menaçante qu’auparavant ; il se fige dans cette espèce d’indifférence lourde, se voulant aussi sensible aux événements que la pierre sur laquelle il réside. Une question le brûle, néanmoins, et sa solitude trop longue lui écrase les épaules : fardeau qu’il supporte mais qui, parfois, le bouscule de certaines faiblesses.
Il est riche de silences, bien moins de paroles, et il se décide à parler :
« Es-tu une âme de ce domaine ? »
Une question dont la réponse n’importe pas. Le vieux roi ne souhaite rien d’autre que l’écouter encore, pour se perdre dans sa voix, pour laisser se refermer le silence sur un dernier bel éclat.
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| | | | Rang : Vizard
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| | Sujet: Re: Après la chute [Téthys] Mer 25 Juin - 19:13 | |
| Elle haussait les épaules, se demandant bien en quoi dormir était une fuite. Les âmes des Hollows étaient parfois retors et elle préférait ne pas s'attarder sur ce genre de débats, plus intéressée qu'elle était par la créature en elle-même. Il faisait preuve d'une infinie patience, ce qu'elle respectait. Mais cela ne lui donnait pas pour autant les raisons qui le poussaient à rester ici. Et finalement, c'était bien la seule chose qui importait à la belle. Était-ce une âme appelée par Sima et curieuse de voir à quoi ressemblait Nacimiento ou bien était-ce une âme refusant cet appel et venant ici pour abattre l'oracle ? Alors qu'il refermait les yeux, Téthys prit sur elle de s'assoir à même la dune, balayant du regard l'horizon. Vint la question. Elle osa un autre regard vers lui mais il ne bougeait pas. Une véritable pierre, aussi muette que celles qui se trouvaient parmi le sable du Yermo. Il était rare pour un Arrancar de se montrer si peu disposé à bouger. Il y avait quelque chose de reposant à voir cette entité ainsi, ce qui expliquait qu'elle prenne son temps avant de lui répondre. Une âme de ce domaine ? Oui et non, à dire vrai. Mais il ne s'agissait pas là d'une question rhétorique. Elle irait au but. - En effet. Nacimiento, si cela vous intéresse. Tel est le nom de la ville qui se dresse face à vous. La ville qui n'existait pas il y a encore peu de temps et qui désormais prenait une place monstre, s'étendant de jours en jours en fonction des arrivées des Hollows du désert. Une armée en devenir, même si le travail pour les former et les instruire serait long et fastidieux. Elle s'en moquait, à dire vrai, cette partie de la mission n'entrant pas dans son domaine de compétence. Ses fonctions étaient limitées à dire vrai et elle s'en contentait. Elle reportait son attention sur la véritable fourmilière qui se dressait face à eux, se demandant ce que pouvait penser cet homme de ce qu'il voyait. Téthys plongea sa main dans le sable, s'amusant à en prendre des poignées avant de le laisser s'écouler lentement vers le sol. Un simple jeu mais qui la détendait. L'homme semblait être un solitaire. Ils étaient de plus en plus rares au sein du Yermo, ce qui lui faisait croire que la créature venait tout droit des terres se trouvant au-delà du Yermo. Ces terres qui gardaient en leur coeur certains des Hollows les plus terribles qui soient. Un frisson d'excitation la traversa. Son Hollow intérieur se réveillait-il ? Elle en doutait. Sa main se crispa... - Vous ne semblez pas connaître la cité. Il est impressionnant de voir qu'elle a pris une telle place en si peu de temps. Notre roi y est sans doute pour beaucoup, je présume. |
| | | | Rang : Roi Poussière
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| | Sujet: Re: Après la chute [Téthys] Sam 28 Juin - 19:30 | |
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« Une ville… »
Des mots que prononce le roi ancestral avec un mélange de dédain et de respect. Il fixe la banlieue d’habitations hétéroclites qui se déploient tout autour du palais imposant ; même de sa position éloignée, sans même utiliser ses capacités de perception, il peut voir toute l’agitation, toute la vie qui règne dans ces rues tordues, dans ces allées ensablées, au sein de ces habitations branlantes mais indéniablement là.
« Une ville Hollow, répète-t-il sans vraiment y croire. »
La preuve s’étend devant ses yeux, pourtant il doute, comme la victime d’un mirage trop absurde pour tromper véritablement. Son existence si longue a vu défiler les éons de ce monde, or jamais il n’y a eu, de mémoire de Roi Poussière, un tel rassemblement, une telle volonté d’existences communes.
Une ombre passe sur le visage de l’Ancien. L’idée lui vient qu’une figure unit tous ces êtres : celle qui hurle dans le crâne de tous ses enfants.
« Et ils tremblèrent tous ensemble en attendant que vînt la fin. »
Un jugement lâché à haute voix avec pour seuls auditeurs une enfant et les dunes. Vilmar reporte son attention sur la fillette qui lui fait l’effet d’une frêle créature vulnérable. Une impression trompeuse. Il sait mieux que quiconque que les apparences mènent à l’erreur, l’erreur à l’échec, l’échec à la mort.
« Mais toi… Que t’imposes-tu la présence des Hollows ? Tu n’es pas l’un d’eux. Une hybride hantée du visage d’os, à mi chemin entre les frontières. Tu n’appartiendras jamais à ce monde, et tu n’appartiens plus à celui d’où tu viens. Que penses-tu trouver ici ? »
Il s’absorbe dans la contemplation de la lune, ses traits éclairés par la froide lumière en une réminiscence de sa nature : derrière son masque d’homme, il y a la bête.
« Des déceptions qui t’attendent au terme de ton chemin. »
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| | | | Rang : Vizard
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| | Sujet: Re: Après la chute [Téthys] Sam 5 Juil - 11:19 | |
| Elle ne comprenait pas la totalité des mots que cette entité proférait mais cela n'était rien. Il semblait tout autant lui parler à elle qu'à se parler à lui-même. C'était assez dérangeant mais elle ne pouvait rien dire. Il était trop tôt. Obscure créature du Yermo, elle devinait que l'Arrancar était aussi vieux que les pierres. Son aura avait une marque étrange, même pour elle, et elle comprenait qu'il cherchait à saisir ces choses qui lui échappaient. Le fait que Nacimiento soit en plein essor surprenait nombre de Hollows : jamais on n'avait vu pareille structure au cœur du territoire des Ombres. Cela pouvait déstabiliser. Alors qu'elle se perdait dans la contemplation de la ville lointaine, elle prit le temps de soigneusement peser les mots qu'elle allait prononcer. L'inconnu semblait la mettre en garde au sujet du chemin qu'elle empruntait mais ce n'était en rien une nouveauté pour elle. Elle savait à quel point cette route était dangereuse. Elle était consciente qu'elle allait vers sa propre disparition en suivant cette voie qu'elle s'imposait. Mais elle le faisait sciemment. Sa décision était arrêtée depuis longtemps et il n'était pas question de faire demi-tour. Plus maintenant qu'elle avait un but. Il avait lu au travers des lignes. Il avait perçu la présence de son Hollow. Elle était à la frontière de deux mondes. Elle le savait. Mais c'était justement en cela qu'elle était dangereuse. C'était précisément grâce à cette nature double qu'elle était utile à son Seigneur et maître. Ses yeux gris se voilèrent un instant. Avant qu'elle ne reprenne la parole, doucement. - Vos paroles sont pleines de sagesse. Pour autant, vous vous trompez à mon sujet, Arrancar. Ce n'est pas la déception qui m'attend au bout de ce chemin. Mais la mort. Et elle ne la craignait pas. Son temps était révolu. Elle ne survivait que pour Santo. Sans lui, elle ne serait plus de ce monde. Ni d'aucun autre. Non parce qu'il lui avait sauvé la vie - elle n'avait jamais eu besoin de personne là-dessus - mais plutôt parce qu'il lui avait donné un but, une voie à suivre. Ce qui lui avait manqué durant ces six ou sept cent ans. - Je ne suis d'aucun monde, vous avez raison au moins sur ce point. Et je chérie cette liberté. Mais en un sens, vous n'êtes plus d'ici non plus. Votre nature est double, même si la plupart d'entre vous aimez vous convaincre que vous restez Hollow avant toute chose. Un frisson traversa son corps. Elle plaça ses bras au niveau de son torse, comme pour se réchauffer. - Je ne m'impose pas votre présence. J'aime seulement vous voir vous débattre pour survivre. Vous n'aviez que deux options par le passé... Évoluer ou mourir. Mais comme toute chose, ce choix a aujourd'hui évolué. N'est-ce pas une bonne chose. Vous faites partie des chanceux de ce monde. Mais qu'est-ce qui vous fait avancer, vous ? Elle se tut un instant, bref, laissant le silence du désert s'imposer dans son esprit troublé. - La contemplation n'est qu'un refuge. |
| | | | Rang : Roi Poussière
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| | Sujet: Re: Après la chute [Téthys] Lun 7 Juil - 22:51 | |
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Il pose sur elle un regard nouveau, emplit d’une tristesse incompréhensible. Il la regarde avec son visage d’enfant, et sait que les mots qu’elle profère sont ceux d’un adulte, d’une dureté incisive héritée des épreuves et de la souffrance. Les propos d’une vieillarde à l’âme usée sous un masque de jeunesse.
« Pourquoi es-tu déjà morte alors que tu vis encore ?, finit-il par demander. »
L’Ancien décèle dans cette dévotion aveugle une plaie, celle de l’existence, ne pouvant être comblée que par le baiser du néant. Aux yeux du souverain, il n’est de pire chagrin que de vouloir disparaître sans bruit. Il glisse de son promontoire avec lourdeur, la rejoint, s’assoit au sommet de la dune, et surplombant de toute sa hauteur l’enfant en étant assis, Vilmar faire face au palais d’encore plus près.
« Tu te trompes sur bien des choses, toi aussi. »
Vilmar tourne sa tête massive dans sa direction afin de lui arracher son attention, avant de retourner au spectacle offert par Nacimiento. La main épaisse du colosse effleure le sable près de son flanc, une invitation à venir à ses cotés pour rêver ensemble.
« Rien n’a changé, qu’importe ces pierres mises les unes par-dessus les autres que tu appelles cité. Elle retournera à la poussière quand viendra le temps. Elle est une horreur sur la surface de notre monde. Elle n’est pas à notre image, elle n’est pas pour ce que nous sommes. Comprends-tu ? »
Il cherche ses mots avec soin et les pèse, les polit, et après les avoir parfaitement taillés, les prononce distinctement. Sa voix caverneuse est comme une onde grave qui roule sur le sable du désert à la façon d’une avalanche invisible mais pesante.
« Tu te dédies à un combat perdu d’avance. Ton édifice rejoindra le sable, et l’idée qui l’habite mourra en même temps que lui. Nous sommes une espèce ancienne soumise à des cycles d’évolution, mais notre façon d’être demeure la même. Ton choix n’existe pas. Et en cette ère plus qu’en toutes les autres, chaque Hollow doit apprendre à compter sur sa force pour survivre, comme il l’a toujours fait. Vos murs ne vous sauveront pas. »
Vilmar songe à sa propre demeure, rien de moins qu’une montagne, brisée et mise en pièces par la fureur d’une bête qui a toujours été.
« Alors pourquoi cet endroit tiendrait-il plus ?, murmure-t-il à lui-même, oubliant jusqu’à l’existence de la fillette. »
Le Roi Poussière pense, se perd, pense à nouveau, et ce durant longtemps, happé dans un ballet incessant entre lucidité et souvenirs.
Puis il reprend, comme si le silence ne s’était imposé :
« Je n’avance pas, je reste. Pourquoi irai-je vers un futur que je ne discerne pas ? Il me sied mieux d’habiter un passé que je connais. C’est ainsi, cela l’a toujours été et le sera toujours. Et tu te trompes encore. »
La lune flotte au-dessus d’eux en cette longue nuit, ce depuis le début du monde ; œil d’argent qui juge ses enfants, maintenant et à jamais. C’est ainsi que se veut l’Ancien.
« De la contemplation immobile vient la sagesse. Car agir, c’est défaire. »
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| | | | Rang : Vizard
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| | Sujet: Re: Après la chute [Téthys] Mer 16 Juil - 21:26 | |
| Leurs points de vue divergeaient et chacun d'eux pensaient avoir raison. Téthys préférait ne pas exposer son avis avec trop de virulence : elle n'était que le témoin du temps et cela lui suffisait. Cette créature semblait ancienne mais qu'est-ce que les apparences pour eux ? Elle ne se voilait d'ailleurs pas la face : les propos qu'elle tenait balayaient tout doute quant à l’âge éventuel qui était le sien. Sous ce visage d'enfant se cachait une âme qui avait vécu. L'Arrancar l'avait deviné, il ne pouvait en être autrement. Elle n'eut d'ailleurs aucune réaction alors que le vieil homme se posait à ses côtés, surplombant sa silhouette. Il y avait quelque chose d'impressionnant à se tenir si près de lui. Il reprit la parole. Il exposait son avis sans arrière-pensée, sans craindre de quelconques représailles. Mais en même temps, que craignait-il ? Il était de cette espèce rare qui avançait sans se préoccuper des bouleversements que le temps apportait à leur monde. Il n'avait pas tort même si elle préférait croire que cet édifice tiendrait. Pas pour elle. Pas pour les Hollows. Mais pour son Seigneur. - Le temps seul saura confirmer ce que vous dites. Mais les pierres ne sont rien. C'est l'idée qui se trouve derrière qui est louable. La peur du changement n'empêchera pas cette idée de se propager. C'est un fait. Elle l'avait vu de ses yeux. Malgré le scepticisme, malgré ces mentalités qui peinaient à changer, il y avait eu du changement. Il y avait eu de l'espoir. L'espoir un peu fou qu'il existait quelque chose de plus grand que cette existence misérable à laquelle était vouée la plupart de ces Hollows. Cette idée un peu folle que l'on pouvait agir autrement que de seulement rechercher la mort des autres pour l'évolution. Que ce vieillard ne s'en aperçoive pas ne la dérangeait pas. Elle croyait en cet idéal. Comment faire autrement ? L'Arrancar semblait sûr de son fait. Il est vrai que le passé penchait inexorablement en sa faveur : les Hollows n'avaient toujours su compter que sur la force. Mais seule une poignée représentait quelque chose. Les autres n'étaient que des animaux, parcourant l'étendue du Yermo à la recherche de proies. Ou se terrant le temps que les prédateurs passent leur chemin. Cet homme était un prédateur, sans le moindre doute. Il ne se rendait pas compte de l'impact de cet Appel, de cette Citadelle, pour le coeur des plus faibles. Enfin, ils avaient quelque chose à quoi se raccrocher. Cela ne durerait pas ? Qui sait, après tout. Qui sait. - Le changement vous effraie. Car vous ne savez pas quelle sera votre place. Au bout du compte, peut-être que je ne me trompe pas tant que cela. Vous serez dépassé par les événements si ce n'est pas déjà le cas. Le passé est votre demeure mais il ne vous préservera pas éternellement de cette onde qui prend de l'ampleur jour après jour. Débattez-vous avec vos souvenirs. Débattez-vous avec vos croyances. Et laissez-moi croire que cette idée tiendra bon. Elle pivota et s'avança de quelques pas dans le sable, descendant en bas de cette dune sur laquelle la créature s'était installée. Le regard perdu en direction de la ville, elle adressa ces dernières paroles. Pas une mise en garde. Un simple point de vue, différent de celui de l'Arrancar. Et qui se défendait tout autant. - Attendre, c'est disparaître. Vous êtes une relique. J'espère que j'aurai le loisir de croiser de nouveau votre route. Peut-être alors saurons-nous qui est proche de la vérité. Elle tourna son visage dans sa direction, ses yeux gris plein de malice. Un étrange éclat l'enveloppa et alors que la lumière gagnait en intensité, elle disparue. Elle n'avait été qu'une distraction temporaire pour ce Seigneur du temps. Mais elle n'ignorerait pas leur échange. Le temps serait l'arbitre de leur débat. |
| | | | | | Sujet: Re: Après la chute [Téthys] | |
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