CAPITAINE ! Revenez ! Ne partez pas !

Un jeune homme à l’air dépité qui hurlait à son Capitaine. Il se trouvait sur le porche du Bureau du Capitaine de la Dixième Division, devant lui la porte coulissante ou ce qu’il en restait gisait au sol n’ayant pas supporté le choc avec le corps plus si frêle que ça du «jeune» homme, derrière lui un bureau qui n’avait pas changé d’un pouce, chaque chose parfaitement rangé à sa place, la seule chose qui sortait de l’ordinaire était ce parchemin qui reposait sur le sol, a moitié brûlé. Le Troisième Siège se retourna, ramassant le papier, déchiffrant ce qu’il restait du message. Une bonne partie de celui-ci était déjà illisible, pourtant une phrase semblait ressortir comme si elle avait été volontairement préservé des flammes, tout ce qui se trouvait autour ayant pourtant commencé à noircir sous l’effet de la chaleur. Une seule phrase qui instantanément se répercuta sur le visage du jeune Shinigami. Une larme allant même apparaitre aux extrémités de ses yeux, il comprenait ce qui venait de se passer et bien que la nouvelle puisse être réellement triste ce qui l’attrista réellement en cet instant était qu’il ne soit pas capable de faire quoi que se soit pour la peine de son Capitaine.

Revenez nous vite... Capitaine.

Je disparaissais toujours plus profondément dans le Rukongaï ! Des larmes coulant sur mon visage, ma tête était vide, une seule pensée apparaissait, encore et encore, inlassablement. Comme si j’essayais de me prouver à moi même que tout cela n’était qu’un mauvais rêve, comme si j’essayais de me convaincre que cela ne puisse être vrai. C’était là les risques de la guerre et je le savais. Mais comment cela avait-il pu arriver ?! Comment un homme comme lui avait il pu... J’avais beau avoir presque quatre cent ans, et pourtant je restais en moi même le jeune Shinigami que j’avais toujours été. Fragile, plein de doute, sensible. Je ne pouvais accepter cela. Je réagissais exactement comme lorsque j’avais appris qu’il était mort, mon propre Capitaine. J’avais ce jour là réagit de l’exact même manière, et je n’avais en réalité pas évolué d’un pouce depuis ce jour là. Je perdais un à un tous les êtres qui m’étaient cher ! Mon Capitaine, Imari, Tôjô et maintenant lui... Et cette phrase qui ne quittait pas ma tête.

Le Vice-Capitaine Kagura Kamui est mort au combat.

Les détails n’importaient que peu en cet instant. Je m’étais pourtant forcé à lire le rapport jusqu’au bout, avant que ma colère et ma tristesse ne l’emporte, que mon énergie commence à provoquer le brunissement du papier et que je ne quitte sans un mot la pièce où mon Troisième Siège avait joué le messager de la mort. Je ne savais même pas où j’allais, je ne désirais que quitter cet endroit au plus vite, fuir loin ! Loin où l’on ne trouverait pas, du moins pas pour l’instant !

Les larmes séchèrent sur la route, vidant mon corps de toute celles qu’ils avaient pu emmagasiner. Le trop plein d’émotion, la perte d’un Homme avec qui j’étais arrivé ici et que je respectais, réellement. Je le respectais de tout mon être et le considérait réellement comme l’un des hommes les plus puissants du Seireitei. Qu’il puisse mourir en mission voilà bien quelque chose à laquelle pas une seconde je n’aurais pu penser...

De rage je frappais dans un arbre, frappant aussi fort que je le pouvais, frappant jusqu’à ce que ma main se mette à saigner. Alors même que j’avais probablement brisé plusieurs os à l’intérieur de celle-ci la douleur ne fut pourtant pas capable d’atténuer ne serait-ce qu’un peu la peine qui était en moi. J’avais avancé tellement loin que je me trouvais à présent dans une clairière, bien au-delà du Rukongaï, une place où je pourrais laisser ma colère, ma tristesse et toutes les émotions qui me submergeaient partir en paix. Cela prendrait du temps mais pourtant il le faudrait. Il était un homme qui n’aimait pas montrer ces émotions, et je savais qu’il n’aurait pas apprécié me voir dans cet état. La première esquisse de sourire de la journée.





Lui aussi s'était isolé. Et pas seulement pour faire son deuil. Seulement la nouvelle était tombée comme un couperet : il prenait la place laissée vacante par la mort de Kagura Kamui. Et pour être tout à fait franc, il se sentait déstabilisé par cette nouvelle aussi soudaine qu'incompréhensible. Kamui avait toujours été un homme distant et secret. Mais il avait été un bon Lieutenant. Taizo était jeune et appartenait à la Neuvième division depuis peu de temps en réalité mais il avait apprécié le caractère étrange de cet homme. Lui rappelant celui de son propre Capitaine. Mort en mission. Et voilà qu'il récoltait sa mission. Pas évident pour un enfant.

Nouveau brassard autour du bras, la nouvelle avait déjà fait le tour de la Neuvième et risquait rapidement de s'ébruiter dans le reste du Seireitei. Prenant donc un peu de temps pour réfléchir à la question, le jeune garçon s'était isolé dans les terres se trouvant au-delà du Rukongai. Une fuite en avant même si ses racines le poussaient à respecter sa parole : il prendrait ce rôle avec le sérieux qui s'imposait. Mais pour l'heure, il avait surtout besoin de réfléchir. Son Zanpakutô dans le dos, il s'était adossé à l'écart des âmes des districts environnants, préférant de loin le calme à la tempête qui ne tarderait plus à s'abattre sur ses frêles épaules.

Les capacités, il les avait. Mais prendre le relais avec cet homme serait sans doute plus dur qu'il ne pouvait l'imaginer. Fort heureusement, il avait pour lui sa jeunesse et sa bonne humeur quotidienne, ce qui ne serait pas de trop pour suivre le Yakushiji. Ce dernier s'était quelque peu renfermé sur lui-même si c'était presque imperceptible pour un homme comme lui. Il était en deuil lui aussi. Même s'il n'osait le montrer. Le rapport était clair. Et le Kyoraku en avait pris évidemment connaissance. Perdu dans ses pensées, il perçut la présence de l'homme avant même de le voir. La silhouette ne lui était pas inconnue : comment ne pas reconnaître un des Treize Capitaines du Gotei après tout ? Que faisait-il ici ? La question se posait mais ne le regardait pas. Pourtant, alors qu'il s'apprêtait à le dépasser sans même le déranger, Taizo perçut la tristesse de l'homme. Il ne pouvait quitter les lieux ainsi. Se rapprochant de lui, il prit seulement le droit de lui parler brièvement. Si l'homme l'éconduisait, alors il reprendrait la route.

- Igarashi-Taishô ? Vous allez bien ?

Inclinant légèrement la tête vers la droite comme pour mieux apercevoir son visage, Taizo lui adressa un petit sourire contrit. Il était un enfant et n'aimait pas voir les autres souffrir. Une vision des choses certes particulière mais il fallait bien que jeunesse se passe.

- Vous ne me connaissez certainement pas, je suis Kyōraku Taizō, Shinigami de la Neuvième division. Tenez !

Il venait de sortir de la besace qu'il emportait partout un petit mouchoir. Sans doute ne le prendrait-il pas mais au moins avait-il fait la démarche. Son grade étant trop récent encore pour qu'il se présente comme Lieutenant. De toute évidence, le brassard parlait pour lui. Même si le Capitaine pourrait très justement croire qu'il ne le méritait pas de par son jeune âge.
Lui-même doutait. Bien que le Lotus Blanc ne lui ait guère laissé le choix.

Une présence. Une présence qui s’approchait, une présence... Un sourire cynique au visage à la pensée que je sois capable de détecter cet homme de si loin, de ressentir chaque être vivant de cette forêt dans une zone plutôt grande. Alors que lors de ma dernière entrevue avec lui je m’étais vanté avoir amélioré mon niveau et qu’il m’avait sèchement fait remarqué qu’il me faudrait des siècles pour arriver à son niveau. Voilà qu’aujourd’hui j’étais capable d’une telle prouesse et jamais je n’aurais la possibilité d’aller me pavaner devant lui pour lui montrer que mon niveau n’était plus si mauvais que ça. Je n’aurais peut être jamais le même don que lui pour cet art qu’était la détection mais pourtant je savais qu’il aurait été étonné ! Cette dernière pensée traversa mon esprit alors que l’inconnu se trouvait enfin en face de moi.

Pas un mot ne s’échappa de ma bouche alors qu’il se mit à parler. Je ne pipais mot et me contentait simplement de le dévisager d’un regard vide, perdu. Il me tendit un mouchoir amicalement. Un geste que j’aurais pu faire à sa place si j’avais comme lui le réflexe d’en avoir sur moi. Mais j’étais ce genre de personne qui n’en avait jamais sur lui, encore moins lorsqu’il en avait besoin...

Merci !

Premier mot qui sortait de ma bouche depuis mon départ de mon bureau. J’étais encore sous le choc pourtant j’acceptais gentiment son mouchoir. Je savais que je devais faire peine à voir en cet instant, et pourtant seul son nom continuait à tourner dans ma tête. Où avais-je bien pu voir ce nom. J’avais une bonne mémoire, et celui-ci résonnait pourtant dans ma tête sans que je puisse me rappeler l’endroit où j’avais pu l’entendre, ou le lire. Je le regardais une fois de plus, une pointe d’interrogation remplissant mon regard pourtant si vide. Je le regardais une fois de plus de haut en bas sans la moindre gêne, ne réfléchissant pas réellement à ce que je faisais, jusqu’à ce que mon regard s’arrête sur cet objet qu’il portait sur le bras et que toutes les pièces du Puzzle se combine enfin.

Vous êtes...

Tout s’était imbriqué jusqu’à ce qu’enfin je retrouve où j’avais vu son nom. Sur le rapport que j’avais lu moins d’une heure de ça. Un nom qui m’avait presque échappé tant la colère et la tristesse avait été grande. Un nom que je n’avais pas considéré un instant, le remplaçant de Kamui. Celui qui reprendrait la place de second de ce tueur. Le nouveau Vice-Capitaine de la Neuxième Division, Kyôraku Taizô.

Désolé pour l’état pitoyable... Je viens d’apprendre une bien triste nouvelle et comme vous pouvez le voir je n’arrive pas à m’en remettre. Votre Vice-capitaine, il était un ami proche, du moins j’aime à y croire.

Je parlais d’une voix emplie de tristesse et ça se sentait. Je faisais néanmoins l’effort de lui parler, après tout ce jeune Shinigami n’était en rien coupable de ce qui lui arrivait, et s’il était un membre de la Neuvième peut être était-il aussi triste que moi, mais lui avait-il au moins la décence de ne pas le montrer... Je n’arrivais même pas à prononcer son nom tant la tristesse était grande.





Ah ?

Il comprenait mieux l'état du Capitaine. Perdre un ami n'était jamais évident et si le jeune garçon n'avait pas encore connu ce malheur, il n'en restait pas moins suffisamment empathique pour en percevoir la douleur jusque dans son être. A moindre mesure. Un frisson lui parcourut l'échine. Il n'était pas entraîné pour exprimer ses émotions dans ce genre de cas. Qui écouterait un enfant, de toute façon. Il ne se berçait pas d'illusion et attendait seulement que l'Igarashi se reprenne un peu. Parfois, il suffisait seulement d'une présence silencieuse à ses côtés pour reprendre un peu d’air. Et c'est dans cette optique très précise que le Kyoraku attendit, préférant rester encore un peu plutôt que de partir loin et de le laisser à son deuil.

Généralement, on demandait la permission de rester. Généralement, on essayait de juger si sa présence était inopportune ou bienvenue. Mais une fois encore, ces notions étaient trop étrangères à l'enfant qu'il était. D'apparence, évidemment, mais sans doute en age aussi. Il se savait plus jeune qu'une majorité de Shinigami après tout. Savoir que Kamui avait pu avoir un tel ami étonnait Taizo mais trouvait cette nouvelle plutôt encourageante. Après tout, en dehors du Lotus Blanc, il n'avait jamais été vu en compagnie des autres ou très peu. La dernière occasion ayant été le bal, événement pour lequel il avait été emprisonné.

Il s'en souvenait parfaitement puisque c'était à lui qu'état revenu la mission de l'escorter là-bas. Et s'il avait eu peu l'occasion de s’entretenir avec lui, il avait trouvé la réaction du Lieutenant à la hauteur de ce qu'il fallait faire. On ne méprisait pas la Justice ainsi. Et les contrevenants devaient payer leur mauvaise conduite. En cela, malgré son jeune âge, il ne transigeait jamais. Et ses camarades le considéraient parfois comme le pire d'entre eux dans la vision qu'ils avaient tous de la justice et de la manière qu'il fallait la rendre.

- C'est une grande perte pour nous tous. Et porter ce brassard ne sera pas facile... Passer après Kagura-Fukutaishô est un honneur dont j'ai pleinement conscience. Permettez-moi de vous présenter mes condoléances, Capitaine.

La mine triste de Taizo montrait qu'il compatissait réellement avec la peine de Shu. Il n'éprouvait pas la même sensation, évidemment, mais cela ne l’empêchait pas de se sentir attristé. Le destin était toutefois bien curieux. Shu était venu ici pour faire son deuil à l'abri des regards indiscrets. Et voilà qu'il tombait nez à nez avec le successeur même de celui qu'il pleurait. Successeur qui lui-même s'était rendu dans ce coin pour réfléchir et mettre à plat les sentiments partagés qui habitaient son âme.

La vie est ainsi, petit homme. N'oublie jamais ce visage et ce moment, car ta vie de Shinigami ne fait que commencer et tu en verras bien d'autre. Endurcie-toi.

Je sais, Shosha. Mais ce n'est pas facile...

Qui a dit que devenir un homme était facile ? Mais tu es un Shinigami, un membre de la famille Kyoraku. Tes émotions ne doivent jamais dicter ta vie. Domine la tristesse. Et si tu ne peux pas oublier, fais en sorte qu'elle ne te domine pas.

L'échange télépathique n'avait duré qu'une poignée de secondes et pendant ce très court laps de temps, le regard de Taizo s'était presque vidé de toute expression, devenant froid et dur. L'âme de son Zanpakutô intervenait de manière régulière avec lui, lui enseignant ce qu'il devait apprendre. Dans ces moments, il voyait alors le visage angélique de cette âme dévouée. Une véritable mère pour lui, un simple substitue bien entendu.

- Puis-je faire quelque chose pour vous ? Je dois dire que je connaissais sans doute moins bien que vous notre Lieutenant, ce dernier ne s'ouvrant que très peu. Mais il a été un excellent professeur pour moi. Pour nous. Je m'associe donc à votre peine.

Non il n’y a rien que vous pouvez faire, merci néanmoins de vous être arrêter.

Lâchais-je tout en essuyant les dernières traces de ma tristesse grâce à son mouchoir. Je faisais mon possible pour reprendre un meilleur visage, surtout en présence d’un autre Gradé du Seireitei. Il était qu’un enfant récemment promu, néanmoins son appartenance à la famille du Shôtaishô promettait de belle chose quant à son avenir, et pour être choisi si rapidement par Tenzen j’imaginais qu’il devait être un excellent Shinigami. J’avais beau ne pas supporter son Capitaine je savais malgré tout, au contraire de celui-ci, avouer qu’il avait un jugement objectif au possible et que s’il l’avait choisi ce n’était pas sans raison.

J’ai connu votre Lieutenant alors que nous étions encore sur terre, membres du Kanshu. Il est vrai qu’il n’était pas exactement le genre de personne à s’ouvrir facilement, néanmoins une fois cette barrière passé il était un homme réellement digne d’être connu.

Je ne savais pas pourquoi j’avais sortit ça. Comme si j’avais désiré que ce jeune Shinigami qui reprenait le flambeau derrière celui que je considérais comme un Ami en apprenne un peu plus sur celui qu’il avait été. Une façon pour moi de rendre une dernière fois hommage à cet Homme qu’il avait été tout en offrant un petit quelque chose à ce jeune Shinigami qui semblait avoir eu pendant l’espace d’un instant un regard si dur et froid. Ça vie n’avait pas du être si simple que l’on pouvait le penser, bien que de la famille d’un homme si célèbre...

Je suis certains que si le Capitaine Yakushiji à décidé de faire de vous son remplaçant c’est qu’il vous juge digne de cet honneur et que vous serez pleinement capable de relever le défi !

Mon premier véritable sourire de la journée. Je n’allais pas pleurer pendant des heures. Je pleurerais probablement encore sa mort, mais aujourd’hui j’en avais assez fait, je savais que d’où il était s’il y avait un après l’après il n’approuverait pas que je me perde en larme sur son sort. Imaginant une fois de plus sa mine sérieuse à mon égard je lâchais même un rire léger, presque inaudible, entre sanglot et véritable éclat de joie.

Je l’imagine déjà en train de me regarder avec sa mine sérieuse me remontant de laisser mes émotions me contrôler ainsi.

Une fois de plus je parlais presque comme si j’étais seul. Contre-coup de mes émotions. Ce jeune Vice-Capitaine devait peut être se demander ce que je faisais parmi les Capitaines du Gotei 13, me laissant si facilement submerger par mes émotions, et s’il rapportait cette entrevue à son Capitaine je serais définitivement enterré à ses yeux comme un moins que rien, si cela n’était pas déjà le cas... Ce même Capitaine qui selon les rapports, sous l’emprise des Mahô Tsukai avait pour beaucoup participé à la mort de son propre Vice-Capitaine...

J’espère que je ne vous ai pas dérangé dans votre quête, si loin du Seireitei...

Lâchais-je alors que je réalisais que je l’avais peut être empêché de continuer ce pourquoi il était venu si loin. Nous étions après tout assez loin du Seireitei pour que sa venue soit réellement importante.





Il est vrai qu'un court instant, il avait oublié qui était réellement Shu. Défaut de jeunesse bien sûr. N'était-il pas le Capitaine qui avait eu l'infime honneur de regagner le Seireitei après avoir passé plusieurs siècles sur terre ? Le Kanshu. Pour appartenir à la Justice et avoir eu accès à certains dossiers, Taizo savait précisément à quelle fin avait été créée cette organisation. Une organisation qui avait par la suite désirée une certaine indépendance, ne comprenant pas que leur unique raison d'exister était de faire le lien entre la Soul Society et la Karakura. Et suite à la destruction de cette élite, deux vétérans étaient réapparus. Shu, qui avait pris le brassard de la Dixième division. Et Kamui, qui avait intégré l'équipe de Tenzen, devenant son bras droit. Deux réapparitions qui avaient fait jaser, même si au sein de la Neuvième division, ça n'avait été que de simples murmures. Qui auraient osés s'opposer au Lotus Blanc de toute façon ?

En tout vas il apparaissait désormais logique aux yeux du Kyōraku que le Capitaine Igarashi et le Lieutenant Kagura se soient connus. Ne pas être parvenu à faire le lien lui paraissait ici comme idiot. Encore qu'il soit pour l'heure accaparé par d'autres préoccupations, bien sûr. Cela ne constituait toutefois pas une excuse valable à ses yeux. Poussant un bref soupir, il perçut au sein de son esprit le rire de son Zanpakutô, ce dernier se moquant ouvertement de lui pour son manque de logique dans cette affaire.

- Merci pour vos encouragements. Je ne doute pas de réussir à mener à bien ma mission. Mais je vais devoir me faire violence pour garder à l'esprit que je ne suis plus un simple siège mais bien le bras droit de Yakushiji-sama.

Ce qui constituait à ses yeux le plus gros défi à relever. Ses compétences, il ne doutait pas d'elles. Néanmoins il se savait clairement en dessous des autres en termes d'expérience de combats. Certes il avait à son actif quelques missions remportées avec un large succès mais il n'avait encore jamais participé à une grande guerre. Pas ainsi. Mais le soutien de Shosha était un atout de poids. Le lien qui les unissait leur permettait d'accomplir de grandes choses. Alors pourquoi en serait-il autrement maintenant ?

- Vous ne m'avez pas dérangé. J'avais besoin de réfléchir et j'aime cet endroit. Ce n'est pas ma première expédition dans le coin... Quand je ne joue pas avec les enfants des districts, je viens ici pour parfaire mes expériences. Au moins ici, je ne peux blesser personne. Je ne suis pas obligé de me retenir.

La dernière phrase avait été prononcée de telle manière qu'elle soulignait clairement la tristesse de ses propos. Ne blesser personne... Son pouvoir et ses dons de créateur lui avaient valus quelques incidents. Rien de grave, tout du moins en apparence, et causé évidemment de manière involontaire. Mais voilà, ici au moins il ne pouvait atteindre personne. Et sans même le vouloir, il avait même lâché une information qui pourrait lui valoir la critique d'un haut gradé du Gotei. Jouer avec les enfants du Rukongai. Voilà un terme qui clochait. Voilà une action qui serait réprimandée si elle se savait. Un Shinigami ne pouvait s'avilir à ce genre de passe-temps. Il le savait. Mais restait un enfant dans l'âme, un enfant qui avait été dans l'obligation de grandir trop vite. Et il rattrapait sa jeunesse perdue maintenant, qu'importe les sanctions si cela se savait.

- Il faut gagner cette guerre pour que nous ne mourions plus aussi inutilement. Nous avons déplorés trop de morts importants.

Voilà une remarque autrement plus sérieuse. La Justice était impartiale. Nul ne pouvait ignorer la Loi. Mais la guerre n'entrait généralement pas dans le domaine de compétence des hommes et des femmes qui intégraient la Neuvième. Même s'ils en étaient évidemment tous capables. Lui le premier.

Le bras droit du Lotus Blanc. Un poste que pour rien au monde je ne lui enviais. Il était l’un de ses élèves et pour lui cela devait forcément être le plus grand des honneurs, mais en ce qui me concernait cela aurait été un fardeau incroyable. Il avait beau être un des plus puissants des Capitaines du Gotei 13 je ne pouvais malheureusement pas dire que je le comprenais ni même que je l’apprécias. Il était un homme qui restait pour moi un mystère, et un homme avec qui je ne m’étais entretenu que deux fois, et pas dans les meilleurs conditions qui soit. Je restais persuadé que dans d’autres circonstances peut être aurions nous pu faire arriver à ne pas en arriver à ce point. En l’était actuel des choses le peu de fois où nous nous étions croiser lors de rencontres officiels nous n’avions rien fait d’autre que de royalement nous ignorer.

Et la mort de Kamui, de ses propres mains n’avait en rien arrangé l’opinion que je pouvais avoir de lui. Cela resterait probablement ainsi jusqu’à la fin des temps. Je ne voyais à vrai dire pas vraiment comment nous pourrions réussir à nous entendre d’une meilleur façon que celle qui était actuellement le cas. J’écoutais néanmoins les paroles de ce jeune Shinigami qui n’avait rien fait pour que j’ai un mauvais opinion de lui.

Il est vrai que ces lieux sont parfaits pour laisser libre cours à notre puissance. Néanmoins, vous parlez d’expérience. Seriez-vous un genre de scientifique ?

Je ne faisais qu’après tout que de découvrir ce jeune garçon qui pourtant occupait déjà un rôle révélateur d’un certain talent, il était évident. Après tout l’on ne faisait pas partie de la Famille Kyorakû pour rien, et il devait être un jeune prodige comme nombre d’enfants de nobles familles ! Mais j’étais malgré tout étonné qu’il puisse être au vue de son si jeune âge un scientifique sans pour autant être affilié à la Douzième Division, qui aurait été un choix plus évident, non ?!

Nous ferons en tout cas tout ce qui est en nos moyens pour la remporter ! Je suis sûr que nous en sommes capables !

Plus nous avancions, et plus nous gagnions du terrain sur les Maho Tsukaï, faisant à chaque fois plus de pas en avant ! Nous avions été capable de détruire un monolithe sur deux, et de «battre» Mayuri. Celui-ci reviendrait à la vie d’une façon ou d’une autre ! Je commençais à devoir des comptes à de plus en plus de Maho Tsukai, entre le premier que j’avais croisé qui avait tué un nombre incroyable d’innocent. Morgana qui avait détruit le QG du Kanshu, et finalement Mayuri que je désiras éliminer plus que tout. Je désirais plus que tout mettre un terme à leur manigance, et nous y arriverions !

Une parole qu’il avait dit m’avait néanmoins fait sourire. Ce petit Shinigami qui semblait si jeune, et qui pourtant bien que jeune prodige semblait pourtant avoir gardé une part de son enfance dont il n’avait probablement pas du profité beaucoup. Jouer avec des enfants du Rukongaï, un passe temps amusant surtout venant de la part d’un des disciples de Tenzen. Quand on connait la froideur de son Maître on peut se demander comment cela est réellement possible, mais après tout, pourquoi pas !

Vous êtes si jeune et pourtant vous cumulez déjà tant de casquette différente, je dois avouer que je suis impressionné !

Il était bien plus qu'un simple scientifique. Il était sans le moindre doute le cerveau le plus au point dans ce domaine au sein de la Soul Society dans son ensemble. Bien entendu, lui-même ne se considérait pas comme tel. Mais dans les faits, il était au-dessus de bien des scientifiques de la Douzième division. La question de son affectation à la Neuvième se posait, tout naturellement. Mais la réponse qu'il formulait à chaque fois déstabilisait ses partenaires. Il se considérait comme l'incarnation de la Justice. Il était de ceux qui croyaient en cette chose si importante. Nul n'est censé ignorer la loi. Nul n'échappe à la justice. Et à son niveau, Taizo se savait parfaitement capable de maintenir cet équilibre fragile. Car le chaos était aux portes de leur monde. Et la Neuvième division avait pour rôle de maintenir ce chaos au-delà de leur frontière.

Toutefois, suite aux compliments du Capitaine, il ne put réprimer le feu qui lui montait aux joues. Il n'était pas spécialement un enfant timide ou renfermé. Mais se dévoiler accidentellement à un autre que les Shinigamis de la Neuvième le perturbait. Et il rougissait, inévitablement. Il était fier de ce qu'il était devenu. Tout comme sa famille l'était pour lui. Mais il était jeune, il en avait conscience. Et connaissait l'étendu du chemin qui lui restait encore à parcourir. Son cousin avait été un des capitaines les plus respectés qui soit. Pour finalement devenir le Sotaishô. Et s'il n'aspirait pas à atteindre le même résultat, Taizo avait été élevé pour maintenir leur famille au-dessus du lot.

- Ne le soyez pas, Igarashi-Taishô. Je n'ai pas le choix avec la famille qui est la mienne. Nous sommes attachés à certaines traditions ancestrales et il nous appartient de ne pas les oublier. Même s'il est vrai que je suis sans doute un des seuls de mon clan à apprécier les sciences à ce point.

c'était le moins que l'on puisse dire. Il était sans conteste le seul à manipuler ces inventions avec ce talent. Un écho étrange retentit dans son être. Il n'en montrait rien. Mais l'âme de son Zanpakutô s'intéressait désormais à la discussion. Toujours étroitement lié à Taizo, Shosha se considérait comme le mentor de son porteur. Un maître en Science. Et qui compensait ainsi l'inexpérience en combat de ce jeune Shinigami. L'intérêt qu'elle portait à la conversation était facile à percevoir pour Taizo : dans son dos, son sabre s'était mis à luire très légèrement, de manière quasiment imperceptible. Mais lui ressentait la chaleur lui parcourir le corps désormais.

- Je n'aspire qu'à rendre le quotidien des nôtres plus facile. Ce qui explique mon enrôlement au sein de la division de la Justice et non celle de la Science. L'ordre est primordial si nous voulons réussir et il appartient à ma division de maintenir cet ordre en place sans faiblir. Mes talents sont particulièrement appréciés là-bas. Même si mon Capitaine peut se montrer dur.

Le petit sourire qu'il affichait était sincère. Mais paradoxalement, son regard s'était endurci. Il avait des convictions auxquelles il croyait réellement. Tenzen avait été un bon mentor. Et lui laisser sa chance alors même qu'il était si jeune était sans doute un acte de confiance important. La personnalité de son Professeur était telle que personne ne remettait ouvertement en question ses raisonnements et ses choix. S'il agissait ainsi, c'est qu'il avait ses raisons.

- Mon appartenance à la Neuvième n'est pas une erreur. Croyez-le. Puis-je vous poser une question, Capitaine ? Pourquoi la Dixième division ?

Il ne connaissait pas vraiment son histoire. Mais cette interrogation avait un double but : en apprendre plus sur lui et surtout, lui faire comprendre qu'il n'était pas idiot en dépit de sa jeunesse apparente. La Neuvième était un choix judicieux. Et seul le temps le prouverait...

Le poids d’avoir une famille. Voila bien quelque chose que je ne pouvais réellement comprendre. Je n’avais jamais eu derrière moi de réelle famille qui me poussait, de personne qui comptait sur moi pour que je devienne quelqu’un. Je m’étais formé à ma seule volonté et ma famille je l’avais créé moi-même. Tous ces êtres chers qui m’entouraient, tous ces gens qui firent mon bonheur sont devenu ma famille. Et même si nous nous sommes séparé, perdu de vue, ou qu’ils ont malheureusement disparu, je garde leur force pour avancer, je les sens parfois, me poussant vers l’avant. Mais lui, de ses frêles épaules avait du supporter le poids d’un cousin trop grand. Etre de la famille du Shotaishô n’avait pas forcément que du bon, et je comprenais enfin pourquoi...

Je pouvais comprendre sa décision en ce qui concerne sa Division même si pour moi, à choisir entre Akihiko et Tenzen, le choix était vite fait. Je ne pouvais le blâmer d’avoir un sens de la Justice à la hauteur de sa Division et de savoir qu’il avait choisi sa Division de façon réfléchi ne pouvait que me prouver un peu plus qu’il était un homme d’avenir. Un Shinigami qui un jour attendrait probablement des sommets, je n’en doutais pas un instant ! Qu’il dise que son Capitaine puisse être dur n’était pas réellement plus étonnant, j’avais facilement pu comprendre pourquoi Kamui s’entendait si bien avec lui, mais pourtant, ce jeune garçon qui semblait remplie de joie de vivre pouvait être le lieutenant de ce glaçon. Comme quoi tout est possible !

La Dixième Division, pour rendre hommage à mon Mentor, mon Capitaine. Il est décédé alors que j’étais absent, mais je sais qu’il aurait souhaité que j’occupe ce poste. J’ai mis plus de temps que ce qu’il avait du le penser, mais j’y suis finalement arrivé...

Bien qu’il y a quelques années j’avais perdu tout espoirs d’un jour revenir ici... En ce jour j’étais le plus heureux des Capitaines et ne me serait pas vue dans une autre Division que celle-ci. Cet homme je l’avais considéré comme mon propre père, et me permettre de lui rendre hommage était le plus beau cadeau que l’on puisse me faire.

Néanmoins la première fois que j’ai choisi cette Division c’était car elle me correspondait le mieux d’entre toute. Je n’ai peut être pas un argument si profond que le votre sur ce point là, mais je ne regrette pas un instant ma décision. Le destin, la chance, le hasard, peut importe la raison qui m’a poussé à rejoindre cette Division je l’en remercie du plus profond de mon être chaque jour qui passe.

Car sans elle jamais je n’aurais pu le rencontrer, ni lui rendre hommage. Il y avait bien des choses que je regrettais, ma désertion en tête de liste, mais cette décision là, était celle que d’entre toutes je chérissais la plus. Un sourire éclatant était apparu sur mon visage, et même si parler de sa mort me perturbait toujours autant j’en avais fait une force pour avancer.




Certaines notions auraient pu lui échapper. Mais Taizo saisissait l'essentiel de ce que Shu souhaitait lui faire comprendre. Le rapport au destin était même une notion qu'il partageait tant ce dernier avait été déterminant dans sa propre existence, aussi récente soit-elle. Rien ne l'avait prédestiné à devenir un scientifique. Et pourtant aujourd'hui, il était sans doute l'un des plus calé qui soit. Chaque chose avait une raison d'être, même si l'on n'en comprenait pas toujours les raisons.

Alors qu'il aurait dû se sentir triste pour cet homme, ce fut tout l'inverse qui se produisit dans l'âme de Taizo. Il était heureux. Heureux d'apprendre qu'un Capitaine avait choisi sa division pour rendre hommage à son mentor. Ravi de saisir que la recherche de la puissance n'était pas le seul moteur de ces Shinigamis qu'il côtoyait en permanence. Rendre hommage. Une notion qu'il partageait. Il rendait hommage à son clan en devenant Lieutenant. Il rendait hommage à son mentor et Capitaine en restant à ses côtés alors que la Douzième lui faisait un appel du pied pour qu'il les rejoigne.

Afin d'occuper son esprit autant que ses mains pendant cette conversation enrichissante, le jeune garçon avait attrapé la fameuse sphère sur laquelle il travaillait depuis des semaines. La faisant rouler entre ses doigts, la faisant passer d'une main à une autre. S'occuper, encore et toujours, pour ne pas devenir fou. Il était hyper actif, en quelque sorte. Ce qui expliquait très certainement la multitude d'idées et de pensées qui lui traversaient le crâne en permanence.

- Je comprends parfaitement, rassurez-vous. Je raisonne de la même manière. Allez de l'avant pour votre division, pour vous. Et même si vous n'oublierez jamais le Lieutenant Kagura, je suis sûr que vous respecterez sa mémoire en poursuivant vos efforts auprès de la Dixième division.

Le sourire de l'innocence, de l'insouciance. Perdre un proche n'était pas quelque chose qu'il connaissait. Il n'éventualisait même pas que ça lui arrive. Seulement parce que son esprit d'enfant se refusait tout simplement à y penser. Aussi et surtout parce que l'âme de son Zanpakutô érigeait des barrières autour de lui pour le préserver émotionnellement. Shosha était plus qu'un sabre. Elle était sa protectrice...

- Je ne souhaite pas vous déranger plus longtemps Capitaine. Je venais ici pour me changer les idées et réfléchir mais notre discussion m'a permis d'atteindre ce que je recherchais. Pour cela, je vous remercie. Resterez-vous encore un peu ici ?

De grands yeux interrogateurs. Cela ne le regardait pas, bien sûr, mais la question lui était venue tout naturellement. Maintenant, il ne se contentait plus seulement de jouer avec la sphère : il actionnait le bouton-poussoir qui actionnait le mécanisme, laissant entrevoir la complexité de la mécanique. Il ne faisait pas cela pour attirer l'attention. C'était seulement son esprit qui lui jouait des tours. En quelques sortes.

C’était parfaitement ça. Respecter sa mémoire en poursuivant mes efforts. C’était le plus beau cadeau que je pouvais lui offrir après tout. Il était un homme qui avait cru en moi et qui même si ça parole m’avait plus de valeur l’aurait sans hésité donné en ma faveur pour que je sois promu en tant que Capitaine. Il m’avait accordé sa confiance, et jusqu’à preuve du contraire, elle n’était vraiment pas si facile que ça à obtenir. Il avait été un vrai ami, pour lui je continuerais sur la route que je m’étais fixé.

Vous ne me dérangez pas le moins du monde. Vous parlez m’as aussi permis de remettre en place mes idées, et de me faire à cette triste nouvelle un peu mieux... Je ne sais pas à vrai dire ce que je compte faire maintenant, je suis venu ici sur un coup de tête, de colère, de tristesse, sans réellement y réfléchir.

J’observais ce petit homme, qui malgré son jeune âge avait été d’une aide incroyable. Je n’aurais su dire ce qu’il avait de plus que qui que se soit d’autre mais il avait malgré tout réussi à me calmer. Sa présence était en quelque sorte apaisante. En quelques paroles il avait réussi à me changer les idées, ce qui en soit était déjà une réussite !

Je restais malgré tout interrogé par cet objet qu’il possédait entre ses mains, n’ayant pu m’empêcher d’y jeter un oeil. Un Mécanisme extrêmement complexe qui attisa évidemment ma curiosité. Je n’y comprendrais probablement rien, mais si c’était le cas je pourrais toujours aller me renseigner à la Douzième pour peut être en apprendre plus, si je n’étais capable de le faire ici et maintenant avec ce jeune Shinigami.

Si je puis me permettre, qu’est ce que l’objet que vous tenez entre vos mains ? Je vous vois jouer avec mais suis dans l’incapacité d’en comprendre le mécanisme. Un simple gadget ou alors une véritable invention ?

Dans mes yeux une nouvelle lueur c’était allumé. La curiosité. Si des étoiles ne brillaient pas encore elles risquerait d’arriver, une fois les pensés pour Kamui complètement disparu. Je savais que je devais aller de l’avant, que c’était ce qu’il désirerait, alors je faisais mon possible pour le réaliser.

Désolé si je pose trop de question, mais je dois avouer que malgré le fait que je n’y connaisse absolument rien, ça m’intrigue vraiment.

J’avais en de rare occasion la possibilité de retrouver mon âme d’enfant, celle qu’il essayait au contraire de perdre en de rare occasion, celle qui l’empêchait d’être encore le parfait petit Shinigami qu’il semblait rêver devenir. Celle qui faisait qu’il était capable de parler avec un Capitaine et de lui poser n’importe quelles questions sans arrière pensée. Celle qui le faisait jouer avec des enfants du Rukongaï.




Un immense sourire apparut sur le visage du Shinigami alors qu’il prenait connaissance de la question du Capitaine. L’intérêt qu’il portait à la sphère avait quelque chose de gratifiant pour lui. Fier de ses talents, fier de ses inventions, il pouvait en parler pendant des heures sans se lasser. Une véritable passion qui avait construit le garçon qu’il était. Et qui serait le fondement de sa vie d’homme. Un instant, il suspendit son geste alors que son regard s’illuminait. Ce mécanisme appartenait à un ensemble plus grand encore. Seulement, et en toute franchise, il n’avait pas encore terminé la machine qu’il avait en tête. Cette pièce n’était en réalité qu’une infime partie de son projet. Une partie importante, certes, et c’était la raison qui le poussait à la garder toujours sur lui.

Il était toutefois assuré d’une chose : son invention serait un véritable bijou. Une arme, bien sûr, mais en bon inventeur qu’il était, il gardait toujours à l’esprit le côté pratique de ce qu’il créait. Il était un Shinigami et de par sa profession réelle, il se devait d’être opérationnel. Ce qui le séparait de certains scientifiques de la Douzième division, c’est que lui s’était spécialisé dans l’armement. Bien que possédant des bases certaines dans les autres catégories, ses connaissances étaient les plus abouties sur le secteur de l’armement.

- Il s’agit d’une véritable invention, Capitaine. Un mécanisme complexe qui n’est en réalité qu’une infime partie d’une machine plus grande. Une fois implanté, il permet de canaliser et de répartir dans les circuits de la machine l’énergie nécessaire au fonctionnement de celle-ci. Le dosage doit être parfait pour que l’appareil ne grille pas, à savoir qu’il fonctionne grâce à mon Reiatsu et que sans ce petit objet, je n’aurai aucune possibilité de le faire fonctionner de façon optimale.

Il avait enclenché de nouveau le mécanisme, montrant ainsi de l’index les composants qui lui permettaient de répartir de manière équitable la source d’énergie dans la machine. Il s’aperçut alors que les détails étaient peut-être trop complexes pour un individu non initié. Penaud, il reprit alors :

- Plus simplement, considérez que c’est comme une pompe. Le cœur humain permet de faire fonctionner le corps en faisant circuler le sang. Ce mécanisme agit de la même manière. Il est le cœur de chacune de mes inventions nécessitant l’apport d’énergie. En sommes, le cœur de pratiquement toutes mes inventions.

Il n’avait pas besoin de spécifier la nature de la machine : ce mécanisme pouvait être utilisé dans la plupart de ses inventions. Et il ne l’avait élaboré que très récemment, une idée qui ne lui était venue que pour contourner le problème qu’il rencontrait au quotidien : celui de voir ses robots inopérants à cause d’une mauvaise répartition de sa source d’énergie principale. Il était évident qu’il savait de quoi il parlait, tout comme il était évident qu’il s’agissait là d’une véritable passion. Un art qui faisait partie intégrante de son existence, et de sa manière de combattre bien évidemment.

Car Shosha, son Zanpakutô, était aussi un pur produit de la science, ce qui expliquait son implication et son application dans ce domaine. Shu allait-il le considérer comme un monstre de foire ? De par ses recherches, ce n’était pas une insulte à ses yeux. Son exemple, Mayuri, avait repoussé les frontières de la Science. Un véritable maître. Et Taizo ne souhaitait qu’une chose en réalité : atteindre et dépasser les compétences de cet homme dont il vénérait les recherches.

Et ben… Tout ça dans un si petit objet. J’suis impressionné !

Oui c’était le mot, impressionné. Ce petit Shinigami était vraiment quelqu’un de talentueux. Il était un petit génie qui inventait des inventions probablement révolutionnaire alors qu’il n’avait que peu d’expérience. Il ferait sûrement jalouser une bonne partie des hommes de la Douzième. Du moins je pense. J’y connais pas grand chose et probablement la plus petite invention réussirais à m’époustoufler, mais celle-ci semblait réellement folle. Un si petit objet capable de gérer le Reiatsu d’un Vice-Capitaine c’était une chose incroyable.

J’suis sûr que je n’imagine même pas les tas de possibilités que vous avez avec cet objet, néanmoins c’est vraiment fascinant !

J’étais pour sûr bien loin du compte, mais après tout ce n’était pas mon bute pour être honnête. Je savais pertinemment que je n’avais aucun talent là dedans et que je n’en aurais probablement jamais. Après tout je m’étais versé dans d’autres arts que celui-là, à chacun son domaine de compétence.

Je sais pas si vous le connaissez déjà. Mais il faut vraiment que vous rencontriez le Capitaine de la Douzième Division. J’suis sûr que vous auriez plein de chose à vous raconter entre grosses têtes.

Grosse tête, c’était exactement ce qu’il représentait l’un et l’autre pour moi. Je ne disais pas cela méchamment le moins du monde, au contraire. Selon mes propres critères c’était là un compliment. Il fallait un sacré intellect et de grandes connaissance pour être capable d’innover dans un tel domaine. Après tout il y avait eu tellement de génie qui était déjà passé par là, et réussir où il avait échoué était une preuve que nous possédions actuellement des hommes de la trempe de ces tous grands dont j’avais parlé. Mayuri évidemment, mais aussi mon ancien chef, Urahara Kisuke, qui était sans l’ombre d’un doute un génie comme on en faisait si peu.

Sans aucune mauvaise connotation, au contraire !

Je souriais enfin, ayant repris un aspect un peu plus heureux. Il avait réussi à détourner mon attention et c’était vraiment quelque chose pour laquelle je lui étais redevable. Sans lui j’aurais erré dans cette forêt pendant trop longtemps avant de finalement réussir à retrouver mes esprits et revenir au Seireitei…

Comme vous semblez avoir trouvé ce que vous désiriez ici, que diriez vous que l’on rentre ensemble jusqu’au Seireitei ?

Il ne pouvait concevoir l'étendue des possibilités, c'était une évidence. Taizo lui-même n'en saisissait pas encore toutes les limites mais savait que cette chose était le cœur de ses inventions. Son enthousiasme était visible. Et les compliments le faisaient rougir, bien qu'il s'en défende. L'allusion au Capitaine de la Douzième le fit sourire alors qu'il rangeait l'objet là où personne ne pourrait le lui voler. Cela lui rappelait aussi qu'il serait sous peu dans l'obligation d'aller le voir, ne serait-ce que pour faire valider son passe lui permettant l'accès aux recherches de Mayuri. Son expression changea presque brusquement alors que l'inquiétude se lisait sur son visage. Être aussi expressif pourrait lui jouer des tours, bien sûr, mais il ne s'agissait là que de l'expression de son jeune âge.

Des choses à se raconter, ils allaient en avoir. Une liste longue comme le bras pour être tout à fait franc. Taizo avait réussi à mener à bien certains des vieux dossiers de l'ancien dirigeant de la division Scientifique et il apparait évident qu'il aurait à présenter ces travaux à l'actuel Taishô. Il ne le connaissait que de nom pour le moment et le savait récent au poste. Cela n'empêchait en rien qu'il soit qualifié pour comprendre les résultats qu'il lui donnerait. Son visage se détendit toutefois : pourquoi la rencontre se passerait-elle mal alors qu'il faisait tout pour aider ces scientifiques ?

La voix de Shōsha s'intercala dans ses pensées. Le regard du Shinigami se voilait alors qu'il se sentait attirer dans les profondeurs de son âme. Un tel état alors qu'il était éveillé était en général rare. Mais la relation de ces deux êtres était particulière. Elle ne l'entraînait pas réellement dans son monde intérieur. Seulement elle pouvait temporairement partager ses pensées avec lui. La femme apparut face à lui. Elle ressemblait à un énorme insecte mais son visage était humain. Et son sourire chaleureux.

Tu ne devrais pas perdre autant le contrôle de tes pensées. Il va te trouver étrange. Tu n'as pas envie de ça, n'est-ce pas ?

Bien sûr, il ne le désirait pas. Mais il ne contrôlait pas toujours ces pertes de conscience temporaire. Cela ne durait généralement qu'une poignée de secondes dans le monde réelle. Mais tout de même.

Je pense que je vais rentrer comme il l'a proposé. Je dois assumer ce rôle, tu as raison.

Heureuse de te l'entendre dire. Tu avais besoin de ça pour prendre conscience de ce que tu peux devenir. Allez, va petit homme. Nous nous reverrons plus tard.

L'insecte géant s'enroula autour de lui affectueusement. Il fut expulsé de ses songes.

- Euh... Excusez-moi, Capitaine. Je réfléchissais à ce que vous disiez.

Disparue l'ombre qui avait voilé son regard. Le petit génie était de retour, aussi joyeux et étrange que précédemment.

- Il est clair que j'irai à la rencontre de Kirito-Taishô. J'ai effectivement deux ou trois choses à voir avec lui. Merci de votre sollicitude en tout cas. Vous êtes un capitaine sympa.

Il se mit à rire. L’insouciance de la jeunesse, voilà ce qui le caractérisait. Qui avait déjà vu un Lieutenant parler avec une telle franchise naïve ?

- Rentrons, je n'ai plus grand chose à faire ici moi non plus.

Citation :

Ceci pourrait marquer la fin du rp, à toi de voir si tu veux poursuivre une discussion sur le chemin du retour. Tu es libre. Mais si tu désires clore, sache que rp avec toi a été un plaisir

Un Capitaine Sympa c’était une façon de voir les choses. Je ne le prenais pas le moins du monde mal, j’appréciais le compliment tel qu’il était, venant de la bouche de ce jeune Vice-Capitaine qui se serait probablement fait remonter les bretelles par son Mentor si celui-ci avait été là. Ce n’est clairement pas une façon de parler à un Capitaine mais je n’étais pas le moins du monde du genre à m’en formaliser. Tout autant que son Mentor avait fait de lui ce qu’il était aujourd’hui, le miens m’avait offert une vision différente de la relation d’un Capitaine à autrui. Je préférais l’approche pleine de sentiment que celle à Tenzen froide et distante. Mais ce n’était là que ma façon de voir je ne pouvais leur en vouloir d’être différent.

Je laissais le petit homme passer devant, le suivant de quelques pas en retrait, j’étais moi aussi pensif. Tout comme il avait pu l’être quelques minutes auparavant. Je repensais au raison qui m’avaient amené ici, à la raison. Kamui, j’allais devoir vivre avec son souvenir, pour lui, et j’espérais être digne de tout ce qu’il avait pu m’apporter. Il resterait probablement dans mon esprit, tout comme mon Mentor, Imari et bien d’autre qui avait marqué ma vie. Pour eux j’avancerais, grâce à eux je deviendrais plus fort, telle était la voie que je m’étais fixé, celle qui me ferait grandir. Je regardais le dos de ce jeune Shinigami, déjà Vice-Capitaine, qui deviendrait probablement l’homme qu’on attendrait de lui, un brillant Shinigami doublé d’un scientifique de renom. Un Kyôraku digne de ses ainés !

Le retour se fit sans un mot. Chacun de nous perdu dans ses pensées. J’avais beau essayer de trouver à quoi ce petit homme pouvait penser, il m’était impossible de ne serait-ce qu’effleurer les raisons qui lui conféraient se regard si spécial à certains moments. Tout comme lorsque l’on s’était parlé il avait semblé l’espace d’un instant absent, sans raison apparente. Il était quelqu’un d’intéressant et j’espérais réellement que je le recroiserais au détour de nos Divisions. Si j’entretenais avec Kamui de bonne relation il était hors de question qu’il en soit autrement avec ce Vice-Capitaine là. Même si le Dirigeant de la Neuvième ne pouvait me voir en peinture j’espérais de tout coeur qu’au moins l’un de ses hauts-gradés m’apprécient. Et puis la Division de la Justice restait une Division de laquelle tout le monde dépendait, moi le premier. Je n’avais pas le choix que de travailler avec eux, quelques soit la raison il fallait que je puisse le faire du mieux possible lorsque le besoin s’en ferait ressentir.

Je ne pensais pas que j’arriverais le moins du monde à un jour changer le regard de Tenzen sur moi, peut importe mes efforts, il était du genre borné et à ne pas changer son premier avis. Je ne pensais pas que même le temps puisse quoi que se soit pour moi. Il resterait probablement pour toujours l’un des Capitaines à ne pas m’estimer. Je faisais mon possible pour ne pas réitérer l’exploit avec qui que se soit d’autre, après tout la Cohésion au sein des élites du Seireitei était l’un des facteurs décisifs de notre victoire contre les Mahô Tsukaï.