Spoiler:

J'sais pas dans quel guide touristique t'as pu voir qu'on pouvait s'faire un pique-nique dans l'coin, mais c'est pas l'cas du tout ! Les gens comme toi ont rien à faire sur mes terres, femme, alors dégage de là ! T'as trois secondes...

Le temps est écoulé. Pourra pas dire que t'as pas été prévenue. Burn to Ashes !

Mouais bon à part la vue y’a rien d’impressionnant ici finalement…

Autant dire que « déception » était un mot bien léger pour décrire ce que Lili ressentait vis-à-vis ce déplorable endroit. Immobile en plein centre de la colline rocheuse, elle était tournée vers le paysage que son point d’observation lui offrait sans possibilité vraiment d’être émerveillée par la nature, et encore moins par l’amas de demeures qui faisaient office de Seireitei – enfin, selon la carte qu’elle tenait entre les mains. On pouvait dire que l’Arrancar qui avait vanté être venu à cet endroit et qui lui avait fortement conseillé le voyage s’était bien moqué d’elle. Et où était ce grand monument similaire à une hallebarde qu’il décrivait comme une antiquité d’une puissance incontestable? Il n’y avait rien, absolument rien, et l’idée de retrouver l’enfoiré qui lui avait fait perdre son temps commençait dangereusement à lui chatouiller l’esprit.

D’un geste rageur, la demoiselle libéra le morceau de parchemin sur lequel un semblant de carte avait été dessiné abstraitement par les soins de son guide touristique. Cela ne lui avait été d’aucune utilité, vraiment, car en plus d’avoir eu à exécuter une dizaine de Gargantas pour ne serait-ce que mettre pied à Karakura, elle s’était perdue en cours de route avant d’avoir pu atteindre la Soul Society. Non, définitivement, le chemin n’avait pas été de tout repos, ce qui venait une fois encore contredire l’Arrancar qu’elle avait rencontré inopinément dans le Yermo. Elle qui voulait prendre un peu de vacances pour visiter les dimensions, voilà qu’elle était coincée au sommet d’une colline rocheuse, sans savoir vraiment comment revenir sur ses pas. Elle était définitivement mal barrée.

Mais chanceuse comme elle est, la Quinta n’eut pas à attendre des siècles pour qu’on vienne lui indiquer le droit chemin. Au loin, elle voyait clairement tel un point noir dans le ciel une forme apparente à un humain qui filait lentement, mais sûrement, en sa direction. Ah! Les secours, pas trop tôt! Un large sourire divisa son visage en deux à l’instant même où un homme d’une forte stature atterrissait en douce, cela non sans l’aide de sa… monture – sacré myopie qui l'empêchait de bien discerner au loin! Bref, qu’importe, car quelques sauts en direction de l’étranger furent rapidement exécutés par Lili pour ne serait-ce que créer une distance convenable pour faciliter la discussion à venir.

Ah! Monsieur! Voyez… je suis perdue, et je me deman...

En fait le mec n’en avait absolument rien à battre, car en plus de la couper dans son dialogue, il l’a menaçait sans passer par quatre chemins. Outrée par le comportement de ce désinvolte personnage, elle recula de quelques pas, cela tout en essayant de saisir tous les mots qu’il venait de lui échanger. Manque de veine, l’analyse lui coûta les trois secondes qu’on lui avait allouées pour déguerpir, et à peine venait-elle de comprendre qu’on exigeait son départ que le temps était d’ores et déjà écoulé. Impossible de réparer la gaffe, car l’étranger était clairement motivé à vouloir défendre son… territoire? Et à voir son pouvoir, il n’était ni un Arrancar ni un Shinigami, et encore moins un Quincy. Reculant lentement, mais sûrement, la demoiselle tenta de calmer l’individu dans l’espoir de ne pas envenimer son cauchemar.

Hey, t’enflamme pas coupaing… Je partais justement!

Et là n’était pas un mensonge. Elle aurait bien aimé partir dès le moment où il était arrivé, mais non seulement elle ne savait pas quelle direction emprunter pour quitter les lieux, mais en plus, le seul personnage apte à lui indiquer la route était davantage porté à la transformer en cendres qu’à lui filer un coup de pouce. Tout compte fait, foutre une bonne raclée à cette torche humaine ne serait pas pour lui déplaire, mais cela, seulement si sa tentative de fuite ne réussissait pas. Envoyant la main en signe d’au revoir, la voilà qui prenait littéralement ses jambes à son cou pour disparaitre le plus loin possible. Encore quelques mètres et elle pourra sauter dans le vide...!

Si tu es perdue, il ne me reste qu'à te montrer le chemin... pour l'Enfer !

Sa course représentait ce qu’il y avait de plus ridicule en termes de démarche. Alors que se diriger en ligne droite vers le ravin aurait été le chemin le plus rapide pour fuir ce demeuré, la voilà qui se déplaçait en zigzags à grandes enjambées, probablement dans l’espoir d’éviter un projectile quelconque. Car même si tirer dans le dos de quelqu’un était une action très peu honorable, Lili était la mieux placée pour savoir que l’honneur ne constituait pas en soi un critère observable en combat. Et maintenant qu’elle tournait dos à celui qui s’était déclaré être son adversaire, elle n’était plus qu’une cible mouvante absolument vulnérable. Ainsi mieux valait compliquer un peu la tâche en se déplaçant de la sorte. Et puis cela n’allait pas durer une éternité. Il ne restait plus que quelques mètres après tout…

Quelques mètres qui, d’ailleurs, commençaient à devenir longs à dévorer malgré la vitesse à laquelle la Cinquième avançait. Elle avait cette impression qu’elle faisait du surplace, ou du moins que les efforts déployés dans sa course n’étaient en rien récompensés par son avancée. C’est de fait cette pensée qui lui permit de constater à quel point il faisait soudainement chaud. La température avait abruptement grimpé au point que chaque pas de plus la faisait suer à grosse goutte. Nul besoin d’un haut Q.I. pour comprendre que ce phénomène surnaturel était dû à la présence de l’humain, qui avait fort probablement déployé sa puissance pour arrêter net l’évasion de Lili. La stratégie eut l’effet escompté, car cette dernière s’immobilisa tout en tirant son épée, adoptant ainsi le plan B.

En réponse au reiatsu libéré par l’humain, sa puissance spirituelle fut relâchée immédiatement après, venant ajouter un peu de sa pression dans cette atmosphère flamboyante. S’il y avait bel et bien une sensation de lourdeur pouvant rapidement être ressentie chez son adversaire, c’était surtout une forte odeur sucrée qui emplissait l’air, signature personnelle de Lili qui avait toujours eu un faible pour les sucreries. Sa stratégie du moment, c’était de se retourner et de rejoindre son adversaire pour lui montrer de quel bois elle chauffait elle aussi, mais à peine fit-elle volte-face que la chaleur s’intensifia davantage, marquant l’approche de son ennemi. Les réflexes de Lili étaient bons, et c’est ce qui la sauva de cette entrée qui aurait pu lui être fatale.

Elle disparut littéralement de la vision du Fullbringer pour réapparaitre à son flanc. Son déplacement, en plus d’être plus rapide encore que celui qui fut exécuté par le grand gaillard, avait la particularité d’ébranler toute personne se trouvant près de son point d’atterrissage. C’est ainsi qu’elle exécuta derechef le même mouvement, misant sur sa rapidité pour finalement procéder à un coup d’estoc vif et précis en direction de sa poitrine, cela en vue de l’embrocher comme un petit cochon. Sans s’occuper du résultat, elle disparut une dernière fois pour reprendre une distance raisonnable afin de mieux examiner sa blessure.

Merde…

Ce n’était qu’une éraflure comparativement à ce qu’elle aurait pu avoir si elle s’était pris l’offensive de plein fouet, mais autant dire que ça faisait un mal de chien. Brûlure au niveau de son bras gauche. Rien de bien gênant en termes de superficie, certes, mais elle se serait passée volontiers de cette douleur, accentuée dans cette chaleur étouffante. Mieux valait faire attention pour les prochaines fois. Consciente que cet échange était réellement sérieux, et que le demeuré qui avait engagé les hostilités ne comptait sûrement pas faire dans la dentelle, elle n’eut d’autre choix que de libérer son pouvoir à son tour, échangeant de ce fait son apparence pour celle d’une créature noire, parfait reflet d’une bestialité dangereuse. Un cri guttural détonna sur la colline, suivi de quelques paroles pour la forme :

Alors? Tu te ramènes ou j’ai le temps de me cuire un œuf?

Combattre ne figurait pas dans ses plans de vacances, mais maintenant que la situation l’exigeait, pourquoi pas? Après tout, ça pouvait déjà être plus distrayant que de visiter cette dimension de perdus. Lentement, son bras droit se modifia pour prendre la forme d'une lame de la taille de son Zanpakuto, et si de loin cela ne ressemblait qu'à une pâle copie d'une arme blanche, il suffisait de goûter à sa morsure pour comprendre qu'elle était aussi effilée et dangereuse que tout bon katana.

T'casses pas la tête pour les œufs ! C'toi que j'vais faire cuire, ma p'tite marée noire !

Lili n’aurait pas eu le temps de se cuire un œuf, puisqu’on ne lui accordait aucun moment de répit, poursuivant les jeux sur un rythme beaucoup plus dangereux. Une poignée de boules de feu destinées à exploser au seul contact furent projetée en direction de la créature d’ébène, qui n’eut le temps de se prémunir de l’attaque. L’impact fut suffisant pour la faire reculer de plusieurs pas, et même si sa carcasse fumait suite aux nombreux dégâts encaissés par cette première offensive, elle demeura debout, cela non sans grogner en ressentant sous sa peau les conséquences de son imprudence. Son Hierro dissimulait en apparence ce qu’elle venait tout juste de déguster, mais sa chair mutilée à quelques endroits sur son corps la faisait d’ores et déjà souffrir. Il s’agissait d’une blessure conséquente qui n’allait être que gêne pour ses mouvements à venir.

Si la demoiselle avait voulu s’ausculter pour déterminer avec précision l’importance des dommages sur son corps, on ne lui en laissa pas l’opportunité. Déterminée à ne pas se laisser prendre de vitesse une seconde fois, elle réagit dès qu’elle remarqua la formation d’un nuage au-dessus d’elle, cela sans possibilité de prévoir ce qui allait survenir. Elle ne voulait de toute évidence pas goûter à cette technique, déjà alors suffisamment convaincue que ses offensives étaient d’une dangerosité à ne plus mésestimer. Son corps retrouva rapidement des formes stables, ressemblant ainsi à une statue noire inébranlable. À peine complétait-elle sa défense que les pointes acérées tombèrent du nuage au-dessus d’elle, se fracassant avec brutalité sur elle sans toutefois percer l’armure. Mais ce ne fut suffisant, car à mesure que cette pluie tombait, sa défense perdait en résistance, abandonnant finalement Lili. Vulnérable, deux pointes vinrent déchirer sa chair dans le dos, faisant naitre une douleur si vive qu’elle courba l’échine pour reprendre son souffle.

Elle avait mal, très mal, mais la souffrance n’était pas une raison pour abandonner dès maintenant. Si ses mouvements se voyaient d’ores et déjà perturbés par la douleur que le moindre pas éveillait, elle était tant déterminée à gagner qu’elle n’avait aucunement l’intention de battre en retraite. Ce n’était après tout que quelques blessures sans importance, qui ne l’empêcheraient certainement pas à combattre. La lame qui faisait dorénavant office de bras fut pointée en direction du gaillard, alors toujours à une distance convenable créée par la précédente technique de sa monture. Peu à peu, une lueur écarlate vint poindre au bout, pour rapidement être libéré en direction de son ennemi. L’orbe était rapide, mais chose sûre, les dégâts qu’elle causerait ne seraient en rien comparables à ce qui aurait pu être infligé par un maitre dans ce domaine. Cela n'avait que peu d'importance; la raison de cette première attaque reposait sur une chose : la diversion.

Car alors que le Cero dévorait les distances afin de faire mouche sur la cible, des tentacules formés dans le dos de la Cinquième Lame attaquaient les flancs de son ennemi à une vitesse faramineuse, dans la ferme intention de l’immobiliser le plus vite possible. Que cela ait réussi ou non n'arrêtait en rien Lili, qui n’attendit pas une seconde de plus pour exécuter l’une de ses attaques les plus dévastatrices. Une marée de pointes acérées, c’était ce qu’elle était devenue durant un très bref moment, venant recouvrir la colline de ses tentacules aussi tranchants qu’une lame dans l’espoir encore d’embrocher son ennemi, et pourquoi pas sa monture pour faire d’une pierre deux coups. Si l’immobilisation avait eu l’effet escompté, il ne lui serait aucunement possible de parer cette attaque et encore moins le coup de katata qui suivit un majestueux bond sur son ennemi.

Les déplacements effectués avaient énormément sollicité ses articulations, endolories par les nombreux dégâts que son corps avait subis. Heureusement que son endurance lui permettait de faire fi de cette douleur, mais encore est-il qu’il lui suffisait d’un moment à ne rien faire pour ressentir les brûlures, ainsi qu’une fatigue qui grandissait lentement mais sûrement en elle. Une grande inspiration permit à la créature de se redresser de tout son haut, empruntant une posture défensive pour parer à une contre-attaque. Car chose sûre, son ennemi n’allait pas rester sans réponse à toutes ces hostilités.

Ses jambes tremblotaient sous son poids pourtant plume, menaçant de fléchir au moindre moment. Autant dire que son équilibre précaire fut bien vite anéanti par l’offensive de cette tierce personne, dont les capacités devenaient de plus en plus irritantes au point que Lili s’en serait donnée à cœur joie de converger tous ses efforts sur elle pour la voir s’écraser au sol comme une vulgaire chose. Mais elle ne pouvait se permettre de gaspiller ses dernières énergies sur elle, épargnant par le fait même son ennemi premier qui s’était défendu comme un as. Elle s’était juré intérieurement de mettre au sol l’homme de feu, quitte à ce que ses dernières actions l’emportent avec lui.

Littéralement propulsée en arrière par ces attaques de vent, ce n’était pas tant le choc de son atterrissage qui lui fut douloureux, mais les entailles créées par les boules de vent sur son ventre. Ces dernières lui tirèrent non pas une grimace, mais un cri aussi fort que la douleur qui la clouait dorénavant au sol.

Sa première tentative pour se relever fut un échec complet. Le sang coulait des plaies, mais Lili, trop bornée à vouloir se redresser, n’offrait qu’une minime attention à ses blessures, persuadée pouvoir faire fi de sa souffrance. Il lui était inconcevable de demeurer allongée ainsi, comme une vaincue. Autant perdre debout, autant porter quelques derniers coups. À son deuxième essai, la voilà qui se redressait péniblement, la tête fièrement relevée malgré les grimaces que l’on devinait à travers les traits bestiaux qu’elle affichait.

J’vais te crever.

Paroles presque inaudibles qui avaient peu de chance d’atteindre le tympan de son adversaire. Plus une promesse à elle-même qu’une menace destinée à son vis-à-vis, elle savait au plus profond d’elle que la fatigue et la douleur l’empêcheraient de prendre son temps et même de mener à termes ses desseins. Ses minutes étaient comptées. L’impression que son reiatsu la quittait en même temps que ses forces éveillaient en elle l’urgence d’accomplir son offensive, et cela qu’importe le coût de ses derniers déplacements.

Le premier pas qu’elle fit en direction de l’ennemi exigea d’elle tant d’efforts qu’elle crut un instant perdre connaissance suite à ce mouvement anodin. Impossible d’en faire un second, elle risquerait fortement de tomber face première dans le sable, ce qui serait plus humiliant encore que si elle avait décidé de ne point bouger alors qu’elle était étalée au sol. Déterminée ou sinon incapable d’admettre sa défaite, difficile de dire ce qui la poussa à puiser dans ses dernières énergies pour déclencher sa technique. Une multitude d’extensions furent déployées à vitesse faramineuse, destinées non pas à blesser, mais à attirer tout ce qui se trouvait autour d’elle. Il va sans dire qu’elle visait tout spécialement son ennemi, et il ne suffisait qu’à le frôler pour que celui-ci soit projeté jusqu’à elle, tel deux aimants opposés. À cet instant, elle l’attendrait avec son katana.

Quoi qu’il arrive, elle devait se résoudre à déclarer forfait, ses blessures devenant de plus en plus insupportables, et son énergie dorénavant à plat ne lui permettant aucune action supplémentaire sans contrecoups. À pousser trop loin ses limites, on finissait par se faire mal soi-même.

Citation :

Combat terminé. Si tu ne souhaites pas reposter ensuite, préviens-moi que je puisse fermer le sujet.

La lame jusqu’alors insérée dans les chairs de son ennemi fut habilement retirée d’un puissant coup de pied que Lili reçut au flanc. Si ce dernier ne réussit pas à la mettre à terre, la force de frappe fut suffisante pour la faire reculer de quelques pas, en plus de raviver la douleur due aux blessures qu’elle portait au ventre. Un grognement court traversa sa bouche d’apparence suturée par des filaments, et ce simple son eut raison de ses dernières énergies. Elle se retrouva rapidement soumise à sa souffrance, qui la fit se courber jusqu’à se retrouver genoux à terre. Peu de temps après, ce fut un projectile de feu qui l’étala de tout son long, dans l’impossibilité cette fois-ci de se relever. Elle était K.O., et cette fois-ci, pas même sa volonté ne réussirait à la faire se relever, et elle le savait, alors elle demeura étendue.

Son apparence se résorba peu à peu, et ses pouvoirs vinrent reposer au creux de sa paume sous la forme de son Zanpakuto. Lili ne bougeait plus, mais ses paupières n’étaient pas pour autant closes. Elle observait le ciel et les arbres, percevait sans même tourner la tête les contours de quelques bâtiments, et suivit du regard l’itinéraire d’un magnifique papillon qui virevolta au-dessus d’elle un instant avant de disparaitre dans la nature. À ce moment, elle ferma des yeux, en même temps que son esprit admettait enfin que cette dimension était d’une beauté incontestable. Un sourire flotta sur ses lèvres alors qu'elle était transportée vers l'inconscience.