Sud Rukongai, troisième district, home sweet home... Oui, après les récents événements, Haiko avait besoin d'un retour aux sources si on peut dire. Là-bas, il pouvait pleinement se détendre le temps d'une ou deux journée. Cela faisait un bon moment qu'il n'avait pas vu sa famille, mais pour eux, c'est comme s'il ne les avait jamais quitté plus d'une heure. Difficile à croire, mais le vieux et les deux jumelles vivaient paisiblement dans ce secteur du rukongai. Leur petit ébénisterie ne faisait pas de vague, mais avait tout de même réussi l'exploit de se tailler une bonne réputation auprès de la basse noblesse du Seireitei, mais également auprès de certains mélomanes. Haiko se fit d'ailleurs la réflexion de faire découvrir l'établissement au capitaine Yakushiji un jour. Si celui-ci ne le connaissait pas déjà. Le vieux se révélait être particulièrement doué dans ce qu'il faisait et le service des jumelles au comptoir contribuait grandement à la renommée de la petite échoppe enclavée dans le petit marché du district.

Haiko ne pouvait espérer meilleur cadre pour terminer sa convalescence. Être à l'écart de ses responsabilité pendant un court moment avait quelque chose d'appréciable. Ayant déjà fait le nécessaire pour que sa division ne soit pas inactive durant sa brève absence, le bretteur pouvait pleinement profiter de la présence de ces trois êtres cher à son cœur. Il pouvait mettre de côté l'uniforme pour leur tenir compagnie au magasin. Le jeune homme en avait déjà l'habitude avant d'entrer à l'académie. Il mettait la main à la patte en avisant son paternel sur ses nouvelles créations où en aidant même parfois à leur finition. Il aimait aussi taquiner les jumelles qui n'hésitaient pas à lui renvoyer l'ascenseur lorsque celui-ci s'y attendait le moins. Une bouffée d'air frais, voilà ce qu'il cherchait en ce lieu.

L'Ardent se gardait bien de leur parler trop en détail de son quotidien au Seireitei. Il ne voulait pas les inquiéter. Il désirait garder ce sentiment de bien-être innocent lorsqu'il revenait les voir. C'était vraiment le meilleur des remontant pour lui. Le vieux était sans doute celui qui comprenait le mieux Haiko. Lui, il se doutait de ce que devait endurer son fils de cœur. L'homme avait vu passer bien des événements tragiques au cours des derniers siècles, il ne se faisait pas d'illusion, se contentant d'apprécier les moments qui les rapprochaient. Les deux sœurs d'Haiko quant à elle étaient bien au dessus de tout ça, bien trop heureuses de sa présence pour se soucier de quoi que ce soit d'autre. Tout ce petit monde gravitait autour du shinigami qui ne pouvait qu'apprécier cette spirale bienheureuse.

Malheureusement, le lieutenant avait ses responsabilités, précipitant l'heure du départ. Le retour à la réalité. C'est ainsi qu'il les quitta, endossant de nouveau l'uniforme du dieu de la mort, l'après-midi tirait sur sa fin. Comme d'habitude, il reçut un énième cadeau de la part de son vieux paternel, une flûte de bambou. Haiko ne s'était jamais vraiment perfectionné dans la pratique de cet instrument, ce serait l'occasion. Il serra ensuite les deux brunettes dans ses bras avant de leur dire au revoir. Elles attendaient déjà sa prochaine visite avec impatience. Il se détourna d'eux d'un dernier signe de la main, mais à peine avait-il fait deux pas qu'il remarqua un visage familier dans la foule. Un colosse pareil, difficile de passer à côté. Haiko arqua un sourcil en venant à sa rencontre. Sa petite famille l'observait se diriger vers le géant, curieuse.

Traçant calmement la distance qui le séparait du Kenpachi, il l'interpella d'un signe de la main une fois arrivé à sa hauteur.

« Tiens, si ce n'est pas Kiryû-Taishô. Je ne savais pas qu'un homme comme vous aimait traîner sur le marché. A moins que votre présence ici n'ait rien à voir avec les légumes de saison ? »

Un brun guilleret, Haiko étalait sa bonne humeur en un fin sourire, regard interrogateur en fixant la montagne. Ce petit séjour ici l'avait visiblement remit d'aplomb. Aussi, les événements récents semblaient lui être complètement sortit de la tête.

- Faut dire que tu sais pas grand-chose de moi, Haiko.

- J’avais deux ou trois trucs à régler dans l’coin. Des potes à voir, enfin tu vois quoi.

- Laissez-moi le temps de reprendre mon souffle, Kiryû-sama… Vous… Vous avez oublié de me dire qui devait gérer votre commerce pendant votre absence. Je… Je dois quitter les lieux quand ?

- Ce sera toi, mon gars. Pas besoin de déménager… T’es le boss quand je suis absent. Tu gères la boutique, tu fais les commandes, bref rien ne change. Sauf que j’assume les frais et j’empoche les gains. T’as à t’inquiéter de rien maintenant. Mon nom devrait suffire à garantir ta sécurité.

- Un des potes dont je te parlais… Mais toi ? Qu’est-ce que tu fous dans le coin ?

Le Kenpachi n'avait pas tord. Haiko ne savait rien de l'homme, et à peine plus du capitaine. Il acquiesça d'un mouvement de tête. Ce n'était pas un tout jeune shinigami comme lui qui aurait pu se targuer de connaître les haut-gradés du Gotei. D'ailleurs, les vieux de la vieille se retrouvaient de nos jours au milieu d'une nouvelle générations de shinigami qu'ils ne connaissaient pas non plus pour la plupart, la faute à ces dix dernières années de tourmente. Le noyaux dur composant les treize dirigeants avait été brisé pour mieux se reconstruire. Certaines animosités perdureraient sans doute chez les plus anciens, à l'image du dirigeant de la onzième et de son meilleur ennemi à la justice. Des affinités se créeraient sous leur regard, mais comme toujours, il y aurait un chat et une souris, un chien et un chat, un chat et un chat, une souris et un éléphant... Tant de possibilités qui au final, faisaient renaître le Gotei de ses cendres. La preuve étant que même après le large déploiement de force opéré il y a peu, les hommes du Seireitei avaient su panser leurs plaies, non sans pertes...

Le petit shinigami avait foi en cette cohésion dans l'adversité et il vouait un profond respect envers l'homme, l'une des pierre angulaire, le pilier du Gotei qu'il avait devant lui. Sans haori, sans arme, si ce n'est ses poings, le Kenpachi semblait afficher la même décontraction que son comparse. A en juger les quelques mots du colosse, celui-ci était un habitué du coin. Pour lui, vaquer à ses occupations dans le Rukongai revenait à une banale promenade de santé. La décontraction du capitaine avait même quelque chose de communicatif de part son allure singulière et son franc parlé. Visiblement à l'aise, Haiko n'aurait pu trouver une meilleur façon de se remettre dans le bain, tout en douceur. C'est avec étonnement qu'il observa l'arrivée en trombe du gérant de l'auberge se trouvant à quelques blocs d'ici. Dans les environs du district, tout le monde connaissait son bar.

Le jeune homme fronça les sourcils en cherchant à comprendre. Et bien, on dirait que le capitaine avait plus d'une carte dans sa manche ! Voilà que se découvrait l'homme d'affaire. Un trait de caractère peu banal qui arracha un franc sourire à l'Ardent. C'est alors qu'il sentit des mains enserrer son bras gauche, ainsi qu'une autre présence de l'autre côté. Les deux jumelles venaient de le rejoindre. C'étaient maintenant deux jeunes filles au regard interrogateur qui dévisageaient l'homme au cure-dent. L'une semblait bien moins rassurée que l'autre à en juger la pression exercée sur le bras d'Haiko. Toutes deux gardaient pourtant le sourire. C'est à ce moment là que le vice-capitaine répondit au géant.

« Ma famille habite ici. D'ailleurs, laissez-moi vous présenter... Capitaine Kiryû, voici mes deux sœurs, Nanami... » - La jumelle enlacée à son bras gauche lui fit un bref signe de tête en laissant échapper un timide bonjour. - « ...et Kaoru. »

Celle-ci se dandinait impatiemment à côté d'Haiko en saluant le colosse d'un signe de la main plein d'entrain.

Kaogake Kaoru

Kaogake Nanami

Kaogake Reizo

Le petit shinigami pivota légèrement en désignant du menton la devanture du magasin d'instruments à quelques mètres de là.

« Le vieil homme que vous voyez là-bas est mon père, Kaogake Reizo. Il tient l'ébénisterie que vous pouvez voir derrière lui. »

Au loin, Reizo s'inclina légèrement afin de saluer le Kenpachi. Pour un vieillard, on pouvait dire qu'il avait de beaux restes à en juger sa carrure presque aussi massive que celle du capitaine de division. Sans doute devait-il déjà l'avoir vu si le colosse avait pour habitude de passer dans le coin. Haiko en revint à son supérieur.

« J'essaie de leur rendre visite le plus souvent possible. Cela me permet d'oublier pour un temps le quotidien du Seireitei... Mais continuons de laisser de côté nos obligations voulez-vous ? »

Toujours aussi souriant, il invita les deux jumelles à aller rejoindre Reizo. La journée n'était pas encore terminée et toutes deux avaient sûrement mieux à faire que de paresser en compagnie des deux hommes. Les deux jeune filles s'en retournèrent donc, visiblement déçu de ne pas pouvoir profiter d'un dernière rallonge de temps en compagnie de leur « grand » frère. Le petit shinigami chercha alors à en savoir plus sur la dernière acquisition de Shinjirô. Un bar... Il ne savait pas pourquoi, mais ça ne l'étonnait pas vraiment. Après l'effort, le réconfort comme disait l'autre.

« Ainsi, je me trouve en face d'un nouveau propriétaire... Qu'est-ce qui vous a donc poussé à faire une telle acquisition ? Vous cherchez à arrondir vos fins de mois ? »

Haiko ria doucement suite à ces mots. L'ambiance n'avait vraiment rien de formel, malgré le fait qu’inconsciemment, le vice-capitaine tenait tout de même son rang.

- T'as une jolie famille mon pote. Ça mérite de se battre pour les préserver, hein... Ils manquent de rien par ici ?

- Pas seulement pour les fins de mois même si ça joue pas mal. Disons que j'ai trouvé sympa l'idée d'avoir un petit pied-à-terre par ici, histoire de se détendre. Puis ça me rappelle mon propre parcours. Enfin un endroit où on va pouvoir faire la fête et s'éclater sans risquer la sécurité du Rukongai, tu vois. Les Shinigamis ont tendance à se laisser aller lorsqu'ils font la fête, c'pas nouveau. Mes hommes les premiers d'ailleurs. Ici, ils pourront le faire comme nul part ailleurs. Mais sous ma responsabilité. J'réserve de belles surprises pour l'ouverture et j'peux te garantir un truc : ça va devenir l'endroit incontournable pour ceux qui aiment faire la fête. On en a bien besoin avec toutes les emmerdes qu'on se tape depuis quelques temps.

- D'ailleurs, hésite pas à faire passer le mot, hein. Jeux, danse, alcool... Et pour les plus téméraires, combats encadrés et paris divers. Si tu m'amènes des clients, j'te ferai une remise sur ce que tu veux.

Même si tout shinigami avait une grande valeur à ses yeux, c'est bien pour sa famille qu'Haiko se battait. Jetant un bref regard en direction de l'échoppe, il en revint à son supérieur.

« Ne vous en faites pas pour eux capitaine. Ils s'en sortaient déjà très bien sans moi. Le paternel a plutôt bon cœur, même si ça ne saute pas immédiatement aux yeux. Ah ah... »

Si la porte de l'échoppe lui était resté fermée à l'époque, il ne serait sans doute pas là en train de parler avec le colosse. Il serait mort d'épuisement, rongé par la faim et la soif. Là ou il n'avait voulu se mêler à la racaille par principes, d'autres avaient choisi d'embrasser la dure réalité des bas quartiers en se frayant un chemin dans la masse, à la force des poings. En y réfléchissant un peu plus avant, le petit shinigami se dit que le Kenpachi devait faire partie de cette deuxième catégorie. Mis à part quelques privilégiés, la plupart des shinigamis se forgeaient au sain du Rukongai. Shinjirô, le treizième Kenpachi... Tout comme ses prédécesseurs nés dans les quartiers pauvres, l'Argenté devait avoir une solide réputation dans le milieu. Même si le petit shinigami n'en connaissait pas les détails, il en était certain.

Entendre le rire tonitruant du géant avait quelque chose de communicatif, mais effrayant d'un certain point de vue. A l'image du sourire légèrement crispé du vice-capitaine. Il s'attendait à une tape bien bourru entre les omoplates. Heureusement, rien ne vint. Le Bretteur écoutait calmement son interlocuteur qui avait l'air véritablement enjoué par sa dernière acquisition. S'il disait juste, il y aurait un dépeuplement massif du Seireitei une fois le soleil couché. Haiko n'était pas vraiment le genre à se la coller jusqu'à plus soif, mais il devait bien avouer qu'un verre de temps en temps ne faisait pas de mal. Pour lui cependant, il n'en fallait pas vraiment beaucoup pour le mettre d'équerre. Cela expliquait sans doute pourquoi il ne faisait pas partie des piliers de comptoirs. Pas comme certains... Après tout, chacun son vice !

« Si c'est vous qui faites tourner la boutique, je ne pense pas que ce coin du Rukongai ait à se faire du soucis. Sauf peut-être pour ses réserves d'alcool... C'est une bonne idée que vous avez eu là Kiryû-san. »

Haiko était d'accord avec lui sur le fait que les hommes avaient bien besoin de se détendre, surtout en ce moment ! D'ailleurs, en parlant de cela, l'Ardent avait entendu dire que le duo de la onzième avait eu à faire face à une belle petite résistance dans le monde creux. La première épée et sa sous-fifre à ce que l'on raconte. Ils se seraient même payé le luxe de leur donner une petite correction. Pour avoir eu l'occasion de constater de ses propres yeux la puissance du capitaine et de son second, le bretteur aurait presque ressenti une certaine compassion vis-à-vis de leurs adversaires. Nooooonnnn... Déjà qu'il avait eu fort à faire avec l'un de ces hybrides, il n'allait pas les plaindre ! Mais passons outre ces pensées des plus désagréable.

La dernière remarque du Kenpachi le laissa perplexe. L'homme voyait les choses en grand et même si le petit shinigami ne cautionnait pas vraiment ce genre d'établissement. Sa curiosité fut piquée au vif lorsque il fut question de combat. Dans un bar ? Sa tête marqua un bref mouvement de recul, un sourcil arqué par l'étonnement.

« Bien entendu, je n'hésit... Pardon ? Des combats vous dites ? Pardonnez-moi mais, il me semble que cette auberge ne soit pas vraiment adapté pour ce genre d'événement. Si mes souvenirs sont bon, la salle a à peine de quoi faire tenir une trentaine de personnes. A moins que cela se passe à l'extérieur... Mais cela ne semble pas être le cas, si vous en parlez avec une telle assurance. »

Haiko releva la tête pour fixer le géant d'un air malin.

« Vraiment, vous piquez ma curiosité là capitaine... »

- Ouais… Y’a évidemment un truc. J’suis pas peu fier de l’idée mon p’tit gars. Faut dire qu’elle est pas de moi à la base. Un combat dans le bar détruirait ma ressource et ça vaut pas le coup. Surtout avec des lascars comme toi. Il faut donc une salle qui craint rien. Un endroit où on peut se foutre joyeusement sur la tronche sans prendre de risque. Tu vois ?

- Une salle cachée, souterraine. A l’époque, c’est dans ce genre d’endroits que je me battais. Bien sûr, j’vais faire les choses de manière intelligente quoi. J’déteste faire appel à eux mais j’ai demandé à des Sorciers de protéger les murs de cette salle à l’aide de quelques barrières, histoire de pas voir de ruines des les premiers combats.

- J’dis pas que les chefs n’en sauront rien… Les gens parleront. Mais tant qu’il y a pas trop d’écarts, ça devrait rouler tout seul. J’vais y veiller personnellement. Celui qui ne respecte pas mes règles, je le dégomme.

Haiko buvait les paroles du capitaine. Son franc parlé avait une curieuse tendance à étirer un sourire au vice-capitaine. Son esprit fabriqua d'ailleurs une image plutôt cocasse. Il imaginait le Kenpachi au beau milieu d'une assemblée de nobles, vautré dans un fauteuil, les jambes croisées sur la table de réunion. Il se curait les dents sous les remontrances courroucée des bourgeois. Il y avait une inscription sur son front, comme un tatouage, « Fermez tous vos gueules ». De là à savoir pourquoi le petit shinigami venait de s'imaginer une telle scène, la question restait entière. Probablement du au fait des déconvenues passées avec certaines maisons de la haute. Il gloussa un coup avant de s'arrêter net en ouvrant légèrement la bouche comme si la réponse du colosse lui était déjà connue.

Une salle souterraine cachée hein ? Voilà donc pourquoi l'Argenté semblait si sûr de lui. De plus, s'il connaissait son sujet, il n'y avait pas vraiment d'inquiétude à avoir. Un gladiateur du Rukongai, voilà une image qui plaisait bien au shinigami. Enfin, l'ambiance devait être bien plus glauque que ça à l'époque. Vu ce dont le géant était capable, il avait du en repeindre en rouge des murs, et pas que... L'aversion du capitaine concernant les mages était bien connu. Après tout, les gars de la onzième, Kenpachi en tête, n'étaient pas vraiment réputés pour leurs tours de passe-passe. L'Ardent se serait bien permis une furtive moquerie concernant ce dernier point, mais à vrai dire, se prendre un retour sur sa propre inaptitude à lancer des sorts serait plutôt idiot.

Haiko devait bien l'admettre, Shinjirô semblait avoir bien préparé son coup. Il en vint même à se demander si cela n'était pas déjà prévu de longue date. En tout cas, cela promettait de sacrées soirées. La dernière remarque du colosse le fit tiquer. Qu'en penserait donc le capitaine Yakushiji par exemple ? Le petit shinigami plissa les yeux d'un air soupçonneux. Connaissant l'amour fou que se vouaient les deux hommes, le vice-capitaine émit l'hypothèse que ce bar était en fait une sorte de moyen détourné pour provoquer le capitaine de la neuvième. Si cela s'avérait exact, la fameuse arène souterraine ne ferait pas long feu sous les coups des deux gradés...

Non, l'enjeu d'un tel établissement était bien trop grand pour que même Tenzen s'y oppose. Le Kenpachi l'avait dit, tout serait question de détente, à la sauce onze certes, mais de la détente tout de même. Chassant rapidement cette supposition de ses pensées, il enchaîna.

« Je comprend mieux, de belles soirées en perspectives pour ceux qui voudront évacuer les tensions de la journée. J'ose espérer que ces barrières tiendront le choc... Le mélange à tout de même de quoi être explosif. Alcool, paries, combats...  »

Avec un cocktail pareil, le Kenpachi ne serait pas de trop pour calmer les esprits...

« Enfin, je pourrais toujours y faire un tour en observateur. Pour être franc avec vous capitaine, je touche rarement à l'alcool... … ...Disons que sur moi l'effet est rapide et... plutôt imprévisible. »

Le petit shinigami se gratta l'arrière du crâne, l'air gêné. Il ne se souvenait que d'un bref débriefing avec son paternel. Cela datait du soir où les deux hommes avaient fêté son intronisation en tant que shinigami. Selon les dires du vieil homme, après trois coupelles, le petit shinigami serait sorti en trombe de l'échoppe, sous la neige, à la poursuite d'un soit disant papillon noir qui aurait voulu l'attaquer. Reizo l'avait retrouvé le lendemain matin, enfoncé dans un épais tas de poudreuse en train de se faire bombarder de boules de neiges par des enfants. La vérité sur cette nuit, c'est que le papillon n'était rien d'autre que l'un des nombreux messager du Gotei, apportant son affiliation à Haiko... Il n'a jamais pu savoir s'il était parvenu à attraper l'insecte... Le reste... Appartient aux éventuels témoins de minuit.

- Ca tiendra le choc, t’inquiète pas pour ça. En tout cas y’a intérêt sinon, j’irai parler aux lascars qui s’occupent de la protection.

- De toute façon, t’es pas obligé de boire mon gars. On vend pas que ça ! Hey ! C’est que j’pense à tout moi… Enfin plus ou moins quoi.

- J’vais juste galérer un peu pour trouver de quoi plaire à tout le monde. Faut que je parle à Tojo… Voir s’il veut pas me filer un peu de son thé pourri. J’déteste ça mais apparemment c’est devenu une religion au Seireitei. De la flotte bouillante, sans déconner, j’vois pas l’intérêt de boire ce genre de merde.

- J’pense que j’vais pas tarder à rentrer. Tu fais quoi toi ? Tu restes encore un peu ou tu bouges aussi ?

Pour leur bien, les types du kidoshu avaient intérêt à ne pas avoir trop abusé des bienfaits du bar avant de se mettre à la tâche. Haiko ne s'y connaissait que trop peu dans le domaine pour pouvoir émettre une hypothèse mais, si une seule de ces barrière venait à flancher, il supposait que les autres tomberaient comme un château de carte. Imaginer le Kenpachi alpaguer ces « lascars » provoqua un faible frisson chez le jeune homme. On avait beau dire, mais si Shinjirô devait leur tomber sur le rable un peu de mauvais poil, erreur ou non, l'Ardent n'aimerait pas vraiment être à leur place... Enfin, pour l'instant, il avait au moins la confirmation que le nouveau propriétaire savait ce qu'il faisait.

Il se ressaisit, laissant sa gène de côté devant les paroles incertaines du géant. Comment ça « plus ou moins » ? Une fantaisie de sa part sans doute. Croire qu'il avait pensé à protéger une arène par le kido et pas au thé ? Cette fausse incertitude décrocha un sourire à l'Ardent, l'air de dire « Mais bien sûr, j'te crois ! ». Au moins, Haiko pourrait faire un tour dans cette taverne sans crainte. Enfin, avec la profusion de shinigami beurrés qui y résiderait de façon régulière, le petit shinigami ne serait pas à l'abri de la tentation... Par pure solidarité disons, bien entendu.

« Ne vous en faites pas capitaine. Partis comme vous êtes, j'ai le pressentiment que votre affaire à déjà de beaux jours devant elle, même avant son ouverture ! Je vais devoir faire attention à ce que certains de mes hommes ne désertent pas à la onzième... »

Pouffa-t-il un instant. Cependant, ses derniers mots le firent tout de même douter. Peut-être devrait-il faire véritablement faire attention...

« Une religion ? N’exagérons rien. Avouez qu'il serait tout de même mal avisé de voir nos hommes se retourner le crâne en plein travail, n'est-ce pas ? »

Une idée saugrenue germa alors dans la tête du vice-capitaine. Si on remplaçait le thé par du saké... Le sol et les murs du Seireitei en verraient sûrement de belles ! Quel chaos ce serait. Quoique, la curiosité d'observer un tel phénomène orgiaque serait sans doute d'une étonnante drôlerie. Imaginer une réunion de généraux complètement soûls ou encore une annonce cruciale émise par un capitaine complètement ivre. Shinjirô et Tenzen rasant encore une fois les bâtiment de la dixième devant un Shu haranguant des paries tous plus absurdes les uns que les autres. Noboru à ses côtés, beuglant des paries inverse... Ai pourchassant des shinigamis du rang d'un air machiavélique, armée d'instruments de dissection en tous genres. Reisen sur ses talons, la sommant de revenir s'occuper de son bras. En fait non... Ce serait vraiment n'importe quoi...

Quelque peu décontenancé par sa propre imagination, l'Ardent écouta d'un air absent les derniers mots du Kenpachi sur le départ. C'est à ce moment là qu'un cri se fit entendre sur leur droite et qu'une shinigami émergea de la foule en courant avant de s'élancer d'un coup de pied sauté droit sur le vice-capitaine.

« Wa-taaaAAAAAAaaaaa ! AAAaaaah ! »

Haiko s'était nonchalamment reculé d'un pas en laissant sa tenace compatriote fuser entre les deux hommes. Elle s'écrasa sur l'étalage à côté d'eux, alarmant les quelques badaud alentours. La main du shinigami claqua sur son front avant de glisser lentement le long de son visage, d'un air dépité. Le petit brun de femme qui se relevait des décombres, ahurie, n'était autre qu'une ancienne élève de l'Ardent. Saori, un condensé survitaminé de bonne humeur et aussi enrichi en énergie que la foudre elle-même. Un élément de la sixième division, une enfant dans le corps d'une femme. Malheureusement pour le petit shinigami, elle s'était entichée de sa personne, éprouvant une joie inégalée à le titiller en permanence. Même s'il avait fait tout son possible pour l'éviter depuis un moment, le vice-capitaine devait se rendre à l'évidence... Elle le traquerait, et elle le retrouverait, toujours...

Soupirant une excuse à son interlocuteur, il alla s'enquérir de l'état de la demoiselle qui, lorsqu'il fut à sa hauteur, se releva d'un coup en lui punchant l'épaule.

« J'tai eu ! C'toi l'chat ! Nyyyaaaaaaaa ! »

Cria-t-elle, victorieuse, avant de repasser comme une balle devant Shinjirô. Comme si le poids du monde venait de tomber sur ses épaules, le « chat » souffla bruyamment avant de laisse ballotter sa tête en avant comme si son cou ne la soutenait plus. Haiko se retourna alors vers le colosse en lui lâchant d'un air morose...

« Les vacances sont finies, j'en ai bien peur... Il y a des fois, j'aurais vraiment envie d'un verre... Excusez-la capitaine, c'est comme ça depuis aussi loin que je me souvienne. »

Le saluant d'un signe de tête, il continua.

« Je vous laisse vaquer à vos occupations Kiryû-san. Moi aussi, j'ai comme qui dirait du pain sur le planche... Au plaisir de vous revoir. Peut-être dans votre établissement qui sait ! »

Partagé entre la joie et la lassitude, il se détourna de son vis-à-vis avant de fendre la foule vers le chemin piégé qui l'attendait jusqu'aux quartiers de la division. Oui, il n'était pas à l'abri d'une autre farce de sa camarade survoltée...

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