Alors c'est tombé, va falloir faire le ménage dans le Rukongai. Pas mécontent de pas avoir à y participer. Du crâne made in Rukongai, j'en ai assez éclaté quand j'en était moi même un résident. Puis là, il s'agit pas de mater une rébéllion ou je n'sais quoi, nan, c'est pour rattraper nos conneries. Toujours les même qui raquent. Tu m'diras, c'est pas comme s'il y avait une solution, mais sa fait quand même bien chier de devoir en arriver à de telles extrémités.

Shinjirô avait été clair là-dessus : personne à la onzième division ne participera au massacre. Le taf sera fait quoiqu'il arrive, et c'est habituellement à nous de nous taper le sale boulot, on va dire qu'c'est un juste retour des choses. C'est les autres qui vont se salir les mains, cette fois. Et le nom que l'on va associer à cette purge, ce sera celui d'Igarashi Shu. Capitaine d'la dixième, il a été désigné comme coordinateur des opérations pour tout ce qui touche à cette purge. Un rôle bien dur à endosser, et de ce que j'ai entendu dire, il est pas le mieux placé pour tenir ce rôle. Déjà sur la sellette pour tout ce qui est désertion et insubordination de par son passif, s'il merde sur ce coup, pas sûr qu'il garde son Haori. Et sa tête, d'ailleurs. J'me suis pas plus penché sur le sujet, juste deux/trois infos grappillés à droite à gauche (et ce que je savais déjà de notre première rencontre), histoire de mieux comprendre sa situation. Et en effet, il était dans une merde bien noire. Tu remplis pas le taff, tu prends de gros risques (j'connais pas la politique d'la nouvelle Cap-commandante là-dessus, mais je doute que l'insubordination soit quelque chose de bien vu), soit tu fais le taff, mais... Mais franchement, merde quoi. 3 millions d'âmes ! J'peux pas me mettre à sa place, j'vais pas m'la jouer en mode "je comprends ce que tu surmontes". Nan, j'ai aucune idée de c'qu'il doit traverser en ce moment même. 'Me doute bien qu'il doit morfler, moralement parlant. Parce que voilà, faut non seulement avoir les couilles de remplir la tâche, mais aussi avoir les épaules pour ensuite porter le titre de "bourreau" qu'il risque de se voir attribuer par la suite.

Parce que ça a beau être nécessaire, il a beau être lui aussi une victime d'ce massacre en un sens, ça, t'as des gens qui s'en foutent pas mal. T'as des gens qui verront pas "Capitaine Igarashi, malchanceux qui s'est vu attribuer la plus difficile des missions" mais "Capitaine Igarashi, cerveau de la purge du Rukongai". 'Fin, j'caricature, mais v'voyez l'idée.
Et j'pense que plus que le regard des autres, c'est celui que j'vois dans mon miroir que j'aurais du mal à soutenir, à sa place.

J'pensais à tous ça, pendant que je coordonnais la défense autour du "aux phalanges brisées". J'avais ramené deux/trois connaissances du Rukongai ici, par peur de les voir crever sous la lame des "collègues". Des informateurs, mais aussi et surtout des proches. Ici, ils étaient en sécurité. Ici, personne ne mourra. Cette petite parcelle du Rukongai sera totalement épargnée par ce massacre. Qu'ils essaient de foutre un pied ici, et ils seront bien accueillit.

J'fais deux/trois fois le tour du patelin, rien d'inhabituel, rien de suspect. Bon, on va pas faire ça toute la nuit, hein, autant s'rentrer à l'intérieur.

J'ouvre la porte, bar quasi désert. J'ai demandé plus tôt à un siège, Shinjirô se serait entretenu avec Shu il a de cela quelques dizaines de minutes. Ceci explique cela. J'me pose au comptoir, commande une bouteille de Saké. La nuit va être longue, autant la passer dans les meilleures conditions possibles donc.

J'espère que Shu a une solution pour faire le sale boulot vite et bien. Plus rapide et indolore sera sa méthode, mieux ce sera.

Une fois la réunion terminé je me retrouvais au Phallanges brisées, seul et avec plein d’idée en tête. Il était évident que cette réunion aurait un impact conséquent sur la suite des opérations et si tout se passait comme prévu peut être arriverais-je à sauver quelqu’uns de mes hommes de ce moment affreux. Je savais que la plus part seront désireux de me suivre, mais je savais aussi facilement qui serait capable de survivre au choc, et qui ne le serait pas. Certains le feront par devoir, d’autre parce qu’ils ne désirent pas me laisser seul dans ce pétrin, mais d’autre ne réussiront pas et finiront pas devenir des lâches, des déserteurs, et comme je l’avais vécu je ne pouvais désirer vouloir une telle chose pour mes hommes. Depuis mon départ j’étais devenu bon pour analyser ce genre de chose, pour discerner qui réussirait à faire passer son devoir avant sa conscience et qui ne réussirait pas. Je n’avais pas le choix et si je voulais que cette opération soit un succès il serait obligatoire que j’y participe et que je prenne le plus gros de l’action. J’en étais capable, et il le faudrait.

Je me dirigeais donc vers le bar, il me fallait un remontant et je savais qu’ici ils avaient mon préféré, celui directement produit par la Onzième en coopération avec la Deuxième. Une des fiertés de Noboru. Au bar je trouvais un homme que j’avais rencontré il y a longtemps de ça, à l’époque où il n’était pas encore Vice-Capitaine si mes souvenirs sont bon. Il était assis au bar où il sirotait une bouteille de Saké, exactement ce qu’il me fallait. Je me dirigeais donc vers lui d’un pas tranquille, encore chamboulé par tout ce qui s’était produit ces derniers jours.

Krow ça fait un bail. Je peux me joindre à toi ?

Sans plus de cérémonie je m’asseyait à côté de lui, maintenant qu’il était Vice-Capitaine plus besoin de le vouvoyez comme j’en avais pourtant l’habitude. Il faisait parti de la Onzième et avait la confiance de Shinjirô, cela me suffisait à le considérer comme quelqu’un de bien. Un fier Vice-Capitaine que son Capitaine semblait apprécier, vraiment apprécier. Au vue de la remarque de Shinjirô tout à l’heure, il savait que son subordonné ne le laisserait jamais croupir en prison sans rien tenter, il serait donc à moi en l’absence de Noboru de m’occuper de l’arrêter si jamais on devait en arriver là. Ce que je ne souhaitais clairement pas, car avec Shinjirô en prison le morale des troupes en prendrait un sacré coup. Il représentait un espoir pour le Gotei 13 malgré tous ses défauts, il était donc préférable que cela ne se produise jamais.

J’imagine que tu sais déjà pourquoi je suis là. On vient de finir de discuter de ce monstre bordel dans lequel on se trouve. Entre la prise de position de Shinjirô et mon rôle dans ce Génocide, on est dans une sacré merde…

Dépité, voilà la tête que je tirais. Le redire à haute voix diminua encore mon moral, même si la discussion avec le Kenpachi avait au moins eu le mérite de remettre les idées au clair dans ma tête. Je savais maintenant quoi faire et plus ou moins comment le faire. Chaque élément se dessinant dans ma tête, il ne me restait plus qu’au final à mettre le tout en place comme il faut et le tour serait jouer…

Ah bah, quand on parle du loup.

Salut Shu. Bien sûr que tu peux, assis toi !

Si c'est pas la tronche d'un homme abattu, ça ... Le voilà qui s'pose à côté de moi, tandis que j'vide mon verre d'une traite. On s'est rencontré par le passé. C'était aussi dans un bar, un bar du Seireitei. J'revois cette tête de con en train de voler vers le comptoir, tout droit sur Shu pour finalement venir s'écraser sur le mur, sans manquer de bousiller sa bouteille au passage.

S'en suivit une conversation autour d'une bouteille de saké, débutant par quelques questions d'usages pour ensuite s'attarder sur nos passés respectifs. Moi et ma p'tite histoire du Vasto, lui et sa désertion. Pas le genre de truc que j'aurais déballé comme ça à le première rencontre en temps normal, l'alcool m'y avait aidé, sans doute. L'alcool m'avait beaucoup "aidé" ce jour-là de toute façon, que ce soit pour me pousser à révéler mon passé comme ça, sans méfiance, ou que ce soit pour m'avoir motivé à demander un p'tit combat amical à Shu. Remarque, ça, je sais pas si je lui aurais pas proposé même sobre !

S'en suivit ledit combat, et la logique et tant attendue monumentale déculotté que je me suis pris. J'me rappelle avec un petit sourire aux lèvres la consigne de départ du combat, et ce que j'avais fait. "toucher mon haori", qu'il m'avait dit. J'y ai pensé grand maximum 10 secondes au début du combat, pour bien vite complètement oublier c'te petit jeu et m'imposer mon objectif à moi, celui que je m'impose à chaque combat d'entrainement : foutre le gars d'en face au sol.

Comme dit plus tôt, malgré les efforts, que dalle, j'ai au pire réussi à l'esquinter un peu, là ou moi j'étais en sang. De bons souvenirs. Une défaite, mais pas une défaite inutile. J'ai appris de cette défaite, comme j'ai appris de toutes les autres que j'ai subis auparavant. Certains n'y voient que le côté "bouhouhou, j'me suis fait défoncé, c'est la honte". Pas moi. Moi, j'repasse le combat en boucle dans ma tête, cherche à isoler mes erreurs, les comprendre, les corriger. Comme j'aimais le dire à l'époque : " j'suis là pour briser qui ose m'affronter, surpasser qui ose me vaincre". Ce p'tit gimmick un peu moisi que j'aimais me répéter pour me motiver, de temps à autre. Comme ça date, cette phrase... Rukongai. Mes premières années que j'avais déjà cet était d'esprit. Tu m'étonnes que j'finisse à la onzième quelques années plus tard.

Tous ces souvenirs qui refont surface, le regard dans le vide pendant quelques secondes. J'secoue la tête, me ressaisis. J'regarde le comptoir, mon verre vide, celui de Shu pas encore rempli. Vu c'qu'il va devoir faire d'ici peu, un moment de détente ne serait pas de trop. Sans même lui demander son avis, je remplis son verre peu après avoir fait de même avec le mien.

Santé !

Une gorgée sur ces mots, j'écoute les mots de Shu en même temps. Une sacrée merde, j'aurais pas dit mieux. Ils nous auront fait chier jusqu'au bout les Maho. Morts et enterrés, ils continuent à nous foutre des bâtons dans les roues. 3 millions d'âmes. 3 putains de millions d'âmes. Ils méritent pas ça. Des gens du Rukongai meurent tous les jours, pour des tonnes de raisons différentes. Mais mourir pour réparer les erreurs de leurs "protecteurs", nan.

Ouais, j'sais, j'étais à l'extérieur en train de coordonner les défenses autour du bar. On devrait pas avoir à en arriver à de telles extrémités. Tu devrais pas avoir à faire ça. Mais aussi dégueulasse que ce soit, ça doit être fait. J'imagine pas à quel point ça doit être dur à gérer, mais sache que t'as mon soutien, pour c'que ça vaut.

Pas grand chose, pour le coup. Le "j'suis avec toi, tu peux compter sur moi", on a dû le lui lâcher en masse. Sans prétendre avoir déjà vécu une telle situation , avoir dû gérer un tel bordel, je sais quel est le risque. Le risque qu'il pète un câble. Les responsabilités, les enjeux, le duel entre son devoir et ses principes ... Autant d'facteurs qu'un seul homme ne peut pas gérer seul. C'est c'que j'pense en tout cas. Aussi futile soit ce "t'as mon soutien", il reste important, d'mon point d'vue. C'est déjà assez dur comme ça, si en plus il se sent pas soutenu, c'est même pas la peine. J'suis pas psychologue, j'dis peut-être de la bonne grosse merde là. Au final, c'est juste l'avis d'une humble armoire à glace au sang chaud.

Tu sais comment tu vas t'y prendre ?

Vu de l'extérieur, on pourrait presque croire qu'on parle de quelque chose de banal...

Merci.

J’était malgré tout sincère. Son soutient, si facile que ce soit à dire je savais au moins qu’il ne me disait pas ça pour le simple fait de le dire. Il était sincère c’était bien là la seule satisfaction que j’avais à entendre ces paroles qu’on ne m’avait que trop répété. Je buvais mon nouveau verre d’une traite, laissant gentiment l’alcool prendre le dessus sur mon corps, je n’étais pas décidé à résister, il m’en fallait un peu, ne serait-ce que pour tenir ma propre conscience qui ne cessait de me pourrir la vie depuis l’annonce de ce bordel. Je n’avais pas la moindre idée de ce que j’allais faire, ni de comment je m’y résoudrais. Même si en l’occurrence tout était plutôt clair dans mon cerveau dans la façon de s’y prendre. Dans les faits ce n’était pas si compliqué que ça de jouer au boucher.

A la seule pensée de ce qui venait de traverser mon esprit j’eux envie de vomir. Je me dégoutais, comment pouvais-je ne serait-ce que penser à tout ça ? Reprenant la bouteille je me réservais un verre que je tirais aussi sec. Je ne faisais pas plaisir à voir c’était évident, mais pourtant je me devais de garder la tête froide, je me devais de tenir le choc, ne serait-ce que pour tout ces gens qui allaient mourir sans qu’il n’ait rien fait d’autre que d’exister.

Oui je sais déjà comment je vais m’y prendre… Il n’est malheureusement pas si compliqué que ça de s’occuper d’une telle quantité d’âme…

Un sursaut, rien que d’entendre ces paroles, dites d’une voix pleine de remords et de dégoût, je me donnais envie de vomir, de m’ouvrir le ventre plutôt que de ne serais-ce que continuer à parler de ces horreurs. Pourtant il avait le droit de savoir, le droit de connaître ce qui allait se passer et comment j’allais m’y prendre. Les Divisions devraient travailler toute ensemble et dans le calme et la rigueur la plus parfaite. L’on ne pourrait laisser personne s’échapper, dès que quelqu’un comprendrait ce qu’il se passait il devrait mourir, j’aurais donc besoin de tout le monde et de la coopération de chacun des hommes des six divisions qui se trouveraient sous mes ordres.

Les tests seront conduit par la sixième, ensuite chaque personne rentrera dans une zone préparé à l’avance, les Nécromanciens s’occuperont de protégé les dites zones, que personne ne puisse en ressortir, la nouvelle ne doit pas s’ébruiter. Des patrouilles seront faites pour éviter les gêneurs, et le reste des hommes n’auront plus qu’à… massacrer les personnes en question.

Je reprenais de mon sérieux. Je n’avais d’autre choix, il me fallait rester calme, je ne pouvais montrer le moindre signe de faiblesse. Devant lui peut importait, mais une fois devant mes hommes, devant les hommes des autres Divisions, je n’aurais d’autre choix que de rester le plus calme possible. Si le bourreau en charge de l’exécution se retrouvait à faiblir comment pourrais-je alors demander à ces hommes et femmes d’assassiner ces pauvres âmes ?

Je vois.

C'était encore la solution meilleure solution. Pas facile de réfléchir autant, de se forcer à trouver des stratagèmes, des idées, des façons de faire, quand la finalité du tout, c'est de buter 3 millions de gens. Pas facile tant que t'as une morale, du moins. Et Shu en a, de la morale. Certains ont la chance de ne pas avoir de remords, d'états d'âme ou autres "éléments perturbateurs" pour venir les freiner dans la prise de décisions si déchirantes. C'est pas le cas de gars comme moi ou Shu. Principes, doutes, autant d'autres facteurs qui viennent rendre toute cette opération encore plus ardue à mener.

Mais le taf doit être fait.

Et ce qui m'inquiétait le plus, c'était non pas les risques extérieurs, la résistance que l'on pourrait attendre de la part de certaines âmes du Rukongai. Ce qui m'inquiétait le plus, c'était les risques internes. J'suis à peu prés sûr que certains vont craquer, qu'on aura des Shinigamis qui vont lâcher l'affaire au dernier moment. à petite échelle et seulement parmi les exécutants, ce sera négligeable, mais parmi ne serait-ce qu'un seul des dirigeants, ça pourrait nous foutre dans la pire des merdes. Et on l'a déjà assez dit comme ça, mais le pire dans cette histoire, ce que l'un des plus exposés à un pétage de câble, c'est ni plus ni moins que Shu, le cerveau d'l'opération.

Je le regarde du coin de l'oeil, et j'le vois pas prêt. Il ne le sera jamais. Personne ne le serait. Ni lui, ni moi, ni personne d'autre. Sauf les psychos, les amorales et compagnie, ok, j'veux bien. Quoiqu'il en soit, il pourra pas tirer cette tronche devant ses hommes. Là, y a que lui et moi, donc peu importe, mais si le grand jour, des soldats eux-mêmes doutant du bien-fondé de tout ça venait à déceler de la faiblesse, du doute dans son comportement, c'est mort, ça tournerai au fiasco en moins d'temps qu'il n'faut pour le dire.

Le tout est bien pensé, et y a pas trente-six manières de faire le travail correctement. Mais vu de quoi on parle, va y avoir des merdes. Va y avoir des imprévus. J'essaie pas de jouer l'pessimiste, hein, j'te donne juste mon ressenti.

Une gorgée supplémentaire, j'commence à me masser la tempe. Ça m'prend la tête cette histoire. La purge, les Reapers, les doutes... Tout ça, ça me gave. C'est dans ces moments que j'envisage d'me barrer, de déserter. J'l'ai envisagé, ouais. Comme Shu l'a fait à son époque. Mais j'ai trop de trucs qui me retiennent ici. Le Rukongai, justement. Exemple tout con. Mais aussi et surtout, la onzième. Rien de surprenant, arrive un moment où c'te division prend une part importante de ta vie quand tu y passes un certain temps. Et c'est ça, c'est ces hommes et femmes, ces guerriers qui me retiennent ici, plus que n'importe quoi d'autre. Sans ça, je serais sûrement à Tokyo, Jean / basket, en train de vivre ma vie de "simple humain".

Puis nan. La vie tranquille, j'ai beau y aspirer parfois, c'est pas fait pour moi. 'Suis un homme de terrain, le coup d'la désertion pour s'la jouer p'tite maison dans la prairie par la suite, c'est pas moi. Je sais pas ce qu'il en est pour Shu, ce que je sais, c'est qu'il a l'air stressé par tout ça. Et ça m'inquiète.

Dis-moi Shu. En toute honnêteté. Tu te sens prêt à faire ça ? Tu penses avoir les épaules pour ? Te sens pas obligé de répondre, hein, et 'va sans dire que tout ce que tu pourrais me dire ne sera jamais répété. Comme tout ce qu'on pourrait dire d'autre, de toute façon.

Est-ce que j’ai vraiment le choix ?

Je le regardais d’un regard vide. Je n’avais tous simplement pas le choix sur ce coup là. Ce n’était même plus une question d’être prêt ou pas, ni même d’en être capable ou pas. Je ne savais pas où j’allais ni même comment je vivrais ce moment. Tout ce que je savais c’était que le choix n’était pas une chose dont je disposais. Sur ce coup là j’étais piégé. J’étais un ancien déserteur, et si l’on m’avait tendu la main une première fois je savais que cela ne se reproduirait pas une deuxième fois. Asuna n’était pas Kyroaku, et si je devais faire le mauvais choix c’est ma tête qui tomberait.

Je ne dit pas non plus que je n’ai pas les épaules pour ça. Simplement je n’ai jamais eu la possibilité de me poser la question. Asuna m’a assigné à cette tâche, et je n’ai tout simplement pas d’autre choix que de la réaliser. Tu connais probablement mon passé et tu dois savoir que je ne bénéficie plus depuis longtemps d’une deuxième chance… Alors je ferais ce qui doit être fait, peut importe les conséquences.

C’était une façon de pensé que je ne pouvais que suivre. Je n’arrivais pas à m’y faire et cela me paraissait toujours improbable. J’allais être le boucher en charge de l’élimination de 3 Millions d’âmes. Si je n’étais pas le seul à le faire je serais malgré tout en grande partie responsable de l’accomplissement de cette tâche. J’étais le Capitaine le plus fort mis à cette tâche. Il est plus qu’évident que mon quota de cadavres sera infiniment plus grand que n’importe qui d’autre, et que les répercussions sur ma propre personne le seront tout autant. Mais j’avais décidé que je le ferais, et je ne reculerais pas. Plus maintenant.

Mais toi, que va tu faire ? Je sais que Shinjirô ne veut pas que vous participiez et franchement si je le pouvais je vous rejoindrais. Néanmoins, j’aimerais que tu me promesses une chose, que quoi qu’il arrive, tu feras ton possible pour garder le Rukongaï sous contrôle. Je sais qu’il ne veut pas que vous gériez autre chose que les environs de cet endroit, mais pourtant, si tout dérape, l’on ne pourra s’en sortir sans vous.

Ma discussion avec Shinjirô c’était passé il y a quelques minutes seulement, et pourtant j’avais parfaitement compris que l’on ne pourrait plus compter sur le colosse. Il comptait partir, ou faire je ne sais quel bêtise. Il était sur de lui, comme toujours. Pourtant sans la Onzième Division le Gotei 13 perdait l’une de ses plus grosses forces de frappe. Sans compter l’apport du Kenpachi en lui-même.

Oui, quoi qu’il arrivait, Krow allait devoir reprendre les rennes, et j’espérais qu’il serait alors capable de prendre les bonnes décisions. Que si révolte il devait y avoir, j’espère qu’ils viendraient, toute la Onzième, unis sous un même leader. Peut-être était-il encore trop tôt pour que Krow le comprenne, après tout lorsque je l’avais connu il n’était qu’un simple siège, mais aujourd’hui qu’il était un Vice-Capitaine respecté de tous, il devrait y arriver. Arriver à comprendre l’étendu de ses responsabilités. Ces Responsabilités que le Kenpachi n'avait pas voulu assumer…

Et puis il y a encore le cas de ces Abrutis. Ils se croient si supérieur à nous, mais ils ne valent pas mieux, reclus derrière leur Commandant. Il ne faudra surtout pas les oublier, ni même les sous-estimer, car il risque de frapper le jour où l’on ne s’y attendra le moins. S’ils nous surveillent pour l’instant, viendra sûrement le jour où ils jugeront qu’il est temps de nous supprimer pour nous intégrer dans leur ordre.

Des propos bien pessimiste. Pourtant j’étais persuadé que cette bande de Reaper n’était en aucun cas là pour de bonne raison. Ils nous jugeaient piètrement, si sûr d’eux et si supérieur. Nous allions leur prouver qu’ils se trompent, oui, un jour ils comprendraient que nous ne sommes pas à sous-estimer, et que leur armée, si grande soit-elle, ne représente rien face à la puissance du Gotei 13 !