Cette citadelle, je ne la pensais pas aussi imposante. Tout d'abord forme indistincte à l'horizon, je me rendais compte à chacun de mes pas que cette structure en imposait vraiment. Je n'en voyais pas le bout, mais ma curiosité ainsi que la soif d'âmes de ma lame me poussaient à avancer. Je les ressentais de plus en plus intensément, toutes ces bêtes s'agglutinant dans ce dédale. J'en distinguais à présent les corridors, estuaires de ces rives faites d'immenses pierres parfaitement lisse. Comme si le tout avait été taillé dans un seul et unique bloc. Celui qui avait façonné cette structure devait sans doute avoir un sérieux problème d’ego. S'il résidait encore dans cette bâtisse, je serais curieux d'en apprendre davantage, mais chaque chose en son temps. Déjà faut-il que j'arrive à poser la patte sur la première dalle du bâtiment, et vu les nombreuses dunes me séparant encore de l'édifice, j'allais encore en avaler, du sable... Je me réjouissais également à l'idée de fouler un sol solide. Cela faisait longtemps. J'avais oublié cette sensation...

Enfin, je posais mes griffes sur ce sol dépourvu d'aspérité. Étrange... Décevant... Dérangeant... Mes appuis restaient encore incertains. J'avançais doucement, presque hésitant, le temps de m'habituer à l'environnement. Si l'une de ces monstruosité me tombait dessus dans l'instant, j'aurais sans doute du mal à gérer la situation. Quelle malchance... Je m'arrêtais au bout de quelques mètres, levant la tête afin de m’imprégner de l'endroit. Malgré les forces en présence, je n'entendais rien, aucun cri, aucun gémissement. Je ne m'attendais pas à ça. C'était comme le désert, mais sans sable. Je n'étais pas à l'aise et cela ne me plaisait guère. Je poursuivis mon chemin, m'habituant peu à peu à marcher dans ce labyrinthe. A chaque intersection, je tournais au hasard. J'effleurais ces murs de mes mains, arrachant un léger crissement à la pierre au contact de mes ongles pointus.

Au bout de quelques minutes à vagabonder entre ces murs, une sensation malsaine m'envahit. Je me sentais... Observé. Avait-je attiré l'attention de quelques résidents ? Sans doute... Je me concentrais, alerte, guettant la moindre fluctuation de reiatsu autour de moi. Je la perçu enfin. Une aura, encore faible car lointaine, mais elle était bien là, à me suivre, à m'épier. Ne faisant mine de rien, je marchais encore un peu, jusqu'à en ressentir une deuxième, un peu plus proche. On dirait que les rats se rassemblent, bien... Au fur et à mesure qu'ils se rapprochaient, j'avançais de plus en plus doucement, avant de m'arrêter enfin. Les deux êtres se rapprochaient toujours, l'un en face, l'autre dans mon dos. Agissaient-ils de concert ? Si c'était le cas, il ne m'en fallait pas plus pour prendre cela pour une agression. Il me suffisait de les laisser venir à moi, petit à petit avant de leur rappeler qui était la proie...

Je les attendais, immobile au milieu de ce large couloir. Au fur et à mesure qu'ils se rapprochaient, je distinguais plus clairement leur aura. Intéressant... Pourquoi ne se montrent-ils pas ? Auraient-ils peur ? Sans doute sont-ils aussi curieux que moi finalement. Mes pupilles rouges à l'avant, ainsi qu'a l'arrière de mes épaules, fixèrent la position de chacun d'eux. S'ils tentaient quoi que ce soit, je ne serais pas pris au dépourvu. Je pris alors l'initiative en élevant la voix, celle d'un jeune homme, au son guttural et clair.

« Allons, ne soyez pas timide. Je suis plutôt curieux de connaître ceux qui résident en ces lieux... »

J’espérais qu'ils soient assez évolué pour comprendre ce que je venais de leur dire. Auquel cas ma venue ici n'aurait été qu'une perte de temps...

ıl ıl Dude, you're quite weird. lı lı

Ace se languissait dans la quiétude de ses quartiers. Flanqué à l’envers sur ce trône qui se voulait être le sien, il scrutait la pièce monotone sans grand intérêt. À vrai dire, plus que de l’indifférence, c’est une profonde lassitude qui ternissait l’éclat vermeil de ses prunelles. Ce palais lui semblait désolant et tristement désert. Outre sa bouillante rencontre avec celle qui s’autoproclamait reine, la pipelette blonde, le Vasto Lorde n’avait eu l’occasion de croiser le chemin d’une autre âme au cœur de ce dédale immaculé. Il en venait presqu’à regretter la charmante brutalité de la Quinta. Ou serait-ce plutôt les merveilles qu’elle occultait sous ses jupons? Ou peut-être la saveur sucrée de ses lèvres dont il n’avait encore su déceler le secret? Oui, la dernière option semblait plus attrayante, l’Arrancar était définitivement dû pour une nouvelle séance de léchouilles. Cette dernière pensée fut celle qui le remit sur pied. Ou alors était-ce plutôt le sang qui commençait à lui monter au cerveau dû à cette position quelque peu loufoque. À le voir ainsi chanceler en direction de la sortie de ses appartements, il est fort probable que ce soit le sang oui.

À peine avait-il fait quelques pas entre ces interminables corridors, qu’il s’était déjà égaré. Chose qui lui rappela d’ailleurs la raison pour laquelle il avait été confiné entre les murs de son logis un peu plus tôt. À cette brillante constatation, le Vasto Lorde tenta de rebrousser chemin, mais en vain, s’engouffrant davantage dans les tréfonds de ce labyrinthe. Aussi s’était-il simplement contenté de hausser les épaules, croisant les bras derrière sa tête alors qu’il reprenait sa marche quelque peu hasardeuse. Après tout, si vraiment il tenait à retrouver la pucelle blonde, il n’aurait qu’à suivre le vacarme accompagnant généralement cette dernière.

Il ne capta pas tout de suite l’intrusion au sein du sanctuaire du Rey. À vrai dire, si ce n’avait été de son pitoyable sens de l’orientation, il ne l’aurait fort probablement même pas remarqué. Néanmoins, son infortune l’avait lentement guidé sur les traces du visiteur indésirable, et c’est en progressant dans le couloir en face qu’il finit éventuellement par prendre conscience de sa présence. Éventuellement, oui, puisque l’Arrancar avait d’abord passé tout droit, pour finalement lentement reculer afin de s’arrêter à l’entrée du corridor où se dressait la mystérieuse silhouette humanoïde. Poussé alors par son esprit enfantin et sa curiosité maladroite, Ace s’était engagé dans l’allée immaculée, venant se poster face au sibyllin personnage.

Abaissant lentement ses verres orangés de son index, c’est avec un sourcil arqué que l’Espada dévisagea brièvement l’étranger.
« Oooouh! Ce sont des yeux ça!? »

Fit-il d’emblée. Le Hollow en lui-même ne lui important dès lors plus, l’Arrancar ne considérait plus que ces étranges pupilles incrustées à ses épaules. Si bien, qu’il poussa son audace jusqu’à vouloir les tâter, approchant lentement sa dextre sans une once de réserve.

- Et pourquoi serais-je timide en ma demeure, Hollow ?

- La moindre des choses serait que tu te présentes à ceux qui sont les maîtres des lieux. Sache que je suis Borick « El Emperador », résident de Las Noches.

Ce n’était que depuis peu en vérité que les membres de l’Exequias avaient retrouvé leur chef. Enfin, celui qui était censé les commander, mais à vrai dire Senka n’en avait que faire. Elle estimait s’en être très bien sortis sans lui, voir même mieux, elle ne ressentait donc pas le besoin qu’il revienne. Du moins, pour le moment. Cependant, elle n’était pas non plus le genre de personne à défier les règles, bien au contraire, elle aimait qu’elles soient appliquées à la lettre et c’était la raison pour laquelle elle s’était retrouvée dans ce labyrinthe de pierre blanche.

Apparemment, on avait voulu s’introduire clandestinement dans le Palais Sacré et cela n’était tout simplement pas envisageable et en tant que membre la plus … Disponible disons, c’était elle qui avait été choisie pour aller demander « poliment » à l’inconnu de partir. Du moins, de façon aussi gentille que pouvait l’être un Assassin, Arrancar de surcroît.

Lorsque enfin elle arriva sur les lieux, la Membre Exequias ressentis non pas une énergie spirituelle comme elle le devait, mais trois. Dans quel pétrin s’était encore-t-elle mise ? Elle n’aimait pas cela, elle aurait voulu que tout se passe en douceur, sans encombres, histoire qu’on la laisse tranquille par la suite. Pas aujourd’hui en tout cas. Elle se rapprocha alors doucement pour se rendre compte rapidement qu’en réalité il n’y avait qu’un seul véritable étranger en ces lieux, et c’était celui qui se retrouvait au milieu d’eux. Elle le regarda un long moment pour pouvoir l’analyser correctement puis posa ses yeux rubis sur le personnage aux cheveux bleus, puis sur celui aux cheveux blonds. Elle n’avait encore rencontré aucun des deux mais elle était sure d’une chose, ils faisaient partis de l’Espada car l’un comme l’autre semblait aussi tordu que la Quinta. Finalement, elle se présenta ;

« _ Senka, Exequias, pour vous servir … »

Un léger sourire vicieux orna son visage. Il valait mieux que l’étranger coopère, ou clairement, il était mort pour de bon …

Et de un... Et de deux... Et de... Trois ? Tiens ? Étrange, je me suis trompé. Peu importe, le théâtre des ombres était désormais terminé. Maintenant s'entamait l'approche. Humains ? Non, leur aura est différente. Quelle surprise. Après ces « Quincy » dans le désert, voilà une autre espèce qui m'est inconnue. Je n'avais décidément pas perdu mon temps en pénétrant entre ces murs. Je laissais approcher la première entité sans bouger d'un pouce. Mes pupilles écarlates ne le lâchaient pas un seul instant. Outre le trou béant perçant son poitrail ainsi que l'énergie bestiale qui filtrait doucement de sa personne, ce jeune homme avait tout d'un humain. C'était à s'y méprendre. Toujours de marbre, je le laissais baisser ces choses transparentes qu'il portait sur le nez. Quel était-ce donc que cette excentricité ?

Un enfant, c'est ce à quoi il me faisait penser. Je suivis son doigt s'approcher de mon oculaire gauche. Mon masque ne me permettait pas de voir, mais je faisais comme si, afin de paraître plus « normal ». Cet enfant à la chevelure cobalt ne m'inspirait aucun danger. Sa curiosité le poussait à oser. J’attendis que son doigt soit tout proche de ma rétine avant de fermer net la paupière d'os la protégeant. Du revers de la main, je lui poussais doucement le poignet et lui confirmant que...

« Oui, ce sont bien « mes » yeux. »

De mon œil droit fiché dans mon épaule du même côté, j’aperçus une sorte de symbole sur son cou. Qu'était-ce ? Un numéro... Je remarquais également ce morceau de mâchoire fait d'os accroché à son visage. Je m’apprêtais à lui demander la signification de ces attributs lorsque celui resté en arrière sorti également de l'ombre. Son allure angélique me faisait également penser à un enfant, à croire que j'avais atterrit dans une sorte d'école macabre. Comme le numéro deux, mes pupilles dans le dos de mes épaules suivaient l’éphèbe vêtu de blanc. Je distinguais également ce même morceau d'os, apparaissant brièvement entre ses longues mèches de cheveux, à son œil gauche. Un autre point commun à l'autre curieux. Je fus néanmoins surpris de constater que ces deux hommes n'avaient pas que ça en commun. A leurs flancs, chacun d'eux portaient une lame. La situation perdait peu à peu de son côté découverte innocente.

L'attitude du deuxième en particulier tranchait radicalement avec son comparse tatoué. Le blond se targuait d'être chez lui. Cherchait-il donc à me déstabiliser, me rabaisser ? Sortant de sa bouche, la manière dont il employa le mot « hollow » était comme s'il excluait son appartenance à sa propre race. Son dédain, je le comprenais, même si je ne voyais pas vraiment où il venait en venir. A eux ? Étaient-ils si différent que ça ? Sans me retourner, j'offris le profil de mon masque à ce Borick. Il n'entrait pas encore dans la catégorie de ceux qui méritaient mon jugement, et j'espérais vraiment qu'il ne continue pas de me prendre de haut de la sorte s'il ne voulait pas se retrouver prisonnier de mon épée... Il fallait que j'en apprenne davantage avant de tenter quoi que ce soit. Juger ces quincy avait été une chose, mais chez ces deux-là... Maintenant trois... Je ressentais cette pointe animale, pourtant infime, confirmant clairement leur statut de hollow.

La troisième se présenta également, sobrement. Je notais tout de même une pointe de déférence vis-à-vis des deux jeunes hommes déjà présent. Serait-ce un semblant de hiérarchie ? Dans le Monde Creux ?! Incroyable... La belle fit aussi mention d'un autre nom que je ne connaissais pas. Las Noches, Exequias, j'allais de surprise en surprise. Pourtant, depuis le début, j'étais resté en alerte. Ces faux sourires ne faisaient que me confirmer leur nature... C'est à ce moment là que je choisis de leur répondre. D'un calme absolu, ma voix grave résonna de nouveaux entre ces murs.

« Mon nom est Alecto... Simple vagabond des sables. Mes pas m'ont guidé jusqu'à cette structure qui, je dois bien l'admettre, a aiguisé ma curiosité... » - Je me retournais finalement vers l'angélique à la rapière. - « Ainsi, si je me trouve en compagnie des « maîtres » de ces lieux, je suis alors bien là où je dois être. Pour être plus précis, je cherches des réponses. Encore une fois, votre présence... » - Tout en m'avançant de quelques pas vers Borick, je les désignais lentement de mes mains, à tour de rôle, avant de m'immobiliser à nouveau. - « ...va sans doute m'éviter de longues heures de marche dans ce dédale que vous nommez Las Noches. »

La pause qui s'en suivit me servit à jauger leur réaction. Je m'avançais encore un peu plus du jeune homme à la chevelure de blé.

« Je n'ai pas l'intention de vous provoquer et j'en attend autant de votre part à mon égard... Toutefois, si votre faim venait à outrepasser votre raison, je serrais contraint de me défendre. Cela, j'en suis sûr, serait bien regrettable... »

Je m’immobilisais de nouveau, au plus proche de la pointe composant le triangle formé par les résidents de l'endroit. Devant ce Borick, j'écartais les bras comme pour montrer ma bonne fois. J'espérais sincèrement ne pas les froisser. Auquel cas, ma lame aurait de quoi se nourrir...

« ...n'est-ce pas ? »

Je revenais doucement à ma position initiale, ne quittant pas ma place en face du blondinet que je gardait tout de même à bonne distance. Les deux autres, les multiples pupilles de rubis incrustées dans mes épaules les tenaient en joug du regard. Même si je me montrait plutôt à l'aise en leur compagnie, je restais sur mes gardes. Après tout, je nageais encore dans des eaux inconnues et qui sait ce que je pourrait découvrir dans le creux d'une vague... Ma voix s'éleva de nouveaux, sur le même ton que précédemment, pas un mot plus haut que l'autre. J'étais avide de réponses.

« Quelque chose m'intrigue... Vous ne portez pas de masques, mais conservez tout de même une forme humaine ? Et à en juger par le fait que vous ne vous êtes pas déjà jeté sur moi, j'en déduis que vous contrôlez votre instinct de prédateur. Qu'êtes-vous ? »

Même si je les fixais tous de mes yeux si particuliers, je ne faisais face qu'au seul « Emperador » comme il se qualifiait sans ambages. Ils avaient désormais tous, toute mon attention...

ıl ıl Meeting predators. lı lı

Ace réprima un léger sursaut. La vivacité de cette paupière laiteuse l’avait pris au dépourvu, sans toutefois parvenir à freiner son élan d’impudence. D’ailleurs, il l’aurait probablement tripoté jusqu’à ce qu’elle se déploie, si ce n’avait été de l’intervention de l’étranger. L’Arrancar avait été sanctionné comme un enfant. C’est également à ce juste titre qu’il avait relevé le minois vers le mastodonte, lui présentant sa mine boudeuse en se frictionnant la dextre. C’est dans ces circonstances qu’il prit finalement conscience du masque qu’arborait le curieux personnage. Il n’avait pas de bouche. Pourtant, le jeune homme restait convaincu d’avoir capté ses propos précédemment. Plissant légèrement les yeux en s’élevant sur la pointe de ses orteils nus, l’énergumène tentait de se rapprocher du visage de son interlocuteur, espérant y déceler des lèvres.

Il n’eut cependant pas le temps de mener son enquête, puisqu’une voix s’élevait à nouveau dans le corridor. Il demeura perplexe le temps d’un instant, fixant le faciès apathique de l’étranger en se caressant le menton, une posture qui lui conférait une allure intelligente. Avait-il parlé de nouveau? Ce n’est que lorsque le Hollow détourna son visage, que le segunda eut la bonne idée de se pencher légèrement sur sa droite, sortant de l’ombre de la stature de ce dernier. De nouveaux arrivants.

En l’espace d’un instant, cette allée était devenue le théâtre d’un curieux rassemblement. Le Vasto Lorde s’était invité dans ce dédale immaculé, convaincu d’y pénétrer en prédateur. Cependant, une fois dans l’enceinte de ce palais, nul intrus ne pouvait prétendre à un tel titre. Si les quelques âmes occultées entre les dunes de cette géhenne devait courber l’échine, c’était bien face à la suprématie de ces chimères vêtues de blanc. Un point qui ne devait avoir échappé au dénommé Alecto, son insouciante errance au cœur de Las Noches ayant rapidement été interceptée. L’atmosphère était dès lors devenue oppressante. Les spadassins du Rey avaient été sonnés, et leurs intentions s’étaient avérées limpides.


« Hoooooooooy! »

Enfin, plus ou moins. Mesdames et messieurs, dans le coin gauche, interrompant cette charmante narration de son impudence incontestée : Ace! Contre toute attente, il ne s’était contenté que d’assister au curieux monologue de l’indépendant. Certes, il n’y avait accordé qu’une attention moindre, mais s’était toutefois abstenu de l’interrompre. À vrai dire, le Segunda avait plutôt été intrigué par ces rapaces qui avaient su flairer sa nouvelle attraction. Si bien qu’il les observa un long moment, assis contre le mur, les jambes repliées contre son buste. Ceci dit, sa curiosité maintenant apaisée, il en revenait à son principal centre d’intérêt du moment : Alecto.

Il se redressa alors et fit le tour du mastodonte. Tirant brièvement la langue à celui qui se faisait appeler « Empereur », Ace vint se dresser entre lui et l’intrus, cherchant à retrouver son statut prioritaire. Levant alors la tête face à ce géant de deux mètres, il lui présenta à nouveau sa mine boudeuse, tapotant également son torse du bout du doigt en recquisitionnant son attention.


« Hoy! Pourquoi tu me tournes le dos?! C’est moi qui t’ai trouvé en premier! »


Marquant une pause, Ace vint accentuer son air vexé.


« J’peux être méchant moi aussi, comme l’autre pas beau là! »


À cette dernière remarque, le Segunda tourna doucement la tête vers Borick, lui présentant son sourire espiègle tout en s’agitant les sourcils de haut en bas.

- Ce serait regrettable en effet. Moins pour nous que pour toi, Hollow. Les hommes et femmes que tu vois ici ne sont pas les créatures que tu côtoies au travers du Désert Blanc. Si tu intègres cette notion, alors peut-être que ton existence sera longue et moins pénibles.

- Des Arrancars... Des hybrides, si tu préfères. Mais cela ne représente que peu d'intérêts. Je dois admettre que tu forces mon respect en pénétrant en ce lieu sans craindre les représailles. Je ne te suis pas hostile tant que tu restes à la place qui est la tienne. Je ne peux toutefois parler qu'en mon nom... Comme tu peux le constater, nous ne sommes pas tous aussi évolué que nous semblons vouloir le faire croire.

- Si notre invité se tient tranquille, tu n'auras pas à intervenir, Exequias. Mais ta présence est réconfortante.

- Toi qui es un Marcheur du Yermo, n'as-tu donc pas entendu la rumeur ? Las Noches est un endroit dangereux pour qui ne reconnait pas la légitimé du Roi du Hueco Mundo. Et nous autres Arrancar sommes partie intégrante de son armée. Voilà pour les informations que tu demandais.

Tour à tour, les différents protagonistes de cette scène curieuse avaient pris la parole. Tous s’étaient plus ou moins présentés et Senka avait donc pu mettre des noms sur des têtes, ce qui lui permettrait plus tard de savoir à qui elle pouvait s’adresser, et à qui il valait mieux ne pas tenir tête. Curieusement, elle avait vite compris que le jeune garçon aux cheveux bleus était plus haut gradé que le blondinet alors que celui-ci paraissait bien plus sage et plus sûr de lui. Enfin, elle avait de toute façon appris à ne pas se fier aux apparences, car malgré le visage de la Quinta, elle était loin d’être la gentille fille à papa qu’on briserait en deux d’un coup de pied. Comme quoi, … Plus on paraissait inoffensif, et plus il fallait se méfier. Les règles de base étaient ici tout simplement inexistantes.

Si l’Assassin se trouvait ici à ce jour s’était pour accomplir sa dernière mission en tant que membre Exequias, et elle comptait bien faire en sorte que tout se termine sans encombre et cela, le plus rapidement possible. Elle décida alors de simplement faire acte de présence, sans se mettre trop en avant et de laisser faire les deux Espada présents, sans doute bien plus expérimentés qu’elle. Elle se posa alors tout simplement contre l’un des murs de la pièce, les bras croisés et le pied légèrement relevé pour la tenir contre les parois blanches de cet immense Palais. Les yeux légèrement mi-clos elle souffla simplement ;

« _ Je suis ici pour vous. Un ordre de votre part et cet étranger ne sera plus » Elle passa alors doucement sa main droite sur le bout de la lame de son poignard et fit tinter ses petites clochettes dans ses cheveux. « Si ce sont résonne Alecto, ta mort est imminente … Je n’aime pas les gens trop curieux … »

Petit regard accusateur sur l’homme, ou la chose curieuse à l’origine de cette réunion imprévue. Senka n’en dit cependant pas plus car même si on l’avait envoyé ici pour résoudre le problème, le Segunda et le Sexta maîtrisait la situation, pour le moment. Elle jeta finalement un regard sur le jeune homme aux lunettes qui s’était excité pour un ordre d’arriver. Elle se méfiait aussi de lui, elle ne voulait pas qu’ils s’entre-tuent entre Espada, ce qu’ils étaient tout à fait capable de faire. Il ne fallait pas oublier qu’ici, les habitants restaient des animaux.

Mes pupilles dorsales décrochèrent lorsque l'enfant vint se poster devant moi. Voilà bien un capricieux personnage, fidèle à lui-même visiblement. Je souriais, amusé, derrière mon masque. Si jugement il y avait à l'encontre de cet être au numéro tatoué, sans doute serait-je plus clément qu'à l'accoutumé. Sans doute... L'autre angélique ne semblait pas lui porter plus d'attention que ça, comme si celui-ci pouvait se lasser de ce genre d'attitude. Moi, il m'intriguait. Après-tout, ce n'est pas ce genre de comportement puérile qui courait les dunes du Yermo. Dans ce désert, la plupart de mes rencontres n'avaient été que pur ennui. Des bêtes recherchant simplement la puissance et qui avaient vu en moi l'occasion rêvée de se hisser encore un peu plus haut dans la chaîne alimentaire du Monde Creux. Inutile de préciser que leur faim aveugle avait conduis leurs âmes à rejoindre leurs consœurs prisonnières de mon sabre, prison éternelle de mon repentir.

Le petit à la chevelure saphir tapotait mon torse en tentant d'attirer mon attention. Je souriais encore une fois derrière la nuit de mon heaume. Décidément, ces arrancars n'avaient pas d'équivalent. J'écoutais patiemment « l'Empereur » qui se rapprochait dangereusement des limites à ne pas franchir avec moi. Son soit-disant titre le poussait sans doute à se prétendre au dessus du lot, mais celui-ci n'avait aucune sorte d'importance pour moi. La quête de pouvoir devait être une réminiscence hollow chez celui qui sous-entendait la sous-évolution de son congénère tout en me prenant de haut. Après tout, n'avais-je pas fait de même, inconsciemment, en entrant dans Las Noches ? La seule chose qui retenait mon bras était ma curiosité, ainsi que le fait qu'il ne soit pas hostile. Je devais en apprendre plus, ne serait-ce que pour savoir à qui j'avais à faire. Je n'étais pas stupide au point de me dresser face à des êtres m'étant inconnus. De plus, une chose était certaine, ils cachaient bien leur force, rien à voir avec les boules d'instinct incontrôlable du désert.

Des hybrides ? Au contraire ! Tu aiguises ma curiosité jeune homme ! Hybrides... Très certainement de base hollow. Pour ce qui est de la deuxième composante, je dois avouer que je suis dans une impasse. La plus probable semblait humaine, mais dans quel but ? Le regain d'un semblant d'humanité ? Ou peut-être que la deuxième facette de ces esprits avaient un rapport avec ces quincy ? Cela semblait plausible également... Pourtant la double pairs d'yeux à mes tibias fixait les sabres fichés à leur hanche. Je les détaillais du regard, écartant désormais l'hypothèse quincy. Je me souvenais des projectiles de ces présomptueux personnages. Un autre souvenir, plus lointain, refit alors surface. Oui... Les shinigami portaient des armes de ce genre.... S'il s'avérait que ces lames soient bien des zanpakutô, j'avais devant moi trois énigmes. Inquiétant... Dérangeant même.

Borick s'écartant vers la femme aux yeux étrangement semblable aux miens, mes pupilles revinrent à mon premier client, l'enfant. Me menaçait-il ? Aucune importance. Quoique si je souhaitais ne pas froisser mes hôtes, autant faire preuve de considération. Élevant la voix, je lui montrais successivement mes tibias, le dos de mes épaules, avant d'amener à sa vue le dos de mes mains maintenant à hauteur de mon visage. Deux couples d'yeux plus petits l'observaient calmement.

« Calme-toi... Toi dont je ne connais pas encore le nom. Sache que même si je te tourne le dos, tu as encore mon attention. »

J'inclinais le visage sur le côté, mimique inutile pour ma vision, mais nécessaire au maintien de l'illusion d'un corps... Humain. L'une de mes mains pointa alors en direction de son cou.

« Dit moi... Quelle est donc ce numéro tracé sur ta peau ? Que signifie-t-il ? »

J'avais posé la question par pure curiosité, simplement pour faire sentir à ce jeune homme que je ne voulais pas lui manquer de respect.

Un son de clochette attira mon attention. Même si je tournais légèrement la tête, c'était bien ma main droite le long du corps qui venait d'identifier de ses rubis oculaires la provenance de ce son. Sans m'inquiéter plus que nécessaire, j'inclinais mon heaume d'os pour signifier à la jeune femme que j'avais bien compris ses paroles. Même si je ne relevais pas plus que cela sa mise en garde, je me méfiais de cette « Exequias », car elle était la seule personne de cette assemblée à me montrer une certaine animosité. Mais peu importe, je n'avais rien à prouver, et pour le moment aucune raison de ne pas me montrer coopératif.

L'angélique en revint alors à moi, se postant au côté de l'enfant en fixant l'un de mes yeux. Voilà une rumeurs des plus instructive. J'avais donc face à moi les membres d'une armée, celle d'un roi, au Hueco Mundo. Je le réalisais alors... Quelle mascarade... Avais-je donc été aveugle à ce point pendant toutes ces années ? Comment le Monde Creux avait-il pu changer de la sorte ? Un tel bouleversement de l'ordre des choses ne pouvait être possible, pas ici... Ici, seule la loi du plus fort régnait en maître et il n'y avait aucun intérêt pour le plus fort de s'entourer de quiconque. Diriger les autres, voilà bien un comportement des plus humain. Qui était donc ce roi ?

La confusion s'emparait de moi. Je venais d'appréhender une notion qui m'était jusqu'alors étrangère. La défaite... Un hollow s'était hissé au pouvoir. Il était passé au travers... Je ne l'avais pas trouvé... Ma lame ne l'avait pas jugé. Un seul être, il en avait suffit d'un seul. J'avais sous-estimé notre instinct. Mes rétines s’étrécirent en un trait félin, seule marque trahissant la sourde colère montant peu à peu en moi. Ces arrancars n'étaient que blasphème, une insulte à la condition hollow, les pions du roi que j'avais laissé monter sur le trône de sable. J'en faisais une affaire personnelle. Ce Roi tomberait un jour, je le briserais, je rétablirais l'ordre des choses...

Les mots de l'hybride avaient eu l'effet d'une bombe dans mon esprit, ravivant une haine que je n'avais pas ressenti depuis des siècles. Je la contrôlais avec difficulté, serrant les poings en m'entaillant les paumes de mes griffes. Ils ne devaient pas comprendre. Je devais me calmer, apprendre des mes ennemis afin d'accomplir mon œuvre... Du sang commençait à perler de mes phalanges, mais je ne bougeais pas. Il me fallait maintenir l'illusion, le voile d'obéissance sur ma personne.

Ma voix résonna alors de nouveau dans le dédale, insondable.

« Je ne peux que confesser mon ignorance... Car je ne suis qu'un marcheur solitaire. Si j'avais eu vent de cette rumeurs, nous ne serions sans doute pas là en ce moment. Pour moi, il n'y a de roi légitime que le sable de notre monde. D'ailleurs, je suis plutôt curieux de savoir ce qu'un « empereur » fait au service d'un roi. »

Je me faisais violence pour maîtriser mon aura, mais j'y parvenais, pour l'instant... Il ne fallait pas que je me laisse aller, ce n'était pas le moment, ni l'endroit. Car si l'angélique avait parlé d'une armée, alors ce lieu devait sans doute regorger d'autres de ces hybrides. Je continuais en orientant mon regard vers la rapière de l'immaculé.

« Et ce trancheur d'âme... N'est-ce pas tout aussi paradoxal ? Si c'en est bien un... »

ıl ıl Hoy. lı lı

Le Segunda resta brièvement hébété face au présumé Empereur. Une réaction de convenance compte tenu de la raillerie insufflée dans les propos de ce dernier. Cependant, considérant la bêtise dont faisait généralement preuve cet énergumène, il restait fort à parier qu’il n’avait même pas su capter la dérision. À vrai dire, ce désagrément perceptible au creux de ses traits devait plutôt exprimer une certaine confusion face à l’indifférence de l’androgyne. Il n’avait pas bronché devant le charme de ses deux rangées de poils finement taillées! Pire encore, ce… Ce… Enfin, ce truc à la sexualité ambiguë, dont le nom lui échappait déjà, n’avait même pas daigné lui accorder ne serait-ce qu’un simple regard. Le gamin plissa les yeux sous le passage de son nouvel ennemi, l’observant dans sa démarche constipée si caractéristique de ceux de sa caste. Face à tant de prestige, l’enfant ne put s’empêcher de brandir la dextre, soudainement animé par l’idée de tirer sur la toge de celui qui lui faisait à présent dos. Une chute parviendrait peut-être à le ramener à sa place. Un geste qu’il réprima cependant, Alecto s’emparant à nouveau de son attention.

Il lui présenta les quelques pupilles incrustées ici et là sur son corps. L’Arrancar était fasciné. Il voulut toutes les tâter du doigt, une curieuse manie chez lui d’ailleurs. Toutefois, il se remémora les évènements précédents, et s’abstint de ce fait. L’intrus inclina ensuite son heaume sur le côté. Croyant à un jeu, le Segunda ne tarda à l’imiter, un léger sourire s’insinuant progressivement au creux de ses traits. Cependant, il s’avéra que le marcheur solitaire n’était pas enclin à l’amusement, au contraire, il tentait de se renseigner. Redressant alors son visage subitement, Ace vint ajuster ses lunettes. Voilà là une seconde occasion d’user de sa pose d’introduction! Gonflant le torse d’un faux air de fierté, l’Arrancar vint se pointer du pouce, bravant l’intrus de son regard vitré et de son prodigieux sourire.


« Se-gun-da Espada, Ace! »

Un tintement retentit alors. Le Segunda détourna instinctivement le regard vers l’Exequias. Voilà que quelqu’un d’autre avait trouvé le moyen de le captiver. Poussé par son esprit enfantin et sa curiosité maladroite, Ace abandonna bien vite celui qu’il se disputait quelques minutes plus tôt. Dans l’instant, il se soucia peu de savoir si Alecto avait bien saisi l’importance de son titre – titre dont lui-même n’avait pas encore saisi l’ampleur – et encore moins de son nouveau rival constipé. Il se rendit plutôt directement à la jeune femme, venant lui aussi prendre place contre le mur blanc dans une posture calquée de la sienne. Adossé à une certaine distance de l’Exequias, le Segunda feint d’abord l’indifférence, observant tout simplement l’échange entre les deux hommes. Cependant, outre cet intérêt factice qu’il leur accordait, il ne pouvait s’empêcher de lorgner la donzelle au regard vermillon. Si bien, qu’au fil des quelques brèves secondes qui s’écoulèrent, il s’était subtilement rapproché d’elle. Enfin, subtilement est un bien grand mot. Au terme de sa « discrète » progression, l’Arrancar se retrouva complètement retournée vers la jeune femme, la fixant de ses deux grands yeux ronds. Il tâta alors sa joue du bout de son index.


« Hoy, refais sonner tes p’tites clochettes. »


Fit-il tout simplement. Un vrai charmeur.

- Qu'importe ce trancheur d'âme. Il ne s'agit que d'un artifice tout juste bon à révéler la véritable nature de ceux de cette race.

- Si tu veux de vraies réponses, alors il faudra te montrer plus malin que ça. Ne comprends-tu pas dans quelle situation tu es ? Cette citadelle est un piège pour ceux qui ne portent pas le demi-masque, Hollow. Tu ne trouveras pratiquement que des ennemis en ce lieu. Sauf si tu sais où chercher.

- Prends garde toutefois... Tu n'obéis peut-être à aucun Roi mais celui qui sévit à Las Noches serait bien capable de te faire payer ton manque de foi par la mort. Réfléchis donc bien à ce que tu pourrais dire. Las Noches n'est pas un havre de paix. Ici, les règles sont différentes. Pour ma part, je n'ai que trop tardé ici. Senka, Ace, faites comme bon vous semble. Mais s'il quitte Las Noches, laissez-le filer.

La réponse de l'enfant me laissa perplexe. Deuxième épée ? Étais-ce une sorte de surnom ? Un... grade ? Après tout, si « l'armée » de ce Roi s'organisait d'une façon ou d'une autre, il ne faisait aucun doute quant au fait que ce numéro ai une réelle signification hiérarchique. Leur apparence était décidément bien trompeuse. Perdu dans cette réflexion, mes yeux scrutaient les deux autres protagonistes à la recherche d'un signe particulier. Ace s'était écarté pour venir à la rencontre de cette « Exequias ». Mes prunelles de rubis se posèrent plus précisément sur l'angélique en face de moi. Non, rien de bien probant. Je continuais de le détailler lentement du regard tout en l'écoutant. Ainsi, j'avais vu juste à propos de ces lames à leurs ceintures. Quel aberration... Comment était-ce possible ?! Je décidais tout de même d'en avoir le cœur net.

Toutes mes paupières se fermèrent alors lentement, me concentrant sur l'onde de mon pesquisa tout en tentant toujours de réprimer ma colère qui s’amplifiait malgré tout. Je distinguais clairement trois présences, mais l'aura qui suintait de façon infime de leurs armes avait quelque chose de différent. Comme... la mienne, celle du hollow, celle de ceux enfermés au cœur de mon propre sabre. Ils dissimulaient également parfaitement leur énergie. Pourtant, malgré cela, je ne doutais désormais plus de leur force. Ces hybrides m'égalaient. Non... Ils me surpassaient. J'étendis ma perception à l'extérieur de ce couloir. Je ne pouvais y croire... Une armée, le mot était juste. Ma défaite s'avérait totale et je m'en rendais maintenant compte. Combien de temps avait-il fallu à ce Roi pour rassembler autant de ces monstruosités ?

Je rouvris les yeux, stupéfait même si je n'en laissais rien paraître. Les paroles de ce Borick avaient accompagné l'écho de mon sonar. J’appréhendais désormais ma situation d'une toute autre manière. La peur restait une étrangère noyée dans les méandres de ma haine grandissante. Mon impuissance en cet instant ne faisait que l'alimenter davantage. Ces murs gigantesques m'étouffaient. Mon instinct dormant jusqu'alors s'éveilla. Il rassemblait les données assimilées jusqu'à présent en imprimant dans mon esprit une envie oppressante de fuite. J'avais l'impression de remonter le temps, perdu dans les grottes en compagnie de la meute. Ces images, je ne voulais plus les voir. Je n'étais plus cet être obnubilé par ce désir d'évolution. Je n'aurais jamais du pénétrer dans l'enceinte de cette citadelle. Il fallait que je sorte avant de perdre le contrôle...

Sans vraiment savoir qui était réellement ce jeune homme à l'air supérieur, je l'observais s'éloigner sans vraiment comprendre la raison pour laquelle il avait « ordonné » aux deux autres de me laisser partir. Il aurait pourtant été facile pour eux de supprimer la menace que je représentais. Enfin, ils n'avaient pas l'air de le réaliser, trop sûr de leur statut, trop sûr de leur force, noyés dans leur ego. L'immaculé me sous-estimait... Ce constat me réjouit et m'apaisa même si je percevais toujours les yeux de la jeune femme toujours rivés sur moi. Elle... Je devais m'en retourner vers le désert. Tout de suite. Suivre le blond ? Oui... Toi qui te pavane et raille ta sous entendue supériorité à la face de tes semblables, tu n'as que faire des faibles et des simple d'esprit. Inconscient de la flèche prête à la transpercer est l'oiseau qui plane au dessus des cimes. Très bien monsieur l'Empereur, nous allons jouer...

Je me tournais alors vers les deux autres, jaugeant leur réaction. M'inclinant légèrement, un bras sur mon poitrail, je décidais de me plier au jeu des faux semblant. Ainsi, je m'en irais sans crainte, tout de moins l'espérais-je...

« Je vous salue et vous laisse à votre palais, Segunda Espada Ace, Exequias Senka. Celui-ci n'est pas fait pour moi, j'en ai désormais la certitude... »

Sur quoi je me concentra sur l'aura de l'angélique qui se trouvait déjà bien en avance sur moi. Sa destination ne faisait aucun doute, la mer de sable. Parfait... Éloignons nous de cette bâtisse inhospitalière.

Mes pas se succédèrent jusqu'à disparaître de la vue des des autres. Ma curiosité s'était tourné vers l'hybride à la chevelure de blé qui, je devais bien l'admettre, m'avait offert un sursit inespéré, incompréhensible aux vus de ce qu'il m'avait révélé plus tôt. Comme s'il ne faisait pas partie de cette armée... Comme s'il croyait au dessus de tout ça. Borick, qui es tu ? Qu’est-ce que tu cherches à dissimuler ?