Et dire que je m'étais laissé emporter... Quel idiot je faisais, parfois. La nature même d'un Shinigami le poussait à agir stupidement. Cet homme avait agi avec imprudence et avait été sanctionné immédiatement. Mais avec le recul, je reconnaissais sans mal avoir été un poil trop emporté. La fatigue l'expliquait mais pas seulement. Mon grade me poussait à être plus prudent, plus réservé. Je savais que j'avais fauté. Et cela me donnait mal à la tête.

Quel était son nom déjà ? Ah oui. Attila. Shinigami de la Onzième division. Je savais que cette unité était capable de tout. Mais de là à me défier ouvertement. Imbécile que je suis, j'avais finalement accepté. Et évidemment, le résultat n'avait pas fait un pli. Ces soldats ne connaissaient en rien nos capacités, ni comment nous nous battions. J'allais devoir rendre des comptes. Et si je n'étais pas fautif au départ, j'avais tout de même manqué de discernement. Un bourdonnement familier me sortit de mes songes. Sting était allé en reconnaissance pour s’enquérir de l'état de santé de cet homme. Nous savions qu'il n'était pas mort, évidemment. Mais j'avais été obligé de laisser les membres de la Quatrième division prendre le relais.

Alors qu'il prenait place sur mon épaule, je sortis de ma poche le petit mécanisme sur lequel je travaillais depuis quelques semaines maintenant. Lorsque mon esprit était encombré, j'aimais plancher sur mes projets. Je dépliais ma sacoche, laissant apparaitre mes outils et commençais à m’atteler à la tâche. Tout en prêtant l'oreille à ce qu'il avait récolté comme informations.

- Ils ont réussis à évacuer le poison de son organisme. Il s'en remettra. Même s'il lui faudra quelques temps avant d'être de nouveau opérationnel. Sans doute une leçon qu'il n'oubliera pas de sitôt.

Il n'avait pas tort. Et tandis que je réarmais le mécanisme, une idée me vint. J'avais appris que le Capitaine Kiryû avait quitté ses fonctions. Et que le nouvel homme fort de la division était désormais son ancien lieutenant. Je terminais mon ouvrage et alors que j'entendais ce petit "clic" caractéristique, je mettais de côté l'orbe. J'étais pensif. Il y avait là une occasion unique de rencontrer un autre Capitaine - nouveau venu qui plus est - et de mettre à plat l'incident avant même que l'étincelle ne se propage en terrible incendie. Je rangeais mon matériel.

- Je vais me rendre à la Onzième directement. Il est temps de rencontrer leur dirigeant. Et de lui demander de mieux tenir ses troupes. Sans l'impétuosité de cet homme, il ne se serait pas retrouvé dans cette situation. Leeroy ou tout autre Général aurait sans doute été tenté d'abattre le Shinigami. On ne peut pas se permettre pareille erreur alors que la tension a grimpé de quelques degrés. Allons-y.

J'étais déterminé à lever le voile sur l'incident. Mais plus que tout, je trouvais là une opportunité unique de pouvoir en apprendre plus sur un des piliers de ce groupe. Je possédais de nombreuses données sur les Capitaines du Seireitei. Les anciens du moins. Mais Krow était encore un inconnu, ne m'étant pas plus intéressé que cela aux lieutenants. Ma mission était claire : au moindre conflit, je devrais alors semer le doute dans le cœur de nos ennemis. Et le meilleur moyen serait d'abattre les chefs. Pour cela, il me fallait les connaître mieux que mes propres hommes.

Nos quartiers se trouvaient dans les zones du Rukongai, protégés du regard des autres. Alors que je sortais de cette bulle protectrice, je me sentis revivre. Cette sphère était indispensable pour nous maintenir ici et nous préserver des autres mais elle obstruait aussi nos propres facultés. Alors lorsque je pouvais parcourir de nouveaux ces terres, j'en profitais. Cette sensation de liberté qui m'était chère et qui m'avait été enlevé pour le moment afin de garder un œil sur ces Shinigamis. Il ne nous fallait pas longtemps pour atteindre les portes qui protégeaient le Seireitei du Rukongai. Moins encore pour mettre les pieds devant l'une des divisions les plus emblématiques de ce secteur. La division du Combat. Les regards que l'on me jette ne sont pas amicaux. Et alors que de plus en plus de Shinigamis arrivent pour nous observer, j'en reconnais certains. De ceux qui étaient présents le jour de l'incident. Je comprends que je ne suis pas le bienvenue. Mais je ne me démonte pas.

- Je souhaite rencontrer le Kenpachi. Je suis le Général Vespa, représentant et porte-parole des Reapers.

J'étais en lien direct avec le porte-parole des Shinigamis, ce qui me permettait d'amener ce statut sur la table. La diplomatie était une donnée importante en ces temps. Même eux devaient comprendre qu'il était préférable de ne pas m'importuner. Mais auraient-ils cette réserve ? Ou agiraient-ils comme Attila que j'avais été obligé de neutraliser ?

- Restons sur nos gardes, Vespa. Je sens leur colère. Les reiatsu sont instables.

Je n'étais pas apeuré par cet attroupement. Je ne craignais qu'une chose en réalité. Que ma faim se réveille et que mes pulsions prennent le dessus. Ce qui serait une catastrophe. Je posais ma main sur le manche de mon poignard. Juste au cas où.