C'était déjà la fin de cette semaine, et le calme avait finalement fleuri dans l'esprit de la jeune capitaine. Ses subordonnés et elle avaient réussi à obtenir des images et des analyses satisfaisantes tout au long de la semaine, et avaient évité la plupart des accrochages avec les humains et les hollows. La plupart, hein, puisqu'elle s'était retrouvée empêtrée dans diverses affaires avec la deuxième division et un fullbringer. Mais aujourd'hui, alors qu'elle songeait déjà à ses quartiers et à la bonne tasse de thé qu'elle allait s'y préparer, rien ne pouvait altérer le sourire d'Ai. Elle et Senji avaient convenu qu'ils partiraient aujourd'hui, tandis qu'Akihiko voulait rester un peu plus, pour un congé. Elle le lui avait accordé, après tout lui aussi avait bien bossé.

Se retournant vers son troisième siège et bras droit, elle lui fit un signe nonchalant de la main qui voulait dire, dans un langage universel, "allons-y". Ils étaient tous les deux bien chargés, elle portant deux sacs et Senji trois. A l'intérieur se trouvait les habits de rechange, le matériel de recherche, et bien sur leurs précieuses images. Elle pénétra sans attendre dans les ténèbres du passage entre les mondes. L'endroit l'impressionnait à chaque fois, et ses pas résonnaient dans le vide glacial, a peine étouffés par leur propre écho.

Il y avait des tas de choses qu'elle voulait faire à leur retour, l'une d'elles étant la première chose qu'elle ferait en arrivant. En quittant le studio ce matin, elle avait fait comprendre à Senji qu'elle le convoquait pour une réunion privée dans ses quartiers dès leur arrivée. Il savait donc qu'il devrait la suivre une fois qu'ils auraient enfin débouché dans la Soul Society. Elle comptait mettre son projet à exécution dès qu'ils auraient posé les sacs, et lui annoncer sans attendre les nouvelles qu'elle lui réservait. Un sourire naquit sur les traits fins d'Ai à cette idée.

- Enfin...

Enfin ils avaient débouché sur l'esplanade familière du royaume des âmes, gardée par deux autres gardes, se tenant bien droit cette fois. Ils portaient leur habituelle cagoule beige, les confinant dans l'anonymat de leur fonction. Ils esquissèrent un salut en règle devant le passage de la jeune gradée et de son suivant. Sans plus attendre, elle se volatilisa, utilisant son moyen de transport favori: son impressionnante vélocité. En un rien de temps elle fit coulisser la porte de son bureau, alluma les lampions et posa ses sacs dans la chambre qui constituait l'annexe de cette pièce tout en longueur. Une fois ceci fait, elle revint derrière son bureau et entreprit de regarder quelques rapports sur leurs autres projets en attendant Senji.

Une semaine c’était écoulé depuis notre arrivé sur terre, et déjà le Dangaï se rouvrait devant nous. J’avais eu le temps de profiter de quelques jours de repos, le montage n’ayant pas pris tous mon temps, par chance. J’étais vraiment très satisfait par la tournure qu’avait pris les évènements surtout qu’au contraire de ma capitaine je n’avais pas été importuné par quiconque lors de mes déplacements dans la ville, ce qui était quelque chose de plutôt appréciable, je l’avoue. Ne pas avoir à gérer de Hollow ou d’humain un peu trop curieux m’avait permis de me balader tranquillement, et de découvrir un ville que je n’aurais pas pensé aussi appréciable. L’espace d’un instant je me serais presque imaginé ici, peinard, ma douce et tendre Inori avec moi vivant un idylle tout ce qu’il y a de plus beau. Profitant de ce climat tranquille et voyageant lorsque celui-ci se dégraderait en hiver. Oui cela aurait été paradisiaque pourtant je savais bien que cela était parfaitement impossible. Car elle n’était tout simplement plus. Ils me l’avaient enlevé. Et même si au fil des années ma haine envers mes congénères c’était dissipé il y avait toujours des instants où je leur en voulais totalement, où je désirais simplement la revoir, faire disparaître cette haine !

J’emboîtais le pas de Tsunemi-Taishô, balançant les sacs sur mes épaules, je la suivais, l’air presque fâché, comme à chaque fois que je repensais à elle. C’était trop dur et je préférais ne tout simplement pas parler, la suivre sans un mot, de peur de dire quelque chose que je regretterais. Je la suivais tranquillement sans presser à travers le Dangaï, pas réellement pressé de retourner au Seireitei. Il y avait de bonne chose ces derniers temps dans ma vie, mais en cet instant j’avais un sérieux coup de blues !

La seule parole d’Aï ne m’aidait en aucun cas à me sentir mieux, bien au contraire. Elle semblait si soulagé de rentrer, alors que je n’avais en tête qu’une seule envie, celle de réduire en cendre cette place. Je savais que cela passerait comme chaque fois, j’allais me rendre dans ce bar où l’on avait pour la première fois réellement discuté avec ma nouvelle Capitaine et j’allais y prendre une véritable pété. Me laisser tomber dans l’alcool. Cela ne me ressemblait pas, pourtant c’est ce qui fonctionnait le mieux sur moi. C’était le meilleur anti-dépresseur, et demain avec la gueule de bois mes soucis s’envoleront !

Kirito marchait seul dans les couloirs ternes du Dangaï. Il avait eut raison de rester une journée supplémentaire dans le monde des humains il avait encore fait une rencontre intéressante avec cette jeune Izu... De plus, il pouvait marcher en silence sans que personne ne vienne le perturber dans ses réflexions. Il aimait la solitude quant elle s’avérait nécessaire et en cet instant où il rentrait à la Soul Society et que ses sentiments étaient partagés entre la joie et la tristesse il avait matière à réflexion.

Dire qu’il n’était parti que depuis une petite semaine ! Il s’était passé tant de choses en si peu de temps. Pour commencer il avait appris à mieux connaître son troisième siège et durant la semaine il avait au passage appris que ce dernier devrait sans doute être nommé au grade de vice-capitaine. Akihiko avait parlé de ce point au cours de l’une de ses discussions avec Ai. D’ailleurs voir cette dernière œuvrer en tant que capitaine avait également quelque chose de fascinant, il était fier d’être son ami et de se dresser désormais à ses côtés. La jeune Shinigami se débrouillait bien et en plus il avait pu constater que malgré son grade fraichement acquis leur relation d’amitié était intacte. En parlant de nouveau capitaine il songea à ce que Homura avait pu faire après qu’ils se soient rencontrés pour tester les Gikongan expérimentaux. Même si avec elle les résultats s’avéraient désastreux la recherche avait en grande partie portée ses fruits car Senji et lui-même avaient pu se battre à plein potentiel grâce aux petites pilules. Le travail de montage qui s’en était suivi avait été des plus fructueux et en quelque sorte ils sortaient tous victorieux de cette épreuve, même l’autre …

Kirito songea d’ailleurs qu’il avait été agité durant toute la semaine prenant parfois longuement le dessus sur lui. Le corps de notre jeune héros n’avait eu de cesse de passer d’un esprit à l’autre. Malgré cette variation leur mémoire et leur corps était unique par conséquent les conséquences que provoquaient l’un impactaient tout autant l’autre. D’ailleurs les deux personnalités s’étaient toutes deux mises en danger cette semaine, le gentleman faisant face à la terriblement séduisante Real Mayer tandis que l’autre s’était déchaîné et avait tenté de séduire la belle inconnue rencontrée par hasard un soir. Ce même hasard l’avait aussi placé face au vice-capitaine de la seconde division le jour de son repos avec qui il avait échangé quelques politesses mais également face à la très mystérieuse Izu rencontré quelques heures auparavant seulement. Le jeune homme eut un petit sourire amusé en songeant que la boucle était bouclée désormais et qu’il devait maintenant se concentrer sur ce qui l’attendait.

Il devrait vite revoir Ai mais également Senji et Homura. Il nota dans un coin de sa mémoire qu’il devait essayer d’en apprendre plus sur la jeune inconnue, même si l’autre ne souhaitait rien en savoir pour la garder mystérieuse à ses yeux. Il devait également chercher des informations sur Izu car l’écharpe que la jeune fillette portait lui rappelait vraiment quelque chose… Il songea également qu’il aimerait bien revoir Asatsuyu Masaye une vieille connaissance qu’il appréciait.

Perdu dans ses pensées, il manqua de percuter de plein fouet l’immense porte qui délimitait la fin du dangaï. Au dernier moment il se figea à moins de quelques centimètres de la porte. Il posa sa main sur le battant et poussa. Un vent lui caressa le visage. Il resta là quelques instants à observer la Soul Society et le Seireitei se dresser fièrement devant lui. Akihiko sentit l’autre s’agiter et il sourit malgré lui. Il fit un pas qui l’entraina alors vers de nouvelles aventures.