ça en devient lassant.

Lâchant nonchalement cette phrase, l'insecte soulève le hollow de sa main droite, tout en y chargant un cero, puis tire. La bête est réduite à l'état de poussière, poussière dispersée au vent pour se répandre dans le sable du Yermo, puis se confondre parmis les autres grains. Autour de lui, d'autres corps, certains démembrés, d'autres eventrés, décapités, et autre joyeuseries en tout genre. Arrive un moment où se genre d'occupation ne suffit plus. Le défi n'est pas présent, les Hollows s'enchaînent et se ressemblent tous, ne sont que des insectes à écraser pour le Cafard. Le seul objet de son intérêt est paradoxalement l'objet de sa haine : Las Noches. Rare lieu à constraster avec l'éternel sable du Yermo, le palais l'attire autant qu'il le répugne. Il veut fouler son sol autant qu'il veut le détruire brique par brique. Il est curieux des êtres qui habitent le palais, autant qu'il aspire à leur trépas. L'idée d'un Hueco Mundo Régit par un Roi, autour duquel les Hollows se ressembleraient en une communauté le séduit autant qu'il la trouve proprement aberrante. Mais ici, le sentiment de rejet est dominant. Aussi curieux puisse-t-il être de voir ce que pourrait donner un tel système, il est trop attaché à cette vision sauvage du Yermo pour permettre une telle chose. Depuis qu'il est hollow, Kafar n'a toujours suivi qu'une seule loi : Celle du plus fort. Celle qui régit le Yermo, qui ne s'encombre de nul grade ou autre fioriture.

Mangé ou être mangé, tué ou être tué, dominer ou être dominé, les choses ne devraient jamais être plus compliqués que ça. Et les tours du palais, hautes, arrogantes et sûres de leur solidité, viennent complexifier cette machine bien huilée. Un palais, déjà, était de trop. Mais une ville. Une ville ! C'en était trop. On ne forme pas un chasseur entre les murs d'une cité protégée. On forme des proies. Ainsi, cette ville n'était qu'un énorme garde-manger dans lequel était tout-à-fait possible. ça, un certain Dieu-Hollow l'avait bien compris. Cela dit, la vermine, même si la vermine, une fois regroupée, reste de la vermine, cela n'empêche pas le nombre de faire leur force. Et sous-estimer les guerriers ayant élu domicile en ces lieux serait une grave erreur, erreur de celles qui causent la mort.

Raison pour laquelle la colosse s'était déplacé prés de la cité, à quelques centaines de mètres à peine des premières batisses. Observer, sentir, déceler. Une simple reconaissance. Assit en tailleur dans le sable, yeux fermés, le chasseur se concentrait, cherchant à ressentir les Reiatsus présents dans la cité. De puissants, très puissants Reiatsus. Et entre deux monstres de puissance, une cinquantaine de faiblard, à l'énergie à peine perceptible. La masse. LE garde-Manger. Mais là où eux étaient de bien piètres mets, les gardiens du palais eux, pouvaient s'avérer bien plus appétissant. Mais il fallait les mériter, et pour pouvoir refermer sa mâchoire sur leur cou, le Vasto Lorde devra faire preuve de patience. Heureusement, la patience était une vertu chère à l'insecte, les longues traques furtives qu'il a été amené à mener au cour de son existence n'ont fait qu'affiner cette qualité.

Et s'il y a bien autre chose qu'elle ont affiné, c'est sa capacité à sentir lorsqu'il n'est pas seul. Alors même qu'il ne cherchait plus à sonder les Reiatsus environnants, le géant se savait épié. Mais il ne bougerais pas. Pas sans une raison valable. Vu sa proximité avec le palais, il s'agissait certainement d'un de ses résidents. Parfait. Ce qui était à l'origine une reconnaissance se transforme en étude. Voir ses actions, réactions, ou au contraire son inaction. Que la personne dans son dos choisisse s'aborder le colosse d'une quelconque manière ou qu'il passe son chemin, peu importe, tout était bon à prendre. Ici, l'Hollow se prenait pour un véritable scientifique, étudiant le comportement du Las Nochien sauvage dans environnement naturel. Quelle serait la réaction d'un habitant du palais face à ce géant, assit au sol, en train de fixer la bâtisse ? C'était là la question qui allait bientôt trouver sa réponse.

Aussi loin que remontait ses souvenirs, le vagabond n'avait jamais apprécié l'air vicié qui infestait l'édifice opalescent. L'accumulation des va et vient de ses congénères au fil des années, des souverains qui se succédaient... Des résidus d'époques en décadences qui n'aidaient pas le récent vassal des impératrices à se ré-accommoder au palais ; ni à la nouvelle élite qui marquerait cette ère nouvelle. En espérant que celle-ci soit moins fugace. Les pulsions de l'Aïeul et les récents événements dans la société des âmes furent les épicentres de ce tremblement au sein du monde creux.
Le glas du renouveau qui résonnait sur la cité de l'ombre. La meilleure chose qui pouvait arriver à cette bâtisse vétuste, confirmait son for intérieur, ses yeux rivés sur la voûte nocturne, entre les décombres de son nouveau domicile. Je n'étais pas le seul à penser que cette demeure méritait un coup de peinture, ironisa-t-il intérieurement, en s'échappant par un des pans manquant du bâtiment.

L'émissaire de la mort passait délicatement la main dans son dos, sillonnant son nouveau rang gravé sur sa peau achromique. La première marche de l'accomplissement des convictions auxquelles il croyait. Malgré son nouveau titre et les responsabilités qui l'accompagnaient, l'ange déchu s'octroyait quelques excursions dans l'erg immaculé. Celui-ci usait de sa " recherche de nouveaux bras armés ", pour défendre son - nouvel - étendard, afin de flâner dans ce désert de quartz qui l'avait vu émerger. Nul doute que sa désinvolture et son allure nonchalante irriteraient ses supérieurs, tôt ou tard. Jouer le funambule sur une ligne jaune, c'était bien là sa marque de fabrique, un maître en la matière. A la plus grande consternation de certains, pour son plus grand plaisirs.

Pérégriner dans ce lieu stérile, inanimé, lui permettait de converser avec son subconscient, mais il pouvait également laisser libre cours à ses instincts primitifs, ses humeurs bestiales. Ici-bas ne régnait que le chaos, il n'y avait ni Roi, ni Prophète, ni quoi que ce soit d'autre. Seule cette règle immuable demeurait en toute circonstance : " Manger ou être mangé ". Par ailleurs, malgré son vœu de servitude, c'était la seule loi en laquelle il croyait, le seul précepte qui l'empêchait de s'emparer du trône, un frein à ses aspirations. Pour le moment tout du moins.
Perdu dans les limbes de son esprit complexe, la dixième lame s'enfonçait entre les montagnes éphémères, méditant et refaisant le monde. Les mains dans son manteau carmin, l'être profitait du silence, de ce calme morbide, douce mélopée de ce paysage monochrome. Quelques cris venaient trancher cette paix macabre, accompagnant parfaitement ce concerto muet. L'un d'eux vint d'ailleurs extraire le démon de ses songes. Curieux d'en connaître la cause, l'homme se rendit à l'origine de ce vacarme passager, un rictus féroce prolongeant les bribes lactescentes de son masque. L'appel de la violence, les hurlements, la souffrance, de nombreux facteurs qui mettaient son cortex en éveil. Celui-ci ne s'estompa guère lorsqu'il vit l'instigateur de ce boucan. Un titan qui avait également assisté aux débordements de l'ancien. Sa charpente imposante, ou son apparence singulière ne s'oubliant guère. Encore moins de si près.

— Putain. Combien mesures-tu ? Fit-il en marquant une pause, se délectant par avance de sa prochaine phrase. Tu n'as pas le vertige quand tu me regardes ?