Igarashi Shu !
A tout de suite coupaing ! J’ai toujours pas la moindre idée de ce qu’on fous ici, mais on va en profiter !

♥ Flamboyant Capitaine de la Dixième Division, perçut par certains comme un des éléments les plus prometteurs du Gotei 13, il est un Nécromancien de génie, capable de déchainer des flots d’énergie dévastateurs sans même un mot. Vous l’attendiez tous, voici enfin pour vous ce soir, Igarashi Shu ! Tapez le 2 pour le soutenir ! Hashtag #toutfeutoutflamme !

BOOOOONSOIR ! Je peux vous assurer que ce soir vous allez assistez au combat de votre vie ! On va tout donner !

♥ Ils sont Show bouillants ! Hashtag #jeudemotpourri ! Il est temps d’enfin découvrir qui va être le, ou devrais-je dire la combattante qui va s’allier à notre bel apollon !

Il est des questions qui doivent être posées. Il est des personnes qui consacrent toute leur vie à chercher des réponses. Des mystères sur lesquels on s'acharne sans jamais réussir à lever le voile. Ce n'est pas que nul n'est capable d'en venir à bout, c'est tout simplement que certains secrets ne sont pas faits pour être révélés. Car tout être a besoin d'avoir des points à éclaircir, ce sont eux qui le font avancer – eux qui fixent son attention sur ce point précis du monde qui l'entoure et le force à tout faire pour essayer de le comprendre. Pour en saisir tout le sens, et peut-être un jour voir la parfaite appréhension de ce seuil détail changer la face du monde – de son monde. Comme une étoile fixée dans un ciel bien trop noir et bien trop vaste, que l'on suivrait sans le savoir depuis le jour de sa naissance...

Où elles sont, ces foutues toilettes, à la fin ?!

Ou pas.

Pourtant, il n'y avait d'autre préoccupation dans l'esprit de Melody à l'instant présent. Ah ça, pour construire des stades si grands que le parking à lui seul empiète sur une bonne moitié de la ville voisine, ils étaient doués. Pas de doute là-dessus. Mais pour ce qui était d'équiper ledit stade de plans clairs et compréhensibles par tous, ça, c'était une autre paire de manches. En chemin vers l'objet de ses convoitises, elle avait d'ailleurs trouvé des gens restés installés dans les vestiaires en s'imaginant qu'au vu de leurs dimensions, c'était probablement là que l'action aurait lieu. Elle pouvait difficilement leur donner tort : elle-même ne savait pas exactement où se dérouleraient les festivités – ou plutôt les hostilités.

Cela ne faisait pas grande différence pour elle, en réalité. Elle n'avait pas le goût du sang et n'aurait rien eu à faire ici si on ne lui avait pas promis un cachet considérable si elle acceptait de jouer pendant l'entracte. Même en considérant cet aspect des choses, elle aurait probablement refusé si la majeure partie de sa garde-robe fraichement livrée n'était pas partie en fumée lors d'une répétition qui avait mal tourné. Quelle idée, aussi, de laisser la fenêtre ouverte quand on a des amis qui peuvent s'en servir pour entrer – fut-elle située au huitième étage – et la faire sursauter... Ainsi trottait-elle à bonne vitesse dans les couloirs depuis un bon quart d'heure déjà sans réussir à apercevoir ne serait-ce que l'ombre de ce qu'elle recherchait.

Probablement aurait-elle été plus rapide – et plus mobile – si elle avait pensé à se défaire de la guitare qu'elle portait en bandoulière, s'en étant équipée par avance même si son entrée en scène ne se ferait pas tout de suite, mais elle était tellement habituée à l'avoir à son contact à tout moment que la question ne lui avait pas même effleuré l'esprit. Mais ce n'était pas faute de le regretter maintenant que la lanière de cuir qui lui traversait le buste lui brûlait les côtes et que sa frustration allait croissante faute de réussir à trouver l'emplacement souhaité – outre l'habituelle irritation qui survient à force de tourner en rond sans savoir où aller. Le seul écho qu'elle obtenait en retour était celui de ses propres pas.

Du moins jusqu'au moment de déboucher à toute berzingue sur une interminable file d'attente que son esprit régi par l'urgence détermina comme allant au bon endroit. Ben, oui. Qu'est-ce que cet amas de types couverts de piercings et de tatouages, aux muscles aussi proéminents que leurs têtes étaient atrophiées, si ce n'est l'équivalent d'une flèche lumineuse pointant droit vers la route des sanitaires ? Freinant de son mieux pour ne pas partir dans le décor – ce qui ne fut pas chose aisée compte tenu de son élan, surtout quand il fallut ne pas se laisser porter par le poids de son instrument – la musicienne bifurqua aussi vite que ses jambes pouvaient le lui permettre et présenta son badge VIP au type le plus proche de l'entrée avec autant de conviction que s'il allait lui ouvrir les portes du paradis.

Pardon mais je suis pressée, laissez passer !
Euh... C'est mon tour en f-
DÉGAGE !

Et d'un revers de son instrument, de s'assurer qu'elle n'aurait pas à entendre la suite de son discours qui s'annonçait de toute façon sans grand intérêt. Il était peu probable qu'il puisse lui faire le moindre commentaire sur ses manières avec la mâchoire déboîtée. La subtilité n'était déjà pas forcément dans ses attributions par nature, alors si en plus on se dressait entre elle et son eldorado de soulagement lorsque sa vessie menaçait d'éclater... Dépassant le reste du troupeau sous les douzaines de paires d'yeux incrédules de celui-ci, elle bondit littéralement en direction du chemin d'accès en laissant à une hémorragie nasale le soin de terrasser celui qui avait cru pouvoir lui barrer la route. Pas si près du but, jamais. D'un pas décidé, elle se dirigea vers la lumière et se permit enfin de se détendre un tant soit peu maintenant qu'elle était sur le point de connaître la délivrance...

...Pour mieux se retrouver dans l'arène. Le claquement de sa paume contre son visage fut si retentissant – et douloureux – qu'elle en aurait été étonnée si on lui avait dit que qui que ce soit dans les gradins ne l'avait pas entendue. C'est vrai, on est dans une parodie de colisée truffée d'abrutis assoiffés de sang. Où avais-je la tête ? soupira-t-elle intérieurement tout en essayant de faire demi-tour... Sans succès. Si la rencontre brutale entre son visage et sa propre main n'avait déjà pas été tendre, la lourde porte blindée qu'elle rencontra en chemin pour la sortie ne lui manifesta guère plus de tendresse. Étouffant un juron tout en massant son nez endolori, elle demeura un bref instant prostrée avant de (re)faire demi-tour, traînant les pieds comme si elle allait à la mort – ce n'était pas si éloigné de la vérité. Pragmatique à ses heures, Melody avait rapidement compris qu'il n'y avait qu'un seul moyen de sortir d'ici et qu'il se gagnait à la force du poignet (mais non, pas comme ça, bande d'obsédés !)

♥ Surprise de dernière minute, mesdames et messieurs ! Même nous n'étions pas au courant de ce changement dans le programme ! Hashtag #Effetdesurprise ! Alors qu'elle n'aurait du apparaître qu'en guise de divertissement, la voilà au coeur de l'arène ! Hashtag Qu'est-cequ'ellefoutlàcelle-là ! Eeeet, je vous demande à présent d'applaudir...
C'est bon, te fatigue pas, je suis pas là pour écouter tes conneries.
♥ Pesant 45 kilos toute mouillée, hashtag #Cecin'estpasundoublesens pour un peu plus d'un mètre soixante, et à priori un peu plus de deux mètres vingt les bras levés grâce au doigt d'honneur qu'elle m'adresse...
Écoute, soit tu la boucles là maintenant tout de suite, soit je viens te chercher moi-même pour te carrer ton micro dans le...
♥ ...Notre reine de la pop, l'élégante et raffinée Melody MacKenzie, tapez 3 pour la soutenir ! Hashtags #Jetiensàlavie #Aumoinsjusqu'àcequejencaissemonchèque !

Ayant en effet déjà eu le loisir de faire sa connaissance au travers de plusieurs plateaux télés et perdu deux orteils après avoir divulgué son penchant prononcé pour les films à l'eau de rose Nikosse ne savait en effet que trop bien ce qu'il risquait à pousser trop loin cette présentation. D'autant plus que cela lui avait valu l'envoi répété par ses fans des DVD de la saga Twilight, ce qui, si cela lui avait servi à alimenter un bon feu par les froides soirées d'hiver faute de bûches, n'en était pas moins une raison d'en vouloir à l'animateur. Remettant un peu d'ordre au sein de sa chevelure saccagée par sa folle cavalcade, la demoiselle ne s'en hissa pas moins sur le ring. Si elle n'avait aucune envie de se prêter à ce jeu puéril, plus vite elle – enfin ils – leurs feraient mordre la poussière et plus vite elle pourrait se soustraire au joug de ce besoin pressant. Sans perdre une seconde, elle récupéra la guitare dorée stylisée qui reposait contre son dos et prit soin de s'assurer qu'elle était parfaitement accordée. Ce n'est qu'alors qu'elle parut enfin un minimum s'intéresser au bellâtre supposé lui servir de coéquipier.

Bon... On fracasse qui ? soupira-t-elle, résignée.

WHAOU !!

Ça va chier !

♥ Et maintenant mesdames et messieurs voici venir le dernier combattant ! Ne vous laissez pas tromper par son physique car ce bonhomme est le Capitaine de la douzième division. En plus d'être un bourreau des cœurs, Hashtag #Etplussiaffinité, ce Vizard est au combat aussi imprévisible que redoutable. De plus, son pouvoir est tout aussi ambiguë que sa personnalité et nous vous réservons d'ailleurs la surprise de son humeur aujourd'hui ! Hashtag #Schizophrénepourlavie. Rappelez-vous gris vous aurez une chance de vous en tirer, bleu il n'aura aucune pitié ! Mesdames et messieurs veuillez accueillir comme il se doit...Kirito Akihiko ! Hashtag #LepremierquimetunTàlaplaceduKestmort. Tapez 4 pour le soutenir !!

Allé plus fort je vous entends pas !!!

Chui avec toi mon pote, on va tellement leur défoncer la tronche qu'il pourront plus jamais mâcher une salade de leur vie !

♥ Et bien mesdames et messieurs tous les combattants de cette rencontre sont désormais présent et ils semblent bien chauds ! Hashtags #Bellebrochettedebourrinsquev'la. J'annonce donc officiellement le début de The Fight ! Hashtags #Çavasaignersamère !

Kyokusen, Onibi !

J’te le laisse Aki’ !

♥ Le Capitaine de la Dixième n’y va pas de main mooooorte ! Notre Reine de la Pop sera-t-elle à la hauteur de l’événement ? Hashtag #Siellesurvitj’suismort !

Melody arqua un sourcil à l'arrivée du dernier combattant. Si la présentation que l'on faisait de lui était déjà de mauvais goût – trait caractéristique de l'animateur -, c'était son apparence qui l'interpellait avant tout. Si l'on ne pouvait pas dire qu'elle payait de mine, il n'était pas mieux loti qu'elle. La différence majeure étant que pour sa part, il avait l'air tout à fait enthousiaste à l'idée de se prêter à cette comédie. La mine sceptique qu'elle garda alors qu'il faisait son petit numéro était révélatrice de ce qu'elle pouvait en penser, qu'il s'agisse personnage en lui-même ou de ses capacités. Épais comme une biscotte, et tout aussi bruyant. S'il était normal de sa part de n'avoir pas l'air bien méchante, quoi de plus normal pour une FILLE, ironisa-t-elle par habitude, c'était un peu plus déconcertant dans son cas. Et ce surtout si l'on prenait en considération les apparentes lettres de noblesse que lui attribuait le présentateur, bien qu'elle les sache à prendre avec des pincettes.

Et elle avait beau savoir qu'il ne fallait pas juger un livre à sa couverture, comme elle en était elle-même la meilleure preuve, il lui était difficile de le prendre au sérieux pendant qu'il faisait montre d'un pareil talent pour l'esbroufe – ce qui avait le don de l'agacer. Enfin, ça n'avait rien d'étonnant : la manière qu'avait Nikosse de cirer les pompes de ses invités jusqu'à y voir son visage et son sourire sponsorisé par Colgate™ tendait à mettre en exergue les côtés les plus déplaisants de chacun. Pour s'être rapidement aperçue de cette particularité et s'y être habituée de longue date – hélas -, elle y était immunisée. Toutefois, elle n'en fut pas moins agréablement surprise de voir que c'était également le cas de son partenaire qui devait pourtant en faire l'objet pour la toute première fois. Car, si elle ignorait si les équipes avaient été prédéterminées, il allait de soi qu'elle ne pouvait pas s'allier à des individus tombant si facilement dans le panneau... Elle enroula une de ses mèches blondes autour de son doigt puis la glissa derrière son oreille sans quitter ses « ennemis » - leurs ennemis – des yeux.

D'accord. J'ai aucune idée de ce que ça veut dire, mais d'accord. Et pareil pour moi, même si c'est bien la première fois que j'ai à me demander si je devrais avoir des scrupules à frapper un plus petit que moi. Bah ! De toute façon, j'imagine qu'il faut bien commencer quelque part.

La jeune métisse n'avait en effet aucune idée de ce qu'était un capitaine, mais selon ce qu'elle pouvait voir du reste de leur attirail, ils étaient liés de près ou de loin au gang des pyjamas qui avait fait de sa vie un Enfer – et très accessoirement mis à sac Karakura (non sans une aide substantielle de sa part, certes). Shinigamis, ou un truc comme ça. Une raison suffisante pour ne plus les voir que comme des sac de frappe dont la seule vocation se bornerait à lui calmer les nerfs, même si son humeur y était déjà propice comme rarement. Trop occupée à porter les mains à ses oreilles pour s'épargner, ne serait-ce qu'en partie, les horripilantes vociférations du commentateur, son coéquipier ouvrit les hostilités. Curieuse de savoir ce qu'il lui réservait pour paraître aussi confiant, la demoiselle demeura au même endroit au moins le temps de savoir à quoi s'en tenir – les nuages de poison et saloperies du même genre, j'ai déjà donné.

Et elle ne fut pas déçue du spectacle, c'était le moins qu'on puisse dire. Sans doute même en serait-elle restée ébahie si la chaleur dans l'arène n'était pas devenue insoutenable, l'obligeant à tirer sur son col pour ne pas suffoquer malgré la légèreté de sa tenue, ce qui n'arrangea pas son humeur. Faudra que je pense à trouver le type qui s'occupe du chauffage en sortant, j'ai deux mots à lui dire. Mais le pauvre homme n'y était pour rien, et la vraie raison de cette montée en flèche de la température ne tarda pas à lui tomber dessus – littéralement – comme la misère sur le monde. Se sentant encore parfaitement étrangère à ce monde d'anomalies plus bizarres les unes que les autres, elle tressaillit et bondit dans la direction opposée quand des liens sortis de nulle part entreprirent de lui attacher les poignets. À peine avait-elle senti la langue enflammée caresser sa peau qu'elle s'était retrouvée dix mètres plus loin, un Bringer Light encore très approximatif galvanisant un pas précipité.

Bordel de... Eh bah faut surtout pas te gêner ! le gronda-t-elle. On t'a jamais appris à prévenir avant de frapper ? Et la politesse, dans tout ça ? Mais non, c'est teeellement plus simple d'attaquer en traître, pas vrai ? Si tu traites toutes les filles de cette manière, faudra pas s'étonner que personne veuille de toi ! Si je m'écoutais, je -

La déflagration due au faisceau électrique qui suivit de près la première salve ne lui laissa pas le loisir de finir sa phrase. De toute évidence, il n'était d'aucune utilité de tenter d'instaurer un dialogue avec ces rustres habillés en sacs poubelles. Bon ! Bah si c'est comme ça, moi aussi j'vais laisser tomber la diplomatie, hein. Déjà que c'est pas ma spécialité... Faudra pas venir pleurer ! Car en effet, si elle avait pris le coup de plein fouet, elle s'en était sortie presque indemne – tout au plus son accoutrement avait-il quelque peu brûlé. Ce qui se paierait, aussi bien au propre qu'au figuré, dut-elle pour cela faire les poches à ce qu'il resterait de ses adversaires au bout du compte. Ainsi jaillit-elle du nuage de fumée après avoir amplifié l'élan laissé par son premier déplacement, traversant l'écran visuel gracieusement offert par l'autre foutriquet pour aller s'en prendre à son jeune ami. Si elle s'écoutait, elle céderait à l'envie de rendre coup pour coup qui la démangeait, mais quel que soit son agacement elle restait assez lucide pour ne pas oublier l'accord passé avec son équipier. À défaut de pouvoir ne pas faire de jaloux, et bien... Il prendrait pour deux.

Salut, enchantée, moi c'est Melody, toi c'est pas important. Tu remercieras ton pote pour ça !

Brisant la distance qui les séparait encore d'une charge violente, Melody relâcha le reiryoku qui palpitait en elle et se laissa griser par sa puissance souveraine avant d'empoigner sa guitare à pleine main... Pour frapper de toutes ses forces. La voir manier avec si peu de finesse un objet auquel elle tenait tant pouvait surprendre de prime abord, mais ce serait oublier sa résistance hors du commun que l'aura qui l'enveloppait au moment présent ne faisait que souligner. Pour peu qu'il ne puisse s'y soustraire, ses airs enfantins ne tarderaient pas à en plus s'enjoliver d'une voix de fausset. Sans lui abandonner la moindre seconde de répit, que ce soit pour le parer ou pour s'en remettre, ses doigts s'ajustèrent sur l'instrument et se mirent à jouer avec fluidité, comme si c'était aussi naturel pour elle que de respirer.

Et si c'était déjà pratiquement le cas, se laisser porter par la vague de sa propre énergie paraissait lui prodiguer une inspiration intarissable, et c'était tant mieux. Ainsi ne risquait-elle pas de manquer de « répartie » avant que ce combat ne se termine. Pas avant de s'être vengée ! Enchaînant les accords à une rythme endiablé, sa virtuosité n'étant plus à prouver, c'est bientôt l'arène tout entière qu'elle fit vibrer au même rythme que ses cordes, tant et si bien que si l'on aurait pu penser qu'il allait être éventré, le sol parut se soulever sous les pieds du malheureux élu – juste au cas où que ce qu'elle venait de lui faire n'aurait pas suffi à ses jambes pour le lâcher. Ce n'est qu'une fois que la terre eut fini de trembler jusque dans ses entrailles que la demoiselle se permit de souffler, un soupir de soulagement étant le premier à franchir la barrière de ses lèvres. Elle se sentait mieux, à n'en pas douter.

Mais pour combien de temps ?

Attention les loulous ça va secouer !

♥ Hola mes amis je crois que nous venons de perdre une grande majorité des spectateurs dans les gradins à cause de cette vague d'énergie ! Hashtag #J'viensdemepisserdessus ! Qu'à cela ne tienne il reste encore les téléspectateurs ! Hashtag #Allezmechercherunnouveaupantalon...

Belle invention que voilà !

Et bien j'ai beaucoup de succès aujourd'hui !

Enchanté Melody, maintenant que je suis à l'abri je me présente. Kirito pour te servir.

Allé Shu, va falloir frapper pour de vrai maintenant !

♥ Le moins que l'on puisse dire c'est que ça envoie déjà du pâté par ici ! Hashtag #Melowaduenmouillersaculotte !

T’inquiète pas, je vais leur montrer comment on fait !

♥ Il a enfin laissé son Hollow faire surface ! L’échauffement est terminé mes p’tits loups ! Hashtag #cesgarssontdesmonstres !

Hey pauvre con ! T’as plutôt intérêt à pas crever ici ! J’dois encore te botter le cul ! Quand à vous deux, on m’a dit qu’on vous avez promis que vous ne pourriez plus jamais mâcher de salade, désolé de vous avoir fait attendre, j’arrive !

Shougekiakai !

Ça me fait une belle jambe. grinça-t-elle.

D'ordinaire plus sociable, les circonstances la rendaient ici peu encline aux mondanités. Savoir comment il s'appelait l'indifférait – et de toute façon, le présentateur l'avait déjà annoncé. Tout ce qui importait était qu'il tombe et vite. Qu'il ait esquivé ne l'étonnait pas tant que cela et, à vrai dire, ne lui faisait ni chaud ni froid. Si ce n'était pas à cause ses attaques dévastatrices, ce serait le manque d'énergie qui aurait raison de lui. Dans un cas comme dans un autre, Melody était gagnante. Dans l'absolu, gagner ou perdre ne faisait pas grande différence pour elle, qui s'était retrouvée là par hasard. Mais à choisir, quitte qu'à devoir sortir de cet Enfer au plus vite, autant que ce soit la tête haute que les pieds devant.

Et si elle n'en était guère surprise, la parade d'Akihiko lui donnait raison sur un point : rien ne servait de retenir ses coups. Non, ce n'était pas de cette manière qu'elle s'en débarrasserait. Et puis, tout cela lui donnait l'impression de nager dans une marée d'irréel qui lui faisait perdre tout sens de la mesure. Oui, pour une fois, elle ne faisait pas grand cas de détruire son environnement et tout ce qu'il comportait, si cela pouvait lui offrir ce qu'elle voulait – le droit d'aller soulager sa vessie. Nul ici ne la retiendrait, cela, elle en faisait le serment. La manier de la sorte lui donnait la sale impression de la réduire à l'état de vulgaire arme contondante, mais tant pis pour cette fois. Réarmant sa guitare, elle chercha Esteban du regard.

Juste à temps pour le voir se transformer en lion. Si sa nouvelle apparence aurait certainement du lui inspirer la terreur la plus pure, la première chose qui lui vint à l'esprit fut le classique de Disney. Secouant la tête pour chasser cette pensée, elle parvint à rétablir sa concentration au moment où il s'adressait à elle. Si sa voix était plus grave, plus profonde, que son grondement lointain laissait à lui seul présager de sa sauvagerie, la manière dont il s'adressa à elle – outre le simple fait qu'il le fasse – la rassura sur son état psychique. Il n'aurait plus manqué que son partenaire se transforme en bête sauvage – psychologiquement parlant. Physiquement, il était déjà un peu tard. Un rien perplexe, elle répondit néanmoins, aussi naturelle que possible :

Tant mieux si ça te plait, chef !

De sa main libre, elle se livra à une parodie de salut militaire, puis ramena son attention à leurs opposants.

Effectivement, finissons-en... Je ne tiens pas à m'éterniser.

Mais cela, il devait déjà s'en douter. Après coup, elle se fit la réflexion que le savant pourrait ne pas apprécier qu'elle se soit permis de le tutoyer, mais il était un peu tard pour se corriger. Elle se dit « qu'occupé » comme il l'était, il risquait bien de ne pas le remarquer, ou tout du moins pas assez pour s'en sentir lésé. Il avait, pour ainsi dire, d'autres choses à penser. La morgue dont avait fait preuve le scientifique avait d'ailleurs réussi à lui arracher un sourire, corrigeant passablement une humeur plus que maussade. Et si elle se voulait effrayante, il y avait dans sa nouvelle forme – d'où qu'elle lui vienne ! – une noblesse proprement fascinante. Lui au moins, on peut dire qu'il a bouffé du lion.

Voulant laisser tomber sa guitare de son épaule, celle-ci pesant son poids, elle grimaça lorsque la lourdeur de ses gestes la gêna considérablement dans sa manoeuvre. Si elle ne s'était pour ainsi dire rendue compte de rien lors de sa charge envers Akihiko, probablement parce qu'elle était dans le feu de l'action, les jolis effets pyrotechniques déployés par celui-ci n'étaient selon toute évidence pas que cosmétiques. La pression qu'elle n'avait presque pas ressentie dans un premier temps était à présent écrasante, et si elle ne l'empêchait pas de se mouvoir, l'énergie qu'elle y mettait était sensiblement plus élevée. Qu'à cela ne tienne ! Mais à peine avait-elle eu le temps d'en arriver à cette conclusion que celui qui s'en était déjà pris à elle, à priori frustré de son manque d'efficacité, remit le couvert dans l'espoir de corriger le tir.

Mais tu vas me lâcher à la fin ?! Les autographes, c'est APRÈS le spectacle ! Donc je suis très touchée, mais maintenant tu dégages ! lâcha-t-elle par réflexe.

Tout bien considéré, il était vrai que cet univers et celui qu'elle avait l'habitude de côtoyer n'étaient pas si différents. Dans un cas comme dans l'autre, l'on était jeté dans l'arène, sans savoir si l'on en sortirait vivant. Si l'on réchapperait à un public qui ne brille que trop par sa cruauté. Laissant de côté ses analogies, la musicienne n'en fit pas moins le nécessaire pour se protéger. Comprenant qu'il était du genre collant et par conséquent qu'il ne serait pas si facile de le convaincre de la lâcher, elle avait pris des mesures pour pouvoir elle-même le repousser. Tout ce qu'elle eut à faire pour ériger un solide rempart fut de se mettre à jouer à toute vitesse sur un rythme trépidant. Le Bizarre – c'était comme ça qu'ils les appelaient ? – ne put donc que venir s'y heurter, incapable de dévier de sa trajectoire.

Cependant, ce fut surtout sa lame qui fit connaissance avec la barrière grondante qu'elle avait élevée depuis le sol, véritable champ de force contre les assauts extérieurs. Hélas, si dense soit-elle et quel que soit le coeur qu'elle ait mis à jouer pour la façonner, sa robustesse n'était pas non plus à toute épreuve. Le courant, si violent soit-il, finit par s'amoindrir face à la violence du choc. Melody n'eut que le temps d'esquisser un mouvement de recul avant que le mouvement de la lame – tout de même nettement diminué – ne traverse pour lui zébrer l'abdomen d'une large plaie. Superficielle, mais non moins gênante. Voilà ce qui arrive quand on joue avec des objets coupants. Profitant de ce court instant de répit, elle releva les yeux vers lui et y vit le masque qu'il avait revêtu. Qu'est-ce que c'est moche, ce truc. On dirait un souvenir de vacance tout droit sorti de je ne sais quelle île paumée. Il pouvait pas ramener une noix de coco comme tout le monde, plutôt ?

♥ Hohoho ! Touché, Hashtag #enfrançaisdansletexte ! En plus de son reiatsu dont la lourdeur n'a d'égal que celle de son humour, il faut bien reconnaître que le capitaine de la dixième division en dans le slip ! Hashtag #etnonjen'iraipasvérifier ! Parce qu'il en faut une sacrée paire pour prendre le risque d'énerver cette tigresse, ça c'est moi qui vous le...
ET TOI, FERME-LA !
♥ Euh, oui ! Ne faites pas attention à moi, je n'suis pas là ! D'ailleurs, ce n'est pas moi, j'étais au cinéma ! Hashtag #ouimadamebienmadame !

Contrairement aux assertions du présentateur, il en fallait beaucoup pour mettre Melody en colère. Néanmoins, il avait raison sur un point : jouer avec ses pieds était à peu près une aussi bonne idée que de sortir un volcan de sa léthargie de son plein gré. Et là, maintenant, tout de suite, Hashtag #pourtoipublic, elle était sur le point d'exploser. Fusillant Shu du regard – ce regard bien connu et typiquement féminin qui veut dire « attends que je t'attrape je te fais bouffer tes parents en Chili » avant de se retourner vers Akihiko. Une fois encore, celui-ci serait le destinataire de tout son énervement alors qu'il n'y avait pas tant part que cela. Encore un peu, et elle en aurait presque été désolée. Presque.

Shu ne s'en était pas aperçu, mais elle avait également tendu sur sa route des fils destinés à le ralentir. Certes, pas assez pour anéantir toute la vitesse qu'il avait accumulée, mais suffisamment pour faire la différence. Ces fils n'étaient autre que les cordes de sa guitare, soumises à son bon vouloir. Et à présent que son vis-à-vis lui servait d'écran visuel, il était temps de leur confier une nouvelle mission. C'est pour la mener à bien qu'elle encaissa de plein fouet, bronchant à peine, la vague de flammes qui lui était destinée. Si elle dressa tout de même son bras en bouclier pour faire mine d'en avoir quelque chose à cirer, elle était trop concentrée pour ressentir la douleur, aussi cuisante que soit celle-ci. C'était un mal nécessaire pour qu'Akihiko ne voie rien venir. Ça valait la peine de serrer les dents.

Tu perds rien pour attendre... promit-elle toutefois.

Ainsi, profitant de ce que sa cible désignée devait la croire trop occuper à lutter contre son ami - à supposer qu'il le soit, mais auquel cas il serait dans leur intérêt commun de lui suggérer d'arrêter les blagues Carambar -, Melody réanima les cordes de sa guitare. Celles-ci fendirent l'air sans délai pour aller offrir à leur proie toute l'attention dont il avait besoin. Un câlin à lui en faire craquer les os. Une étreinte qui pourrait bien signer son arrêt de mort. Il ne serait qu'un pantin au bout de ses fils, et toute marionnette finit par se briser à l'usure. Difficile de se soustraire à une attaque quand on est tenu en laisse, et loin d'elle l'idée de lui lâcher la bride – tant pis pour les odeurs de brûlé.

Traversant finalement le rideau de flammes et laissant Shu sur place une fois de plus – elle lui avait bien dit d'attendre son tour, mais le pauvre garçon semblait aussi bouché que son goût pour les accessoires était douteux, c'était dire – elle se jeta sur un Akihiko qu'elle supposait immobilisé dans l'espoir d'en finir. Profitant du fait que le Tercera Espada – quoi que ça puisse vouloir dire – devait avoir toute son attention, elle prit soin d'arriver dans la direction opposée pour frapper dans le dos. Moins par fourberie que pour ne pas être elle aussi prise dans ce feu croisé ; elle avait déjà donné. Tirant sur l'une de ses mèches de cheveux pour éteindre le bout qui se consumait encore, elle tendit sereinement sa guitare vers le creux des reins de leur malheureuse proie partagée, se souciant à peine de ce qui allait lui arriver. Ce n'est qu'alors qu'elle se tourna vers lui pour lui adresser quelques mots – peut-être les derniers ?

Désolée, joli coeur, mais là vous commencez à me saouler. fit-elle tout en lui souriant de toutes ses dents. Sans rancune ?

Le bout de sa guitare commença à crépiter.

Elle avait rarement paru aussi terrifiante.

Ne croyez pas que je vais attendre sagement de me faire écraser. Ce serait mal nous connaître.

Belle saloperie ce truc l...

Ai-je bien entendu « joli cœur » ?

Et bien ma mignonne, sans rancune ?

Allé Shu, maintenant !

♥ Et bien mes amis, Kirito semble avoir du mal à tenir debout mais il n'a pas l'air d'abandonner pour autant ! Hashtag #L'estaussitaréquej'lepensais. Ce combat est-il couru d'avance ou nous réserve-t-il encore des surprises ? Hashtag #Lasuiteaprèslapub !

Il est temps de leur montrer tu ne crois pas ?

♥ Ils vont le faire ! Si vous nous suivez encore, vous allez assister là à un instant rare, que seul quelques élues, ou malheureux, a vous de voir, on pu observer ! Hashtag #retenezvotresouffleçavadécoiffer !

Je te laisse avec ton pot de colle !

Après le degré zéro de l'humour, pour ne pas dire que vous faites dans le négatif, nous avons donc droit aux imitations. Eh ben, on doit bien se marrer par chez vous... S'ils sont tous comme ça, j'aimerais pas vivre parmi les Shinigamis. Ça doit être d'un ennui... Mortel.
Hashtag #bruitdebatterie ! s'époumonna Nikosse.

Une fois encore, Kirito avait fait tout ce qu'il pouvait pour éviter ses attaques ou n'en subir que le strict minimum. Mais c'était la sous-estimer s'il pensait qu'un banal coup de sabre mettrait en déroute les cordes acérées de sa guitare, qui réussirent tout de même à l'égratigner en plusieurs endroits plutôt que de se laisser repousser. Ce n'était peut-être que des égratignures, mais c'était déjà une victoire en soi. Dans un état comme le sien, même des dommages aussi minimes pouvaient faire toute la différence. Malgré l'urgence de la situation – un large faisceau d'énergie fonçant droit sur elle n'était pas rien -, Melody s'était retournée pour une fois de plus asséner une réplique meurtrière au présentateur, mais n'en eut pas le temps que déjà Esteban se portait à sa rescousse en prenant le coup à sa place.

Que... Non !

Ne s'y attendant guère, la demoiselle en resta sans voix. Si l'on ne pouvait nier qu'ils formaient une équipe du tonnerre, elle ne s'attendait certainement pas à ce que son partenaire soit prêt à se sacrifier pour elle, surtout pour ce qui n'était tout compte fait qu'une mascarade. Le geste la toucha d'autant plus quand elle s'aperçut qu'en se mettant en travers de la route du rayon, celui-ci l'avait gravement mutilée. Oubliant toute notion de prudence, elle se précipita dans sa direction pour s'enquérir de son état, les yeux rivés sur sa blessure, en proie à un mélange de dégoût et de culpabilité tout ce qu'il y a de plus odieux. Ce n'était pas le moment, mais elle n'en avait que faire. Sa combativité ne s'était pas éteinte, mais l'Arrancar ayant accepté de se faire amputer pour la sauver, la moindre des choses était de s'inquiéter de son sort... Question de priorité.

Oh mon Dieu... Ça va ? Je suis désolée...

Pâle comme un linge, elle ne savait que dire. Elle n'avait pas voulu ça, pas plus qu'elle n'avait pensé que cela pouvait arriver. Pour elle, tout çe n'était qu'un jeu. Un jeu pervers, stupide et malsain, mais un jeu quand même. De là à penser que cela pouvait prendre une tournure si horrible... Si sa principale préoccupation était de savoir si le Lion ne s'en portait pas trop mal, outre les conséquences évidentes, une fureur sans nom à l'égard de ses adversaires – les seuls responsables de cette boucherie – enflait en son coeur. S'ils commençaient enfin à se rendre compte qu'ils n'avaient pas à faire à une fragile jeune fille – pas trop tôt ! -, ils sauraient bientôt qu'ils étaient encore loin de la vérité.

Une sincère anxiété dans le regard, la jeune fille s'étonna de le voir encore aussi volubile alors qu'il venait ni plus ni moins que de perdre un bras. Un aplomb impressionnant certes, mais qui n'allait en rien remédier à son état de santé. Elle eut un mouvement de recul lorsqu'elle le vit ouvrir une brèche dans la réalité qui s'avéra être une sorte de portail vers ailleurs dont il tira... Son repas. Ça avait l'air vivant, mais ça ne le resta pas longtemps puisqu'il y croqua à pleines dents. Melody retint de justesse le grincement des siennes mais ne put rien pour la grimace de dégoût qui prit place sur ses traits. On avait connu plus ragoûtant.

Néanmoins, elle eut tôt fait de mettre de côté son écoeurement en constatant que cet en-cas avait considérablement soulagé ses maux. Elle ne savait par quel miracle, mais apprendre qu'il était capable de se soigner la détendait quelque peu sur son implication dans son accident. Et tant pis pour la nature du quatre-heures en question. L'apaisement ne resta pas longtemps en place puisque la surprise lui succéda quand une main gantée de noir – qui celle-ci ne prenait pas des paquets de dollars – jaillit du passage avant qu'il n'ait pu se refermer. Elle ignorait où il donnait et, faute de le savoir, ne pouvait qu'appréhender. Un passager clandestin ? se demanda-t-elle, voyant ça comme une espèce de besace dimensionnelle.

Euh... Salut ?

La guitariste assista à l'entrée sur le ring du nouveau venu, incrédule. De toute évidence celui-ci n'était pas inconnu à Esteban, mais ce dernier n'avait pas l'air ravi de le voir débarquer. Pour sa part, même si elle ne savait trop qui il était ou ce qu'il était, elle préférait adopter un point de vue pragmatique et se dire que toute aide était bonne à prendre – si incongrue soit-elle. Et puis si c'était autorisé, pourquoi s'en priver ? Cette comédie n'avait que trop durer, autant qu'il vienne les aider à l'écourter. Même si le numéro de drague auquel il se livra à peine débarqué lui laissa de sérieux doutes sur son efficacité. Pour autant, elle partait du principe que tout être était bon à quelque chose pourvu qu'on sache le motiver. Dans le cas de Doce, ce ne serait pas bien compliqué : il lui avait lui-même donné la clé.

Et même un ciné si tu veux, mais seulement si tu arrives à m'en dézinguer au moins un des deux !

S'il ne répondit pas, le clin d'oeil qu'elle lui adressa scellerait le pacte, elle en était certaine. S'il était aussi intéressé qu'il voudrait bien le faire croire, ça lui ferait trop plaisir de se retrouver dans le rôle du preux chevalier – même si pour sa part elle était bien loin de celui de la simple princesse à sauver. Ou alors celle-ci avait sérieusement changé depuis les contes de sa prime jeunesse. Car si elle était désormais rassurée sur le devenir d'Esteban, elle n'avait pas oublié à qui il devait de s'être retrouvé dans cet état et toute la rancoeur que cela lui avait inspiré. Elle lui avait elle aussi infligé de sérieux coups, peut-être même quelques fractures, mais rien qui ne puisse guérir – fut-ce au bout de quelques temps. Eux avaient dépassés les limites, touché un nouveau pallier dans cette escalade de violence. Et puisqu'on en était là, plus question pour elle de la moindre retenue à présent.

Le plus petit des deux sembla trouver un instant au fond de lui un second souffle, puisant dans ce qui devait être ses ultimes ressources. Assez pour se relever et se joindre à son acolyte en vue d'une attaque en duo. Qui lui était adressée, évidemment. Mais celle-ci n'eut étrangement pas plus d'intensité que certains des coups qu'elle avait pu prendre précédemment – qui certes étaient titanesques, mais elle se serait attendue à mieux pour que cela exige qu'ils s'y mettent à deux. Peut-être étaient-ils déjà trop épuisés pour en tirer la pleine mesure ? Ses doigts firent leur office en allant rapidement glisser sur les cordes, édifiant la même barrière qui avait déjà neutralisé une salve précédente.

Leurs masques tahitiens-ou-je-sais-pas-quoi-hyper-moches (comme elle les appelait dans sa tête) leur offraient vraisemblablement un gain de puissance supplémentaire au prix d'une énergie notable. Sa barrière vola en éclats après avoir conséquemment réduit le niveau de l'attaque, la laissant quand même subir une petite parcelle de ce qu'il en restait. Le souffle de l'explosion, en plus de la secouer, sema le désordre dans sa chevelure et acheva de ruiner une tenue déjà en piteux état. Qu'importe. Sa main n'avait pas quitté sa guitare, et ce n'était pas anodin. Si elle aurait pu en jouer des heures durant, elle évitait le contact prolongé en plein combat de peur que la moindre note involontaire déclencher une attaque par accident. La raison en était ici qu'elle n'avait à aucun moment cessé de jouer.

Nous montrer ? Nous montrer quoi ? À quel point vous n'aurez servi à rien jusqu'à la fin ? Allez jouer ailleurs, bande de dégénérés ! J'en ai assez, de vos conneries. Le spectacle est terminé, plus question d'amuser la galerie.

Les nombreuses contusions et écorchures qui zébraient son corps de part et d'autre furent les unes après les autres résorbées, voire réduites à néant. Si on ne pouvait pas dire qu'elle était grièvement blessée, les coups répétés l'avaient tout de même assez salement amochée, mais le bilan des dégâts venait de diminuer à... Bien peu de choses. Cet enchaînement défensif ne fut pas sans puiser nettement dans ses réserves, mais elle en avait encore bien assez sous le pied pour leur donner une leçon dont ils se souviendraient. Faire les malins avec leurs masques sur la gueule, c'est bien beau, mais ces deux garçons avaient cruellement besoin de reprendre contact avec la réalité ; celle qu'on tombe toujours sur plus fort que soi. Et elle serait celle-là.

Dégage !

Éprouvée par sa dépense même si elle n'en laissa rien transparaître, elle n'eut pas le temps de bouger que tocard-masqué-numéro-deux était à nouveau sur elle - pas littéralement, ce serait dégoûtant ! - Si elle s'était jusque là contentée de « jouer le jeu », puisque de toute évidence ce n'en était pas un pour eux, elle se voulait désormais franchement hostile. Et ce ne serait pas de trop que de leur faire comprendre la différence. Le choc fut brutal mais son corps régénéré lui permettait de prendre l'assaut sans trop ciller – à plus forte raison lorsque le sol éclata sous ses pieds pour que les décombres lui servent de bouclier. Son avant-bras droit, levé en opposition, avait été salement entamé, mais elle pouvait bien s'en accommoder : ce n'était rien à côté de ce que son allié avait subi pour elle.

Fusillant son ennemi – car elle le voyait bel et bien comme tel désormais – d'un regard noir, ses prunelles émeraudes brûlant tant d'animosité qu'on les aurait crues sur le point de lancer des éclairs, elle se tourna vers Akihiko. Dans l'état dans lequel ils étaient, l'un comme l'autre avaient bien du mal à maintenir en place la pression qui les avait tant gênés au début. Si celle-ci n'avait pas encore disparu dans sa totalité, il en restait assez peu pour que Melody puisse se déplacer librement. Et ça, elle comptait bien le leur faire regretter. Balayant négligemment la distance entre eux comme s'il n'en avait jamais été question, et lui faisant par là même découvrir la pointe de sa célérité, elle le fustigea du regard de la même manière que son coéquipier avant de lui rendre ce qu'elle lui devait.

Rassure-toi, tu seras bien moins joli quand j'en aurai fini avec toi.

Elle ne pouvait hélas pas se permettre de débauche d'énergie inconsidérée à ce stade du combat, mais le coeur y était. Mais au dernier moment, plutôt que de le frapper directement, c'est dans le sol qu'elle fit courir son énergie. Qu'il s'ouvre sous ses pieds, comme on ouvre les portes de l'Enfer aux âmes damnées. Tout en prenant soin de ne pas frapper le subalterne (?) de son allié, trop heureux de se rendre utile, elle contrôla son onde de sorte à la faire éclater sur lui et lui seul, véritable concentré d'agressivité refoulée. Non, si quelqu'un devait tomber, ce ne serait certainement pas elle et aujourd'hui encore moins. En tout cas pas avant que l'un comme l'autre aient payé pour leur désinvolture qui lui sortait tellement par les yeux qu'elle n'avait d'autre envie que de crever les leurs.

Dit moi tu l'as trouvé dans une pochette surprise ton truc là ? Si tu veux être sûr de m'achever mon gars, tu ferais mieux de t'en charger personnellement plutôt que de m'envoyer ton larbin.

♥ Mais que vient donc de faire Akihiko ? C'est insensé il y a désormais trois capitaines scientifiques dans l'arène ! Hashtags #whatthefuck #çadevientuneorgieici

Oups, raté ! Il m'semble pas nécessaire de rajouter "essaye encore" car même si tu reproches à mon ami de pas te lâcher, toi tu n'fais que me suivre partout tel un petit chien.

♥ Moi j'aurais plutôt dit une petite chienne, mais bon... Hashtag #jedisçajedisrien.

Bref, j'me doute que je vais bientôt te revoir. Sur ce je te laisse un p'tit cadeau avant de m'occuper de ton prince charmant. A toute !

♥ Ohoh ! Il semblerait que les capitaines scientifiques souhaitent jouer au frisbee ! Hashtags #j'aipastrouvémieuxdésolé

Allé cher collègue, je t'ai un peu trop fait attendre.

Médiocre, vraiment…

♥Le Capitaine de la Dixième semble en fin de combat… Triste sort ! Hashtag #pitoyable !

Désolé Aki’.

Melody leva la main à sa tempe. La tête lui tournait. La fièvre du combat n'y était sans doute pas étrangère, mais la fatigue y avait largement sa part. Elle n'était pas habituée à se battre et encore moins dans des conditions aussi extrêmes. L'intensité du combat ne lui réussissait pas, la pression des auras adverses ayant été plus éprouvante qu'elle ne le pensait. Tout cela était encore nouveau pour elle, et en dépit de sa puissance hors-normes elle n'était pas invincible. Il lui fallut donc prendre un bref instant pour reprendre ses esprits – ce qui était certes risqué en l'état actuel des choses, mais toujours mieux que de s'évanouir sans autre forme de procès. Ce fut donc à peine si elle remarqua les doubles d'Akihiko avant que ceux-ci ne se dissipent après avoir encaissé son attaque. Encore un coup pour rien.

La violence verbale employée par ce dernier n'eut d'ailleurs pas vraiment l'effet escompté, puisqu'elle entra littéralement par une oreille pour ressortir par l'autre. Non pas parce qu'elle aurait voulu l'ignorer – quoique – mais bien parce que son soudain épuisement transformait chaque syllabe en borborygme indéchiffrable. La demoiselle n'eut néanmoins pas le sentiment d'avoir raté grand chose, cette histoire de salade lui restant paradoxalement en travers de la gorge. La preuve était faite que ce combat bien qu'expéditif n'avait que trop duré et qu'il fallait à présent en terminer. Secouant la tête pour rendre un peu de visibilité à son regard troublé, la guitariste se redressa de toute sa hauteur, non sans que son dos proteste de tout son saoul pour lui avoir infligé ce nouveau supplice.

Désolée. trouva-t-elle néanmoins le temps de dire à Esteban.

Pour avoir troublé son assistant, pour ce moment d'absence, pour n'être pas d'un plus grand secours...
À lui d'y voir ce qui l'arrangeait.

Si je tiens debout demain, je pourrai déjà m'estimer heureuse... Serrant les dents pour ne pas se laisser distraire – la concentration semblait être à cet instant devenue denrée aussi rare que l'eau dans le désert -, elle fut heureusement assez réactive pour voir le gadget de son adversaire lui tomber droit dessus et le parer comme il se doit. Lorsque son bouclier vibratoire fut parcouru de décharges électriques qui en léchaient la surface dans un crépitement furieux, déçus de ne pouvoir la faire frire sur place. Leur acharnement finit néanmoins par payer dans la mesure où l'un d'entre eux profita de ce que son rempart tombait pour lui faire tâter de son voltage. Une légère brûlure rougit son avant-bras. Manquait plus que ça.

Fort heureusement, cela ne gêna pas le maniement de son arme – ou en tout cas pas plus que la fatigue ne le faisait déjà. Ses forces s'étiolaient à vue d'oeil. Ses mouvements avaient perdu de leur souplesse initiale, et il ne faudrait pas bien longtemps avant qu'elle ne soit même plus capable de soulever sa guitare. Ce qui signerait sa perte, c'était inéluctable. Rester à ses côtés à défaut de pouvoir la transporter n'était pas à exclure. Mais perdre sa capacité à se déplacer, primordiale dans un tel contexte, équivaudrait à une condamnation. Tout cela commençait fort à ressembler à une voie de garage... Quand soudain, Shu fit appel à ses dernières forces pour se traîner hors de l'arène. L'espoir renaissait.

Elle n'avait pas très bien compris ce qui s'était passé pendant son moment d'égarement, mais savait pertinemment que c'était aux bons soins d'Esteban qu'elle devait cette semi-victoire. Celui-ci paraissait d'ailleurs régénéré, ayant oublié ses blessures dans ce qui paraissait être une espèce de mue vidée de toute substance. Un lion qui change de peau ? Ça a le mérite d'être original. Un poids s'ôta de sa poitrine lorsqu'elle comprit qu'ils avaient désormais la supériorité numérique de leur côté et qu'il ne restait plus qu'à achever celui qui, pourtant, avait été le premier sang. Le début et la fin. Une bien grande symbolique pour un si petit être – et si petit esprit, à en croire l'Espada.

Puisqu'il semblait le connaître mieux qu'elle, elle ne pouvait que se fier à son jugement, même si l'on ne pouvait effectivement pas dire qu'il lui avait fait très bonne impression – et encore moins depuis qu'il croyait que porter un masque immonde lui donnait le droit de se comporter comme un parfait crétin. N'ayant plus la force de se déplacer à une vitesse « surnaturelle », c'est à la seule force de ses jambes qu'elle alla vers lui, sans se presser – autant ne pas gaspiller ses maigres réserves inutilement. Et, malgré son calme apparent, c'est une fois à sa portée qu'elle révéla son vrai visage – et le sien par la même occasion – en faisant voler son masque en milles morceaux d'une gifle retentissante. Sa main palpita de douleur. La vache ! C'est si dur que ça ce truc à la con ? Elle dut la masser pour l'apaiser un tant soit peu. La colère passée, elle déclara posément :

Ne te ridiculise pas plus que tu ne l'as déjà fait. C'est fini pour toi. Abandonne.

Malgré tout l'aplomb qu'elle y mettait, ce n'était que pure comédie : elle non plus n'en menait pas large. Si ce choc titanesque devait aussi commencer à peser lourdement sur les épaules de son camarade scientifique, il était encore en bien meilleur état qu'elle. Sa guérison n'avait pas effacé toutes les lésions dont elle faisait l'objet, quoi qu'il puisse en paraître en surface, et ses réserves d'énergie commençaient à dangereusement toucher le fond. Toutefois, Akihiko était encore plus salement amoché qu'elle et, l'ayant été dès le début de l'affrontement, ses plaies n'avaient du que s'aggraver depuis. C'était bien dans ce but qu'ils ne lui avaient pas laissé un seul moment de répit. Finies, cette fois, les provocations inutiles : c'était en toute honnêteté qu'elle lui faisait cette déclaration. À lui de se laisser convaincre... Ou de tomber. Il n'y avait pas d'autre possibilité.