Aucune trace d’Alejandra. Quelle poisse !
Depuis que je l’ai quitté pour demander son aide à Borick El Emperador, je n’arrive plus à repérer la position de ma maîtresse. Certes, je n’ai jamais été doué dans ce qui est la localisation d’une personne via les Pesquisas – Un choix délibéré de ma part, afin de ralentir le mieux que possible la route mortelle empruntée par mon alter-égo - et j’en vois à présent toute l’utilité. Cela aurait été si facile si je ne m’étais pas limité par le passé… Mais ainsi est la vie et je ne peux que l’accepter. Alors, errant dans l’Hueco Mundo, je l’ai cherché. Encore et encore. M’arrêtant rarement pour me reposer ou bien attaquer des Hollows primitifs en quête d’information. En vain.

Impossible de mettre la main sur la Quinta. La chercher en dehors de Las Noches ? Tu parles ! Autant chercher une… Comment disais-je cela quand j’étais un humain… Une aiguille dans une botte de foin ? Je crois que c’était cela. Je n’en suis pas certain. Le désert de quartz est vaste et, sans nul doute, sans limite. Et sans Pesquisa, c’est comme s’égarer dans une forêt sans aucune carte… Autant dire qu’on a, en plus de ne pas trouver ce que l’on cherche, de fortes chances de se perdre et de ne jamais pouvoir revenir… Bien entendu, ce cas-ci est à exclure pour un Arrancar tel que moi, puisque je sais ouvrir un Garganta au cas-où.

Constatant que cela ne sert à rien que je poursuive ma recherche de mon Espada, j’ai donc erré dans Las Noches. Il n’y a rien d’intéressant à voir, ce monde est d’un parfait ennui pour moi. L’hispanique que j’étais était habitué à être entouré d’animation, que ce soit par les corridas que par les danseuses, par nos repas dont les tables étaient grassement servies par diverses plats locaux ou bien par nos batailles à l’épée pour épater les jeunes femmes. Mais là… Hormis des « BWEUUUARGH ! » ou des « Je vais te tuer car je vais prouver que je suis le plus fort, HA ! »… Non, vraiment rien qui m’intéresse un minimum.

Alors j’ai marché jusqu’à arriver dans une place où un gigantesque carré de sable blanc s’étend à perte de vue. Tout autour, diverses édifices, bâties du temps de ce shinigami à la chevelure ridicule… Aizen, me semble-t-il. Les mains dans les poches, j’ai poursuivi sereinement ma marche, le regard ciblant le sable. Mais soudain, j’ai remarqué un détail qui m’a fait m’arrêter sèchement. L’odeur dans l’air… Elle a subitement changé. Ce n’est plus celle du néant que je sens. C’est… quelque chose d’autre. Ou plutôt, une autre chose…

► Qui va là ? Interrogeai-je, sans daigner me retourner.

Je sais pertinemment que, dans mon dos, quelqu’un est là. Quelqu’un que je ne connais pas. Et en principe, quand un quidam apparaît subitement derrière une personne, cela ne présage rien de bon à l’horizon…

Tel un pendule, sa montre se balançait devant ses yeux, tandis qu'il surgissait au milieu de cet étendue blanche immaculée, cette zone singulière témoin de l'époque où ce royaume appartenait à un Shinigami.

Hypnose singulière, c'était à cet objet qu'il accordait toute son attention, et ce à chaque moment de la journée. Nombreuses âmes interloquées se retournaient en voyant cette personne s'avancer dans les méandres de Las Noches, regard rivé sur le garant du temps. Alors qu'autour de lui souvent le désordre et le chaos régnait, rien ne semblait le perturber dans son étrange méditation.

Lentement, sa tête se balançait de droite à gauche alors que ses iris orangés suivaient la course inéluctable de la trotteuse égrenant les secondes. Nul besoin de s'occuper la vision avec la futilité de son environnement, son Pesquisas le guidait là où était sa place et où la suite de sa quête d'éternité le mènerait.

Une ultime fois, ses souliers s'arrachèrent de la gangue de craie, avant qu'une voix s'en vienne l'interrompre lui qui ne demandait d'ordinaire que peu d'attention.
Lentement, il releva le visage, observant alors cette silhouette siégeant de dos et qui, certainement inquiet, l'avait hélé dans sa courte errance journalière.
Son attention se reportant alors sur l'objet de ses obsessions, il constata avec surprise les aiguilles s'étant stoppées respectivement sur là cinquième heure et la seconde qui la suivait... État figé, cette chose qu'il ne constatait que rarement etait le plus souvent le signe de moment clés de sa vie, lui indiquant souvent la voie à suivre.

"Es-tu l'un de ceux qui suivent la Cinquième ?" déclara-t-il de manière bien mystérieuse alors qu'il penchait la tête sur le coté, restant stoïque et ne répondant pas à la question de son interlocuteur.

Son visage n'exprimant aucune émotion, il rabaissait son bras qui jusqu'alors supportait sa montre à gousset, avant de rangé cette dernière dans l'une de ses poches, la chaine s'y glissant tel un serpent avant de disparaitre pour de bon.

"Je vois en toi l'errance d'une personne perdue... Cette force tumultueuse que je ressens en toi est elle le témoin d'un trouble qui t'anime et que tu ne parviens pas à résoudre ?" sa tête se pencha alors à l'opposé de manière plutôt dérangeante, donnant l'impression que la carcasse qui lui servait de corps n'était qu'un pantin morbide et désarticulé, ne pouvant réellement se tenir alors que le dialogue s'installait.

Sans hâte, il apporta sa main au niveau de sa poitrine, déposant ses fins doigts juste au dessus de son cœur avant de faire un salut poli à cet créature qui daignait lui adresser la parole et à laquelle il posait tant de question sans même savoir si elle le désirait.

"Pardonnez moi cette curiosité maladive... La soif insatiable que fait naitre en moi le mystère des personnes inconnues est une chose à laquelle je ne peux résister..." il se redressait alors, son regard détaillant l'homme toujours de dos "On me nomme Belial, même si je ne sais si porter un nom est approprié en ce monde si creux et vide alors même que je n'ai pas encore atteint l'éternel..." finit il par se questionner apportant sa main à son menton et scrutant le ciel d'encre.

Sur quel individu étrange était donc tombé cette homme si méfiant..? Il lui faudrait le découvrir par lui même, car comme souvent en ce monde, rares étaient ceux qui se dévoilaient dès la première rencontre...

► … Quoi !?

Un de ceux qui suivent la Cinquième ? Je ne comprends pas. Qu’est-ce qu’il raconte ce type ? Est-il saint d’esprit ? J’en doute fort. D’autant qu’à en constater cette manière de me regarder, avec sa tête penchée sur le côté et le fait que sa voix est des plus énigmatiques… Non, cet Arrancar n’a rien de normal. Je m’en méfie comme de la peste. Je me suis retourné auparavant pour mettre un visage à cet inconnu mais finalement, j’ai reculé de deux pas. Quelque part, ce gars m’effraie… Non pas parce qu’il est fort, ça d’ailleurs, je n’en sais rien. Mais plutôt parce qu’il dégage une aura qui apeure, quelque chose de perturbant. De plus… Quelle est donc cette espèce de montre étrange qu’il tient en main ?

Mais c’est ce qu’il a dit par la suite qui m’a vraiment fait réagir. Il a prononcé des choses à mon propos qu’un groupe très restreint de personnes sait… En dehors d’Alejandra, Borick & moi-même, personne n’est au courant au sujet de mon problème de personnalité. Comment donc peut-il être au courant ? Peut-être par El Emperador ? Non, ça ne lui ressemble pas… Et Alejandra ne dévoilera jamais l’une de mes plus grandes faiblesses. Après tout, ne suis-je pas son fidèle serviteur ? Intrigué et surtout inquiet, je n’ai pas hésité pour porter ma main sur le manche de mon zanpakutō & le dégainer, la lame dirigée droit vers cet énigmatique Bélial.

► Qui es-tu ? lui ai-je lentement demandé, arborant un ton des plus glacial.

Je ne tremble pas. Mon regard, le foudroyant de plein fouet, n’a rien d’amical. Intérieurement, je sens ma rage qui commence à bouillir. Et je L’entends, qui ricane. La situation L’amuse. Il se réjouit de mes inquiétudes, de cette sorte de peur en moi dont mon interlocuteur a pris connaissance par je ne sais quel moyen. Je le sens, Il souhaite sortir de son inactivité, de sa cage. Il veut s’exprimer. Mais à l’inverse de moi, Il n’utilise pas les mots pour se déclarer au monde : il use de ma lame, et ne déverse pas de belles & sages paroles mais bien uniquement du sang & de la chair fraiche.

En continuant à foudroyer du regard Bélial, j’ai soudainement compris son histoire de « Ceux qui suivent la Cinquième ». Il veut dire « Ceux qui sont les esclaves de la Quinta Espada ». Il sait que je redoute ma seconde personnalité mais il sait que je suis le Fracción de la Quinta, chose que je ne dis que rarement. Bon sang mais… QUI est CE gars !?

► Comment en sais-tu autant sur moi… ? RÉPOND ! Sauf si tu veux me forcer à te trancher la gorge…