Être un ancien aspirant Shinigami, c’est souvent assez ennuyeux. Il faut dire qu’il y a rarement de quoi s’amuser. Les Hollows ont su se faire rare, et il a toujours été difficile pour Uriô de s’entraîner vu qu’il est… seul. Alors lorsqu’il a du temps libre au milieu de sa riche vie d’humain, il essaie tant bien que mal de faire quelque-chose de ses restes de vie de Shinigami. Et aujourd’hui ne faisait pas exception à ces quelques sorties en tenue noire. Plus précisément, le Ketsueki avait décidé de se concocter un petit entraînement dans le centre commercial de Karakura.

Son corps artificiel laissé chez-lui, l’ancien aspirant était invisible pour tous. Et c’était toujours le cas, même si dans le centre commercial, des centaines de personnes passaient et repassaient dans les avenues marchantes. Le moyen de s’entraîner n’était pour l’instant pas très net, pourtant Uriô savait ce qu’il allait faire pour se « maintenir en forme ». Et le secret de cet entraînement purement inventé était non pas l’invisibilité mais l’immatérialité. Car si personne ne pouvait voir l’ancien Shinigami, tout le monde pouvait le toucher. A tout moment, on pouvait risquer de s’heurter à lui. Bien entendu, comme les Hommes ne croyaient pas aux fantômes et de fait, aux autres races, ils auraient tout simplement l’impression d’avoir loupé quelque-chose.

Uriô se livra donc à des entraînements de course à travers les nombreux passants. Le but étant donc de courir sans se faire toucher, avec différentes variantes de position. Sortir son arme, la pointer, la tenir à la main etc. C’était assez dangereux de courir lorsqu’il avait son arme à l’air, c’est pourquoi il s’autorisa à le faire seulement dans les larges couloirs ou dans les espaces assez libres. Ce n’était pas un entraînement digne du Gotei 13, mais bon, il fallait bien trouver ici, à Karakura.

Après près d’une heure de cet entraînement ni trop facile ni loin d’être crevant, le Ketsueki sortit du centre commercial et alla s’asseoir sur une rampe de vélo. Ses yeux fixant le sol ne tardèrent pas à rencontrer deux pieds minces. Quelqu’un qui allait déposer son vélo ? Non, il n’y avait pas de vélo. Mais alors…

Lorsqu’Uriô releva la tête, il eut un frisson. Une jeune femme le fixait droit dans les yeux.

─ Tu peux me voir ?

Était-ce possible ?

Pour le voir, elle le voyait. Et c’est précisément ce qui avait motivé son envie d’aller à sa rencontre. Elle haïssait les Shinigamis à un tel point qu’en croiser un dans la rue pouvait lui faire prendre de mauvaises décisions. Fort heureusement pour elle, son instinct et son entraînement reprenaient toujours le dessus, ce qui lui évitait les dérapages. Elle plantait donc son regard glacial dans celui de l’Ange de la Mort. Elle préférait ne pas trop en dire, histoire de ne pas passer pour une folle si le cas échéant un passant l’observait. En temps normal, elle aurait sans doute pistée la trace de ce Shinigami pour l’abattre dans un endroit à l’écart. Mais elle était harassée et ne se voyait pas repartir dans un nouveau combat. Pas après avoir annihilé un Shinigami quelques heures auparavant.

Ce qu’elle trouvait curieux, c’était la réaction de l’ange en question. Pourquoi semblait-il si surpris alors même que Karakura était réputé pour posséder nombre d’âmes éveillées ? Rencontrer des mortels capables de les voir n’était pas anormal, pas ici. Et pourtant… Elle aurait pu douter de ce qu’elle avait entendu mais les frissons qu’elle avait perçus confirmaient les propos de l’immortel. Comme il était toujours difficile de donner un âge à un de ces êtres, elle préférait ne pas partir en supposition. Elle prit donc le parti de lui répondre, sifflant les mots entre ses dents comme si elle craignait d’être entendue.

- Evidemment que je peux te voir. Quelle question…

Elle ne dégageait aucune chaleur lorsqu’elle s’adressait à un Shinigami, détestant cette race plus que nulle autre. Son visage était dur, froid, son regard lançant des éclairs. Elle éprouvait de la colère. Et ne parvenait pas à la contrôler. Pourtant elle savait cet homme innocent des crimes qui avaient torturés son passé. Mais son statut suffisait à ce qu’elle reporte sa hargne sur lui. Sa malédiction en quelque sorte.

- Cette ville ne t’appartient pas, Shinigami. Retourne donc dans ton monde tant que tu le peux !

Par réflexe, sa main s’était posée sur son pendentif, celui-là même qui lui permettait de concentrer son pouvoir de Fullbringer. Bien qu’épuisée, elle espérait en son âme et conscience que l’être face à lui tenterait de l’attaquer. Si tel était le cas, les dés en seraient jetés. Mais son oreillette grésilla soudainement, rappelant Elias à ses bons souvenirs. Reculant de quelques pas, la proximité du Shinigami lui donnant la nausée, elle attendit que son gardien termine ce qu’il avait à lui dire. L’avantage de ce mode de communication, c’est qu’il passait inaperçu : le micro était parfaitement incrusté dans son oreille, elle-même cachée par sa chevelure.

- Mademoiselle Mayer, je crains que ce Shinigami n’appartienne pas au Gotei 13. Sauf erreur, il ne porte pas la tenue réglementaire de leur armée.

Un détail à ses yeux, qui ne changeait en rien la nature de l’homme. Qu’il appartienne ou non au Seireitei ne changeait pas la donne : il méritait de mourir comme chaque Shinigami qu’elle croisait. Cela ne pouvait souffrir d’aucune discussion.

Le regard de la jeune femme ne bougeait pas. Il était fixé sur les pupilles du Shinigami. Brune, sérieuse et froide pour une bonne vingtaine d’années, voire peut-être la trentaine. Mais c’était tout ce qu’Uriô chercha à savoir, tant la situation lui semblait étrange… et lassante. Car bien avant qu’elle ne le lui dise, il savait qu’elle ne l’aimait pas, pour une raison inconnue, mais ça se voyait tellement. Etait-ce une haine envers les autres espèces, seulement les Anges de la Mort ou peut-être même les hommes ? Il y avait tant de spécimens dans les différents mondes, qu’après tout une femme poussée au paroxysme d’une haine sexiste n’étonnerait même plus le Ketsueki.

Cette inconnue n’était pas une Shinigami, c’était quelque-chose qui outre son apparence significative tombait dans l’évidence. Du coup, ça ne laissait pas trop d’autres choix. Une humaine, une Quincy ? En tout cas, outre le fait qu’elle puisse voir Uriô, l’assurance dans sa voix lorsqu’elle lui ordonna de quitter la ville laissait supposer qu’elle avait de quoi rivaliser. Pour rester, l’Ange de la Mort allait non seulement devoir se battre, mais contre une femme de surcroît ?

─ Il ne m’appartient pas, mais ça fait pourtant dix ans que j’y vis.

Sur quoi il soupira, avant de doucement se lever puis se redresser. Pourtant désormais à hauteur de la jeune femme, Uriô ne la regarda pas. Non, il avait les yeux fermés, lassés par ce qui était en train de se passer. Il finit cependant par les rouvrir.

─ Je suis loin de vouloir t’embêter par ma présence, mais c’est ici que j’habite. Je ne veux, ou plutôt ne peux pas vraiment retourner dans mon monde.

Uriô avait remarqué le pendentif de l’inconnue, et aussi les quelques pas qu’elle avait faits après s’être pourtant montré assez agressive. Elle était probablement en train de préparer quelque-chose. A moins qu’elle se prépare seulement à riposter. C’était ce dernier choix qu’Uriô fit, en posant doucement sa main sur le manche de son arme Kawaki.

─ Je ne suis pas ici pour me battre, mais tu sembles apparemment décidée à donner suite à une haine dont je ne suis pas responsable. Dommage, je croyais justement qu’en étant séparé de la Soul Society j’étais séparé des conflits inutiles.

Uriô avait déjà combattu sur Karakura, mais principalement des Hollows et il avait donc protégé les innocents. Pour lui, ce n’était pas un vrai conflit, mais plutôt une nécessité. Alors que là, devoir se battre contre elle sans vrai raison… Inutile. Mais il se tenait prêt, au cas où.

Encore un de ces Shinigamis qui se croyaient propriétaire de cette ville. Profite-en bien mon bon ami, car désormais une organisation s’attelait à débarrasser Karakura de ces nuisibles. Et selon les critères de la jeune femme, les Shinigamis étaient évidemment en tête de liste. Le calme apparent du jeune homme la surprit, toutefois. Non pas qu’elle n’était plus habitué à ce genre de procédé, seulement il donnait véritablement l’impression de n’être qu’un simple pantin. Tout juste bon à répondre aux quelques maigres remarques qu’elle lui avait faites. Il ne semblait pas être aussi prétentieux que ceux de sa race. Ce qui corroborait certainement ses dires : il n’était pas un envoyé de la Soul Society. Il n’y était plus le bienvenue.

Cela n’eut toutefois aucun effet sur la hargne de Real. Sa haine était viscérale, partie intégrante de sa vie. Et aussi indispensable que l’oxygène qu’elle respirait. Dix années qu’il vivait ici, disait-il. Et personne ne l’avait jamais remarqué ? Lui-même n’avait jamais croisé d’humain susceptible de le voir ? Impossible. Elle savait que les âmes éveillées étaient nombreuses. Il était donc improbable qu’aucun mortel ne l’ait jamais vu. Ou alors il se terrait comme une larve ? Rien n’était à exclure.

A sa remarque sur un potentiel combat, elle n’y opposa qu’un sourire féroce. Dans ces cas là, elle montrait son véritable visage : celui d’une femme prête à tout pour abattre jusqu’au dernier de ces Anges. Un assassin aux méthodes complexes, qui n’hésitait devant aucun sacrifice pour atteindre ses cibles. Quitte à se servir des âmes humaines. Cela ne lui faisait ni chaud ni froid. Mais en l’état, elle était bien incapable de l’avoir. Pas après ce qu’elle venait d’accomplir quelques heures plus tôt.

- Je me moque de savoir que tu n’appartiens plus à cette armée de malheur. Et tu te trompes… Je ne suis pas ici pour me battre. Pas tout de suite en tout cas. Je ne pouvais simplement pas passer devant toi sans t’ignorer. Vous, les Shinigamis. Tu veux éviter les ennuis inutiles ? Alors quitte Karakura tant qu’il en est encore temps. Je te fais une fleur en te disant cela.

Elle disait vraie, car dès demain, elle deviendrait son ennemie mortelle. Elle s’en voulait de ne pas pouvoir régler le problème en l’état. Et prenait des risques certainement en s’affichant ainsi. Mais on ne pouvait renier sa véritable nature. Et ignorer un de ces êtres abjects lui était impensable. C’est là que l’idée lui vint. Sa haine avait quelque peu obscurcie son jugement et elle se gifla mentalement de ne pas avoir tenue sa langue. Pour autant, et même si ça lui coûtait, elle pouvait encore rattraper la chose. Même si soupçon il aurait, bien entendu.

Elle poussa un soupir résigné, baissant les yeux vers le sol. Oui, elle avait manqué cruellement de maturité sur le coup. Et la fatigue n’aidait pas à faire la part des choses. Se redressant de nouveau, elle essaya de capter le regard de cet homme. Et durant une petite seconde, elle se demanda si le parcours de ce Shinigami avait été aussi chaotique qu’il semblait le montrer. Car ne pas pouvoir revenir chez lui, cela signifiait nécessairement qu’il y avait eu un souci majeur.

- Je… Je suis désolée. Je suis fatiguée et j’en veux énormément à ceux de ton espèce. Mais tu as raison. Tu n’y es pour rien. Et mon passé n’excuse en rien mon comportement. Je m’appelle Real Mayer.

Elle refaisait les présentations, tendant sa main en guise de salutation. Qu’il l’ignore ou refuse cette marque de politesse ne lui causait aucun tourments. Elle ne faisait cela que pour rattraper son énorme bêtise. Bien sûr, elle serait le pire ennemi de cet homme et une simple discussion n’arrangerait rien. Mais un assassin savait se montrer patient. Sans quoi…

Était-il réellement possible que cette femme n’eut pas pensé au combat en se montrant si agressive ? Uriô avait du mal à y croire. On ne menaçait pas quelqu’un sans raison, ni sans tenir prêt à des représailles. Mais le calme apparent et franc du Shinigami ne calma apparemment pas l’inconnue. Elle réitéra son avertissement. Nul doute que l’humaine voulait vraiment voir son interlocuteur quitter Karakura et le monde humain.

Pourtant elle soupira ensuite. Uriô resta silencieux, bien conscient que la brune n’en avait pas terminé. Lorsqu’elle se redressa, elle sembla moins incisive dans son regard. Avait-elle changé d’avis ? Difficile pour le Ketsueki d’y croire, mais pourtant son interlocutrice reprit la parole, pour s’excuser. Elle avoua avoir une rancœur envers les Dieux de la Mort, et alla même dans le sens d’Uriô, avouant qu’il n’y était pour rien. Elle s’approcha et tendit sa main. Loin de vouloir relancer le débat, le jeune adulte accorda la poignée à la jeune femme. Il esquissa d’ailleurs un léger sourire.

─ Uriô Ketsueki, enchanté.

Sur quoi il s’assit de nouveau sur la rampe de vélo. Il regarda un peu autour de lui pour voir s’il n’y avait pas trop de gens. Car si jamais le Shinigami ne pouvait pas être vu, ce n’était pas le cas de la jeune femme. Même si elle était supérieure spirituellement aux autres, elle n’en demeurait pas moins une humaine. Et le Ketsueki supposait que ça ne lui plairait pas trop d’être perçue comme une folle qui parlait toute seule. Mais bon, il n’y avait pas de monde, juste quelques passants qui venaient et sortaient du centre commercial.

─ Pourquoi tu leur en veux tant, aux Shinigamis ? Tu peux parler librement si tu veux, comme je te l’ai dit hormis mon sang je n’ai que très peu de choses en commun avec eux désormais.

La question était réellement intéressante pour n’importe qui, mais bien davantage pour celui qui l’avait posée. Car Uriô était en train de réfléchir en ce moment, que ce soit sur sa race ou sur les autres mondes. Les Hollows, le Seireitei, les Hommes, son père…
La réponse de la dénommée Real allait peut-être aiguiller le jeune Dieu de la Mort pour son propre futur…

La fameuse question du "pourquoi". Real connaissait cette interrogation par coeur tant elle l'avait entendue. Les gens ne savaient pas faire autrement que d'essayer de comprendre et d'analyser les actions des autres. Comme si cela pouvait justifier les actes cruels des uns ou des autres. Réagirait-il avec autant de compassion s'il savait que la femme face à lui avait déjà les mains souillées par le sang d'innocents ? Si les Shinigamis étaient ses ennemis, c'était seulement parce qu'elle avait été élevée ainsi. Et contrairement à ce que pensait certain, on n'oubliait pas si facilement l'éducation qui est la nôtre. Pour autant, elle ne pouvait se permettre de simplement ignorer la remarque. Elle avait fait mine de se repentir et devait poursuivre sur cette route. Quitte à se montrer franche ? Pourquoi pas après tout. Elle n'avait pas grand-chose à cacher de toute façon. Pas lorsque cela concernait sa haine éternelle de ces êtres.

Au moins connaissait-elle son nom désormais. Ce qui était une donnée importante pour son listing. Elias observait la scène, certainement tendu. Il n'était pas question qu'elle prenne de risque inconsidéré et il y veillait au mieux. Elle remarqua son coup d’œil aux alentours, comprenant ce que cela signifiait. Les autres regarderaient sans doute étrangement Real si elle se mettait à parler dans le vide. Réaction somme toute logique. Mais elle avait dès à présent la parade. Sortant d'une de ses poches des écouteurs, elle brancha ces derniers à son téléphone. Ainsi, elle donnerait l'impression d'être en conversation téléphonique par le biais de ce kit main-libre. Qui se poserait la question désormais ?

- Avec ça, personne ne se posera de question si je parle seule.

Elle préférait lui expliquer, au cas où il ne comprenne pas le but de la manœuvre. Il se disait en quelque sorte étranger aux pratiques des Shinigamis. Etait-il parti depuis si longtemps que ça de son monde ? Cela ne changerait évidemment rien à la traque qui aurait lieu par la suite mais au moins savait-elle qu'elle ne pourrait pas obtenir d'informations quant aux projets du Seireitei pour la Terre. Autant dire que Koshiro n'aurait rien à se mettre sous la dent à ce sujet.

- Je considère les Shinigamis comme étant responsables de la mort de ma famille. Ils ont été décimés par des Hollows et ces grands protecteurs n'ont pas levés le petit doigt pour exterminer ces monstres. Je serai sans doute moi aussi morte si ma famille d’adoption n'était pas intervenue. Les Shinigamis sont la source de nos problèmes. Leur guerre contre les Hollows occasionnent trop de dégâts parmi les mortels. Je les hais pour ça. Pour les innocents qui sont tués à cause de leur folie et de leur égo. Pour leur besoin de dominer ce monde. Cette ville.

Il paraissait évident à la lumière de ces propos que les membres de sa famille d'adoption étaient tous des Fullbringer. Tout comme il était évident qu'elle avait été endoctrinée par la mentalité de cette famille. Ses justifications étaient cohérentes mais ne justifiaient pas à elles seules la colère qu'elle portait à cette espèce. Pourquoi vouloir détruire à tout prix les Shinigamis alors que les Hollows étaient les véritables responsables de cette lutte ? Seulement parce que ces bêtes n'avaient pas le choix. Les Shinigamis oui. Pis encore, s'il existait des Hollows, c'était seulement parce que les Shinigamis ne parvenaient pas à faire leur travail correctement.

- Je sais qu'ils ne sont pas tous à blâmer. Mais c'est plus fort que moi... Je... Je veux qu'ils disparaissent. Tous.

Elle levait le regard, menaçante, vers Ketsueki. Son aura se réveillait, faisant tomber la température de plusieurs degrés autour d'elle. Le froid s'installait. Rapidement. Mais elle se reprit. Elle ne pouvait pas combattre. Pas aujourd'hui. Son pendentif avait semblé remuer. Comme pour réagir aux sentiments de la brune.

- Contenez-vous, Mademoiselle Mayer. Ou quittez la place. On ne peut se permettre de se faire repérer sous prétexte que vous vous laissez dominer par vos instincts.

Elias intervenait par le biais de son oreille. Il avait raison. Et ça l'agaçait de l'admettre.

- Tu n'appartiens donc plus à cette armée de malheur... Pour quelle raison ?

Elle ne répondit pas tout de suite, et se tourna vers quelque-chose qu’elle possédait. Un cordon, des oreillettes et un téléphone. Uriô comprit qu’il s’agissait là d’un moyen pour que les yeux extérieurs ne soient pas intrigués par une femme qui serait en train de parler toute seule. Tant mieux pour elle, car de toute façon le Shinigami de par sa nature ne pouvait être vu. En tout cas, cela fut un bon signe vers une réponse de la part de la jeune femme. Et la confirmation arriva rapidement.

La mort de ses parents, provoquée par des Hollows. Cela aurait pu voire dû être évité par l’action et le travail des Dieux de la Mort. Mais cela n’avait pas été le cas. Ils étaient morts, laissant Real orpheline, sans famille mais pleine de rancœur. Uriô trouvait cela compréhensible. Après tout, lui aussi possédait un peu de cette rancœur envers les siens, pour avoir enfermé son père et l’avoir laissé sans nouvelle de sa mère. Lui aussi était un peu devenu un orphelin. Pour autant, il n’était pas en total accord avec ce que la brune venait de dire.

─ Je te comprends. Mais d’un côté, si les Shinigamis disparaissaient, n’y aurait-il pas plus d’enfants perdant leurs parents ? Loin de moi l’idée que ma race n’ait rien à se reprocher, au contraire, mais les Hollows restent pires. Et malheureusement, il n’y a que le Gotei 13 qui s’en charge la plupart du temps.

Rien de plus vrai, car même si certains humains à pouvoir comme Real pouvaient voir et combattre les Hollows, ils ne pouvaient au mieux faire qu’une partie de tout ce que réussissait à faire le Seireitei. Ils étaient tellement plus nombreux, et c’était leur principale mission, après tout.

Comme il pouvait s’y attendre, la jeune femme avait rebondi sur le passé d’Uriô. C’était de toute façon un échange honnête, même si la possibilité qu’elle ait menti existait. Mais après tout, le Dieu de la Mort n’y portait que peu d’intérêt. Ce qui était sûr, c’est qu’elle haïssait les Shinigamis.

─ J’espère que tu ne m’as pas menti, Real. Parce que moi, je vais te dire la vérité.

Après tout, le fait qu’une femme puisse connaître la vérité sur son passé au Gotei 13 n’avait rien d’un problème. Il n’avait rien à cacher, puisque lui, n’avait rien fait. Il soupira.

─ Mon père a été emprisonné à la Soul Society pour trahison. Je ne sais pas si c’est vrai, ni pourquoi il aurait tenté quelque-chose d’aussi vain, mais c’est ainsi. J’étais un aspirant Shinigami, c’est pourquoi j’ai pu vivre ici depuis dix ans sans subir le moindre problème de leur part.

Jamais il n’avait tenté de les retrouver, de les rejoindre. Non, cet évènement avait été tragique pour Uriô, bien plus que d’apparence. Car l’enfermement de son père ne pouvait signifier que deux choses : soit c’était le Seireitei qui était en faute, auquel cas c’était tout un système qui était mauvais ; soit c’était son père qui avait effectivement tenté de tuer un Troisième Siège, auquel cas l’homme qu’il croyait connaître le plus était en réalité mauvais.