Otsu en avait marre de rester à son bureau et de trier de la paperasse où de se lamenter sur son sort. Elle avait donc décidé que aujourd'hui, serait un jour elle ne ferait rien. Elle avait prévenu sa Vice-Capitaine qu'elle devrait endosser le rôle de secrétaire. La Vizard avait bien sur grommelait mais s'était pliée à la décision de sa supérieure. Elle avait certainement compris que la Boss avait besoin de repos et de détente, comme n'importe quelle personne en fait. Elle c'était donc assise au bureau de la chef de la huitième division et continuait les tâches que l'autre avait déjà commencées.

Otsu, son haori sur les épaules et son Zanpakuto au flanc droit, arpentait tranquillement les rues du Seireitei à la recherche d'une distraction pouvant égayer sa journée. Elle répondait aux salutations qu'on lui adressait ça et la, se permettant de lier des fois un début de conversation avec certains. Le haori avait du bon dans certains cas, de toutes façons il aurait été maladroit de sa part de ne pas l'emporter. Quant à Hisuizaiku, elle ne s'en séparait jamais, elle avait d'ailleurs entendu quelques rumeurs auprès de sa division comme quoi elle se lavait même avec, ce qui n'était pas totalement faux. Elle gardait son sabre près d'elle mais pas dans le bain. Pour le moment, elle regardait les devantures des boutiques, sans vouloir vraiment acheter, bref elle bullait tranquillement. Elle s'arrêta un moment et s'adossa à un muret, juste pour regarder les gens qui passaient. Elle aimait faire ça, et laissait libre cour à son imagination. Par exemple, cette femme, visiblement d'une famille noble, elle semblait pressée. Peut-être avait elle un amant caché et se dépêchait d'aller le rejoindre. Otsu soupira, d'ailleurs elle, elle n'avait pas encore trouvé quelqu'un, il fallait qu'elle y songe sérieusement. A cette pensée, elle se demande si elle n'était pas toujours restée un peu adolescente dans sa tête.

Elle fut interrompue dans sa rêverie part du tumulte venant d'une ruelle adjacente. Trois hommes, plutôt baraqués, bifurquèrent dans sa direction. Ils ne semblaient pour l'instant pas se souciaient d'elle. Au vue de leurs manières il s'agissait certainement de membres de la Onzième division. Ils parlaient forts et riaient à gorge déployée.

- Si tu voyais comment il c'est pissé dessus devant moi! Je te dis moi avec le ramassis de lopettes qu'il y a dans les autres divisions si une guerre éclate, on sera certainement les seuls en vie!

Et les autres ricanèrent. Ils se sentaient tellement intouchables. Soudain, celui qui avait pris la parole un peu plus tôt la remarqua et pointa le doigt dans sa direction.

- Et mais se serait pas la petite gamine de la Huitième division! Celle qui a pas sut tué une putain crachant du sang. Je vous dit les mecs si on avait envoyé le Kenpachi on aurait plus de problèmes!

Otsu ne releva pas la remarque et continua de faire comme si de rien n'était. Les autres continuèrent de ricaner bêtement. Se sentant pousser des ailes l'autre s'approcha de la jeune femme, un sourire carnassier aux lèvres.

- Mais c'est qu'elle est plutôt bien foutue! Dites moi Capitaine, une femme comme vous ne devrait pas être en train de faire autre chose, comme faire plaisir à un homme par exemple? D'ailleurs il paraitrait que c'est l'actuel Capitaine Commandant qui vous a recommandé à ce poste... Connaissant la réputation de l'homme je ne demande pas comment vous en êtes arrivés la avec ses...atouts.

Il avait insisté sur le mot Capitaine, comme si elle n'était qu'une ombre de ce mot. Il approcha ses mains de la poitrine de la jeune femme avec un regard pervers. Il n'eut pas le temps d'atteindre son but. D'un geste imperceptible concentrant toute la vitesse que pouvait avoir la Shinigami, elle sortit son Zanpakuto , attrapa la main qui s'approchait de ses seins et la cloua au sol d'un coup sec. L'autre eu un petit temps de latence puis hurla, tentant de retirer le sabre de sa main, mais celui ci était profondément figé dans le sol. Otsu posa son pied sur sa tête.

- Estime toi heureux que je respecte les règles imposées par ton chef en ce qui concerne les punitions. D'ailleurs toi et moi allons lui rendre une petite visite.

- S'il vous plait...Non.

Il en avait visiblement peur et elle s'en satisfaisait. De plus ça allait lui permettre de faire plus ample connaissance avec le Kenpachi qu'elle n'avait que brièvement aperçut à la réunion de crise à propos du monolithe. D'un geste elle arracha Hisuizaiku de la main du malheureux, ce qui lui arracha un cri de douleur , lui saisit la paume et appuya son pouce dans la plaie formée. Elle pouvait ainsi le guider librement et avoir son attention totale. Elle agita son sabre devant le nez des deux autres, qui étaient restés ébahis.

- Allez ouste vous deux je n'ai aucuns commentaires à faire sur vous.

Ils s'inclinèrent et s'enfuirent sans demander leur reste. Otsu soupira et emmena l'homme, qui pourtant avait 40cm de plus qu'elle, avec une facilité déconcertante.

Elle arriva devant les bureaux du Kenpachi et se tourna vers ce qu'on pouvait considérer comme son prisonnier.

- C'est là?

L'homme hocha la tête en signe d'approbation, livide. Elle frappa à la porte et entra. Le colosse s'y trouvait la, ainsi que son Vice-Capitaine. Le regard de la jeune femme s'attarda un peu trop sur ce dernier. Elle le trouvait plutôt à son goût, assez mignon. Elle rougit légèrement, tourna la tête et s'adressa à Shinjirô.

- Bonjour Kiryû-Taisho. Je suis Otsu la Capitaine de la 8eme division, nous nous sommes déjà vus mais n'avons pas été vraiment présenté. Enfin bref, je sais que vos lois concernant la punition de vos hommes sont très strictes. Il s'avère que le monsieur ici présent m'a incroyablement manqué de respect insinuant clairement que j'ai acquis mon poste uniquement grâce à mes charmes. Il a d'ailleurs tenté de les touchés. Je ne pouvais que réagir à cette injure et me suis permise d'empêcher le malheureux de continuer son geste, d'où la blessure à la main. J'espère ne pas avoir floué vos règles en intervenant de la sorte. Je me suis dit qu'il valait mieux vous l’amener avant que je perde définitivement le contrôle de mes nerfs.

Elle sourit à Noboru.

- Vice-Capitaine Kyuusei je présume. Enchantée de faire votre connaissance.

Elle revint au maitre des lieux.

- Je suis moi même, d'une certaine façon, une forte tête. Et je souhaite que vous compreniez mon comportement vis-à-vis de celui-ci.

Elle lâcha la main de l'autre qui s'écroula à genoux, tremblotant comme une mauviette.

- Oups!

Spoiler:

Depuis quelques temps, Shinjirô avait fort à faire avec les nouvelles recrues de son bataillon. A croire qu’on lui refilait l’ensemble des rebus du Rukongai. Ce qui évidemment n’allait pas permettre aux autres divisions de se faire une meilleure opinion de l’unité guerrière de la Soul Society. Si en d’autres circonstances, le colosse se moquait du regard des autres, il devait admettre en avoir marre de passer pour un simple animal tout juste bon à cogner les autres. Synthétiser ainsi les qualités des hommes de la Onzième l’agaçait prodigieusement. Et cela se ressentait clairement sur son humeur au quotidien. Dans ces cas là, seul Noboru était susceptible de calmer ses nerfs, lui qui était l’un des seuls qu’il écoutait réellement. La petite réunion privée qu’il avait ainsi organisée dans son bureau consistait précisément à trouver des solutions pour éviter aux nouveaux de déborder. Bien sur la peur était le principal moteur pour parvenir à ses fins mais les recrues étaient généralement des fortes têtes et avaient besoin d’une leçon pour comprendre qu’il fallait éviter d’emmerder le Kenpachi.

- Non mais j’te jure. Encore un problème de bagarre au Rukongai. Ces nouveaux n’ont vraiment rien pigés. J’fais finir par en buter un et l’accrocher au mur du bureau pour que les autres comprennent la leçon. T’as une idée toi de comment faire pour les calmer d’emblée ? Shunsui veut que j’y aille mollo mais ces débiles comprennent qu’en prenant des coups dans la gueule. Ils me font chier !

Son lieutenant se trouvait à proximité, écoutant son ami et le conseillant du mieux qu’il pouvait. L’un et l’autre avaient généralement la même manière de penser, même si Noboru avait tendance à mettre un peu plus d’eau dans son vin que son capitaine. Quoi qu’il en soit, ces situations les énervaient l’un comme l’autre. Noboru essayait toujours d’arrondir les angles mais lui aussi n’était pas facile quand il pétait un câble. Et à ce rythme, c’était la réputation de véritables guerriers qui allaient en pâtir à cause de deux ou trois branleurs incapables de se limiter. Le capitaine pouvait se permettre plus de choses qu’eux. Mais cela, ils semblaient l’oublier au quotidien.

Mais rapidement, les deux hommes furent coupés par l’entrée du capitaine de la Huitième Division. Nakatoto Otsu, jeune femme qu’il n’avait que peu eu l’occasion de côtoyer, accaparé comme ils l’étaient tous par leurs missions respectives. Faut dire que les autres évitaient d’ordinaire l’homme fort du Seireitei. Alors qu’elle prenait la parole, lâchant le shinigami coupable de ces exactions, la mine du colosse se renfrogna. Encore un. Et à en croire les dires de la jeune femme, ce dernier n’y avait pas été de main morte avec les propos.

- T’as bien fait de me l’amener. Toi, là ! Relève-toi ! J’vais m’occuper de ton cas personnellement mon pote. Tu vas voir ce qui arrive aux p’tites merdes qui jouent les durs dans ma division. T’as oublié que la seule personne que tu dois craindre, c’est moi ? T’as oublié que tes conneries me retombent dessus ? Crois-moi, tu vas en chier. Rejoins Kyoya, il va garder un œil sur toi le temps que je termine avec le capitaine Nakatoto. Allez, dégage !!

Le géant savait qu’avec Kyoya, le shinigami ne broncherait pas. Le troisième siège était à l’image des deux dirigeants de la Onzième : une brute implacable, qui pouvait briser des têtes très facilement. Reportant son attention sur Otsu, il reprit tranquillement :

- T’as pas à t’excuser. A ta place, je lui aurai brisé le bras. On est pas là pour se faire marcher sur les pieds par ce genre de débiles après tout. Un capitaine, ça se respecte. point barre. Il va regretter son geste. Ils sont pas tous comme lui, tu sais… Sans doute un nouveau qui veut encore jouer les patrons auprès des autres. C’est le métier qui rentre quoi. Il recommencera pas. Hein Noboru ?

Ca, c’était une évidence.

Ça commence à me filer la migraine toutes ces histoires. Et personne veut que je choppe la migraine, non, personne...

Se frottant l'arête du nez, comme pour repousser cette douleur naissante, Noboru soupira, secoua la tête, puis se retourna. Il avait coutume, lors de ses réunions avec Shinjirô, de s'asseoir à moitié contre le bureau de bois laqué de son Capitaine, dans une posture détendue qui allait de pair avec l'atmosphère de leur petites réunions quotidiennes. L'étiquette, entre eux, était inexistante. Sauf, peut-être, pour s'amuser ou parodier les emmanchés de la Neuvième.

La réunion d’aujourd’hui était spéciale, placée sous le signe du ras-le-bol. On reportait de plus en plus de cas de débordements entre les soldats de la Onzième et le reste du Gotei, et inversement. Chose intéressante quand, comme Shinjirô et le Kyuusei, on chaperonnait personnellement chaque péon pour qu'il file droit. De là à se demander s'il n'y avait pas une sorte de complot visant à semer la zizanie au sein des forces du Roi des Âmes, il n'y avait qu'un pas. Un pas que le Vif-Argent se refusait à franchir, pour l'instant, mais qu'il gardait bien calé au fond de son crâne, ne voulant rien négliger - et surtout ne pas se retrouver comme une bille. Le Capitaine rongeait son frein, et c'était peu dire. Et le pire dans tout ça, c'était que son adjoint commençait sérieusement lui aussi à envisager la possibilité d'en épingler un sur le mur.

- Sinon j'ai peut être une idée - traite moi d'idéaliste si tu veux. On pourrait les envoyer défendre les districts éloignés du Rukongai contre d'éventuelles incursions Hollow? Ou faire pareil, mais sur terre. Histoire de leur rappeler pourquoi ils se battent. Parce que là, j'avoue que sinon je sèche. C'est pas faute de les contraindre, de les faire marcher au pas, de leur faire peur...j'dois t'avouer que je commence à me demander si y a pas une intervention extérieure à tout ça qui nous chie dans les bottes. Du poison, peut être? A moins d'être très con. Mais pourtant, ici, les gars filent droit, et ils comprennent tout en plus...hmmm.

Il se perdait une nouvelle fois dans ses pensées lorsque quelqu'un s'annonça. Une femme, un Capitaine, selon son haori, trainant dans son sillage un des membres de la division, visiblement quelque peu amoché. Le mec couinait comme un porcelet, pathétique. Expliquant la brève altercation dont elle avait été la victime, le Capitaine Otsu, comme elle s'était présentée - un tout petit bout de femme, avec un petit quelque chose de juvénile tout à fait charmant - déposa son colis au sol, laissant le loisir à Shinjirô d'appliquer la sentence. Ce qu'il ferait dans les plus bref délais, ordonnait au malotru d'aller l'attendre en compagnie de Kyôya, le nouveau troisième siège. Prenant à parti le Kyuusei, l'Argenté rassura son homologue féminin du mieux qu'il put. Le Fukutaisho, ayant capté le regard que la belle lui avait lancé, un instant plus tôt, en était encore à décrypter cet étrange mystère de l'impossible quand il s’aperçut que c'était à son tour de parler. Refermant la bouche - il l'avait distraitement laissée ouverte alors qu'il ruminait - il ne pipa mot se contentant d'aller se placer sur le passage du shinigami de la Onzième, avant de le toiser de toute sa hauteur, l'air attristé.

Frappant dans son petit crâne de piaf, il s'adressa à lui, la voix trahissant son attitude affligée.

- Bah alors, on s'est cru pouvoir venir faire le cake avec une Capitaine? Mais sérieusement, mec, à quoi tu pensais à ce moment là? T'as de la chance que la dame est assez sympathique pour ne pas t'avoir cramé sur place! Quoique, en y réfléchissant bien, elle est peut être bien plus cruelle de t'avoir ramené à nous...franchement, tu me rends triste, mon pote. On fait tout pour pas passer pour des cons, et en une journée tu nous souffle sur le château de carte. J'ai pas besoin de te dire que tu vas prendre cher, hein?

Posant une main sur son épaule, il le dirigea alors vers la sortie, comme un repousse une branche derrière soi. Il était résigné, décidé à ne pas lui jeter un coup d’œil. Comme il était résolu à passer outre le mystère autour du comportement de sa supérieure qui le faisait tiquer. Se tournant vers elle, il prit d'ailleurs la parole.

- J'vous remercie de nous l'avoir ramené, plutôt que de l'avoir zigouillé sur place! Avec toutes les formalités administratives, ça nous aurait foutu dans la panade, et on a pas franchement besoin de ça en ce moment...

Il avait laissé trainer la fin de sa phrase, un regard appuyé en direction de Shinjirô. Référence sans équivoque à ses récents déboires avec des membres du Gotei, avec une exécution à son actif. Ça avait rué dans les brancards quand le Lieutenant l'avait appris. Bizarrement, Noboru arrivait sans problème à engueuler son "taulier" lorsque celui-ci se foutait dans la panade. Une réaction "de mère poule" comme l'avait gentiment tancé son ami de longue date.

- Bref, je peux vous assurer personnellement que ça n'arrivera plus, enfin j'espère - et encore, j'suis vachement optimiste. Y a un truc bizarre qui plane dans l'air en ce moment, et une vilaine atmosphère entre chiens et loups. Il avait des trucs particuliers sur lui, votre Don Juan? D'la gnôle, des potions, du tabac, un truc dans le genre? Un totem, peut être? Ou une amulette? Faut que je demande à Kyôya de vérifier...

Ça pouvait paraitre ridicule, mais plus ça allait plus cette hypothèse faisait son chemin dans sa tête. Tout ça ne pouvait pas être illogique à ce point...

Otsu était soulagée de voir qu'elle avait été bien accueillie. Pour tout dire, elle ne connaissait presque rien de la Onzième division si ce n'est que le dire des autres Shinigamis. A partir de cela, elle c'était forgée une opinion plutôt négative. Les deux chefs étaient plutôt sympas, bien loin de l'idée qu'on se fait de leur section. Certes ils avaient leur franc-parler mais cela ne gênait pas la jeune femme. Du moment qu'on était gentils avec elle, elle aimait bien la personne. Elle écouta parlait distraitement Shinjiro, son regard braqué sur Noboru. Il y avait quelque chose en lui de spécial qui l'attirait. Elle était bien loin de savoir quoi, mais c'était présent. Elle sortit de sa torpeur quand celui-ci vint réprimander l'homme qu'elle avait amené. Il lui posa ensuite une drôle de question.

- Non je n'ai rien vu de spécial avec cet homme. Si je peux me permettre, ne vous morfondez pas sur ce genre de cas. Certes votre réputation n'est pas au top, mais qui peut vraiment dire que ce n'est pas une sorte de marque de fabrique? Des dur à cuire, des têtes brûlées voilà ce que la Onzième à toujours forger!Je pense que c'est dans votre section que repose vraiment l'essence du Gotei 13. Après tout, notre organisation n'était pas à la base qu'une sorte de bande de mercenaires lorsque feu le Capitaine Commandant Yamamoto l'a fondée? Depuis lors les esprits se sont calmés sauf pour ce qu'il s'agit de la division des Kenpachis. Et je pense que cela mériterait réflexion pour être un peu plus belliqueux.

Elle avait dit cela comme animée par une flamme guerrière. Elle croyait sincèrement que en ce moment, le Gotei était un peu mou, comme endormi et qu'il faudrait un jour ou l'autre le réveiller.

- Par exemple, vous n'ignorez pas que j'ai fait parti de la mission visant à détruire ce maudit cailloux suceur d'âme. Selon moi, il y avait deux parties qui s'opposaient et qui illustraient parfaitement ce que je viens de dire. D'un coter Kaito, représentant ce Gotei endormi, frileux d'y aller, hésitant et peureux. De l'autre Reisen, impatient et dynamique. Moralité, il a détruit le monolithe sans tenir compte des ordres.

Elle ne se souciait même plus de l'étiquette, emportée dans son discours. Elle s'arrêta, la flamme s'éteignant doucement dans son esprit. Sa jeunesse s'exprimait de plus en plus ces temps ici, elle devait faire attention avec qui.

- Ce n'est pas parce qu'il y a quelques brebis galeuses que vous devez vous soucier de votre réputation. Peut-être que vos hommes s'ennuient ici à la Soul Society. Comme nous des fois avons besoin d'un combat pour nous remettre les idées en place, il leur faudrait une mission périlleuse. En plus cela vous permettrait de faire efficacement le tri méthode Onzième non?

Un étrange sourire amusé apparut sur les lèvres du Kenpachi alors qu'il remarquait un détail qui avait son importance : la jeune Capitaine n'avait d’yeux que pour son lieutenant. Et il fallait être aveugle pour ne pas le repérer. Tant et si bien que ses premières paroles furent directement adressé à ce dernier. Si elle n'ignorait pas le colosse, elle ne s'en préoccupait pas non plus. Et le petit ricanement qui sortit de sa gorge était facile à comprendre : il tenait là une nouvelle chose sur laquelle il allait pouvoir emmerder Noboru. Et ça, c'était toujours une bonne nouvelle. Retrouvant la position qui était la sienne avant l'interruption, le géant ferma les yeux et ne prêta finalement qu'une oreille partielle aux dires de la Nakatoto. Pour une fois qu'il n'était pas obligé de faire la causette avec un de ses semblables, il n'allait pas s'en priver. Noboru était là pour ça et elle ne demandait pas mieux après tout.

Différente des autres, elle l'était. Et si son regard ne semblait pas troublé par les actions de la Onzième - qu’elles soient passées ou présentes - elle avait une approche assez proche de celle qu'avaient les deux compères de la division du combat. Ce qui était rare, très rare même. Vint ensuite la petite histoire sur ce qu'il y avait eu lors de la mission. Le rapport était évidemment incomplet mais Shinjirô connaissait le fin mot de l'histoire puisqu'il s'était entretenu avec Reisen en personne. Ainsi, excepté quelques confirmations, il n'avait rien appris de bien nouveau. Ce qui expliqua ses propos suivants.

- Je sais dans quelle catégorie ranger Kaito et Reisen. C'est pour toi que je me pose plus de questions. Le rapport n'est pas clair sur tes propres actions. T'es Capitaine après tout... Tu devrais être plus qu'un simple renfort.

En réalité, il se moquait de la part qu'avait joué la jeune femme. Cette mission avait été un échec sur toute la ligne et chaque participant devait en porter la honte. Le colosse lui-même regrettait de ne pas avoir été choisi pour cette mission. Si le résultat n'aurait peut-être pas changé, au moins était-il sûr que le maximum aurait été fait. Or, il n'avait pas cette certitude avec le groupe envoyé sur le front. Il ne s'agissait pourtant pas d'une critique. Seulement d'un constat qu'il se faisait. Trop de capitaines se cachaient derrière de pseudo valeurs. La jeune femme semblait intéressante et il souhaitait une seule chose : qu'elle puisse réellement penser ce qu'elle venait de dire. Que pour une fois, ce ne soit pas de vaines paroles pour plaire aux dirigeants de la Onzième.

- Par contre tu marques un sacré point, ma grande. On se fait carrément chier. Et c'est pas en empêchant mes gars d'aller taper sur du Hollows que ça va arranger les choses. J'ai déjà déposé une - comment qu'on dit déjà Noboru ? - ah oui... Une requête auprès du Commandant pour qu'il me laisse agir à ma guise. Mais j'sais pas pourquoi, j'suis pas sûr qu'il accepte. Et pour c'qui est du tri façon Onzième, on gère. Nobo, Kyoya et moi savons comment s'occuper de ces petites frappes. On remarque rapidement les débiles.

Yeux toujours clos, le colosse ne pouvait s'empêcher de réfléchir sur les récents événements. Son ami n'avait pas forcément tort au final. Peut-être qu'une putain de magie était derrière ces débordements. Sans quoi comment expliquer que les mecs de la Onzième bravaient ainsi la peur et la mort en ne respectant pas les ordres et consignes de leurs dirigeants ? Comme l'avait mentionné Otsu, la division du Combat était un monde à part. Un monde dont le Kenpachi était le maître absolu, surclassant en quelque sorte le Commandant même si dans les faits, ce n'était pas exact. Rouvrant les yeux et adoptant une position plus conventionnelle, il braqua son regard dur sur les traits de la Capitaine.

- Mais c'est sympa à toi de t'inquiéter comme ça. Et ça fait plaisir d'entendre qu'on est la base de cette armée. Les autres préfèrent nous cracher dessus sans se rendre compte de l'importance de notre division. Et je sais qu'ils ne comprendront pas même lorsque mes gars tomberont au combat pour leur sauver les miches. C'est ça qui me fout en l'air. C'pas notre réputation, ça, on peut le gérer. Mais je ne supporte pas qu'on puisse dégueuler comme ça sur de vrais soldats qui n'ont qu'une chose en tête : la protection de cette foutue cité.

Shinjirô ne mâchait jamais ses mots, même lorsqu'il se trouvait face à un homologue. Shunsui en avait déjà fait les frais d'ailleurs. Le dernier qui avait osé insulter ainsi sa division, c'était précisément le Vice-Capitaine de la Quatrième Division. Un lieutenant qui avait finalement été tranché en deux - littéralement parlant - pour expier ces dires et le crime de libérer un Shikai devant un capitaine.

Bizarrement, rien ne concourait à étayer l'hypothèse du Kyuusei concernant une intervention extérieure. Autre fait qui fit basculer la conversation, la réaction de la jeune femme au haori face à cette histoire. Non contente de passer l'éponge, elle se laissait même aller à exprimer ses affections et ses croyances envers la Division de l'Achillée. Ça changeait pas mal, vu le climat de ces temps-ci...un vrai rafraichissement. Par contre, toujours ce même regard...Noboru se sentait de plus en plus démuni face à ces yeux de biche. Ça ne rentrait plus dans son domaine de compétence. Oh, les femmes, il connaissait, ce n'était pas comme s'il partait novice, mais faire face à tant de candeur, ça lui coupait le sifflet. A peine réussit-il à reprendre ses esprits et à baragouiner une réponse à peu près potable.

- Ah bah...ça fait plaisir à entendre, un peu de soutien de temps en temps! Je...euh...merci, quoi. Après faut pas s'en faire, ma petite dame! Les gars on les connait...

Il réfléchissait à un enchainement mais la belle l'avait déjà devancé. L'histoire du monolithe, la mention de cette mission en demi-teinte, un échec total selon lui. Et Reisen qui revenait sur le tapis. Le Vif-Argent en aurait bien craché au sol, mais il se ravisa au dernier moment. Non pas pour ne pas manquer de respect à Shinjirô, dans son bureau, non. Ça aurait été plutôt pour ne pas rentrer dans son propre jeu. Le Vice Capitaine de la Treizième lui filait des aigreurs d'estomac. Dans un autre univers, peut être que les deux hommes auraient pu s'entendre comme larrons en foire, à l'image de la relation qu'entretenait le Kiryû avec le Kireru. Mais le hasard avait voulu que celui qui s'était autoproclamé "rageux" décide de se la jouer en pleine réunion des Vice Capitaines, scellant définitivement son destin vis-à-vis de son homologue de la Onzième. Il avait fini par le cataloguer dans la liste des types sans intérêts, un homme de caractère certes, mais gâchant son trop plein d'énergie à se brouiller avec tout le monde. Un de plus à calmer à l'avenir, histoire de remettre les pendules à l'heure...

- Une requête.

Il avait sorti le mot que son Capitaine cherchait désespérément, sortant alors de ses réflexions pour se concentrer sur la discussion en cours. Au moins, lui rappeler ses démêlés avec les autres divisions avait eu le mérite de le sortir de la situation gênante qui s'installait avec le Capitaine Nakatoto. Du reste, les propositions fusaient, de part et d'autre du bureau, et le Kyuusei devait rajouter son grain de sel. A mort le protocole, il était après tout aussi utile que les deux autres pour le bon fonctionnement du Gotei.

- C'est quand même bon de savoir qu'on a l'appui de Capitaines si jamais on en vient à faire des propositions sur le plan militaire. Une division dont la spécialité reste le combat, on peut pas la laisser éternellement végéter sans rien se mettre sous la dent. Ça peut aussi expliquer les tensions. Maintenant, avec cette nouvelle menace qui se profile, j'espère bien qu'on viendra frapper à notre porte plutôt que de tourner cent ans autour du pot. J'espère bien qu'avec le temps, on a réussi à prouver qu'on valait mieux que de simples gorilles avec des épées. Serait peut être temps qu'on nous file du vrai boulot à abattre, pour qu'on montre l'exemple à suivre. Et sur cela, vous avez bien raison, Capitaine Nakatoto.

Maintenant qu'il se retrouvait dans son élément, sa voix s'était faite plus ferme, son débit plus rapide.

- Par contre, je partage pas l'engouement général concernant l'attitude de l'autre princesse de la Treizième. Faire avancer les choses, c'est bien beau, aller à l'encontre des ordres et prendre des initiatives quand la situation le commande, pas de problème, mais chier sur les bottes de tout le monde, c'est pas la marche à suivre. En un sens, bien moins subtil, il me rappelle un certain Capitaine avec qui t'as eu maille à partir, hein mon Shinjirô?

Référence explicite au comportement antipathique de Tenzen. Au moins ça lui parlerait.

Au moins, ils étaient sur la même longueur d'onde et cela ne déplaisait pas à Otsu. Mieux valait s'en faire des amis que des ennemis à la Soul Society. Elle préférait dix milles fois s'adressait à des gens qui ne mâchaient pas leur mot dans un climat bon enfant que avec certains nobles coincés du Seireitei. Néanmoins, elle se vexa lorsque Shinjiro parla d'elle comme un simple renfort.

- Je n'avais beau être qu'un simple renfort, les ordres sont des ordres et je ne les discute pas surtout venant de la part du Capitaine Commandant. Je pense qu'il fallait une puissance de frappe supplémentaire et il m'a jugé digne d'y aller sans pour autant ne pas envoyé les meilleurs atouts du Gotei 13 à savoir vous et le Capitaine de la 9ème division. Alors oui sur le coup je n'étais qu'un simple renfort mais j'ai toujours plus fait que Kaito et Kenji réunis. En fait, nous aurions très bien put n'être que moi et Reisen sur cette mission.

Elle reprit son calme. Cela ne servait à rien de s’énerver, après tout Shinjiro avait son franc parler, c'était comme ça un point c'est tout.

- Pour moi nous avons accompli notre objectif qui était de détruire le monolithe. Notre ennemi d'après c'est révélé trop puissant pour nous et je doute que vous auriez put faire beaucoup plus. Je ne suis pas Capitaine pour rien Kiryu-Taisho et même si la différence de niveau entre vous et moi est flagrante, je possède néanmoins une puissance suffisante pour me montrer digne de mon Haori.

Elle se tourna vers Noboru, mais cette fois, elle ne laissait transparaître ses sentiments, le regardant droit dans les yeux, le perçant d'un regard féroce.

- Quant à Reisen, je ne peux vous laisser dire cela. Il a désobéi aux ordres et selon moi ce qu'il à fait était juste. Le Capitaine Kawakami était incapable de quoi que se soit, j'ai connu des petites filles de mon district cent fois plus courageuses que lui. De plus, nous connaissons le caractère du Vice-Capitaine Kireru. C'est sa nature, on ne pourra pas le changer et à ce que je sache, il ne "chie pas sur les bottes de tout le monde" , seulement sur celles de ceux qui le provoquent. Je ne pense pas que nous sommes aptes à le juger sur son mental, surtout moi qui ai tendance à m'emporter.

Elle lui adressa un sourire enjôleur et se tourna vers le Kenpachi.

- Maintenant, si vous voulez bien je vais prendre congé j'ai fort à faire ses temps-ci. Notamment apprendre à notre cher Rageux à se contrôler. Si vous le croisez ne lui en touchait pas mots je compte le convoquer bientôt. Il serait dommage que son caractère le bloque à ce poste de Vice-Capitaine alors qu'il pourrait être notre égaux ne croyez vous pas?

Elle s'inclina devant Shinjiro et Noboru. Lorsqu'elle se redressa, elle fit un petit clin d'oeil à ce dernier, juste pour le provoquer. Elle savait que cette mimique ne passerait pas inaperçue aux yeux des deux Colosses et le Capitaine de la Onzième le chambrerait certainement sur ça. Elle s'apprêta à sortir puis se ravisa sur le pas de la porte.

- Autre chose! Saluez bien la personne que je vous ait amener de ma part. La huitième division n'aura aucun démêle avec vous alors il vaut mieux pour vos hommes qu'ils n'en aient pas avec les miens. Auquel cas, je les amputerais avant de venir vous voir, si vous le permettez bien sur.

Elle se retourna et s'élança d'un Shunpo vers ses quartiers.

Spoiler:

Spoiler:

Elle quittait la pièce presque aussi précipitamment qu'elle y était entré, laissant alors les deux compères comme deux cons. La dernière parole de la jeune femme ne put que faire sourire le géant, préférant ne pas commenter la sortie de la Capitaine par des propos superflus. Il lui avait conseillé lui-même d'agir avant de venir le voir, dans la mesure où le Shinigami n'était pas tué. Chose qui aurait de toute façon surpris le colosse qui était sans doute l'un des rares dans tout le Seireitei à pouvoir oser exécuter un homme de sang-froid. Posséder un pouvoir capable de tuer, c'était une chose. Mais de là à avoir les couilles de le faire, il y avait un fossé.

Haussant les épaules, il reporta rapidement son attention sur Noboru. Restait à parler de ce qu'il avait cru apercevoir pendant cet échange. Si son Lieutenant faisait mine de l'ignorer, Shinjirô ne pouvait faire l'impasse longtemps. Un large sourire lui barrait déjà le visage alors qu'il se mit à se marrer d'avance. Ce qui était généralement un mauvais signe pour son cher ami.

- C'plus une touche que t'as mon pote... Elle a super faim la p'tite. Sans déconner, elle te dévorait carrément des yeux, j'suis même surpris qu'elle ne soit pas partie avec un morceau quoi !

Et il se mit à se marrer derechef. Les femmes étaient généralement un sujet de plaisanterie entre eux. L'un comme l'autre ne manquant jamais une occasion de se vanner dès que l'occasion se présentait. Là, elle était trop belle pour être ignorée. Et sans doute que cette petite histoire collerait au cul de Noboru pendant un moment. Quand on tient un truc aussi bon, on ne le lâche pas facilement. Il le savait.

- Blague à part, j'crois qu'elle a mal pris le coup du renfort. Tu crois que j'y suis allé trop fort ? Elle a pas tort la petite. Même si on avait été là, pas sûr que les choses auraient changées. La prochaine mission du genre, pas le choix : on en est. Pas question de laisser croire à ces débiles qu'on sert juste à bastonner. L'est peut-être temps de se démarquer, nan ?