Cette porte il l'avait franchie bon nombre de fois, pour des réunions de crise, hebdomadère, extraordinaire... Bref, il la connaissait. Jamais il n'était intervenu, toujours placé derrière le Capitaine Shiba, écoutant attentivement tout ce qui se disait entre Capitaine en restant l'ombre de son dirigeant. Il restait donc devant, légèrement stressé par la situation mais néanmoins confiant, ce jour il l'avait attendu depuis longtemps et pourtant il n'était pas fier, non. S'il était là c'était grace à son ami, son vaillant Capitaine et aujourd'hui ce dernier avait disparu, ce qui avait su donner sa chance au Kireru. Certes il aurait pu être affecté à une autre Division, mais il tenait les rênes de la Treizième depuis quelques années et méritait donc de prendre la place vacante. Tristesse, joie, confiance, stress, autant de sensation contradictoires s'accumulent dans son esprit devant cette immense porte, mais désormais il est temps.

Ajustant ses grandes manches, replaçant son col, serrant son arme à sa ceinture il s'apprétait à pousser cet ultime obstacle. Il leva les bras lentement avant d'inspirer profondément, non pas que l'objet était lourd mais juste qu'il voulait apprécier ce moment qui au fond lui sera unique. Il appuya donc en forçant légèrement et laissa les immenses portes s'ouvrir. La salle se dévoila alors, mais à sa grande surprise il n'y avait qu'une seule personne dans cette dernière. Kyōraku Shunsui, assis sur son siège. Le nouveau Capitaine s'approcha alors pour saluer son supérieur. Il s'avait bien évidement qu'il était ici grace à cet homme et lui en était reconnaissant. L'homme paraissait perdu dans ses pensées ne remarquant pas l'arrivée de son hôte.

> Sotaishō-Dono.

Il le salua de manière formèle, tel qu'un Capiaine se devait de le faire. Aujourd'hui ses confrères allaient être réunis et informés de sa prise de position. Bien que la plupart étaient au courant, tous ne savaient pas si oui ou non Reisen allait échouer aux différents tests. Sa présence à cet instant personnifiait la réponse.

Le Jū-San Ban Tai Taishō est là. Kireru Reisen.

Pour avoir appuyé sa nomination, Shinjirô savait déjà qui serait le remplaçant du Capitaine Shiba. Ne l’ayant pratiquement pas connu, le colosse ne pouvait pas vraiment dire que sa disparition était une perte pour la Soul Society… Il savait seulement qu’il fallait remplacer cet homme au plus tôt pour éviter un nouveau coup dur au Gotei. Considéré à ce jour comme le plus puissant Capitaine en activité – en dehors du Sotaishô bien évidemment – le Kenpachi s’inquiétait assez des conséquences de toutes ces disparitions. Différents Capitaines qui avaient disparus, presque tous pour des raisons différentes. Mais la finalité était la même : ils étaient morts. Et si l’on ajoutait à cela le retrait de Tenzen, on comprenait mieux ce besoin presque viscérale de trouver des remplaçants pour les disparus.

Alors qu’il approchait de la grande salle de réunion, Kaimetsu accroché dans son dos, le colosse ne put s’empêcher de repenser à la dernière nomination à laquelle il avait assisté. Une nomination à laquelle il s’était opposé avec l’ancien Taishô de la Neuvième mais qui avait tout de même été mené à son terme par Shunsui et Tojo. Le temps avait finalement donné raison à Shinjirô. Cette fois, les choses étaient différentes. Reisen avait beau être la cible de beaucoup pour son comportement, il n’en restait pas moins un chef d’équipe responsable et avec de grandes compétences au combat. Deux atouts indispensables pour qui prétendait à un tel poste. Pour une fois, il était sûr que c’était le bon choix. Ce qui expliquait qu’il ait ainsi appuyé cet homme.

Alors qu’il poussait les portes pour pénétrer dans l’enceinte, Shinjirô s’avança vers le Commandant, adressant au passage un petit signe de tête à Reisen. Fidèle à ses habitudes, le colosse ne s’embarrassait pas de l’étiquette, s’adressant au Sotaishô avec simplicité.

- Yo !

Il semblait n’y avoir personne d’autre, ce qui n’avait finalement rien d’étonnant. Avec l’état d’alerte actuel, la plupart des hauts gradés effectuaient des rondes afin d’assurer la pérennité des lieux. En dehors des rébellions récentes, qui avaient été réprimées dans le sang, l’activité des Mahö Tsukai en inquiétait plus d’un. D’autant que rien n’excluait la présence de ces êtres de la dernière mission en date. Tournant finalement son visage vers Reisen, il s’adressa à lui :

- Je suis là pour une bonne raison, tu t’en doutes… Il était temps que tu fasses tes preuves pour enfin prétendre à ce poste, hein ! Bienvenue à toi, gamin.

Il n’était pas nécessairement plus vieux que lui mais ce terme était essentiellement utilisé pour souligner la différence de puissance des deux homes. Et surtout la différence de grade qui les séparait mais qui aujourd’hui disparaissait.

Le court laps de temps où les deux hommes furent seuls le Sotaishō expliqua rapidement au nouveau Capitaine que peu de ses confrères seraient présent en raison des différents évènement qui s'étaient produits. Il comprit immédiatement bien sur mais ne put s'empêcher de ressentir une légère déception... Qu'était une cérémonie d'intronisation sans personne ? Shunsui posa alors la main sur son épaule avant de désigner du menton la porte de la salle, l'autre tourna alors légèrement la tête et pu clairement entendre le salut que lui adressait l'arrivant.

> Shinjirô...

Il ne pu s'empêcher de sourire en prononçant son nom, il était vrai qu'après l'annonce du Kyōraku il ne s'attendait pas à le voir lui. Si il y avait bien une personne au sein du Seireitei à qui il voulait montrer qu'il était devenu un des Treize Capitaine c'était bien lui, son rival. Il l'avait devancé de quelques années mais maintenant le faussé était comblé... En apparence certes car le Kireru savait pertinemment que s'il pouvait faire face au Kenpachi et tenir le coup, il ne pouvait pas le battre. Pas encore. Mais ça ne représentait qu'une nouvelle marche, juste une. Il s'approchait toujours plus prêt de son but.

> Ouais, il était temps.. Si seulement c'était arrivé en des circonstances différentes.

La disparition de Kurobara avait été dure pour la Treizième Division, plus que pour le Gotei étant donné que Reisen restait là pour tenir le rôle. Il se disait qu'au vu des pertes de Capitaine si le Shiba n'avait pas disparu il n'aurait jamais pu passer le cap. Il était sûr qu'il devait sa promotion à sa disparition, il suffisait de voir ce qu'avait donné la mission aur Rukongai pour comprendre que c'était là sa seule voie pour porter un Haori. Reportant son regard vers le colosse il se mit remit à sourire... Une des disparition avait eu un effet bénéfique au moins en y repensant...

> J'ai appris que tu t'es occupé de Kaito, c'est peut être mieux comme ça j'imagine.

Qu’importe les circonstances aux yeux du colosse… Reisen méritait son titre et il s’était assez battu pour qu’il l’obtienne. Ses états de services étaient remarquables, n’en déplaise aux autres, et même si l’incident du Rukongai l’avait desservi, il n’en restait pas moins digne de porter un Haori. Beaucoup plus que certains qui avaient déjà eu cet honneur sans convaincre. Lui au moins saurait gérer la pression puisqu’il connaissait le travail. Après tout, il ne faisait que prendre un poste qu’il occupait déjà officieusement. Et si la disparition de Kurobara avait mit le Seireitei dans l’embarras, Shinjirô ne voyait pas les choses de la même manière. Un capitaine fantôme n’était en rien important. Juste un poids et il était en quelque sorte heureux que celui-ci ait disparu. S’approchant plus encore, Shinjirô ne put s’empêcher de ricaner. Le sérieux de Reisen était devenu aussi légendaire que son impulsivité et il était drôle de le voir garder ce comportement. Il serait un bon dirigeant, c’était assuré.

- On s’en fout des circonstances, tu devrais le savoir depuis le temps. T’es Capitaine maintenant… Et même si t’officiais déjà auparavant, le fait de porter ce manteau va t’apporter plus d’emmerdes encore que tu ne le penses. Désolé Shunsui mais c’est la vérité et j’lui mentirais pas !! Enfin… Tes gars te connaissent et c’est déjà le plus important.

La dernière remarque était directement adressée au Commandant qui avait souri en écoutant les propos du Kenpachi. Il n’avait rien dit, en dehors peut-être de ce petit ricanement, mais cela avait suffit au géant pour réagir du tac au tac. Shinjirô respectait l’homme et sa force, ce qui ne l’empêchait pas de rabrouer vertement celui-ci lorsqu’il l’estimait nécessaire. Sa façon d’être exaspérait régulièrement le Kenpachi qui ne voyait là que la marque de la fainéantise. Et si Shunsui était certainement le plus puissant au sein du Gotei au jour d’aujourd’hui, il n’empêche que son comportement agaçait le colosse. Du gâchis, voilà ce que ressentait Kiryû en voyant ce potentiel. Mais il n’était pas ici pour se disputer avec son Commandant, bien au contraire.

Car le nom de Kaito venait de ressurgir. Et avec lui, les souvenirs de la bataille qui avait eu lieu au Rukongai. Et des conséquences que cela aurait pu avoir pour le Seireitei si cette marche avait atteint son but. Le traître était mort et là se trouvait l’essentiel. Pour autant, Shinjirô ne se voilait pas la face. Il savait que certaines personnes tentaient de trouver des excuses à cette désertion. Prétendant que cela ne pouvait qu’être lié à l’apparition des Mahô Tsukai. Si dans les faits, le colosse partageait leur opinion, il n’en restait pas moins extrêmement dur dans son jugement envers l’ancien Capitaine. S’il s’était laissé dominer, c’est qu’il était faible. Pas d’autres explications.

- De toute façon, il ne méritait pas mieux. Lui et l’autre putain de sorcier ont tournés le dos à nos valeurs. Ils ont eu leur compte. Mais t’avais pas tort quand tu me parlais de son incompétence. Il a été incapable d’opposer une résistance suffisante face à moi… Pour te dire, le sorcier semblait plus fort même s’il n’arrêtait pas de faire péter ses potes. Faudra d’ailleurs qu’on en parle, Shunsui…

Car les choses n’étaient pas du tout claires dans l’esprit du géant. Et peut-être que le Sotaishô saurait répondre à certaines de ses interrogations, après tout.

- En tout cas, je suis content que tu sois enfin Capitaine. Comme ça, t’auras plus d’excuses quand je te dérouillerais à nouveau.

Et il accompagna son rire d’une bonne tape sur l’épaule, amicale, presque fraternelle.

Ce Kenpachi là était assez unique. Oubliez les Capitaines égoïstes et sanguinaires car nous avions là un leader né. Pour quelqu'un ayant l"expérience de vie longue telle que le Sotaishō voir un tel homme à la tête de la Onzième Division devait à coup sûr l'étonner et le ravir. Plus la crise devenait importante et plus il semblait être apte à la contrer. Bon bien évidement il y avait des limites assez imposantes à ce tableau idyllique... Butté, impulsif et.. bref une liste longue comme son Zanpakutō. Reisen n'était pas du genre à déprimer mais les quelques mots du Kiryû avaient suffit à renforcer ses ambitions.

> Crois moi avoir un Capitaine fantôme est plus chiant que tu ne le penses ! Et puis pour cette histoire là... J'ai juste voulu que tu puisses garder la face devant tes gars. T'imagines la scène si un pauvre Vice-Capitaine t'en avait mit une ? TssTss nan c'était mieux comme ça.

Il lui rendait sa tape sur l'épaule accompagné d'un rire franc, tous deux savait bien qui menait la danse entre eux mais ça n'empêchait pas les lancés de pics. Très important d'entretenir un esprit de compétition, encore plus lorsque l'on revêt un manteau blanc. Trop de Capitaines se reposent sur leurs acquis, c'est certainement ce qui a conduit à une telle hécatombe. Mais le Capitaine qui brûlait en lui depuis tant d'année revint au galop et son regard redevint sérieux, sourcil froncés et sourire effacé il

> Je souhaitais en parler à vous seulement Kyoraku-Sama mais l'avis de Shinjirô ne sera pas de trop... Je veux réduire les effectifs de la Treizième Division. Je suis conscient de la jeunesse du Kanshu mais une partie de notre travail est comblé par leurs actions et sans abandonner nos postes nous pourrions rediriger notre surplus vers des problèmes qui demandent plus d'attention. Il est temps d'affecter une Division à la protection du Rukongai. Totalement. Les récents évènement nous l'on prouvé, la tension est là et envoyer deux Capitaine pour régler le problème n'est pas une solution. Toute ma Division me suit sur ce projet, la surcharge de travail pour eux sera surmontable.

Shinjirô était l'un des premier concerné par cette revendication, ses hommes travaillaient autant qu'il le pouvait pour maintenir un semblant d'ordre et de présence dans les terres éloignés mais ce n'était pas suffisant. Malheureusement Reisen sentait au fond de lui que cette initiative pouvait sembler avant-gardiste. Il était peut être trop tôt... Mais il ne perdait rien à tenter, protéger la Soul Society était la mission première du Gotei Treize après tout.

Shinjirô ne put s’empêcher de se marrer alors que Reisen contrait ses précédents propos. L’un et l’autre savaient de quoi il en retournait réellement. Et il n’était pas difficile de voir là un petit jeu entre les deux hommes, habitués à se charrier sur ce sujet. La puissance du Kenpachi ne pouvait être comparée réellement à celle du nouveau capitaine, même s’il était redoutable. D’ailleurs, même parmi les plus anciens du Gotei, qui pouvait réellement soutenir la comparaison en dehors peut-être de Tenzen ? Tojo lui-même ne pouvait s’opposer longtemps à lui. Reprenant son sérieux, le colosse reporta son attention sur la suite de la conversation. Le Rageux retombait dans ses travers, sourcils froncés, comme s’il souhaitait rebondir sur un point important à ses yeux.

Et important, ça l’était. Ainsi donc, à peine le Haori sur les épaules que déjà il se préoccupait de choses dont nombre autres capitaines ne prêtait aucune attention. Un choix juste que de le faire évoluer, sans le moindre doute. Le Rukongai… Un sujet sensible pour le colosse. Et il remerciait intérieurement son ami d’y porter un tel regard. Pouvoir affecter une division à la protection du Rukongai était en effet un élément important pour Shinjirô. Surtout avec les événements récents. Quelques avant-postes ne suffisaient visiblement plus pour maintenir les secteurs sous surveillance. Car il s’agissait avant tout de surveillance avant de parler de sécurité. Shinjirô ne se voilait pas la face, sachant très bien comment les âmes dominantes géraient les quartiers les plus pauvres.

De là à moins surveiller la terre ? Là se trouvait le petit souci du projet. Car Shinjirô, bien qu’il ne connaisse en rien le Kanshu, ne pouvait se fier à ce groupe pour la protection d’un point aussi important que Karakura. Et il voyait là l’argument tout trouvé des autres pour s’opposer au contrôle du Rukongai. Puisque son avis était demandé, il n’allait pas s’en priver.

- J’suis assez d’accord sur le principe. Pouvoir garder un œil sur le Rukongai est primordial. Surtout vu les événements récents. J’sais pas pourquoi mais j’sens que ça pue c’t’histoire. Bien sûr que certains là-bas ne nous aiment pas… Mais de là à tenter de renverser le Gotei, alors qu’ils se savent trop faibles pour même approcher, moi j’dis qu’il y a un loup dans la bergerie.

Restait à voir le problème « Karakura » et « Mahô Tsukai ». Poussant un soupir, Shinjirô s’approcha de Shunsui, essayant de décrypter ses traits. Mais autant essayer de discuter à un mur. Son visage se tournait donc vers Reisen.

- Pas persuadé pourtant que la Treizième serait la plus disposée à la tâche. J’connais ton dévouement et celui de tes gars. Mais Karakura est trop importante pour être laissé aux mains de ce Kanshu. Des rebus de la société en charge de protéger un point aussi important, j’suis pas emballé. La treizième possède des ressources permettant d’intervenir rapidement si besoin. Affectons plutôt une autre division qui n’a pas grand-chose à foutre. Y’en a plein hein. Et laissons les compétents accomplir la mission pour laquelle ils sont formés.

Shinjirô faisait au mieux mais savait que jamais il n’obtiendrait ce rôle. La division du combat devait combattre et former les troupes, rien d’autres. Et quelle image pour ceux qui vivaient dans les districts du Rukongai que de voir les guerriers de la Onzième pour les protéger ? Non, assurément non. Ca ne passerait pas.

Evidemment le Kireru était en accord total avec les paroles du Kenpachi, il savait très bien que même s'il envoyait des hommes de sa Division dans une autre pour gérer le Rukongai n'était pas la bonne solution, mais il fallait faire évoluer les choses. Shinjirô avait raison de s'inquiéter au sujet de la Terre et le Kireru compris assez vite son erreur : il désirait seulement protéger ce qu'il devait protéger à savoir la Soul Society. S'il excellait dans le rôle du gérant de la Terre, lui désirait avant tout protéger SON monde... Il devait faire attention à ce que ses envies ne prennent pas le dessus sur son devoir. L'entrain d'un jeune Capitaine trop soucieux de bien faire mais par chance son ainé était là pour le remettre sur les rails.

> Ouais, t'as pas tord... Kyoraku-Sama, sauf votre respect hein, mais vous venez pas de là bas comme nous alors... J'aimerais vous demander de nous laisser gérer ça avec Shinjirô, histoire de ne pas laisser ça dans les mains d'un Kaito. Enfin si vous êtes d'accord pour assigner une Division au Rukongai hein !

A la remarque sur ses origines le Sotaishō ne pu s'empêcher de rire, certainement que les manières du Kireru l'amusaient. Mais l'important fut son acquiescement, une preuve de sa confiance en les deux hommes mais surtout de sa conscience dans les différents problèmes de la Soul Society... Et puis SHinjirô ne mentait pas, combien de Division se touchaient un peu trop les glandes ? Reisen baissa alors légèrement la tête avant de la relever.

> Merci. Sur ce j'ai des affaires à régler, Shinjirô on se revoit pour en parler.

Puis il tourna les talons en plaçant ses mains dans son dos, cachées par les longues manches de son Haori, heureux que sa première initiative se soit soldée par un succès. Certes, ni lui ni Shinjirô ne seraient en charge directement du Rukongai, ce qu'ils souhaitaient autant l'un que l'autre, mais ils veillerons de loin. Celui qu'ils placeront à la tête des districts ne devait pas les décevoir, car les deux Capitaines n'étaient pas des tendres...