Lorsque mes hommes me rapportèrent les documents à remplir et à vérifier, j’avais soupiré ouvertement en déplorant la paresse de mon prédécesseur. Alors que j’étais son propre cinquième siège dans le temps, je n’avais même pas pu imaginer l’envergure de sa fainéantise, même si je savais qu’il s’agissait d’un homme qui n’aimait pas faire beaucoup d’efforts. En prenant l’un des documents dans mes mains, je constatai qu’il ne s’agissait que d’apposer de simples signatures, ce qui m’avait encore plus dépité. L’Himesaki était un sacré personnage quand on y repensait. Je me mis à gratter ma joue droite comme pour ponctuer mon ennui avant de me débarrasser de mon haori, histoire de me mettre à la tâche. Il n’y avait pas de temps à perdre !

Au bout de dix minutes seulement, mes hommes furent médusés face à la rapidité de mes gestes et à la rigueur professionnelle que je dégageais. Je pouvais en être fier, mais il n’y avait pas de quoi, ce pourquoi je demeurai imperturbable et serein dans mon travail. Après tout, j’avais été formé à la gestion des tâches administratives durant mon enfance, ce qui expliquait bien de choses. Et en tout, boucler ces documents ne me demanda qu’une petite heure seulement, ce qui bluffa définitivement les éléments auprès de moi. Légèrement irrité par cet engouement qui ne se justifiait pas vraiment, je leur ordonnai d’apporter certains documents à grandes bibliothèques du seireitei, et d’autres à la première division, chez le commandant.

Lorsqu’ils s’en allèrent enfin, je pus m’étirer tranquillement, avant de contempler le bureau dans lequel j’étais. Autant il était propre, autant la décoration intérieure ne me plaisait pas. Maintenant que les affaires de mon prédécesseur n’étaient plus ici, je pouvais décorer ce bureau à mon gout. L’aide de mes vassaux ne serait certainement pas de trop dans cette entreprise et rien que les imaginer entrain de gesticuler çà et là m’arracha un mince sourire. Suite à cette pensée rigolote, je me levai alors de mon siège et quittai mon bureau, n’ayant plus rien à faire. Dehors, il faisait vraiment beau. Le ciel était bleu, les oiseaux chantonnaient paisiblement et le soleil, quand bien même haut dans le ciel, était plutôt doux. Une merveilleuse journée, somme toute.

J’aurai pu m’assoir contre le mur en seiza et contempler le ciel d’un air rêveur, mais en lieu et place de cette pause, je préférai effectuer une petite promenade au sein même de ma division. Mine de rien, elle était vraiment belle, la septième. Cette dernière était certainement l’une des plus discrètes au sein même du seireitei, mais j’allais tout mettre en œuvre pour lui faire honneur comme il se doit. C’est au détour d’un couloir que je tombai sur les premiers dojos où s’effectuaient des entrainements. Discrètement, je m’arrêtai aux portes de l’un d’eux avant de constater les efforts que mes hommes déployaient pour se perfectionner. Lorsqu’ils me virent, ils voulurent s’arrêter et me saluer, mais je leur fis signe de continuer. Et même si je ne le montrais pas ouvertement…


Ils n’en demeurait pas moins que j’étais très fier d’eux.

La Nanabantai subissait d’importants changements en raison de l'arrivée de deux nouvelles personnes à sa tête. L'une d'elle faisait beaucoup plus parler d'elle que l'autre, en raison principale de son jeune âge, ou tout du moins de l'apparence juvénile dont il disposait. Chikusa Heiji. Outre le fait que le nom ne parle absolument pas à l'Ashihei, son passé étant une véritable zone d'ombre à ses yeux, ce qui agaçait le plus le Vizard dans toute cette histoire était l'attitude de ce dernier. Pouvait-on sérieusement faire plus insupportable ? Un garçon, si toutefois il s'avère en être un, le doute étant permis le concernant, réplique presque identique physiquement d'un défunt Capitaine Hitsugaya, impossible de l'apprécier. Tout cela partait de premières impressions évidemment, les deux hauts gradés n'ayant pas encore eut le temps de s'entretenir seul à seul. Lui-même, avec sa récente promotion au rang de Fukutaisho, s'était concentré au travail qu'il reprenait en cours de route plutôt qu'au relationnel avec ses hommes.

Aujourd'hui, avait-il décidé de s'accorder un peu de temps en dehors de cette masse de travail qui incombait au rôle de Lieutenant. Savoir s'aménager des moments pour souffler se révélait crucial s'il ne voulait pas tout envoyer balader. Ce qui mettrait grandement à mal sa couverture et c'était bien la dernière chose dont il voulait être la victime. D'autant que cette fois, il en profiterait pour échanger avec le gamin prodige du Seireitei. Savoir à qui il a affaire, se fixer sur la menace qu'il pourrait représenter dans sa mission, décider de son sort. Le tout passerait comme une simple visite pour faire plus ample connaissance avec son supérieur hiérarchique. L'idée n'était pas mauvaise sur le papier, encore fallait-il être en mesure de retrouver la trace du chérubin. Quand il se présenta à ses quartiers, on l'informa de sa sortie. Sans pouvoir l'éclairer avec plus de précision sur la direction à suivre. Si Tetsuo remercia le shinigami pour ses maigres informations, sourire sincère au visage, intérieurement il bouillonnait et crachait sur son incompétence.

Ce qui amusa grandement son hollow intérieur, qu'il pouvait entendre se tordre de rire depuis de longues minutes déjà. Lui n'avait vraiment pas la tête à cela. Une multitude de pensées morbides l'envahissait au fur et à mesure qu'il déambulait dans les quartiers de sa division, à la recherche de cet idiot. Finalement, un miracle vint frapper à sa porte. Chose inattendue, totalement inespérée, un des gars de la septième lui dévoila avoir aperçu le marmot, non loin des dojos. Allons bon, le génie pas plus haut qu'une pomme cherchait simplement à se changer les idées, ou à surveiller l'entraînement de ses soldats. Pestant, il pris à son tour la direction des dojos, traversant les couloirs le pas pressé, l'air agacé. Rendu sur les lieux, faisant son apparition dans le dos du Capitaine à l'instant précis où une idiote maladroite lui rentrait dedans, il observa la scène, muet comme une tombe. Et le moins que l'on puisse dire, c'est ce que cela en valait bien la peine, de rester dans l'ombre un court moment.

S'incliner de la sorte pour un être aussi méprisable que cet Heiji, il en ricanait silencieusement, accompagné d'Hakai, son éternel camarade. Finalement, il se rapprocha de la jeune shinigami, dont la chevelure et les prunelles inimitables le renseigna sans doute possible sur la personne qui se tenait derrière ce joli petit minois.

Chikusa-Taishô, je vois que vous venez de faire la rencontre de la surprenante Mizuki... Fidèle à elle-même, elle a su trouver la méthode la plus singulière pour vous aborder ! Ah-ah !

Ayant la fiche de chacun des éléments de la Nanabantai, l'Ashihei pouvait se vanter avoir fait en sorte de pouvoir mettre un nom sur les faciès qu'il aurait dans son champ de vision. Ici, la tâche était d'autant plus simple que la concernée détenait un physique tout particulier, du genre qui ne s'oubliait pas. Feintant l'amusement de la situation, jouant dès lors pleinement son rôle du parfait petit Lieutenant intègre, le rire qu'il déploya parut remarquablement sincère. On ressentait très clairement l'entraînement pour en arriver à un degré de comédie aussi bon...