- Francis, nous pourriez-vous roulez un peu plus vite ? J'ai l'impression que nous n'avançons qu'à peine...
- Nous roulons déjà au maximum de la vitesse autorisée sur ces routes, Mademoiselle, répondit le majordome de son timbre bas et professionnel. Auriez-vous préféré une moto ?

Seraphim haussa un sourcil étonné. La veille, après avoir ramené un "enfant blessé" chez elle, elle avait raconté à Francis son entrevue avec Takamaru Chosuke, vice-président de la Tkm Corp et "Fullbringer", et il semblait que, comme à son habitude, le majordome n'ai laissés échappé aucun détail, pas même l'appréciation notable de sa protégée pour les trajets à moto. Mais cette soirée n'était pas à l'amusement.

- Non, cela aurait risqué de froisser ma robe. C'eut été inconvenant envers l'homme qui m'invite.
- En effet, Mademoiselle, vous avez raison. C'est pourquoi j'ai pris la voiture.

Seraphim eut un petit sourire amusé, toujours impressionnée de voir comment se débrouillait son serviteur et tuteur pour réussir à lancer ainsi des petites piques, tout en se disculpant, par sa manière de les présenter, de toute accusation d'insolence. Puis son amusement se changea en surprise, lorsqu'elle se rendit compte qu'ils étaient déjà arrivé ! Comment diable, en roulant aussi lentement, son majordome avait ainsi pu l'amener à sa destination aussi vite ? La demoiselle était toujours aussi stupéfiée par la capacité qu'avaient les véritables majordomes, d'exécuter des prouesse de service considérées comme impossibles, avec un naturel désarmant et sans même que l'on en ai conscience. Elle avait toujours vu ces majordomes comme des sortes de ninja des temps modernes, et avait toujours songé depuis l'enfance que, si un jour une armée renforçait ses troupes avec des majordomes, ce serait l'armée la plus puissante du monde. Il aurait fallu plus de majordomes chez les Quincy.

- Merci Francis. N'avancez pas jusqu'au lieu-dit, restez ici en bout de rue. Ca risque de durer quelques heures, cela ira-t-il pour vous ?
- J'attendrai aussi longtemps qu'il le faudra, Mademoiselle. Vous le savez.
- Merci, Francis. Désolée pour ça.
- Il n'y a pas de quoi, Mademoiselle.

Et sur ces mots, le majordome se garait simplement sur un côté de la rue, avant de sortir ouvrir à sa maîtresse. Le jeune fille le remercia à nouveau, d'un signe de tête, et fit quelques pas dans la direction du domaine de Chosuke avant de s'arrêter. La nuit tombait. Elle ferma les yeux un instant, cherchant sa concentration, avant que ses pas ne la porte vers le ciel en un Hirenkyaku silencieux. Une fois à une cinquantaine de mètres d'altitude, elle posa son regard sur le domicile de son hôte, analysant ce qu'elle voyait. Des gardes à priori humain, un système de sécurité humain, visiblement efficace en soi, mais rien qui semblât être prévu pour contrer des agressions d'êtres supérieurs à de simples humains. Ce n'était toutefois pas suffisant pour rassurer totalement la jeune Quincy, elle devait tout de même prendre des précautions avant de s'aventurer dans l'antre personnelle d'un être dont elle ignorait tout. Ses doigts se retrouvèrent bientôt en saisie de quatre Gintô, qu'elle alla placer en autant de Hirenkyaku, avant qu'elle ne retourne de la même façon dans la rue en contre-bas. Elle termina finalement le chemin à pieds, de la façon la plus simple possible, jusqu'à se retrouver devant l'entrée du domaine Takamaru...

- Bonsoir Seraphim, dit finalement le maître des lieux lorsqu'il l'accueillit enfin dans ce qui semblait être un beau salon. Vous êtes très élégante ce soir.

La demoiselle, après avoir laissé naturellement le majordome local prendre son manteau, s'inclina légèrement avec un subtil rosissement des joues - aisément repérable sur sa peau d'une blancheur de lait - sous le compliment. Elle s'était, pour l'occasion, vêtue d'une façon plus élaborée et plus digne de son rang et de son hôte qu'à son habitude. Son corps était enrobé dans une longue robe de soi blanche, dont les manches s'évasaient à partir du coude et laissaient une légère transparence permettant de distinguer la silhouette gracile de ses bras. Le bas de la robe était ample, permettant aux jambes de se mouvoir librement et même de danser, tandis que la taille et le buste étaient serrés afin d'épouser les formes légères mais harmonieuses de son corps. La silhouette de la jeune fille était encore rehaussée par des motifs de velours d'un bleu profond cousus de fil d'argent, dessinant sur la robe les courbes de tiges et de fleurs stylisées donnant une impression de mouvement fluide et sublimée au moindre geste de la demoiselle.Pour finir, une touche discrète de maquillage, juste de quoi affiner ses traits et rehausser subtilement son regard vermillon, une pince relativement sobre en argent afin de maintenir l'hémisphère droit de sa chevelure de neige attachée au niveau de sa tempe, et aux pieds, de fins escarpins d'un blanc nacré, aux talons courts. Bien entendu, ses poignets étaient tous deux toujours ornés des fins bracelets noirs aux délicates croix blanches des Quincy Cross Ausbildungsbogen et Shield Stern.

- Mon majordome m'a conduite, je n'ai donc eu aucun mal à trouver, mais c'est gentil à vous de vous en inquiéter, rétorqua-t-elle finalement à sa remarque avec une pointe de sarcasme. Merci à vous pour votre invitation. Vous n'êtes pas mal non plus, si je puis me permettre de vous retourner votre compliment...

Et c'était sincère, l'homme n'était certainement pas déplaisant à regarder ! Seraphim se laissa inviter à s’asseoir, mais reprit rapidement un air sérieux. Elle prit une profonde inspiration, laissant deviner qu'elle allait dire quelque chose d'important, et se lança :

- Avant toute chose, Chosuke-san, permettez-moi de vous donner un simple avertissement : n'ayant toujours pas de réelle information sur vous au-delà de votre état civil, vous comprendrez, j'espère, que j'ai du prendre quelques petites précautions avant d'entrer dans votre résidence. J'espère que vous ne m'en voudrez pas, mais en ce qui me concerne je me refuse à vous le cacher. Je préfère jouer cartes sur tables, à tous les niveaux. Elle tendit vers le haut un index qu'elle arrêta devant son visage, permettant ainsi à Chosuke de prendre conscience des minuscules filins de Reishi extrêmement fins qui en partaient. Si il m'arrive quoi que ce soit, des mines spirituelles que j'ai posées à plusieurs endroits déterminants de votre domaine feront sauter votre résidence. Je serais horriblement déçue de devoir détruire une telle pièce architecturale, mais je pense cependant que je n'aurai pas à en arriver là : je doute en effet que vous soyez mauvais, et seule la raison me pousse à prendre de telles précautions. J'en suis cependant désolée, et pour me faire pardonner, je vous laisse volontiers poser vos questions en premier, si vous en avez... Appelons ça un échange de bons procédés, si vous voulez bien.

Son regard, qui s'était planté dans les yeux de Chosuke, tomba finalement vers le champagne posé sur la table, prirent conscience de la lumière tamisée et de l'ambiance détendue que le maître des lieux avaient voulu instaurer dans la pièce, et les joues de la demoiselle rosirent à nouveau légèrement, cette fois d'une courte honte pour s'être ainsi emportée et imposée, et elle ajouta, un peu plus timidement :

- A moins que vous ne préfériez ne pas parler "affaires" tout de suite...?