Et bien, la nuit avait été prolifique! Le Kyuusei était satisfait. Ayant rompu ses barrières, l'Akucho avait travaillé d'arrache-pied avec lui jusqu'à l'aube, lui permettant d'affiner la vue d'ensemble qu'il avait sur sa nouvelle Division. Et le constat était sans appel: restée longtemps sans Capitaine, l'unité des Forces Spéciale avait forcément souffert de quelques lacunes. A voir la façon dont Uragami abattait le travail, à présent, Noboru ne se faisait pas de mouron. Au moins avait il apporté l'étincelle qui avait tout remis en marche. Car c'était du haut de la chaine de commandement que devait venir l'inspiration et la motivation nécessaire au moral des troupes, et à leur envie d'avancer.

Il tout juste pris le temps de faire ses ablutions matinales, afin de se rafraichir le corps et l'esprit. La nuit blanche prendrait son tribu, il n'en doutait pas, mais il tenterait de repousser l'échéance aussi loin que possible. Son Vice Capitaine avait pris sur lui d'aller s'occuper de mettre les troupes en formation, un geste que le Vif-Argent avait accepté avec gratitude. Au moins, passé un court affrontement de volonté entre les deux hommes, les choses s'étaient déroulées sous de meilleures auspices. Et cela donnait le sourire au gradé. Sourire qui s'élargit à l’émergence d'un son extrêmement aigu, provenant sans aucun doute des dortoirs, et qui restait assez fort malgré la distance pour occuper l'espace sonore de la Division entière. Il ne savait comment, mais son subordonné avait trouvé un moyen de mettre tout le monde sur le pied de guerre, et sa façon de faire convenait parfaitement à l'esprit de l'ancien Fukutaisho de la Onzième. Brusquer un peu les petits ninjas pour leur rappeler que rien n'était acquis, que leur status devait être mérité, et non dû. Son rictus d'amusement se mua en rire lorsque l'horrible bruit se reproduisit une seconde fois, mouchant sans doute toute velléité de contestation. Et bien, les gars allaient être dans l'ambiance, c'était parfait. A quoi servait le pouvoir si on ne pouvait pas en abuser de temps en temps pour pourrir la vie de ses sous-fifres?

- Bon, c'est parti pour la représentation...

Il ne lui fallut guère de temps pour se rendre sur le terrain d'entrainement réservé aux soldats de la Deuxième. Noboru avait choisi le dojo, le préférant aux salles souterraines qui avaient été construites du temps ou l'un des Omaheda était Lieutenant. Ce type avait effectué des travaux presque toutes les semaines, allant même jusqu'à installer des portes automatiques et des planchers chauffants. Ça n'avait malheureusement pas empêché les bâtiments de s'effondrer lors de l'attaque du Vanderreich. Enfin, il avait tout de même tout refait construire à neuf. Ah, les riches...ledit dojo jouxtait les terrains extérieurs, qui présentaient plusieurs surfaces pour s'entrainer sur terrains différents, de la terre battue au gazon en passant par la zone semi-urbaine, avec gravats en prime. Autant dire que c'était le luxe! Il s'était magné le train pour arriver avant tout le monde. La clé dans tout ça, c'était de frapper les esprits, d'avoir l'air. C'était donc au centre du tatami, les bras croisé, que le Kyuusei accueillit le premier arrivant. Son Lieutenant, bien entendu.

- Dis moi, c'est toi qu'est à l'origine de tout ce raffut? Si c'est le cas...bravo, j'aime bien ta façon de faire. L'objectif premier, c'est pas de les dorloter, faut qu'ils s'endurcissent un peu. Le fait est qu'on ne forme pas des nounous, on forme des types dont le passe temps consiste à vouloir la perte de tout un tas de gens. Alors autant les rendre aussi teigneux que possible, hein? Bref, ils arrivent, on va leur montrer pourquoi on est à ce degré de la pyramide de hiérarchie.

Et un grand sourire barrait sa face de part en part. Car c'était le moment de faire parler les poings, et l'autre se retrouvait dans son élément. Il allait leur enseigner comment on doit se battre pour atteindre son objectif à tout prix. Après tout, son crédo - à l'origine, convenant à la Onzième - s'appliquait ici parfaitement à l'Omnitsukido et aux autres branches qui composait la Division des corps d'élite. Vaincre à tout prix, ou mourir. Un truc simple, qui ne laissait aucune place à l’ambiguïté.

- Je te laisse ouvrir le bal, Uragami. Après tout, c'est moi l'intrus qui m'aventure sur ton territoire, hein? Montre leur pourquoi tu portes ce brassard!

Ce n'était pas tout à fait innocent. Il voulait effectivement voir de quel bois était fait son bras droit, et pour cela il devait subir la morsure de ses attaques. Ni plus, ni moins. Ainsi pourrait-il agir en conséquence.

Il était resté les bras croisés, alors que son subordonné passait déjà en Shikai, ne dévoilant pas de changement notable sur sa lame. C'était à croire qu'il usait de supercherie...ou que le Vice Capitaine était doté d'un Zanpakutô fourbe. Il ne restait qu'à en gouter la morsure, afin d'en être complètement certain. C'est pourquoi le Capitaine ne bougea pas d'un pouce, se contentant de rester droit, les bras croisés, alors que l'Akucho entamait sa première attaque. La vague d'ultrason le frappa de plein fouet - bien que concernant les ultrason, cela se fit plutôt de manière imperceptible - et son corps accusa immédiatement le coup suite à cet assaut. Il avait l'impression que l'on tentait de lui faire rentrer de force des vis dans le crâne, et en même temps tout semblait silencieux, comme dans du coton. Il fallut quelques temps au Kyuusei pour comprendre alors que cet assaut lui avait coûté l'un de ses sens, à savoir l'ouïe. Et bien, soit! A présent, il était à égalité avec Uragami. Quoique non, puisqu'il possédait un casque lui permettant d'entendre. Un casque qu'il faudrait lui ôter, dans ce cas.

- ALORS COMME CA TU UTILISES LE POUVOIR DU SON, HEIN? BRAVO, BIEN JOUÉ, J'AIME BEAUCOUP LA MANŒUVRE!

Bien évidemment, maintenant qu'il était sourd comme un pot, il ne pouvait prétendre à savoir contrôler le niveau de sa voix. Il se contentait donc de gueuler comme un blaireau à qui l'ont aurait tiré la queue. Une bien piètre représentation de sa part s'il voulait gagner le respect de ses hommes. Sauf que...

Ah, du Kidô...j'aime pas le Kidô. Mais pourquoi, Uragami, pourquoi? Tu me tends la perche pour te battre avec là...

Il voyait la sphère d'un violacé électrique filer vers lui à toute allure. Il savait que tout contact avec elle le transformerait en flambeau, aussi sûrement qu'il savait qu'il n'allait pas laisser de chance à cette attaque pour aboutir. Ouvrant finalement les bras, comme pour s'étirer, il se laissa aller à un brusque mouvement en avant, frappant l'air de sa dextre, paume ouverte, comme pour assener une claque magistrale à un ennemi imaginaire devant lui. Sa paume de Bouddha, qu'il préférait appeler "le Bonjour de Shinjirô", référence aux coups magistraux que pouvait envoyer l'autre au plus fort de la bataille, souleva une véritable tempête chaotique sous l'effet de l'onde de choc, qui emporta la boule d'énergie dans son sillage, la déviant de sa course initiale pour aller frapper l'un des murs protégé du dojo. Bien sûr, sous la puissance de la frappe, l'onde se propagea jusqu'au Vice Capitaine, continuant même après lui pour aller frapper la masse de soldats se trouvant là, et le mur derrière eux. Personne n'était resté indemne face à cette simple riposte. Et grâce à elle, Noboru montrait à tous qu'il pouvait aisément prétendre à son poste, quand bien même il titubait, emporté par son attaque, le pas mal assuré.

- CA ME TUE DE LE DIRE, MAIS VA FALLOIR UN JOUR QUE JE FINISSE PAR M’INTÉRESSER À TOUTE CETTE MAGIE, MOI AUSSI!

Après tout, le Kenpachi lui même n'avait-il pas tenté un Bakudô, face au vieux Tenzen, lors de leur dernière rencontre? C'était peut être le signe qu'il fallait qu'il se bouge, malgré ses réticences aussi fortes que celles d'un chat devant une baignoire pleine. Il verrait ça plus tard, pour l'heure...

- ANATA NO TAMASHI NO BARANSU O HAKARU, NARAYANA!

Sitôt l'arcane prononcée, le sabre court ceignant les reins du gradé disparu dans une gerbe de lumière, pour aller fusionner avec ses deux avant-bras. Maintenant vêtu de ses gantelets de plaques, reliés entre eux dans le dos par une chaine dentelée, il était prêt à jouer au jeu de son bras droit. Ce devait être lourd, à la longue, devoir subir ses hurlements. Aussi le shinigamis aux cheveux blancs décida-t-il de passer directement à l'attaque, sans discours. Uragami lui avait pris son ouïe, il allait lui prendre la vue. Pulsant d'énergie lumineuse, tel un stroboscope, il finit par tout simplement laisser éclater son pouvoir, produisant un flash intense qui laisserait quiconque subissant sa morsure aveugle pour un moment, du moins le temps nécessaire pour se prendre une riposte bien sentie. Là où la technique était vicieuse, c'était que, non content de produire de la lumière, c'était le reiatsu du Kyuusei qui saturait aussi l'air ambiant, empêchant ainsi son opposant de le détecter si d'aventure celui-ci ne possédait pas d'aptitudes de traqueur spirituel. Puis, faisant un bond de côté, il détendit le poignet, créant un lasso de pure énergie lumineuse, dans le but, non pas d'attraper sa cible, mais de le pousser d'un claquement. On en était à l'échauffement, et il voulait juste bousculer un peu son Vice Capitaine, le pousser à se dévoiler un peu plus. Déjà, il sentait que son équilibre n'était pas aussi assuré qu'avant, sûrement le résultat de l'assaut pernicieux des ondes sonores. Cet handicap allait probablement lui en coûter par la suite, aussi devait il rester extrêmement prudent.

Visiblement, le tancer ainsi avait fini par piquer le Lieutenant au vif. Car à peine remis de sa surdité - ce qui signifiait qu'il en était encore au stade des sifflements et acouphènes - le Kyuusei pu pleinement profiter d'une nouvelle attaque à base de son, qui déchira l'air ambiant comme un couperet. Vache, sa capacité à hérisser le poil de l'ennemi était d'enfer! S'éloignant d'un bond autant que la pièce le permettait, le Capitaine ne put néanmoins se soustraire à la douleur cuisante qui lui vrilla ses tympans déjà malmené par le précédent assaut. Il était clair que l'Akucho comprenait ce qu'on attendait de lui, c'est à dire donner le maximum de lui même. Il allait néanmoins user ses ressources assez vite à ce rythme, puisqu'il enchainait déjà sur un second sort de Hâdo, provoquant une vague déferlante d'énergie qui fondit dans la direction approximative de sa cible. Darpana faisait encore clairement effet, réduisant la précision d'Uragami. Autant ses arcanes de son n'étaient pas concernées par le simple fait de viser, se contentant de se propager dans l'atmosphère, autant risquer une attaque plus ciblée se révélait plus ardue. Ce n'était pas une aubaine pour les membres de la Seconde, qui se retrouvaient entre le marteau et l'enclume. Au moins, ils apprendraient à la dure.

Il devait maintenant réagir, ce qu'il fit sans tarder. Un instant, il se trouvait face à la vague, l'instant d'après il disparaissait dans un "pop!" accompagné d'un vif éclat argenté, pour apparaitre dans l'espace séparant les spectateurs en piètre état de son bras droit. Il était maintenant au contact, mettant en scène le pire scénario pouvant arriver à quiconque voulait l'affronter. Dans cet espace exigu, ses compétences martiales pouvaient s'exprimer au maximum de leur potentiel. Pourtant, le Kyuusei n'allait pas mettre fin au combat d'une passe brutale. Il voulait encore faire durer l'affrontement, s'imprégner des techniques et compétences de son subordonné, quitte à devoir effectuer un petit passage par les locaux de la Quatrième. C'était pour lui le moyen le plus rapide et le plus efficace de comprendre les arcanes d'Uragami, et d'estimer sa puissance, ainsi que son utilité. Aussi décida-t-il d'enchainer sur deux techniques se complétant, l'une lumineuse et l'autre sombre, de puissance équivalente.

Paume droite tendue devant lui, il laissa éclater une vague d'énergie à bout portant, tandis que son autre main prenait appui au sol, compensant la perte momentanée de son équilibre, due aux tourments infligés à son oreille interne. Sa senestre sembla enfoncer ses doigts dans le sol, alors que le Vif Argent saisissait l'ombre de son adversaire, pour ensuite effectuer un tour sur lui même, et l'abattre en direction du Fukutaisho, à la manière d'un batteur frappant la balle en pleine course. Sa silhouette semblait floue, au contact, comme protégée par un bouclier invisible, rappelant l'une des techniques les plus puissantes dans le répertoire de combat à mains nues du Capitaine. Cependant, à cette distance, le cumul des deux attaques aurait sans aucun doute son effet.

- Le prochain assaut ne sera pas aussi gentil, Uragami! Il va falloir que tu me montres que tu sais bouger, ou à rester ainsi immobile je vais finir par t’aplatir comme une crêpe!

Le jeune homme commettait une erreur en se retranchant derrière des boucliers qui le maintenaient immobile. Si d'aventure Noboru avait voulu en finir avec lui, il n'y aurait pas eu de meilleur choix que maintenant. Il était vital qu'il reste insaisissable, car face à de la puissance pure, il serait emporté comme un fétu de paille. Et effectivement, comme il l'avait annoncé, le prochain assaut montrait élèverait le niveau de la rencontre d'un cran. Il se devait de rudoyer le shinigami face à lui, afin que celui-ci ait un jour le pouvoir de tenir face à l'ennemi sans faillir. Trop hésitant, axé sur la défensive, il laissait bon nombre d'ouvertures qui ne demandaient qu'à être comblées, et à lui péter à la figure. En vieux combattant expérimenté, l'ancien membre de la Onzième l'avait d'ores et déjà constaté, mais restait néanmoins sur ses gardes: la seule chose à laquelle il fallait vraiment s'attendre, dans un combat, était l'inattendu. Uragami avait peut être d'autres tours dans son sac.

Comme prévu, le bouclier du jeune homme avait éclaté sous l'assaut du Kyuusei. Il avait été prévenu, c'était le dernier coup de semonce. Jusqu'à présent, il n'avait vraiment qu'interposé des sorts de Hadô pour toucher son adversaire, la capacité de son Zanpakutô s'avérant finalement plus utile dans d'autres domaines que l'assaut frontal pur et dur. Au moins, cela donnait-il des idées au Kyuusei, qui se voyait déjà priver la vue et l'ouïe à n'importe quel opposant. Un truc sympa avant d'aller lui enfoncer sa cage thoracique. Mais le temps n'était pas aux rêveries. Il était à la punition. Noboru avait permis à son opposant de se donner à fond, s'il le voulait, et maintenant c'était au tour du Capitaine de démontrer à chacun pourquoi il possédait son grade. Et il allait rendre ce constat incontestable. Le Lieutenant s'était éloigné d'un Shunpo,

- Soldats de la Deuxième, membres des forces spéciales, vous souffrez comme nous souffrons pour cet entrainement. Que cette leçon vous soit salutaire. On vit ensemble, on meurt ensemble. Et on maintient une vigilance constante, quel que soit le moment. On fait partie de la foutu élite, et ce n'est pas un cadeau. C'est mérité, et méritoire.

Il se sentait calme, sûr de lui, plongé dans une sorte de quiétude qui lui permettait d'analyser avec clairvoyance ses prochaines actions. Il était temps. Noboru n'avait jamais été un berserker, à la différence de Shinjirô qui se lançait dans la bataille avec toute sa passion. Et encore, sur le champ de bataille, l'Argenté faisait preuve d'un remarquable discernement, et d'une justesse d'analyse qui n'avait rien à envier à sa puissance brute. Son ancien Vice Capitaine, quant à lui, avait toujours été mesuré dans ses actions, épris certes de la ferveur du combat, mais cherchant immanquablement à triompher totalement de l'adversaire. C'était ce qui rendait leur duo si dangereux. Un tueur de sang froid allié à un guerrier de feu.

C'était maintenant le moment de frapper. Appelant à lui l'énergie située dans le noyau dur de son être, il laissa le flot de pouvoir déferler dans tout son corps, gorgeant ses muscles d'une vitalité irréelle, pulsant à un rythme élevé comme sous l'effet d'un geyser impétueux. Il était maintenant plongé dans la tranquille maitrise conférée par le Natarâdja, qui accroissait ses capacités martiales ainsi que sa vitesse d'exécution. Il était devenu un serpent, prêt à frapper aussi vite que la foudre.

- Si tu n'y vois pas d'inconvénient, Uragami, je vais te malmener un peu, maintenant.

Il s'était mis en branle sur ses paroles, bondissant à l'encontre de son adversaire. Ses premiers pas déclenchèrent des sceaux, activant une multitude de mains qui virent l'agripper pour le ralentir dans sa progression. Il n'en eut cure, se contentant d'effectuer une rotation sur lui même, arrachant les premiers membres pour finir par opérer un balayage au sol, finissant d'élaguer dans cette forêt d'appendices. Sitôt fait, il bondit sur Akucho, entamant une série de coups de poings et de pieds qui débutèrent par un crochet du droit, porté en pleine descente, suivi d'un retourné du pied gauche, visant les côtes flottantes, dans le prolongement de son mouvement précédent. Il savait ne pas pouvoir tenir très longtemps sous l'effet de sa technique, mais la vitesse et la puissance accrue de ses frappes faisait de ce court instant un véritable calvaire pour celui qui se trouvait sous cette pluie de coups.

Cela n'avait duré qu'une fraction de seconde, et pourtant les changements avaient été notables sur Uragami, qui avait réussi à se dépêtrer d'une partie de l'assaut de son Capitaine, mais avait fini par se manger une sérieuse salade de phalanges. Une chance pour lui, l'autre n'avait pas frappé au maximum de ses capacités. L'Akucho était encore en vol, catapulté par le dernier coup de pied du Kyuusei quand son aura avait brusquement changé, pulsant de façon erratique au début pour au final se canaliser et s'harmoniser, plus puissance, plus ancrée en ce monde. Un mot avait alors raisonné, aussi inattendu en cet entrainement que bien accueillit. Bankai. Cette simple énonciation frappa l'esprit de Noboru, encore plongé dans la transe limpide de sa Danse Cosmique, attisant son esprit guerrier. Le challenger avait réussi à hausser le niveau de la rencontre, et l'envie d'aller plus loin taraudait maintenant l'esprit du Vif Argent comme le chant d'une valkyrie enfiévrée. Il dut cependant résister de toutes ses forces à l'appel de la bataille, conservant la retenue que sa fonction l'obligeait à avoir. De toute manière, aucun affrontement impliquant le Bankai ne devait avoir lieu au sein du Seireitei, sous peine de mort, purement et simplement. Ce qui signifiait que la partie était terminée, avec les honneurs.

Le Vice Capitaine se réceptionnait sur ses pieds, parfaitement stoïque. Tout le monde pouvait enfin admirer la forme finale de son Zanpakutô, se présentant sous l'aspect d'un triangle, parfait pour propager ses attaques sonores. Restait à savoir si cette libération ultime accentuerait le potentiel destructeur du Fukutaisho, ou le cantonnerait à un rôle de soutien. Mais cela, c'était une autre histoire. Alors que le nouveau possesseur de l'arcane ultime en revenait à une forme scellée, le Kyuusei mit lui aussi fin à sa danse, sa silhouette s'ancrant définitivement dans l'espace. Il avait toujours des acouphènes à lui en décrocher une migraine - ce qui ne l'avait pas empêché d'entendre distinctement la libération du Bankai d'Uragami, qui résonnait tant sur le plan physique qu'énergétique - et devrait sûrement laisser le temps à son organisme de reprendre du poil de la bête. Ou peut être retourner voir la charmante et bosseuse doc, qui saurait quoi faire pour le rafistoler. Tout le monde avait été sorti ébranlé de cette rencontre. Il était temps de conclure, étant donné que chacun allait devoir panser ses plaies.

- Je pense plutôt que c'est toi qui sors grand gagnant de la rencontre, mon pote. Va t'occuper de tes fractures s'il y en a, et reviens moi plus fort et plus déterminé. T'as toutes les cartes de ton côté, maintenant. Les autres, j'espère que ça vous a ouvert des perspectives. On est la crème de la crème, suivez son exemple et dégottez moi tous le Bankai, ça fera de mal à personne. Maintenant ceux qui sont en état, allez continuer les manœuvres du jour. Ce qui ne le sont pas, vous êtes à la charge des premiers que je viens de mentionner. Comportez vous en équipe, vous aurez le droit d'aller vous faire soigner après tout ça.

Ça ferait grincer des temps, mais qu'importe. Le but était de les forcer à se soutenir, et à s'endurcir.

- Quant à moi je vais aussi continuer mes tâches en cours. On se retrouve plus tard les gars, on a du pain sur la planche.

Ce n'était pas son statut qui allait lui éviter de trimer avec les autres, quand bien même il était souffrant. Au dessus des autres, il devait montrer l'exemple. Et maudire les dieux en silence.