Noir, le ciel nocturne. Nulle étoile n'égayait cette vaste étendue d'encre sombre. Une pluie diluvienne s'abattait avec violence sur Karakura, noyant la ville dans une ambiance morne et humide. Même la lune semblait s'être éteinte derrière l'épais voile nuageux qui la couvrait depuis plusieurs nuits. Le pas lent, la tête inclinée et les cheveux dégoulinants, elle marchait dans le parc. Son humeur s'accordait à merveille avec le temps qu'il faisait : affligée. Elle venait de fermer la boutique que ses parents lui avaient léguée. Abandonnée à jamais, l'ambiance feutrée du magasin d'antiquités et son enivrante odeur de vieillesse. Elle ne reverrait plus ces babioles dans lesquelles elle avait placé tant de tendresse. Snö se sentait misérable, prise au piège d'une spirale infernale dont cet évènement n'était que le début. Elle culpabilisait aussi, blessée par sa propre impuissance. Avait-elle été trop désinvolte, elle qui avait toujours aspiré à autre chose ? Maintenant qu'elle avait l'occasion de fuir cette vie méprisée, elle ne s'en sentait plus le courage. Lâche.

- Pardon, pardon... soupira-t-elle.

« Tu es désirable, tu es différente, tu es sublime, tu pourrais facilement remonter la pente », lui soufflait une petite voix pernicieuse au fond d'elle. Mais elle n'était pas prête à sacrifier son intégrité pour assurer son bien-être. Souffrir, être livrée à la solitude, à la morsure du froid et aux dangers de la ville, elle pouvait s'en accommoder. S'offrir à n'importe qui, renoncer à sa liberté et salir son âme, elle n'osait pas même l'imaginer. Espérer lui suffisait, tout du moins s'en était-elle persuadée. Il viendrait, le jour béni où elle trouverait le chemin qu'on lui avait tracé... Elle se dirigea vers un banc de bois dont la peinture verte s'écaillait par endroit, elle s'y glissa. Snö ramena délicatement les genoux contre son ventre. Il pleuvait toujours, brutalement, sans arrêt. Son manteau noir était détrempé ; l'eau ruisselait sur ses mains et sur son visage. Elle coulait jusqu'entre ses lèvres en un baiser glacé, déversant son goût insipide dans sa bouche. La jeune femme renversa le minois en arrière, offerte aux sévices de l'averse. Aux gouttes de pluie se mêlèrent des larmes, cascadant sur ses joues rougies par le froid. Pas un sanglot ne vint profaner le crépitement de l'ondée. Elle pleura en silence.

Son cœur se mit subitement à battre la chamade, résonnant jusque dans sa tête. Quelqu'un était là, debout face à elle. Elle ne l'avait même pas entendu arriver, tant elle était absorbée par sa mélancolie. Elle rabaissa le menton pour le regarder. C'était un homme, plutôt grand. Ses prunelles inondées de larmes peinaient à le dévisager correctement dans la pénombre. Restant assise, les yeux levés vers lui, elle le questionna d'une voix dont les vibrations trahissaient l'anxiété :

- Je peux faire quelque chose pour... vous ?

Quelle idée saugrenue de sortir par un temps pareille, la pluie battante m’avait trempé en à peine quelques secondes et j’étais déjà frigorifié. Les gouttes ruisselaient sur ma tignasse noir ébène, détruisant ma coupe que je prenais tant de sois à garder parfaitement négligée. Maintenant il n’avait plus aucune harmonie et n’était qu’un amas de fibre trempé posé sur ma tête. Je ne savais toujours pas ce qui avait pu me prendre de sortir par un temps pareille, mais j’en avais besoin et malgré la pluie je me sentais bien, l’eau semblait me rafraîchir plus que de normal, m'aérant autant le corps que l’esprit. Je n’avais pas des journées particulièrement dur, mais l’amas de travaille et le fait qu’Imari ait repris les habitudes de Jinta en ce mettant sur mon dos pour me forcer à bosser n’était pas pour arranger les choses. J’avais donc décidé de m’éclipser sans le lui faire savoir, tellement persuadé qu’elle était que la pluie m’en empêcherait.

Je marchais sans but dans la nuit, l’orage pour seul compagnon. Jusqu’à ce que je l’aperçoive, cet ange assis sur un vieux banc de la ville, les genoux repliés contre son ventre. Elle semblait si seul, si triste, mais pourtant si belle. Je m’approchais d’elle sans qu’à aucun moment elle ne semble détecter ma présence. Au dernier moment sa tête bougea, pour que ses yeux vert d’où semblait avoir coulé des larmes croisent les miens. Je serais resté là des heures à l’observer, cette ange descendu du ciel. Et pourtant sa question dégageait de l’anxiété, probablement que je lui faisais peur tout de noir habillé comme je l’étais.

Non je ne crois pas, par contre moi je pense que je le peux pour vous.

Je ne pouvais pas laisser sous cette pluie battante une si jolie demoiselle, mais par chance nous étions dans mes quartiers et je savais qu’à deux pas d’ici il devait y avoir un abris où l’on pourrait s’abriter jusqu’à la fin de l’averse. Un abris dans lequel il fallait absolument venir, un jour lorsque les cerisiers étaient en fleur, que les températures remontaient. Un endroit en dehors du temps que j’affectionnais par dessus tout ! Mais je m’égare, il fallait d’abord que j’amène cette demoiselle jusque là bas !

Venez avec moi, je ne vous ferez pas de mal !

Lui dis-je avec un sourire plus innocent que je l’aurais voulu tout en lui tendant ma main pour l’aider à se relever et l’amener jusqu’où je le voulais. Là-bas je pourrais facilement réchauffer discrètement l’endroit pour que nous n’ayons plus à souffrir du froid. Mon affinité avec le feu n’avait dans ce genre de situation pas que du mauvais il fallait l’avouer... Car si j’étais capable de dégager un Reiatsu de feu écrasant, je pouvais aussi le laisser filtrer en quantité plus fine pour simplement réchauffer l’endroit délicatement !

Snö frissonna, le corps remué par le froid comme par la peur. Que croyait-il pouvoir faire pour elle ? L'arracher à cette existence morose ? Cet inconnu dégageait quelque gaieté naïve qui invitait à la confiance mais la jeune femme était de nature sauvage. Elle guigna la main qu'il tendait vers elle d'un œil craintif. Simple invitation cordiale ou piège subtil ? La question lui trotta dans la tête quelques secondes. Elle finit par conclure qu'elle n'avait, de toute façon, presque plus rien à perdre si ce n'était la vie et que celle-ci ne lui était plus assez précieuse pour qu'elle lutte afin de la préserver.

- Si vous pensez pouvoir m'aider, alors je viens, soupira-t-elle.

Sa pâle menotte, ruisselante, vint se loger dans celle de l'inconnu. Là, calée contre sa paume, elle palpitait sous les émotions. Aussi fragile, aussi vulnérable qu'un papillon, il sembla à Snö que la main qu'elle lui avait abandonnée pouvait être brisée d'une seule maladresse. Elle-même grelottait et paraissait plus faible que jamais. Elle déplia mollement les jambes puis l'ensemble du corps afin de se lever, se dressant désormais auprès de lui. Elle l'épia en coin, le jaugeant de ses yeux clairs avec curiosité avant de demander d'une voix confuse :

- Vous êtes sûr que vous n'allez pas me faire de mal ?

Elle retira bien vite la main de la prison de chair dans laquelle elle l'avait consignée. Elle voulait bien le suivre, sans savoir pourquoi, sans réelle conviction mais elle tenait à garder ses distances. Elle tenait à se protéger quand même un peu, malgré l'imprudence dont elle faisait preuve. Il y avait dans la situation quelque chose d'indéterminé qui la happait, qui la poussait malgré elle vers un avenir incertain. Ne pas savoir qui il était ni ce qu'il voulait, ignorer où il l'emmenait et ce qu'il comptait faire, cela lui était aussi séduisant qu'inquiétant. Elle le laissa l'entraîner à sa suite, aveuglée par la pluie et raidie par l'émoi, avide de découvrir l'endroit où il la conduisait.

- Pas une once de mal ? reprit-elle, d'un ton presque déçu. Être sauvée, n'était-ce pas souffrir avant tout ?

Sa main qui se logeait au creux de la mienne, une main si fragile qui me donnait l’impression que si je n’y prenais pas assez attention je risquerais de la briser d’une simple pression trop forte. Je l’aidais à se relever, la tirant légèrement avec toute la douceur possible pour ne lui causer aucun mal, ne la brusquant pas. Dès qu’elle fut debout sa main si douce se retira de mon étreinte de velours comme pour se protéger de moi tout en me demandant si j’étais bien sûr de ne pas lui vouloir de mal. Un léger rire amusé s’échappa de mon corps, je l’observais d’un sourire d’ange, la contemplant debout derrière moi. Oui j’étais sûr de ne pas lui vouloir le moindre mal, bien au contraire, je désirais la protégé, ce petit être si fragile !

Oui je suis sûr ! Venez vous ne serez pas déçu !

Je faisais mon possible pour ne pas la stresser, pour l’amener le plus en douceur possible jusqu’à cette abri qui ne se trouvait qu’à quelques pas de là ! Là-bas elle pourrait se réchauffer et ne surtout pas mourir de froid comme elle le faisait ici ! Je ne désirais que son bien après tout !

Elle me suivait malgré tout sans rechigné, ayant probablement décidé de me faire confiance. Le temps ne s’améliora pas, et la pluie battante continua de s’acharner sur nos deux êtres, je ne pus rien faire pour la protéger de cette pluie si ce n’est la faire avancer légèrement plus vite pour que nous y arrivions ! Ce qui ne devrait plus tardé ! Quelques pas devant nous commençait à apparaitre les contours de ce petit abri ne disposant que d’un toit mais qui serait suffisant pour nous abriter de la pluie, je me chargerais du reste pour que rapidement elle se sente mieux ! Au pied de notre but elle osa encore me demander si je n’allais pas lui faire de mal. Que pouvait-il bien lui être arrivé pour qu’elle soit si craintive ? Avais-je une tête qui faisait si peur que ça ?! Je ne savais pas mais il devait y avoir quelques chose !

Je ne pris pas la peine de lui répondre, me contentant simplement l’amener jusqu’au centre de l’abri où je la fis s’asseoir sur l’un des bancs qui se trouvaient là. Et je me positionnais au centre de l’endroit, laissant mon énergie s’échapper à très faible dose de mon corps. Rapidement je sentis mon corps se réchauffer, regagnant en chaleur, mes vêtements séchant par la même occasion et mon visage retrouvant des couleurs. Rapidement ce fut tout l’endroit qui gagna en chaleur et elle commencerait à se sentir mieux, la température était assez élevé mais je faisais ça pour qu’elle ne soit plus trempé, après quoi je redescendais la température pour la porté à une température constante parfaite ! Une fois cette opération réalisé je m'asseyais à ces côté, laissant toujours mon énergie se déverser dans un flux tranquille.

J’espère que vous vous sentez mieux ! Je ne voulais pas vous effrayez, simplement vous apporter un peu de chaleur !

Lui dis-je avec sourire. J’espérais réellement qu’elle se porte mieux, car la voir dans cet état n’était pas quelques choses que j’appréciais.

Oh j’en oublie même les bonnes manières, je suis Shu, enchanté !

Au moins lui faisais-je plaisir avec ma petite attention. J’espérais surtout qu’elle se sentirais mieux, car je ne pouvais qu’à peine imaginer la température actuel de son corps qui avait du chuter bien bas à rester ainsi sous cette pluie battante, alors que nous n’étions pas dans les période chaude de l’année. Je ne sais pas vraiment pourquoi je me sentais de la protéger ainsi à vrai dire. Il est vrai qu’elle avait un certain charme, mais de là à dire que c’était dans des intentions bassement physique que j’avais fait tout ça il y a un pas que je ne franchirais pas. J’avais pourtant l’habitude de ne pas me préoccuper du sort des humains, les laissant à leur vie sans m’en préoccuper, qu’ils en fasse ce qu’ils veulent peut m’importait ! N’étant la que pour les protéger d’entité contre lesquelles ils n’avaient aucun moyens de survie. Mais voilà cette jeune humaine, qui semblait si fragile, si frêle, je n’avais pu m’empêcher de sentir un sentiment protecteur s’emparer de moi et avoir envie de la sortir de cet endroit où elle se trouvait.

Je souris, amusé, lorsqu’elle me parla de l’augmentation de la température. Oui c’était vraiment étrange c’est sûr ! Ahah pas facile de s’imaginer à quoi cela pourrait ressembler vu d’une personne ignorant tout des mondes spirituel et du Reiatsu. Mais à vrai dire je n’y avais pas pensé une seconde, je ne comptais que l’aider, peut importe. Dans cette ville elle en croiserait des tas des gens bizarre, alors je ne me formalisais pas pour si peu, j’étais de toute façon mort depuis trop longtemps pour encore penser au regard des humains sur moi.

J’irais pas jusqu’à dire que c’est étrange, après tout j’y suis pour quelque chose.

Un rire léger s’échappa de ma bouche après ces paroles dites sur un ton tout aussi léger, comme si c’était parfaitement normal. Je voulais voir comment elle allait réagir, peut importe après tout, tout ce que je désirais était de réussir à la faire sortir de cet état dans lequel elle se trouvait en la bousculant un peu, peut être réussirais-je à quelque chose, qui sait ?

Son prénom lui allait plutôt bien je trouvais, un nom tout aussi bref que le miens, qui me faisait penser à l’hiver, sans vraiment que je sache pourquoi. Comme si son nom était un parfait résumé de son état actuel, comme s’il représentait la seul facette d’elle que j’avais pour l’instant pu découvrir. Bien que j’espérais à vrai dire pouvoir en découvrir d’autre, qui sait, si elle reprenait un peu du poil de la bête, peut être que ?!

Ça dernière question en fut presque offensante. Je n’avais pas pris pitié d’elle du moins je ne le pensais pas, ne considérant pas cet élan protecteur comme de la pitié, mais plutôt comme une envie de l’aider, simplement. Sans arrière pensée. Pour une fois que quelqu’un faisait quelque chose sans ne rien demander en échange, ni même n’avoir de pensé pour la suite, pourquoi ne pas en profiter ? Ces humains à toujours voir le mal partout était parfois agaçant...

Non je ne dirais pas que ce soit de la pitié, je trouvais simplement qu’une jeune fille comme toi ne devrait pas rester sous le froid si longtemps, mais bon qui sait j’suis peut-être déjà trop vieux et je me la joue trop protecteur...

- Comment ça, tu y es pour quelque chose ?

Sa voix troublée percuta l'air tiédi de l'abri. Elle se mit à le fixer d'un œil éberlué. Cela s'entend, ayant toujours vécu dans cette ville et étant elle-même dotée d'un pouvoir surnaturel, ce n'était pas la première étrangeté à laquelle elle faisait face. Mais à chaque fois, à cause d'une ancienne recommandation, elle les appréhendait avec une très forte réserve. Pourtant, au fond, elle était curieuse au sujet de ces phénomènes inexpliqués ; s'il n'y avait eu ce vieil avertissement qui la hantait probablement eût-elle harassé son interlocuteur de questions impérieuses.

Shu était calme, souriant, presque rieur ; rien qui puisse alerter la jeune femme. Depuis le début, il était resté constant, aimable et chaleureux. Changeant de sujet, il expliqua assez clairement pourquoi il lui était venu en aide. Une risette indécise ourla les lèvres de Snö. Il y avait quelque chose de touchant chez lui qui atténuait tant bien que mal ses inquiétudes. Elle en oublia ses craintes durant quelques courts instants.

- Je ne l'avais pas vu comme ça, je ne suis plus habituée à ce qu'on veille sur moi.

Des éclairs de nostalgie sillonnèrent son regard tandis qu'elle songeait aux heures lumineuses de son enfance. Elle avait passé ces deux dernières années dans une solitude presque complète, à se méfier de tous et à dédaigner autrui. Elle avait oublié la bonté de certains êtres, dressée contre le monde entier qui lui avait semblé être coupable des malheurs qu'elle vivait. Cette rencontre imprévue lui jetait à la face à quel point elle s'était trompée. Tant de temps de perdu pour des illusions... Pensive, elle se leva.

Elle n'en restait pas moins soupçonneuse. Il avait confessé lui-même être lié au réchauffement subit de la pièce et elle ne comptait pas le lâcher sur cette affaire qu'il fallait éclaircir au plus vite. Elle vint se planter devant lui de sa démarche élégante, sans se presser. Là, elle le toisa de ses iris inquisiteurs. Allait-il satisfaire sa curiosité ? Elle avait soif d'en savoir plus au sujet de ce genre de miracle : enfin y comprendre quelque chose, cesser d'avancer à tâtons, sortir de la pénombre.

- Alors, comment peux-tu être lié à cette chaleur soudaine ?

Disons que je connais deux trois petits tours...

Une réponse tout ce qu’il y a de plus fuyante, je ne comptais pas lui offrir toutes les réponses qu’elle désirait sur un plateau non plus ! Et puis après tout c’était pas un réel mensonge de lui dire ça, non ? C’est vrai que des tours de magie j’en connaissais deux trois, bien que celui-ci reste le plus impressionnant pour une personne ne connaissant rien des énergies spirituelles. Je n’arrivais d’ailleurs toujours pas a me décider si elle était une simple humaine, ou un peu plus. J’aurais bien essayé de sortir de mon Gigaï, juste «pour voir», peut être me penserait-elle morte, ou alors me verrait-elle et comprendrait-elle ? Ou alors elle cachait son jeu à la perfection et me prenait simplement pour un con avec ces questions ? Bien que j’en doute au vue de ce que je pouvais connaître d’elle.

Que l’on veille sur elle, c’était pourtant ce que nous faisions depuis des années, mais sans qu’elle ne s’en rende tout simplement compte. Après j’imagine qu’elle parle de sa famille ou des gens qui sont censé le faire. Mais ne connaissant rien d’elle je ne pouvais savoir ce qui avait pu se passer pour que plus personne n’ait l’envie ni le courage de s’occuper d’elle. Elle n’était pour moi qu’un petit être fragile ne demandant qu’à être sauvé ! Comment personne n’avait pu jusqu’alors la sauver ?

Je l’observais s’approcher de moi, peut être même que cela l’aiderait à comprendre le phénomène, car forcément, si à quelques mètre de moi la température était parfaite, en s’y rapprochant celle-ci augmenterait forcément. Elle ne me dérangeait plus depuis bien longtemps, mais peut être que pour elle ? Je n’osais trop en faire, si cela avait été n’importe qui d’autre je lui aurais fait comprendre en augmentant la température encore et encore, lui prouvant que j’étais l’épicentre de celle-ci. Mais ici je ne désirais pas la lui faire peur, ni lui faire de mal. Et au vue de ces paroles je me disais qu’elle pourrait prendre cela comme un affront... Mais comme elle semblait persévérer peut être allais-je lui donner quelques indices ?!

Tu as peut être remarqué en te rapprochant que la température à augmenté, non ? Et bien c’est tout simplement car j’en suis l’épicentre. Pour faire simple disons que j’ai une affinité avec le feu, et que je suis capable en relâchant mon énergie de réchauffer les environs... Mais j’imagine que tout cela ne te dit absolument rien, je me trompe ?

Elle l’avait bien cherché mais maintenant elle allait me prendre pour un fou, probablement. En même temps comment une humaine normal allait-elle pouvoir me croire ? Ne pas douter de mes paroles, ou au contraire les croire et s’enfuir de peur de ce qu’elle venait de découvrir ?! Je ne le savais pas vraiment mais attendais tout de même sa réaction avec impatiente, peut être n’était-elle pas comme tout le monde ??

- Ça ne me dit pas grand chose, en effet...

Elle le regardait avec de grands yeux effarés, étonnée et intéressée. Contrairement à ce qu'il pouvait croire, elle ne le prit pas pour un fou. Cela paraîtrait-il suspect ? Elle qui était normalement si prudente n'y avait même pas songé tant ce genre de choses lui étaient familières. Elle eût pu l'harasser de questions, cherchant à lui arracher une vérité qu'elle désirait par dessus tout. Mais quelque chose la retenait de céder à l'excitation des premières révélations. Il lui fallait poser la bonne question ; celle qui ne la forcerait pas à dévoiler ses propres secrets tout en apportant une réponse satisfaisante à ses interrogations.

- Tu es presque une chaudière vivante, constata-t-elle afin de gagner du temps.

Tout près de lui, il faisait nettement plus chaud. Presque trop chaud. La température y était bien moins agréable que dans le reste de la pièce, moins modérée, plus intense. Son corps en était formellement la source. Snö cligna des yeux. Elle avança lentement une main dans sa direction, quelque peu tremblante, l'index pointé vers la joue droite de son interlocuteur. Etait-il brûlant ? Le doigt fébrile n'atteignit jamais la chair visée, il s'arrêta à quelques millimètres de celle-ci alors qu'il l'effleurait tout juste. Elle se ravisa.

- Désolée, fit-elle, honteuse, je ne devrais pas traiter quelqu'un qui m'aide comme s'il était une curiosité.

Elle s'écarta de lui pour s'éviter toute tentation et revint s'asseoir à sa place. Son regard devint songeur et elle mit quelques instants pour le relever vers lui, penaude. Peu à peu, la méfiance s'envolait et elle finissait par se sentir plutôt à l'aise en sa compagnie. Elle s'était d'ailleurs mise à le tutoyer très tôt, sans même s'en rendre compte, spontanément. Elle n'était toutefois pas encore prête à révéler quoi que ce soit au sujet de ses dons. Sa voix, qui avait retrouvé toute son assurance, s'éleva dans l'air réchauffé de l'abri :

- C'est fascinant.

Elle humecta précieusement ses lèvres avant de poursuivre. Une seule question, parfaite, lui était enfin venue à l'esprit. Elle s'enquit :

- Qu'es-tu, Shu ?

Une chaudière vivante, c’était une façon de voir les choses, oui. J’eus un petit rire lorsqu’elle me considéra comme ça, amusé de ne pouvoir être qu’une source de curiosité par cette fille qui semblait si facilement apeurée. Je ne désirais en aucun cas lui faire du mal, et qu’elle puisse me voir comme autre chose qu’une menace me réjouissais. Elle semblait reculer, par la peur de la tentation et un peu probablement aussi par la désagréable chaleur qui s’élevé de mon corps. J’avais ouvert les «vannes» de façon à ce que sa première position soit parfaitement réchauffé, ce qui impliquait qu’à quelques centimètre de moi celle-ci était bien trop élevé. Pour moi il n’y avait aucune gêne, c’était mon propre pouvoir, mais en ce qui concernait les autres il y avait gêne, c’était d’ailleurs le but de cette technique que je pouvais utiliser à haut niveau pour complètement arrêter les plus faibles. Et au vue de comment je la voyais, je me doutais qu’à trop augmenter ma pression spirituelle elle finirait par se sentir réellement mal. Ce que je ne désirais donc absolument pas !

J’étais donc fascinant pour elle, mais je ne savais dire pour quelle raison... Etait-ce parce qu’elle n’avait jamais vu de pouvoir, ni même entendu parler de ceux-ci et qu’elle découvrait quelque chose de nouveau, ou était-ce parce qu’elle découvrait qu’elle n’était elle même pas seul dans ce monde à posséder des pouvoirs ?! J’avais une préférence logique pour cette deuxième idée, mais n’avait pas vraiment de preuve. La seule étant qu’elle n’était plus du tout apeuré et qu’elle reprenait des couleurs, une voix normal, et d’autre détail du genre. Peut être comprenait-elle enfin que je lui voulait réellement du bien.

Je dois malgré tout avouer que sa dernière question m’a un petit peu décontenancé. Qu’est ce que j’étais ? Une question que je me posais moi même depuis des Siècles. Etais-je un humain alors que je ne me considérais plus comme l’un des leurs depuis bien trop longtemps ? Etais-je un Shinigami alors même que j’avais déserté l’ordre dans lequel nous étions censé vivre ? Ou alors Etais-je ce que l’on appelait de nos jours un Vizard, un hybride entre le Shinigami et le hollows, l’exact opposé d’un Arrancar ? Qui pourrait le dire ? Je n’avais jamais trouvé cette réponse en presque 375 ans d’existence, comment pourrais-je lui donner une réponse dans ces conditions ?!

Je me pose cette question depuis bien trop longtemps Snö... Et je ne saurais y répondre de façon honnête. Mais en me considérant tel que je suis actuellement, disons que je suis une simple âme, une relique d’une vie passé dont je n’ai aucun souvenir.

C’étais là la meilleur réponse que je pouvais lui offrir. Une âme, ce que j’étais tout simplement. L’âme d’un mort que je ne fais que représenter, mais que je n’ai connu, dont je n’ai pas le moindre souvenir. Je m’étais reforgé une vie à la Soul Society, une nouvelle identité, qui sait peut être complètement différente de la précédente ? L’on disait que des reliques du passé restait toujours, et bien que je ne le sache pas j’étais l’exact copie de celui que je fus il y a de cela plus de 375 ans... Ce jeune homme amoureux fou qui était mort en même temps que sa dulcinée, une histoire que j’avais heureusement pour moi oublier. M’évitant une vie faite de lamentation...

Et toi Snö, qui est-tu ?

- Tu es un fantôme ?

La question lui avait échappée, si ridicule fut-elle. Snö ne semblait pas effrayée, tout juste parut-elle un peu interloquée. Elle n’était pas de ceux auxquels la science et la raison imposent d’infranchissables barrières. Son esprit encore naïf était ouvert à tous les miracles. Le fantastique pouvait faire irruption dans sa vie sans qu’elle s’en trouve perturbée. Elle-même était de l’étoffe du merveilleux. Fée du givre. Sortie d’un cruel conte de fée.

- Je suis l’inverse, souffla-t-elle avec mélancolie.

Ses prunelles scintillaient dans la pénombre, joyaux brûlant d’un éclat ensorcelant et magnétique. Ses lèvres fragiles articulèrent rigoureusement les mots qui suivirent, les découpant avec une méticuleuse précision qui en intensifia la valeur.

- Une vie sans âme, une âme qui attend encore de vivre.

Un soupir lui échappa furtivement. Elle était triste, résignée au néant de son être. Les yeux mi-clos, elle bascula le visage vers l’arrière. Ses reins se cambrèrent contre le dossier du banc sur lequel elle était assise, ses jambes s’étirèrent roidement sur le sol tandis que son dos se creusa en une courbe concave. Ses pieds chaussés de ballerines noires s’arquèrent contre le plancher, les talons décollés et la pointe insidieusement piquée sur celui-ci. Nouveau soupir. Quelques secondes passèrent avant qu’elle se redressât pour le fixer d’un iris nuageux.

- Shu, dis-moi…

Elle se leva, glissa jusqu’au bord de l’abri, à la frontière entre le sec et l’humide. Là où la pluie battante dressait comme un rideau, un voile gris tissé de perles argentées. Elle lui tournait désormais le dos. Elle tendit une main sous l’ondée pour en sentir la froideur fouetter sa chair tiède en un supplice subtil et glaçant.

- Est-ce que tu connais l’histoire de la reine des neiges ?

Je ne pus m’empêcher de rire à ce qu’elle disait. Un fantôme, oui c’était une façon de voir les choses. Mais je dus avouer avoir l’image d’un de ces fantômes qu’on voyait dans les télés humaines me traverser l’esprit. Ces fantômes qui faisait peur au petites filles dans des maisons hantés, et autre connerie du genre. Certains Shinigami s’amusait à le faire parfois, à effrayé les gens qui pouvait les voir avec deux trois effets, mais c’était bien là quelque chose que j’avais toujours trouvé bien trop puérile pour essayer de le faire. Alors qu’en réalité j’étais actuellement dans un «véritable corps» et que n’importe qui pouvait me voir. Ce n’était donc pas réellement la façon dans laquelle je me serais décrit.

Je repris néanmoins mon calme à toute vitesse, la conversation devint plus sérieuse. Je fus comme attiré par ces yeux, par son visage. Comprenant que la mélancolie dans laquelle je l’avais trouvé n’avait pas complètement disparu et que même si elle réussissait à être plus ou moins naturel à certains moment, celle-ci l’habitait encore complètement ! Ce qu’elle disait était vraiment triste, une vie sans âme, c’était peut être là l’une des pires choses imaginables. Mais qui comme elle le disait attendait encore de vivre, ce qui prouvait au moins un peu qu’il y avait au moins encore un peu d’espoir en elle, et qu’elle croyait encore un jour avoir le droit de vivre sa vie ! Les soupirs quant à eux vinrent encore une fois enfoncé un peu plus ce qu’elle venait de dire, lui donnant l’air encore plus déçu de la vie qu’au début. J’avais pourtant cru avoir réussi à lui insuffler un peu de chaleur...

Oui Snö ?...

Je la vie se lever pour aller s’arrêter à la limite entre le chaud et le froid, entre le sec et l’humide. Je restais toujours immobile au centre de ce petit dôme, ne faisant qu'augmenter la chaleur pour éviter qu’elle ne prenne froid proche de l’extérieur, où mon énergie devait être en train de faiblir. Je faisais un peu l’ange gardien je le savais, mais n’arrivait pas à m’en empêcher avec elle. A chaque fois que je la regardais j’avais simplement envie de la protéger et de tout faire pour que rien ne lui arrive. Et donc qu’elle se sente bien ici était la première étape !

J’entendis sa question, réfléchissant d’abord avant de répondre. Sondant mon esprit pour essayer d’y découvrir si je n’avais jamais entendu parler de cette histoire qu’était celle de la reine de glace. Mais j’avais beau remonter très loin dans ma mémoire et bien que j’ai pu tout simplement oublier, je n’avais en tout cas aucun souvenir d’avoir jamais entendu parler de cette histoire.

Non jamais entendu parler...

Lui répondis-je doucement, de ma voix calme. Je m’étais retourné vers elle, toujours assis au milieu de la pièce, un genou s’étant simplement relevé pour que je puisse y poser l’un de mes bras dessus. J’étais prêt à écouter son histoire,

- Alors laisse-moi te la résumer, fit-elle d'une voix douce.

Snö se retourna pour lui faire face, le gratifiant d'un regard amical.

- C'est un conte européen. Il expose la lutte du bien contre le mal.

Elle s'approcha de lui de sa démarche souple et féline.

- La reine des neiges y incarne le mal. Elle enlève un petit garçon, Kay, qu'elle enferme dans son palais de givre. L'histoire dit que l'enfant accepte de la suivre parce qu'auparavant, un minuscule éclat du miroir du diable s'est échoué dans son œil. D'un baiser, elle lui gèle le cœur pour qu'il puisse survivre au froid. Elle lui promet de le libérer s'il parvient à composer le mot "éternité" avec un puzzle de morceaux de glace épars, sur le sol de la salle du trône. Mais il n'y parvient pas...

Reprendre son souffle. Elle s'installa à côté de lui, marquant ainsi une pause salvatrice. Sagement, elle croisa les mains sur ses genoux.

- L'amie de cet enfant, Gerda, part à la recherche de celui-ci et c'est au terme d'un long voyage plein de péripéties qu'elle parvient à le sauver.

Snö tourna le visage dans la direction de son unique auditoire. Elle contait d'une voix si apaisante que chantante, détachant bien les mots et les distinguant par d'imaginaires ponctuations, inspirations discrètes et vulnérables.

- Les larmes de Kay chassent le fragment diabolique. Les larmes de Gerda font fondre les morceaux de glace et libèrent Kay en composant le mot "éternité". Ils s'enfuient tous deux.

Un sourire amer s'esquissa sur la bouche de la jeune femme. Elle se tut quelques secondes, laissant entendre que l'histoire se terminait là. Soupir. Elle reprit d'un ton différent, commentant le récit qu'elle venait de faire :

- J'ai toujours trouvé ce conte injuste... Qui ne s'est jamais demandé pourquoi la reine des neiges avait enlevé Kay ?

Sa mine se fit triste.

- Enfant, j'imaginais les douleurs causées par sa solitude, je les comparais à la mienne.

Puis elle se fit à nouveau impassible, parfaite poupée de porcelaine vide de toute émotion. Sa voix fragile retentit dans l'atmosphère humide :

- Plus le temps passe, plus je suis Elle. J'ai voulu croire qu'on n'est que ce qu'on fait de soi mais les choses sont hélas bien plus compliquées... Sous ma pureté apparente bouillonne un fiel immonde. La blancheur cache l'obscur. Je suis le froid, je suis née en portant sa marque. Qu'y puis-je ?

J’observais la jolie demoiselle au teint si mélancolique commençait à conter son histoire, écoutant ce qu’elle pouvait avoir à dire d’une oreille attentive. Faisant attention à chaque détail, essayant de voir où elle pouvait vouloir en venir avec cette histoire qui semblait bien enfantine. Elle comptait une lutte millénaire, celle du bien et du mal tel que tout le monde pouvait la connaître. Une méchante reine, enlevant un enfant, son amie le sauvant, stoppant par la même occasion les plans de la reine. Oui cela était bien simple si l’on y réfléchissait, et pourtant...

Voilà que la jeune fille semblait se questionner sur les raisons qui avaient pu pousser cette femme de glace à faire un tel acte, et les raisons qui avaient pu faire qu’elle était devenu ce qu’elle était, à savoir une représentante du mal dans toute sa splendeur. Je pensais savoir où elle venait en venir, car la question en elle-même n’était pas si bête que ça, il y avait un certain bon sens derrière elle. Qui sait ce qui avait pu pousser la Reine à devenir ainsi, ne l’avait-elle pas fait pour un but plus grand ? N’avait-elle pas eu une once de bien en elle il y a longtemps et l’aurait perdu suite à une péripétie non décrite dans cette histoire. J’étais du genre, à penser que le blanc n’était jamais tout blanc et le noir pas tout noir non plus. Il y avait toujours une part sombre en chacun de nous, mais aussi une part pure, et je suis persuadé qu’il ne tient qu’à nous de faire pencher la balance d’un côté ou d’un autre.

Elle en vint finalement à son propre cas, pensant être la Reine de glace, et que sous apparence de bonté elle n’était qu’une personne horrible et sombre. Je l’observais, la regardant cette fois-ci droit dans les yeux, avant de simplement lui sourire. D’essayer de lui redonner le sien juste en lui offrant un peu de ma bonté par ce simple sourire. Je connaissais parfaitement ce qu’elle ressentait. Je le connaissais mieux que personne, étant moi même le mélange entre le noir et le blanc. Pas parfaitement blanc, mais pourtant pas totalement noir. Que pouvais-je bien être ? Comment pourrais-je décider si je suis plus blanc que noir ? Tout simplement en me battant pour, en faisant ce qu’il faut pour ne pas être celui que j’aurais facilement pu être.

Snö... Tu peux te battre pour tes convictions, tu peux décider de quel côté la balance penchera et si réellement tu sera plus blanche que noir, ou le contraire !

Je lui souriais encore, j’étais convaincu de ce que je disais et ça se voyait. Pourtant si je n’avais fait qu’énoncer de simple vérité sans même y mettre un seul argument, je ne laissais pas de place au doute dans ce que j’avançais, il y avait tellement en jeu, et je ne comptais pas laisser cette fille qui semblait si pure partir du mauvais côté si facilement.

Et ne crois pas que ce ne soit que des paroles avancées pour essayer de simplement te convaincre. Nous sommes tous un peu noir et blanc, et j’en suis le parfait exemple. Moi le représentant de la mort, le Shinigami, qui pourtant partage mon corps avec une entité noir, un Hollow. J’ai sous mon apparence de représentant du bien un monstre qui se cache, et il m’aurait été aisé de me laisser happer par ce pouvoir pour devenir un véritable monstre. Pourtant j’ai décidé de le combattre, et d’en faire une part de moi même que je suis prêt à assumer. De l’utiliser pour me rendre plus fort, au lieu de le craindre et de m’en cacher. Il ne tient qu’à toi d’en faire une force.

Comme pour ajouter plus de poids à ce que je venais de dire j’avais pris l’espace au centre de la pièce, et d’un mouvement avait fait apparaitre un masque blanc, un masque de monstre, un masque de Hollow, sur mon visage. Lui prouvant que je n’étais pas que le simple dieu de la mort que j’aurais du être, mais un mélange du bien et du mal, un mélange que je décidais de vouer au bien ! 


J’espère que tu comprendra que tu es maîtresse de tes actions, et que peu importe la situation l’on devient ce pourquoi l’on se bat !

Snö contempla le monstre qui se terrait derrière le visage paisible de Shu, renforçant ainsi l'argumentaire qu'il venait de tenir. Elle resta imperturbable mais n'en fut pas moins touchée. Elle comprenait ce qu'il voulait lui signifier mais sans réellement savoir ce dont il s'agissait.

- Tu as probablement raison, admit-elle, mais je crois que je ne veux pas me battre pour quoi que ce soit.

Ses prunelles s'abaissèrent pour fixer le sol, honteuses.

- Je n'ai pas la volonté qu'il faut pour ça.

Un rictus fendit ses lèvres. Elle se leva, convaincue que cette fois était la dernière. Elle ne reviendrait pas s'asseoir dans cet abri cette nuit-là. Il était temps. Même si, dehors, la pluie impassible crépitait toujours.

- Mais tu me donnes quand même un peu d'espoir. La tienne est exemplaire.

Elle était sincère. Cette rencontre l'avait réconfortée. Elle ne se sentait pas plus forte mais elle était un peu plus confiante vis-à-vis de l'avenir ; moins culpabilisée à propos du passé, aussi. Shu avait quelque chose d'apaisant, il était rassurant. Elle avait normalement du mal à se confier et en dépit de ses réserves initiales elle lui avait livré comme une partie d'elle-même. Elle en était troublée, chamboulée, perturbée. Elle ne pouvait continuer. Elle devait s'échapper avant d'en avoir trop révélé.

- Je dois partir, Shu. Mais je suis certaine que nos chemins se croiseront à nouveau. Ici, peut-être, si tu le veux.

Elle aurait souhaité l'avoir pour ami ; l'avoir rencontré avant, quand tout semblait plus facile. Elle ne se l'expliquait pas mais elle voulait le voir à nouveau. Par pudeur, elle ne l'exprima pas clairement. Elle espérait simplement que ce désir fut partagé. Elle se promit intérieurement de revenir dans ce parc, à cet endroit, quand le besoin s'en ferait sentir. Quand elle aurait moins peur de dévoiler ses mystères.

Combien de temps s'était-il écoulé depuis les premiers mots échangés ? Elle l'ignorait totalement, leur dialogue lui avait paru comme hors de toute temporalité. Prestement, elle s'avança hors de l'abri, s'offrant à nouveau au péril du froid humide.

- Cette averse est vraiment interminable, constata-t-elle d'une voix morne, sans se retourner, avant de disparaître dans les allées du parc.

Citation :

Et voilà ! Merci pour ce rp fort agréable et au plaisir d'en refaire un autre très prochainement.

Qu’est ce qu’elle pouvait paraître fragile lorsque je la regardais ainsi. Cette si jolie demoiselle qui n’avait aucune volonté de se battre. Comment avait-elle bien pu en arriver là ?! Elle avait pourtant tout pour elle, du moins au premier abord. Elle avait beau trouvé ma volonté exemplaire, elle ne semblait pourtant pas avoir la moindre envie de se battre pour sa propre liberté, pour qu’elle puisse elle aussi se libérer de ce calvaire qui semblait la ronger. Une moue déçu se forma sur mon visage, j’en aurais presque été triste. Triste de ne pas avoir réussis à lui offrir un peu plus d’espoir que ce filet mince. Je l’observais alors qu’elle se levait et qu’elle se décida à partir.

Je l’espère aussi Snö, je l’espère aussi...

Murmurais-je alors que la demoiselle partait, déçu de ne pas pouvoir en avoir appris plus sur la demoiselle. Elle ne restait qu’une inconnue de qui je n’avais malheureusement pas pu apprendre grand chose. Si je m’étais en soit énormément confié à elle, elle avait malgré tout réussis à ressortir de cette charmante rencontre sans m’avoir dévoilé d’information tangible sur elle mise à part son prénom.

Je restais dans cette place qui avait été la notre le temps d’une rencontre que je n’oublierais pas de si tôt. Espérant surtout que je pourrais un jour la recroiser, ici même. Et que je serais alors apte à en découvrir plus et que peut être alors je cernerais enfin sa personnalité mieux que ce que je pouvais le faire maintenant.

La chaleur que je laissais évaporer dans l’endroit fut plus concentré, simplement sur ma propre personne, n’ayant pas le besoin de dépenser comme auparavant mon énergie à réchauffer la demoiselle. Je regardais la pluie tomber, inlassablement, ne désirant pas le moins du monde quitter cet endroit. Endroit que je ne quitterais pas pendant trois jours. J’étais un esprit, j’y trouvais un certain plaisir à vrai dire, personne ne vint me déranger une seule fois et ce dût à un seul et unique fait :